Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 20 août 2010

Interview sur Radio Chalom Nitsan le 8 juillet 2010


J’ai aussi annoncé l’inauguration en 2012 du futur musée d’histoire des juifs de Pologne.


A lire sur mon blog :
Mon interview sur Radio Chalom Nitsan le 25 mars 2010 sur le projet Aladin, et sa conférence de lancement « islamiquement correcte », ainsi que sur des Arabes et musulmans modérés, et l’assassinat de Sébastien Selam


Cet article a été modifié le 16 novembre 2011.

dimanche 15 août 2010

La Cour d’appel de Paris demande à France 2 les rushes sur l’incident al-Dura

Depuis le printemps 2010, mes centaines d’articles publiés par Guysen de 2002 à 2009, sauf un, ont disparu de son site Internet.
Parmi ces très nombreux articles, les éditoriaux écrits avec Guy Senbel, alors rédacteur en chef de Guysen.
Interrogé, Guysen ne m’a donné aucune explication.
Je publie ces articles sur mon blog.

La Cour d’appel de Paris a examiné le 19 septembre 2007 l’appel formé par Philippe Karsenty, directeur de l’agence de notation des médias Media-Ratings (M-R), condamné pour diffamation dans l’affaire al-Dura qui l’oppose à France 2 et à son correspondant à Jérusalem, Charles Enderlin. Devant les incohérences du reportage de France 2 diffusé le 30 septembre 2000 et soulevées par l’appelant, la Cour a demandé aux intimés - la chaîne publique et son journaliste - de lui fournir les 27 minutes de rushes afin de savoir si cette chaîne a alors diffusé des images mises en scène et ne correspondant pas à la situation réelle au carrefour de Netzarim, à l’automne 2000.

Les faits sont têtus. Les juges aussi, et les rushes incontournables.
Telle pourrait être la conclusion de l’audience pleine de rebondissements devant la 11e chambre de la Cour d’appel de Paris présidée, avec une autorité constante dans sa fermeté, par Laurence Trébucq.

Celle-ci s’oppose d’abord à la présentation du document composé d’extraits d’images de France 2 sur le grand écran amené par Philippe Karsenty. Elle veut voir les images présentées par France 2 à l’époque des faits. Toutes, dans leur ordre de diffusion, et non un montage.

« L’icône médiatique de l’Intifadah II »

Dès la fin du résumé de l’affaire par une conseillère de la Cour, Me Marc Lévy, avocat de Philippe Karsenty, explique les raisons pour lesquelles il demande la communication des rushes du reportage incriminé et leur expertise technique :
« Le TGI estime : « Vous ne pouvez pas inférer de ce que 90% des images des rushes sont des scènes [de guerre] jouées, que les 10% restants sont aussi des images de scènes jouées ». Pour apprécier ceux-ci, il faut une expertise euh... afin de déterminer euh... s’il s’agit euh... du même lieu, s’il y a eu des coupes, euh... des actions répétées. Déjà, 90%, c’est une forte indication... Il faut un minimum de loyauté euh... dans les débats judiciaires en matière de diffamation. Le Parquet s’était ému [du refus de France 2 de communiquer ses rushes] ».
Une argumentation qui ne convainc pas l’avocat général, Antoine Bartoli, qui susurre :
« Sont poursuivis les propos imputés à Philippe Karsenty, pas les rushes. Pour apprécier ses affirmations [notamment dans son communiqué de presse du 22 novembre 2004], il faut se placer au moment où ses propos ont été tenus, sans avoir connaissance des rushes. Qu’apporterait l’expertise technique en matière de diffamation ? »
« Cette communication n’a pas lieu d’être », assène Me Bénédicte Amblard qui campe sur cette position depuis un an. Et d’ajouter dédaigneusement : « La France n’a pas à déférer à la demande de Philippe Karsenty qui juge que c’est un élément important ! C’est sans incidence et sans fondement pratique ». Et d’alléguer une instrumentalisation par l’agence de presse Metula News Agency (MENA). Et de citer à son renfort la journaliste Elisabeth Schemla.

Me Marc Lévy précise pourtant que l’historien américain « Richard Landes a pu voir ces rushes, et euh sur la foi de ses déclarations, Philippe Karsenty a mené son enquête et tenu ses propos ».

La présidente est dubitative, et prononce une suspension d’audience.
Au bout d’une dizaine de minutes, la Cour « joint l’incident au fond et se réserve la possibilité d’y revenir lors des débats ».

Donc, sur le petit écran du poste de télévision placé près des magistrats, vont défiler les images des reportages diffusés par France 2 lors de ses JT à l’automne 2000. Certaines de ces images ont été qualifiées en novembre 2004 par Philippe Karsenty notamment de « faux reportage » et « d’imposture médiatique ». Des qualificatifs à l’origine de la plainte de France 2 et de son journaliste en décembre 2004 contre X, puis contre Philippe Karsenty.

Dès l’abord, Laurence Trébucq refuse de confier la télécommande à l’appelant qui souhaite effectuer des arrêts sur images et analyser certaines images : « M. Karsenty n’est pas maître du jeu ».

30 septembre 2000. Charles Enderlin commente ainsi un reportage de 50 secondes du cameraman palestinien Talal Abu Rahma diffusé par le JT de France 2 : « Près de l’implantation de Netzarim (bande de Gaza)… Jamal et son fils Mohamed (12 ans) sont la cible des tirs venus des positions israéliennes. Son père tente de le protéger... Une nouvelle rafale. Mohamed est mort et son père gravement blessé ».

Très vite, Philippe Karsenty, tendu, va lister avec clarté, en mots simples, les principales bizarreries et incohérences des images diffusées par les JT de France 2 à l’automne 2000.

Lesquelles ? « Une ambulance qui démarre deux secondes après qu’un Palestinien soit touché ? Les al-Dura se sont rendus à un marché de voitures d’occasion, alors que ce jour-là était décrété grève générale, donc tous les magasins étaient fermés. L’impact rond des balles qui viennent d’en face, donc de la position palestinienne. L’absence de tirs en provenance de la position israélienne, malgré les affirmations de Charles Enderlin. L’absence de sang [sur les corps] alors que Mohamed al-Dura aurait été touché par trois balles, et son père par 12. Des images floues. L’incohérence des mouvements de l’enfant présumé mort. Le cameraman de Reuters est à un mètre des al-Dura, et n’est pas touché par la pluie de balles. Y a-t-il eu 40 ou 45 minutes de tirs ? »

Me Bénédicte Amblard montre de légers signes d’agacement. Au fur et à mesure des questions pressantes, de plus en plus précises, de la présidente, son teint pâlit et ses joues s’empourprent. L’audience ne se déroule pas aussi facilement qu’à l’automne 2006.

La présidente est curieuse. On peut suivre aisément sa démarche intellectuelle dans la recherche de la vérité, dans sa volonté de distinguer les images authentiques des images jouées par les Palestiniens. On peut aussi repérer ses difficultés à trouver les mots pour désigner ces deux genres d’images par ses tâtonnements linguistiques.

« Les critères de PHILTRE ont été violés [selon Philippe Karsenty]. Les scènes diffusées le 30 septembre font parties des fameux rushes que Philippe Karsenty n’a pas pu voir. Parmi ces rushes, y a-t-il des mises en scène qui éventuellement ont été diffusées par France 2 ? », questionne la présidente de la Cour. C’est LA question au centre des débats.

« Non », répond aussitôt Me Bénédicte Amblard.

Un spectateur s’indigne à mi-voix : « La scène de l’ambulance est jouée ! »

« Le cameraman a-t-il été entendu ? », s’enquiert la présidente de la Cour.

« Non », précise Me Marc Lévy, avant d’indiquer que Talal Abu Rahma s’est rétracté le 30 septembre 2002, après avoir initialement affirmé sous serment le 3 octobre 2000 : « L’enfant a été tué intentionnellement et de sang-froid par l’armée israélienne ».

La présidente de la Cour regarde le plafond, demeure songeuse, embarrassée, silencieuse, puis décide : « La Cour va se retirer ».

De retour dans la salle d’audience, la présidente annonce à la surprise générale : « La Cour estime devoir voir ces rushes ». Laurence Trébucq demande s’il sera possible de les produire lors d’une prochaine audience, et prévoit une audience au fond, après avoir envisagé une expertise.

Me Bénédicte Amblard exprime ses réticences, tout en précisant que ces rushes sont à Paris. Voici quelques jours, Charles Enderlin a invité Ben-Dror Yéméni, rédacteur en chef de la rubrique Opinion de Maariv, à visionner chez lui (’’at home’’), en Israël, ces rushes…

La présidente réitère sa demande en usant de l’euphémisme : « C’est un souhait de la Cour ».

Nouvelle pause pour permettre à Me Bénédicte Amblard de demander à ses clients de lui indiquer un délai pour communiquer ces rushes.

Nouvelle reprise d’audience.

L’avocate des intimés déclare n’avoir pas pu joindre ses clients.

La Cour rendra un arrêt le 3 octobre 2007. Elle prévoit de visionner ces rushes le 14 novembre 2007 et entendra les parties sur le fond le 27 février 2008.

Une affaire emblématique

Curieusement, la défense de France 2 et de Charles Enderlin demeure immuable, figée dans un refus de plus en plus problématique, préjudiciable à tous : pas de communication des rushes. Sans avoir perçu que le contexte a changé et que l’affaire al-Dura ternissait l’image de la France dans le monde, et au premier rang celle de la chaîne du service public.

Le 14 août 2007, Richard Prasquier, nouveau président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), a demandé à France 2 ces rushes.

Le 10 septembre 2007, l’armée israélienne les a demandés également. Daniel Seaman, directeur du bureau de presse du gouvernement israélien (Government Press Office), avait qualifié le ’’meurtre ’’ de Mohamed al-Dura de canular.

ZOA (Organisation sioniste d’Amérique), CAMERA (Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America) et l’association américaine StandWithUs exhortent à attirer l’attention du Président de la République Nicolas Sarkozy sur le refus de France 2 de communiquer ses rushes. Un chef d’Etat dont la lutte, en tant que ministre de l’Intérieur, contre l’antisémitisme en France est louée par les grandes associations juives outre-Atlantique.

En près de quinze jours, la pétition ''France 2: Release the Secret Muhammad al Durah Tapes! '' destinée à Patrick de Carolis, le président de France Télévisions, et lisible sur le site de Petitiononline, a recueilli déjà 4 533 signatures (Ndlr : 8 655 au 12 août 2010), et pas seulement en France.

Si aucun journaliste de grands médias français n’est présent lors de cette audience devant la Cour d’appel de Paris, TheMediaLine, FrontPageMagazine, The Jerusalem Post, Maariv, The Washington TimesA possible hoax », un canular possible)… évoquent sur un ton alarmant l’affaire al-Dura - ’’La mort de Mohamed [al-Dura] a été un évènement médiatique mis en scène visant à ternir la réputation de l’Etat d’Israël et à le diaboliser aux yeux de la communauté internationale en montrant les soldats israéliens comme des tueurs ciblant délibérément des enfants… Cette histoire a causé un dommage à l’honneur et à la dignité de l’Etat d’Israël, et a induit une violence et un terrorisme gratuits contre les Juifs en Israël et dans le monde’’. Et d’évoquer l’assassinat barbare de deux soldats réservistes israéliens, Yosef Avrahami et Vadim Norzhich, le 12 octobre 2000, celui du journaliste américain juif Daniel Pearl en janvier 2002…

Or, la seule transmission de ces rushes suffirait à mettre un terme à la polémique qui enfle dans le monde entier depuis des années, incitant certains à lister les points communs avec l’affaire Dreyfus : implication d’une institution publique nationale, accusation grave – meurtre d’un enfant - portée contre des soldats de l’Etat juif, antisémitisme attisé. Mais, dans l’affaire al-Dura, pas de Zola, ni de Clémenceau… Simplement des personnes isolées qui se battent, sur divers continents, pour faire éclater la vérité.

En persistant dans son refus, France 2 met dans une situation inconfortable Patrick de Carolis, président de France Télévisions et co-auteur avec Bernadette Chirac du livre Conversation (Plon). Un dirigeant que, selon Le Canard enchaîné, l’Elysée aimerait bien remplacer…

France 2 ne répond pas ainsi au souci de transparence des citoyens qui s’interrogent sur le rôle des médias, leur crédibilité, leurs devoirs, leur éthique et leurs responsabilités, leur impartialité ou leur implication dans des causes partisanes.

Pallywood, la propagande médiatique palestinienne
L’incident al-Dura s’est-il produit tel que Charles Enderlin et Talal Abu Rahma l’ont décrit ou est-il une des nombreuses scènes de guerre de Pallywood, cette industrie palestinienne de la propagande ?

Pallywood ? C’est un néologisme forgé à partir de Palestine et Hollywood par l’historien américain Richard Landes pour désigner la production d’images de la propagande de l’Autorité palestinienne (AP) visant à ternir l’image d’Israël. Peut-être et malheureusement la seule réussite de l’AP.

Une quasi-industrie médiatique et un secret de Polichinelle. Une fabrication ad nauseam de ces images fausses haineuses (faux-tos) qui n’a rien à envier à Hezbollywood. Mais qui ne serait rien sans ses relais et reprises éventuelles par des médias dans le monde entier. Et avec des conséquences terribles.

Pallywood produit ces saynettes filmées interprétées par des acteurs amateurs, dans des décors réels, avec des réalisateurs peu ou prou professionnels, selon des scénographies manichéennes, rôdées, pillées dans la Bible, voire répétitives (foule courant), des sons récurrents (alarmes des ambulances, tirs d’armes), des stéréotypes lassants.

Des exemples ? Une Palestinienne face à un char israélien, un gamin palestinien lançant une pierre en direction de soldats israéliens avec sa fronde...

Un raté de Pallywood : le prétendu mort palestinien qui tombe à deux reprises de son linceul, et y remonte prestement, provoquant la panique de la foule qui accompagne le faux cortège funéraire !

L’incident al-Dura est-il une de ces saynètes qui a eu le malheur d’être prise pour authentique et d’induire tant de tragédies ?

Mohamed al-Dura est-il un martyr de la Cause palestinienne ? Ou l’enfant appelé ainsi est-il un acteur amateur d’une historiette filmée et diffusée comme authentique ?

Ces questions seront au centre des prochains débats judiciaires.

Combien de ces acteurs de scènes de guerre jouées dans le macabre décompte diffusé par les Palestiniens et repris souvent sans contestation par de nombreux médias ?

Combien de cameramen palestiniens qui, comme Talal Abu Rahma, considèrent leur « métier comme un moyen de défendre la cause palestinienne » ?

Combien de médias ont présenté des saynettes de guerre jouées comme authentiques, soit involontairement, soit par ignorance, ou par crédulité, par confiance, par militantisme, par complicité, par peur de représailles, par la vanité aveuglante et imprudente de détenir un scoop ?

Si cet incident a été joué et a si bien fonctionné, cela révèlerait-il l’absence d’un contrôle efficace dans la chaîne journalistique et que les esprits étaient prêts à accepter ces images et leur commentaire ?
Si l’on enlevait toutes ces saynètes palestiniennes jouées et présentées comme faits authentiques, s’apercevrait-on du très lourd tribut humain – depuis septembre 2000, 1134 (Ndlr : 1190 au 15 août 2010) personnes assassinées, essentiellement des civils, et notamment des enfants, parfois des bébés – infligé aux habitants de l’Etat juif par le terrorisme palestinien, soutenu, financé – via notamment une manne internationale - et encouragé par l’Autorité palestinienne ?

Un tribut minoré dans les comparaisons avec des statistiques palestiniennes qui seraient désormais, comme leurs images, ô combien sujettes à caution…


Vous pouvez voir l’enquête vidéo sur l’affaire al-Dura à http://www.guysen.com/tv/?vida=1779


A lire sur le blog :
Une manifestation calme pour remettre le Prix de la Désinformation à Charles Enderlin et France 2

La justice française se prononcera sur les images controversées de « la mort de Mohamed al-Dura »

Interview de l'historien Richard Landes sur l'affaire al-Dura

Interview du psychanalyste Gérard Huber sur l’affaire al-Dura

Pas d’antisémitisme en France ?

Le sénateur Jean-Pierre Plancade a interpellé Rémy Pflimlin, futur président de France Télévisions, sur l’affaire al-Dura


Autres références :

Gérard Huber, Contre-expertise d’une mise en scène, Editions Raphaël. Paris, 2003. 252 pages. ISBN 2-87781-066-6

Qui a tué Mohamed al Dura ? Documentaire de Esther Schapira. DVD, ASIN: B000E6TYTI

Revues de presse sur l'affaire al-Dura sur Debriefing et Desinfos

Dossiers sur l'affaire al-Dura par :
CAMERA (Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America)
- HonestReporting
- Media-Ratings
- la Mena
- l'UPJF

Articles dans Causeur (France 2 fait lanterner le CRIF) et sur le site Sefarad
Sites de l'historien Richard Landes :
http://www.seconddraft.org/movies.php
http://www.theaugeanstables.com/

Photos de haut en bas :

« Mohamed al-Dura » présumé mort.

L’entrée de la 11e chambre de la Cour d’appel de Paris.

Philippe Karsenty

« Mohamed al-Dura » présumé mort lève son coude.

Logo de France 2

Les grilles du jardin du Luxembourg lors de l’exposition Objectif Une : un demi-siècle vu par L’Express (2004). La légende du cliché des al-Dura, indiquait en français, anglais et espagnol : « 30 septembre 2000. Jamal al-Dura et son fils Mohamed, âgé de 12 ans, se protègent des balles israéliennes. L’enfant sera tué ». Des passants ont supprimé les mots « israéliennes, tué ». Des barrières métalliques ont été mises pour protéger le texte. L’autre photo représente l’un des assassins barbares de deux soldats réservistes israéliens, Yosef Avrahami and Vadim Norzhich, qui s'étaient égarés le 12 octobre 2000, et elle est ainsi légendée : « Un Palestinien montre ses mains trempées dans le sang de deux soldats israéliens lynchés dans un poste de police à Ramallah, en Cisjordanie ».

Pallywood, selon des sources palestiniennes…

Le journaliste juif américain Daniel Pearl égorgé en janvier 2002 par des terroristes islamistes, avec des images des "al-Dura". © DR
 
Couverture de La douleur et la colère, le terrorisme palestinien vise les enfants d’Israël (The Outrage and the Pain, Target: Israeli Children, Scores of Israeli Children Have Been Deliberately Murdered by Palestinian Terrorists), livre publié par le centre d’information du département des Affaires étrangères au sein du ministère israélien de l’Education et le KKL (janvier 2003)

mercredi 11 août 2010

La justice française se prononcera sur les images controversées de « la mort de Mohamed al-Dura »


Depuis le printemps 2010, mes centaines d'articles publiés par Guysen de 2002 à 2009, sauf un, ont disparu de son site Internet.
Parmi ceux-ci, les éditoriaux écrits avec Guy Senbel, alors rédacteur en chef.
Interrogé, Guysen n'a donné aucune explication.
Je les publie sur mon blog.


Le 30 septembre 2000, la chaîne France 2 diffusait un reportage commenté par son correspondant à Jérusalem, Charles Enderlin, et portant sur « la mort d’un enfant palestinien [Mohamed al-Dura] attribuée à des tirs israéliens ». Ces images étaient ce 15 septembre 2006 au centre des débats devant un tribunal pénal parisien. France 2 et Charles Enderlin y poursuivaient pour diffamation Philippe Karsenty, directeur de l’agence de notation des médias Media-Ratings (M-R), en raison de deux textes de novembre 2004. La défense et la procureur de la République ont souligné les interrogations suscitées par ces images devenues emblématiques de l’Intifadah II.


C’est le premier des trois procès intentés par France 2 et M. Enderlin et qui se dérouleront, en deux mois, sur ces images célèbres et controversées devant la 17e chambre corrrectionnelle du Tribunal de grande instance de Paris, une chambre spécialisée dans le droit de la presse.

C’est dire à quel point, six ans après la diffusion de ces images, cette audience était attendue et le futur jugement risque d’être déterminant sur l’issue des deux procès suivants.

Et pourtant, hormis notamment des journalistes du Figaro et de The International Herald Tribune, les médias étaient singulièrement rares.

Avant de se concentrer sur les images elles-mêmes, le tribunal a examiné la demande de nullité de la citation pour non respect d’un délai légal. Un argument qui n’a pas convaincu Sandrine Alimi-Uzan, procureur de la République.

La défense a estimé que l’infraction ne serait pas caractérisée en raison de l’absence de publicité d’un communiqué de presse de M-R du 26 novembre 2004 envoyé par mail à des journalistes et jugé diffamatoire par les demandeurs. Un argument que la procureur de la République a laissé à l’appréciation des juges présidés par Joël Boyer.

Une affaire aux multiples rebondisssements

30 septembre 2000. France 2 diffuse dans son journal télévisé de 20 heures un reportage de 50 secondes du cameraman palestinien (ou fixer) Talal Abu Rahmé commenté par Charles Enderlin : « Près de l’implantation de Netzarim (bande de Gaza)… Jamal et son fils Mohamed (12 ans) sont la cible des tirs venus des positions israéliennes. Son père tente de le protéger... Une nouvelle rafale. Mohamed est mort et son père gravement blessé ».
L’image circule dans le monde entier.

Le 3 octobre 2000, Tsahal admet qu’un soldat israélien ait pu involontairement atteindre l’enfant et présente ses excuses. Talal Abu Rahmé (ou Rahma) affirme sous serment : « L’enfant a été tué intentionnellement et de sang-froid par l’armée israélienne ».

Le Major-Général Yom Tov Samia, commandant de la région militaire sud, demande de clarifier les faits à une commission dirigée par l’ingénieur Yosseff Doriel, vite écarté, et le physicien, expert en balistique et en technologies de prises de vues, Nahum Shahaf. Celui-ci interviewe la plupart des protagonistes, tient compte de l’angle de tir des soldats israéliens, etc.

De cette enquête, le Maj-Gal Samia conclut : « Il est possible que l’enfant ait été frappé par des balles palestiniennes ».

L’image du « petit Mohamed » devient l’icône de l’Intifada II.

Ce reportage suscite des doutes, et des enquêtes dès 2000 de Nahum Shahaf, physicien israélien, de Stéphane Juffa, rédacteur en chef de l’agence de presse Mena (Metula News Agency). Au sein de la Ména, Gérard Huber, psychanalyste, et Luc Rosenzweig, journaliste, poursuivent leurs investigations. Nahum Shahaf et la Ména contestent l'authenticité des faits allégués dans ce reportage, et concluent, au terme de leurs démonstrations, à la mise en scène. Le film de la Mena, « Al-Dura : l’enquête » (2002), et le livre de Gérard Huber « Contre-expertise d’une mise en scène » (Editions Raphaël, 2003) démontrent notamment « la mise en scène de l’évènement ».

Dans son documentaire Trois balles et un enfant mort. Qui a tué Mohamed al-Dura ? diffusé en 2002 par ARD, Esther Schapira, documentariste allemande, soutient que l'enfant serait mort vraisemblablement par des balles palestiniennes. 

C'est Richard Landes, historien américain, qui parvient à interviewer Charles Enderlin, et forge le néologisme Pallywood pour désigner l'industrie audiovisuelle palestinienne de propagande

La polémique sur ce reportage controversé est alimentée par le long refus de France 2 de rendre publics les rushes du reportage, et les versions successives de Talal Abu Rahma qui, le 3 octobre 2000, affirme sous serment, au Centre palestinien des droits de l’homme : « L’enfant a été tué intentionnellement et de sang-froid par l’armée israélienne », puis se rétracte le 30 septembre 2002, soit deux ans plus tard, dans un fax adressé à France 2 Jérusalem : « Je n’ai jamais dit à l’Organisation palestinienne des droits de l’homme à Gaza que les soldats israéliens avaient tué intentionnellement et en connaissance de cause Mohamed al-Dura et blessé son père ».

2 octobre 2002. A Paris, le Prix de la désinformation est remis à France 2 et Charles Enderlin par un Collectif d’associations.

Des journaux réputés et divers sites internet – laveritemaintenant.org, seconddraft.org - se font l’écho des interrogations sur l’affaire al-Dura.

22 octobre 2004. France 2 présente les 27 minutes de rushes tournés le 30 septembre 2000 par Talal Abu Rahmé à Denis Jeambar, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire L’Express, Daniel Leconte, journaliste-producteur à la chaîne Arte, et Luc Rosenzweig, journaliste retraité et ancien critique télévisé du Monde.
18 novembre 2004. Embarrassée par l’affaire al-Dura, France 2 organise une conférence de presse pour expliquer sa position. Arlette Chabot, sa directrice de l’information, reconnaît qu’on ignore l’origine des tirs. Lors de cette conférence de presse est projeté un court film de Talal Abu Rahma.  Celui-ci a filmé en octobre 2004 des cicatrices de Jamal al-Dura, à son domicile gazaoui.

22 novembre 2004. M-R publie « France 2 : Arlette Chabot et Charles Enderlin doivent être démis de leurs fonctions immédiatement », un des deux textes jugés diffamatoires. Dans ces deux textes électroniques de novembre 2004, Philippe Karsenty, directeur de l’agence de notation des médias Media-Ratings, qualifie en particulier d’« imposture médiatique », de « faux reportage », « pure fiction » et « supercherie » ce reportage controversé et exhorte aux licenciements de Charles Enderlin et d’Arlette Chabot, alors directrice de l’information de France 2.

Ceux-ci portent plainte contre lui pour diffamation.


Le 25 janvier 2005. Dans leur tribune Al-Dura: Guet-apens dans la guerre des images publiée par le quotidien Le Figaro, Denis Jeambar et Daniel Leconte « constatent [l’inexistence de] la fameuse agonie, qu’Enderlin affirme avoir coupée au montage et [relèvent] les mises en scène avant la fusillade. Au moment où Charles Enderlin donne le gamin pour mort, tué par les Israéliens, c'est-à-dire le soir même sur le journal de France 2, rien ne lui permet d'affirmer qu'il est vraiment mort et encore moins qu'il a été tué par des soldats israéliens ».

Condamné le 19 octobre 2006 par le Tribunal de Grande instance de Paris, Philippe Karsenty interjette appel. 

 Des questions qui interpellent
« Absence d’enquête palestinienne et d’image du moment où le petit Mohamed al-Dura est mortellement touché, ignorance de Charles Enderlin de la localisation de la position militaire israélienne trois ans après l’incident ». Ces lacunes alliées aux questionnements, doutes, incohérences, ont été égrenés par Philippe Karsenty et les quatre témoins de la défense.

Ceux-ci les ont étayés d’exemples puisés notamment dans les extraits des films présentés à la justice, dont celui de la Mena.

« Il n’y a pas d’impact de balle ni de sang sur les corps de l’adulte et de l’enfant. Le comportement de l’enfant change. Le principal témoin, le cameraman palestinien Talal Abu Rahmé, s’est désavoué [en 2002] », relevait Gérard Huber.
Quant au journaliste Luc Rosenzweig, collaborateur à la Mena, il s’étonnait : « Sur les 27 minutes de rushes, il y a 23-24 minutes de scènes sans rapport avec [les al-Dura]. Pour l’essentiel, ce sont visiblement des mises en scène ».

« J’ai visionné avec Charles Enderlin ces images. J’ai évoqué avec lui les mises en scènes palestiniennes. Il m’a répondu : « Ils font toujours comme cela ». J’ai été choqué. Je lui ai demandé : « Si toutes les scènes [des rushes] sont jouées par les Palestiniens, pourquoi celle du petit Mohamed ne serait-elle pas elle aussi jouée ? ». Il m’a répondu : « Les Palestiniens ne sont pas assez fûtés pour cela », a témoigné Richard Landes, historien américain et responsable du site Seconddraft.org (Ndlr : deuxième jet).

Dans ce site, il démonte les techniques médiatiques de Pallywood, ce « secret public », cette industrie de la propagande palestinienne qui fabrique des « saynètes de guerre jouées ».

Francis Dalle, ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et universitaire spécialiste des médias, a déploré le refus de France 2 de montrer ses rushes, ce qui empêche « de dégager la vérité ». Il a exhorté à « ne pas déroger aux règles sacrées du journalisme : ne pas publier tant que toutes les preuves n’ont pas été rapportées ».

Tactique prudente ? Me Bénédicte Amblard n’a pas interrogé les témoins de la défense.

Elle a paru bien seule, sans témoin oral, et en l’absence de responsable(s) de ses clients.

Elle a appelé à « apprécier le faux allégué au 30 septembre 2000. On est là à quelques heures du drame. On réagit à chaud ».

Me Bénédicte Amblard a axé sa plaidoirie sur la thèse d’une « entreprise de déstabilisation » qui viserait « une chaîne de diffusion nationale et un journaliste reconnu » et émanerait de personnalités liées à la Mena, un média « partisan aux thèses grotesques ».

Pourquoi poursuivre Philippe Karsenty, pour ces expressions estimées diffamatoires - « scènes jouées », « diffusion de faux reportage » ou « imposture médiatique » - et non Gérard Huber, auteur du livre au titre significatif « Contre-expertise d’une mise en scène » et faisant état des mêmes éléments problématiques ? « La critique est distincte de la diffamation. On est [avec M-R] au-delà d’un débat légitime », répondait Me Bénédicte Amblard.

Curieusement, devant une « campagne de diffamation depuis des années », elle n’a demandé qu’un euro de dommages-intérêts.

« Une réflexion sur la déontologie des médias »

Puis vint le coup de théâtre ! Sandrine Alimi-Uzan, procureur de la République, demanda la relaxe du prévenu, arguant de sa bonne foi et du sérieux de son enquête.

Au « quatrième pouvoir dans nos sociétés de communication », elle a rappelé ses « responsabilités à l’égard de populations qui absorbent les informations construites par les médias », a fortiori dans un « contexte ultra sensible et de guerre des images ».

Représentant la société civile, la procureur a prononcé un réquisitoire très sévère … à l’égard de France 2 et Charles Enderlin.

Elle a reconnu des « éléments relativements troublants au soutien des déclarations du prévenu. Les éléments sur les trajectoires des balles interpellent le tribunal. L’absence de la scène d’agonie est un mystère ».

Quant au travail de Nahum Shahaf, « on ne peut le réfuter sur le simple fait que ce scientifique est israélien et ne va pas dans le sens de France Télévision ! »

Enfin, « en matière de reporter de guerre, la jurisprudence unanime [impose] un minimum de vérification, de prudence avant de fournir l’information au public. Il semble que ce [30 septembre] l’interprétation des faits ait été hardie ».

C’est le refus de transparence des demandeurs que la procureur a stigmatisé : c’est sur « les parties civiles, à l’origine de la plainte, [que pèse] la charge de la preuve des allégations avancées. J’éprouve un sentiment de déception, de frustration en raison de la non présentation des rushes. On ne comprend pas pourquoi un journaliste prestigieux ne [les] fournit pas. [Il est dans] l’intérêt légitime du public d’être informé ».

Pallywood n’était pas inconnu de la procureur : « Il y a deux-trois ans, j’ai découvert ces mises en scène dans une émission télévisée de décryptage des images. Un Palestinien tombait de sa civière et y remontait ».

Avec un tel appui, Me Pierre-Louis Dauzier, avocat de Philippe Karsenty, n’avait plus qu’à résumer ses arguments et à mettre l’accent sur le terrible impact de ces images qui ont servi à « justifier entre autres des actes terroristes ».

Philippe Karsenty a conclu : « Je ne peux pas prouver qu’un évènement qui n’a pas eu lieu ne s’est pas produit. Des faits survenus le 30 septembre 2000, ne restent que des images. Analysons-les. France 2 essaie d’instrumentaliser la justice pour faire valider des images qui posent problème ».

Le jugement sera rendu le 19 octobre 2006.

Au sortir de l’audience, un journaliste a semblé expliquer la position de la procureur de la République par sa religion supposée. Non convaincu, je lui ai fait remarquer que cette confession supposée serait alors commune à celle attribuée à Charles Enderlin…



Addendum

Le 19 octobre 2006, le Tribunal correctionnel de Paris a condamné Philippe Karsenty, directeur de la publication de l’agence de notation des médias, Média-Ratings, pour diffamation à l’égard de France 2 et de son correspondant en Israël, Charles Enderlin, au sujet de l'affaire ''al-Dura''.

Il a été condamné à une amende de 1 000 euros, à verser à chaque partie civile un euro de dommages intérêts et à la chaîne publique et à son journaliste ensemble 3 000 euros au titre de l’article 475-1 du code de procédure pénale.

Il a confié à Guysen : ’’C’est un jour sombre pour la France. La justice française a validé une information fausse. Nous allons rendre publiques nos preuves et souhaitons que ces dernières soient diffusées le plus largement possible par des médias’’.

M. Karsenty a immédiatement interjeté appel de ce jugement.


A lire sur le blog :

Pas d’antisémitisme en France ?

Autres informations :

Véronique Chemla, Media-Ratings, la Première Agence de Notation des Médias est née,
http://www.guysen.com/articles.php?sid=2459

Gérard Huber, Contre-expertise d’une mise en scène, Editions Raphaël. Paris, 2003. 252 pages. ISBN 2-87781-066-6

Qui a tué Mohamed al Dura ? Documentaire de Esther Schapira. DVD, ASIN: B000E6TYTI

Dossier de Media-Ratings sur l'affaire al-Dura

Revue de presse sur l'affaire al-Dura

Dossier sur l'affaire al-Dura par CAMERA (Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America)

Richard Landes :


Article modifié le 12 août 2010 à 21h 30