Français né à Londres dans une famille d'origine alsacienne, Jacques Remlinger (1923-2002) s'engage en août 1940 dans les Forces françaises libres. Pilote de chasse avec son ami Pierre Clostermann, il participe sur Spitfire à la guerre aérienne contre les forces de l'Axe. Il participe aux patrouilles à l’aube du 6 juin 1944 lors du débarquement en Normandie. Après guerre, il devient industriel dans le prêt-à-porter féminin.
Les engagés volontaires Juifs étrangers dans les armées françaises durant les deux guerres mondiales
« Ceux de Normandie-Niémen » d’Yves Donjon
Ses voisins l’ont tout de suite surnommé à tort « l’Anglais »
à cause de son léger accent et ils se méfient des expériences explosives dans
l’alambic local de ce paisible retraité.
Et seules, les vignettes de l’Amicale des Français Libres
et de la Royal Air France Association, collées sur le pare-brise de la voiture
de Jacques Remlinger,
rappellent son passé prestigieux de pilote de chasse pendant la Seconde Guerre
Mondiale.
Quelques photographies et dessins d’avions décorent les
murs du salon et du bureau de sa modeste gentilhommière franc-comtoise.
Un morceau de fuselage de Spitfire à ses pieds en guise de
corbeille à papier, Jacques Remlinger égrène ses souvenirs en se balançant dans
son fauteuil directorial et se redresse parfois pour affermir le propos.
Et c’est avec verve ou calme qu’il raconte, en savourant
ses effets, son expérience imprévue, brève et intense de chasseur en temps de
guerre.
Une éducation anglaise
Jacques Remlinger est né en 1923 à Paris dans une famille
chrétienne d’origine alsacienne « française à 1 000 % ».
Self made man industriel dans le textile, son père émigre
en Angleterre avec son épouse et son fils Jacques, âgé de trois ans.
Jacques Remlinger grandit près de Londres dans le culte
d’une France idéalisée et invincible.
Malgré des grandes vacances passées au Touquet et les
subterfuges de sa mère, il améliore peu la connaissance de sa langue natale.
Mais s’il ignorait le « bon français », il « parlait
l’anglais mieux que les Anglais » dont il conserve l’ironie et la pratique de l’understatement.
Adolescent, il n’hésite pas à se battre contre des
camarades qui raillent la puissance de la France dont il est si fier.
C’est l’époque où Churchill, Premier Lord de l’Amirauté,
déclare à la Chambre des Communes réticente à voter les crédits navals : « Dieu
merci, nous avons l’Armée française pour nous protéger »...
Dans les meilleurs public
schools (en fait, des établissements
privés) et colleges britanniques,
Jacques Remlinger se fait remarquer très tôt par ses qualités exceptionnelles
de joueur de rugby, un « jeu de voyous joué par les gentlemen des grandes
écoles anglaises ».
De ce sport d’équipe très physique, il apprend le fair play, un esprit sportif typiquement
anglais (« It’s just a game ! »), le courage, la loyauté, la solidarité et à ne
pas laisser tomber le groupe auquel il appartient.
Ces dernières qualités l’aideront à se fondre dans la
chasse, un groupe sociable, « très famille » aussi.
Sans entraînement intensif grâce à une bonne forme
physique, il se sent honoré d’être sélectionné pour représenter son école, sa
région et plus tard la R.A.F. et l’Angleterre.
Il envisage d’entrer à Oxford pour devenir avocat
international trilingue.
C’est alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale.
Elle va bouleverser sa vie et dévorer cinq années de sa
prime jeunesse.
Un engagement immédiat
Le père de Jacques Remlinger accueille des soldats français
de Narvik qui estiment la guerre terminée et songent à rentrer en France,
auprès de leurs familles.
Mais après la défaite de 1940, « la France était
déshonorée. Il fallait faire quelque chose » enchaîne-t-il avec simplicité.
Son père choisit la France Libre et servira surtout en
Afrique du Nord.
Et c’est un jeune homme de 18 ans qui se rend au Q.G. du général
de Gaulle, à Carlton Gardens, pour s’engager dans la Marine française.
« Je venais pour sauver la France. Les bureaux étaient
fermés. C’était un 15 août. Même en temps de guerre, ces messieurs du Q.G.
prenaient des vacances. Ça ne faisait pas très sérieux », conclut Jacques
Remlinger ironiquement de sa voix douce, qui se raffermit parfois pour mieux
convaincre. Il rentre chez lui furieux de voir les bureaux fermés le jour où il
vient « sauver la France ».
Dès le lendemain, c’est par hasard qu’il s’enrôle dans
l’aviation, la chasse.
« Je ne savais pas si je serais un bon pilote, du moins je
n’aurais pas la responsabilité de l’équipage d’un bombardier » explique-t-il
modestement.
En fait, il veut assumer seul ce qui pourrait arriver.
Nul doute que le souvenir de son père soldat pendant la
Première Guerre mondiale l’influence et qu’il veut éviter « la vue du sang, des
blessures et la boue en cherchant son confort ».
C’est en signant un document où il s’engage à obéir à
n’importe quel ordre donné par tout supérieur hiérarchique qu’il éprouve sa
première grande émotion. Prêt à se battre pour la liberté, soudain il se rend
compte qu’il doit aliéner la sienne. Il prend alors conscience d’être un numéro
et de devoir faire tout ce qu’on lui demandera. C’est la première fois qu’il
réagit sérieusement à un événement.
Dans un vieux camion Renault, Jacques Remlinger rejoint son
premier camp d’entraînement et pense naïvement que les passants anglais doivent
savoir que ce véhicule convoie des engagés Français sur la route des combats.
Comme lui, la plupart de ses camarades n’ont jamais pris
l’avion, ni comme passagers ni comme pilotes.
Pendant un an, Jacques Remlinger suit donc des périodes
d’instruction, d’entraînement et de navigation d’environ trois mois chacune
dans la R.A.F. à Camberley, Scarborough et Northampton.
Et ne manque pas un instant de manifester un sens de
l’humour naturel. Ainsi, quelques semaines après son engagement, le général de
Gaulle, en présence de la presse, demande aux nouveaux engagés du camp Français
Libre de Camberley comment ils sont parvenus
à rejoindre l’Angleterre. Tous ont accompli des exploits. Certains se sont
évadés de camps d’internement français et ont franchi au prix de mille périls
les Pyrénées pour atteindre l’Espagne, puis l’Angleterre. D’autres ont «
emprunté » à Caen un avion pour survoler sans expérience la Manche. Le chef de
la France Libre les félicite et les encourage : « C’est bien. C’est comme ça
qu’on va gagner la guerre ». Quand arrive son tour, Jacques Remlinger indique
qu’il a rejoint les Forces Françaises Libres « par le métro ». Cette réponse
atypique, simple et naturelle déconcerte quelque peu l’auteur de l’appel du 18
juin 1940.
Ce volontaire à peine sorti de l’adolescence porte un
regard amusé sur certaines incohérences de l’entraînement. C’est dans la plus
grande cacophonie musicale qu’il apprend à marcher au pas « à la française ».
Puis il doit tout désapprendre pour assimiler « la marche au pas à l’anglaise
». C’est une discipline qu’il goûte peu par tempérament et qu’il juge inutile
comme apprenti pilote.
Comme il ne maîtrise pas sa langue natale, il échoue à des
tests de culture générale sur l’histoire et la langue françaises.
Il n’arrive pas non plus à faire exécuter des manœuvres à
des parachutistes français un peu jaloux des pilotes et volontiers
récalcitrants à marcher au pas, en rangs serrés. La sanction tombe, définitive
: « Vous, un officier français ? Jamais ! »
Il ne devient donc pas officier, un grade qu’il aurait
obtenu aisément grâce à son éducation britannique et à son excellent niveau
sportif s’il s’était engagé chez les Anglais.
C’est sur de « vieux coucous, des biplans monomoteurs Tiger
Moth en toile, aux cockpits ouverts, à 100-120 kms/h », qu’il apprend à
voler.
« En plein hiver, c’est assez glacial. L’instructeur était
assis sur le siège avant. Quand on se posait, il nous fallait dix minutes pour
dégeler les joues et pouvoir parler. Le seul avantage, c’est qu’il en fallait
autant à notre instructeur avant de nous parler. Alors, pendant ce temps, il
devenait plus doux, il avait perdu la moitié de son venin car il avait
l’habitude de nous réprimander comme de la pourriture ».
Au demeurant gentils, les instructeurs sont frustrés de ne
pas pouvoir se battre et font sentir à chaque jeune aviateur qu’il ne vaut
rien. Ils sont aussi conscients des risques encourus par une formation
indulgente ou lacunaire.
Pour habituer les pilotes à sortir vite d’une vrille
accidentelle dès qu’elle s’amorce, des séances de 30 à 45 minutes sont imposées
aux engagés. On coupe le moteur, on perd de la vitesse et de la hauteur et
l’avion tourne hors de contrôle.
C’est sans succès que Jacques Remlinger essaye à trois
reprises de maîtriser la vrille. Pour ce jeune pilote déterminé, il n’est pas
question d’être éliminé par cet échec. Alors, en larmes, il réussit à attendrir
son instructeur qui inscrit son succès à cette épreuve.
Il peut donc poursuivre un entraînement émaillé
d’accidents. Ainsi, il assiste impuissant à la collision de deux avions qui
s’écrasent. Tout le monde accourt et voit une tête trouer la masse de toile
jaune, puis une autre émerger de l’autre avion... et les deux pilotes se
bagarrer comme des enfants.
Parallèlement, il suit des cours sur la théorie de vol, le
fonctionnement des moteurs et la lecture de cartes.
Pour tester les novices en cours de vol, les instructeurs
les surprennent par des manœuvres délicates et ils veulent que l’aspirant à la
chasse demeure impassible, voire souriant, quel que soit le danger.
Aussi, quand l’instructeur entame des premières manœuvres
qui l’effraient, Jacques Remlinger accroche sur son visage un faux sourire. Il
garde ce calme béat même quand l’instructeur vire sur le dos, fait un piqué,
coupe le moteur du DH82, et au dernier moment, redresse l’avion en remettant le
moteur. Frappé par des sangles trop lâches, il comprend finalement qu’il a
réussi ce test psychologique car il a su garder son sang-froid.
Puis, après 4 à 5 heures de vol en double, Jacques
Remlinger est lâché seul.
C’est à Cranwell, l’école de formation et de pilotage des
officiers de carrière de la R.A.F., qu’il complète son apprentissage. C’est un
autre monde où en tant que caporal-chef il bénéficie d’une ordonnance.
Mais il a un triple accident en trois jours et se pose en
catastrophe dans un champs.
Il garde un souvenir amusé des fourches menaçantes des
paysans qui le prennent pour un « ennemi de la 5ème colonne », de
l’arrivée salvatrice d’un Bobby et de la réconciliation générale dans le pub du
village. C’est avec la crainte d’être renvoyé qu’il retrouve son supérieur.
Mais ce dernier le garde car il veut amortir les dépenses déjà engagées et la
R.A.F. a toujours gardé les excellents rugbymen.
Jacques Remlinger obtient ses brevets de pilote de la Royal
Air Force et des Forces Aériennes Françaises Libres.
Il est alors l’un des rares Français à recevoir les ailes
britanniques de la R.A.F. et à être décoré du macaron français plein de
symboles : des lauriers pour couronne, des ailes portantes et une étoile pour
guide.
A une époque où près d’un tiers des aviateurs est affecté
dans les bureaux, Jacques Remlinger porte le numéro de matricule de pilotes de
la France Libre 203.
Le Spitfire, un pur-sang
De la sélection constante parmi les meilleurs pilotes,
émergent les chasseurs.
De la trentaine des volontaires du premier stage, il ne
reste plus qu’une demi-douzaine de pilotes : certains n’ont pas réussi leurs
examens de passage, d’autres sont morts en entraînement.
C’est au cours de l’hiver 1942, au Pays de Galles, qu’il
vole pour la première fois dans un Spitfire (MK I et MK II), « un bolide, un
pur-sang, sans la main d’un instructeur pour rassurer pendant la première heure
». Un monoplace auquel il sera fidèle pendant toute la guerre.
Alors que ses camarades vont en Ecosse rejoindre le groupeAlsace, Jacques Remlinger est affecté à un groupe de chasse anglo-saxon, à
Perranforth, car il ne maîtrise pas le français.
Il assimile alors la discipline de vol de la R.A.F.
« L’armée de l’Air britannique a tiré les leçons de la
bataille d’Angleterre, coûteuse en hommes et en matériel ». C’est donc par
pragmatisme qu’elle élabore des formations de combat efficaces et qu’elle coule
ses aviateurs dans un même moule.
« Face au nombre élevé de leurs pertes, les plus rétifs à
cette discipline (les Français, les Tchèques et les Polonais) adoptent vite les
méthodes anglaises».
Jacques Remlinger ne tarit pas d’éloges quand il décrit le
système anglais de défense mutuelle, hiérarchisée et rationnelle. « Au sein
d’un groupe de chasse, la paire des pilotes plus expérimentés comprend les nos1
et 3 et celle des plus novices les nos2 et 4. Plutôt que de laisser
descendre leur n°1, ces nouveaux venus doivent être prêts à sacrifier leur vie
».
C’est en tant que no 4 que Jacques Remlinger
effectue, au sein du prestigieux groupe anglais de chasse 602 (City of Glasgow), ses premières missions
d’escorte de bombardiers, de la Cornouailles à la Bretagne.
Pour être repéré le plus tard possible par la D.C.A,
il préfère voler en rase-mottes, à 3-4 mètres du sol, notamment pour atteindre les
bases sous-marines de Brest, soit 150 km à l’aller et autant au retour.
C’est un périple long pour des vieux Spitfires VB et VC. « Heureusement
qu’il y avait les moteurs Rolls Royce ! », commente-t-il reconnaissant.
C’est à la suite d’une erreur de calcul du chef de
patrouille qu’il vole sur la côte, 20 kms derrière les trois autres avions qui
survolent la mer.
De retour de mission, Jacques Remlinger connaît sa première
peur quand il aperçoit quatre Focke Wulfs 190 suivre son groupe à court de
munition. Il vieillit de 50 ans en une fraction de seconde. Sa voix monte d’un
octave pour alerter les chefs canadiens qui poursuivent leur chemin, loin
devant lui. Il voit avec frayeur deux avions allemands le prendre en chasse. « Qu’est-ce
qu’ils font ? On n’a pas été présenté et ils veulent me tuer. C’est idiot !
C’est fou ! » raconte-t-il avec une fausse candeur amusée. Puis, il réalise que
c’est la guerre. Il se cache alors dans un nuage et profite d’un moment
d’inattention des deux avions allemands pour s’échapper. L’autre novice, un
aviateur polonais, a moins de chance : il est abattu par les avions ennemis. De
retour à la base, Jacques Remlinger est vertement réprimandé par son supérieur
et comprend que la version des chasseurs seniors l’emporte sur la sienne.
Le stress des opérations
C’est contre son gré que ce Français déjà expérimenté
rejoint d’office, au printemps 1943, le groupe de chasse 341 (Alsace), un
groupe français cependant «anglicisé» qui succède au groupe Ile-de-France
décimé.
A Biggin Hill, Jacques Remlinger pilote son Spitfire
préféré, le IX B, la quintessence des qualités de ce chasseur.
Malgré ses trois mois d’opérations, mais non officier, il
doit encore voler en n°4 - alors qu’il aurait pu être no3 -,
équipier de pilotes souvent moins expérimentés, mais officiers.
Là, il se lie d’amitié avec des pilotes admirés : ses
chefs, le commandant René Mouchotte, réservé et très bon pilote, le capitaine
Christian Martell, très grand, calme, au sens de l’humour très british, et ses
coéquipiers Henri de Bordas au comportement si anglais, et surtout son meilleur
ami, Pierre Clostermann.
« Avec Pierre, on faisait notre petite guerre à nous lors
d’opérations de chasse libre. Entre-temps, on exécutait des missions »,
ironise-t-il.
Jacques Remlinger est équipier de Mouchotte quand est
abattu le 1 000e Allemand dans le secteur de Biggin Hill depuis la
bataille d’Angleterre.
Pendant quelques mois, tout en effectuant ses deux à quatre
missions quotidiennes, il fête cette victoire dans des soirées, dont un bal
parrainé par Vickers et Rolls Royce, les fabricants de la coque et du moteur du
Spitfire.
« Tirant comme un dieu en air-sol, un des hommes les plus
courageux que j’ai connus » (Pierre Clostermann), Jacques Remlinger assure à
partir de 1943 notamment l’escorte rapprochée des Forteresses Volantes dans la
journée.
« La mission essentielle des chasseurs est défensive : elle
consiste à couvrir, à amener au point fixé et à ramener à la base sains et
saufs les bombardiers pour une prochaine mission » rappelle-t-il avec modestie
et didactisme.
« Jusqu’en 1941, les chasseurs anglais assurent la défense
de leur pays contre les bombardements de la Luftwaffe. Puis, après la bataille
d’Angleterre, les deux côtés pansent leurs blessures. Plus offensifs, les
Alliés commencent alors à faire des incursions de plus en plus profondes en
France, en Belgique et en Hollande. Les Allemands se replient dans la défense
de leurs villes contre les attaques des bombardiers, anglais le jour et
américains la nuit. Parfois à la limite de la panne de carburant, les chasseurs
doivent revenir à travers un terrain hostile, puis en survolant la Manche s’ils
ne veulent pas revenir à la nage ».
Ce pilote, qui affirme ne pas avoir un grand sens de
l’orientation, préfère voler comme volontaire en rase-mottes, à 3-4 mètres du sol, entre les
arbres.
C’est peut-être dû au début à un manque de confiance en lui
et en ses capacités de pilote, mais c’est surtout pour éviter aussi longtemps
que possible d’être repéré par la D.C.A. meurtrière.
« Trouer le mur de la D.C.A. », qui le touche 12 fois, « particulièrement
au Pas-de-Calais, même pour le meilleur pilote au monde, c’était une question
de chance. Les tireurs des rampes de lancement ne se fatiguaient plus à ajuster
leurs tirs. Ils lançaient un maximum d’obus dans le ciel. Ils savaient qu’ils
nous toucheraient. A la fin, c’était notre plus grand souci. On volait de plus
en plus bas dans la D.C.A. Ça jouait sur les nerfs » conclut-il pudiquement.
Jacques Remlinger est encore aujourd’hui impressionné quand
il évoque les formations serrées de centaines de bombardiers, les Forteresses
Américaines, « dans des cubes pour se protéger mutuellement avec leurs
mitrailleuses. Cette Armada suivait une ligne implacable dans la direction de
sa cible. Malgré les trous dans les formations dus aux tirs de la D.C.A, les
bombardiers continuaient à travers le mur d’obus, sans broncher. C’était un
sacré courage ».
Jacques Remlinger souligne la différence avec les
chasseurs, des pilotes seuls : « S’il nous arrivait quelque chose, nous
sautions en parachute ou nous nous crashions. Ça allait vite. Mais, quand il y
avait des blessés ou des morts dans des bombardiers à moitié détruits, c’était
affreux ce qui devait se passer pendant les heures du retour à la base. C‘était
une autre guerre, complètement » conclut-il.
Muni d’un casque pour la radio, Jacques Remlinger n’entend
que le bruit familier et reconnaissable du moteur du Spitfire.
« Les obus (balles incendiaires) de la D.C.A. ressemblaient
à des gerbes colorées. Ces flocons montaient en silence, lentement, avec grâce
et élégance, puis soudain sifflaient en frôlant l’avion. C’était un vrai
tableau représentant un joli bouquet de tâches lumineuses », mais dangereuses.
« Quand un pilote disparaît, on est triste. Mais si on
pense trop aux amis perdus, on ne peut plus faire le travail qu’on doit faire
... On se partage ses effets. Quand parfois il revient, c’est gênant. Il nous
insulte. Et on lui rend ses affaires ».
Comme il ne s’habitue pas au tempérament français, Jacques
Remlinger retrouve en août 1943 le « City of Glasgow » et des pilotes écossais
dont il peine à comprendre leur anglais.
C’est là, dans le Kent, que le rejoint bientôt Pierre
Clostermann.
Durant l’hiver 1943, ils sont envoyés aux îles Orcades pour
assurer l’escorte rapprochée de la grande base navale de Scapa Flow en Écosse
et apprendre l’assaut au sol.
Jacques Remlinger garde le souvenir amusé des atterrissages
sur Tiger Moths dans des champs pour acheter et gober des œufs frais.
Les qualités des chasseurs
C’est dans des Spitfire (V à XVI) qu’ils effectuent des
missions de reconnaissance photographique à basse et haute altitudes et
d’interception des avions allemands.
C’est dans son axe, en avant, en calculant la bonne
correction de tir que le pilote doit tirer.
Et il doit se souvenir parfaitement des maximes constamment
rappelées : « Le Boche qui vous descend est celui que vous n’avez pas vu, il
faut faire attention au Boche dans le soleil, etc. »
Ils pilotent dans des cockpits étroits, non pressurisés et
non isolés du froid (-10° à l’intérieur, -20° à -50° à l’extérieur).
« On était inconfortablement assis sur un canoë de
sauvetage plié posé sur le parachute. On était ceinturé par la Mae West, le
gilet de sauvetage. Nos jambes étaient protégées par des bas en soie et laine
dans des bottes fourrées. On portait trois paires de gants : deux paires en
soie et laine pour nous prémunir contre le froid et une paire en cuir pour
protéger du feu ».
Sur le visage, un casque de cuir et des lunettes offre une
«protection illusoire contre les brûlures provoquées par l’explosion soudaine
de carburant» (Pierre Clostermann).
Jacques Remlinger énumère les principales qualités du
chasseur qui vole vite, de cinq mètres à 11 000 mètres
du sol : être toujours vigilant (« Regarder partout et tout le temps), avoir
une vue aiguisée et des réflexes rapides car un combat se passe vite, en
quelques secondes ».
C’est à 800
km/h , une vitesse considérable, qu’il se rapproche en
piqué, dans un Spitfire aux « ailes très portantes et pouvant tourner serré
dans les combats tournoyants. Mais les avions allemands ont un taux de roulis
qui leur permet de passer sur le dos, d’accélérer plus vite et de disparaître
en piqué ».
C’est en praticien qu’il décrit les évolutions du Spitfire
répondant aux améliorations des avions allemands. « Au début, on avait une
autonomie d’une heure trente, soit de la banlieue sud de Londres à la banlieue
parisienne. Puis, on allait de plus en plus loin. Alors on utilisait d’abord
les réservoirs de carburant supplémentaires placés sous le ventre de l’avion,
puis on attendait parfois une coupure du moteur avant de les larguer vides et
de continuer sur les autres réservoirs internes ». Après 1942, « les Spitfire
IX et XVI ont des ailes coupées ; ils tournent moins serrés, mais plus vite ».
Et enfin, c’est une verrière intégrale qui améliore la vision en arrière pour
mieux voir l’ennemi. « On voyait mal le sol en atterrissant. On se posait comme
on pouvait ». Mais, « dans une même formation, il y avait des pilotes de tout
niveau » ajoute-t-il.
C’est avec notamment Pierre Clostermann qu’il prépare la
nouvelle aviation tactique (missions de couverture, mitraillage d’unités allemandes
au sol) pour soutenir l’armée Alliée en vue du débarquement proche.
Les chasseurs délaissent alors le « luxe » du groupe Alsace
pour être plus mobiles, s’entraînent à remplacer leurs mécaniciens et vivent
dans des conditions plus rigoureuses, sous des tentes en toile et non des « grands
mess comme des palais ».
C’est par conscience des dangers affrontés quotidiennement
et par attachement à certaines valeurs que Jacques Remlinger méprise les
Vichyssois, surtout en Afrique du Nord, et en particulier ceux qui se vantent
d’avoir descendu des pilotes anglais.
Mais ce chasseur intrépide, non par inconscience ou
imprudence, mais par patriotisme et pour redorer l’image des Français, est
aussi capable d’actes apparemment insensés, mais inspirés par une logique
imparable.
Ainsi, de retour d’une mission, il n’hésite pas à revenir
en France larguer une dernière bombe oubliée plutôt que de la laisser tomber
inutilement dans la Manche. Sans bénéficier de l’effet de surprise et au risque
de manquer de carburant ou d’être abattu par la Flak qui maintenant a réglé
ses tirs. Fier de lui car il n’a pas gaspillé une bombe, il est réprimandé par
le commandant avant d’être complimenté.
C’est avec émotion que Jacques Remlinger participe aux
premières patrouilles de l’aube du 6 juin 1944 - son frère cadet débarque dans
la 2e D.B. du général Leclerc.
A 500-600
mètres de hauteur, il voit des centaines de soldats
Alliés être mitraillés dès leurs premiers pas sur les plages normandes, « sans
un mot, sans un bruit. Un spectacle absolument irréel ».
Grâce à la gentillesse du commandant anglais qui laisse les
soldats Français se poser les premiers, Pierre Clostermann et lui sont de la
première escadre, après « Johnnie» Johnson, à se poser à Longues, près
d’Arromanches. C’est avec colère qu’ils constatent que la poussière de la terre
battue sèche, virevoltante, abîme leurs uniformes neufs étrennés pour ce jour
historique et s’engouffre dans les moteurs des Spitfire dont elle détériore les
filtres. Le 17 juillet 1944, Jacques Remlinger blesse grièvement le général
Rommel.
C’est en septembre 1944 qu’il quitte la Normandie pour six
mois de repos.
Au cours de cette pause, il trouve un emploi fictif au Q.G.
de la Chasse anglaise à Londres car les Anglais ont toujours courtisé cet excellent
rugbyman qui joue pour l’Angleterre et la R.A.F. Aimablement offert par le
capitaine de l’équipe anglaise de rugby, cet ailier 3/4 est refusé par le capitaine
de l’équipe française, le général Jacques Chaban-Delmas. Il participe donc, le
11 novembre 1944, à la victoire anglaise (26 à 6) lors de ce premier match
international au Parc des Princes, dans un Paris tout juste libéré.
Ce même jour, il se souvient avec fierté que Churchill et
De Gaulle avaient déposé une gerbe de fleurs à l’Arc de Triomphe et descendu à
pied les Champs-Elysées.
Jacques Remlinger ne reste pas longtemps dans l’école de
tir aérien de Catfoss où il est muté pour se perfectionner.
Il s’éclipse vite en expliquant avec malice que « c’est
trop dangereux et qu’il ne veut pas revivre ce qu’il a connu en missions. Ses
nerfs ne pourraient pas le supporter ! »
C’est à cause d’une
blessure à l’épaule pendant un match de rugby qu’il ne peut rejoindre Pierre
Clostermann avec qui il projetait de piloter en Hollande un nouveau chasseur
plus rapide, un Tempest.
C’est dès février 1945, dans la fameuse escadrille 340
(Île-de-France) qu’à partir de Anvers, Jacques Remlinger suit de près, 20 à 30
kms derrière les lignes, la progression de l’armée Alliée au sol par des
bombardements en piqués, des mitraillages au sol de chars et de canons
allemands.
La guerre finie, il participe à quelques « vols de victoire
» au-dessus de grandes villes. Et c’est au sein de l’escadrille Île-de-France
qu’il dessine, le 18 juin 1945, une croix de Lorraine sur le ciel parisien,
au-dessus de l’Arc de Triomphe. Une page de sa vie se referme alors.
La reconversion difficile
C’est un jeune homme mûri prématurément et fatigué par la
tension de ses années de guerre qui songe à se marier et à fonder une famille.
Comme Jacques Remlinger veut se réinsérer dans la vie
civile et gagner vite sa vie, il renonce à reprendre des études de droit qu’il
aurait terminé à 27 ou 28 ans. Il cherche donc du travail.
« Bon à rien» à 22 ans et après cinq années de guerre, il
pressent avec lucidité ses perspectives limitées de carrière dans les armées de
l’air française et anglaise.
C’est avec déplaisir qu’il envisage de côtoyer des anciens
collaborateurs de Vichy toujours en fonction.
Comme il parle mal sa langue natale et n’a aucun diplôme
français, il sait qu’il arrivera au mieux au grade de commandant en France.
Par ailleurs, chez les Anglais, il ne pourra, malgré son
éducation britannique, devenir général car il a toujours gardé sa nationalité
française. Sa promotion est donc très limitée dans les deux hypothèses.
« Pas militaire du tout », il propose ses services aux
compagnies aériennes britanniques (British Airways).
Las, elles préfèrent d’anciens pilotes de bombardiers
(Hallifax, Lancaster), dotés d’une expérience des quadrimoteurs, habitués à
voler avec des radios, des navigateurs et donc déjà « formés ».
Au soulagement de sa fiancée anglaise, Jacques Remlinger refuse
un emploi comme pilote d’essai sur Spitfire XXII.
Et c’est finalement avec un titre ronflant qu’il entre
comme... modeste employé quasi-anonyme dans une société d’import.
Puis c’est sans regret qu’il devient industriel dans le
prêt-à-porter féminin.
« J’ai eu une sacrée chance, une belle vie... et trois
enfants dont un fils, qui est le plus jeune général de la R.A.F .», constate cet homme heureux.
De ses cinq années de guerre, Jacques Remlinger garde le
sens de la relativité.
Il a aussi développé une philosophie optimiste car « rien
n’est jamais désespéré, la force intérieure fait combattre et on ne doit pas
prendre les choses trop au sérieux ».
Il sourit ironiquement quand on évoque la fraternité des
chasseurs, leur esprit chevaleresque similaire à celui des chevaliers médiévaux
ou leur lutte d’homme à homme dans ces combats rapides de quelques passes. « On
nous apprend à être des assassins, à tuer pour ne pas être tué, à nous cacher
dans le soleil et à tirer dans le dos » résume-t-il avec sincérité.
Pourtant, il se souvient à l’époque s’être rapproché, « progressivement,
sournoisement, sans être aperçu d’un chasseur allemand voltigeant ». Il est
alors touché par le spectacle d’union, d’harmonie et de bonheur entre un
pilote, son avion et le ciel. Au dernier moment, il ne peut pas tirer car cela
aurait été « un meurtre, et non la guerre ». Et il s’éloigne. C’est de retour à
sa base qu’il commence à regretter son acte car il prend conscience que cet
adversaire pourrait tuer ses camarades lors de prochaines missions.
Trop absorbé par sa vie professionnelle et familiale, Jacques
Remlinger a eu des contacts épisodiques avec ses amis pilotes.
Membre de l’association des anciens de la Royal Air Force,
il participe parfois à leurs réunions, sans que les discussions avec ses amis
portent sur l’aviation ou leur guerre.
Il est aussi membre de l’Amicale des Forces Françaises
Aériennes Libres. Ses anciens équipiers sont devenus généraux ou restés
lieutenants si, comme lui, ils n’ont pas poursuivi de carrière militaire.
C’est en 1994 que Pierre Clostermann et lui participent aux
célébrations du 50e anniversaire du débarquement en Normandie. C’est
avec émotion qu’ils voient au cours d’une manifestation un Spitfire XIV voler
très bas et décrire dans le ciel des figures risquées. Quand l’avion atterrit,
ils découvrent stupéfaits que ce pilote intrépide est... le collectionneur britannique
Stephen Grey !
C’est avec un certain goût pour le paradoxe que Jacques
Remlinger avoue en riant avoir peur en avion, surtout en Airbus. Ainsi, après
la guerre, il refuse de voyager en avion pour ses affaires.
Sur l’insistance de son père, il parvient à un compromis :
il choisit Air France pour se rendre en France et British Airways pour rentrer
en Angleterre... afin de comprendre les messages de SOS en cas de graves
problèmes.
Dans un sourire moqueur, il relate sa rencontre dans
l’immédiate après-guerre avec un volontaire recalé du groupe Alsace par la
R.A.F. et qui s’avère êtr ... le commandant de bord de son premier vol civil.
Fort de sa position hiérarchique, Jacques Remlinger obtient aisément de voyager
dans le cockpit pour réduire son stress.
Cet homme de principes, tolérant, manifeste une curiosité
pour l’actualité française qu’il commente avec passion. Il porte un regard aigu
d’« anglo-français » aux fortes convictions civiques, humanitaires et morales
que la succession des « affaires », l’aggravation de la misère, la
transformation du service militaire ou la généralisation de la détention
provisoire heurtent.
De l’Angleterre, Jacques Remlinger regrette ses pubs, lieux
conviviaux de rencontre et de discussion, et sa campagne, moins « profonde »
que la campagne française.
C’est parce qu’il demeure profondément attaché à l’idée de
Nation qu’il se montre sceptique face à la construction européenne, un grand
mot sans réalité ni contenu : « On n’arrive pas s’entendre à 15, ni à gérer
l’Europe et on parle d’élargissement, de mondialisation ! Tout cela se fait
naturellement et dans son temps ». Il est donc hostile à l’édification d’une
Europe fédérale, fondée sur le couple franco-allemand, tant il estime les
peuples anglais et français complémentaires.
Et il ajoute que les Anglais pragmatiques, solides, ont
sauvé les Français à deux reprises en 50 ans et que les Français exubérants,
malins, sont dotés d’une grande imagination. De plus, ils se sont combattus
pendant des centaines d’années, se respectent et se connaissent.
Sa distance méfiante à l’égard de l’Allemagne, Jacques
Remlinger la tient à la fois de son éducation familiale et de ses années de
guerre. Il la doit également à certains épisodes postérieurs.
Il garde encore aujourd’hui vivace le souvenir gênant d’une
soirée en Allemagne à la fin des années 1950, à Baden Baden. Quatre pilotes,
dont le colonel Jaeger, le général Galland, le lieutenant-colonel Stanford Tuck
et Jacques Remlinger, représentant les principaux pays belligérants, doivent prononcer
au cours du dîner un discours sur la fraternité des pilotes de chasse au-delà
des frontières géographiques et des clivages idéologiques. C’est par tact que
les anciens pilotes Alliés portent des smokings. Or, tous les Allemands
arborent leurs costumes de soldats garnis de toutes leurs décorations. « Jamais
je n’avais vu autant de Boches en même temps en Allemagne, même pendant la
guerre ». Gêné, la gorge serrée, Jacques Remlinger s’excuse et s’éclipse
rapidement. C’est avec tristesse qu’il explique aux journalistes sa
consternation de constater que « quinze ans après la guerre, les Allemands
présents n’ont rien compris ». Dubitatif, il s’interroge sur la pertinence de
son attitude et se rend au casino... où il gagne. C’est donc avec une certaine
méfiance qu’il observe la manière dont le peuple allemand présente son passé.
Par ailleurs, Jacques Remlinger refuse de participer à des
meetings aéronautiques en Allemagne et ne trouve aucun intérêt à rencontrer des
anciens pilotes allemands qui devaient être nazis. Comme il a consacré « cinq
ans de sa vie à mettre les Allemands hors de France », il se souvient
que les « Boches ont mitraillé des colonnes de civils, de réfugiés, ce que la
R.A.F. n’aurait jamais fait ».
Mais pour cet homme lucide, porté à la nuance, il est
absurde de condamner tous les Allemands.
Une retraite proche des avions
Depuis 1996, Jacques Remlinger participe aux manifestations
aéronautiques organisées par Flying Legend Organisation. C’est toujours avec
émotion qu’il entend le bruit si beau et si agréablement reconnaissable du
moteur Rolls Royce ou Merlin des Spitfire et les bruits d’éclatement du tuyau
d’échappement. Et c’est avec humour et vie, sans être trop technique, qu’il
insiste sur l’aspect humain en contant des anecdotes sur les avions mythiques
de la Seconde Guerre Mondiale. Son souci le plus grand est alors sans doute
celui de tout pédagogue : adapter son discours à son public pour l’intéresser
et être compris. Un jour, une petite fille de 4 ans lui a demandé pourquoi il
se trouvait devant un Hurricane, et non devant un Spitfire. « Mais son père a
dû lui souffler la question », subodore-t-il. C’est avec plaisir qu’il constate
l’attrait pour des pilotes habitués aux avions modernes sophistiqués de ces
vieux coucous qui font corps avec le pilote et peuvent commettre des erreurs. Jacques
Remlinger garde aussi un souvenir plutôt amusé de ses vols en rase-mottes à
travers la France en KittyHawk, en Corsair et en Mustang auquel on avait ajouté
un siège à l’arrière. Mais c’était bien inconfortable, car être simple passager
n’est pas sa position préférée : il voit mal la direction prise.
Fraîchement promu commandeur de la Légion d’honneur,
Jacques Remlinger porte avec discrétion et modestie sa nouvelle rosette.
Proche de la Nature par goût et par éducation, il pratique
le golf et vient d’être initié à la pêche en rivière par Pierre Clostermann.
C’est un sportif accompli et amateur qui reconnaît la
meilleure qualité du rugby contemporain et compare le jeu très calculé, mais
rarement spectaculaire, des Anglais, au jeu français « tout feu, tout flamme »,
mais générant beaucoup de fautes. Il stigmatise volontiers le rôle des médias
et l’afflux d’argent qui influent sur les règles du jeu et le statut des
sportifs, souvent des professionnels. Par ailleurs, il ne s’habitue toujours
pas au chauvinisme des journalistes français et regrette paradoxalement l’excès
de sports dans les médias.
Et il profite de sa « deuxième jeunesse» pour rédiger en
anglais ses Mémoires. Il se plaît à les présenter comme un épais pensum, à
l’écriture illisible, première mouture d’un ouvrage court sur ses souvenirs de
guerre. Un livre dont il s’amusera à infliger la lecture à ses proches mais
qui, à n’en pas douter, intéressera et divertira aussi ceux qui ne le connaissent
pas encore.
Jacques Remlinger est décédé en 2002.
Visuels : © Jacques
Remlinger, DR. Maquette d’Ivan Weiler.
Articles sur ce blog concernant :
Cet article a été publié dans le n° 518 de janvier 1998 d'Aviasport.
Il a été republié sur ce blog le :
- 15 juillet 2012 à l'occasion de la diffusion par Arte de la série Les héros de la Royal Air Force de Stephen Saunders (17 et 25 juillet juillet 2012) ;
- 26 décembre 2013. Histoire a diffusé les 26 et 28 décembre 2013 Libres français de Londres ;
- 6 juin 2014 et 18 juin 2015 ;
- 11 avril 2016. France 3 diffusa Le Jour le plus long (The Longest Day), de Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl F. Zanuck (1962) avec John Wayne, Henry Fonda, Richard Burton, Robert Mitchum, Curd Jürgens et Gert Fröbe ;
- 6 juin 2016, 6 juin 2017 - article rediffusé en cet anniversaire de D Day, jour du débarquement en Normandie -, 18 juin 2020, 4 juin 2021.
- 11 avril 2016. France 3 diffusa Le Jour le plus long (The Longest Day), de Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl F. Zanuck (1962) avec John Wayne, Henry Fonda, Richard Burton, Robert Mitchum, Curd Jürgens et Gert Fröbe ;
- 6 juin 2016, 6 juin 2017 - article rediffusé en cet anniversaire de D Day, jour du débarquement en Normandie -, 18 juin 2020, 4 juin 2021.
Très bel article ! Que j'aurais aimé pouvoir rencontrer cet homme (ainsi que son ami Pierre Clostermann), juste pour leur dire : 'merci'. Merci pour le sacrifice de quelques belles années de leur jeunesse....c'est grâce à des gens comme eux que nous devons d'être libre aujourd'hui ! Liberté que nous galvaudons que trop par des comportements erratiques, hélas.
RépondreSupprimerPuissiez vous reposez en paix, Monsieur Remlinger.....votre ami Pierre vous à rejoint là haut en 2006,....nul doute que vous devez à nouveau faire des cabrioles dans les nuages et apprécier ce ciel que vous trouviez à la fois si beau et si dangereux ! Sauf que votre 'grand cirque' désormais se voudra plus ....'spirituel' !!!
P.L
RC.- Ayant écrit quelques petites choses sur l'aviation, j'ai eu l'honneur et la joie de rencontrer Jacques Remlinger à une réunion de la Royal Air Force Association of Riviera. Nous avons gaillardement parlé des filles d'angleterre, et je l'ai envié d'avoir pu approcher ces jolies WAAFS en uniforme gris bleu. Il n'était pas de mon avis. Les WAAFs avaient d'horribles bas gris. Lui, il préférait les WRENs, les filles de la marine, qui avaient des bas noirs. Il a d'ailleurs épousé l'une d'entre elles.
RépondreSupprimerP.C. : Très bel article sur ce Grand homme avec qui j'ai eu la chance d'échanger quelques mots lors d'un salon des avions de légende où il était accompagné de son ami, Monsieur Clostermann.
RépondreSupprimerMerci !
Je me suis régalé de cet article, merci.
RépondreSupprimerMerci pour cet article. J'avais moi aussi eu l'occasion de le rencontrer dans un meeting à Bron et de découvrir un homme simple et sympatique évoquant comment il avait envisagé un jour de sauter en parachute de son spit seulement pour pouvoir déguster une fiole de cognac que sa mère lui avait donné et qu'il portait toujours avec lui dans la poche arrière de son pantalon pour se redonner du courage "au cas où" mais qui lui meurtrissait le postèrieur...Sacrifier un spit ne l semblait pas le choquer vu le grand nombre qui étaient détruits pour des raisons diverses...Mais le bain dans la manche finalement lui avait semblé peut être peu agréable meême en été...Je suis ravi de découvrir un peu plus de lui. Je cherchais ces infos depuis longtemps ! Merci
RépondreSupprimerMerci pour l'article comme beaucoup je cherchais à en savoir plus sur la vie du meilleur ami de Pierre Clostermann. Je suis souvent ému par le courage de ces pilotes qui ont beaucoup sacrifié pour notre liberté, merci pour tout Jacques Remlinger... Même si je sais qu'un simple merci ne me suffirait pas à leur rendre ce qu'ils nous ont offert... Bref si je dois retenir quelque chose de sa vie c'est son dévouement pour la France et son fameux vol en compagnie de Clostermann pour rejoindre sa dulcinée qui m'a beaucoup amusé.
RépondreSupprimerExcellent mais c'était Clostermann qui était l'ailier de Mouchotte lors de la 1000 vicoire de Biggin Hill c'est tout au moins lui qui l'a écrit dans le Grand Cirque 2000
RépondreSupprimerVous devez confondre avec la mission pendant laquelle R Mouchotte a disparu ("I'm alone" !)alors que P Clostermann était son ailier. Certains ont alors reproché à P Clostermann d'être plus ou moins responsable de la mort de R Mouchotte pour avoir négligé son rôle d'ailier en descendant un avion ennemi plutôt que d'assurer sa mission de protection de son leader .. Dans son dernier livre "Le grand cirque 2000", P Clostermann s'en explique.
SupprimerC'est avec beaucoup d'émotion et un immense respect que j'ai salué Jacques Remlinger lors d'un meeting aérien à Nancy-Ochey.Il était filmé par une équipe de télévision en train de s'extraire (péniblement!) du cockpit d'un Spitfire.
RépondreSupprimerJ'ai alors eu ce privilège de lui serrer la main et de le remercier pour tout ce qu'il avait pu accomplir pour l'honneur de la France.Il m'a répondu bien modestement:" Que voulez-vous ...c'était la guerre et nous étions jeunes ! Il n'y avait que ça à faire !" et il m'a gentiment dédicacé la page de garde du livre de Clostermann que j'ai acheté ( de nouveau car j'avais déjà la première édition) sur place en terminant par un "Good luck" so british !
J'ai eu la chance extraordinaire de pouvoir échanger quelques mots avec Jacques Remlinger lors d'un meeting à Bron en 96. Il présentait le Spitfire exposé à un petits groupes de passionnés; la question étant venue sur son nombre de victoires aériennes homologuées, il a affirmé n'en avoir aucune,comme la plupart des pilotes alliés,expliquant avoir surtout fait des missions d'escorte, au cours desquelles il était impossible de réunir les conditions d'une homologation. Quelqu'un ayant posé la question du "Bf 109 des Orcades"il a su faire comprendre avec beaucoup de tact, qu'il ne fallait pas pr,ndre tout ce qu'avait raconté son ami Pierre au pied de la lettre!
RépondreSupprimerLa RAF était exigeante pour homologuer les victoires aériennes. C'est une référence indubitable.
SupprimerMoi aussi rencontré en 96 à Bron, j'en garde toujours un souvenir profond !
SupprimerTous ces hommes méritent un grand respect !