Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 29 novembre 2017

« L’Einstein du sexe » par Rosa von Praunheim


Arte diffusera le 29 novembre 2017 « L’Einstein du sexe » (Der Einstein des Sex - Leben und Werk des Dr. Magnus Hirschfeld) par Rosa von Praunheim. « La vie fascinante de Magnus Hirschfeld (1868-1935), sexologue révolutionnaire et précurseur du mouvement gay  »  qui a combattu contre la persécution des homosexuels allemands soumis au paragraphe 175. Un « vibrant hommage » sans esprit critique.
« Fils d’un médecin juif, Magnus Hirschfeld (1868-1935) entreprend des études médicales en 1888 ».  Pourquoi Arte n'a-t-elle pas ajouté qu'il était allemand ?

Il « est choqué que la science considère l’homosexualité comme une maladie ».

Son « diplôme en poche, il ouvre un cabinet ».

« Une expérience traumatisante – le suicide d’un patient gay – le pousse à agir : il fonde en 1897 un comité scientifique pour la dépénalisation de l’homosexualité ».

Lors de la Première Guerre mondiale, Magnus Hirschfeld interrompt ses travaux de recherche et se dévoue comme médecin dans un hôpital de campagne.

La « pétition en faveur de la révision du Code pénal est signée par de nombreuses personnalités, mais le projet de loi présenté au Parlement est rejeté ».

La « République de Weimar va néanmoins permettre à Hirschfeld de travailler en toute liberté ».

« En 1919, il fonde à Berlin le premier institut de sexologie ».

« Les congrès internationaux, les initiatives politiques et les publications en faveur de la cause homosexuelle se multiplient. Mais Hirschfeld est victime d’une agression par de jeunes nazis en 1920… »

Magnus Hirschfeld quitte l'Allemagne pour donner des conférences aux États-Unis en 1931 et, suivant les conseils de ses amis, il demeure en exil, à Zurich et à Ascona en Suisse, puis à Paris et enfin à Nice.

Après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler, les nazis saccagent l'Institut de sexologie le 6 mai 1933. Les livres dont ils s'emparent sont brûlés dans des autodafés nazis.

À Paris, Magnus Hirschfeld s'efforce vainement de recréer un nouveau institut de sexologie. En 1934, il s'installe à Nice, sur la Promenade des Anglais. En 1935, il y meurt d'une crise cardiaque le jour de son 67e anniversaire.

« Célèbre figure de la cause LGBT, le cinéaste allemand Rosa von Praunheim rend ici un remarquable hommage à celui qui fut le précurseur du mouvement gay ».

Un hommage sans esprit critique.


« L’Einstein du sexe » par Rosa von Praunheim
Allemagne, 1999
Image : Elfi Mikesch
Montage : Michael E. Shephard
Musique : Karl-Ernst Sasse
Production : Hessischer Rundfunk, ARTE, Argus Film Produktie, Rosa von Praunheim Filmproduktion
Producteur/-trice : Rosa von Praunheim
Scénario : Chris Kraus, Valentin Passoni
Avec Kai Schuhmann, Friedel von Wangenheim, Ben Becker, Wolfgang Völz, Otto Sander, Gerd Lukas Storzer, Olaf Drauschke, Tima die Göttliche, Pays :
Sur Arte le 29 novembre 2017 à 23 h 40

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mardi 28 novembre 2017

« Qui va m’aimer désormais ? » par Barak Heymann et Tomer Heymann


 Arte diffusera le 29 novembre 2017 « Qui va m’aimer désormais ? » (Wer wird mich jetzt noch lieben?) par Barak Heymann et Tomer Heymann. « Rejeté par sa famille très religieuse à cause de son homosexualité, Saar tente de rentrer en Israël après des années à vivre pleinement son identité. Une relecture moderne de la parabole du fils prodigue ».

« Ushpizin » de Gidi Dar
« Mon fils » par Eran Riklis
« Pour mon père » de Dror Zahavi


Tomer Heymann est un réalisateur israélien né en 1970. Il a acquis la célébrité comme documentariste souvent primé : Bridge over the Wadi (2005-2006), Paper Dolls (2006), The Way Home (2009), Mr Gaga (2015), etc.

Avec son frère Barak il a fondé sa société de production, Heymann Brothers Films, et réalisé « Qui va m’aimer désormais ?  », sélectionné à la 66e Berlinale 2016 et distingué par le Prix du Public Panorama du meilleur documentaire.

« Il y a dix-sept ans, Saar a révélé à ses proches qu’il était homosexuel et, qu’il ne croyait plus en Dieu. Rejeté par sa famille, des juifs orthodoxes très pratiquants, et chassé du kibboutz religieux où il vivait, il s’est alors installé au Royaume-Uni, où il a construit une nouvelle vie autour de sa « deuxième famille », la célèbre chorale gay de Londres ».

« Déclaré séropositif suite aux excès d’une douloureuse rupture, le fils prodigue, désormais âgé de 40 ans, cherche à retourner chez lui ». 

« Entre peurs et préjugés, comment sera-t-il accueilli par les siens ? »

Pourquoi Arte diffusera-t-elle ce film à un horaire nocturne ?


« Qui va m’aimer désormais ? » par Barak Heymann et Tomer Heymann
Israël, 2013, 59 min
Sur Arte le 29 novembre 2017 à 0 h 30

lundi 27 novembre 2017

« Nobody’s Business » par Alan Berliner


Arte diffusera le 28 novembre 2017 à 2 h 50 « Ça ne regarde personne » (Nobody’s Business), documentaire par Alan Berliner. « Virtuose de l'introspection filmée, le réalisateur Alan Berliner se confronte aux réticences de son père, Oscar, à évoquer le passé. Drôle et beau ». Un film sur les effets de la Deuxième Guerre mondiale sur les vétérans américains juifs et ceux du divorce sur les enfants d’une famille juive heureuse. Des traumas enfouis.


Né en 1956, Alan Berliner est un réalisateur américain né à Brooklyn et élevé dans le Queens.

Diplômé en cinéma, il réalise des documentaires souvent primés : First Cousin Once Removed (2013), Wide Awake, The Sweetest Sound (2001), Nobody’s Business (1996), Intimate Stranger (1991), et The Family Album (1986),

Le Museum of Modern Art de New York a présenté une rétrospective de son œuvre.

A la New School for Social Research in New York City, il enseigne un cours intitulé « Experiments in Time, Light and Motion ».

Distingué notamment par un Emmy Award de la National Academy of Television Arts and Sciences en 1998, Nobody’s Business mêle émotion et humour dans ce dialogue entre père et fils.

Alan Berliner « explore son histoire familiale en interrogeant son père, qui se prête au jeu tout en contestant le bien-fondé de l'intérêt de son fils pour un passé qu'il juge insignifiant. Un face-à-face difficile et intense, rythmé par des photos et des films de famille, qui finit par charrier une dimension universelle ».

« Ça va être long ? », interroge d'emblée le héros récalcitrant. « Une heure environ », rétorque sans se démonter le réalisateur ».

« Après un rapide décompte des secondes, le film d’Alan Berliner s’ouvre sur une photo en noir et blanc d’Oscar dans sa jeunesse. Le contraste entre l’image de cet homme séduisant se donnant en spectacle et la voix de ce vieillard qui refuse de se livrer est étonnant ».

« Personnage dur, froid et solitaire, Oscar s’est marié sans amour ».

« Aujourd’hui divorcé, il vit seul après avoir subi deux opérations du cerveau ».

« Plus proche de ses compagnons d’armée que de sa famille, il se moque de ses racines : « Tu fais un film avec du vent », prévient-il ».

« Mais Alan Berliner le harcèle et parvient à le pousser dans ses derniers retranchements ».

« Nobody’s Business » ne « cherche pas seulement à percer le mystère d'une vie humaine, il exprime l'amour et l’admiration d’un fils avec une résonance universelle ».

Oscar Berliner est décédé en 2001. Alan Berliner a ainsi rendu hommage à son père lors des funérailles :
« Mon père a eu une tumeur au cerveau au milieu des années 1960. Il a subi une opération chirurgicale pour enlever sa tumeur. Ce qui l’a rendu sourd d’une oreille, et a réduit sa sociabilité. Je me suis rendu compte qu’il avait cessé de sortir, de lire des livres, des journaux. Je l’ai amené voir un ophtalmologue. Mon père était terrifié par les médecins. J’ai alors appris qu’il était aveugle d’un œil. Apparemment, un glaucome avait détruit le nerf optique de son œil droit et attaquait l’œil gauche. J’étais furieux contre mon père. Pourquoi n’avait-il pas dit à Lynn ou à moi qu’il avait des problèmes de vision ? Il y a environ onze ans, il a eu une opération chirurgicale qui lui a fait perdre l’équilibre… Même dans les derniers jours de sa vie, il ne s’est jamais plaint de la douleur… Il a été mon champion  et il va me manquer. Merci à tous d’être venus ».
Pourquoi Arte diffuse-t-elle ce documentaire classique à cet horaire ?

Etats-Unis, 1997
Sur Arte le 28 novembre 2017 à 2 h 50

Visuel
Virtuose de l'introspection filmée, le réalisateur Alan Berliner se confronte aux réticences de son père, Oscar, à évoquer le passé. Drôle et beau.
© D.R.

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dimanche 26 novembre 2017

« The Exchange » par Eran Kolirin


Arte diffusera le 27 novembre à 2 h 20 « The Exchange » par Eran Kolirin. « Après « La visite de la fanfare », le cinéaste israélien Eran Kolirin signe un inquiétant conte philosophique qui évoque la perte d’identité, la marginalité et la transgression ». Un fait imprévu surgit, une rencontre inopinée survient. Ce qui conduit des individus à remettre en question leurs vues sur la vie, sur autrui...

Né en 1973 à Holon (Israël), Eran Kolirin  débute sa carrière de réalisateur en 2004 par le téléfilm The Long Journey.

Il acquiert la notoriété mondiale avec The Band's Visit (La Visite de la fanfare) en 2007. Un film distingué par des Prix en Israël et dans plusieurs festivals internationaux, notamment le Coup de cœur 2007 du Jury d’Un Certain Regard au Festival de Cannes .

The Exchange est son deuxième long métrage cinématographique. Il a été présenté en compétition à la 68e Mostra de Venise en septembre 2011.

Interprété par Rotem Keinan, marié à Tami incarnée par Sharon Tal, Oded est un jeune architecte à la recherche d’un travail. « Chargé de cours à l’université de Tel-Aviv », il « revient un jour chez lui beaucoup plus tôt que d'habitude. Dans le silence que seul trouble le ronron du réfrigérateur, ce lieu familier lui semble soudain inconnu ».

« C'est le point de départ d'une expérience méthodique de déconstruction qui, entre autres choses, le pousse à démissionner et à remettre son couple en cause. Mais il se lie d'amitié avec son voisin Yoav, qui semble lui aussi en proie au doute existentiel ».

« Ce conte philosophique qui évoque la perte d’identité, la marginalité et la transgression, vibre d'une inquiétude que « La visite de la fanfare », le précédent film d'Eran Korilin, dissipait dans le rire ».

« C’est d’ailleurs en parcourant le monde pour promouvoir cette comédie fêtée de toutes parts que l'idée de « The exchange » lui est venue. L'anonymat des hôtels internationaux et le changement constant d'environnement l'ont conduit à réfléchir à l'influence du quotidien sur la nature humaine ».

Pourquoi Arte diffuse-t-elle ce film israélien en pleine nuit ?

Après The Exchange, Eran Kolirin a réalisé en 2016 Beyond the Mountains and Hills (Me'Ever Laharim Vehagvaot).

« The Exchange  » par Eran Kolirin
Israël, Allemagne, 2011
Image : Shai Goldman
Montage : Arik Lahav-Leibovich
Production : July August Productions, Pandora Film, ZDF, ARTE
Producteur/-trice : Eilon Ratzkovsky, Karl Baumgartner
Scénario : Eran Kolirin
Acteurs : Rotem Keinan, Sharon Tal, Dov Navon, Shirili Deshe
Sur Arte le 27 novembre 2017 à 2 h 20

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vendredi 24 novembre 2017

Le 9e Concours de plaidoiries pour les droits de l’homme de Palestine a récompensé le terrorisme


Le 22 octobre 2017, à l’Université Al Qods de Jerusalem, la 9e édition du Concours International de plaidoiries pour les droits de l’homme de Palestine, a remis son 1er Prix à Me Mohammed Elayan, père et avocat de terroristes palestiniens. Choquant. 


Le Concours de plaidoiries pour les droits de l’homme de Palestine est organisé par l’Association « Institut International pour les droits de l’homme et de la Paix », créée à l’initiative du Alain Tourret, avocat et député, et fondée par la Région Normandie, la Ville de Caen, l’Ordre des Avocats (Barreau de Caen), le Mémorial de Caen, et l’Université de Caen-Normandie. Un Concours soutenu par le Consulat de France à Jérusalem.

Le 22 octobre 2017, à l’Université Al Qods de Jerusalem, le jury de la 9e édition du Concours International de plaidoiries pour les droits de l’homme de Palestine, a remis son 1er Prix à Me Mohammed Elayan, père d’un terroriste palestinien ayant commis un attentat en 2015 à Jérusalem. Cet avocat avait plaidé en faveur de Nadia Abu Jamal, épouse de Ghassan Abu Amal, un des terroristes ayant commis un attentat mortel à la synagogue de Har Nof. Cette épouse était au courant du projet terroriste de son mari. Le jury était présidé par Alain Tourret, député La République en marche (LREM) du Calvados.

Le 26 octobre 2017, Aliza Bin Noun, ambassadrice d’Israël en France, a twitté : « Choquée par le Concours de plaidoiries honorant le père d’un terroriste palestinien avec le soutien de @FranceJerusalem et le Barreau de Caen ».

Le 2 novembre 2017, Jean-Pierre Le Brun, Président de France-Israël Normandie, a écrit Alain Tourret, Bertrand Bouyx, Christophe Blanchet, députés du Calvados et Corinne Féret, sénatrice du Calvados : 
 « Vous venez d’assister, ainsi que M. le Consul de France à Jérusalem, à la 9eme édition du « Concours International de plaidoiries pour les droits de l’homme de Palestine ».
Ce monsieur est le père de Bahaa Elayan, terroriste, qui a assassiné  3 civils israéliens à Jérusalem le 13 octobre 2015. Il est également le défenseur de l’épouse d’Yssan Abou Djamal, terroriste, qui a assassiné 5 fidèles en pleine prière à la Synagogue Har Nof de Jérusalem, le 18 novembre 2014.
Les victimes civiles de ces soi-disants « martyrs » se comptent par centaines en Israël, en première ligne depuis des années dans la lutte contre le terrorisme et le djihadisme.
Faut-il rappeler que des centaines de victimes civiles ont déjà été assassinées  dans tous les pays occidentaux (Londres, Berlin, Madrid, Barcelone, New York, Boston….) et que notre pays a été particulièrement visé (Toulouse, Charlie Hebdo, Hyper Cacher, Bataclan, Nice ….) et risque malheureusement de l’être encore. 
Il est donc particulièrement incompréhensible  que vous ayez apporté une quelconque caution morale indirecte à ce type d’individus, insultant par ce geste la mémoire de toutes les victimes.
Il vous appartient maintenant d’annuler ce prix honteux  qui ne fait pas honneur à la France ».

A lire sur ce blog :

jeudi 23 novembre 2017

« T4, un médecin sous le nazisme » par Catherine Bernstein


France 3 diffusera les 24 et 26 novembre 2017 « T4, un médecin sous le nazisme » par Catherine Bernstein. « À travers l’histoire de la compromission » du Dr Julius Hallervorden, « médecin pendant le nazisme, ce film raconte pour la première fois toutes les étapes de l’extermination des handicapés entre 1939 et 1945 dans l’Allemagne nazie ».

De 1939 à 1945, « au moins 200 000 handicapés physiques et mentaux sont assassinés dans le cadre de « l’Opération T4 ». Neurologue, le Dr Julius Hallervorden (1882-1965) « participe à cet assassinat de masse ordonné par Hitler » et récupère « les cerveaux de 690 victimes et accélérer ainsi ses propres recherches sur les pathologies mentales ».

« Après la guerre, il poursuit une brillante carrière, sans être jamais inquiété ».

Récipiendaire de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne (RFA), il décède « couvert d’honneurs ».

Ce documentaire « retrace son histoire et à travers lui, celle du programme « T4 », consistant à éliminer les handicapés physiques et mentaux et les personnes considérées comme inutiles et « asociales » par le régime nazi’.

Ce film a été distingué par le prix du public du Meilleur documentaire du Festival des créations télévisuelles de Luchon -2016.

« T4, un médecin sous le nazisme » par Catherine Bernstein
France, Zadig Production / Les films de l’Aqueduc, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2014, 52 min
Sur France 3 les 24 novembre 2017 à 0h45 et 26 novembre 2017 à 03h10

Visuel :
 © Zadig Productions / Les Films de l'Aqueduc
Les citations sont extraites du communiqué de presse.

Une cérémonie des vœux pour le nouvel an juif 5771 à Paris

Le 6 septembre 2010, s’est déroulée à la grande synagogue des Victoires (Paris) la cérémonie des vœux pour le nouvel an juif 5771 en présence de Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur et des cultes, des dirigeants d’organisations juives, dont le Consistoire, organisateur de l'évènement, de préfets et d'élus du Conseil de Paris. Des discours ont dépeint une image contrastée de la communauté juive française, dynamique malgré l’antisémitisme, et évoqué l’islam. "Pour la première fois en deux cents ans d’histoire de l’institution juive créée par Napoléon en 1808, une manifestation sera organisée devant le Consistoire, 17 rue St Georges à 18 h 30 ce 22 novembre 2017 sur le mot d’ordre suivant : "ELECTIONS BIDON – DEMISSION". La candidature d’Evelyne Gougenheim vient aujourd’hui d’être faussement déclarée invalidée, une irrégularité de plus, de trop. Les conditions de cette campagne électorale ont désormais dépassé le cadre acceptable des campagnes consistoriales". Ce rassemblement sera suivi "par une réunion - débat de la candidate Evelyne Gougenheim dans la synagogue de Fleg, 8 bis rue de l’Eperon Paris VI, lieu emblématique de la vie étudiante juive à Paris, legs de la famille Rothschild et qui aurait, sans la résistance de la Communauté, été vendue par l’équipe en place au Consistoire. La tenue de la réunion est déjà menacée par le Consistoire." Au lieu d'ostraciser cette candidate dans de nombreux médias communautaires, il serait souhaitable que le Consistoire réponde à ses graves accusations graves. Leur portée révèle l'image ternie de cette institution napoléonienne. 

Depuis quelques années, c’est une tradition. Dans la salle Jérusalem de la grande synagogue des Victoires, les présidents des Consistoires et les grands rabbins de France et de Paris reçoivent avec cordialité le ministre de l’Intérieur et des Cultes.

C’est une étrange cérémonie au cours de laquelle, peu avant que ne commencent les fêtes de Tichri (Roch HaChana, Kippour, Soukot), des juifs souhaitent une chana tova (Nda : bonne année) à un non-juif, qui, poliment formule le même souhait à leur égard.

En ce 6 septembre 2010, Joël Mergui, président du Consistoire Central de France et de celui de Paris Ile-de-France, Gilles Bernheim, grand rabbin de France, et David Messas, grand rabbin de Paris, accueillent donc Brice Hortefeux, ministre français de l’Intérieur et chargé des cultes, et Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, du préfet de police et du préfet de région, en présence d’une nombreuse assistance formée d’élus parisiens (Lynda Asmani, Jean-François Lamour, Françoise de Panafieu), et pour la première fois, de l’ambassadeur d’Israël en France, Daniel Shek qui achève sa mission.
Des problèmes et des espoirs
Joël Mergui alterne les bons et les mauvais points.

Certes, il loue « l’étroite concertation » entre les Consistoires et les ministères de l’Intérieur et de l’Enseignement supérieur et se réjouit que l’abattage rituel ait été provisoirement préservé par le Parlement européen. Souligne le dynamisme de la communauté juive française aimant Israël. Espère en la construction d’un Centre européen du judaïsme à Paris.

Mais il stigmatise la « banalisation de l’antisémitisme ». Déplore la difficulté à faire comprendre à certaines collectivités locales la nécessité de respecter les « carrés juifs » (Nda : espaces dans les cimetières où sont enterrés, selon la loi juive ou halakha, les morts juifs dans des carrés qui leur sont spécialement réservés). Est préoccupé par les difficultés pour des élèves pratiquants de concilier leur judaïsme avec leur scolarité, dans des classes préparatoires à de grandes écoles ou à l’université, caractérisée par des cours ou examens pendant le chabbat. S’inquiète de l’état des cimetières juifs en Algérie, d’autant qu’un voyage de juifs français souhaitant s’y recueillir a du être annulé faute d’accord des autorités algériennes.

Jovial, David Messas a surtout souhaité, pour le bien de la « vie en commun », qu’un consensus politique s’établisse sur la question de la sécurité et que le ministre soit compris.

Quant à Gilles Bernheim, il a souligné combien droits et devoirs des citoyens sont intrinsèquement liés, et exhorté tout homme, à l’avant-veille de « Rosh HaChana [Nda : commencement de l’année] qui commémore la création du premier homme » à « se remettre en question et à faire preuve d’exigence à l’égard de soi. Etre juif, c’est être un peu plus responsable à l’égard des autres ».

Curieusement, le grand rabbin de France a allégué que « le judaïsme et de l’islam, au niveau de leurs pratiques religieuses, sont extrêmement proches, peut-être plus proches dans leurs pratiques, que le judaïsme et le christianisme dans la pratique : manger casher, se tourner vers, pour les prières… » Et d’affirmer « notre fraternité avec cette religion, l’islam, indispensable pour le vivre ensemble des Français en France et pour préserver ce que ces deux religions, l’islam et le judaïsme, ont de meilleur ».

On reste pantois devant ces amalgames ou ignorances du grand rabbin de France prononcés notamment devant des rabbins et grands rabbins ! Le judaïsme plus proche de l’islam que du christianisme dans sa pratique !? Et le dire à un chrétien ! Et devant des présidents de communautés juives et des rabbins franciliens ! En une circonstance officielle si importante, le côté improvisé d'une partie du discours du grand rabbin de France sidère.

Le judaïsme prescrit à ses fidèles de manger cacher, l’islam de manger halal. Guidé aussi par la volonté exprimée dans divers textes saints Juifs de respecter l'animal et donc d'en réduire la souffrance, l’abattage rituel juif (shehita) se distingue par ses actes de celui musulman. Tourné vers La Mecque (Arabie saoudite), le musulman tue l’animal au nom d’AllahAllah Ouakbar ! », Allah est le plus grand !). Debout ou assis, les juifs prient l’Eternel en se tournant vers Jérusalem (Israël) ; prosternés en signe de soumission à Allah, les musulmans prient en se tournant vers La Mecque.

L’islam n’est pas qu’une religion. Et, en particulier lors des millénaires précédant la naissance de l'islam, le judaïsme a su «  préserver » ce qu'il y a de meilleur en lui.

La « fraternité » ne peut pas et ne doit pas être à sens unique. Pour maintenir le vivre ensemble, ne serait-il pas indispensable que l’islam supprime notamment ses versets, sourates ou hadiths prônant la haine des juifs, des mécréants, etc. ?

Mises dans la perspective de la tribune du grand rabbin Gilles Bernheim sur la votation en Suisse Minarets : l'Europe doit changer son regard sur l'islam (Le Figaro, 2 décembre 2009), ces remarques révèlent que le grand rabbin de France persiste dans une voie critiquable dans laquelle il engage spirituellement la communauté juive française. Celle de l’incompréhension, de l’ignorance ou de la méconnaissance de la spécificité de l’islam. Celle d'un dialogue judéo-musulman fondé sur des idées peu pertinentes. Celle aussi du risque d’un syncrétisme religieux dans lequel le judaïsme a beaucoup à perdre.

Ces opinions du grand rabbin Gilles Bernheim surprennent d’autant plus à l’heure où Abdennour Bidar, professeur de philosophie en classes préparatoires à Sophia-Antipolis, dénonce La lapidation, "preuve extrême de la logique de violence de l'islam" (Le Monde, 30 août 2010).

Une « communauté impliquée, vivante et dynamique »
Après avoir indiqué le nombre d’agressions antisémites lors du premier trimestre 2010 – « 47 actions et 190 menaces recensées » -, Brice Hortefeux rappelle la fermeté du gouvernement dans la lutte contre l'antisémitisme et, qu’en cinq ans, en vertu de conventions entre son ministère et le Fonds social juif unifié (FSJU), ont été sécurisés 487 bâtiments de la communauté juive, dont « 145 écoles et crèches, 98 associations et centres communautaires et 234 synagogues ».

Autres actions du ministre très applaudies : celles visant à soutenir la future « valorisation du Séminaire israélite de France » et à attirer « l’attention de la garde des sceaux afin que soient engagées des poursuites judiciaires dans plusieurs cas d’appel au boycott de produits cashers ou israéliens ».

Des motifs de se réjouir ? La reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens, la création de la Fondation du patrimoine juif de France au sein de la Fondation du judaïsme et « à l’automne 2009, la publication d’un nouveau règlement européen relatif à l'abattage rituel qui assurait une stabilité pour la shehita ». Sur ce dernier sujet, la vigilance demeure « alors qu’un vote au Parlement européen pourrait remettre ce travail en question en imposant un étiquetage discriminant pour l’abattage rituel ». Eurodéputés et ministère sont déterminés à empêcher que ce projet n’aboutisse. Ce succès récent au Parlement européen résulte aussi du « partenariat avec les représentants du culte musulman », ce qui représente « un signe fort du dialogue des religions rendu possible par notre modèle de laïcité ».

Cadeau de Joël Mergui au ministre Brice Hortefeux pour le nouvel an juif : du miel.

Une douceur dont le ministre a besoin en cette période houleuse : contestations à propos des retours des Roms en situation illégale dans leurs pays d’origine - des actes qui ont induit une instrumentalisation politique de la Shoah par des comparaisons infondées et choquantes entre les Roms actuels et les juifs sous l'Occupation -, prochain débat sur le niqab, etc.

Que retenir de cette cérémonie en dehors des remarques hors sujet et fausses du grand rabbin Gilles Bernheim ? Tout d'abord, les dirigeants communautaires gagneraient à mieux préparer leurs discours et à les écrire. Ceci élèverait le niveau de leurs discours, souvent médiocres. Ensuite, il conviendrait de s'adresser à des représentants de l'Etat sans donner des leçons de morale et en maintenant une certaine distance respectueuse. Enfin, il importe de parler essentiellement du judaïsme et des juifs, et d'éviter les digressions, dérapages ou rapprochements infondés ou qui ne valorisent pas le judaïsme.


Photos de haut en bas :
De gauche à droite, David Messas, Gilles Bernheim, Brice Hortefeux parlant, Joël Mergui, Pierre Lellouche

La façade de la grande synagogue de la rue des Victoires à Paris (75009)

Autres photos des orateurs lors de la cérémonie

 A lire sur ce blog :
Cet article a été publié le 7 septembre 2010.

dimanche 19 novembre 2017

Une cérémonie de vœux pour 5772 sous le signe de l’inquiétude des Juifs français


Le 20 septembre 2011, lors de la présentation des vœux pour Roch Hachana (nouvel an Juif) 5772, le Consistoire central de France et le Consistoire de Paris ont invité Claude Guéant, ministre de l’Intérieur chargé des Cultes. Celui-ci n’ayant pu venir, il a mandaté Philippe Richert, ministre chargé des collectivités locales, pour le représenter. Les dirigeants des Consistoires ont exprimé l’inquiétude des Juifs français. Le discours fade de Claude Guéant était relevé par l’annonce d’une subvention de plus de deux millions d’euros au projet d'un Centre européen du Judaïsme que les Consistoires souhaitent édifier dans le XVIIe arrondissement de Paris. Le 26 novembre 2017, auront lieu les élections visant à élire la moitié, soit 13, des 26 administrateurs au Conseil d’Administration du Consistoire de Paris Ile-de-France pour un mandat de 8 ans. Les élections se déroulent tous les 4 ans pour renouveler la moitié de ce Conseil. Les électeurs pourront voter à la synagogue de Boulogne-Billancourt. Sont électeurs tous les membres de l’ACIP (cotisants en 2016). Les "25 candidats à venir présenter leur programme au cours d’une soirée de présentation qui devait avoir lieu ce 19 novembre à 20 h 30 dans l’Espace communautaire Alfred Zemmour de la Synagogue de Boulogne". Or, ce débat a été annulé.

Une cérémonie des vœux pour le nouvel an juif 5771 à Paris 

Une cérémonie de vœux pour 5772 sous le signe de l’inquiétude des Juifs français
Une délégation de l'Orthodox Union reçue au Consistoire israélite de Paris Ile-de-France
Orthodox Union's Delegation Met with Paris Consistoire's Officials

Depuis quelques années, à l’approche de Roch Hachana, c’est une tradition : les dirigeants des Consistoires de France et de Paris invitent le ministre de l’Intérieur chargé des Cultes pour une cérémonie de vœux. L'an dernier, l'invité était Brice Hortefeux. Cette année, c'était Claude Guéant qu'un évènement imprévu avait retenu et qui était remplacé par Philippe Richert, ministre chargé auprès du ministre de l'Intérieur des collectivités locales.

Y assistaient notamment S.E. Yossi Gal, ambassadeur d’Israël en France, Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, des préfets, des édiles parisiens, des présidents de communautés Juives d’Ile-de-France, et divers responsables communautaires.

Petit effort des Consistoires cette année envers leurs invités : une cinquantaine de chaises avaient été placées face au pupitre où devaient s’exprimer les orateurs. Ce qui contraignait environ une centaine de personnes, parfois âgées, à rester debout.

Joël Mergui et l’inquiétude des Juifs français
Président des Consistoires Central de France et de Paris-Ile-de-France, Joël Mergui loua l’action de Philippe Richert, un ami proche d’Israël.

Joël Mergui a insisté sur le lien profond attachant les Juifs français à l’Etat d’Israël dont « la capitale est Jérusalem ». Un Etat Juif où vit « la moitié du peuple Juif ». Et d’espérer « pouvoir être fier de la position française dans les débats actuels. Nous ne souhaitons pas que la France contribue à l’isolement d’Israël, [mais qu’elle] continue à montrer son amitié pour Israël ».

Joël Mergui a fait part de l’inquiétude des responsables communautaires français devant la persistance de l’antisémitisme –« L’antisionisme mène à l’antisémitisme… Michel Gaudin, préfet de police de Paris, et les préfets franciliens nous ont rassurés pour les fêtes de Tichri » [Nda : Le mois hébraïque de Tichri réunit trois fêtes juives majeures : Rosh Hashana,Yom Kippour et Soucot] -, les appels aux boycotts d’Israël, etc.

Autre motif de préoccupation : la « radicalisation des positions sur la laïcité. Des choses se font plus difficilement aujourd’hui... C’est dans le détail qu’il faut voir si la France autorise ses citoyens Juifs à vivre librement leur judaïsme, et pas simplement dans les grands principes... Nous ne pensions pas qu’un jour nous aurions à consacrer une grande partie de notre temps à défendre l’abattage rituel en Europe. Nous ne pensions pas qu’un jour serait remise en cause cette liberté fondamentale… [de] manger cacher. La France est à nos côtés. Des signes nous inquiètent... Nous ne pensions pas que des étudiants préparant des examens pendant des années se retrouveraient confisqués de concours, placés dans une situation où ils devraient choisir entre leur foi et leur avenir », que des « étudiants brillants »envisagent d’aller « poursuivre leurs études » hors de France. Et d’ajouter : « Nous serons toujours une minorité en France, et personne ne doit s’inquiéter de se dire « Si on commence à déroger en donnant à des étudiants… » Cela restera toujours quelques dizaines, quelques centaines… et toujours pour une petite minorité, [mais] qui a beaucoup d’importance… Quel message donnerions-nous du judaïsme en France ? Un judaïsme héritier du drame [survenu] il y a 70 ans et que la laïcité n’a pas protégé ».

Un signe d’espoir ? Construire « notre avenir en l’accompagnant par le projet du Centre européen du judaïsme européen dan ce XVIIe arr. de Paris qui recense le plus grand nombre de restaurants cacher ». 

David Messas et la « paix du monde » entre « les mains » d’Israël
Puis le grand rabbin de Paris, David Messas a souhaité une année pleine de douceur.

Il a exprimé l’inquiétude pour ce qui « se passe dans le monde ». Et d’ajouter : « L’Etat d’Israël « a entre les mains la paix ou la guerre dans le monde... Le peuple juif, l’Etat d’Israël, la communauté juive française veulent la paix ».

Le jour de Kippour, nous prions pour que « l’humanité toute entière devienne une gerbe de fleurs. Nous ne voulons pas imposer notre culture et notre religion à qui que ce soit ».

Et de conclure sur la « laïcité exigée par la Torah. La religion n’est pas l’exclusion, ni l’enfermement, mais une fenêtre vers le monde… La communauté a besoin de structures… La communauté Juive française doit être le leader de la communauté Juive européenne… Nous avons besoin d’un grand centre à Paris. Ce grand projet a été voté par le Consistoire central et le Consistoire de Paris ».


Le grand rabbin Gilles Bernheim et le dialogue interreligieux
D’origine alsacienne comme Philippe Richert, le grand rabbin de France Gilles Bernheim a évoqué brièvement les problèmes d’abattage rituel, d’examens, puis a distingué la communauté du communautarisme : « Les Juifs sont des hommes et femmes de la communauté, pas du communautarisme, rassemblement de Juifs dans des communautés qui ont pour objet de les protéger de tout contact avec les valeurs de l’universel, celles de la société civile. Or, le judaïsme est une richesse pour la France et le génie de la France est un des richesses pour ce judaïsme, sans quoi il ne serait ni Français ni consistorial… Ce dialogue entre le particularisme Juif et les valeurs de la société globales » est« fructueux ».

La laïcité ? « Cet argument de la laïcité revient pour nous, Juifs français, à devoir nous justifier, voire nous défendre, protéger nos obligations religieuses alors que depuis tant et tant de décennies cela n’avait jamais été le cas ».

Sur « la réciprocité, l’enrichissement mutuel »,il souligne l’attachement des Juifs français au dialogue interreligieux, « si important dans cette société républicaine car, comme Juif, je dialogue avec un chrétien ou un musulman, ce sont pas ses doctrines qui m’importent. Ce sont les questions qu’il me posent qui sont importantes pour moi. Pour quelles raisons ? Je sais qu’au sein de cette société française républicaine, les questions qui se posent aux musulmans, aux juifs et aux chrétiens sont les mêmes que celles de tous les citoyens. Nous devons trouver des réponses audibles à tous les hommes… Le chrétien qui se nourrit des Evangiles, le musulman du Coran, et le juif de la Torah interrogent leur tradition à partir d’une culture du questionnement... Ce qui m’importe c’est de renouveler mon champ de questionnement… pour trouver dans ma tradition des ressources que j’ignorais jusque-là. Un message pas facile à faire passer en raison de la tendance du repli sur soi… C’est le propre d’une société civile où l’individualisme prime sur le souci des autres ».

Quant au « musulman, source de tant de peurs, il a des droits et devoirs en tant que compatriote qui sont les mêmes que celui du juif ou du chrétien… Si les droits et les devoirs ne s’équilibrent pas, le tissu de la société française peut se déchirer… Nous contribuons par notre manière d’être Juifs à resserrer les mailles de ce tissu ».

Admiratif de cette « jeunesse [Arabe] qui se révolte »,le grand rabbin Bernheim a espéré qu’elle « regarde autrement Israël » fruit du « sionisme, un humanisme qui a formidablement réussi », qu’elle cesse d’éprouver cette « haine qu’on lui transmet depuis tant et tant de temps ».

« Un message de sympathie et d’amitié » de Claude Guéant
« Retenu par d’autres obligation », Claude Guéant n’est donc pas venu. Dommage. Car il est l’un des hommes les plus proches du Président de la République Nicolas Sarkozy.

Avec tact, Philippe Richert a rappelé sa fonction pendant 15 ans de président du groupe d’amitié France-Israël au Sénat. Un groupe que ces deux grands rabbins avaient confondu avec « l’Alliance France-Israël ».

Et d’évoquer ses voyages en Israël dont il est« revenu transformé, enrichi des rencontres et des lieux » : il n’était donc pas étonné des préoccupations relatives à Israël situé dans un « environnement souvent hostile ». L’amitié de Philippe Richert pour cet Etat n’a pas varié, « quelles que soient les circonstances ».Un de ses actes concrétisant cette amitié : il a tenu à associer Guilad Shalit, dont il a rencontré la famille, à celui de tous les otages dans le monde en faisant apposer son portrait, avec celui d’autres otages français, sur la façade du Conseil régional d’Alsace dont il est le président. Ce geste a suscité « un mouvement médiatique et via Internet qui s’est étonné de la prise de position d’un élu de la République ».

Au cours de ses activités, Philippe Richert a souvent« rappelé l’histoire de l’Alsace qui a souffert de l’affrontement entre la France et l’Allemagne qu’ont croyait des ennemis pour toujours. La reconstruction après guerre et la volonté de tourner une page en Europe, de construire la paix ont été pour les Alsaciens l’occasion de raisons d’espérer ».

Puis, après avoir indiqué « l’attention toute particulière du Président de la République à Israël et à la communauté Juive de France » et que le « gouvernement est animé de cette volonté de paix et démocratie dans le monde », Philippe Richert a lu le discours de son ministre de tutelle.

Claude Guéant y a exprimé « tout le respect, toute l’estime et toute la reconnaissance de notre pays envers les Juifs de France qui ont tant œuvré pour lui et qui ont consolidé les valeurs de notre République. Cette République pour laquelle, à la synagogue, vous récitez une prière » [Nda, la prière pour la République et le peuple français]. Et de définir la République qui « supporte ce sentiment d’appartenance à une communauté de destin qui fait la force de son peuple et son unité… La communauté Juive est l’image même de ce que doit être cette appartenance à cette communauté ».

Ensuite ? Le ministre a meublé par des propos généraux. En invoquant les mânes du grand rabbin Jacob Kaplan, « combattant des tranchées en 1914… deux fois Croix de Guerre et Grand-Croix de la Légion d’Honneur ». En rendant hommage aux « institutions représentatives du judaïsme en France » : le CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France, Nda], le Fonds Social Juif Unifié, la Fondation du Judaïsme, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, le « Consistoire central et son réseau de consistoires régionaux », ceux-ci étant « les plus anciennes institutions représentatives Juives du monde, créées par l’empereur Napoléon Ier au début du XIXe siècle.

Et, - pour rassurer ? -, le ministre a réaffirmé que« la laïcité n’est pas une arme de combat contre les religions… Elle est indissociable de la liberté de croire ou de ne pas croire… Elle est l’instrument de leur coexistence apaisée dans l’espace public ».

En la matière, trois objectifs : pour mieux faire connaître la laïcité, un « Code de la laïcité et de la liberté religieuse sera publié dans les prochains jours » ; renforcer la neutralité du service public qui résout « au cas par cas des éventuelles difficultés » ; assurer le libre exercice des cultes notamment par le biais des « conférences départementales de la laïcité et de la liberté religieuse constituées par les préfets », auxquelles ont participé notamment les consistoires régionaux, pour « passer en revue tous les problèmes concrets qui peuvent se poser aux cultes sur le terrain, par exemple les carrés confessionnels, les aumôneries ou les édifices du culte ».

Le ministre a précisé la position de la France sur deux dossiers abordés lors du dialogue entre l’Etat et les cultes :
- l’abattage rituel. Publié en 2009, un nouveau règlement européen « visant à encadrer davantage les pratiques d’abattage sans étourdissement doit entrer en application d’ici 2013 ». La France veille« à promouvoir un dispositif réglementaire équilibré, qui n’impose ni obligation de commande préalable ni de système d’étiquetage, qui garantit les conditions d’existence de l’abattage rituel en France ».

- la sécurité de la communauté juive. La baisse du nombre d’actes antisémites en 2010 – 815 en 2009 et 446 en 2010 (-43% sur un an) - se confirme aux premiers mois de 2011. L’Etat va poursuivre son effort financier pour sécuriser des bâtiments appartenant à la communauté Juive : « en 5 ans près de 500 bâtiments ont été sécurisés, soit 100 par an ».

In fine : « le plein soutien du ministre » de l’Intérieur pour le Centre européen du judaïsme et la participation de ce ministère à hauteur de plus de deux millions d’euros »à ce « beau projet culturel ». Un cadeau – environ un sixième du budget du Centre - qui réjouissait tout en inquiétant certains : « Si le ministre accorde cela, est-ce pour contrebalancer une autre positon de la France ? »Une réponse : le discours plus que décevant du Président Nicolas Sarkozy à la tribune de l’ONU le 21 septembre 2011.


La situation préoccupante de la première communauté Juive européenne
Ce projet de Centre européen du judaïsme correspond à la nouvelle situation des Juifs franciliens depuis 2000. En effet, la vague d’antisémitisme consécutive au lancement de l’Intifada II par l’Autorité palestinienne en septembre 2000 a généré des migrations des Juifs français en région Ile-de-France : nombre d'entre eux ont quitté un environnement devenu hostile, leurs cités de banlieues, surtout en Seine-Saint-Denis, département au Nord de Paris, ou certains quartiers de Paris (avenue de Clichy et alentours).

En fonction de leurs moyens financiers, ils se sont installés soit dans des zones pavillonnaires, dans la même ville (Aulnay-sous-Bois) ou en Ile-de-France, soit dans une autre ville francilienne – Sarcelles, ville de banlieue au Nord de Paris, a perdu son titre de 1ère communauté Juive francilienne au profit de Créteil située au Sud-est de Paris -, soit dans la capitale.

Les quartiers parisiens privilégiés ? Ceux populaires de l’Est - XIe-XIIe (Nation), XIXe, XXe arrondissements – ou plus bourgeois de l’Ouest dans les VIIIe, et surtout les artères huppées des XVIe et XVIIe arrondissements. Le projet des Consistoires vise à implanter dans l’Ouest parisien un Centre offrant des activités variées pour y accueillir toutes ces familles, notamment les jeunes.


Ce qui laisse intacts le problème des Juifs âgés ou aux trop faibles revenus, ainsi que celui du patrimoine immobilier Juif, essentiellement composé de belles synagogues dont la construction a été financée par la communauté Juive française.


Que vont devenir ces Juifs modestes ? Ils entrent vraisemblablement dans un processus d’acculturation à leur environnement ; ce qui mènera à leur extinction comme Juifs.

Quel est l’avenir de ces synagogues ? En Alsace, certaines synagogues manquant de fidèles en raison de la Shoah ou de l’exode rural ont été vendues sous conditions respectant leur passé Juif, mais d’autres ne sont plus entretenues et le Consistoire local n’a pas encore pris de décision sur ces synagogues. A La Haye, la grande synagogue édifiée en 1844 est devenue une mosquée...

Voici quelques années, lors d’une précédente cérémonie, le ministre de l’Intérieur avait annoncé un examen bienveillant des dossiers présentés par les Consistoires pour ce Centre. Mais le projet a stagné. La Mairie de Paris a aussi souhaité rapprocher, voire fusionner ce projet avec le Centre communautaire de Paris situé près de la Gare du Nord (75010), à l'Est de la capitale.

L’annonce de Claude Guéant est-elle motivée par la proximité d’élections politiques – présidentielle et législatives - en 2012 ? La Ville de Paris va-t-elle abonder par une participation financière conséquente ? Les élections municipales auront lieu en 2014.

Sur l’antisémitisme, Claude Guéant a répondu comme le Président Sarkozy lors du diner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) du 9 février 2011 : en termes de sécurisation des biens de la communauté Juive française. Mais tous deux n’agréent pas, par exemple, la demande du CRIF d’une réunion d’un conseil interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, et refusent de s’attaquer aux racines du mal, notamment la délégitimation et la diabolisation de l’Etat Juif. Et pourtant, de telles actions s’avèrent d’autant plus efficaces que, paradoxalement, la sécurisation des biens Juifs – synagogues, centres communautaires, etc. – déplace les agressions antisémites vers les personnes Juives ou perçues comme telles.

Quant au parallèle entre les guerres entre la France et l’Allemagne et le conflit entre l’Etat d’Israël et le monde musulman, il n’est pas pertinent car c’est le principe même d’un Etat Juif sur sa terre biblique qui est refusé par le monde musulman.

Doit-on rappeler que l'expression « Juifs de France » gomme leur nationalité : ces Juifs sont français.

Les discours des grands rabbins Bernheim et Messas ont révélé le besoin aigu de mieux les préparer, et d’expliquer davantage la signification des fêtes de Tichri en évitant les propos infondés. Non, la paix ou la guerre dans le monde n’est pas « entre les mains » d’Israël. Non, la place des Juifs et du judaïsme n’est pas chronologiquement après les chrétiens ou les musulmans. Non, on ne peut pas avancer que le musulman « suscite tant de peur » - un thème hors-sujet - sans explication, par exemple la perception négative de l’islam par une partie de l’opinion publique française dont témoignent des Français interrogés lors d’un sondage IFOP/Le Monde en 2011.

Surprenante est la pratique du « dialogue interreligieux » par le grand rabbin Bernheim. Celui-ci privilégie « les questions » que lui posent « un chrétien ou un musulman » car, à la différence de ses questions, elles l’amènent à « trouver dans [sa] tradition des ressources ignorées jusque-là ». Mais, nos réponses à nos questions, parfois récurrentes, diffèrent en fonction de paramètres variables -notre âge, nos expériences, le contexte - et nous amènent également à des découvertes dans nos traditions, nos sources. De plus, cette pratique du « dialogue interreligieux » semble égocentrée. En outre, elle parait ignorer que l’interrogation par le Juif de sa tradition diffère de l’attitude du musulman par rapport à la sienne. Et, « au sein de cette société française républicaine, les questions qui se posent aux musulmans, aux juifs et aux chrétiens » diffèrent de celles « de tous les citoyens » :par exemple, un juif orthodoxe ne peut pas respecter sa foi et passer un examen le jour de Kippour, alors qu'un musulman peut respecter l’islam et passer un examen un jour de Ramadan. Surtout cette pratique ou vision du dialogue interreligieux élude les questionnements sur des points graves, tel l’antisémitisme musulman et, plus généralement, l’attitude de l’islam à l’égard des « Infidèles » véhiculés par des sourates ou hadits qui heurtent le vivre-ensemble.

Cette cérémonie a enfin été alarmante par les questionnements essentiels et existentiels exprimés publiquement par des responsables de la communauté juive numériquement la plus importante en Europe, surtout par Joël Mergui qui a traduit le désarroi de nombreux Juifs français devant une République française qui enregistre des nombres élevés d’actes antijuifs, qui « renégocie son contrat social » (Shmuel Trigano), qui est en voie de déculturation, qui peine ou ne parvient pas à aborder certains sujets, tels l’islam ou l’identité nationale, qui éprouve des difficultés à intégrer une partie de sa population immigrée, qui est affaiblie par des zones de non-droits, etc.

Dans ce contexte délicat, en raison aussi d’un« dialogue judéo-musulman » mal mené, le judaïsme et les Juifs français deviennent les « victimes collatérales » de décisions les affectant sans les viser directement.

Il s’avère d’autant plus urgent pour les responsables communautaires Juifs français de définir et de mettre en œuvre une stratégie efficace à court, moyen et long termes, pour que demeure vrai l’adage « Heureux comme un Juif en France ».

Le 3 octobre 2011, le Premier ministre François Fillon a reçu pendant environ une heure Joël Mergui. Tous deux ont évoqué les « différents dossiers qui préoccupent la communauté juive ».

P. S. : La typographie met en minuscule la première lettre des religions et de leurs fidèles, et en majuscule la première lettre des peuples.

ADDENDUM
Le 26 novembre 2017, auront lieu les élections visant à élire la moitié, soit 13, des 26 administrateurs au Conseil d’Administration du Consistoire de Paris Ile-de-France pour un mandat de 8 ans. Les élections se déroulent tous les 4 ans pour renouveler la moitié de ce Conseil. Les électeurs pourront voter à la synagogue de Boulogne-Billancourt. Sont électeurs tous les membres de l’ACIP (cotisants en 2016). 

Le 5 novembre 2017, Radio J a diffusé le débat en direct, animé par Guy Rozanowicz, entre deux têtes de listes à ces élections renouvelant la moitié des membres du Conseil d'administration dudit Consistoire : Jack-Yves Bohbot, président de la Commission Finances, et David Revcolevschi, trésorier du Consistoire de Paris. Pourquoi eux seulement ? Est-ce équitable ? Pourquoi n'avoir pas invité Evelyne Gougenheim, candidate à ces élections ?

Les "25 candidats à venir présenter leur programme au cours d’une soirée de présentation qui aura lieu ce 19 novembre à 20 h 30 dans l’Espace communautaire Alfred Zemmour de la Synagogue de Boulogne". Or, des rumeurs allèguent que ce débat aurait été annulé.

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Cet article a été publié le 2 octobre 2011.