« Descendants de nazis. L’héritage infernal » (2010) est réalisé par Marie-Pierre Raimbault et Michael Grynszpan. Un documentaire intéressant sur la
conversion au judaïsme ou le rapprochement avec l’Etat d’Israël de descendants
de nazis allemands, et le sentiment de responsabilité qu’ils éprouvent en
raison de la Shoah (Holocaust). Un
regard qui ne juge pas les témoins et des images magnifiques d’Eretz Israël. Marlene Engelhorn, héritière autrichienne millionnaire d’une fortune liée à la Shoah, participera fin août 2025 à la 3e flottille "humanitaire" destinée à briser le blocus israélien, non celui égyptien, de la bande de Gaza.
Matthias
Göring (ou Goering), petit-neveu de Goering, « paladin d’Hitler », opère
une démarche spirituelle vers la conversion au judaïsme. Katrin Himmler,
petite-nièce du chef des SS Heinrich Himmler, a épousé un Juif israélien. La
petite-fille de Magda Goebbels est devenue juive. Tout comme un descendant par
alliance d’Hitler…
Cette liste
n’est pas exhaustive et interpelle. Pourquoi ces Allemands dont la parentèle a
été ternie par leurs liens avec le nazisme ou/et l’organisation de la Shoah,
l’extermination des Juifs, ont-ils suivi une telle voie ? Pourquoi des
« enfants de bourreaux » se sont-ils rapprochés d’« enfants de
victimes » Juives ? Sentiment de culpabilité ou de responsabilité ?
Volonté de « réparation » (tikkoun
en hébreu) ? Volonté de briser un secret familial, de dépasser la
réticence des proches à aborder le passé familial, sujet généralement tabou ?
Difficulté douloureuse, voire existentielle, à assumer un pan terrible de l’Histoire
de l’Allemagne ?
Le Dr Israël
Feldman, victimologue, alerte sur les dangers de ces secrets et d’une
découverte brutale d’un passé monstrueux, sur les « risques d’effondrement
de valeurs ».
Pas de culpabilité collective
Plusieurs
centaines d’Allemands, de toutes générations, vivent en Israël. Définitivement
ou dans le cadre de volontariat. C’est peu. Leurs actes et réalisations
surprennent agréablement : création en Israël, par un ancien pilote de la
Luftwaffe, d’une maison de retraite pour des survivants de la Shoah et d’un
institut pour les handicapés mentaux ; périodes de volontariat d’étudiants
allemands, dont Kris Friedrich qui ne pourra « jamais être fier de
l’Allemagne », encadrés par l’association Aktion SühnezeichenFriedensdienste (ASF).
Comme l’historien Moshé Zimmerman, une dirigeante d’ASF à Jérusalem, Katarina
von Münster, écarte l’idée de « culpabilité collective » au profit de
celle de « responsabilité collective » allemande. Les missions
confiées : la traduction de documents originaux du IIIe Reich, l’aide aux
survivants âgés de la Shoah à l’Institut Beit Moises à Jérusalem…
Les
comportements de ces descendants sont-ils surprenants ? Non, répond un
rabbin citant le Talmud : « Des descendants d’Aman, lui-même
descendant d’Amalek, archétype du Mal absolu, se sont associés à Israël. C’est
donc un « phénomène connu ».
Professeur de
littérature à l’université de Jérusalem, Betty Rojtman admire ces descendants
pour leur « cheminement, leur quête, leur prise de conscience, cette
réflexion, cette foi dans l’homme. La conviction que le Bien va
l’emporter ». Quant au philosophe Benjamin Gross, il souligne la volonté
de ces êtres de « vouloir échapper à l’image aveugle des prédécesseurs et
de reconquérir autre chose trouvée dans le mystère de la pérennité du
judaïsme ».
A la
différence d’Allemands aux noms illustres, Matthias Goring a accepté de
témoigner dans ce documentaire passionnant. Né en 1956, il a quitté l’Allemagne pour la
Suisse où il exerce la profession de kinésithérapeute, et soulage ses patients
de douleurs. Endetté après son divorce, il cherche une solution qu’il trouve en
même temps qu’une… « révélation mystique ». Sa quête spirituelle le
mène vers des études théologiques au sein d’une institution protestante qui ne
répond pas à ses attentes. Matthias Goring s’achemine alors vers le judaïsme et
se rend en Israël. Très attaché à la Torah, il s’interroge sur le courant du
judaïsme qu’il choisira et s’il aura la force d’aller jusqu’au bout du processus.
Yoram Saam
s’est converti au judaïsme et habite depuis 30 ans en Galilée avec son épouse
dont une partie de la famille a péri lors de la Shoah. Il a quatre filles, dont
la benjamine demeure très attachée à son grand-père allemand : « Peu
importe ce qui s’est passé. C’est mon grand-père. Je l’aime comme un
grand-père… C’est très difficile de trouver une croix gammée dans la maison de
son grand-père et de savoir qu’il en est fier » . Quand cette jeune Juive
israélienne qui « se sent coupable d’aimer l’Allemagne », interpelle son
ancêtre sur son éventuel comportement à son égard si elle avait été pourchassée
par les Nazis dans les années 1940, ce nonagénaire allemand rétorque, fataliste
: « Celui qui est coupable est celui qui se sent coupable… Les hommes
s’entretueront sous n’importe quel prétexte ». Ce qui choque la jeune
femme car cela établit un faux parallèle entre les bourreaux nazis et les
victimes Juives.
Près du lac de
Tibériade se sont installés des Allemands, dont Gunther Gottschalk qui a éprouvé
le besoin de « réparer ». Si celui-ci est demeuré protestant, ses
cinq enfants se sont convertis au judaïsme et se sentent fièrement israéliens.
Le
documentaire entrecroise des scènes montrant les rencontres, cordiales, entre
ces Allemands et des Juifs israéliens, tel Ephraïm Moll, survivants de la Shoah.
Les auteurs ne
jugent pas ces êtres qui naviguent entre plusieurs identités, s’ancrent dans un
pays nouveau et menacé, intègre un peuple, embrasse une religion, en porte les
symboles (étoile de David), épouse des Juifs ou Juives, fonde des familles
nombreuses, contribue à l’histoire nationale Juive…
Il aurait été intéressant d’interroger les
descendants de musulmans ou/et arabes nazis ou ayant collaboré avec le IIIe
Reich, telle Leila Shahid, apparentée au grand mufti de Jérusalem Haj Amin al-Husseini et représentante de l’Autorité palestinienne auprès de l’Union
européenne.
En quasi 3e
partie de soirée, ce documentaire remarquable, dont des témoignages et des
images constituent une ode d’amour à l’Etat d’Israël et au judaïsme, risque malheureusement
de passer inaperçu.
Jennifer Teege
Jennifer Teege est née en 1970 à Munich, alors en République fédérale d'Allemagne (RFA). Sa mère est Monika Hertwig, fille d'Amon Göth (1908-1946) et de Ruth Irene Kalder, esthéticienne. Son père est un étudiant nigérian.
Agée de quatre semaines, Jennifer Teege est placée dans un orphelinat catholique, Salberg House. Puis à l'âge de 3 ans, elle est placée dans une famille d'accueil puis adoptée à 7 ans. Elle grandit en étant victime du racisme, et continue de voir sa mère et sa grand-mère biologiques qui ne lui parlent pas de son grand-père maternel : Amon Göth a été le commandant du camp de concentration de Płaszów, incarné par Ralph Fiennes dans le film La liste de Schindler de Steven Spielberg, et a été condamné pour crimes contre l'humanité, et pendu en 1946 à Cracovie (Pologne).
Dans les années 1990, Jennifer Teege étudie, notamment la Shoah, durant cinq ans en Israël. Elle y rencontre des rescapés de la Shoah dans le cadre de son travail avec l'Institut Goethe. Elle apprend l'hébreu et est diplômée du Département d'Études du Moyen-Orient et d'Afrique de l'Université de Tel Aviv.
En 2008, elle remarque à la bibliothèque municipale de Hambourg, où elle habite, Ich muß doch meinen Vater lieben, oder?, livre écrit par Matthias Kessler et sa mère biologique, sur son père, Amon Göth.
Dans son livre Mein Grossvater hätte Mich erschossen (2013), elle relate sa découverte de son origine, et ses difficultés à accepter ce secret de famille dévoilé qui induit chez elle un trouble de stress post-traumatique et la dépression. Son livre est nourri par son voyage en Pologne et ses lectures de livres d'histoire sur la période. Il est traduit en anglais, en français (Amon : Mon grand-père m'aurait tuée après avoir découvert être la petite-fille de l'ancien commandant du camp de concentration de Płaszów), en portugais, en espagnol, en polonais et en hébreu.
Jennifer Teege donne de nombreuses conférences sur son parcours : au San Antonio Holocaust Memorial Museum, durant la Holocaust Educational Week 2016 à Toronto.
"Mon héritage nazi"
Le 3 novembre 2016, de 19 h 30 à 21 h 30, dans le cadre du Mois du film documentaire, le Mémorial de la Shoah a projeté en avant-première « Mon héritage nazi » (What Our Fathers Did: A Nazi Legacy), par David Evans (2015, Wildgaze Films, 90 mn, vostf).
Le 3 novembre 2016, de 19 h 30 à 21 h 30, dans le cadre du Mois du film documentaire, le Mémorial de la Shoah a projeté en avant-première « Mon héritage nazi » (What Our Fathers Did: A Nazi Legacy), par David Evans (2015, Wildgaze Films, 90 mn, vostf).
"Philippe Sands, avocat dévoué à juger les crimes de masse, rencontre les fils de deux hauts dignitaires nazis : Niklas Frank, fils de Hans Frank, gouverneur nazi de la Pologne occupée et Horst von Wächter, fils d’otto von Wächter, gouverneur nazi de la Galicie en Ukraine. Tandis que Niklas dispose d’un regard lucide sur la culpabilité de son père, Horst, lui, vit toujours dans le déni. L’avocat le confronte avec des preuves et des documents d’époque". En présence de Philippe Sands, avocat, et Agnès Desarthe, écrivain.
The March of Life
The March of Life (La Marche de la Vie) est une initiative de Jobst et Charlotte Bittner ainsi que de TOS (Tubingen Offensive Stadtmission) Ministries, église de Tübingen, en Allemagne. Avec des descendants de soldats de la Wehrmacht et de membres de la SS ainsi que des forces de police, elle organise un mémorial et des marches de la réconciliation sur des sites de la Shoah en Europe - Cracovie (Pologne), Turku (Finlande), Vilnius et Kaunas (Lituanie), Leipzig (Allemagne), etc. et en Amérique latine. Depuis 2007, des marches ont parcouru 20 Etats et plus de 350 villes en coopération avec des chrétiens d'églises différentes et de nombreuses communautés juives.
En 2011 et 2015, la Marche de la Vie a été honorée par la Knesset, parlement israélien, pour ses efforts particuliers au nom de survivants de la Shoah. En 2017, la communauté juive de Halle en Allemagne a récompensé la Marche de la vie en lui décernant le Prix Emil L. Fackenheim pour la Tolérance et la Compréhension. La Marche de la Vie est pro-israélienne - ses membres veulent rompre l'isolement de l'Etat juif, ont édifié une soucca à Césarée pour accueillir des rescapés de la Shoah et entonnent la Hatikvah, hymne national israélien - et lutte contre l'antisémitisme.
Tina Berkovitz
The March of Life
The March of Life (La Marche de la Vie) est une initiative de Jobst et Charlotte Bittner ainsi que de TOS (Tubingen Offensive Stadtmission) Ministries, église de Tübingen, en Allemagne. Avec des descendants de soldats de la Wehrmacht et de membres de la SS ainsi que des forces de police, elle organise un mémorial et des marches de la réconciliation sur des sites de la Shoah en Europe - Cracovie (Pologne), Turku (Finlande), Vilnius et Kaunas (Lituanie), Leipzig (Allemagne), etc. et en Amérique latine. Depuis 2007, des marches ont parcouru 20 Etats et plus de 350 villes en coopération avec des chrétiens d'églises différentes et de nombreuses communautés juives.
En 2011 et 2015, la Marche de la Vie a été honorée par la Knesset, parlement israélien, pour ses efforts particuliers au nom de survivants de la Shoah. En 2017, la communauté juive de Halle en Allemagne a récompensé la Marche de la vie en lui décernant le Prix Emil L. Fackenheim pour la Tolérance et la Compréhension. La Marche de la Vie est pro-israélienne - ses membres veulent rompre l'isolement de l'Etat juif, ont édifié une soucca à Césarée pour accueillir des rescapés de la Shoah et entonnent la Hatikvah, hymne national israélien - et lutte contre l'antisémitisme.
Tina Berkovitz
Âgée de 67 ans, Tina Berkovitz est une fille de Nazis, secouriste bénévole israélienne pour Hatzalah. En avril 2018, elle a été distinguée en recevant un Prix du Conseil régional israélien de Hof HaCarmel lors d'une cérémonie ayant lieu avant Yom HaShoah (Jour de la Shoah).
Tina Berkovitz est née à Bochum près de Dusseldorf. En 1973, elle débute sa carrière de 45 ans de sauvetage de vies humaines, en étant volontaire à l'organisation Action Reconciliation Service for Peace, qui vise à affronter l'héritage du nazisme. Dans le cadre d'un projet de cette association, elle a séjourné en Israël pour apprendre l'hébreu, puis s'est portée volontaire dans la Croix-Rouge juste avant le déclenchement de la guerre du Kippour. “J'ai été volontaire au Shmuel Harofe Hospital, comme infirmière de la Croix-Rouge.... J'ai toujours été motivée par le fait d'aider autrui et par la santé”, a déclaré Tina Berkovitz. Elle s'est convertie au judaïsme, s'est mariée en Israël où elle a fondé une famille à Ein Hod, village d'artistes au pied du mont Carmel, au sud de Haïfa, dans le nord d'Israël.
Marlene Engelhorn
Marlene Engelhorn, héritière autrichienne millionnaire d’une fortune liée à la Shoah, est une des descendantes "de Friedrich Engelhorn, fondateur de BASF, l’une des entreprises impliquées dans la production du Zyklon B, le gaz utilisé dans les chambres à gaz nazies."
Marlene Engelhorn a milité pour une redistribution des grandes fortunes, exhortant à une taxation plus forte des riches, pour des causes sous l'étendard de l'extrême-gauche européenne : changement climatique, féminisme.
Elle est pour une "Palestine libre", et accuse faussement Israël de "génocide". Certains s'indignent d'une inversion morale.
Elle participera à la 3e flottille "humanitaire" destinée à briser le blocus israélien, non celui égyptien, de la bande de Gaza : le 31 août 2025, des bateaux quitteront des ports espagnols, le 4 septembre 2025, d'autres partiront de Tunisie. Ce "convoi de la liberté pour Gaza" s'avère d'une dimension inédite : 6 000 militants de 44 pays.
"Cette opération en mer s’annonce donc hautement polémique, mêlant mémoire historique, posture idéologique et stratégie médiatique. Reste à savoir si Marlène Engelhorn mesure réellement le poids de son nom, et la portée symbolique d’un tel engagement, dans un conflit où l’histoire elle-même est devenue un champ de bataille."
« Descendants de nazis. L’héritage infernal » de Marie-Pierre
Raimbault et Michael Grynszpan
France-Israël,
2010, 1 h 29
Raconté par Jean-Claude Dauphin
Sur France 3 les 12 septembre 2011 à 23 h 10 et 14 septembre
2011 à 3 h 15, 21 février 2014 à 23 h 55.
Sur LCP (La Chaîne parlementaire) les 3 décembre 2017 à 20 h 50, 20 octobre 2018 à 14 h et 28 octobre 2018 à 16 h
Visuels : © Bonne pioche/IsraTVSur LCP (La Chaîne parlementaire) les 3 décembre 2017 à 20 h 50, 20 octobre 2018 à 14 h et 28 octobre 2018 à 16 h
Article sur ce blog concernant :
- Culture
- France
Cet article a été publié le 12 septembre 2011 et le :
- 28 janvier 2013 à l'approche de la projection de ce film le 29 janvier 2013, à 20 h à l’Espace Landowsky, 28 avenue André Morizet, 92100 Boulogne Billancourt. Une projection les B'nai-B'rith de Boulogne-Billancourt et l’association Emounah ;
- 20 février 2014, 3 novembre 2016, 3 décembre 2017 et 19 octobre 2018.
- 20 février 2014, 3 novembre 2016, 3 décembre 2017 et 19 octobre 2018.









Ces conversions, surprenantes sont aussi émouvantes. Pour ma part, je ne cherche pas à comprendre ni surtout à expliquer : c'est ainsi. Peu importe que ce soit un sentiment de culpabilité ou un désir de justice : ils ont choisi ... Cela les honore ...
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