Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 31 juillet 2020

Hajj, le pèlerinage à La Mecque


Le pèlerinage islamique à La Mecque (Arabie saoudite) ou « hajj constitue un événement religieux, mais aussi social et culturel, rassemblant des croyants d’ethnies, de langues et de provenances différentes ». C'est l'un des cinq piliers de l'islam. Le 29 juillet 2020 a débuté le pèlerinage à La Mecque dans le cadre de la pandémie de coronavirus.

« Les religions » par Sylvie Deraime
Il était plusieurs fois… et Kuehn Malvezzi House of One au 104 
Jésus et l’islam » de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur
Lieux saints partagés. Coexistences en Europe et en Méditerranée
L’Empire du sultan. Le monde ottoman dans l’art de la Renaissance
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« La croix gammée et le turban, la tentation nazie du grand mufti » de Heinrich Billstein
« Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) » par Ben Salama
« Pictures for Peace. La douleur après l’attentat - Hocine Zaourar » par Rémy Burkel 
Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne
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L’Arabie saoudite 
L'Etat islamique 
Interview de Bat Ye’or sur le califat et l’Etat islamique/ISIS
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« Oman, au pays des contes » par Nadja Frenz

Après le British Museum, l’Institut du monde Arabe (IMA) a présenté l’exposition Hajj, le pèlerinage à La Mecque.


 "500 000 personnes visitent chaque année l’Institut du Monde Arabe. C’est considérable, c’est impressionnant et en même temps ce n’est pas surprenant car depuis des siècles la circulation des biens, des idées et des personnes a lié nos destins, les destins de la France et du Monde Arabe", a déclaré le Président François Hollande lors du vernissage de cette exposition, en présence notamment de dirigeants saoudiens, le 22 avril 2014 à l'IMA.

Des "messages politiques"
Et le Président François Hollande de poursuivre : "L’arabe a été enseigné, ici à Paris, depuis le 16ème siècle. Les études islamiques se sont très tôt épanouies et il y a même eu la création d’une « Bibliothèque orientale » qui, à partir du 17ème siècle a servi d’encyclopédie pour l’Islam... La France a toujours voulu être une nation ouverte au monde, à toutes les influences, à tous les peuples, à toutes les cultures, à toutes les religions. Cet attrait est encore plus vrai aujourd’hui, par rapport au monde arabe et par rapport à l’Islam, quand tant de nos compatriotes sont unis par leurs origines ou par leurs croyances à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient".

"Le pèlerinage à La Mecque appartient aussi à toute l’humanité. C’est vrai que c’est d’abord un acte pieux, un acte religieux... Aujourd’hui, aller à La Mecque n’est plus une aventure, c’est un événement planétaire. La ville – nous avons là aussi quelques preuves de son évolution, de sa transformation – a connu modifications considérables pour adapter les lieux, tout en gardant leur caractère sacré, aux besoins des pèlerins. Pour les autorités saoudiennes, l’organisation du Hajj est une immense responsabilité à laquelle le roi ABDALLAH, Gardien des deux lieux saints, est particulièrement vigilant et attaché. La France contribue, à sa place, à assurer la sécurité des lieux saints. C’est un principe essentiel si l’on veut accueillir près de 3 millions de pèlerins, ce qui est le cas aujourd’hui. Parmi ces 3 millions de pèlerins, il y a aussi les musulmans venus de France. Ils sont chaque année près de 25 000, ce sont les plus nombreux d’Europe. La France est attentive aussi à leurs besoins. Pas depuis ces dernières années, depuis longtemps ! Nous avons retrouvé la trace d’un consulat à Djeddah, dès 1841, pour porter assistance aux pèlerins. Aujourd’hui encore, avec une dimension nouvelle, avec une échelle qui n’a plus rien à voir, la France fait en sorte de pouvoir assurer aux croyants, aux pèlerins venant de notre sol, les meilleures conditions. Le gouvernement a soutenu la signature d’une charte de qualité par les opérateurs agréés du Pèlerinage pour s’en assurer", a dit le Président François Hollande


Sur cette "exceptionnelle exposition", il a estimé : "Beaucoup découvriront – ceux qui ne le connaissent pas, par définition – que la figure d’Abraham est très présente. Ici, c’est le rassemblement de religions monothéistes. Beaucoup comprendront la communion des fidèles, un certain nombre de rites, notamment la lapidation du diable et aussi comment le pèlerinage est à la fois resté immuable et en même temps a considérablement changé, ne serait-ce que par l’ampleur de l’accueil qui est réservé aux pèlerins. La ville de la Mecque se transforme, il y a des travaux considérables qui sont effectués et qui ne s’achèveront que dans plusieurs années. Là aussi, la France y prend sa part. Cette exposition a aussi un message politique qui doit être ici prononcé. Quel est-il ? C’est d’abord la force de la relation entre la France et le monde arabe. Le message, c’est celui de la compréhension : compréhension des cultures, compréhension des civilisations, compréhension des religions. Le message, c’est celui de la tolérance qui est ce qui nous unit, le respect. Ce message, c’est celui de la reconnaissance de religions qui peuvent être différentes et qui néanmoins partagent un certain nombre de valeurs. Ce sont ces principes et ces messages qui permettent de nous unir aujourd’hui mais aussi d’affirmer le caractère sacré des religions et également de dénoncer leur dévoiement. Je veux, ici, souligner les cruautés du fanatisme quand il s’empare de certains individus et mettre en garde ceux qui s’y laissent prendre".


Et d'annoncer le plan du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, "contre les filières djihadistes" : "Aujourd’hui le ministre de l’Intérieur travaille à un plan – qui sera présenté mercredi au Conseil des ministres – afin que notre pays, comme l’Arabie saoudite l’a fait également, prenne toutes les mesures pour dissuader, empêcher, punir ceux ou celles qui seraient tentés d’aller livrer des combats là où ils n’ont pas leur place. La France déploiera tout un arsenal en utilisant toutes les techniques, y compris la cybersécurité, mais aussi les techniques humaines – celles qui consistent tout simplement à parler, à aller chercher dans les familles un certain nombre d’alertes qui nous permettent ensuite d’intervenir. Ce plan n’est pas fait pour empêcher l’acte de foi, mais il est fait pour que la religion ne soit pas utilisée à d’autre fins et notamment la fin la plus abominable qui est le terrorisme".


Enfin, le Président de la République a rappelé "le lien d’amitié que nous avons avec l’Arabie saoudite, mais au-delà, montrer que l’échange des cultures, le respect des religions, la solidarité des peuples sont de belles missions. Missions qui ont été confiées à l’Institut du Monde arabe, que la France soutient politiquement, humainement, financièrement. Puisqu’ici il y a un certain nombre de représentants de pays ou d’amis qui veulent promouvoir la culture du monde arabe, je lance un appel, celui que Jack Lang n’a pas pu prononcer. Je sais que ce qui nous unit est profond. Je sais que cette exposition est aussi un symbole de ce qu’un pays laïc comme la France est capable de démontrer, que la religion est aussi une culture. Qu’il nous soit permis de dire que nous devons œuvrer au rassemblement, à la solidarité et à la paix. C’est également ce que signifie cette belle exposition dont je ne doute pas du succès".

Après avoir visité cette exposition, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré, en présence de responsables des cultes juif, chrétiens et musulman, le 26 juin 2014 qu'il revenait "aux musulmans eux-mêmes d'agir, de refuser les intégrismes, les radicalismes qui utilisent la religion pour diffuser la haine et la terreur. Et dans ce combat - et je veux saluer le très beau texte publié par le Conseil du culte musulman (la "convention citoyenne des musulmans de France", nda), la République sera toujours à leurs côtés". Et d'ajouter : "Au-delà des musulmans de France, c'est toute une nation qui reconnaît, ici, la grandeur, la finesse et la diversité de l'islam. C'est toute une nation qui dit aussi que l'islam a toute sa place en France, parce que l'islam est une religion de tolérance, de respect, une religion de lumière et d'avenir, à mille lieues de ceux qui en détournent et en salissent le message". Manuel Valls a souligné qu'il assistera, comme chaque année, au repas de rupture du jeûne du mois sacré de ramadan, qui débutera quelques jours plus tard en France et adressera aux musulmans " un message de confiance ; un message qui souligne combien la France est une terre de liberté qui respecte les croyances de chacun, et qui considère que le fait que l'islam est la deuxième religion de France est une chance pour la France".

Finalement, entre les richissimes et problématiques Qatar et l'Arabie saoudite, la France ne sait lequel privilégier...

Alors les demandes des parents de Candice Cohen-Ahnine afin de revoir leur-petite-fille Haya née de l'union de cette jeune femme française Juive avec le prince saoudien Sattam al Saud bin Naser bin Abdul Aziz et otage en Arabie saoudite...

"Art du pèlerinage"
Hajj, le pèlerinage à La Mecque est une exposition organisée par l’Institut du monde arabe (IMA) et la Bibliothèque nationale du Roi Abdulaziz à Riyad (Arabie Saoudite), avec la participation du British Museum, « sous la direction scientifique des commissaires Omar Saghi, écrivain, scénariste et Fahad Abdulkareem, directeur des affaires culturelles et éducatives de la Bibliothèque nationale du Roi Abdulaziz », avec le soutien exceptionnel de la Fondation d’entreprise Total, Grand Mécène de l’IMA depuis 2011, qui entend « contribuer au partage des cultures ».

Environ « 230 pièces, très souvent inédites en France, en provenance de collections publiques et privées", dont celle de Nasser Khalili, collectionneur britannique Juif d'origine iranienne, "de bibliothèques et de galeries d’art contemporain, d’Afrique, d’Asie et d’Europe » sur « la géographie sacrée dont La Mecque et la Kaaba sont le centre ».

Le "plus important prêteur de l’exposition Hajj, le pèlerinage à La Mecque, se trouve être le Professeur Nasser David Khalili grâce auquel l’Institut du monde arabe a pu naguère présenter à son public l’exposition Arts de l’islam (6 octobre 2009-14 mars 2010), exclusivement constituée de pièces issues de sa collection. Cet immense collectionneur a souvent été désigné par différents chefs d’Etats et hommes politiques du monde islamique, comme l’« ambassadeur culturel de l’islam ».

Né dans une famille Juive à Ispahan (Iran), Nasser Khalili a, d’abord, poursuivi ses études aux Etats-Unis, à partir de 1967, avant de s’installer au Royaume-Uni en 1978. Il fait fortune dans l'immobilier.

Nasser Khalili a constitué "huit collections consacrées à des domaines aussi divers que les émaux, l’art japonais ou encore les textiles scandinaves. Chacune de ses collections constitue dans son secteur la plus importante au monde. Celle qu’il a rassemblée sur les arts du monde islamique, des origines à nos jours, se prolonge d’une autre, consacrée pour sa part, spécifiquement au hajj et aux arts du pèlerinage, laquelle est riche de quelque 1 500 reliques couvrant toute l’histoire du pèlerinage à La Mecque, de l’an 700 à nos jours. Les objets en provenance de cette collection ont permis que puissent être organisées" les expositions Hajj: Journey to the Heart of Islam (26 janvier-15 avril 2012) au British Museum de Londres (Grande-Bretagne) et Longing for Mecca – the pilgrim’s journey (10 septembre 2013-9 mars 2014) au National Museum of Ethnology de Leiden (Pays-Bas).

Nasser David Khallili est "le plus grand collectionneur privé d’art islamique au monde », ainsi que l’a souligné Jack Lang lors de l'inauguration, en présence du Président François Hollande. Les œuvres de ses collections ont été montrées aux publics du monde entier dans le cadre d'expositions accueillies par plus de 35 musées.

Nasser Khalili a en outre fondé, en 1989, une chaire d’art et d’archéologie islamiques au sein de l’Institut d’Etudes Orientales et Africaines (School of Oriental and African Studies), de Londres. Grand philanthrope, il a fondé en 1995 "l’Institut Maïmonide dont la vocation est de promouvoir la paix et une meilleure compréhension entre les trois religions révélées. L’engagement du Professeur Nasser D. Khalili en faveur de la paix lui a valu de nombreux honneurs et distinctions. Il a notamment été fait chevalier dans l’Ordre de Saint Sylvestre par le Pape Jean-Paul II, avant d’être élevé au grade de commandeur par Benoît XVI. En 2012, Nasser Khalili a été fait ambassadeur de bonne volonté par l’UNESCO".

Exposition "saoudiennement correcte"
C’est une exposition bilingue français/arabe quasi-exhaustive, paradoxale et un vecteur de communication pour l’Arabie saoudite. 

Quasi-exhaustive car elle présente « le pèlerinage à la Mecque dans ses diverses dimensions et à travers leur évolution historique. Expérience mystique individuelle, de méditation religieuse, source d’inspiration artistique et d’échanges transculturels, ces multiples facettes du pèlerinage sont présentées au public à travers des objets d’art médiéval, manuscrits et enluminures, tissus d’apparats et offrandes ».

Une exposition intéressante par ce qu’elle occulte et ce qu’elle révèle, souvent involontairement, sur le royaume wahhabite et sa vision littérale rigoureuse de l’islam.

Plus cette exposition souligne l’importance de La Mecque en islam, plus elle révèle involontairement le quasi désintérêt des musulmans pour Jérusalem qui n’apparaît que dans un des dessins de mosquées vues par un pèlerin et même pas dans la carte de quatre voies maritimes et terrestres du hajj à partir de Paris et Marseille, en France. Classiques  voies du hajjj : les routes irakienne, d'Afrique sub-saharienne, et d'Afrique du nord. Seule autre ville sainte en islam évoquée dans un espace réduit en fin de parcours : Médine. De plus, le roi Abdullah Bin Abdulaziz Al Saud du royaume d'Arabie saoudite est appelé « serviteur des deux saintes mosquées », et non des "trois mosquées"...

Lors du vernissage presse, étaient donnés un catalogue bilingue français/arabe ainsi qu’un assortiment de photographies en couleurs et sur papier glacé « saoudiennement corrects », c’est-à-dire occultant la polémique non pas sur la nécessité des travaux urbanistiques à Médine et à La Mecque afin d’accueillir un nombre croissant de pèlerins, mais sur la nature de ces travaux grandioses susceptible selon le site Oumma.com de transformer La Mecque en "Las Vegas du "royaume wahhabite". Le site Oumma.com s'indigne dès le 17 février 2012 : "La maison du prophète Mohamed et de sa  femme Khadija a été démolie pour faire place à des toilettes publiques !  Selon Irfan Ahmed Al-Alawi,  qui est le  Président de la Fondation du patrimoine islamique, dont l'objectif est de  sauvegarder les lieux saints,  il resterait  seulement  moins de vingt édifices historiques remontant à l'époque du Prophète. Parmi ces destructions, la maison  d'Abou Bakr (premier Calife de l'islam)  a été remplacée par l' Hôtel Hilton. Alors qu'un palais a été édifié sur la  mosquée historique d'Abou Qubais. Selon Ali Al-Ahmad, le directeur de l'Institut du Golfe à Washington, 95% des anciens bâtiments  de la Mecque ont été démolis au cours des vingt dernières années pour être  remplacés par des buildings de plus en plus hauts". Et Oumma de préciser dans son article La destruction planifiée du berceau du Prophète (25 février 2014) : « Qui aurait pu imaginer, même dans les plus noires prédictions, que derrière les gardiens du temple de la monarchie saoudienne se dissimuleraient les fossoyeurs de la richesse du patrimoine islamique, faisant bien peu de cas des vestiges irremplaçables reçus en héritage pour assouvir leur démesure urbanistique ? Sous le règne rigoriste des grands bâtisseurs, le rouleau compresseur de la démolition n’est jamais bien loin, près de 95% du précieux legs historique et archéologique de La Mecque et de Médine (des monuments vieux de 1 000 ans) ayant été ainsi broyé en l’espace de deux petites décennies ». Que font l'UNESCO, la Ligue arabe et l'organisation de la coopération islamique (OCI) ? Quand on songe aux cris d'orfraie des Palestiniens, et du monde arabe en général, quand l'Etat d'Israël avait entamé en 1996 des travaux d'agrandissement d'un tunnel près du mont du Temple afin de favoriser l'accès des touristes... Pourquoi cette omission de la controverse par les commissaires de l'exposition ? Espoir de redorer l’image du royaume wahhabite, dont la conception rigoriste de l’islam est contestée par des musulmans et dont le soutien à des mouvements terroristes islamistes inquiète ? Souci de réislamiser à la saoudienne les musulmans français ? Volonté de maintenir sa place dans le monde musulman, malgré les assauts chiites soutenus par l'Iran et la rivalité avec la Turquie ?

Un « microcosme universel »
Le hajj ou « pèlerinage à la Mecque est l’un des cinq piliers de l’islam – avec la profession de foi (chahâda), la prière, le jeûne du mois de ramadan et l’aumône (zakât) ». Obligation pour le croyant qui a les moyens physiques et matériels de l’effectuer, il doit s’accomplir « à une date précise du mois de dhu al-hijja du calendrier islamique », à la différence « de la umra (petit pèlerinage) ».

L'exposition évoque certains dangers qui menacent les pèlerins, notamment le risque sanitaire - une lettre du 18 avril 1886 du Dr Adrien Proust, médecin hygiéniste, et père de l'écrivain Marcel Proust -, mais peu la bousculade meurtrière. Le 2 octobre 2014, a débuté le Hajj, pèlerinage à La Mecque (Arabie saoudite) qui devrait attirer plus d'un million de musulmans. Les autorités saoudiennes ont adopté des mesures sanitaires face aux menaces  du virus Ebola et du coronavirus ou syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS).

Le « pèlerinage a des racines qui remontent à la période antéislamique. Depuis l’instauration de l’islam, c’est-à-dire depuis bientôt quinze siècles, le hajj constitue un événement religieux, mais aussi social et culturel, rassemblant des croyants d’ethnies, de langues et de provenances différentes. Au cours de la décennie écoulée, ce sont ainsi plus de trois millions de pèlerins qui, chaque année, ont accompli le hajj. Théologiens, lettrés, artistes, commerçants, politiques ou simples croyants, font de La Mecque, pendant cinq à six jours, un microcosme universel ». Une union à nuancer : un panneau en début d’exposition indique deux voies : l'une pour les seuls musulmans ("Muslims Only"), l'autre pour les non-musulmans ("For non Muslims"). Sans que nul n’ait manifesté la moindre indignation pour cette discrimination religieuse. Par ailleurs, "les non-Musulmans sont interdits de résidence" à La Mecque. Ce qu'omettent de mentionner l'exposition et la propagande arabe diffamant l'Etat d'Israël en alléguant à tort qu'il pratiquerait l'apartheid.

Des « palais royaux aux plus humbles maisons, en passant par les appartements des villes et des cités, pas une demeure musulmane qui ne contienne un objet exprimant ce désir de La Mecque... Miniatures et gravures naïves, calligraphies savantes expriment de la sorte la centralité de la ville sainte, son ubiquité, dans tous les styles de toutes les cultures islamiques ».

Parallèlement, « la ville de La Mecque constitue depuis des siècles et des siècles le réceptacle unique d’offrandes et de cadeaux somptueux – en provenance de toutes les grandes villes de l’islam, Damas ou Le Caire, Istanbul ou Ispahan, et de plus loin encore… –, textiles brodés d’or, stèles commémoratives, chandeliers et tapis, envoyés en hommage à l’occasion du pèlerinage ».

Aux regards d’artistes sur le hajj et d’architectes sur l’aménagement de La Mecque, s’ajoute le regard occidental de « peintres orientalistes, voyageurs et chroniqueurs » qui « se sont interrogés sur cet événement central de l’islam, croisant des thèmes communs aux deux civilisations : universalisme, figure d’Abraham, rapport à l’autre ». L’exposition vise à faire « découvrir ces rites immuables découlant de l’héritage d’Abraham, qui sont suivi scrupuleusement depuis l’année 632, année du pèlerinage de Mahomet ».  Pour l'illustrer : le tableau Le sacrifice d'Isaac par Abraham de Rubens illustrant la "tradition judéo-chrétienne", alors que la "tradition musulmane" substitue Ismaël au fils de Sarah. En outre, Abraham n’est pas une figure commune à la Bible et au Coran : Abraham est un patriarche biblique, alors qu’Ibrahim al-Khalil est un prophète dans l’islam. Entretenir cette confusion est d’autant plus inquiétant que sept dates de visite étaient  « réservées dans le cadre de la mission « Vivre ensemble » du ministère de la Culture et de la Communication  » et que des dirigeants communautaires promeuvent la visite de l’IMA aux élèves d’écoles Juives françaises.

Cette exposition vise à décrire « l’histoire du hajj ainsi que celle de l’ensemble des rites qui le compose pour donner à comprendre ce que représente la dévotion intemporelle, personnelle et collective, extatique et esthétique, qu’expérimente, à l’occasion du pèlerinage, chaque croyant au sein de la communauté des musulmans, la Oumma. Le parcours de l’exposition propose de suivre les pas de ces pèlerins au cours de leur voyage, du Moyen-âge à nos jours, jusqu’à La Mecque et de les accompagner pendant ces cinq jours sacrés du mois de dhu al-hijja au cours des rites qui composent le hajj : circumambulation autour de la Kaaba (littéralement, le « cube »), course entre Safa et Marwah, station à Arafa, lapidation du diable, sacrifice… » Autre omission majeure de l'exposition : les musulmans n'ont pas toujours prié cinq fois par jour en direction de la ka'ba, "construction cubique, située au cœur du haram (sanctuaire)" de La Mecque, et "attribuée au prophète Abraham et à son fils Ismaël, accomplissant une volonté de Dieu". "Quand Mahomet a cherché à convertir les Juifs en l'an 620 après J.C., il adopta quelques pratiques de style juif - un jeûne semblable à Yom Kippour, un lieu de culte ressemblant à une synagogue, des restrictions alimentaires rappelant la casherout, ainsi que des prières orientées vers Jérusalem. Mais, lorsque la plupart des Juifs refusèrent de se convertir, il changea la direction de la prière pour la Mecque. C'est ainsi que Jérusalem perdit de son importance pour les musulmans" (Daniel Pipes).

Aux témoignages de pèlerins, les visiteurs peuvent ajouter les leurs en les enregistrant dans une « cabine audio-photomaton ». Ces souvenirs oraux sont complétés par des « souvenirs matériels (cadeaux, certificats de pèlerinages…) déposés par des pèlerins ».

Il est curieux qu'aucun des médias ayant recensé cette exposition n'ait relevé cette ségrégation entre "musulmans" et "non-musulmans", la destruction du patrimoine islamique certes niée par l'Arabie saoudite,  cette occultation des liens anciens entre l'islam et le judaïsme, etc.

Le 2 octobre 2014, a débuté le Hajj, pèlerinage à La Mecque (Arabie saoudite) qui devrait attirer plus d'un million de musulmans. Les autorités saoudiennes ont adopté des mesures sanitaires face aux menaces  du virus Ebola et du coronavirus ou syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS).

Le 24 septembre 2015, plus de 769 personnes sont mortes et 863 ont été blessées à Mina, près de La Mecque, lorsque deux foules se sont heurtées en venant de directions opposées. Environ deux millions de pèlerins sont réunis pour ce pèlerinage. Au "premier jour de la fête de l’Aïd el-Kébir, les pèlerins avaient commencé le rituel de la lapidation de Satan, dans la vallée de Mina, dans l’ouest de l’Arabie saoudite. Ce rituel consiste à jeter sept pierres le premier jour de l’Aïd el-Kébir sur une grande stèle représentant Satan, et 21 pierres le lendemain ou le surlendemain sur trois stèles – grande, moyenne, petite. La rue 204, où le drame s’est produit, est l’une des deux principales artères menant de Mina à Jamarat où le Diable est symboliquement lapidé par les pèlerins. Sur les sept accidents majeurs ayant endeuillé le pèlerinage depuis 1990, six ont eu lieu lors de ce rituel, le dernier remontant à janvier 2006 quand 364 pèlerins ont péri dans une bousculade à Min"a.


Le 10 septembre 2016, environ 1,5 million de fidèles venus du monde entier ont débuté le pèlerinage à La Mecque (Arabie saoudite).

Des "dizaines de milliers d’Iraniens seront eux privés de pèlerinage cette année, et ce pour la première fois depuis près de trois décennies. Sur les quelque 60 000 qui s’étaient rendus en 2015 à La Mecque, plus de 460 avaient péri dans la bousculade, provoquant la colère de Téhéran, dont les relations étaient déjà très tendues avec Ryad, notamment au sujet des conflits en Syrie et au Yémen. Après ce drame, et en dépit de négociations, les deux puissances régionales rivales ne sont pas parvenues à trouver un accord pour l’envoi des Iraniens au pèlerinage, échangeant cette semaine des invectives qui ont atteint un niveau inédit. Le guide suprême de l’Iran chiite, Ali Khamenei, a estimé que la famille royale saoudienne «ne mérite pas de gérer les lieux saints» de l’islam, alors que le grand mufti de l’Arabie sunnite, Abdel Aziz ben al-Cheikh, a lancé que les Iraniens n’étaient «pas des musulmans». L’Arabie saoudite «ne pense même pas aux mesures de sécurité» pour le pèlerinage, a affirmé Saïd Ohadi, chef de l’organisation iranienne du hajj. Vendredi, des milliers d’Iraniens ont défilé à Téhéran sous des pancartes proclamant qu’ils ne «pardonneraient jamais» à l’Arabie saoudite leur exclusion du hajj".

En 2017, le pèlerinage s'est déroulé du 30 août au 4 septembre 2017.

Le 19 août 2018, plus de deux millions de musulmans, mais pas du Qatar, ont initié ce pèlerinage : "Les plus gros contingents de pèlerins viennent d'Égypte, d'Inde, du Pakistan, du Bangladesh et du Soudan". "Le jeune prince héritier Mohammed Ben Salman, fils du roi et inspirateur des réformes, a clamé la volonté de son pays de «renouer avec un islam modéré et tolérant», tout en multipliant les arrestations dans les milieux dissidents, y compris parmi les défenseurs des droits de l'Homme et les religieux critiques. Le pèlerinage intervient en outre en pleine guerre au Yémen où l'Arabie saoudite intervient contre des rebelles soutenus par l'Iran, le grand rival régional de Riyad."

"Le siège de La Mecque"
Arte diffusa le 21 août 2018 à 22 h 45 "Le siège de La Mecque" ("Mekka 1979 - Urknall des Terrors?", "The Siege of Mecca"), documentaire réalisé par Dirk van den Berg. "En 1979, le premier jour du hadj, un commando de 400 extrémistes religieux prend d’assaut la Grande Mosquée de La Mecque, retenant en otages des milliers de pèlerins. Pendant plus de deux semaines, ce siège ébranle l’Arabie Saoudite. Ce film dévoile l’un des secrets les mieux gardés de l’histoire contemporaine, événement fondateur du terrorisme fondamentaliste aussi méconnu que stupéfiant".

"Avec certains de ses témoins clés, retour sur l'insurrection occultée qui a ciblé en 1979 la Grande Mosquée de La Mecque et sur sa répression sanglante, menée avec le soutien secret de la France. Dirk van den Berg livre un exceptionnel récit de l'intérieur, tirant un à un les fils historiques, politiques et géostratégiques de cet événement spectaculaire et oublié."

"Le 20 novembre 1979, à l'aube, un commando de plusieurs centaines d'hommes lourdement armés, accompagnés de femmes et d'enfants, prend possession de la Grande Mosquée de La Mecque et transforme le sanctuaire le plus sacré de l'islam en une forteresse. À sa tête, un Saoudien, Juhayman al-Otaibi, prédicateur issu d'une tribu bédouine marginalisée, qui exige l'abdication de la famille royale, l'expulsion de tous les étrangers impies et le retour du pays à un islam pur. Des milliers de pèlerins prennent la fuite, mais plusieurs centaines d'autres sont piégés à l'intérieur, durant un siège qui va durer quinze jours. La famille régnante commence par imposer un secret absolu puis, la situation s'éternisant, en appelle à ses alliés occidentaux."

"C'est finalement le GIGN français qui aidera en secret l'armée saoudienne à combattre les insurgés, notamment en lui fournissant plus de 300 kilos de gaz lacrymogène. Au total, le bilan des combats au sein de la Grande Mosquée s'élèverait à des milliers de morts, même si le régime saoudien en reconnaît moins de trois cents. Après l'exécution sans procès des rebelles, il va s'efforcer de faire oublier au pays et au reste du monde cet épisode sanglant, tout en intensifiant la répression de toute forme d'opposition."

"L'ex-chef des services secrets saoudiens Turki al-Fayçal, membre de la famille royale, le journaliste Khaled al-Maeena, le fils du général qui a dirigé l'assaut des forces saoudiennes (lequel offre au réalisateur les vidéos des combats qu'il cherchait depuis cinq ans), d'anciens frères d'armes de Juhayman, un très influent prédicateur djihadiste basé en Jordanie, Abou Mohammad al-Maqdisi, l'ancien attaché militaire américain à Djedda, Mark Hambley, les ex-GIGN Christian Prouteau et Paul Barril, les chercheurs Madawi al-Rasheed et Pascal Ménoret… : grâce à ces témoins et à leurs archives personnelles, Dirk van den Berg livre un exceptionnel récit de l'intérieur, tirant un à un les fils historiques, politiques et géostratégiques de cet événement spectaculaire et oublié. Il révèle ainsi un pan d'une réalité complexe, celle d'un pays fermé d'ordinaire aux regards extérieurs."

On ne comprend pas pourquoi le Conseil régional d'Ile-de-France a subventionné ce documentaire ainsi présenté : "Le 20 novembre 1979, lors du pèlerinage annuel du Hadj, des fondamentalistes saoudiens, dirigé par Juhayman Al-Utaiby, prennent d'assaut la Grande Mosquée de la Mecque, le lieu le plus saint de l'Islam. Ils demandent l'abdication de la famille royale saoudienne, l'expulsion des non-musulmans et le retour d'un Islam intransigeant wahhabite. Commence un siège de 18 jours qui fera près de 5000 morts. Le GIGN obtiendra finalement la réédition du commando. Cet événement est le premier acte d'un mouvement qui donnera naissance à Al Qaïda et Daesh". "Intérêt régional : Cette subvention donne lieu à l’engagement du bénéficiaire de recruter 2 stagiaires ou alternants". Le montant de la subvention maximum s'élève à 53 000 €. Cela fait cher le coût du stagiaire ou de l'alternant.

Coronavirus
Le 29 juillet 2020 a débuté le pèlerinage à La Mecque dans le cadre de la pandémie de coronavirus. Au 9 juin 2020, "on recensait un total de 105 283 personnes infectées, 746 décès et 74 524 guérisons dans le royaume". Au 29 juillet 2020, le royaume "a enregistré environ 270 000 cas d'infection au nouveau coronavirus, soit l'un des taux les plus élevés du Moyen-Orient".

"Au lieu de voir défiler 2,5 millions de fidèles, comme l’année dernière, la cité la plus sainte du monde musulman ne devrait accueillir que quelques milliers de croyants, 10 000 au maximum. Une affluence minimale, quasi-symbolique, qui constitue une première dans l’histoire du royaume saoudien, fondé en 1932.

"Les autorités saoudiennes ont décidé de maintenir la fermeture de La Mecque aux pèlerins étrangers. Cette décision avait été prise fin février, à l’orée de la crise sanitaire. Alors même qu’aucun cas d’infection par le Covid-19 n’avait été enregistré dans le pays, Riyad avait suspendu la délivrance de visa pour l’omra, le petit pèlerinage, qui peut être effectué tout au long de l’année."


"L’autorisation de participer au grand pèlerinage, qui se tient traditionnellement à l’approche de la fête de l’Aïd-el-Kébir, la plus importante date du calendrier musulman, n’a donc été délivrée qu’à une poignée d’habitants du royaume ; 30 % d’entre eux sont des Saoudiens, professionnels de la santé et membres de l’armée, qui ont attrapé le Covid-19 dans le cadre des efforts déployés par l’Etat pour lutter contre cette maladie, ont guéri et se voient ainsi récompensés pour leur dévouement. Les 70 % restant sont des résidents étrangers, choisis par tirage au sort."


"Le siège de La Mecque" documentaire réalisé par Dirk van den Berg.
Allemagne, France, Outremer Film, K2 Productions, INA, PROCIREP - Société des Producteurs, Conseil régional d'Ile-de-France, 2015, 52 min
Sur Arte le 21 août 2018 à 22 h 45
Visuels :
Vue aerienne de nuit de l'esplanade de La Mecque et de la Kabaa, Arabie Saoudite.
Vue aérienne de nuit de La Mecque (ville de l'ouest de l'Arabie Saoudite et capitale de la province de de la Mecque) et son horloge.
Soldats saoudiens catacombes
Deux Soldats saoudiens dans les catacombes de la mosquée
© K2-Outremerfilm

Du 23 avril au 17 août 2014
A l’Institut du monde Arabe (IMA)
Niveaux 1 et 2
1, rue des Fossés-Saint-Bernard. Place Mohammed-V. 75005 Paris
Tél. : 01 40 51 38 38
Du mardi au jeudi de 9h30 à 19h, nocturne le vendredi jusqu'à 21h30, week-ends et jours fériés de 9h30 à 20h

Visuels : 
Photographies du vernissage
© Présidence de la République

Pèlerins allant à La Mecque
 Léon Belly 1861
© RMN-Grand Palais
(musée d’Orsay) / Franck Raux/Stephane Marechalle

Camps de pélerins turcs, Mirza,
Vers 1890
© King Abdulaziz Public Library

Vue de Jaba al-Rahma, 2000
© Reem Al Faisal

Articles sur ce blog concernant :

Les citations proviennent du dossiers de presse. Cet article a été publié les 17 août et 3 octobre 2014, 25 septembre 2015, 12 septembre 2016, 8 septembre 2017, 22 août 2018 et 30 juillet 2020. Il a été modifié le 30 juillet 2020.

jeudi 30 juillet 2020

Trésors du ghetto de Venise


Le Musée d’art et d'histoire du Judaïsme (MAHJ) a présenté, dans ses salles italiennes, le trésor d’orfèvrerie liturgique enfoui en 1943 par deux responsables des services religieux des synagogues espagnole et levantine du ghetto de Venise, premier ghetto en Europe (1516), et découvert lors de la restauration de la synagogue espagnole. Une communauté Juive au destin emblématique de celui de nombreuses communautés Juives en Europe. Les 30 juillet 2020 à 16 h 25, 1er août 2020 à 11 h 07, 5 août 2020 à 17h, 8 août 2020 à 1 h 02, Toute l'Histoire diffusera "Le ghetto de Venise. Une histoire des Juifs de Venise" d'Emanuela Giordano.

Institué le 29 mars 1516, le ghetto de Venise - son cinquième centenaire a été célébré en 2016 – « a été le premier d’Europe. Conçu comme un espace de ségrégation fermé la nuit, il devint pourtant le berceau d’une communauté de Juifs originaires d’Italie, mais aussi des pays germaniques, du Levant et d’Espagne ». Rappelons que Fès-la-nouvelle, fondée en 1276, avait assigné les Juifs depuis 1438 dans un ghetto dénommé mellah. Et celui de Genève.

Son cosmopolitisme et la prospérité de ses habitants en ont fait un creuset culturel original.

En septembre 1943, deux responsables des services religieux des synagogues espagnole et levantine du ghetto ont dissimulé, pour éviter la spoliation ou la destruction, une quarantaine d’objets précieux avant que ne pénètrent des nazis dans la ville. Déportés, ces dirigeants communautaires ont été tués dans des camps d’extermination.

Lors de la restauration de la synagogue espagnole, ces objets ont été découverts et restaurés par Venetian Heritage, avec un mécénat de Vhernier.

Ce « trésor d’orfèvrerie liturgique, pour l’essentiel en argent, compte des couronnes de torah (keter torah), des ornements de bâtons de Torah (rimmonim), des mains de lecture (yad), des boîtes à aromates (bessamim), des lampes appliques de Hanoukkah (fête des Lumières), des lampes de synagogue, des coffrets de torah (tiq), des plats, un bassin et une aiguière. Créés par les meilleurs orfèvres vénitiens des XVIIIe et XIXe siècles, parmi lesquels Antonio Montin et Giovanni Fantini della Torah, ces objets extraordinairement ciselés attestent le raffinement et la diversité culturelle du judaïsme vénitien. Fortement corrodés, ils ont fait l’objet d’une restauration exemplaire ».

Dans les salles italiennes du MAHJ, ces « objets du trésor du ghetto de Venise font écho à un ensemble d’œuvres témoignant de la continuité du judaïsme italien du Moyen Âge à nos jours ». Ils sont replacés dans l’histoire des Juifs vénitiens, des origines médiévales aux déportations de 1943-1944, via l’émancipation française de 1797. Une condition emblématique de celle de nombreuses communautés Juives : contribution majeure à l’essor économique de la « Reine de l’Adriatique », rôle majeur des commerçants soumis à de lourds impôts au sein de la « Sérénissime », émancipation, participation à la vie politique nationale, ruines et spoliations, quasi-disparition.

Cette exposition est organisée en partenariat avec Venetian Heritage, fondation pour la sauvegarde du patrimoine de Venise, et la communauté Juive de Venise, avec le concours de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Le MAHJ remercie le Museo Ebraico di Venezia  qui a accepté la sortie de ses collections des objets présentés dans l’exposition.

Elle a été présentée à Sotheby’s (New York décembre 2012 – janvier 2013), au Museum of Fine Arts (Houston, février – avril 2013), à Ca’ d’Oro (Venise, juin 2013 – mars 2014), à l’Österreichische Galerie Belvedere (Vienne, avril – juin 2014) et à l’Art Gallery of Western Australia (Perth, décembre 2014 – mars 2015).

Naissance de la communauté Juive de Venise

« Inféodée du VIe au XVe siècle à l’Empire romain d’Orient puis à l’Empire byzantin, la République de Venise acquiert très tôt une place prééminente dans les échanges économiques entre l’Orient et l’Occident ».

« Puissance maritime militaire et commerciale, la Sérénissime République attire un flux continu d’étrangers, simples voyageurs ou commerçants, intellectuels, marins et manœuvriers ».

C’est en 1385 qu’un « premier groupe de prêteurs et de banquiers Juifs allemands » est « autorisé à s’établir dans la lagune, et en 1386, la république leur accorde le droit d’enterrer leurs morts à San Nicolò al Lido. Néanmoins, ce premier groupe sera expulsé en 1395 ».

Cependant, « la cité accepte que quelques prêteurs juifs s’installent à Mestre sur la terra firme. Ils ne sont autorisés à résider à Venise que pendant quelques jours et doivent porter une rouelle jaune cousue sur leurs vêtements ».

Au « port de ce signum sera plus tard adjoint celui d’un chapeau jaune puis rouge ».

En 1509, Venise « accueille les « Juifs ashkénazes et italiens fuyant les terres menacées par l’avance de la ligue de Cambrai menée par les troupes de mercenaires allemands à la solde de Maximilien de Habsbourg et du pape Jules II ».


Pour la première fois avaient été exposés ensemble, en 2007 au Musée national du Moyen-Age-Thermes et hôtel de Cluny  (Paris) sous le titre Trésors de la Peste noire : Erfurt et Colmar, en 2009 à la Wallace Collection  (Londres) sous le titre Treasures of the Black Death, puis dans une ancienne synagogue d'Erfurt , plus de 200 pièces - bijoux, pièces d’orfèvrerie de table, monnaies - de « deux trésors enfouis au XIVe siècle », à Colmar et à Erfurt, lors des persécutions contre les Juifs en 1348-1350, quand la Peste noire décima un tiers de la population européenne et déclencha des violences antisémites. 

1516 : instauration du ghetto
« Refusant de les voir établis partout dans la ville mais soucieux de préserver le rôle économique des banquiers juifs, le Sénat de Venise leur attribue par décret du 29 mars 1516, le territoire du gheto novo, un îlot insalubre autrefois destiné à accueillir les déchets de la fonderie, délimité par des canaux, aménagé et bâti par un propriétaire privé ».

Le vocable de ghetto « sera progressivement adopté pour désigner ce quartier réservé aux Juifs à Venise, puis aux quartiers fermés qui leurs sont dévolus dans toute l’Italie ».

« Bien que conçu à l’origine comme un lieu de ségrégation, le ghetto vénitien devint un lieu de rencontre pour plusieurs communautés juives d’origines géographiques différentes, mais aussi un le foyer d’une brillante culture juive pour de nombreuses autres régions du monde ».

Les Juifs de Venise du XVIe au XVIIIe siècles
Environ « sept cents Juifs ashkénazes et italiens, ainsi que quelques familles levantines, occupèrent assez vite les demeures du Gheto Novo, dont les portes, fermées le soir, ne se rouvraient qu’à l’aube. Le ghetto connut une croissance démographique rapide due à l’arrivée de Levantins (provenant de l’Empire ottoman) et de Ponentini (espagnols et portugais) ».

En 1541, des « marchands Juifs ottomans de passage, parmi lesquels des expulsés de la péninsule ibérique en 1492, se plaignirent auprès du gouvernement de Venise que l’on manquait de place dans le Gheto Novo. On leur attribua alors vingt logements pourvus de jardins dans le Gheto Vechio, situé au sud du premier, que l’on enclot d’un mur pourvu de deux portes surveillées ».

Les « Juifs espagnols et portugais formèrent une troisième migration importante, la Natione Ponentina, à partir de 1589, et logèrent aussi dans le Gheto Vechio ».

En 1630, des « marchands Juifs fortunés demandèrent un supplément d’espace qu’on leur accorda dans un quartier qui prit le nom de Gheto Novissimo (ghetto très récent) ».

Les « particularismes culturels se distinguaient dans l’occupation spatiale du ghetto comme dans les édifices communautaires. Des petits groupes se formèrent sous la dénomination de Natione (nation), Università (université) ou Scola (école) ».

Les Ashkénazes construisirent « deux synagogues (Scola Grande Tedesca et Scola Cantòn) entre 1528 et 1532, puis trois plus petites sur le Campo ».

En 1575, les Italiens, originaires de Rome et d’Italie centrale, y édifièrent « eux aussi la Scola Italiana. Les Levantins, qui apportèrent leurs modes de vie et leurs cultes orientaux, édifièrent dans l’espace ouvert du Gheto Vechio leur grande synagogue, la Scola Levantina, un hôpital et une auberge pour les marchands de passage ».

Dans « les ruelles voisines, les juifs séfarades, descendants des Juifs qui avaient fui la péninsule ibérique après 1492, bâtirent quant à eux en 1584 la Scola Spagnola, la plus monumentale du ghetto ».
« L’activité intellectuelle connut un essor exceptionnel : en témoignent des personnalités célèbres telles le grammairien Élie Levita, les rabbins Leone da Modena ou Simone Luzzato, la poétesse Sara Copio Sullam. Dans le ghetto, on trouvait un théâtre ainsi que des salons littéraires et musicaux. La grand’ rue du Gheto Vechio comptait de nombreuses boutiques et les libraires proposaient un large choix d’ouvrages. Très active dès 1516, l’imprimerie hébraïque fleurit jusqu’au milieu du XVIIe siècle, avant d’être surpassée par l’imprimerie amstellodamoise ».

« Employant des imprimeurs et typographes ashkénazes, elle fut animée par de grands éditeurs chrétiens : Daniel Bromberg d’Anvers (qui lança les premières éditions complètes du Talmud de Babylone et du Talmud de Jérusalem ainsi que des livres de prières et des éditions complètes de la Bible hébraïque), la famille d’Alvise Bragadini, Marco Antonio Giustiniani, Giovanni di Gara… À la suite de rivalités entre Bragadini et Giustiniani, le pape Jules II ordonna, en août 1553, l’autodafé du Talmud qu’il décréta « hérétique » et « blasphématoire ». Le brûlement public de tous les exemplaires du Talmud et de nombreux ouvrages le citant eut lieu à Venise, sur la piazza San Marco en octobre 1553. Un autre autodafé eut lieu en 1568. Désormais, l’impression hébraïque fut placée sous le contrôle d’une commission de censeurs ».

« Soumises à un contrôle rigoureux, les différentes communautés devaient assurer le paiement d’une lourde taxe communautaire levée par les autorités vénitiennes. Au début du XVIe siècle, les seules activités économiques autorisées étaient le prêt d’argent, le commerce de textiles et objets d’occasion, l’imprimerie hébraïque et la médecine. Les Juifs excellèrent dans les professions médicales et les médecins Juifs vénitiens bénéficiaient d’un statut à part – comme le droit de circuler hors du ghetto la nuit – afin de pouvoir soigner les chrétiens ».

Le « rôle prestigieux des Levantini et des Ponentini dans le commerce maritime leur valut un statut favorable de la part des autorités qui tenaient à les conserver comme intermédiaires avec l’Empire ottoman après la perte de puissance de Venise dans l’espace méditerranéen. Si elles tardèrent à leur accorder un droit de résidence permanent, elles leur laissèrent une plus grande liberté professionnelle et vestimentaire qu’aux ashkénazes et aux italiens. »

Malgré des « restrictions imposées aux Juifs, le ghetto devint un centre vital de l’économie vénitienne ».

« Cependant, au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle, le déclin de la puissance vénitienne et l’énormité de la taxe imposée aux Juifs épuisèrent les ressources de la communauté qui s’endetta lourdement ».

Un « grand nombre de Juifs quittèrent alors Venise pour s’établir à Amsterdam, dans les ports de la mer Tyrrhénienne ou dans l’Empire ottoman ».

De 1658 à 1666, « l’aventure du pseudo-messie Shabbataï Tsevi ébranla profondément le judaïsme vénitien, créant une vague d’immigration en Terre sainte et causant la ruine de nombreuses familles Juives ».

La « communauté vénitienne se déclara en banqueroute en 1737 ».

De l’émancipation à la Shoah
Effet bénéfique de la Révolution française : en 1797, les « troupes françaises placées sous le commandement de Bonaparte envahirent le territoire de la République de Venise et rouvrirent le ghetto ».

« Émancipés, les Juifs devinrent ainsi des citoyens à part entière. Dès lors, leur destin devait se confondre avec celui des autres Juifs d’Italie. Ils connurent un processus d’intégration politique et économique complet. Certains jouèrent un rôle politique important lors du Risorgimento, tels Daniele Manin, le premier député Juif élu en Vénétie, Isacco Pesaro, Jacopo Treves ou Leone Pincherle. La communauté versa son tribut de sang lors de la Première Guerre mondiale ».

En 1931, « en raison du déclin économique de Venise, la communauté ne comptait plus que 1 814 membres, et en 1938, après la promulgation des lois raciales, seulement 1 200 ».

En 1943, « l’entrée des troupes allemandes dans la ville fut suivie de mesures tragiques : entre le 8 septembre 1943 et avril 1945, environ 200 personnes – et notamment les pensionnaires de la Casa israelitica di riposo et ceux qui y avaient trouvé refuge –, furent déportées et assassinées à Auschwitz ».

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la communauté Juive « compta encore 1 050 membres, mais la plupart choisirent de quitter la ville ».

En 2015, la communauté juive de Venise avoisine cinq cents membres.

La restauration des objets liturgiques
Parties des collections du Museo Ebraico de Venise, les objets liturgiques retrouvés « constituent un témoignage fort de la splendeur de l’orfèvrerie vénitienne. Soustraits aux spoliations, ils étaient en très mauvais état de conservation lorsqu’ils furent redécouverts à la faveur de la rénovation de la grande synagogue espagnole. En raison du climat humide et salin, leur surface était couverte d’une épaisse couche de sulfuration ou d’oxydation, qui rendait difficile, dans certains cas, l’identification des matériaux. En outre, plusieurs objets présentaient des déformations et des soudures à l’étain réalisées lors d’interventions anciennes ».

Une « importante campagne de restauration a été menée ».

« Tous ces éléments ont été démontés afin de permettre un nettoyage approfondi, les encastrements rectifiés et les soudures réparées. Les surfaces ont été nettoyées au tampon avec des poudres très fines de carbonate de calcium ou bicarbonate de sodium. Dans les cas de sulfurations plus consistantes, on a recouru localement à des compresses de trisodium EDTA pour procéder ensuite à un finissage mécanique au tampon et à un rinçage à l’eau déionisée, destiné à l’enlèvement des résidus. Les objets en argent ont été protégés d’une triple couche de laque nitrocellulose, afin de ralentir la formation d’une nouvelle strate de sulfuration ».

La restauration, « effectuée par Cristina Passeri et Sansovino Restauri, a été rendue possible grâce au soutien de Venetian Heritage et de la maison de joaillerie Vhernier ».

500e anniversaire
Soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et la chaîne Toute l’Histoire, ce documentaire The Venice Ghetto, 500 Years of Life (Il Ghetto di Venezia, 500 Anni di Vita ;  The Venice Ghetto, 500 Years of Life) documentaire d’Emanuela Giordano, coproduit par les sociétés Tangram, Arsam International et Cerigo Films, a été présenté dans le cadre de la Mostra, le 26 janvier 2016, à la veille de la Journée de la mémoire, à l'Institut culturel italien de Paris, et diffusé en France en mars 2016.

Les 30 juillet 2020 à 16 h 25, 1er août 2020 à 11 h 07, 5 août 2020 à 17h, 8 août 2020 à 1 h 02, Toute l'Histoire diffusera "Le ghetto de Venise. Une histoire des Juifs de Venise" d'Emanuela Giordano.


À l'occasion du 500e anniversaire du ghetto de Venise, il retrace l’histoire de la communauté juive de Venise, à travers des témoignages, des séquences animées et les éclairages des grands témoins de cette histoire complexe. C’est un adolescent juif d’origine vénitienne, Lorenzo Luzzatto, né et élevé à New York, retourne sur les traces de ses origines et de la communauté hébraïque de la Cité de Doges et nous guide durant ce voyage. Accompagné de sa tante et de ses deux cousins vénitiens, il va découvrir un monde inconnu et l’incroyable richesse des échanges culturels dont le Ghetto fut le théâtre à l’époque moderne".


"Au XVIe siècle, Venise est une ville de 150 000 habitants, nettement cosmopolite. La communauté juive y est présente depuis des siècles, soumise à certaines époques à des restrictions de résidence, mais en règle générale libre de choisir son lieu d’habitation. Pourtant, le 29 mars 1516, le gouvernement décide de l’isoler du corps citadin. Les Juifs des différents quartiers de la ville doivent se regrouper dans le « Geto Nuovo », situé à Cannaregio. Le lieu est encerclé par des canaux. Deux portes, ouvertes le matin et refermées le soir à minuit par quatre gardiens chrétiens, donnent accès au quartier. Les habitants peuvent sortir dans la journée pour exercer leurs professions, mais la nuit seuls les médecins sont autorisés à le faire afin de soigner les patients hors les murs. Il s’agit là du premier « ghetto » dans l’histoire. À l’origine le terme de « geto » est celui d’un lieu-dit, mais ce nom sera dès lors associé au quartier juif vénitien, puis à tous les lieux de ségrégation".

"Au travers de ses rencontres et de ses pérégrinations cet adolescent nous fait traverser le temps et revivre tous les us et coutumes d'une communauté qui a façonné la ville et son art de vivre. Des spécialistes se concentre sur une question : les origines, les relations entre les Juifs et le gouvernement de la Sérénissime, entre les Juifs de cultures et langues différentes, les grands personnages du ghetto, les métiers autorisés, la Kabbale, la cuisine, l’aventure nationale italienne et les persécutions."

The Venice Ghetto, 500 years of lifereconstructs the history of the oldest ghetto of Europe, thanks to the memories and to the testimonies of “excellent” witnesses, custodians of the memory and of the complex evolution of the Jewish community in Venice. Each one will focus a theme such as the origins, the relationship between the Jews and the Government of the Serenissima, between Jews of different languages and cultures, the great figures in the history of the ghetto, the permitted trades, the money, the cabala, the food, the Jewish-Venetian language, the persecutions and integration. We will tell of the daily life, and some moments of identity: a Bar Mitzvah, and a funeral. We will discover the synagogues hidden behind the facades, seemingly anonymous, the ancient Jewish cemetery, and many other places strongly evocative of an ancient and polymorphic culture."

"The narrative track will follow the path of discovery of Lorenzo, a teenage Jewish boy from New York. Lorenzo is sent to Venice to learn about the origins of his mother’s family, closely related to the origins of life in the ghetto. Lorenzo will face this journey of discovery in the company of an Aunt and two young Venetian cousins who offer him the stimulus to enter more and more into a world unknown to him."

"The initial emotional displacement of the boy makes way for an always growing curiosity. This experience will offer Lorenzo a unique starting point to reflect and mature, his eyes will become gradually more attentive, more perceptive, more inquisitive, without ever losing the freshness and the natural sympathy of his age. Accustomed to a city in continual evolution, which leaves no strong traces of time behind it, Lorenzo remains fascinated by the stratification of the memories and the stories which unfold, and change from an alleyway to a field, to one synagogue to another. Stories which, sometimes take form, like revelations evoked by his imagination, thanks to a historical reconstruction realized in animation. All the characters, witnesses, people who have been met, will meet again in the final scene, in the Campo of the Ghetto, reading aloud the names of those who did not come back from the extermination camps. Lorenzo too is amongst them, participant in a experience which will be remembered forever."




Le 14 avril 2016 à 19 h, le MAHJ proposa Ghetto de Venise, 500 ans. Une rencontre avec Donatella Calabi, auteur du Ghetto de Venise, 500 ans (Liana Levi, 2016), dialoguant avec Fabio Gambaro, journaliste, écrivain et correspondant de la Repubblica à Paris. Donatella Calabi "est directrice du Comité scientifique du Cinquième Centenaire de l’institution du Ghetto de Venise et commissaire de l’exposition sur le même sujet au palais des Doges (juin-novembre 2016. Son ouvrage relate l’histoire de ce lieu clos, depuis son institution jusqu’au processus d’assimilation et met en lumière les relations qui, malgré la réglementation, existaient bien avec le reste de la société civile et avec le monde méditerranéen et d’autres États européens". "29 mars 1516. La Sérénissime impose aux Juifs de Venise de se regrouper dans le lieu-dit «Geto», à l’extrémité nord de la ville, sur une île encerclée par des canaux. Deux portes, ouvertes le matin et refermées le soir à minuit, donneront désormais accès à ce lieu. Les habitants pourront le quitter dans la journée pour exercer leur profession, mais la nuit seuls les médecins seront autorisés à sortir pour soigner les Chrétiens hors les murs. Le premier ghetto est né. Son appellation sera désormais associée à tous les lieux de ségrégation dans le monde. Aujourd’hui, 500 ans après, nous nous posons d’innombrables questions concernant cette mesure. Qu’est-ce qui l’a motivée? Comment la communauté juive l’a-t-elle acceptée? Était-elle d’ailleurs ressentie comme une contrainte ou comme s’inscrivant dans une politique générale de la République vénitienne vis-à-vis des communautés étrangères? Quelle a été la vie dans ce lieu de confinement durant les 300 ans qui ont précédé la suppression des portes par Napoléon ? Depuis l’institution du «lieu clos» jusqu’au processus d’assimilation, dans une approche qui englobe Venise dans son ensemble, ce livre met en lumière les relations qui, malgré la réglementation, existaient entre la Communauté et le reste de la société civile, et aussi la vie de la plus importante ville cosmopolite du bassin méditerranéen".

Un événement suivi de la projection du film Le Ghetto de Venise. Une histoire des Juifs de Venise, documentaire réalisé par Emanuela Giordano (Italie / France, 54 min). 

Le 25 octobre 2016, à 20 h 30, le Centre Yavné de Bordeaux proposa la conférence de Evelien Chayes, ingénieur, professeur et auteur, Venise et ses rabbins à l’époque de la première modernité - quand le ghetto attirait les Français "Pour le ghetto de Venise, les premières décennies du XVIIe siècle marquèrent une période non seulement de tensions voire de menaces d’expulsion, mais aussi une ère d’échanges culturels intenses avec des chrétiens. Parmi ces derniers il y eut une forte présence française. Les rabbins, quant à eux, semblent avoir été sollicités plus que jamais par ces visiteurs". Evelien enseigne actuellement à l’Université Bordeaux Montaigne. Elle est l’auteur de L’éloquence des pierres précieuses, (Paris, 2010) et co-auteur, avec G. Veltri, d’un livre sur le ghetto vénitien: Oltre le mura del Ghetto. Accademie, scetticismo e tolleranza nella Venezia barocca (Palermo, 2016).



Les 6 et 7 février 2018, le Centre d'art et de culture - Espace Rachi présenta "Un poisson nommé Venise" de et interprété par Eugenio de’ Giorgi. "Partant de cette donnée historique, Eugenio de’ Giorgi a écrit et interprété un spectacle qui en forme de monologue fait revivre de manière comique, les aventures tragi-comiques des personnages et des origines du Ghetto vénitien. L’objectif est celui d’affronter des thèmes comme la ségrégation et la persécution des juifs avec une approche totalement nouvelle par rapport à la mémoire tragique de l’Holocauste, ce qui ne signifie cependant pas ignorer la toujours présente gravité de l’antisémitisme. Dans les habits d’un conteur d’histoires, Eugenio de’Giorgi rappelle à la vie des personnages et des événements directement ou indirectement liés au Ghetto de Venise: à partir du frère dominicain Tommaso de Torquemada, qui lui fit chasser les juifs d’Espagne, au « marrane » Giuseppe Francoso, qui à cause de sa vie précaire… se fit baptiser quatre fois, de Leone Modena, le plus fameux et discuté rabbin vénitien, jusqu’à la poétesse Sara Copio Sullam dite la belle juive et au prophète Nathan de Gaza qui à Venise se fit passer pour le Messie  Shabtaï Tzvi. Eugenio de’ Giorgi a voulu traiter le sujet avec la verve et l’ironie habituelles qui caractérisent ses interprétations, sans oublier le ton et les couleurs de l’humour yiddish. C’est une occasion pour tirer une leçon du passé afin de tenter d’éviter que ces drames perdurent, même et surtout dans ces aspects du quotidien, offrant sujet et matière de réflexion pour le présent et le futur".

Arte

Arte diffusa le 24 janvier 2019, dans le cadre de la série documentaire "Des monuments et des hommes" (Stätten des Glaubens), "Les synagogues du ghetto de Venise" (Italien - Die Synagogen des Ghettos von Venedig) par Celia Lowenstein et Cécile Husson.

"Venise a abrité le premier ghetto du monde, qui compte aujourd'hui cinq synagogues. Le long des canaux, Saul Bassi, professeur de littérature, raconte l’histoire mouvementée de ses ancêtres fuyant les pogroms d’Allemagne pour venir fonder une communauté régie par des règles strictes et construire des synagogues".

 Dans le ghetto de Venise, la diaspora juive "cache les fastes de ses lieux de culte derrière d’humbles façades ». Le film insiste sur les conditions de vie des juifs dans ce ghetto fermé le soir et ouvert le matin au son des cloches, les immeubles surélevés pour abriter une communauté en expansion, les signes vestimentaires destinés à les différencier des chrétiens.

Les cinq synagogues se différencient par leur emplacement, décor et architecture, fondées par les Juifs ashkénazes, séfarades, portugais, "levantins" et italiens... Un point commun : leur discrétion extérieure. Chaque synagogue s'appelle une "scola".

La conquête de la Sérénissime par Napoléon Bonaparte en 1797 libère les juifs en supprimant les lois de l'Inquisition, et leur permet de devenir des citoyens vénitiens libres de circuler, d'exercer le judaïsme.


"Le ghetto de Venise. Une histoire des Juifs de Venise"
Italie / France, Tangram Film / Arsam International / Cerigo Films, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2015, 54 min - 68 min
l'Institut culturel italien de Paris le 26 janvier 2016
Sur Toute l'Histoire les 21 décembre 2015, 5 mars 2016, 28 juillet 2020 à 01 h 43, 28 juillet 2020 à 15 h 43, 30 juillet 2020 à 16 h 25, 1er août 2020 à 11 h 07, 5 août 2020 à 17 h, 8 août 2020 à 1 h 02
Visuels  © Tangram Film




"Les synagogues du ghetto de Venise" par Celia Lowenstein et Cécile Husson
France, 2018, 26 min
Sur Arte les 24 janvier 2019 à 17 h 35 et 31 janvier 2019 à 6 h 15
Visuels :
Si aujourd’hui le Gheto Vechio de Venise est devenu une destination touristique, la communauté juive vénitienne est bien vivante et préserve ses traditions.
Quartier historique d’une des plus anciennes communautés juives d’Europe, le Gheto Vechio abrite 5 synagogues construites entre le XVIème siècle et le XVIIème siècle, aux façades discrètes.
Le Ghetto de Venise est l’un des premiers endroits de L’Histoire où des habitants sont isolés, discriminés, surveillés, pour des raisons religieuses. C’est ici que le mot Ghetto trouve son origine.
Dans toutes les synagogues du Ghetto, des ouvertures ont été aménagées afin de laisser entrer la lumière naturelle et faciliter ainsi la lecture du livre sain. C’est une des raisons pour laquelle, elles sont construites sur les étages supérieures.
Credit : © ZED/ARTE

Jusqu’au 13 septembre 2015
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple. 75003 Paris
Tél. : (33) 1 53 01 86 60
Du lundi au vendredi de 11 h à 18 h. Dimanche de 10 h à 18 h. 
Visuels :
Affiche
Couronne de Torah, keter Torah
Italie, vers 1700, argent
Collection de la Communauté juive de Venise
© Fondazione Venetian Heritage

Coffre pour rouleau de Torah, tiq
Probablement Venise, XVIIIe siècle, bois doré et tissu - Collection de la communauté juive de Venise

Ornement de bâton de Torah, rimmon
Venise, début du XVIIIe siècle, argent - collection de la Communauté juive de Venise

Contrat de mariage, Ketoubbah
Conegliano/ Vénétie/ Italie, 1803 – gouache et écriture manuscrite à l'encre sur parchemin
Mahj, fonds du musée d’art juif de Paris

Chandelier mural pour la fête des Lumières (Hanoukkah)
Probablement Venise, fin du XIXe siècle, bronze
Collection de la communauté juive de Venise

Bras de lumière applique
Giovanni Fantinidella Torah (orfèvre vénitien)
Venise, 1851, argent et bois
Collection de la communauté juive de Venise

Intérieur de la Scuola Tedesca avec la galerie réservée aux femmes (matronée) et l’aron où sont placés les rouleaux de la Loi, Venise.

A lire sur ce blog :
Shoah (Holocaust)
Les citations proviennent du dossier de presse. Cet article a été publié le 13 septembre 2015, puis les 18 décembre 2015,  26 janvier, 24 mars, 14 avril et 25 octobre 2016, 6 février 2018, 24 janvier 2019.