Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 5 décembre 2012

Deux Prix 2009 porteurs d’avenir de la Fondation France-Israël


A lire ou/et écouter : les discours de Nicole Guedj, présidente de la Fondation France-Israël, et de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères lors du diner de cette Fondation dans une salle, composée essentiellement de convives Français Juifs, de l'ambassadeur d'Israël Yossi Gal et de hauts diplomates, du Quai d'Orsay, le 29 novembre 2012.
La nuit où la France vote pour le statut d'Etat observateur non membre à la Palestine à l'ONU, Nicole Guedj évoque "65 ans d'amitiés entre la France et Israël" (!?), "le soutien et l'amitié" du président François Hollande pour Israël (il ne l'a jamais visité, Nda), mais omet le vote annoncé de la France pour  une Palestine ayant statut d'Etat observateur non-membre de l'ONU.
Laurent Fabius tente de justifier ce vote scandaleux.
Les convives applaudissent souvent...
 
Le 11 juin 2009, l’Ecole normale supérieure (Paris) a accueilli la cérémonie de remise du 2e Prix de l’excellence de la recherche scientifique de la Fondation France-Israël.

« Ce prix est remis chaque année, à un jeune chercheur israélien et un jeune chercheur français ayant excellé dans leurs domaines de compétences respectives ».

Le « prix a pour but de mettre en valeur et de rapprocher des scientifiques ayant œuvré dans les mêmes sphères de recherche et ayant été reconnus pour la qualité de leurs travaux respectifs. Il a également pour vocation de promouvoir au développement des échanges scientifiques entre les deux pays ».

Partenaires du Prix : ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, CNRS (Centre national de la recherche scientifique), INRA (Institut national de la recherche agronomique), CEA (Commissariat à l'énergie atomique) et ADEME (Agence de l'Environnement et de la maitrise de l'énergie). 

Coopération scientifique comme vecteur d’amitié et de paix
Monique Canto-Sperber, sa directrice, a affirmé que « les obstacles rencontrés par l’Etat d’Israël dans ses ambitions n’arriveront pas à éloigner la communauté scientifique israélienne » de son homologue française.

Placée sous le haut patronage de Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, représentée par François Decoster, son conseiller diplomatique, et sous la présidence d'honneur de Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de Physique 1997, cette cérémonie a eu lieu en présence de nombreuses personnalités dont Daniel Shek, ambassadeur d'Israël en France, et Nicole Guedj, présidente de la Fondation.

Le thème du Prix 2009 ? Les énergies renouvelables. Un sujet qui répond aux aspirations croissantes des individus, des entreprises et des pouvoirs publics.

Les récipiendaires : le Dr Michael Bendikov (Institut Weizmann), pour ses recherches sur les « polyselenophènes, nouvelles piles organiques solaires », et le professeur Yves Delannoy (Institut national Polytechnique de Grenoble), pour ses travaux sur la « purification du silicium pour la conversion photovoltaïque de l'énergie solaire en électricité ». Des recherches aux enjeux économiques considérables…

Quant à François Decoster, conseiller diplomatique de Mme Pécresse, il a souligné combien « les 11 grands programmes de recherche en réseaux financés depuis 2004 dans le cadre de la coopération scientifique franco-israélienne, avaient permis à plus de 80 équipes conjointes, de mener leur travail et des effets de levier, notamment auprès des programmes européens de recherche ».

Edith Cresson, présidente de la commission scientifique de la Fondation et ancienne Premier ministre, a rappelé son rôle déterminant afin que « les chercheurs israéliens fassent bénéficier les chercheurs européens de leurs réflexions et inversement. Je trouvais surprenant que les Israéliens ne travaillent qu’avec les Américains ».

Et nombre d’orateurs, dont Claude Cohen-Tannoudji, ont souligné le rôle de cette coopération scientifique comme vecteur d’amitié et de paix.

 
Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié en une version plus concise par L'Arche en 2009.
 

vendredi 16 novembre 2012

Le FSJU assiste des Juifs originaires du Maroc et de Tunisie pour leur indemnisation par la Claims Conference (3/5)


Le 27 octobre 2011, répondant à mes questions le FSJU (Fonds social juif unifié) m’a envoyé une lettre concernant mon premier article, L’étrange procédure d’« indemnisation » des Juifs marocains et tunisiens par la Claims Conference. Passerelles, un des services de cette organisation Juive française, assiste gratuitement les requérants Juifs originaires du Maroc et de Tunisie en vue de leur indemnisation dans le cadre du Hardship Fund (fonds Hardship) de la Claims Conference on Jewish Material Claims against Germany, ou Claims Conference. Mais le site Internet du FSJU ne l'indique toujours pas, plus d'un an après la publication de cet article le 28 octobre 2011. Ce qui est préjudiciable aux bénéficiaires potentiels.


Sollicité le 12 octobre 2011 pour une réaction à mon premier article, le FSJU répond en éclaircissant certains points essentiels. Des questions perdurent.

Le rôle du FSJU
Par une lettre brève du 24 octobre 2011, Jacques Bénichou, directeur du FSJU, apporte ces informations capitales sur « la procédure de la Claims Conference on Jewish Material Claims against Germany et du Hardship Fund, donnant droit, sous conditions, à une indemnisation pour les Juifs ayant vécu au Maroc et en Tunisie au cours de la Seconde Guerre mondiale  ».

Les services du FSJU ont alerté leur direction « dès le mois de septembre » sur « les démarches parallèles, entreprises en France, par des cabinets d’avocats étrangers pour la constitution de dossiers d’indemnisation auprès des personnes concernées. Nous avons réagi immédiatement auprès de notre réseau associatif et des institutions communautaires en diffusant le communiqué ci-joint, et en rappelant à la fois la procédure déjà en vigueur et les services gratuits d’accompagnement proposés dans le cadre de nos actions sur le sujet. La pratique de ces cabinets d’avocats qui se présentent comme des intermédiaires est fort regrettable. Elle génère de la confusion auprès des requérants et un prélèvement injustifié de près de 20% de l’indemnisation auprès d’une population vulnérable »

Le FSJU assure de sa « mobilisation sur ces points » et de son « action pour informer les personnes concernées des possibles dérives constatées. Nous faisons d’ailleurs paraître cette semaine dans Actu J, une interview de notre responsable nationale « Passerelles » en charge de ce sujet ».

Le FSJU conclut en ne comprenant pas « la nature du lien que vous semblez insinuer, entre le président du Fonds Social Juif Unifié, Pierre Besnainou, le vice-président, Gil Taieb, et cette triste affaire ».

Une lettre du « 26 septembre 2011 » avec en-tête du FSJU indique : 

« La « Claims Conference on Jewish Material Claims against Germany » a récemment négocié une extension de la procédure du Hardship Fund, donnant droit à une indemnisation unique de 2.556 € aux Juifs ayant vécu au Maroc au cours de la Seconde Guerre mondiale. Bien qu’à ce jour les critères précis ne soient pas totalement définis, la Claims Conference indique que cette procédure concerne les personnes n’étant pas de nationalité française au cours de la guerre et ayant subi des mesures telles que : restrictions de déplacement, interdiction d’accès à certains lieux publics et de sorties au moment du couvre-feu, obligation de se faire recenser, exclusion de l’école ».
Le FSJU « a été alerté sur le fait que plusieurs cabinets d’avocats intervenaient en France et à l’étranger incitant les personnes concernées à faire appel à leur expertise pour constituer les dossiers, moyennant contribution de 500 € en cas d’obtention de l’indemnisation. Le FSJU appelle à la plus grande vigilance [1]. L’instruction de ce type de dossier est aisée, et recourir à une assistance légale ne garantit en rien l’obtention de l’indemnisation. En revanche, imposer des honoraires à des requérants de la communauté juive pour faire valoir leurs droits, en tant que victimes de persécutions ayant frappé les juifs, soulève une question éthique évidente ».

Enfin, le FSJU « rappelle que plusieurs services professionnels de la communauté juive assistent les requérants dans les diverses procédures d’indemnisation, depuis des années, et ce gracieusement et sans aucune contrepartie [1]. Pour toute demande de dossier et/ou d’information, il suffit d’appeler le N° Vert : 0800 39 45 00 ou d’écrire à Passerelles, 39 rue Broca, 75005 Paris ». Un numéro gratuit.

Sur toute la page 41 de son n°1182, Actualité juive [2] présente la longue interview d’Andrée Katz, responsable de Passerelles, « service d’écoute et d’orientation pour les victimes de la Shoah et leurs enfants », ainsi qu’un encadré présentant « l’association Passerelles ».

Mme Katz précise que le FSJU parisien et ses délégations régionales – « Lyon, Marseille, Nice, Toulouse et Strasbourg » - assurent le même travail d’envoi des « formulaires et les explications » ainsi que l'instruction  des dossiers avant leur examen par la Claims Conference.

Qui est éligible ? D’une part, cette procédure exclut ceux ayant alors la citoyenneté d’un pays européen, notamment celle française. D’autre part, les critères ont été progressivement élargis : « Si en Tunisie seules quelques villes étaient prises en compte, et uniquement la population âgée de plus de six ans, depuis peu, sont également considérés les enfants en bas âge et plus généralement les Juifs qui vivaient sur l’ensemble du territoire, sauf Béja et sa région. Pour le Maroc, sont pris en compte tous les Juifs qui y vivaient entre 1940 et fin 1942, y compris les enfants conçus avant la fin de 1942 mais nés après le débarquement allié ». La Claims Conference fonde sa décision sur « les restrictions de liberté, d’exclusion des lieux publics, d’obligation de recensement », précise Mme Katz.

L’indemnité est versée par un virement bancaire ou postal. Le FSJU agit gratuitement.

La communication du FSJU et de Passerelles ? Diffusion « depuis plusieurs semaines [d’]une information aux consistoires locaux, aux présidents de communautés, via les radios juives de Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, et des journaux tels qu’« Aviv Hebdo » à Toulouse ».

Une communication et une action perfectibles
Selon Actualité juive, Mme Katz « communique » sur cette procédure. Car il s'agit bien de communication.

Et celle du FSJU sur ce Harshipfund s’avère incomplète, longtemps inadaptée, tardive et inconnue même de responsables communautaires.

Les Juifs originaires du Maroc et de Tunisie vivant en Israël bénéficient-ils des mêmes services auprès de la délégation du FSJU dans ce pays ? A l'instar de leur confrère canadien Me Henri Simon, des avocats israéliens proposent leurs services à des requérants manquant d'informations sur cette procédure.

Seul le site Internet de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS) informe sur ces « nouvelles indemnisations pour les restrictions subies durant la guerre », soit « 26 millions de dollars pour indemniser 7 000 victimes juives ayant subi durant la guerre les persécutions des nazis ou de leurs collaborateurs », en citant le Maroc, la Roumanie et la Bulgarie. La FMS oriente vers Passerelles du FSJU, le Service pour les survivants de la Shoah de la Fondation Casip-Cojasor et le Mémorial de la Shoah !

Quant au site Internet de la CIVS (Commission d’indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l’Occupation), il mentionne le 5 octobre 2011, comme « bureau de liaison de la Claims Conference »… la Fondation Casip-Cojasor. Selon la CIVS, ce Fonds Hardship concerne les seuls Juifs « victimes de spoliations au Maroc ». Comprenne qui pourra.

On peut regretter que le FSJU n’informe pas sur cette procédure sur son site Internet, dans sa newsletter Kesharim, dans ses médias - dont RCJ (radio de la communauté juive) - ou dans d’autres médias.

D'autant que le FSJU se soucie de sa communication : il communique sur sa « nouvelle identité visuelle », il est présent sur Facebook, il recourt à Twitter, etc.

Pourquoi le FSJU n’a-t-il pas recouru à une communication similaire dans Actualité juive, hebdomadaire « essentiel pour chaque acteur de la vie juive en France » (FSJU) plus tôt, dès septembre 2011, mois où il a reçu les premiers échos sur les actions de plusieurs avocats, voire dès avril 2011, à partir duquel « les Juifs ayant vécu au Maroc peuvent prétendre » au Hardship Fund, ou encore 1980, année de création de ce fonds ? D’autant que Mme Katz observe : « En général, la Claims Conference diffuse par voie de communiqués, et le bouche-à-oreille fait le reste. Nous constatons que les premiers à réagir sont, comme souvent, les mieux informés et les plus insérés dans le tissu communautaire ».

Et pourquoi cette absence de toute information sur son site Internet qui permet à l'information de perdurer. Conséquence : les Internautes souhaitant avoir des informations sur cette indemnisation parviennent sur mon blog, dont l'une des missions consiste ainsi à pallier les carences informatives du FSJU. Les statistiques de mon blog révèlent un vif intérêt pour la série d'articles sur cette indemnisation par la Claims Conference.

De plus, une semaine après avoir contacté le service parisien Passerelles par téléphone, une Juive parisienne, qui avait donné les coordonnées postales de ses parents d'origine tunisienne, n'a pas reçu son dossier par La Poste. Le 3 novembre 2011, elle téléphone à Passerelles qui lui dit être « en rupture de stock depuis une semaine », que des dossiers seront reçus d'Allemagne « le 4 ou le 7 novembre au plus tard » et envoyés alors aux requérants. Vers le 10 novembre, seul un des deux dossiers avait été reçu par ce couple.

Il était normal de citer Pierre Besnainou et Gil Taieb dans le premier article présentant cette procédure : ils sont respectivement président et vice-président du FSJU. Donc, concernés au premier chef. Dans l’ignorance du rôle de Passerelles dans cette procédure d’indemnisation, j’ai nommé les plus hauts responsables, qui de plus ne cachent pas leurs origines tunisiennes. Le n°1177 d'Actualité juive a publié un article de Gil Taieb en page 11, une page en vis-à-vis de celle de l’annonce publicitaire sur cette procédure (page 10) ; Gil Taieb affirme n'avoir pas remarqué cette annonce. En outre, il est membre du Conseil du Consistoire de Paris Ile-de-France - cette publicité invitait à se rendre à la synagogue consistoriale Berith Chalom (Paris) -  et candidat pour représenter les Français de l’étranger dans une circonscription électorale inclut l’Etat d’Israël où de nombreux Juifs de Tunisie et du Maroc, éligibles à cette indemnisation, ont fait leur aliyah. Autant de raisons pertinentes à le désigner.

Les noms d’autres responsables communautaires visés par cette indemnisation apparaissent aussi dans ce premier article et aucun ne m'a adressé la moindre remarque : Eric de Rothschild et Gabriel Vadnai, respectivement président et directeur de la Fondation CASIP-COJASOR qui « a centralisé des dossiers d’indemnisation de Juifs originaires de Tunisie indemnisés par la Claims Conference et dispose d’un service chargé de « l’aide et l’accompagnement pour les indemnisations – Article 2, Hardship Fund, pension des ghettos, CIVS » ; Joël Mergui et David Messas, respectivement président du Consistoire de Paris Ile-de-France et grand rabbin de Paris  et aux origines marocaines affirmées, ainsi que Salomon Attia, président de la synagogue consistoriale Berith Chalom (Paris).

Puisque le FSJU assure un traitement gratuit des dossiers et a informé les présidents de communautés, pourquoi cette synagogue accueille-t-elle des individus semblant agir pour le compte d’avocats à rémunérer par les requérants ?

Cette procédure révèle enfin que l’histoire des Juifs du Maroc et de Tunisie pendant la Deuxième Guerre mondiale est ignorée, mal connue, minorée ou non respectée comme en témoigne en particulier l'élargissement progressif des critères d'éligibilité du Hardship Fund de la Claims Conference. Elle met en relief la difficulté des négociations avec l'Allemagne, les réticences de ce pays à assumer tout son passé nazi, à reconnaitre et à indemniser tous les préjudices qu'elle a infligés, avec ses collaborateurs, aux Juifs, et le caractère dérisoire des montants alloués aux Juifs survivants au regard de leurs préjudices.

Indemniser ces Juifs du Maroc et de Tunisie seulement vers 2012, quand tant d’entre eux sont décédés au fil des décennies, parait désolant et choquant. Ainsi, des universitaires israéliens spécialisés des Juifs du Maroc - Yigal Bin-Nun de l'université de Paris VII, Michael Lasker de l'université Bar-Ilan et Yaron Tsur de l'université de Tel-Aviv - ont critiqué cet accord entre l'Allemagne et la Claims Conference : ils lui reprochent principalement ses critères restrictifs et ne reflétant pas toute la réalité historique. Ce qui risque selon eux de priver nombre de Juifs marocains de la reconnaissance et de l'indemnisation de leurs préjudices.

Il conviendrait que les institutions en charge d’indemniser les Juifs victimes de persécutions pendant la Deuxième Guerre mondiale, des survivants de la Shoah, respectent davantage ces requérants âgés.

Un exemple récent concerne la CIVS, « organisme administratif indépendant ». Présidée par Gérard Gélineau-Larrivet, puis par Michel Jeannoutot, la CIVS émet des recommandations transmises soit aux « services du Premier ministre pour décision et mise en paiement des indemnités matérielles » aux victimes reconnues, soit au FSJU qui gère les dossiers de spoliations bancaires. Le FSJU administre aussi les deux comptes d’où partent les indemnités bancaires destinées à ces victimes.

En octobre 2011, une dame téléphone à la CIVS pour avoir des informations sur l’état d’avancement du dossier d’un de ses proches, octogénaire né en Tunisie et qui a envoyé sa requête voici plus d’un an et demi. La CIVS lui indique que ce dossier est en attente d’une date pour une délibération devant sa Commission (Collège délibérant) : vous comprenez, elle ne fait pas venir le rapporteur pour « un ou deux dossiers », mais pour au moins « 8 à 10 dossiers ». Cette dame insiste sur le grand âge du demandeur. La CIVS répète son explication sur un ton indifférent, alors que les victimes âgées de plus de 75 ans figurent parmi ses critères de « priorité absolue » pour l’examen des demandes. Nulle surprise que « plus de la moitié des dossiers [de spoliations matérielles] sont traités en moins de deux ans », donc que moins de la moitié sont traités en plus de deux ans. J'ai interrogé Jean-Pierre Leridant, directeur de la CIVS, le service de presse du Premier ministre François Fillon et la Claims Conference. Le 15 novembre 2011, la CIVS a présenté des excuses pour cet « incident regrettable » et assuré qu'il traitait avec considération tous les dossiers.

Il serait souhaitable que ces organisations œuvrent sans esprit bureaucratique, et en étant davantage animées par le respect de tous les Juifs victimes de persécutions pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Dans son n°1183 du 3 novembre 2011, Actualité juive publie en courrier des lecteurs le texte Précisions sur l'indemnisation des victimes de la Shoah signé Gabriel Vadnai. Celui-ci écrit :
«  Le service des survivants de la Shoah de la Fondation CASIP-COJASOR est le plus important organisme de la région parisienne d'accueil et d'accompagnement des rescapés de la Shoah, et en particulier de ceux qui veulent faire valoir leurs droits à des indemnistés ou réparations allemandes. Agréé et conventionné par la Claims Conference, habilité à accompagner l'établissement des dossiers, à valider les certificats de vie, à attribuer des aides financières pour le maintien à domicile (ICHEIC), ce service reçoit actuellement une trentaine de demandes quotidiennes d'indemnisations. Au cours de cette année 2011, près de 1 700 dossiers Hardship Fund, Article 2 et certificats de vie ont été instruits. Ses services sont gratuits ».

On peine à comprendre pourquoi la Claims Conference n'a pas confié cette procédure à une telle Fondation.

Le 9 novembre 2011, la newsletter du Centre communautaire de Paris informait que la réunion d'information sur l'indemnisation des Juifs du Maroc prévue le dimanche 13 novembre 2011 en présence de Me David Yadid du Barreau de Tel Aviv et de l'association Passerelles était reportée à une date ultérieure. On saisit mal le rôle Centre communautaire et de cet avocat israélien - l'association Passerelles ne suffirait-elle pas pour  informer les requérants ? ; d'autant que le FSJU a stigmatisé la pratique d'avocat  jugée « regrettable ». Il est paradoxal que cette réunion d'information oublie les Juifs de Tunisie...  
[1] En caractères gras dans la lettre.
[2] J’ai collaboré à Actualité juive de 2001 à 2004.

Visuels : © DR
Capture d'écran du documentaire « Le Maghreb sous la croix gammée » de Bill Cran et Karin Davison. © WDR / © Adiel Shmit.

Articles sur ce blog concernant :
- Shoah (Holocaust)

Cet article a été publié le 28 octobre 2011 et modifié le 16 novmebre 2012.

mercredi 14 novembre 2012

« Le joueur de ping-pong » de Józef Hen


Cet article est publié alors que sort sur les écrans polonais Poklosie, film de Wladyslaw Pasikowski. Celui-ci s'est inspiré du pogrom à Jedwabne.

Né en 1923, Józef Hen est un écrivain, scénariste et cinéaste polonais.
 
 Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugie en URSS ; il lutte dans l’Armée rouge, puis dans l’Armée populaire de Pologne.
 
Il écrit en 1947 son livre de souvenirs Kiev, Tashkent, Berlin – the History of a Tramp. Essayiste, biographe, il est l’auteur de romans historiques.

Dans ce roman, il s’inspire d’un fait tragique, thème du livre Les Voisins (2002) de l’historien Jan Tomasz Gross : le 10 juillet 1941, les habitants de Jedwabne et de villages polonais environnants ont brûlé leurs voisins Juifs dans une étable. On estime à 1 600 le nombre de victimes Juives.

Józef Hen reprend cette histoire en changeant le nom du bourg en Cheremiec, et en suivant Mike Murphy, juge américain d’origine polonaise, revenu dans son village natal pour la commémoration de ce pogrom auquel il a assisté enfant : le joueur de ping-pong, l’enfant Juif assassiné sous ses yeux, c’est son ami Zyga Ehrlich...

L’auteur évoque une présence juive en filigrane ou en creux, dans les esprits, la haine antijuive de criminels sans remord.
 
Il livre une réflexion sur le Mal.
 

Józef Hen, Lejoueur de ping-pong. Traduit du polonais par Agnès Wisniewski. Editions des Syrtes, 2010. 200 pages. 19 euros. ISBN : 978-2-84545-153-7
 
Articles sur ce blog concernant :

 Cet article a été commandé, mais n'a pas été publié par L'Arche.

 

dimanche 21 octobre 2012

Paris vu par...


La Galerie Saphir présente l'exposition collective Paris vu par... avec des oeuvres notamment de Yael Braverman, Samy Briss, Miguel Fabruccini, Vera Gutkina, Pierre Pentchev, Masha Schmidt, Karel Steiner et VladimirKara.

 « La Galerie Saphir manifeste un grand intérêt pour l’Ecole de Paris sans pour autant se limiter à ce courant. Avec l’exposition Paris vu, elle rassemble huit artistes d’origine étrangère qui rendent hommage à la ville qui les a accueillis. L’Ecole de Paris, débutée dans la capitale dès le tournant du XXe siècle, prend plus particulièrement son essor avec l’avènement du cubisme. Elle se constitue autour d’artistes venus du monde entier, très souvent Juifs, d’Europe centrale et orientale surtout - pour se fondre dans l’esprit révolutionnaire et de liberté des mouvements d’avant-garde. Ainsi comme l’Espagnol Pablo Picasso, le Japonais Foujita ou les Judéo-russes Marc Chagall, Haïm Soutine ou Jacques Lipchitz –pour ne citer qu’eux, tous deviennent parisiens. Bien que beaucoup vivent dans la misère, leur aura est telle de par le monde qu’ils sont de plus en plus nombreux à se joindre à ce courant », écrit Elie Szapiro.

Et d’ajouter : « Dans Paris vu par…, les artistes perpétuent l’esprit de l’Ecole de Paris. Comme leurs prédécesseurs, chacun, formé dans différentes académies et différents pays, est nourri de multiples influences qu’il mêle à ses propres expériences dans le bouillon de culture parisien. Ces travaux figuratifs s’écartent du réalisme – à l’exception des photographies de Karel Steiner – au profit de l’Expressionnisme. Comme il y a cent ans, ce style, le plus proche des émotions, est privilégié par les artistes Juifs originaires d’Europe de l’Est ou ceux qu’ils ont formés. De sorte que, loin de la carte postale, chacun à sa manière projette ses impressions de la ville, au risque de la rendre méconnaissable. Simplement suggestifs dans leurs formes mais remarquables dans la vivacité de leurs couleurs, les monuments et rues de Paris de Masha Schmidt pourraient évoquer ceux d’autres lieux, condensant ainsi les réminiscences des pays où elle a vécu. Les façades d’immeubles en noir et blanc de Miguel Fabruccini ou celles, au contraire très colorées, de Vera Gutkina semblent se désincarner et confinent à l’abstraction dans la mise à distance et la globalité de leur approche. Au-delà du climat de Paris, la juxtaposition ou l’amoncellement de maisons en bleu « français » parfois teinté de gris de Samy Briss, qui rappellent très fortement les compositions de la période marocaine de Paul Klee, s’attachent à la notion d’habitat de la grande ville. Avec leurs vues de ponts, de très loin ou très près, de jour comme de nuit, les paysages de Vladimir Kara passent de la couleur au gris, de l’aspect végétal au minéral, pour recouvrir la notion d’entre-deux, d’incertitude, chère à l’artiste.Dans les gravures quasi monochromes de Yaël Braverman, les personnages irréels et issus du passé s’opposent aux sites bien tracés auxquels ils se surajoutent comme dans les collages dadaïstes, pour hanter la capitale historique. Dans la variété de cet ensemble, les artistes se centrent sur l’architecture bien que celle-ci, de leur fait, soit souvent brouillée ou vague. Cette empreinte humaine est cependant souvent démentie par le manque ou l’isolation de personnages à peine esquissés. Les couleurs aussi sont absentes ou au contraire saturées, improbables. Il en ressort de communes notions d’irréalité, de langueur – voire de déréliction – qui touchent à l’aspect onirique de la mémoire. Au début du XXIe siècle, la ville-lumière semble ainsi ramenée à l’état de fantasme par les artistes qui s’y sont implantés ». Des « œuvres à la fois symboliques et cependant empreintes encore de cet expressionisme qui fut une des marques de l'Ecole de Paris, avec des jeux très subtils d'accords presque monochromes ».


Jusqu'en novembre 2012
69, rue du Temple, 75003 Paris
Tél. : 01 42 72 61 19
Du dimanche inclus au jeudi de 13 h à 19 h, le vendredi sur rendez-vous

Visuels :

Steiner Karel
Paris 9e
sténopé, 50 x 50 cm, tirage sur métal brossé, n°1 sur 15, 2011
Gutkina Vera
Mouvements de Paris
acrylique sur toile - 20 x 20 cm
Braverman Yael
Eternels passagers
technique mixte - 70 x 30 cm


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jeudi 18 octobre 2012

Mon interview sur Radio Chalom Nitsan le 18 octobre 2012


L’exode massif des Juifs des pays Arabes, de Turquie et d’Iran
L’Etat d’Israël mène depuis plusieurs mois la campagne mondiale d'informations intitulée I am a Refugee (Je suis un réfugié) sur cet exode afin de faire connaître ces réfugiés Juifs des pays arabes : vidéo de Danny Ayalon, page du ministère des Affaires étrangères sur FaceBook pour recueillir des témoignages, colloques à l’ONU à New York et à Jérusalem. Une Déclaration sur la justice pour les réfugiés Juifs des pays arabes a été rendue publique à l'issue de cette conférence et visant à inclure l’histoire de ces réfugiés Juifs dans les manuels scolaires israéliens, construire un musée célébrant leur héritage, ajouter un jour mémoriel dans le calendrier en leur hommage, apprendre cette histoire aux Juifs de diaspora. D’éminents juristes - Alan Dershowitz, Irwin Cotler - ont présenté les fondements juridiques de cette campagne.

Longtemps, l’Etat d’Israël a recueilli les témoignages, mais sans agir pour diverses raisons : volonté d’intégrer tous ces réfugiés, refus de leur accorder le statut de « réfugiés » car c’étaient des olim, eurocentrisme de l’establishment israélien, perception de ces réfugiés comme une entrave à une paix avec les Arabes palestiniens, etc.

Cette campagne suscite des réactions hostiles de l’Autorité palestinienne, parmi des Israéliens qui s’expriment dans Haaretz, etc.

Elle mobilise les communautés juives de diaspora. Celles-ci vont-elles continuer à organiser des réunions au sein de leurs communautés, ou sensibiliseront-elles les autorités politiques et les médias nationaux ? Vont-elles intégrer dans leur dialogue avec les instances musulmanes cet exode, ce qui les amènerait à évoquer la dhimmitude ?

Pourquoi maintenant ? Michelle Huberman, d’HARIF, insiste sur une conjonction de facteurs : l’entrée au gouvernement en 2009 du parti Yisrael Beytenu sur une plate-forme diplomatique incluant les droits de l’homme, une résolution du Congrès américain exigeant la parité entre réfugiés Juifs et Arabes palestiniens (2008) et une loi de la Knesset érigeant la compensation des réfugiés juifs comme une condition d’un accord de paix (2010), le rôle de Danny Ayalon, dont le père est né en Algérie - éditorial I am A Refugee dans le Jérusalem Post, vidéo The Truth about Refugees vue par un million d’Internautes, participation aux conférences.

On estime à un rapport de un à deux l’évaluation du nombre de réfugiés Arabes palestiniens et Juifs, et du montant de leurs avoirs.

En quelques décennies, de 1945 aux années 1970, 900 000 juifs à un million de Juifs ont quitté une dizaine de pays musulmans, dont certains devinrent Judenrein, alors que la présence des Juifs y était souvent antérieure à la conquête arabe, voire (pluri)millénaire. Plus de 99% des Juifs vivant dans ces pays les ont fuis. Numériquement faibles, les communautés Juives qui y demeurent constituent de quasi-dhimmis instrumentalisés. Deux tiers se sont rendus en Israël, un tiers ont choisi de s’établir en France, Italie, Grande-Bretagne, Australie, au Canada et aux Etats-Unis. Leurs biens sont estimés à 700 millions de dollars en 1948, soit 6 milliards de dollars en 2007. Les préjudices moraux sont aussi importants : spoliations, détention en prison, viols, tortures, etc.

Les raisons de cet exil ? Le refus par les dirigeants du monde musulman de la recréation de l’Etat Juif, cette « rébellion contre l’islam » ; des pays arabes indépendants où l’islam devint religion d’Etat et « l’arabisme et le panarabisme furent relayés par l’islamisme et le panislamisme, après le court intermède du « socialisme arabe » ; la décolonisation menaçant les Juifs du retour au statut de dhimmis ; les liens entre des chefs de mouvements nationaux arabes, dont le grand mufti de Jérusalem Hadj Amin el-Husseini, et des dirigeants du Reich, tel Hitler. Et les souvenirs de la dhimmitude en « terre d’islam » et de pogroms ayant marqué durablement les mémoires tels ceux à Hébron et Safed en 1517, le Yagma el Gabireh (« grande destruction ») à Hébron le 24 juillet 1834, le Tritel (pogrom antisémite) à Fès (17-19 avril 1912, 30 nissan 5672), « pogrom au nom du djihad » (Shmuel Trigano) - 27 victimes Juives, enfants et adultes, lors de ce pogrom précédé le 3 août 1934 de violents incidents dans le Constantinois - le 5 août 1934, à Constantine (Algérie), sans intervention de l’Armée française ; le farhud (ou farhoud), pogrom arabe et nazi à Bagdad (Iraq), en juin 1941, au cours duquel des foules arabes musulmanes ont tué 200 Juifs, blessé 2 000 Juifs et détruit 900 maisons Juives

Sous la direction de Shmuel Trigano, dix historiens d’universités françaises et israéliennes nous présentent une histoire par pays – Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Yémen, Syrie, Liban, Turquie, Iran, Irak - de cet « exode oublié ». Un exil dont les Juifs concernés ont longtemps occulté les circonstances effroyables, douloureuses, tragiques, caractérisées notamment par les dénaturalisations, les spoliations, l’exclusion, l’expulsion, sous prétexte d’antisionisme. Ces études comparatives révèlent « des parallèles transnationaux, des récurrences d’évènements symptomatiques ». Ce livre passionnant, émouvant, est indispensable pour comprendre un des contentieux du peuple Juif à l’égard du monde musulman.

Le nombre des réfugiés Arabes de la Palestine mandataire en 1947-1948 est estimé à 583 121-609 071 par Ephraïm Karsh en 2011.

Selon Sidney Zabludoff, leurs biens sont estimés à 350 millions de dollars en 1948, soit 650 dollars par Arabe palestinien, et 3,9 milliards de dollars 2007. Les raisons de leurs fuites sont différentes : pressions des dirigeants Arabes, peur, etc.


Salah Hamouri
En mars 2005, trois jeunes membres du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), dont Salah Hamouri sont arrêtés par le Shin Bet (Service de sécurité intérieure) et la police israélienne. Titulaires de cartes d’identification israéliennes, ils préparaient l’assassinat du révéré et âgé rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du parti orthodoxe israélien Shass.

Membre de l’organisation terroriste FPLP, le Franco-palestinien Salah Hamouri a plaidé coupable.

Il a été condamné en 2008 à sept ans de prison pour avoir fomenté d’assassiner le rabbin Ovadia Yossef.

Ayant bénéficié de soutiens politiques en France aux plus hauts niveaux, il a été libéré de manière anticipée le 18 décembre 2011, dans le cadre de l’accord ayant permis la libération du jeune otage Franco-Israélien Guilad Shalit le 18 octobre 2011 en échange de 1027 détenus Arabes palestiniens.

Il n’a exprimé ni regret ni remord, et a annoncé poursuivre son combat.

En France, il a été reçu par des édiles, dont Bertrand Delanoë, maire de Paris, et des associations pro-palestiniennes, et à la fête de l’Humanité.

Ces faits soulèvent des réflexions sur :

-            le rôle de dirigeants communautaires, tel Zvi Ammar, favorisant l’accord du rabbin Ovadia Yossef, et de l’Etat d’Israël à la libération anticipée de Salah Hamouri ;

-            le rôle des dirigeants politiques, nationaux et locaux, en faveur de cette libération. Ce qui révèle une contradiction entre leurs actions et l’inscription du FPLP dans la liste des organisations terroristes établie par l’UE, entre leurs interventions et les valeurs républicaines françaises et le nécessaire maintien de l’ordre public ;

-            l’absence de mea culpa des soutiens de Salah Hamouri. Ces soutiens – députés, sénateurs, ministre, Président de la République, acteur (François Cluzet) – ont allégué lors de la détention que le « franco-palestinien » Salah Hamouri était innocent, maltraité. Or, sitôt libéré, Salah Hamouri a reconnu la vérité des faits pour lesquels il avait été condamné ;

-            le rôle du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) qui ne sanctionne pas France 2 pour ses deux émissions partiales au détriment d’Israël ;

-            le fonctionnement des médias qui ont laissé Salah Hamouri dévider son discours empli d’allégations fausses sur Tsahal et l’Etat d’Israël, sans rétablir la vérité ;

-            le rôle de l’Etat d’Israël qui accorde cette libération anticipée, mais contre quoi ?

-            l’instrumentalisation par les dirigeants de l’Autorité palestinienne et de ses médias pour glorifier ces terroristes libérés des prisons israéliennes. Des terroristes qui vont enflammer les rues arabes en Tunisie, au Liban, en France, etc.

JIMENA: Jews Indigenous to the Middle East and North Africa
HARIF en Grande-Bretagne
Point of No Return, blog about Jewish Refugees

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