Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 12 décembre 2013

Mon interview par Radio Chalom Nitsan le 12 décembre 2013


Je serai interviewée par Radio Chalom Nitsan  (RCN), radio Juive de la Côte d'Azur le jeudi 12 décembre 2013, de 13 h 20 à 13 h 40. L'interview pourra être entendue pendant une semaine sur le site de ce média.



J’évoquerai la recommandation relative au traitement des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes  adoptée  par le Conseil supérieur de l’audiovisuel le 20 novembre 2013 (CSA).

Sur le traitement des situations de guerre ou de conflits par les services de communication audiovisuelle, le CSA avait adopté depuis une décennie, lors de la guerre de la coalition contre l'Iraq de Saddam Hussein (2003) et de l'Intifada II, deux recommandations redondantes : celle n° 2003-2 du 18 mars 2003 relative au conflit au Moyen-Orient et celle n° 2004-8 du 7 décembre 2004 à l’ensemble des services de télévision et de radio relative aux conflits internationaux et à leurs éventuelles répercussions en France.

Le CSA les a abrogées pour adopter cette recommandation du 20 novembre 2013 invitant les éditeurs de programmes audiovisuels à respecter notamment l'honnêteté de l'information, et en cas de violation de ce principe élémentaire journalistique, de rectifier l'allégation erronée diffusée.

« Compte tenu de l’évolution du contexte international, le Conseil a procédé à une large concertation avec les principaux groupes audiovisuels et des journalistes afin d’adopter la présente recommandation relative au traitement des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes par les services de communication audiovisuelle ».

Le Conseil « est pleinement conscient des difficultés particulières rencontrées par les journalistes dans l’exercice de leur mission fondamentale d’information du public et des dangers encourus lors du recueil des images et de la relation des faits. Si la liberté d'informer, principe constitutionnel consacré par l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et repris par l’article 10 de la Convention Européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme (CEDH), doit être préservée, le Conseil entend rappeler qu’en vertu des mêmes articles et des mêmes textes ainsi que des dispositions de la loi n°86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, de sa convention ou de son cahier des charges, dans le cadre de l'exercice de sa responsabilité éditoriale, le diffuseur doit également respecter la dignité de la personne humaine et l'honnêteté de l'information ».

Le CSA recommande aux éditeurs, pour chacune des émissions qui traitent des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes de veiller au respect de ces principes, notamment :
« 1. Dignité de la personne humaine
•  En s’abstenant de présenter de manière manifestement complaisante la violence ou la souffrance humaine lorsque sont diffusées des images de personnes tuées ou blessées et des réactions de leurs proches ;
•  En préservant la dignité des personnes prises en otage, notamment lorsque leur image ou tout autre élément permettant de les identifier est utilisé par les ravisseurs ;
•  En respectant scrupuleusement les stipulations des conventions de Genève et de leurs protocoles additionnels relatives à la protection des prisonniers de guerre et des personnes civiles en temps de guerre.
2. Ordre public et honnêteté de l’information
•  En traitant avec la pondération et la rigueur indispensables les conflits internationaux susceptibles d'alimenter des tensions et des antagonismes au sein de la population ou d'entraîner, envers certaines communautés ou certains pays, des attitudes de rejet ou de xénophobie ;
•  En vérifiant l’exactitude des informations diffusées ou, en cas d’incertitude, en les assortissant de réserves, en les présentant au conditionnel et en citant la provenance et la date, sous réserve de la protection des sources notamment garantie par la loi n°2010-1 du 4 janvier 2010 relative à la protection du secret des sources des journalistes ;
•  En procédant en cas de diffusion d’informations inexactes, à leur rectification dans les meilleurs délais et dans des conditions d’exposition comparables ;
•  En accompagnant la diffusion d’images d’archives d’une mention à l’antenne pour signaler cette origine.
3. Protection des personnes
•  En veillant à ce que la diffusion de sons et/ou d’images difficilement soutenables soit systématiquement précédée d’un avertissement explicite au public destiné à protéger les personnes les plus vulnérables de leur éventuel impact ».

J'ai rappelé le rôle de Serge Farnel, journaliste et écrivain, dans ces recommandations du CSA, et son combat judiciaire avec Me Stéphane Haddad auprès de la juridiction administrative.

Serge Farnel s’est réjoui de cette nouvelle recommandation : « Le CSA a gardé « quasiment mot pour mot le contenu des saisines que je leur avais adressées pour ce qui concerne l'affaire A-Dura : « En vérifiant l’exactitude des informations diffusées ou, en cas d’incertitude, en les assortissant de réserves, en les présentant au conditionnel ».

Le 30 septembre 2000, France 2 avait diffusé le reportage de Charles Enderlin, son correspondant en Israël, et de son cameraman palestinien Talal Abu Rahma, alléguant que Mohamed al-Dura avait été tué et son père Jamal blessé par des balles israéliennes.

Yves Kamami, alors président du B’nai B’rith, et le réalisateur Pierre Rehov avaient porté plainte contre France 2. Leur plainte avait été classée.

Quelques années après, Serge Farnel avait saisi le CSA. Sa démarche a consisté à contraindre France 2 à présenter les preuves de ses allégations. Serge Farnel s’est alors placé non sur le terrain de la mise en scène, mais de « l’accusation sans preuve », et avait pointé la responsabilité de la chaine télévisée publique. Son but : contraindre France 2 à rectifier publiquement les faits allégués par ce reportage controversé devenu l’emblème médiatique de l’Intifada II.

Et Serge Farnel d’ajouter le 10 décembre 2013 : « Les membres du CSA sont, juste après moi, les premiers à avoir fait le lien entre le meurtre de Daniel Pearl et l’affaire A-Dura. Après avoir découvert l’image de Daniel Pearl sur fond de celle des A-Dura, et ce alors que personne n’avait encore fait ce rapprochement, j’avais en effet envoyé ces saisines - en recommandé bien sûr – avec une capture d’écran de la vidéo de propagande des islamistes qui l’ont décapité, leur demandant de participer, en rectifiant l’information, à protéger les journalistes Juifs ».

Avec Me Stéphane Haddad, Serge Farnel avait porté la question devant la juridiction administrative en se plaçant comme « usager du service public français » audiovisuel. Mais il a été débouté par le Conseil d’Etat.

Sur Radio J, Arlette Chabot, alors directrice de l’information de France 2, avait reconnu que « France Télévisions n’avait jamais disposé des preuves - la fameuse « certitude » selon les termes aujourd'hui employés par le CSA - qui lui aurait permis d'émettre ces accusations sans l'usage du mode conditionnel et de la présenter cette fois au mode conditionnel (terme utilisé aussi bien dans mes saisines que dans les recommandations du CSA), et sans contrevenir à la déontologie telle qu'elle est exprimée dans la charte de Munich, charte que [France Télévisions] a signée », m’a confié Serge Farnel le 10 décembre 2013.

Pourquoi le CSA adopte-t-il cette troisième recommandation maintenant ?

Le n°1261 (4 juillet 2013) d'Actualité Juive a publié un article sur la rencontre peu avant l'assemblée générale du CRIF du 30 juin 2013, de Roger Cukierman, élu le 26 mai 2013 avec la presse juive. Auteur de cet article, Pierre Assouline ne mentionne pas cette affaire. Pourquoi ? Roger Cukierman aurait-il éludé ce sujet ? Ou aucun représentant de la presse juive n'aurait questionné le président du CRIF sur cette affaire ? Or, Roger Cukierman avait en 2008 exprimé, notamment dans son autobiographie Ni fiers ni dominateurs et lors d'une interview qu'il m'avait accordée pour L'Arche, le regret de pas s'être "assez battu dans l'affaire al-Dura" lors de ses mandats et avait déclaré : "Il est essentiel que la vérité soit établie".

Le 7 juillet 2013, lors de Dis-moi qui tu cites, je te dirai qui tu es, émission sur RCJ, radio de la communauté juive soutenue par le FSJU, de l'Alliance israélite universelle (AIU), Ilana Cicurel a interviewé Olivier Schrameck, président du CSA, sur l'objectif de cet organisme public et les enjeux affrontés, sans l'interroger sur l'affaire al-Dura. Alors que Philippe Karsenty venait d'être condamné  par la Cour d'appel de Paris le 26 juin 2013, n'était-ce pourtant pas le moment pour Ilana Cicurel de questionner le président du CSA sur ces images aux conséquences tragiques ?

Le 22 septembre 2013, j'ai interrogé le CSA afin de connaitre "l'avis du président Olivier Schrameck, ainsi que de Nicolas About et Mémona Hintermann-Afféjee, respectivement président et vice-présidente du Groupe de travail Déontologie de l'information et des programmes audiovisuels, sur le reportage de Charles Enderlin et Talal Abu Rahma, diffusé par France 2 le 30 septembre 2000, et alléguant la mort de Mohamed al-Dura et les blessures de Jamal al-Dura, et savoir "si ces trois membres du CSA envisagent des actions afin de faire émerger la réalité sur les faits allégués, et notamment par la réunion du « groupe de travail d'experts indépendants » constitué en 2008 avec l'accord de France 2".

Qu’un blog supplée les carences de journalistes de médias communautaires  est symptomatique de l’état de ces médias.

Cette énième recommandation sera-t-elle utile et respectée ? On peut en douter au vu des reportages biaisés, erronés, etc. diffusés par France 2 depuis l’adoption de la première recommandation.

Pour savoir comment travaillent les correspondants de guerre, je recommande la lecture du livre Des hommes comme les autres, correspondants au Moyen-Orient  de Joris Luyendijk, ancien correspondant de médias néerlandais.

J'ai analysé aussi brièvement « Juifs & musulmans - Si loin, si proches » (Juden & Muslims. So nah. Und doch so fern !), « série documentaire » réalisée par Karim Miské diffusée  par Arte en quatre volets, en octobre et novembre 2013.

Une série « islamiquement correcte », biaisée, fondée sur un postulat faux et éculé : la « coexistence harmonieuse entre juifs et musulmans sous domination islamique millénaire pendant plus de mille ans a été rompue notamment par le sionisme politique, la refondation de l’Etat d’Israël en raison de la Shoah ».

Une série en quatre parties effarantes d’ignorances et de fautes historiques, de prétention peureuse et de partialité négative à l’égard du judaïsme, du sionisme, des Juifs et de l’Etat d’Israël, financées notamment par l'argent public, et à la diffusion quasi-internationale.

A lire : les analyses pertinentes par l'essayiste Bat Ye'or et le professeur Shmuel Trigano.

Pour savoir comment travaillent les correspondants de guerre, je recommande la lecture du livre Des hommes comme les autres, correspondants au Moyen-Orient  de Joris Luyendijk, ancien correspondant de médias néerlandais.


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