Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

lundi 27 février 2017

« Last Folio » de Yuri Dojc


La Galerie Karsten Greve présente l’exposition « Last Folio: A Photographic Journey with Yuri Dojc » (« La Dernière Page. Voyage photographique avec Yuri Dojc ») de Yuri Dojc. Une exposition photographique inédite en France sur des rescapés de la Shoah et les vestiges témoignant de la présence des Juifs en Slovaquie avant la Deuxième Guerre mondiale.


Yuri Dojc est né en 1946 en Tchécoslovaquie dans une famille juive d’enseignants slovaques qui s’étaient cachés pour fuir les persécutions nazies lors de la Deuxième Guerre mondiale. 

Il poursuit à l’université Comenius à Bratislava des études d’ingénieur.

Après l’entrée à Prague des troupes du Pacte de Varsovie en 1968, il se trouve à Londres dans le cadre d’un programme d’échanges universitaires. Sur les conseils de son père, il y demeure, et un an plus tard, se réfugie à Toronto, au Canada. 

Il y étudie la photographie à l’université Ryerson.

Il travaille aussi pour les campagnes publicitaires de FedEx, Apple, Porsche, Canon, Club Med, Panasonic…

En 1997, lors de l’enterrement de son père, il fait la connaissance d’un rescapé de la Shoah.

Une rencontre déterminante qui le conduit à photographier des survivants slovaques.

À la recherche de l’héritage des Juifs de Slovaquie décrit dans le livre de son père, il initie le projet, Last Folio.

Élaboré comme une installation itinérante, Last Folio réunit une sélection de photographies, un film documentaire produit par Katya Krausova, et un livre. En 1968, Katya Krausova a quitté la Tchécoslovaquie et s’est réfugiée en Grande-Bretagne. Cette réalisatrice et productrice dirige Portobello Media et Portobello Pictures, dont l’un des films produits, Kolya de Jan Svěrák, a reçu en 1997 l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Histoires
Yuri Dojc a parcouru la Slovaquie et a réalisé plus de cent cinquante portraits, captant des histoires, des émotions. 

« Nous aspirons tous à laisser quelque chose derrière nous ; une empreinte de notre passage. Mais il ne reste presque rien de ces personnes dont les vies ont été interrompues pendant la Shoah. La photographie me permet d’ériger un monument intime à leur mémoire. À travers ces clichés, je leur rends hommage et je conserve leur trace. Je ne peux qu’espérer que mes images parleront aux visiteurs de cette exposition », a expliqué Yuyri Dojc.

Lors de son périple, Yuri Dojc a immortalisé également des objets, des cimetières juifs et des bâtiments, dont des synagogues et des mikvés (bains rituels), impressionnants mais souvent vétustes, de la communauté juive slovaque.

Yuri Dojc « envisage chaque livre abandonné, abîmé par le temps, comme un survivant, dont il fait un portrait, préservé dans sa beauté finale : des images qui en disent plus long que les mots ». 

Katya Krausova a précisé : « Yuri et moi-même avons parcouru tout le pays, des petites villes et de minuscules hameaux, rencontré des gens, trouvé des restes de vie et des fragments de souvenirs. Retracer les expériences de nos familles et l’univers dans lequel elles ont vécu et sont mortes s’est avéré un voyage absolument renversant, à la fois émouvant, spirituel et très personnel. » 

De manière fortuite, Yuri Dojc, Katya Krausova, et leur équipe technique ont découvert à Bardejov, ville située à l’est de la Slovaquie, une école juive comme figée par le temps, abandonnée depuis qu’en 1942 ceux qui y priaient et y étudiaient avaient été déportés dans des camps de concentration nazis.

Là, ils ont trouvé « des manuels scolaires, les cahiers d’écoliers annotés, les bulletins, les actes de naissance, les livres de comptes, et même du sucre dans les placards de la cuisine. Le tout en état de décomposition sur des étagères poussiéreuses, derniers témoins d’une culture autrefois florissante ». 

Les « photographies des livres que Yuri Dojc a trouvés dans une école juive à Bardejov constituent l’élément central de Last Folio, comme autant de vestiges d’une culture autrefois florissante ». 

Les « images de l’exposition révèlent les ruines terrifiantes d’écoles, de synagogues et de cimetières. Last Folio inscrit un voyage personnel dans la mémoire culturelle et offre une réflexion sur la perte universelle en tant qu'elle fait partie du souvenir européen ».

La recherche de Yuri Dojc s’est muée en un remarquable récit photographique où l’Histoire se mêle à des histoires personnelles tragiques.

« Parmi les centaines de livres et de fragments que Yuri Dojc photographie, l’un d’entre eux sort particulièrement du lot. Perdu au milieu d’une pile couverte de poussière, un livre ayant appartenu à son grand-père Jakab se retrouve comme par miracle entre les mains de son héritier légitime ».

Les photographies de ce photographe célèbre ont été acquises par le musée des Beaux-arts du Canada, le Musée national slovaque et la Library of Congress de Washington.

Last Folio a été montré en Amérique du Nord et du Sud, ainsi qu’en Europe. Douze de ces clichés font désormais partie de la collection permanente de la Bibliothèque du Congrès à Washington. 

En 2001, l’ambassadeur de Slovaquie aux États-Unis a remis à Yuri Dojc la Médaille d’honneur pour We Endured, une série de portraits de survivants slovaques de la Shoah. 

Yuri Dojc a inspiré des « dizaines d’articles dans la presse internationale, notamment Communication Arts et Applied Arts and Creativity, et de reportages sur les sites de Apple et Microsoft ».

Son reportage photographique au Rwanda « lui ont valu une double page dans le journal Libération ».

En 2010, Yuri Dojc a publié « son sixième ouvrage, Honour, qui rend hommage aux vétérans canadiens de la Seconde Guerre mondiale, et son travail fait l’objet d’une rétrospective au palais Mirbach à Bratislava ».

Inaugurée au Museum of Jewish Heritage à New York en mars 2011, l’exposition Last Folio est depuis lors montrée dans un grand nombre d’autres lieux, dont les locaux de la Commission de l’Union européenne (UE) à Bruxelles.

En 2015, Last Folio a été inclus dans le programme des commémorations internationales du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce cadre, l’exposition a été accueillie au siège des Nations unies à New York, à la Bibliothèque nationale d’Allemagne à Berlin, au musée Mark Rothko en Lettonie, au Musée juif et Centre pour la tolérance de Moscou et dans la galerie d’art de l’université Tufts aux États-Unis.


Jusqu’au 28 février 2017
5, rue Debelleyme. 75003 Paris
Tél.   +33 (0)1 42 77 19 37
Du mardi au samedi de 10 h à 19 h

Visuels
Left: Yuri Dojc, “Letter Shin” Cemetery Kosice, 2007, Pigmenting ink on fine art archival rag paper, 120 x 80 cm, Ed. 1/8, © Yuri Dojc, Courtesy Galerie Karsten Greve Cologne/St. Moritz/Paris and Last Folio Project by Yuri Dojc & Katya Krausova

Yuri Dojc, Library shelf, 2007 (Bardejov), Pigmenting ink on fine art archival rag paper, 80 x 120 cm, Ed. 3/8, © Yuri Dojc, Courtesy Galerie Karsten Greve Cologne/St. Moritz/Paris and Last Folio Project by Yuri Dojc & Katya Krausova

Yuri Dojc, Synagogue Sastin, 2007, Pigmenting ink on fine art archival rag paper, 80 x 120 cm, Ed. 2/8, © Yuri Dojc, Courtesy Galerie Karsten Greve Cologne/St. Moritz/Paris and Last Folio Project by Yuri Dojc & Katya Krausova

Yuri Dojc, Fragment of a Torah scroll, 2015, Pigmenting ink on fine art archival rag paper, 50 x 70 cm, Ed. 1/12, © Yuri Dojc, Courtesy Galerie Karsten Greve Cologne/St. Moritz/Paris and Last Folio Project by Yuri Dojc & Katya Krausova

A lire sur ce blog :
Articles in English
Les citations proviennent du dossier de presse.

samedi 25 février 2017

Aventuriers des mers. De Sindbad à Marco Polo


L’Institut du monde Arabe (IMA), puis le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) à Marseille (7 juin-9 octobre 2017), présente « l’exposition-épopée » « Aventuriers des mers. De Sindbad à Marco Polo ». Peu didactique, confuse, cette exposition oscille entre fiction et histoire relatée du point de vue arabe ou/et musulman. Elle omet des pans essentiels de l’Histoire, les Juifs, notamment leur rôle dans les cartographies marines et le commerce. Des faits historiques déplaisants pour cette exposition biaisée apparaissent par inadvertance.
Exposition historique ? On peut en douter en raison de ses omissions, minorations et ambiguïtés. 

Parmi les omissions : les Yaoud, les Juifs en arabe. Pourtant, certains d’eux ont été d’éminents cartographes marins ou marchands. Benjamin de Tulède  ? Absent. Quid de Abraham Zacuto (Abraão ben Samuel Zacuto) (1450-vers 1510), rabbin espagnol, mathématicien, historien et astronome royal au XVe siècle pour le roi Jean II de Portugal ? Jacob d’Ancône ? Absent. Seul Jonas apparaît dans une enluminure. En outre, l'arche de Noé est illustré. Le judaïsme est rétrogradé derrière le christianisme et l’islam, qu’il précède pourtant chronologiquement.

Ambiguïté présente dès le titre qui débute avec Sindbad le marin, personnage fictif des contes des Mille et Une Nuits, et se clôt avec Marco Polo (1254-1324), marchand-explorateur italien auteur du célèbre « Devisement du monde » ou « Livre des merveilles » écrit en 1298. Des limites chronologiques ? Non, puisque l’exposition s’achève sur Vasco de Gama (1460 ou 1469-1524).

Exposition à finalité diplomatique ? Oui. Installée sur le parvis de l’IMA avec le soutien du Sultana d’Oman et le concours du Port-Musée de Douarnenez, le boutre a été inauguré le 24 novembre 2016, en présence de Jean-Marc Ayrault, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, et d’un représentant de l’ambassade du Sultanat d’Oman à Paris. 

Quant aux intérêts économiques, ils ne sont pas occultés. Partenaire de l’Institut du monde arabe depuis 2005 et Grand Mécène depuis 2011, la Fondation Total « explore avec bonheur, dans Aventuriers des mers, de Sindbad à Marco Polo, une nouvelle étape d’un parcours dédié à la célébration d’une région du monde particulièrement chère au Groupe ». Le Groupe Casino est lui aussi partenaire de l’exposition soutenue par S.A.S. le Prince Albert II et la Principauté de Monaco.

L’exposition vise aussi à favoriser les liens avec le christianisme - croix bien placée et mise en valeur, etc. -, et les chrétiens intégrés dans un récit louangeur pour l’islam. Certaines œuvres exposées démentent une vision un brin idyllique. Ainsi, ce magnifique ouvrage évoquant les efforts d’ordres catholiques pour libérer les esclaves chrétiens sous joug islamique.

« Loin de faire obstacle entre les hommes et les civilisations, les mers et les océans sont des espaces partagés qui permettent d’aller à la rencontre des autres, et de commercer avec eux », allègue le dossier de presse de l’exposition. Mais, non. La mer Méditerranée est parcourue par des pirates musulmans rendant captifs les passagers et s’emparant des cargaisons précieuses des bateaux chrétiens. L’Océan Indien est dominé par les Arabes qui détenaient le monopole du trafic des épices orientales, et ne souhaitaient aucune concurrence commerciale.

« Zanzibar, au carrefour du monde, seconde vidéo de Christine Coulange pointe l'importance et la singularité de Zanzibar : cette petite île de l'océan Indien fut, au cours des siècles, un lieu stratégique de migrations, de liens et de métissages entre les Comores et l'Afrique, l'Arabie, le Golfe persique et l'Inde. Ces liens et ce brassage ont façonné, pour un peuple très diversifié, une civilisation originale, où les échanges du commerce prirent le pas sur les différences religieuses », allègue le dossier de presse. Zanzibar (« côte des Noirs), c’est aussi un lieu de transit de la traite négrière par des Arabes.

Les commissaires de l’exposition et auteurs du catalogue ? Nala Aloudat, diplômée de la Sorbonne en histoire de l’art et en archéologie des pays de l’Islam, et chargée de collections et d’expositions à l’Institut du monde arabe, Agnès Carayon, docteur en histoire, spécialiste du monde arabo-musulman médiéval - elle a participé au commissariat de plusieurs expositions présentées à l’Institut du monde arabe, où elle occupe le poste de chargée de collections et d’expositions -, Vincent Giovannoni, longtemps ébéniste, charpentier de marine et skipper, docteur en sciences humaines, il est à présent conservateur au Mucem. Avec la collaboration d’Anne Joyard, consultante en art, historienne de l’art.

Le Comité scientifique réunit Benoît Junod, Elizabeth Lambourn, Christophe Picard, Éric Rieth, Axelle Rougeulle, Éric Vallet.

Christine Coulange, artiste multimedia, a réalisé des vidéos ponctuant cette exposition peu didactique.

Citations extraites du dossier de presse

Ibn Jubayr
Ibn Jubayr « est né dans une famille de lettrés d’al-Andalus. En 1184, alors qu’il a trente-neuf ans, il décide de réaliser le pèlerinage à la Mecque. Après la ville sainte, il visite les grandes villes du Moyen-Orient pour parfaire sa connaissance du monde musulman.
De son périple, qui dura un peu plus d’une année, il rédige une relation (Rihla) rigoureuse et fiable, dépourvue d’aspects merveilleux comme cela était souvent le cas. On y lit son angoisse des voyages par mer, que seule sa foi lui permet d’entreprendre ».
« Mon pèlerinage était achevé et je pouvais enfin retourner chez moi, dans la douce Andalousie. A Acre, sur la cote de Palestine, je m’embarquais sur un gros navire génois qui faisait voile vers la Sicile. Peu après notre départ, les vents changèrent. Nous avions déjà essuyé plusieurs tempêtes, mais ce fut alors que nous arrivions a destination que  nous subîmes la plus terrible. Les eaux bouillonnaient et des vagues terrifiantes s’abattaient sur le pont. Le vent gonflait la voile, et nous dirigea droit sur les rochers. Le navire se brisa... »

Sindbad
« Lors de mon premier voyage, je m’embarquais avec d’autres marchands à Bassora. Nous accostâmes un jour sur l’une d’elles qui ressemblait a un jardin de paradis. Le capitaine décida d’y jeter l’ancre. Tout à coup, nous l’entendîmes hurler. Tout le monde se rua sur le navire. L’île s’ébranla alors et fonça vers les profondeurs en un tourbillon furieux, engloutissant les hommes restes sur son rivage, dont, hélas, j’étais ! Je réussis cependant a m’accrocher a un seau de bois qui flottait a ma portée et essayais de rejoindre le navire qui s'éloignait, faisant fis des hommes à la mer. Il disparut bientôt, et lorsque les ténèbres m’enveloppèrent, je fus sur de périr ».
Les « histoires de Sindbad de la mer proviennent de contes persans et ont été intégrées aux Milles et Une Nuits tardivement.
Sindbad n’est pas un marin mais un marchand. Pour faire fructifier la fortune que lui a léguée son père, il prend régulièrement la mer et accoste en des lieux mystérieux. Les aventures maritimes de Sindbad peuvent être rattachées à des légendes très anciennes, que l’on retrouve chez plusieurs peuples marins. Le mythe de l’île baleine par exemple, est également présent dans le fond merveilleux scandinave ».

Ibn Majid
« C’est la silhouette et la voix d’Ibn Majid, considéré comme l’un des plus grands navigateurs du Moyen Âge, qui accompagne ici le visiteur dans la poursuite de son exploration.
Né vers 1432 sur les côtes arabes du golfe arabo-persique, dans une illustre famille de marins, il a appris jeune à naviguer sur la mer Rouge, qu’il connaît parfaitement. Il devient également un expert incontesté de l’océan Indien. Les ouvrages de navigations qu’il a rédigé représentent un sommet de connaissances théoriques et pratiques de cette époque. Le fait qu’il ait servi de pilote à Vasco de Gama n’est pas accepté par tous les spécialistes ».
« On m’appelle le « muallim », « le maître de la navigation ». Beaucoup de marins omanais invoquent aujourd’hui encore mon nom lorsqu’ils prennent la mer, tant ma réputation a traverse les siècles.
Certains disent, avec un peu d’exagération, que je suis l’inventeur de la boussole… Je savais, il est vrai, utiliser les cartes et les instruments les plus élaborés d’alors.
Mais c’étaient surtout les étoiles qui me guidaient.
J’ai commence a naviguer sur les eaux de la mer Rouge très jeune, accompagnant mon père et mon grand-père, eux aussi des marins de renom. Davantage qu’eux encore, j’en connaissais chaque mouillage, chaque récif, chaque haut-fond. J’ai écrit des livres, nombreux, afin que ma grande expérience serve aux autres, qu’elle les mène surement au travers des écueils de la mer. Mais, contrairement a mes ancêtres, je fus aussi un navigateur expert de l’océan Indien.
On dit d’ailleurs que c’est moi qui ai guidé Vasco de Gama a travers ce vaste océan, depuis les cotes africaines jusqu’à Calicut, directement par la haute mer ».

Marco Polo
« Né à Venise en 1254, Marco Polo partit l’année de ses dix-sept ans, en compagnie de son père Niccolò et de son oncle Maffeo, pour un immense périple à travers l’Asie, dont ils ne revinrent que vingt-cinq ans plus tard. Marco Polo explora le continent asiatique pour le compte du Grand Khan mongol Kubilaï, qui régnait alors sur l’empire chinois. Il décrivit les contrées visitées dans Le Devisement du monde ».
« J’ai réalisé plusieurs ambassades pour Kubilai, le Grand Khan de Chine, qui m’ont donne l’occasion de naviguer sur la mer des Indes. Ce fut d’ailleurs parce que je la connaissais bien que Kubilai consentit enfin a nous laisser repartir pour Venise, mon père, mon oncle et moi-même. Il fallait en effet un guide sur pour mener la belle princesse mongole Cocacin jusqu’en Perse, ou elle devait épouser le roi. Les routes terrestres, par ces temps troubles, étaient trop incertaines…
Nous partîmes ainsi avec une escorte extraordinaire du port chinois de Zaiton, sur 14 grands navires a 4 mats. Mais il nous fallu plus d’une année et demie pour atteindre notre destination, le port persan d’Ormuz. Les pirates, les tempêtes, la maladie, retardèrent considérablement le voyage et décimèrent impitoyablement notre équipée. Les richesses incroyables que j’ai décrites motivèrent les voyages des navigateurs portugais et, surtout, la formidable découverte de Christophe Colomb : on dit qu’il avait toujours avec lui un exemplaire de mon livre, Le Devisement du monde ».

Ibn Battuta
« Au XIVème siècle et pendant vingt-cinq ans, Ibn Battûta parcourra l'Ancien Monde, jusqu'à la Chine en passant par la Syrie, la Perse, l'Anatolie et la Volga, mais aussi l'Afrique orientale, l'Inde occidentale, Ceylan, les Maldives, le Bengale et Sumatra.
À peine rentré à Fès, il repartira trois ans en Andalousie et au Mali. À cette époque où chaque voyage représentait un risque certain, il a été calculé qu'il a parcouru 12000 kilomètres.
Né en 1304 à Tanger, sur la côte atlantique de l'actuel Maroc, on sait qu'il appartenait à une famille cultivée. C’est seul qu’il prend la route à l’âge de vingt-et-un ans, avec l'intention de se rendre à la Mecque, et de visiter le tombeau du prophète Muhammad. Durant ses voyages, Ibn Battûta accomplira six fois le pèlerinage.
Le très vaste monde qu’il parcourt et dont il rend compte est principalement celui du dar al-islam de son temps, c’est-à-dire des contrées où l’islam est présent. Quelques années et voyages plus tard, il naviguera à bord de divers navires depuis Cambay, au Nord de l’Inde occidentale, pour aller aux Maldives, du Bengale à Sumatra, puis jusqu’en Chine, aux limites de l’océan Pacifique...
Pour aller d’un port à l’autre, Ibn Battûta prend place dans les navires de commerce qui parcourent régulièrement ces routes maritimes. Dans ses récits, il narre ses navigations qu’il poursuit non sans risques : en plus des naufrages divers auxquels il aura à faire face, il n’est pas rare qu’il subisse les assauts de pirates, attirés par la dense circulation des commerçants et de leurs marchandises.
Ainsi, au large de Ceylan, son bateau est- il attaqué par douze navires de pirates hindous qui le dépouillent de tout ce qu’il possède et, tout en lui laissant la vie sauve, l’abandonne sur la côte avec l’équipage. Ses textes attestent avec une vivacité rare aussi bien de la diversité des techniques qu'il rencontre partout dans le monde que des arts culinaires et de la beauté des femmes.
L'amplitude de ses voyages et la description qu'il fait des mondes de l'islam et de ses vastes cités (dont Delhi, où il vivra huit ans) a fait très tôt prendre conscience aux musulmans du Maghreb de la relativité de l'espace méditerranéen, en même temps que de l'étendue, de la richesse et de la puissance du dâr al-islam à cette époque.
On parle souvent d’explorations vers l’orient mais il n’est pas à négliger les mouvements de l’Orient vers l’Occident. Héro national en Chine où il est considéré comme l’un des plus grands navigateurs de l’histoire, Zheng He incarne ces mouvements exploratoires de l’Orient vers l’Occident et contredit ainsi l’image d’une Chine fermée aux explorations et aux empires maritimes ».

Zheng He
Zheng He « est né en 1371 dans une famille musulmane du sud de la Chine d’origine mongole. Il fut capturé à l’âge de 10 ans, émasculé, et placé au service d’une famille princière de la dynastie des Ming. Lorsque l’empereur Yongle (r. 1402-1424) monta sur le trône avec l’aide des eunuques, il le nomma amiral de la flotte impériale. Zheng He effectua sept expéditions entre 1405 et 1433. La taille de ses navires a été exagérée. Il est admis aujourd’hui qu’ils mesuraient 60 m de long pour les plus grands.
« Moi, Zheng He, c’est l’Occident que je partis découvrir ! Mon maître, le grand empereur de Chine, me nomma a la tete de plusieurs expéditions maritimes. Je n’avais pourtant jamais pris la mer auparavant ! Je partis donc sur les mers, en mission diplomatique et commerciale, vers l’autre bout du monde. Je suis allé jusqu’en Egypte et sur les cotes de l’Afrique noire. Si vous ne me connaissez pas, sachez qu’en Chine, on me considéré encore comme le premier des grands navigateurs ! »
Enfin, c’est avec le navigateur portugais Vasco de Gama que le visiteur achève son voyage ».

Vasco de Gama
Vasco de Gama « a ouvert une route maritime entre l’Europe occidentale et l’Orient en passant par le cap de Bonne-Espérance, lors du premier de ses voyages (1497-1499, 1502-1503, 1524) vers l’Inde. Lors de sa première expédition, il fut le premier navigateur à parcourir une si grande distance sur mer. À la tête de quatre navires et de 170 hommes d'équipage, il fut le premier Européen à parvenir aux Indes par voie maritime. Son acharnement et son courage permirent au Portugal de trouver une nouvelle route des épices et d'établir leur premier empire commercial au Moyen-Orient, ce qui changea la face du Monde
« Le roi du Portugal m’a charge de découvrir une nouvelle route vers les épices de l’Orient. Il m’a nommé à la tête d’une flotte bien maigre dans ce but ! En contournant l’Afrique, nous nous sommes aventures sur une mer ou aucun bateau européen n’était jamais allé. Nous avons atteint l’Inde et ses promesses de richesses. Nous avons affronte des tempêtes bien entendu, mais nous avons surtout connu la faim, la soif, épuisement et le désespoir. Beaucoup d’entre nous sont morts du scorbut, la maladie des marins qui manquent de nourriture fraîche ! »


Du 7 juin au 9 octobre 2017
Au MuCEM à Marseille


Jusqu'au 26 février 2017
A l’Institut du monde Arabe 
1, rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris
Tél. : +33 1 40 51 38 38
Du mardi au vendredi de 10 h à 18 h. Samedi, dimanche et jours fériés de 10 h à 19 h

Visuels 
Jami al-tawarikh (Histoire uni erselle)
Jonas et la baleine, Rashid al-Din, Tabriz, Iran, 1314-1315
© Nour Foundation. Courtesy of the Khalili Family Trust

Arrivée de Vasco de Gama à Calicut
Atelier belge de Tournai, début du XVIe siècle
© Bridgeman Images

Nizwa
© Reno Marca

Tabula Rogeriana (Liv re de Roger)
Al-Idrîsî, vers 1840
© Bibliothèque Nationale de France - Paris

Brûle-parfum sphérique
Syrie ou Égypte, XVIe- XVIIe siècle
© Victoria and Albert Museum, London

Scène de naufrage du bateau de kâmârup
Abd Allab Kotbshah, Lahore, Pakistan, 1834-1835.
© Bibliothèque Nationale de France - Paris

Planisphère catalan
© 2016 Scala Florence courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali

Mappemonde
Fra Mauro, Venise, vers 1450. Fac-similé. Biblioteca Nazionale Marciana, Venise, Italie.
© 2016. Photo Scala, Florence

Vue de Venise
Piri Reis, Turquie, vers 1670
© Nour Foundation. Courtesy of the Khalili Family Trust

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mercredi 22 février 2017

Dysfonctionnements ou discrimination à Pôle-Emploi ?


Pôle emploi  assure en France l’inscription des chômeurs, évalue et gère leur éventuelle indemnisation, leur propose des offres d’emplois, recherche des postes vacants au sein d’entreprises, etc. Bien qu’ayant payé pendant des années ses cotisations chômage, M. A., chômeur français juif à la suite d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse, s’est vu refuser toute indemnisation par cet établissement public qui a avancé des motivations successives différentes, sibyllines. A la tête du client ? Article actualisé.


Fin 2015, au terme de plus de cinq ans de procédures judiciaires conclues par la confirmation du jugement prud’homal en sa faveur, après un an supplémentaire d’attente que son ex-employeur daigne lui remettre les documents sociaux, M. A., salarié licencié, adresse à Pôle Emploi, en recommandé avec accusé de réception, un dossier afin de solliciter des allocations chômage.

Après quelques mois de relances, il apprend en avril 2016 que son dossier a été perdu par Pôle Emploi lors d’un déménagement de l’agence. Pôle emploi va-t-il s’en excuser ou enquêter pour déterminer si d’autres dossiers ont été « perdus » ? Non.

M. A. dépose donc un deuxième dossier à Pôle Emploi. Il reçoit une réponse orale de refus d'allocations chômage. Motif allégué : Pôle emploi ne se fonderait, pour le calcul des indemnités chômage, que sur les rémunérations perçues trois ans avant le dépôt du dossier auprès de Pôle emploi ?! - et est orienté vers le Médiateur francilien de Pôle emploi pour toute contestation de ce refus oral.

Le 8 avril 2016, M. A. sollicite des explications sur ce refus auprès de Marc Carmignac, Médiateur Pôle emploi en Ile-de-France.

Le 22 avril 2016, Karim Belayel, chargé d’appui à la médiation auprès de la Direction Régionale Ile-de-France de Pôle-Emploi, lui répond par courrier électronique :
« Après une étude attentive de votre situation, aux vues des jugements contre votre ex-employeur, accompagnés d’une attestation d’employeur destinée au Pôle emploi, ainsi que d’un bulletin de salaire délivré par ce dernier, je constate que votre agence, a appliqué la réglementation de façon conforme à la lettre et à l’esprit des textes.
A la suite de ce réexamen de droits, vous recevrez par courrier séparé, une notification de décision datée du 21 avril 2016.
Ainsi, les éléments présents dans votre dossier ne me permettent pas de répondre favorablement à votre requête et je vous informe procéder ce jour, à la clôture de votre demande de Médiation
».
Pourquoi Pôle emploi lui refuse-t-il des allocations chômage ? Mystère : Karim Belayel ne motive pas son refus. De quels textes s’agit-il ? Re-mystère. Karim Belayel ne juge pas utile de les désigner.

M. A. reçoit une lettre datée du 21 avril 2016, de la direction de Pôle emploi gérant son dossier :
« En application du règlement général de l’assurance chômage - Articles 2 et 8 du règlement général de l'assurance chômage -, peuvent s'ouvrir des droits aux allocations uniquement les salariés dont le contrat de travail a pris fin, sous réserve de remplir certaines conditions.
Or vous ne justifiez pas d'une fin de contrat de travail permettant de vous ouvrir des droits aux allocations de chômage
».
Or, la situation de M. A. correspond aux articles 2 et 8 de ce règlement général : M. A. a été victime d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse. Ce qu’indique l’arrêt de la Cour d’appel de Paris rendu en sa faveur en 2014. Ce qui est rapidement vérifiable par une recherche sur Internet.

M. A. interroge alors de nouveau l’agence de Pôle Emploi gérant son dossier. Et le 3 octobre 2016, il dépose un énième dossier sollicitant des allocations chômage.

Le 13 octobre 2016, cette agence lui réclame diverses informations et un extrait KBIS de sa société. Or, M. A. n’a pas de société.

Le 28 décembre 2016, il reçoit une réponse négative de Geneviève Perrin, directrice de cette agence Pôle emploi :
« Les données mentionnées sur les 9e et 10e pages de l’arrêté de la Cour d’appel de Paris ont été portées à votre dossier mais ne permettent pas une ouverture de droits.
Suite à votre requête auprès du médiateur, la réponse du chargé d’appui à la médiation vous a été retransmise par courriel le 25 août 2016
».
Une réponse sibylline à la motivation obscure. D’autant que M. B. n’a pas reçu de courriel le 25 août 2016.

Dossiers perdus, courrier de Pôle emploi non reçu, refus à la motivation énigmatique ou changeante selon l'interlocuteur, incapacité de bureaucrates à comprendre un jugement, insuffisantes connaissances juridiques, y compris sur la réglementation en matière d'indemnisations, réclamations infondées de documents, ignorance des documents délivrés par un employeur à son salarié lors de son activité… Dysfonctionnements, fonctionnement normal ou discriminatoire ? Réponses négatives délivrées « à la tête du client » ? Quelle est la vraie raison de ces refus réitérés ?

Bien qu’il ait versé pendant des cotisations sociales en tant que salarié, M. A. ne bénéficie pas d’allocations chômage depuis son licenciement !? Où sont allées ses cotisations sociales ? A rémunérer des bureaucrates déformant la teneur d’un arrêt, ne maîtrisant pas la langue française – « aux vues des » - et qui « se refilent le bébé » en privant M. A. de ressources auxquelles il a pourtant droit ? Que feraient Karim Belayel ou Geneviève Perrin s’ils ne recevaient aucune rémunération ou indemnisation du Pôle emploi pendant des années ?

Pour réaliser des économies, certains employeurs déguisent un licenciement économique en licenciement pour faute, et ne remettent aucun document social au salarié licencié de facto. L’étape judiciaire s’impose souvent pour faire valoir ses droits. Ce qui reporte la date de dépôt du dossier de demande d’allocations chômage auprès de Pôle emploi.

Après des années épuisantes de combat judiciaire soldé par une victoire, M. A. affronte depuis près d’un an et demi une bureaucratie effrayante par son insuffisant sérieux. Une bataille épouvante et superflue sans qu’aucune autorité hiérarchique n’intervienne pour faire appliquer le droit.

J’ai interrogé Pôle emploi, dont le directeur général est Jean Bassères, et le ministère de l’Emploi et je publierai leurs réponses dès réception.

Le 2 mars 2017, une réunion à l'agence Pôle Emploi a quelque peu éclairci la situation sur deux points. M. A. a bien été licencié. Il a alors appris que sa situation était régie par la convention du 1er janvier 2004. Le calcul des indemnités chômage se fonde sur 182 jours de travail salarié avant la fin de son contrat de travail salarié. Or, M. A. ne peut avancer que 101 jours de travail salarié avant son licenciement sans cause réelle et sérieuse. En effet, son ancien employeur l'avait rémunéré auparavant pendant des années en "honoraires de rédaction" ou en "droits d'auteur". Ce qui lui a permis de réaliser des économies au détriment de son employé auquel il n'a accordé que tardivement, après plusieurs demandes infructueuses, de bulletins de salaires.

Pourquoi a-t-il fallu tant de temps perdu et cet article pour parvenir à cette ultime explication ? Pourquoi avoir avancé auparavant des explications différentes ou sibyllines ? Pourquoi avoir réclamé l'extrait K-Bis ? Pourquoi ne pas avoir présenté d'excuses ?

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mardi 14 février 2017

« John von Neumann. Prophète du XXIe siècle », par Philippe Calderon


Arte rediffusera le 14 février 2017 « John von Neumann. Prophète du XXIe siècle  » (John von Neumann. Der Denker des Computer-Zeitalters), documentaire de Philippe Calderon. Un portrait de John von Neumann (1903-1957), célèbre mathématicien – mathématique pure et appliquée -, physicien, statisticien, économiste, polyglotte né dans une famille Juive à Budapest et installé aux Etats-Unis dès 1930. Un novateur qui a contribué à des inventions majeures, dont la bombe atomique et l'ordinateur. Un bon vivant. 

Maurice Cohen, peintre et mathématicien
« Albert Einstein. Portrait d'un rebelle » de Sylvia Strasser et Wolfgang Würker
« A la recherche de la mémoire. Eric Kandel, la passion d'une vie » de Petra Seeger
« Lise Meitner, mère de la bombe atomique » de Wolf von Truchsess et Andreas G. Wagner
« John von Neumann. Prophète du XXIe siècle », par Philippe Calderon
« Six amis en quête de liberté. Destins croisés de Budapest à Manhattan » par Thomas Ammann

« Si les gens ne croient pas que les mathématiques sont simples, c’est uniquement parce qu’ils ne réalisent pas à quel point la vie est compliquée », a déclaré John von Neumann.

Méconnu du citoyen lambda, John von Neumann (1903-1957) a cependant élaboré, dès son installation en 1930 aux Etats-Unis, « des théories dont les applications ont définitivement changé le cours de l'humanité, de la bombe atomique à la révolution numérique, et des sciences  en général ».

Il « a apporté d'importantes contributions tant en mécanique quantique, qu'en analyse fonctionnelle, en théorie des ensembles, en informatique, en sciences économiques. Il a contribué aux découvertes les plus fondamentales (théorie des jeux, intelligence artificielle, physique statistique, entre autres) du siècle dernier et a initié la révolution informatique. Il a de plus participé aux programmes militaires américains ».

Pionnier de l'informatique, il conçoit Maniac, un calculateur utile aux tests de la bombe H, bombe thermonucléaire à hydrogène, et ancêtre des premiers ordinateurs.

Mathématiques, physique et informatique
Neumann János Lajos est né dans une famille de la haute bourgeoise Juive, non pratiquante, à Budapest, alors dans l’empire austro-hongrois aux cinquante langues. Von est un titre, donné par l'empereur François-Joseph au père de John von Neumann pour son aide majeure dans l'effort financier de ce qui deviendra la Hongrie lors de la Première Guerre mondiale.

C’est un enfant prodige, doué pour les mathématiques, doté d’une mémoire exceptionnelle et polyglotte.

Acheter un titre de noblesse ou se convertir :  telle est l'alternative de nombreux Juifs pour échapper à l'antisémitisme et s'assimiler. En 1913, son père, Neumann Miksa (Max Neumann), acquiert un titre nobiliaire par l'empereur François-Joseph. Neumann János Lajos devient margittai Neumann János, puis Johann von Neumann. Un nom patronymique américanisé en John - Johnny pour ses  amis - von Neumann, dans les années 1930, lors de son installation aux Etats-Unis.

Au lycée luthérien, John von Neumann se lie avec deux futurs scientifiques qu'il retrouvera aux Etats-Unis lors de ses recherches sur les bombes.

Le mouvement communiste mené par de nombreux révolutionnaires Juifs, suivi d'une réaction politique, attise l'antisémitisme. A la terreur rouge, succède la terreur blanche. Le père de John von Neumann, banquier, craint pour sa vie et nourrit de grands rêves pour son fils ainé, John.

En 1926, John von Neumann obtient brillamment son doctorat en mathématiques à l’université de Budapest, et un diplôme en génie chimique de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (Suisse) qui avait recalé Albert Einstein : il se distingue en sortant major de sa promotion.

De 1926 à 1930, il complète sa formation en Allemagne : il est privatdozent à Berlin et à Hambourg pour approfondir ses connaissances sur la mécanique quantique. Il collabore aussi à Göttingen avec Robert Oppenheimer sous la direction de David Hilbert.

Les Etats-Unis veulent combler leur retard en mathématiques, et incitent les mathématiciens européens à enseigner au Nouveau monde. En 1930, à l’invitation de l’université Princeton, John von Neumann immigre aux Etats-Unis pour y enseigner. C’est l’année de son mariage avec Mariette Kövesi.

En 1933, à l'arrivée des Nazis au pouvoir en Allemagne, John von Neumann démissionne de tous ses postes honorifiques dans ce pays. Il n'aura de cesse de combattre le nazisme. Il trouve Einstein "pacifiste".

En 1935, le couple von Neumann a une fille, Marina qui deviendra professeur à l'université du Michigan et conseillère économique du président Richard Nixon. Charmant, drôle, John von Neumann "avait une vision cynique, pessimiste du monde", se souvient sa fille. Il avait un côté "show off", en particulier auprès des femmes.

De 1933 à 1957, John von Neumann est professeur de mathématiques à la faculté de l'Institute for Advanced Study où il côtoie Albert Einstein et Kurt Gödel.

En 1937, le couple von Neumann divorce. John von Neumann convolera en justes noces avec Klara Dan en 1938, un an après sa naturalisation américaine.

Lors de la montée des périls en Europe, il s’intéresse aux mathématiques appliquées (statistiques, analyse numérique, balistique, détonique, hydrodynamique). Il concentre ses efforts sur la réduction du temps de calcul, facteur essentiel en temps de guerre, en collaborant à la conception des ordinateurs.

Dès 1940, il est membre du Comité consultatif scientifique du Ballistic Research Laboratory, lié à l’armée américaine.

De 1943 à 1955, il est consultant scientifique au Laboratoire national de Los Alamos (désert du Nouveau Mexique) et participe au projet Manhattan. Là, il retrouve des scientifiques hongrois Juifs ayant fui les Nazis : Paul Erdős, Eugene Wigner, Edward Teller, Leó Szilárd ou Gábor Dénes. "The Martians" : c'est ainsi qu'est surnommé le groupe de mathématiciens et physiciens exilés de Hongrie, souvent Juifs.

John von Neumann établit que l’effet destructeur des bombes « de large dimension » est plus grand si elles explosent en altitude. Il calcule l’altitude optimale des bombes larguées les 6 et 9 août 1945 au Japon pour induire un maximum de dommages.

A Robert Oppenheimer, le père de la bombe atomique, lui déclarant que "les physiciens ont commis le pêché en créant cette arme de destruction massive", John von Neuman a répliqué : « Parfois on confesse un pêché pour s’en attribuer le crédit ».

Il débute ses recherches sur la logique probabiliste après une conférence Macy (1946), au cours de laquelle Walter Pitts avait communiqué les modèles biologiques.

En 1955, John von Neumann dirige le Comité consultatif général (General Advisory Committee) de la Commission américaine à l'énergie atomique (United States Atomic Energy Commission) dont il est membre depuis 1952. Cet anti-communiste contribue à élaborer les théories de la guerre froide - degré de volonté de coopération des deux super-puissances - et de la destruction mutuelle assurée (Mutually Assured Destruction, MAD). Une théorie des jeux utile aux négociateurs américains face à leurs homologues soviétiques. "La question principale, n'est pas combien on détruit d'armes, mais c'est combien il en reste. Pendant 40 ans, pas une fois, l'arme atomique n'a été utilisée d'une façon hostile. On peut penser que le chemin vers la paix, c'est le désarmement. Et bien, non, c'est l'inverse : l'arme nucléaire a apporté la paix. C'est cela, la théorie des jeux", explique Robert Aumann, Prix Nobel d'Economie 2005. "Mon père avait une vision radicale de l'Union soviétique... Cela a à voir avec ses souvenirs de la terreur communiste en 1919... Il avait une vision très pessimiste sur la nature humaine", confie Marina von Neumann.

Des recherches et une théorie des jeux qui inspireront notamment une célèbre scène avec le savant cinglé du Docteur Folamour, réalisé par Stanley Kubrick.

L’architecte de von Neumann désigne celle de la plupart des ordinateurs modernes : mémoire, unité de contrôle, unité arithmétique et logique, les mécanismes Entrée/Sortie. A partir de Maniac, il développe l'informatique. Il a conscience que l'information peut fonder le pouvoir, et veut prédire la météo, avec un degré de fiabilité à long terme. Intéressé par le message humain, il constate l'accélération constante des moyens de communication - imprimerie, téléphone... - et se passionne par les relations, les analogies, entre le cerveau et l'ordinateur.

En 1956, il est distingué par la Médaille de la Liberté (Freedom Medal) remise par le président Eisenhower.

Ce scientifique décède en 1957 d’un cancer, vraisemblablement causé par une irradiation excessive lors des essais de bombes A qu’il a observés dans l’océan Pacifique, ou lors des travaux au Laboratoire national de Los Alamos. Il a particulièrement souffert du déclin de ses facultés intellectuelles lors de sa maladie.

Grâce aux témoignages de scientifiques renommés - Roger Penrose, Marvin Minsky ("Un von Neumann vaut 100 personnes normale"), Ray Kurzweil -, ce documentaire souligne le génie de John von Neumann. Comment celui-ci pouvait-il avoir une pensée "si vite, si aiguisée, et trouver des solutions si originales" ? Selon un de ses amis hongrois, c'est parce qu'il "adorait penser".

On peut regretter que ce documentaire ne présente pas, à la différence de John von Neumann. A documentary (1966) de Mathematical Association of America (MAA) qu'il avait présidée, la voix de John von Neumann, et omette d'indiquer le sort de sa famille demeurée en Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce qui pourrait expliquer son pessimisme sur la nature humaine.


« John von Neumann. Prophète du XXIe siècle  », par Philippe Calderon
France, Arte, 57 min
Sur Arte les 4 août à 22 h 30, 13 août à 10 h 15 et 17 août 2015 à 9 h 50, 14 février 2017 à 22 h 30

Visuels :
John von Neumann dans les années 1940.
© Von Neumann Papers/Libary of Congress/Courtesy of Marina von Neumann Whitman

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Les citations proviennent d'Arte. L'article a été publié le 4 août 2015.

jeudi 9 février 2017

« Les enfants de la nuit » par François Lévy-Kuentz


France 3 diffusera le 9 février 2017 « Les enfants de la nuit », documentaire  par François Lévy-Kuentz. Comment la Shoah a influé non seulement sur les victimes juives, sur les survivants juifs, mais aussi sur la génération née après l’assassinat de six millions de Juifs.


Les « enfants de la nuit sont les enfants des survivants des camps de déportation. Tous âgés aujourd'hui de 50 à 60 ans, ils se sont pour la plupart construits comme des « enfants de déportés ». Cette génération, qui n'avait jusqu'ici jamais pris la parole pour elle-même, fut pourtant celle de tous les cauchemars, témoin d'une volonté de vivre, mais porteuse de drames difficiles à partager ».

Ces « enfants de la nuit » ont été témoins de la reconstruction de leurs parents déportés dans les camps d’Auschwitz  ou de Dachau, de leur silence strié de cris nocturnes, de l’absence de dizaines de membres de leur famille assassinés par les Nazis et leurs collaborateurs lors de la Shoah.

Né en 1960 à Paris, François Lévy-Kuentz est un documentariste auteur de films sur l’art, de portraits d’artistes : Man Ray, 2bis rue Férou (1989), Georges de la Tour (1996), Chagall, à la Russie aux ânes et aux autres (2004), Jean Painlevé : fantaisie pour biologie marine (2005), Alexander Calder, sculpteur de l'air (2009), Le Scandale impressionniste  (2010 )... En 2010 et 2011, la Cinémathèque de Jérusalem et la Cinémathèque royale de Belgique ont proposé des rétrospectives de ses films.

Dédié à Charlotte Delbo, le documentaire « Les enfants de la nuit » François Lévy-Kuentz « se penche sur le parcours de ces personnes, contraintes de se construire une vie à partir d'une enfance traumatisée, alors que l'on commémore les 70 ans de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau ».

Avec la mère de Jean-Jacques Zylbermann, « tout était résurgence du passé. Un passé qu’elle abordait au quotidien. Sans faux-semblant. Et même parfois brutalement ».

Un autre témoin récuse l’expression « enfant de déporté » : « La Shoah n’est pas ma scène primitive ».
Dominique Reymond y lit des extraits d'Aucun de nous ne reviendra et de Mesure de nos jours.
    http://www.france3.fr/emission/les-enfants-de-la-nuit
         
« Les enfants de la nuit » par François Lévy-Kuentz
The Factory Productions, avec la participation de France Télévisions, 2014, 55mn
Ecrit par Frank Eskenazi et François Lévy-Kuentz
Texte dit par Dominique Reymond
Avec la participation de  Monique Itic, Max Kohn, Marc Perelman, Sylvia Simon, Ghislaine Spitzer, Dominique Vidal, Jean-Jacques Zylbermann
Sur France 3 les 10 février à 0 h 15 et 13 février à 3 h 55

Visuel : Collection privée M.Kohn | © the factory | 2014

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Les citations sont extraites du communiqué de presse du film.

mercredi 8 février 2017

« Nazareth, terre promise en Corrèze » par Jean-Michel Vaguelsy


De 1933 à 1935, à Jugeals-Nazareth (Corrèze), « Machar », seul kibboutz en France, a accueilli des centaines de jeunes réfugiés juifs ayant fui les persécutions antisémites en Europe, notamment en Allemagne nazie. A la fermeture de cette « ferme-école », ses élèves sionistes ont rejoint Eretz Israël, alors Palestine sous mandat britannique, et ont contribué à fonder un kibboutz en Galilée. « Nazareth, Terre Promise en Corrèze », documentaire écrit et réalisé par Jean-Michel Vaguelsy sera présenté en avant-première le 8 février 2017, à Turenne. Il sera diffusé sur France 3 Nouvelle-Aquitaine les 13 et 16 février 2017. 


C’est un fait méconnu, voire ignoré de beaucoup : département rural peu peuplé, la Corrèze a accueilli dans les années 1930 le seul kibboutz, dénommé « Machar » (demain, en hébreu), ayant été créé en France.

Où ? A Jugeals-Nazareth. Au Moyen-âge, de retour de la Première Croisade, un seigneur du Limousin, Elie de Malemort, avait joint à Jugeals le nom de Nazareth.

Fondé par le baron Olivier de Rothschild, le Comité national de secours aux réfugiés allemands victimes du nazisme cherchait  en 1933 un lieu pour accueillir des réfugiés allemands juifs victimes des persécutions antijuives nazies et préparer leur départ pour Eretz Israël, alors Palestine sous mandat britannique. Son choix se porte sur Jugeals-Nazareth village limousin isolé de 300 habitants, entouré de terres fertiles.

De décembre 1933 à avril 1935, une ferme louée à Jugeals-Nazareth a hébergé de 500 à 800 Juifs allemands, polonais, lituaniens, russes et tchèques, qui fuyaient l’antisémitisme. A cette ferme, étaient alloués 75 hectares à cultiver.

Là, ces jeunes citadins cultivés, souvent apatrides, se formaient aux travaux agricoles et apprenaient des techniques de combat rudimentaires avant d’émigrer en Palestine mandataire. 

Un lieu aux « conditions d’hébergement spartiates » dirigé par David Saltiel  ou Shealtiel.

Cette « ferme-école » a enseigné l’hébreu, et travaux pratiques à la clé, les métiers de la terre et de l’élevage, à ces jeunes juifs européens dans une période de montée des périls.

Cette expérience  « sioniste et socialiste » a surpris les Jugealiens-Nazaréens peu habitués à la mixité et à des jeunes paysannes vêtues de shorts. Des rumeurs ont circulé sur la « mauvaise vie » supposée de ces jeunes. « Mais ils ne faisaient aucun mal. Il y avait une suspicion à l’avance. Le juif, c’est le juif, ou c’était. J’espère que cela évolue  », a observé Pierre Estivie, âgé de 93 ans, ancien voisin du Kibboutz de Jugeals-Nazareth. 

Le journal La Croix de Corrèze publiait alors des articles sur « le Juif Blum », a souligné l’historien Jean-Michel Valade en 2013.

Mais « le courage et l'énergie de ces jeunes leur ont permis de nouer de nombreux liens dans la population locale ». Parmi ces villageois, certains éprouvaient de la jalousie à l’égard de ces concurrents.

Ces jeunes paysans juifs « ont très bien évolué. Ils étaient fiers de montrer leur réussite. Ils allaient au marché de Brive-la-Gaillarde. Ils faisaient les marchés trois fois par semaine. Ils se nourrissaient des retours de marché. Quand il restait des légumes, ils mangeaient, quand il n’y avait plus de légumes, ils buvaient de l’eau. Ils étaient courageux. Ils avaient plein de volonté », s’est souvenu Lucien Verlhac, fils de l'ancien propriétaire de la ferme du kibboutz de Jugeals-Nazareth.

Les registres de la Mairie du village corrézien conservent les documents attestant d’une trentaine de mariages civils entre ces jeunes Juifs. Des mariages en blanc nécessaires pour obtenir l’autorisation d’entrée en Palestine sous mandat britannique.

Soutenue par HeHalutz (le pionnier, en hébreu), organisation juive de jeunesse, « surveillée de près par les pouvoirs publics nationaux » craignant l’afflux de réfugiés voire d’espions, peu soutenue par les institutions israélites de France », cette expérience originale s’est achevée au terme de dix-huit mois en avril 1935 par arrêté d’expulsion du ministère de l’Intérieur.

Pourquoi ? En raison de « l’antisémitisme latent entretenu par le sous-préfet de l'époque », Roger Dutruche. Ce haut fonctionnaire « sera fusillé pour collaboration à la Libération ». 

Les interventions favorables de Henry de Jouvenel, sénateur de la Corrèze, demeurèrent vaines. Ce politicien et journaliste avait épousé en 1902 Sarah-Claire Boas (1879-1967), fille aînée de l'ingénieur centralien juif Alfred Boas (1846-1909). En 1935, il est président du nouveau Centre d’études du problème des étrangers en France chargé de « concevoir une politique d’immigration plus humaine et plus rationnelle ». Il est entouré de William Oualid, Adolphe Landry, René Martial, Georges Mauco, Georges Duhamel.

« Les adieux ont été déchirants. Ma mère m’en parlait : « Nous avons pleuré ». Cela a été terrible car des liens très forts s’étaient créés entre eux. Hélène avait dit à ma mère, dans un français un peu approximatif : « Tu sais Yvonne, je reviendrai », a confié Marie-Josée Barot : fille d'anciens voisins et amis du kibboutz, sur France 3 Nouvelle Aquitaine.

La quasi-totalité de ces jeunes kibboutzniks corréziens sont parvenus en Palestine mandataire, « échappant ainsi à la barbarie nazie ». 

Là, ils ont participé à la fondation du kibboutz Ayelet-HaShahar (La biche de l'aurore, en hébreu) dont le nom se réfère au titre du Psaume 22. Situé en Galilée, au nord d’Eretz Israël, ce kibboutz est devenu une entreprise agricole importante et offrant des formules touristiques. Situé près de la ligne d’armistice avec la Syrie, ce kibboutz avait été créé sur des terres achetées en 1892 par la Jewish Colonization Association (ICA). Les premiers pionniers s’y étaient installés en 1915. Les enfants et petits-enfants des olim du kibboutz corrézien y vivent encore. 

Quant à David Saltiel, il a rejoint les rangs de la Haganah dans la région de Jaffa, et deviendra général.
Après la guerre, quelques rares membres de ce kibboutz corrézien sont revenus à Jugeals-Nazareth.
           
Mémoire 
« Huit décennies plus tard, les descendants » de ces olim reviennent en Corrèze pour retisser les fils de leur histoire » et découvrir une histoire méconnue, voire ignorée de nombre d’entre eux.

Le 23 juin 2013, une stèle a été inaugurée et une plaque dévoilée dans ce village en souvenir du kibboutz « Machar ».

Ancien complice de Coluche – ancien secrétaire général, puis président des Restaurants du Cœur -, Jean-Michel Vaguelsy rappelle ce fait historique dans son documentaire « Nazareth, Terre promise en Corrèze ». Lors d’un colloque organisé par Mémoire juive en Limousin, il a fait la connaissance de Michal Andorn et Noam Rachnilévitch, descendants de ces kibboutzkiks en Corrèze.

« Ça faisait un petit bout de temps que j'étais au courant de ce qui s'était passé à Nazareth. Mais c'était trop proche de ma propre histoire et je me suis refusé à la raconter », a expliqué Jean-Michel Vaguelsy.

Et de poursuivre : « Ce n'était pas courant à l'époque de voir des femmes avec leurs jambes dénudées. La population avait encore une vision très médiévale de l'habillement. Alors, chaque dimanche, le curé du village, dans son sermon, exultait la population à chasser ces créatures du démon ».

Le 9 novembre 2016, une cérémonie a été organisée par le Souvenir français dans ce village de Corrèze pour rappeler cet épisode.

« Les jeunes vivaient chichement, ils avaient fabriqué des meubles avec des planches, aménagé des greniers, restauré des toitures, travaillé dans diverses fermes de la commune… Mon père, qui était revenu sur la commune après la guerre de 14-18, avait entendu dire le baron Olivier de Rothschild chercher une ferme pour accueillir des personnes pourchassées en Europe. Il lui a mis cette bâtisse à disposition », a relaté Lucien Verlhac.

Haïm Korsia, grand rabbin de France, a déclaré : « C’est un signe de vie formidable. C’est un très beau symbole, encore plus aujourd’hui. Ces jeunes venus de pays où ils n’étaient pas les bienvenus ont trouvé ici un havre de paix qui leur a permis de construire leur demain ailleurs. [Cette histoire de solidarité invite à] « réfléchir à la possibilité d’aider les réfugiés d’aujourd’hui à construire leur avenir ».

« Je suis fier que la commune ait aidé des migrants dès 1933. Aujourd’hui, on doit accueillir de la même façon ces peuples qui fuient leur pays à cause de la guerre », a renchéri le maire de Jugeals-Nazareth, Gérard Bagnol.

Un parallèle infondé entre les réfugiés juifs et ces « migrants ».

La bâtisse ayant accueilli cette « ferme-école » s’avère en trop mauvais état pour être proposée à la vente ou à la location. Son propriétaire actuel manque des moyens financiers nécessaires pour la réhabiliter. Le grand rabbin de France Haïm Korsia s’est engagé à résoudre ce problème.
      
« Nazareth, terre promise en Corrèze » par Jean-Michel Vaguelsy
France Télévisions / Armoni Productions / Aller Retour Productions avec la participation du CNC et le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2016, 52 min
Le 8 février 2017, à 18 h 30 à La Grange Rouge, à Turenne (19500). Un cocktail sera offert à l’issue de la projection. Réserver vos places France 3 Nouvelle-Aqitaine - Service Communication Limousin 05 55 04 33 02 christelle.raflin@francetv.fr
Sur France 3 Nouvelle-Aquitaine les 13 février après le Soir 3 et 16 février 2017 à 8 h 50

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Les citations sont extraites du communiqué de presse.