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vendredi 27 mai 2022

« Paris - Berlin, destins croisés » de Frédéric Wilner

Arte diffusera 
dès le 28 mai 2022 à 7 h 25 « Paris - Berlin, destins croisés. L'histoire de deux capitales » (Nachbarschaftsgeschichten: Paris / Berlin. Zwei Metropolen und ihre Geschichte), série documentaire en quatre épisodes de Frédéric Wilner« Comment, en trois siècles d'une histoire tumultueuse, les capitales française et allemande ont grandi en miroir l'une de l'autre. Une passionnante épopée urbaine, qui combine art de la synthèse et lumineux sens du détail. »

« Descendants de nazis. L’héritage infernal » de Marie-Pierre Raimbault et Michael Grynszpan 

« Paris et Berlin deux villes qui ont grandi ensemble à 850 km de distance, dans la fascination, le mépris, le conflit ou la critique, mais jamais dans l'indifférence ». 

« En plus de trois siècles d'une histoire tumultueuse, du XVIIe à la fin du XXe siècle, la relation entre Paris et Berlin ne s'est pas résumée à des guerres terribles et incessantes ». 

« C'est aussi leur compétition pacifique, leur émulation et leur fascination réciproques qui ont façonné en partie les deux métropoles que nous connaissons aujourd'hui ». 

« Paris - Berlin, destins croisés. L'histoire de deux capitales » (Nachbarschaftsgeschichten: Paris / Berlin. Zwei Metropolen und ihre Geschichte), cette mini-série documentaire montre comment, depuis 1685, ce jeu d'aller-retour a modelé la physionomie de ces deux villes et comment leurs histoires de haine et d'amour ont donné forme à ce qu'elles sont aujourd'hui devenues ». 

« Frédéric Wilner retrace avec fluidité cette foisonnante épopée urbaine, racontant l'évolution territoriale et architecturale des deux villes à la lumière de leurs histoires politiques et sociales parallèles, et faisant vivre les grandes phases de leurs métamorphoses successives grâce à un lumineux sens du détail. »

« Images aériennes, images de synthèse, témoignages d’historien et d’urbaniste, des reconstitutions en 3D, une riche iconographie et de magnifiques prises de vue d'aujourd'hui, en grande partie aériennes, illustrent le récit alerte de spécialistes français et allemands de l'urbanisme ou de l'architecture (dont Alexandre Gady, Nicolas Chaudun, Étienne François, Florian Hertweck et Gabi Dolff-Bonekämper). Une réussite ».

« Ce premier épisode est l'histoire d'une fascination : celle que nourrit une petite ville sans passé envers une cité à l'histoire prestigieuse ».

« Qu'y a-t-il de commun entre la ville la plus peuplée de son époque et une capitale en devenir qui compte environ vingt fois moins d'habitants ? » 

« C'est ainsi que l'on pourrait résumer le rapport de force entre Paris et Berlin quand, en 1685, Louis XIV provoque l'exil de centaines de milliers de ses sujets protestants, et que le Grand Électeur du Brandebourg en attire quelques milliers en Prusse. » 

« La grande ville est alors à la pointe de l'architecture ; et la petite ville s'en inspire pour inventer son propre modèle ». 

« Où l'on voit planter les tilleuls de la célèbre avenue Unter den Linden, naître les grands boulevards et le faubourg Saint-Germain, expulser les morts du centre de Paris et, sous l'égide de Frédéric II, le premier et francophile roi de Prusse, surgir sur les bords de la Spree la réplique de places inaugurées sur les rives de la Seine. »

« En 1806, les troupes de Napoléon entrent à Berlin. L'occupation française fait naître le nationalisme prussien, mais entraîne aussi une spectaculaire modernisation du royaume et de sa capitale. »

« En 1806, grâce aux victoires d’Iéna et d’Auerstedt, les troupes de Napoléon entrent à Berlin. L’occupation française fait naître le nationalisme prussien, mais entraîne aussi une spectaculaire modernisation du royaume et de sa capitale ». 

« Car une fois l’envahisseur défait, Berlin développe sa propre architecture et trouve sa vocation dans l’industrie ferroviaire et la sidérurgie. »
 
« Après avoir payé au prix fort la défaite de Napoléon, Paris s’offre un formidable rebond avec les grands travaux d’Haussmann, le "chirurgien fou" taillant dans le vif pour faire advenir la "capitale du XIXe siècle". 

« Où l’on révèle aussi une correspondance méconnue entre le cheval noir d’Henri IV et le quadrige de la porte de Brandebourg ; où un prolétariat berlinois de plus en plus nombreux s’entasse dans des logements insalubres, les Mietskasernen ; où les "fortifs" de Thiers voient s’étendre à leur périphérie le plus grand bidonville d’Europe, la "zone"... »

3e épisode : « Face à face (1870-1921) » - (Gegenüber)
« Ce troisième épisode nous raconte la mutation de Berlin, devenue alors capitale impériale, tandis que Paris renoue peu à peu avec sa notoriété d'antan... »

« 18 janvier 1871. L'Empire allemand est proclamé dans la galerie des Glaces de Versailles. Cet épisode raconte la mutation de Berlin, devenu capitale impériale : une immense cathédrale, de grands musées, un parlement colossal, et un développement urbain accompagné d'un essor industriel spectaculaire ». 

« Paris, d'abord ruiné par la défaite et par le soulèvement de la Commune, se remet du traumatisme de 1870 et retrouve le chemin de la prospérité avec le développement d'une industrie inventive et l'organisation des expositions universelles ». 

« Où l'on comprend pourquoi la rue de Rennes commence au n° 48. Où les premières cathédrales industrielles voient le jour sous l'influence naissante du Bauhaus, jusqu'au désastre de la Première Guerre mondiale. »

4e épisode : « Le choc (1918-2015) » (Erschütterung)
« Suite et fin d'une passionnante épopée urbaine : alors que Paris a su renaître de ses cendres, Berlin vit des heures difficiles aux lendemains de la Première Guerre mondiale bientôt accentuées par la folie et la jalousie de Hitler... »

« Un pays vaincu, ruiné, épuisé, une révolution avortée, la fin de l'empire et l'avènement de la démocratie : Berlin vit en 1918 une situation analogue à celle de Paris en 1871 ». 

« De la même manière, la ville se montre ensuite dynamique, inventant les formes de la modernité ainsi qu'un logement social de grande qualité ». 

« Une modernité radicale interrompue par le nazisme. Hitler nourrit une relation de haine et de fascination pour Paris et tente de surpasser son modèle à Berlin, avec le rêve d'ériger une capitale destinée à régner sur le monde : Germania ». 

« La ville va payer au prix fort cette folie destructrice, mais les cicatrices de l'histoire l'aideront à devenir la métropole d'aujourd'hui, ouverte et éclatée, quand Paris, engoncé dans l'archaïsme de son périphérique, se referme sur son centre. »


« Paris-Berlin, destins croisés raconte en quatre épisodes comment les deux capitales ont évolué en face-à-face depuis le XVIIe siècle pour incarner aujourd'hui deux modèles opposés. Un brillant condensé d'histoire urbaine réalisé par Frédéric Wilner. Entretien. Propos recueillis par Irène Berelowitch.

« Pourquoi comparer deux villes aussi différentes que Paris et Berlin ?
Frédéric Wilner : J'ai voulu montrer à travers cette série comment l'histoire politique et sociale génère une forme, en l'occurrence urbaine et architecturale. Quel impact le long affrontement entre Paris et Berlin, marqué par cinq guerres successives (1806, 1812-1815, 1870-1871, 1914-1918 et 1939-1945), a-t-il eu sur leur développement ? Leur compétition mutuelle a-t-elle influencé leur façon de grandir et de se structurer ? À l'arrivée, il ne fait aucun doute que ce face-à-face, qui a aussi nourri de part et d'autre une indéniable fascination, a été déterminant. Par exemple, après 1870 en France, et après 1918 en Allemagne, le traumatisme de la défaite et le désir de surpasser la rivale a constitué un moteur très puissant de renouveau et d'invention. L'autre intérêt de cette démarche comparative, c'est qu'elle donne au film une dynamique qui met en perspective ces grands moments de l'histoire urbaine. Cela a permis de mieux définir les caractères, si distincts, presque opposés, des deux capitales. À condition, bien sûr, de s'autoriser des ellipses importantes dans la chronologie historique.

Comment résumeriez-vous ces deux caractères ?
Paris a l'obsession, la maladie du centre, au point de s'être enfermée dans la ceinture étroite et désormais archaïque de son périphérique. Tournant le dos à la modernité, elle s'est repliée sur elle-même. Hors du centre, point de salut ! À chaque fois que cette logique a été menacée, le pouvoir l'a rétablie, au besoin par la manière forte : dans la seconde moitié du XIXe siècle, Haussmann, qu'Hitler tenait d'ailleurs pour le plus grand urbaniste au monde, a normalisé ce centre populaire, insalubre, que les élites étaient en train de déserter. Berlin, au contraire, pour avoir prétendu sous le nazisme devenir le centre du monde, a été obligée de prendre la direction inverse : c'est aujourd'hui une ville ouverte, décentralisée, plurielle, dont la diversité est l'un des grands atouts.

Et au départ ?
En 1650, quand s'ouvre cette histoire commune, on ne joue pas à armes égales. Berlin n'est encore qu'une bourgade de 15 000 habitants, face à une capitale depuis longtemps établie, qui compte 350 000 âmes. Paris a pour elle le temps et l'histoire. C'est une œuvre d'art, ville écrin de la puissance française depuis des siècles. Longtemps, Berlin cherche à l'égaler, puis avec le développement de l'industrie – construction ferroviaire, chimie, sidérurgie, etc. –, elle prend réellement son essor. Au regard de ce phénoménal dynamisme, Paris ressemble un peu à Narcisse, tellement éprise de sa propre beauté qu'elle pourrait un jour en mourir.

Dans l'énorme flux des événements et des personnages, comment avez-vous fait le tri ?
J'ai utilisé comme grille de lecture l'avancée vers la modernité. Par exemple, j'ai été fasciné par la manière dont l'architecte Schinkel, dans la première moitié du XIXe siècle, invente Berlin comme capitale, en créant des formes radicalement nouvelles, bien qu'inspirées du classicisme. Un autre moment clé de la série est l'avènement de l'architecture moderne avec Behrens en Allemagne, avant la Première Guerre mondiale : des industriels s'allient avec des hommes de l'art et parviennent à concilier beauté des formes et fonctionnalité. C'est à ce moment que Paris, la Ville Lumière, qui vient pourtant d'accueillir le monde entier dans la magnificence de son Exposition universelle, en 1900, commence imperceptiblement à "décrocher" de la modernité.

Avez-vous, dès le départ, adopté le principe des animations en 3D, pour montrer les transformations successives des deux villes ?
Oui, peut-être parce que je ne me rendais pas compte du travail colossal que cela allait représenter. J'avais en tête le film Gangs of New York [de Martin  Scorsese, NDLR], dans lequel on voit la ville grandir en accéléré, du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui. Dans la pratique, ça a été une folie, un cauchemar ! Chaque plan prenait énormément de temps à mettre en place, d'autant que le moindre détail devait être validé scientifiquement. Mais il est essentiel de donner l'image concrète de ce qu’on décrit dans le récit. Par exemple, l'ampleur des destructions par les Communards lors de l'assaut des Versaillais, ou la mégalomanie de Germania, la capitale dessinée par Albert Speer à la demande d'Hitler pour éradiquer le Berlin ancien… Mon autre parti pris de départ, c'était qu'il nous fallait de très belles images, dont beaucoup de plans aériens – même si faire voler un drone au-dessus de Paris a constitué un casse-tête de plus… »


France, 2015, 4 x 53 min
Producteur : ARTE France, Iliade Productions, Les Films de l'Odyssée
Sur Arte le 28 mai 2022 :
Episode 1 : Les frères ennemis (1650 - 1789) : à 07 h 25
Episode 2 : La course à la modernité (1806 - 1870) : à 8 h 20
Episode 3 : Face à Face (1870 - 1921) : à 9 h 15
Episode 4 : Le choc (1918 à nos jours) : à 10 h 10
Sur arte.tv du 21/05/2022 au 26/07/2022

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