Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 28 juin 2016

Une plainte pour « propos antisémites » contre le maire d’Arpaillargues


Pourvu d’un permis de construire tacite, Alexandre Sartene a débuté la construction fin mars 2007 d’« un chai de vinification et d’un logement de fonction » y attenant afin de produire du vin dans une « cave 100% cacher » à Arpaillargues (Gard). Le 22 juin 2007, Alain Valantin, maire de cette commune, lui a refusé un « permis de construire tacite acquis le 23 mars 2007 ». Le 29 octobre 2007, Alexandre Sartene a porté plainte près le Procureur de la République de Nîmes contre ce maire pour « propos antisémites, excès de pouvoir et discrimination ». Publié en 2007, par l'agence de presse Guysen International News, cet article est republié, inchangé, à la mémoire de Alexandre Sartene (z'') dont la disparition brutale, prématurée, a stupéfait et bouleversé ceux qui le connaissaient. J'adresse mes condoléances émues à sa famille.


« Juif ashkénaze de Paris » Alexandre Sartene décide de produire du vin dans une « cave 100% cacher », une première en Europe. Ce qui le relie à un de ses grands-pères qui « produisait du vin après sa tournée de facteur ».

Fin 2006, Alexandre Sartene achète et loue des terres : environ 6 ha de vignes et 4 ha de terre agricole sur les communes d’Arpaillargues, Saint-Maximin et Sanilhac. A Arpaillargues, il a 3,5 ha d’un terrain réservé aux activités agricoles ou aux constructions de bâtiments pour l’agriculture.

Un permis de construire tacite
Le 15 décembre 2006, il dépose à la mairie d’Arpaillargues une demande de permis de construire, sur ladite parcelle, en vue d’édifier deux bâtiments : le chai de vinification (cave vinicole) 100% cacher – seul y sera produit du vin cacher - et le logement de fonction y attenant. Celui-ci est destiné, pour un tiers de sa superficie, à loger le rabbin vinificateur et les chomerim chargés de veiller au respect de la cacherout lors des opérations de vinification d’environ 80 tonnes de raisins, soit l’équivalent de 60 000 bouteilles de vin pour le premier millésime 2007.

« En mai 2007, j’ai finalisé la vente de mon appartement en région parisienne pour vivre sur place. En effet, la viticulture est une activité spécifique, a fortiori la production de vin cacher. Le vin est un produit vivant. Il me faut être sur place pour exercer mon métier de viticulteur », explique Alexandre Sartene.

Le 22 janvier 2007, il complète définitivement cette demande en déposant les derniers documents requis.

Deux mois et un jour plus tard, le 23 mars 2007, en vertu de l’art. R 421-18 du Code de l’urbanisme - le défaut de réponse du service instructeur pendant deux mois vaut acceptation tacite de la demande de permis de construire -, il bénéficie d’un permis de construire tacite.

Il commence les travaux le 26 mars 2007. Il en informe les autorités locales, dont le maire et le service instructeur : la communauté de communes de l’Uzège (CCU). Tout se déroule normalement, jusqu’au 13 juin 2007.

Ce jour-là, vers 17 h, Alexandre Sartene dialogue avec Alain Valantin, maire d’Arpaillargues et Aureilhac, en tête à tête, dans un bureau de la Mairie.

Que s’est-il alors passé ?

« Le maire m'intime subitement l'ordre d'arrêter les travaux de construction du chai et du logement de fonction, m'indiquant qu'il allait me notifier officiellement son refus de délivrance de mon permis de construire ! Je lui rétorque calmement que je bénéficie déjà d'un permis de construire tacite depuis le 23 mars, que les travaux sont achevés à hauteur de 75% de la totalité, et qu'il est donc inconcevable de les arrêter, qui plus est, deux mois avant les vendanges et la réception dans le chai de 70 tonnes de raisin. Soudain, le maire me dit : « M. Sartene, vous n'aurez pas l'EDF. De toutes les manières, dans la religion juive, ce n'est pas un problème. Les bougies vous iront très bien. M. Sartene, ce sont MES gendarmes qui vont les accueillir vos rabbins vinificateurs. M. Sartene, avec leurs grands chapeaux qui les protègent du soleil, vos rabbins n'ont pas besoin d'être logés dans un logement de fonction. Une caravane ou un mobile home leur ira très bien. M. Sartene, à Arpaillargues, la loi c'est moi », raconte Alexandre Sartene à GIN le 27 octobre 2007.

« Les propos qui me sont prêtés sont inadmissibles avec, de surcroît, la connotation raciale qui m'est prêtée. Je n'ai jamais tenu de tels propos. J'ai la même approche et le même souci d'équité à l'égard de tous mes administrés, sans me préoccuper de leurs éventuelles convictions religieuses qui, pour moi, font partie de la sphère de la vie privée, et auxquelles le maire d'une commune ne saurait s'intéresser. Je me demande donc ce que cherche M. Sartene en m'ayant attribué des propos, que je réfute », déclare avec vigueur Alain Valantin à GIN, le 31 octobre 2007. Ce maire n’a « nullement l'intention de répondre à quelque interview de » GIN. Il ajoute : « Je suis particulièrement surpris de votre indication m'informant que pour une agence de presse israélienne, vous envisageriez de consacrer un article à M. Alexandre Sartene. Bien évidemment, je n'ai pas à interférer avec vos choix éditoriaux. Si votre publication se faisait le vecteur de propos diffamatoires tels que ceux de M. Sartene, j'agirais aux voies de droit ».

L’opposition du maire

14 juin : les gendarmes de la brigade d'Uzès débarquent « sur mon chantier pour constater une soi-disante infraction au code de l’urbanisme ».
20 juin 2007 : arrêté municipal interruptif des travaux pour le logement de fonction.
22 juin 2007 : arrêté municipal de « refus du permis de construire ». 
6 juillet 2007 : arrêté municipal de « mise sous scellés du chantier ».
8 juillet 2007 : Alexandre Sartene conteste fermement, par courriers recommandés, auprès du Maire ces décisions. Il informe le préfet du Gard de la situation et de la mise en péril de son exploitation viticole. Il le prie de faire tout ce qui est en son « pouvoir afin de surseoir à l’exécution des arrêtés abusifs du maire ».
17 juillet 2007 : deux huissiers de justice assistés de deux gendarmes viennent poser des scellés sur les matériaux et matériels du chantier. Et ce sans aucune décision de justice.
10 août 2007 : raccordement de l’exploitation viticole de M. Sartene au réseau EDF. Un secrétaire de mairie, chargé de surveiller à la demande du maire les travaux, remet l’arrêté municipal interruptif des travaux du 20 juin 2007 à Dorocq, entreprise mandatée par EDF pour poser le compteur.
14 août 2007 : un agent d’EDF vient couper le courant. Alexandre Sartene utilise alors un groupe électrogène qu’il avait acquis par précaution peu auparavant.
20 août 2007 : venue du rabbin représentant le Consistoire israélite de Paris pour labelliser le domaine « Pessah Cacher Beth Din de Paris ». Le label est accordé.
21 août 2007 : Alexandre Sartene est entendu par la brigade de gendarmerie d’Uzès dans le cadre du différend sur le permis de construire.
22 août 2007 : il dépose devant le tribunal administratif de Nîmes un recours pour excès de pouvoir afin d’obtenir l’annulation des quatre arrêtés municipaux pris à son encontre.
26 septembre 2007 : Alexandre Sartene dépose une demande d’inscription sur les listes électorales d'Arpaillargues. « Le soir même, présidée par le maire, la commission électorale n’examine même pas ma demande, mais elle inscrit des nouveaux électeurs et en radie d’autres », s’indigne Alexandre Sartene. 
27 septembre 2007 : Alexandre Sartene informe le préfet de la gravité de cette situation.
3 octobre 2007 : Jean-Claude Poinsignon, « un Juste, lui », 2e adjoint au maire et représentant du président du T.G.I de Nîmes au sein de ladite commission, confirme par écrit à Alexandre Sartene qu’à sa grande surprise sa demande n’a pas été examinée par cette commission. Il l’informe avoir saisi de cette irrégularité le préfet du Gard et le président du TGI de Nîmes.
29 octobre 2007 : Alexandre Sartene porte plainte près du Procureur de la République de Nîmes contre le maire Alain Valantin pour propos antisémites, excès de pouvoir et discrimination.

samedi 25 juin 2016

« Omer Fast. Present Continuous »


Le BALTIC Centre for Contemporary Art, Gateshead (Royaume-Uni) présente l’exposition éponyme itinérante et peu didactique. Vidéaste-installateur israélien né en 1972 à Jérusalem (Israël), Omer Fast  a grandi aux Etats-Unis et vit à Berlin (Allemagne). Dans ses installations vidéo, composées de projections uniques ou multiples, Omer Fast explore de nouvelles formes de narration, en tissant des liens entre mots et images. « Réalité et fiction, mémoire collective et expérience personnelle, se superposent ou se confondent dans ses œuvres autour de sujets tels que la guerre, la mort, la mémoire, le déplacement et le deuil ».


« On peut considérer que mes interventions – ces coupes et épissures évidentes – mettent en lumière ce qui est généralement dissimulé dans les œuvres narratives basées sur la réalité. Par « ce qui est dissimulé », j’entends non seulement la manière dont ces œuvres narratives sont habituellement construites par rapport aux événements réels qu’elles décrivent, mais aussi les intérêts et motivations de leur auteur et, ce qui est plus important, les nombreuses autres manières dont ces œuvres narratives ou événements auraient pu évoluer : les différentes façons dont ils auraient pu être vécus ou écrits », a déclaré Omer Fast (entretien avec Joanna Fiduccia, « Omer Fast: A Multiple “I“ », Uovo, 17 avril 2008). 

Vidéaste-installateur
Né à Jérusalem (Israël) en 1972, Omer Fast  a grandi au sein de cultures et langues variées. Il vit une part de son adolescence aux États-Unis, puis s’installe à Berlin (Allemagne) où il travaille.

« De cette expérience personnelle de l’adaptation résulte en partie son attirance pour les questions du langage, de la transmission, de la traduction et de l’identité qui traversent ses installations vidéo dès ses premiers travaux dans les années 2000 ».

En 2003, le « Printemps de Toulouse, rendez-vous des images contemporaines », avait retenu « A Tank Translated ».

L’année suivante, le Centre national de la photographie (CNP) a présenté deux œuvres de ce vidéaste-installateur israélien : « A Tank Translated » et « Spielberg‘s List ».

Omer Fast abordait l’histoire au travers des représentations et narrations d’inconnus interviewés. Même si l’aspect documentaire affleure dans son travail, ce n’est pas ce que privilégie ou recherche Omer Fast. Celui-ci veut comprendre l’Histoire par des angles inédits, un peu décalés.

« A Tank Translated » est composée de quatre moniteurs de télévision disposés comme les soldats israéliens dans un tank : « commandant, tireur, chargeur et conducteur ». Le visiteur entendait ou non les réponses de ces jeunes, et lisait les traductions de leurs propos parfois modifiés : « Que faites-vous derrière le canon » devient « Que faites-vous devant la caméra ? ». Il se déplaçait de l’un à l’autre selon un timing précis, réglé par le cinéaste.

« Ces jeunes âgés de 21 ans partagent longtemps la même intimité. Ils ont acquis un esprit de corps. Même dans les interviews, ils fonctionnent comme une équipe », observait Omer Fast qui refuse de « fétichiser la réalité ». L’un des appelés ne cachait pas son opposition aux « colonies » et affichait son patriotisme, sa fierté de servir son pays. Un autre confiait : « Je n’ai jamais vu les gens qui se battent contre moi comme des ennemis. Ils m’empêchent de dormir. Parfois on m’a mis derrière un arbre. Ils [Ndlr : les Palestiniens] tiraient. On ne pouvait rien faire ». Un troisième faisait part de la montée d’adrénaline lors des combats, de l’excitation, du bruit, et, évoquant les Palestiniens, du fait qu’il n’y a « aucune différence entre la population civile et les combattants. Parfois, les enfants peuvent arriver armés ».

Quant à « Spielberg’s List », deux écrans contigus montraient des figurants et lieux du film de Steven Spielberg « La Liste de Schindler ». Omer Fast montrait les traces de ce tournage et la confusion des mémoires. Certains Polonais étaient surpris d’avoir été choisis pour leur type « sémite ». D’autres préféraient jouer « le rôle des Allemands plutôt que celui des Juifs, car ils ne voulaient pas être des victimes… » D’autres encore racontaient leur tournage en intégrant dans leur mémoire les souvenirs du personnage incarné. Comme s’ils avaient vraiment traversé cette période tragique…

En 2008, le Centre Pompidou a présenté l’exposition collective Les inquiets. Yael Bartana, Omer Fast, Rabih Mroué, Ahlam Shibli, Akram Zaatari. 5 artistes sous la pression de la guerre assortie d’un catalogue et d'un dépliant, tous trois partiaux et problématiques notamment par leur terminologie biaisée, le mélange de fiction et de réalité, etc. Les œuvres – vidéos, installation et photographies - de cinq jeunes artistes – les Israéliens Yael Bartana, Omer Fast et Ahlam Shibli, les libanais Rabih Mroué et Akram Zaatari – portaient sur les « questions liées à la guerre au Moyen-Orient ». Dans son installation Casting (2007), Omer Fast filme un acteur contant des faits pénibles. Il « étudie l'impact du spectacle télévisé de la guerre. « Casting fictif ou réel pour un documentaire, Omer Fast mène des entretiens avec des soldats américains ayant participé aux opérations en Irak. Les visages de l'artiste et du participant sont en permanence à l'écran. Nous ne saurons jamais si les différents intervenants évoquent des événements réels ou si nous sommes dans le domaine de la fiction ».

Récipiendaire en 2008 du Prix Bucksbaum du Whithey Museum of American Art, Omer Fast a été en 2009 Lauréat du prix décerné aux jeunes artistes par la Nationalgalerie de Berlin.

Son travail a été montré à la Tate Modern (2014), au Musée d’Art Contemporain de Montréal, au Moderna Museet de Stockholm, à l’Imperial War Museum (2013), à la Documenta 13 (2012), et dans les Biennales de Venise (2011), Taipei (2012) et Singapour (2011).

Le Jeu de Paume a présenté « Omer Fast. Le présent continue », « première exposition monographique d’Omer Fast dans une institution française », avec quatre œuvres CNN Concatenated (2002), A Tank Translated (2002), 5,000 Feet is the Best (2011) et une production conçue pour cette exposition et intitulée Continuity (Diptych) (2012-2015). Les commissaires de l’exposition sont Omer Fast, Laurence Sillars (Baltic Centre for Contemporary Art), Stinna Toft (KUNSTEN Museum of Modern Art) et Marina Vinyes Albes (Jeu de Paume).

Alors que A Tank Translated (2002) avait été présenté au CNP dans une salle éclairée réunissant les divers écrans, le Jeu de Paume a placé les écrans loin les uns des autres, et l’ensemble des œuvres d’Omer Fast dans l’obscurité totale. Le 27 octobre 2015, Omer Fast m'a écrit avoir choisi l'obscurité pour que les visiteurs soient plus concentrés sur son travail. Cette scénographie me semble peu didactique, et risque de décourager et d’effrayer les visiteurs craignant de heurter un banc et peinant à lire les panneaux informatifs. Lors du vernissage presse, je n’ai pas tenu plus d’une minute.

Fondé « essentiellement sur l’image en mouvement, le travail d’Omer Fast explore la complexité de la narration à travers une pratique qui trouble les frontières entre le « réel » et la « représentation ». Si l’origine de ses histoires est souvent documentaire, leur construction s’affranchit cependant d’une démarche naturaliste et résiste à toute conclusion ou révélation d’une « vérité » ultime du récit. Omer Fast s’intéresse au rapport entre individu et collectivité, à la façon dont les événements sont transformés en mémoires et histoires ainsi qu’à leurs modes de circulation et de médiatisation. Ainsi, l’artiste interroge les politiques de représentation, dans la continuité de projets qui, au sein de la programmation du Jeu de Paume, ont proposé de nouvelles formes narratives dans le champ de la vidéo et de l’installation ».

Le Jeu de Paume a présenté l’exposition itinérante « Omer Fast. Le présent continue », peu didactique qui est montrée au BALTIC Centre for Contemporary Art, Gateshead (Royaume-Uni) du 18 mars au 26 juin 2016, puis le sera au Kunsten Museum of Modern Art, Aalborg (Danemark) du 23 septembre 2016 au 8 janvier 2017.

La Narration
« Je travaille souvent dans l’espace entre le moment de la douleur – celui de l’expérience – et le moment, ultérieur, de la transcription de cette expérience : j’observe la cicatrice et je cherche les mots pour la décrire », a déclaré Omer Fast (entretien avec Marcus Verhagen, Art Monthly, nº 330, 2009).

À travers ses récits, Omer Fast trouble les frontières entre le « réel » et la « représentation », le document et l’artifice pour interroger le statut même de l’image ».

Omer Fast « est avant tout un narrateur. La manière dont il construit des histoires, qui se concrétise par une maîtrise de la forme, des modalités du récit et de l’agencement du point de vue, transcende les sujets qu’il aborde. Son oeuvre traite en effet de questions sociales, politiques, géopolitiques ou historiques, mais c’est le mode de narration et ses effets qui lui donne tout son sens ». « Dans les événements presque rien ne profite à la narration, presque tout profite à l’information », constatait Walter Benjamin en 1936. Il ajoutait : « Car c’est le fait du narrateur né que de débarrasser une histoire, lorsqu’il la raconte, de toute explication. »

Lors du vernissage presse, quand je l’ai interrogé pour savoir s’il cherche comme les journalistes la vérité, Omer Fast a répondu négativement.

« Ces quinze dernières années, Fast n’a cessé de raconter des histoires en interrogeant le statut même de l’image. Ses installations vidéos entrelacent différents registres – réalité et fiction, original et copie, document et artifice – révélant les codes et les conventions qui définissent le « réel » au cinéma et à la télévision ».

« L’œuvre d’Omer Fast joue avec la vérité objective de l’expérience, soulignant le décalage entre expérience vécue, identité et discours. L’artiste aime travailler avec le témoignage (du soldat, du refugié, de l’acteur porno, de l’embaumeur…), point de départ de nombre de ses œuvres. Il le transforme et le manipule librement grâce au montage et rend visible le travail complexe qui consiste à traduire en images les faits, tout en contestant la primauté du témoin. Il rend compte des récits potentiels que ceux-ci peuvent engendrer – des chemins ouverts à l’infini. Certaines fois, ces récits occupent simultanément un même plan. Ils peuvent rappeler alors les sentiers qui bifurquent de Borges, ou les « narrations falsifiantes » de Deleuze. Le travail de Fast nous confronte à ce paradoxe insoluble : si une histoire est le fruit – autant que l’otage – de conventions discursives, il n’en reste pas moins que, sans ces conventions, il n’y aurait ni expérience ni transmission.

« Depuis ses premiers travaux dans les années 2000, l’artiste s’intéresse à la manière dont les événements se transforment en mémoires et en histoires, ainsi qu’à leurs modes de diffusion et de médiatisation. Une grande partie de l’œuvre d’Omer Fast est basée sur l’entretien. Il enregistre le témoignage du refugié, du pilote de drones, du soldat, de l’acteur porno ou de l’embaumeur, puis le réinvente par le montage, pour le tordre ou le disloquer. Par cette manipulation, l’artiste questionne de la primauté du témoignage et la façon dont les histoires, personnelles ou collectives, sont médiatisées ».

En dépit de « sa dimension narrative et ses images à l’esthétique sophistiquée, l’œuvre de Fast joue avec l’étrangeté, la distanciation et le rejet de toute identification ou catharsis du spectateur vis-à-vis de l’œuvre. À travers différents procédés — telles que la répétition, la boucle, l’introduction d’éléments surréels ou la dissonance entre image, son et récit — ses vidéos s’affranchissent d’une démarche naturaliste et résistent à toute conclusion ou révélation d’une « vérité » ultime du récit ».

« Dans l’œuvre d’Omer Fast, le spectateur est obligé de construire sa propre interprétation, au-delà des évidences. Il ne peut que questionner les images qui se présentent devant lui, s’engageant activement dans une lecture critique de ce qu’il voit ». Encore faut-il en faciliter l’accès par une scénographie limpide, claire.

On ne peut que regretter qu’Omer Fast ne se soit pas intéressé à l’affaire al-Dura.

La Répétition
« Omniprésente dans le travail d’Omer Fast, la répétition constitue aussi un aspect central de sa grammaire filmique : les figures du double, de la boucle et de la reconstitution sont autant d’éléments qui définissent son œuvre ».

Ainsi « la répétition avec variations ou les variations au sein de la répétition structurent-elles les vidéos présentées dans l’exposition, 5,000 Feet is the Best, Continuity (Diptych) et CNN Concatenated, que traversent également l’expression du trauma, le jeu de rôles et la guerre ».

« Le présent continue » propose un enchaînement qui part du « réel historique » télévisuel dans le contexte du 11-Septembre avec CNN Concatenated, glisse vers la fiction et l’horreur au sein d’une famille avec Continuity (Diptych) et s’achève par une réflexion basée sur un témoignage autour des nouvelles formes de guerre à distance avec 5,000 Feet is the Best. Du déclenchement de la guerre contre le terrorisme au « combat virtuel », est donnée à voir la façon dont notre expérience du monde est médiatisée par les technologies de l’image, capables de rendre de plus en plus réel leur impact sur le sujet, que ce soit le spectateur télé ou le pilote de drones ».

A Tank Translated, 2002
« Dispersées tout au long du parcours de l’exposition, les quatre vidéos qui forment A Tank Translated s’entremêlent aux autres œuvres présentées, tel un récit qui viendrait ponctuer discrètement d’autres histoires ».

Omer Fast « a interrogé séparément quatre ex-membres de l’équipage d’un tank de l’armée israélienne à propos de leur expérience et de leur fonction. Leurs témoignages en hébreu, retranscrits et traduits dans les sous-titres, sont manipulés par l’artiste, qui en supprime ou en modifie certains des mots, tout en laissant visible son intervention ».

« Placés dans des endroits inattendus, les portraits des jeunes soldats invitent le spectateur à un rapport plus intime aux paroles du commandant, du chargeur, du conducteur et du tireur de cette machine de guerre » si utile pour défendre l’Etat Juif.

CNN Concatenated, 2002 CNN
CNN Concatenated « concentre plusieurs des problématiques que l’on retrouvera dans ses travaux ultérieurs : la précision du montage et le soin porté à celui-ci, l’importance du langage verbal et, plus spécifiquement, du mot en tant qu’unité, la mise en évidence de la nature construite du discours – qui, par ailleurs, révèle l’artiste comme faussaire –, la sollicitation permanente du spectateur et, enfin, l’identité changeante et multiple du sujet ».

« Figurant parmi les rares œuvres que l’artiste a réalisées en studio », CNN Concatenated est « composée exclusivement d’images de présentateurs de la chaîne américaine. À partir d’une immense base de données de 10 000 mots qu’il a tirés de leurs discours, Fast élabore un récit poétique, déconcertant, qui joue sur la rhétorique de la peur et de l’insécurité. Les présentateurs fixent le spectateur, puis s’adressent à lui avec leur voix mécanique entrecoupée, comme possédés par une force fantomatique. Le contraste avec le caractère subjectif du discours – qui paradoxalement semble l’expression d’une sorte d’inconscient collectif – est ainsi souligné ». 

5,000 Feet is the Best [Le mieux, c’est 5 000 pieds], 2011
Dans sa vidéo, Omer Fast « aborde la question des stratégies militaires aujourd’hui, du combat avec des drones et plus largement des nouvelles formes de surveillance. Ce sujet controversé se trouve au cœur de l’actualité et fait l’objet de nombreux débats, tant dans la sphère politique que dans le monde de l’art ».

« Alors que le dispositif de CNN Concatenated est simple et intelligible, de même que le contexte dans lequel il s’inscrit est clairement identifiable, la construction narrative de l’œuvre 5,000 Feet is the Best se complexifie, faisant écho à la réalité cachée à laquelle elle fait référence ».

« 5,000 Feet is the Best considère la phénoménologie contemporaine de la guerre à distance, pratiquée avec des drones ; elle questionne les stratégies militaires telles qu’elles ont cours aux États-Unis et la moralité des nouvelles formes de surveillance ».

Cette vidéo « naît de la rencontre, en septembre 2010, de l’artiste et d’un opérateur américain de Predator basé dans le désert du Nevada, près de Las Vegas. Pendant une série d’entretiens, le pilote décrit son travail et sa routine quotidienne, mais c’est derrière la caméra qu’il décide de parler des erreurs récurrentes commises par les drones, de leurs résultats dramatiques sur les civils et des conséquences psychologiques pour l’opérateur lui-même (troubles du sommeil, stress, anxiété…) ».

Omer Fast « réalise le montage de cette rencontre – dans lequel l’anonymat du témoin est préservé – en l’entrecoupant de scènes jouées par un acteur, qui interprète le pilote dans une chambre d’hôtel de Las Vegas ».

La « narration nous renvoie d’un récit à l’autre, en un jeu d’alternances entre, d’une part, la présentation détaillée des performances optiques de ces équipes secrètes, et, d’autre part, les histoires décousues et ambiguës rapportées par l’acteur lors de la fausse conversation. Le réel et sa représentation s’entrelacent de plus en plus dans une boucle sans fin. La dramatisation de ce double récit est fortement codifiée selon les conventions des langages audiovisuels classiques, propres au documentaire et à la fiction, de façon à opérer une lecture critique de celles-ci autant que de la façon dont elles sont perçues ».

Continuity (Diptych), [Continuité (Diptyque)] 2012-2015
Omer Fast « amplifie l’exploration initiée avec Continuity (2012) et s’investit dans un nouveau projet au sein duquel la notion du double devient fondamentale. Loin d’en élucider le propos, les nouvelles scènes conçues et tournées pour Continuity (Diptych) accentuent l’étrangeté, l’ambiguïté et les paradoxes de son film jumeau ». Donc, accrochez-vous !

Ces « mêmes conventions sont exploitées dans Continuity (2012), où le détournement de codes facilement reconnaissables ouvre des fissures inquiétantes dans le récit. La continuité cinématographique, qui consiste à produire une sensation de temps linéaire à partir de prises de vue disparates, constitue une tentative de créer du sens à partir de la nature fragmentaire de la perception et conditionne en cela notre représentation du monde ».

Continuity « joue avec ce dispositif et met en scène un couple allemand recréant compulsivement, dans un rituel obsessionnel et impénétrable, le retour de son fils d’Afghanistan, pour surmonter sa perte. Comme dans 5,000 Feet, où la structure du film sans cesse perturbée reflète l’état mental des personnages, la forme filmique de Continuity est étroitement liée à son sujet. Confronté à ce film, le spectateur cherche en vain une interprétation cohérente ou rassurante. Le récit esthétiquement sophistiqué de Fast est progressivement contaminé par des infiltrations surréelles jusqu’à atteindre une dimension cauchemardesque ».

Pour « son exposition au Jeu de Paume, l’artiste a produit spécialement un film intitulé Continuity (Diptych), à partir de celui de 2012 auquel il a intégré de nouvelles séquences. Cette œuvre où la notion du double devient fondamentale spécule davantage sur les identités du fils disparu. Un adolescent toxicomane et un cambrioleur ex-soldat apparaissent comme les deux possibles incarnations d’un personnage aux multiples visages » : « L’homme le plus jeune incarne un passé possible tandis que le plus âgé incarne un futur possible. Au milieu, il y a les parents qui, coincés dans un présent se répétant à l’infini, sont à la recherche continuelle de leur fils disparu. » (Omer Fast)

« Loin d’en élucider le propos, les scènes conçues et tournées pour Continuity (Diptych) accentuent l’étrangeté, l’ambiguïté et les paradoxes de son film jumeau ». Les spectateurs sont contraints de construire leur « propre interprétation, au-delà des évidences. Ils ne peuvent que questionner les images qui se présentent devant eux, s’engageant activement dans une lecture critique de l’œuvre ».

Du 18 mars au 26 juin 2016
Au BALTIC Centre for Contemporary Art, Gateshead (Royaume-Uni) 
Gateshead NE8 3BA
Tel: 0191 478 1810
Du mercredi au lundi de 10 h à 18 h

Jusqu’au 24 janvier 2016
1, place de la Concorde. 75008 Paris
Tél. : 01 47 03 12 50
Mardi de 11 h à 21 h. Du mercredi au dimanche de 11 h à 19 h. Fermeture le lundi, y compris les lundis fériés

Visuels :
Affiche
Omer Fast – Continuity (Diptych) [Continuité (Diptyque)], 2012-2015
Vidéo HD, couleur, son, 77 min
© Omer Fast

Catalogue
Continuity (Diptych) [Continuité (Diptyque)]
2012-2015
Omer Fast
Vidéo HD, couleur, son, 77'.
© Omer Fast

CNN Concatenated [CNN-Enchaînement]
2002
Omer Fast
Vidéo, couleur, son, 18 min.
© Omer Fast

5,000 Feet is the Best
[Le mieux, c’est 5 000 pieds], 2011
Omer Fast
Vidéo numérique, couleur, son, 30 min.
© Omer Fast

5,000 Feet is the Best
[Le mieux, c’est 5000 pieds], 2011
Omer Fast
Vidéo numérique, couleur, son, 30 min.
© Omer Fast

Continuity (Diptych) [Continuité (Diptyque)]
2012-2015
Omer Fast
Vidéo HD, couleur, son, 77'.
© Omer Fast

Continuity (Diptych) [Continuité (Diptyque)]
2012-2015
Omer Fast
Vidéo HD, couleur, son, 77'.
© Omer Fast

Continuity (Diptych) [Continuité (Diptyque)]
2012-2015
Omer Fast
Vidéo HD, couleur, son, 77'.
© Omer Fast

A lire sur ce blog :
Les citations sont extraites du dossier de presse. Cet article avait été en partie publié par Guysen, puis dans une version actualisée le 28 octobre 2015, puis les 22 janvier et 31 mars 2016.

vendredi 24 juin 2016

Paris vu par Hollywood


Cette exposition à l’Hôtel de Ville de la capitale montrait les représentations cinématographiques de Paris dans le cinéma, sur plus d’un siècle. Une cité-écrin d’intrigues amoureuses, dramatiques ou comiques. Un Paris, ou plutôt des Paris : celui à la sensualité sous-jacente d’Ernst Lubitsch, celui sophistiqué et élégant d’Audrey Hepburn, celui populaire de Shirley Mac Laine… Une mosaïque de « villages », quartiers ayant nourri tant de rêves et d’imaginaires grâce à des artistes et techniciens talentueux à l’âge d’or de Hollywood. Un kaléidoscope de Parisiennes, de Gavroches et de Titis parisiens. La fête du cinéma se déroulera du 26 au 29 juin 2016.


« Il y a le Paris de Paramount et le Paris de la MGM. Et puis bien sûr le vrai Paris », ironisait le réalisateur Ernst Lubitsch, qui situa à Paris une dizaine de ses films sans jamais y tourner le moindre plan.

Paris occupe une place privilégiée dans l’histoire du cinéma. Cette cité est « de loin, la ville étrangère la plus représentée dans le cinéma hollywoodien. Plus de huit cents films américains ont été tournés à Paris ou ont reconstitué la capitale française en décor, parfois en recourant à des décorateurs français, tel Alexandre Trauner. Ils dessinent une typologie des Parisiens, et de la Parisienne élégante, spirituelle, mutine...

Les lieux préférés ? La place de la Concorde, l’Opéra, le pont Alexandre III avec en fond d’écran la tour Eiffel, la place Vendôme devant le Ritz, le jardin des Tuileries, l’extrémité verdoyante de l’Île de la Cité laissant apparaître Notre-Dame. Une fascination du Nouveau monde pour la France historique.



A l’époque du cinéma muet, Paris est « d’abord une ville d’histoire, la cité médiévale de Notre-Dame de Paris, roman de Victor Hugo extraordinairement populaire aux États-Unis, le Paris de d’Artagnan et des Trois Mousquetaires de Dumas, la ville de la civilisation du plaisir de la fin l’Ancien Régime, contrastant avec celle de la peur et de la violence révolutionnaires ».
Lors des années 1930 et 1940, Paris est associé à la sophistication et de l’érotisme. C’est la « capitale du raffinement, de la haute société mondaine à laquelle Lubitsch apporte » sa « touch ». Mais Paris est « aussi une ville de folklore populaire, avec chansons de rue, ruelles obscures et poétiques, figures héroïques, scandaleuses ou séductrices ». En 1930, « un journaliste de Ciné-Magazine s’étonne de ce genre en soi : « Jamais plus qu’aujourd’hui, dans toute l’histoire du film, il n’y a eu en Amérique un tel engouement pour les atmosphères françaises, surtout parisiennes… » A la fin de Casablanca, Humphrey Bogart chuchote à Ingrid Bergman : « Nous aurons toujours Paris… »
Dans les années 1950, prévaut la représentation du Paris de la Belle Epoque, musical et dansé (Cancan), d’un Paris romantique de la Bohême artistique : Un Américain à Paris de Vincente Minnelli, Moulin Rouge de John Huston, Les Hommes préfèrent les blondes de Howard Hawks, Les Girls de George Cukor, Can-Can de Walter Lang.

Sabrina, Charade, Drôle de frimousse, Ariane, Deux têtes folles, Comment voler un million de dollars… Huit des vingt-sept films qu’a tournés Audrey Hepburn se situent, entièrement ou en partie, à Paris. Egérie et amie d’Hubert de Givenchy dès 1953, cette actrice polyglotte incarne le « chic parisien ». Le séjour à Paris métamorphose Sabrina et Jo, libraire new-yorkaise austère. Deux personnages féminins revendiquant un goût pour la mode parisienne si élégante.

Les années 1960 demeurent fidèles à un Paris stéréotypé, un décor pour des comédies de Blake Edwards (La Panthère rose) et Stanley Donen (Funny Face, Charade), des drames d’Alfred Hitchcock (L’Etau). C’est aussi le Paris des musiciens américains de jazz (Paris blues, de Martin Ritt).

Après une brève période de désaffection, Paris offre ses rues à des films policiers, d’action (James Bond), de complot, pour des productions à budgets importants. Aux clichés traditionnels, il ajoute une tonalité plus inquiétante (Frantic, de Roman Polanski), plus violente, confinant à l’ésotérisme ou au spirituel (Da Vinci code, de Ron Howard).

Extraits de films, photographies, maquettes de décors - Un Américain à Paris de Vincente Minelli (1951), de Moulin Rouge de John Huston, de Minuit à Paris de Woody Allen ; statues monumentales créées par le décorateur Dante Ferreti pour Hugo Cabret de Martin Scorsese -, costumes - robes dessinées par Hubert de Givenchy pour Audrey Hepburn -, scénarios, affiches… Près de 400 documents d’archives françaises et américaines - Cinémathèque française, Bibliothèque des Oscars (Margareth Herrick Library), Warner archive, collectionneurs privés – déclinent ce thème, mais malheureusement parfois dans l’obscurité. Ce qui nuit à la représentation du Paris lumineux, coloré…

Environ 70 extraits de films, des premiers films d’Edison à ceux de Woody Allen, ainsi que des reportages sur les tournages de Drôle de Frimousse de Stanley Donen, L’Étau d’Alfred Hitchcock, etc. sont diffusés sur une vingtaine d’écrans.

Un écran monumental de 20 mètres de long, proposant un montage mêlant extraits de films, photographies et affiches, résumera un siècle de correspondance ininterrompue entre Hollywood et Paris.



LES 100 FILMS DE PARIS VU PAR HOLLYWOOD


The Girl from Paris (1900) Edison Mfg. Co.

Panorama of The Paris Exposition, from The Seine (1900) Edison Mfg. Co.

Absinthe (1914) d’Herbert Brenon

The Murders in The Rue Morgue (1914) de Robert Goodman

The Three Musketeers (1914) de Charles V. Henkel

Intolérance (Intolerance, 1916) de David W. Griffith
La Du Barry (1917) de J. Gordon Edwards
Les Misérables (1918) de Frank Lloyd
Madame X (1920) de Frank Lloyd
Les Trois Mousquetaires (The Three Musqueteers, 1921) de Fred Niblo
Les Deux Orphelines (Orphans of The Storm, 1922) de David W. Griffith
Queen of The Moulin Rouge (1922) de Ray C. Smallwood
Le Bossu de Notre-Dame (The Hunchback of Notre Dame, 1923) de Wallace Worsley
L’Opinion publique (A Woman of Paris, 1923) de Charles Chaplin
Scaramouche (1923) de Rex Ingram
Zaza (1923) d’Allan Dwan
La Bohème (1925) de King Vidor
Embrassez-moi encore (Kiss Me Again, 1925) d’Ernst Lubitsch
So This Is Paris (1926) d’Ernst Lubitsch
L’Heure suprême (Seventh Heaven, 1927) de Frank Borzage
La Chanson de Paris (Innocents of Paris, 1929) de Richard Wallace
Parade d’amour (The Love Parade, 1929) d’Ernst Lubitsch
Aimez-moi ce soir (Love Me Tonight, 1931) de Rouben Mamoulian
Blonde Vénus (Blonde Venus, 1932) de Josef von Sternberg
Sérénade à trois (Design for Living, 1933) d’Ernst Lubitsch
Fashion of 1934 (1934) de William Dieterle
Paris au printemps (Paris in Spring, 1935) de Lewis Milestone
Le Roman de Marguerite Gautier (Camille, 1936) de George Cukor
La Vie d’Émile Zola (The Life of Émile Zola, 1937) de William Dieterle
La Huitième Femme de Barbe-Bleue (1938) d’Ernst Lubitsch
Marie-Antoinette (1938) de W. S. Van Dyke
La Coqueluche de Paris (The Rage of Paris, 1938) de Henry Koster
La Baronne de minuit (Midnight, 1939) de Mitchell Leisen
Ninotchka (1939) d’Ernst Lubitsh
Casablanca (1942) de Michael Curtiz
Barbe-Bleue (Bluebeard, 1944) d’Edgar G. Ulmer
La Chanson du souvenir (A Song To Remember, 1945) de Charles Vidor
Scandale à Paris (A Scandal in Paris, 1946) de Douglas Sirk
Monsieur Verdoux (1947) de Charles Chaplin
Bel Ami (The Private Affairs of Bel Ami, 1947) d’Albert Lewin
Arc de Triomphe (Arch of Triumph, 1948) de Lewis Milestone
Un Américain à Paris (1951) de Vincente Minnelli
Moulin Rouge (1952) de John Huston
April in Paris (1952) de David Butler
Les Hommes préfèrent les blondes (1953) de Howard Hawks
Sabrina (1954) de Billy Wilder
La Dernière Fois que j’ai vu Paris (The Last Time I Saw Paris, 1954) de Richard Brooks
Boulevard de Paris (1955) de Mitchell Leisen
Drôle de frimousse (Funny Face, 1956) de Stanley Donen

Le Tour du monde en 80 jours (1956) de Michael Anderson
Les Girls (1957) de George Cukor
Ariane (Love in The Afternoon, 1957) de Billy Wilder
Le Soleil se lève aussi (The Sun Also Rises, 1957) de Henry King
Vacances à Paris (The Perfect Furlough, 1957) de Blake Edwards
Gigi (1958) de Vincente Minnelli
Paris Blues (1958) de Martin Ritt
Bonjour tristesse (1958) d’Otto Preminger
Can-Can (1960) de Walter Lang
Aimez-vous Brahms ? (1961) d’Anatole Litvak
Gigot, le clochard de Belleville (1962) de Gene Kelly
Irma la douce (1963) de Billy Wilder
À la française (In The French Style, 1963) de Robert Parrish
Charade (1963) de Stanley Donen
La Panthère rose (The Pink Panther, 1963) de Blake Edwards
Deux Têtes folles (Paris - When It Sizzles, 1964) de Richard Quine

Le Train (The Train, 1965) de John Frankenheimer

La Grande Course autour du monde (The Great Race, 1965) de Blake Edwards
Comment voler un million de dollars (1966) de William Wyler
L’Étau (Topaz, 1969) d’Alfred Hitchcock
Les Aristochats (1970) de Wolfgang Reitherman studios Disney
Day of the Jackal (1973) de Fred Zinnemann
Victor, Victoria (1982) de Blake Edwards
Dangereusement vôtre (A View to a Kill, 1985) de John Glen
Frantic (1987) de Roman Polanski
Henry & June (1990) de Philip Kaufman
Mr. et Mrs. Bridge (Mr. And Mrs. Bridge, 1990) de James Ivory
Prêt-à-porter (1994) de Robert Altman
Forget Paris (1995) de Billy Crystal
Sabrina (1995) de Sidney Pollack
Jefferson in Paris (1995) de James Ivory
Tout le monde dit I love you (1996) de Woody Allen
Ronin (1998) de John Frankenheimer
Une Américaine à Paris (1998) de Kris Kramsky [film X]
Moulin Rouge ! (2001) de Baz Luhrman
La Mémoire dans la peau (2002) de Doug Liman

La Vérité sur Charlie (The Truth about Charlie, 2002) de Jonathan Demme
Femme fatale (2002) de Brian de Palma
Team America, police du monde (2004) de Trey Parker
Before Sunset (2005) de Richard Linklater
Le Diable s’habille en Prada (2005) de David Frankel
Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Da Vinci Code (2006) de Ron Howard
Ratatouille (2007) des studios Disney
Rush Hour 3 (2007) de Brett Ratner
Two Days in Paris (2007) de Julie Delpy
Inglorious Basterds (2009) de Quentin Tarantino
Midnight in Paris (2011) de Woody Allen
Hereafter (2011) de Clint Eastwood
Hugo Cabret (2011) de Martin Scorsese

Jusqu’au 15 décembre 2012
A l’Hôtel de Ville de Paris
Salle Saint-Jean
5 rue Lobau, 75004 Paris
Tous les jours sauf dimanches et jours fériés de 10 h à 19 h
Visuels :
Audrey Hepburn dans Charade de Stanley Donen, 1963. © 1963 Universal Pictures Company, Inc. and Stanley Donen, Inc. © Photo Vincent Rossell / visuel TCD.
Jack Lemmon et Shirley MacLaine dans Irma la douce de Billy Wilder, 1963. Irma la douce © 1963 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous droits réservés.
Les Aristochats de Wolfgang Reitherman, 1971. © Disney. Reproduit avec l’aimable autorisation de The Walt Disney Company France.
Gene Kelly et Leslie Caron dans Un américain à Paris de Vincente Minnelli, 1951. © Turner Entertainment Co. Disponible sur WarnerTV / Visuel Prod DB.

Articles sur ce blog concernant :
Cet article a été publié le 17 décembre 2012.