Lors du dîner prestigieux du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) du 9 février 2011, son président a tenu un discours peu « politiquement correct ». Invité d’honneur, le Président de la République Nicolas Sarkozy a souligné le rôle des Juifs dans l’identité de la France , a déroulé le discours d’une « politique arabe » française sclérosée et prétendant imposer les conditions de la paix à l’Etat d’Israël. Il a éludé la demande d’une réunion pour combattre l’antisémitisme et l’affaire al-Dura.
Entre vérités et faux semblants, un diner du CRIF « islamiquement correct »
Graves incompréhensions et hiatus au dîner du CRIF du 9 février 2011
Entre vérités et faux semblants, un diner du CRIF « islamiquement correct »
Graves incompréhensions et hiatus au dîner du CRIF du 9 février 2011
Institué par Me Théo Klein, alors président du CRIF, le dîner du CRIF revêt une importance particulière, en particulier par son audience : près de 800 convives, dont presque tout le gouvernement, les responsables des partis républicains, des dignitaires juifs, chrétiens et musulmans, des chefs de grandes entreprises, des ambassadeurs, notamment de pays arabes, des journalistes, de rares intellectuels… Mais curieusement avec peu de représentants de la blogosphère.
Tout ce beau monde papillonne.
Diffusé sur la chaîne, un peu confidentielle, Public Sénat, c’est l’un des rares rendez-vous politiques incontournables.
Ni le dîner du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), ni le dîner d'iftar (rupture du jeûne lors du ramadan), rupture du jeûne lors du ramadan), ni celui CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France) n’ont l’audience du dîner du CRIF qui, depuis quelques années, est décliné en province.
Les membres du gouvernement s’éclipsent rapidement, après le prononcé des deux discours, celui du président du CRIF, puis généralement celui du Premier ministre ou, de manière exceptionnelle, du Président de la République.
Un « politiquement correct » fustigé par Richard Prasquier
Richard Prasquier, président du CRIF, a évoqué des thèmes récurrents : l’attachement des Juifs français, légalistes, à la république, à la démocratie, à la loi de 1905 sur la laïcité et à l’Etat d’Israël, leur inquiétude face l’antisémitisme et leur hostilité au racisme, et a déclaré : « Nous ne voulons pas que le mot islam remplace le mot juif dans les fantasmes de diabolisation ».
Richard Prasquier a appelé fermement les Juifs à ne pas soutenir les populismes.
L’enseignement « exemplaire » de la Shoah ? Il « reste à défendre : …ce qui le menace, c’est le relativisme » qui « affaiblit le sens des mots » et « permet tous les amalgames ».
Ayant constaté que le « fondement antisémite » du meurtre d’Ilan Halimi avait été établi par le procès en appel, Richard Prasquier a rappelé le nombre d’actes antisémites en 2010 : 466. En janvier 2009, du fait de l’opération Plomb Durci à Gaza, on recensait 354 actes antisémites. « On bute sur un socle structurel où l’action ferme de la police et celle de la justice ne suffisent pas. Pour coordonner les diverses initiatives contre les comportements et la propagande antisémites », le président du CRIF a donc demandé une « nouvelle impulsion pour un comité interministériel regroupant l’ensemble des services et des associations concernées dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. ».
Sur Israël, Etat « où tous ont des droits égaux et la liberté d’expression absolue », Richard Prasquier a souligné le lien spécifique entre le peuple Juif et Jérusalem et a déploré l’image « injuste » que l’on donne de ce « seul Etat démocratique de la région, seul Etat au monde publiquement menacé dans son existence » et qui « affronte une nouvelle guerre, qui distord le droit, s’appuie sur des rapports biaisés et manipule les opinions publiques. Le boycott commercial est un élément de cette guerre ; c’est une méthode discriminatoire, illégale et stupide… [dont l’objectif] est politique : diffuser peu à peu l’idée qu’Israël est illégitime, ou… lui interdire les moyens d’assurer sa sécurité ».
Partisan de la « solution à deux Etats », Richard Prasquier a souligné que pour les fanatiques islamistes « il ne peut pas y avoir d’Etat juif en terre d’islam » et qu’« Ahmadinedjad, Nasrallah et Khaled Mechaal » refusent « l’existence d’un Etat où les Juifs ne se retrouvent pas dans un statut de minorité ». Si Richard Prasquier admiratif d’une « révolution sans précédent » dans divers pays arabes et « portée par une aspiration démocratique », il demeure vigilant, attirant l’attention sur ceux qui, tels les Frères musulmans, se camouflant sous « l’étendard de la démocratie et de la liberté », visent à détruire ces dernières. Il a exhorté à combattre le fanatisme islamiste « sans faiblesse ».
Il a stigmatisé les « idiots utiles, c’est-à-dire de bonnes âmes promptes à s’indigner et faciles à manœuvrer » soutenant le Hamas, « mouvement islamiste, totalitariste et terroriste qui impose une Charia impitoyable… et dont la charte prône l’extermination des Juifs ». Nommant les neuf otages français de mouvements terroristes islamistes, le président du CRIF a inclus dans sa liste Guilad Shalit « détenu par le Hamas depuis près de cinq ans » en remerciant ses auditeurs de ne pas l’oublier.
Contre l’Iran se préparant « au chantage à l’apocalypse nucléaire qui annoncerait pour certains la venue du Mahdi », la fermeté s’avère indispensable.
Richard Prasquier a fustigé « la focalisation sur la question palestinienne au détriment de toutes les détresses du monde, les mensonges qui font croire que Gaza est un camp de concentration, le prêt à penser qui fait du conflit israélo-palestinien la source des malheurs de cette planète ».
Il a stigmatisé « l’idéologie des bons sentiments » manichéenne et réticente à affronter la « complexité du réel », dans une « ambiance politiquement correcte » qui interdit un « théâtre de la confrontation d’idées neutre » et qui occulte certains faits, tel l’antisionisme camouflant souvent une nouvelle judéophobie.
Pour la première fois, un président du CRIF a évoqué l’affaire al-Dura « qui a entrainé une vague de haine contre Israël et de violences contre les Juifs ». Richard Prasquier a réitéré sa « demande de constitution d’une commission d’enquête pluraliste et impartiale » pour « rechercher la vérité » sur le reportage diffusé par France 2 le 30 septembre 2000 et alléguant la mort du jeune Palestinien « Mohamed al-Dura ».
Dans ce contexte difficile, le CRIF se veut l’institution « ouverte à tous les Juifs » et fédératrice.
Un discours souvent décevant du Président Nicolas Sarkozy
Honorant de sa présence pour la deuxième fois cette soirée, le Président de la République a annoncé qu’il ne répondra pas « point par point » au discours « si dense » précédent.
Après avoir repris des extraits de son discours prononcé « il y a trois ans devant la Knesset », il a affirmé qu’« Israël et sa sécurité sont pour la France non-négociables » et qu’il « n’oublie pas notre compatriote Guilad Shalit ».
Convaincu de l’urgence de « relancer le processus de paix », il est persuadé que « la paix entre les Israéliens et les Palestiniens, une nécessité pour la paix du monde, est un problème pour chacune de nos démocraties, parce que sur ce conflit qui n'en finit pas se nourrit le terreau du terrorisme et de l'extrémisme dont nous souffrons aussi ».
Le Président Nicolas Sarkozy croit possible la paix entre Israël et la Syrie, moyennant la « restitution du Golan » à cet allié de l’Iran.
Prudent à l’égard de l’avenir, prônant l’aide sans ingérence, il a qualifié ce « début d'un printemps des Peuples » en Tunisie et en Egypte de « positif parce qu'il est authentique » et se réclame de « nos valeurs », sans prôner « un retour vers le passé d'un âge d'or islamique mythifié », sans attaquer « aucune minorité ».
Avec fermeté, il a insisté de nouveau sur son refus d’un « Iran doté de l'arme nucléaire et de missiles dont la portée s'allonge d'année en année, en violation complète de la loi internationale. Un Iran qui, il est vrai, chaque jour alimente l'extrémisme… Jamais je n'accepterai que des dirigeants iraniens menacent de rayer Israël de la carte ».
Il a affirmé que le « conflit du Proche-Orient ne doit pas avoir d'impact sur les relations que des Français entretiennent avec d'autres Français. Nous devons donc à tous les niveaux de la société et de l'État faire œuvre de pédagogie. J'en appelle à la responsabilité de chacun, individuellement, et à la responsabilité de tous ».
Un « travail de pédagogie » qui passe par les décisions de justice – tel le jugement « en appel exemplaire des tortionnaires et des assassins d’Ilan Halimi » -, l’école, les médias, et « plus particulièrement ce média fédérateur qu'est la télévision ».
Le Président Nicolas Sarkozy a félicité « le groupe France Télévisions pour le travail de mémoire que le service public accomplit » et a annoncé la diffusion de Shoah de Claude Lanzmann « dans sa version intégrale ».
Et d’ajouter : la France est « le pays dont toutes les valeurs s'opposent irréductiblement au racisme et à l'antisémitisme ». Reconnaissant son « douloureux souvenir » et son « échec » qu’ait été découvert Ilan Halimi trop tardivement, « quelques minutes avant sa mort… malgré tous les moyens et toutes les forces que nous avions engagés » alors qu’il était ministre de l’Intérieur, le Président Nicolas Sarkozy a rappelé sa lutte contre l’antisémitisme alors qu’il était chargé de ce portefeuille, en évoquant le « programme de sécurisation de bâtiments appartenant à la communauté juive » qu’il avait alors lancé, puis complété en 2010.
Enfin, il a souligné combien les Juifs contribuent « à l'identité et au rayonnement de la République Française » et « depuis bientôt deux mille ans, participent à la vie et à l'histoire d'un pays qui est le leur ». Et d’ajouter : « Le judaïsme a contribué à forger l'identité de la France… [Il] fait partie des racines de la France et chaque Français… peut en être fier ».
Des silences regrettables
C’est un discours prudent dans son vocable qui dénonçait le « fanatisme islamistes », et non l’islam, et émaillé d’analyses pertinentes qu’a prononcé Richard Prasquier.
Celui-ci a clairement expliqué que le seul problème empêchant la résolution du conflit au Proche-Orient était le refus par des dirigeants arabes et iraniens d’un Etat juif. Certes, il n’a pas prononcé le mot dhimmitude, mais il était implicite dans sa formulation visant le « statut de minorité ». Et le Président de la République a aussi brièvement écorné le mythe d’un « âge d’or islamique ».
Il semble surprenant que le président du CRIF, un homme fin et cultivé, esquisse un spectre peu probable, à savoir que « le mot islam remplace le mot juif dans les fantasmes de diabolisation ». Un islam qui dispose d’institutions représentatives pour le défendre, et dont des sourates ou des hadiths expriment la haine des Juifs. Pour avoir critiqué l’islam, Robert Redeker, Geert Wilders, Ayaan Hirsi Ali et tant d’autres ont été dénigrés, ont reçu des menaces de mort et vivent sous protection policière.
Des faits apparaissent inquiétants : l’incapacité du CRIF à utiliser son dîner pour renforcer son action – par exemple, les médias persistent à oublier Guilad Shalit dans leur décompte des otages français –, nouer des alliances dans la blogosphère, et convaincre l’Elysée à établir un plan d’actions, du court au long termes, contre l’antisémitisme, à surmonter ses divisions minant cette fédération fragilisée par JCall et objet de critiques notamment dans la communauté juive française : en particulier, la rencontre de Richard Prasquier avec le président Mahmoud Abbas le 27 septembre 2010.
Certains ont regretté que le président du CRIF n’ait pas évoqué, de nouveau, la fourniture par la France de 100 missiles antitanks au Liban. Des armes destinées à être utilisées contre les seuls tanks d’Israël honni du Hezbollah acteur déterminant de la vie politique libanaise.
Comment interpréter le silence du Président Nicolas Sarkozy sur deux demandes importantes – réunion d’un comité interministériel chargé de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et d’une commission d’enquête dans l’affaire al-Dura ? Et ce, alors que le discours du président du CRIF est envoyé à l’Elysée bien avant la date du dîner.
Méconnaissance ou sous-estimation du caractère structurel d’un antisémitisme aux formes nouvelles ? Oubli du lien entre l’antisémitisme et la diffamation de l’Etat d’Israël souligné dans le rapport de Jean-Christophe Rufin Chantier sur la lute contre le racisme et l’antisémitisme (2004) ? Acceptation tacite d’un niveau permanent élevé d’agressions antisémites qui bondira à des acmés inédites à chaque nouvel évènement majeur au Proche-Orient ? Ce qui pénalise aussi le vivre ensemble en France. Ou signal que le CRIF, porte-parole de la première communauté juive en Europe, n’est plus écouté au plus haut sommet de l’Etat sur un sujet national aussi grave ? Et ce, à plus d’un an d’élections politiques décisives ?
Quand, pour donner une nouvelle « impulsion » à la lutte contre l’antisémitisme, le CRIF demande l’aide de la République, celle-ci, par la voix de son plus haut magistrat, peut-elle demeurer indifférente ?
D’autant que si ce « printemps arabe » est une révolte de l’oumma comme l’analyse le professeur Shmuel Trigano, et non une révolution comme le prétendent les médias ou un « coup d’Etat » selon l’expert en géopolitique Daniel Pipes, alors il risque de survenir aussi en France avec ses « émeutes urbaines », des manifestations de la « rue arabe » hurlant des slogans haineux, des violences antisémites, des exactions contre des lieux publics, etc.
Ce silence présidentiel laisse perplexe car il ne correspond ni à l’image d’un Nicolas Sarkozy qui ne baisse pas les bras, ni au reste de son discours.
De même, dans l’affaire al-Dura, l’Elysée ne semble pas avoir perçu l’importance et la gravité de cette forme de blood libel (accusation diffamatoire portée contre les Juifs accusés à tort d’avoir tué un enfant pour un motif rituel).
Dans un pays aussi centralisé, où les nominations aux plus hautes fonctions publiques émanent de l’Elysée, le silence présidentiel a signifié à France Télévisions et à ses autorités de tutelle que leur inaction peut perdurer. Philippe Karsenty, directeur de Media-Ratings et vainqueur d’un procès pour diffamation intenté par France 2 et Charles Enderlin, a attribué ce silence à Camille Pascal, conseiller en charge des médias à l’Elysée et deuxième « plume » du Président Nicolas Sarkozy.
Quant à la promesse d’une énième diffusion, intégrale, de Shoah de Claude Lanzmann, elle révèle peut-être la prudence du Président Nicolas Sarkozy échaudé après la controverse autour de sa proposition, émise lors du dîner du CRIF en 2008, de confier à un élève du CM2 la mémoire d’un enfant Juif assassiné lors de la Shoah (Holocaust).
Il semble pour le moins étonnant ou maladroit qu’un homme politique si intelligent ait débuté son discours d’une part en répétant une partie d’un ancien discours et, d’autre part, en dévidant le fil de la « politique arabe » archaïque de la France dans un silence glacial.
Une diplomatie ou « politique arabe » française déséquilibrée, déconnectée de la réalité actuelle, sclérosée, préjudiciable aux intérêts de la France, refusant de faire son mea culpa ou son aggiornamento. Une « politique arabe » qui ne veut pas s’ingérer dans un « printemps arabe » dont elle occulte les slogans antisémites ou anti-israéliens (1), mais qui s’arroge le droit de dicter les conditions de la paix à l’Etat juif. Qui se cramponne à sa doxa - « La paix pour Israël et pour la Palestine est une nécessité pour la paix du monde » - tout en affirmant que ce conflit était absent des slogans proférés en Tunisie et en Egypte. Qui aspire à l’avènement de cette « Palestine » dont le président Abbas a annoncé qu’elle en exclurait tout Israélien sans que la France ne s’en indigne. Et qui ne s’est pas opposée à l’adoption par l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, les sciences et la culture) de résolutions « islamisant » et « palestinisant » des sites Juifs.
Pourtant, après avoir en 2008 loué « la contribution du judaïsme à l’histoire de l’humanité » jugée « majeure », le Président Nicolas Sarkozy a souligné lors de ce dîner du CRIF la contribution du judaïsme et des Juifs à l’identité et à l’histoire de la France.
Cet éloge revêt une importance particulière si on la compare à l'allégation de Jacques Chirac, alors Président de la République - « Les racines de l'Europe sont autant musulmanes que chrétiennes » - et si on l’insère dans une chronologie récente. Le « grand débat sur l’identité nationale » ouvert le 2 novembre 2009. Le 10 février 2011, sur TF1, le Président Nicolas Sarkozy a reconnu l’échec du multiculturalisme. Le 15 février, était annoncé un débat organisé par l’UMP (Union pour un mouvement populaire), parti présidentiel, en avril 2011 sur la laïcité et la place des religions, notamment l’islam.
En outre, ce dîner récent a révélé des incompréhensions entre les deux orateurs.
Il permet aussi de mesurer les limites d’une action de la communauté juive institutionnalisée centrée essentiellement sur une Shoah « islamiquement ou arabiquement correcte », au détriment d’autres actions majeures à définir et à mener de manière urgente en faveur des Juifs français actuels.
Des Juifs français éprouvés
Car les grands absents des deux discours sont les Juifs français de ce début de XXIe siècle, qui sont aussi occultés par un certain consensus « politiquement correct » consistant à honorer les Juifs assassinés lors de la Shoah, pour pouvoir exsuder une haine des Juifs, en particulier ceux israéliens maîtres de leur destin.
Des Juifs français, et non des Juifs de France, très éprouvés par la vague d’agressions antisémites consécutives au déclenchement par des dirigeants palestiniens de l’Intifada II.
Et que disent de Juifs français certaines institutions publiques ?
Une future sitcom commandée par France Télévisions, montrera une famille juive qui « va exploser » après que les « très nombreuses femmes » du « père de la tribu » vont « toutes se battre pour l'héritage du défunt ». Un acte manqué ?
Quant au théâtre du Rond-Point dirigé par Jean-Michel Ribes (2), il a présenté Harper Regan du britannique Simon Stephens (19 janvier-19 février 2011) dans une mise en scène de Lukas Hemleb. Une étape dans la tournée de cette pièce sur le « voyage initiatique d’une quarantenaire déphasée, Harper Regan ». Dans un pub britannique, Harper Regan dialogue avec Micky Nestor, journaliste (scène 6). Puis, celui-ci lui dit, sans réaction de Harper Regan :
« Je déteste les Juifs… Avec tout leur pognon. Avec leurs barbes. A se cogner la tête contre le Mur des Lamentations… Si j’étais là-bas, je leur arracherais leurs kippas de merde et je leur écraserais la tête dans le mur, tiens… Ils se lavent jamais, putain… Rien à foutre d’Auschwitz. Franchement. Ça fait trop longtemps qu’on vit à l’ombre de ce truc-là putain, et je vais vous dire — il y a eu des atrocités pires que ça. Des trucs bien pires sont arrivés à plein d’autres gens. Simplement ils possédaient pas tout à fait autant de groupes de presse ».
Harper Regan dit alors : « Je ne suis pas juive », puis tous deux parlent du blouson de Micky Nestor.
Curieusement, alors que des médias anglophones ont signalé ces propos anti-Juifs, aucun journaliste de la presse française ne l’a fait. Pourquoi ? Article rédigé sans avoir ni vu ni lu la pièce, et sur la seule lecture d’un dossier de presse qui ne mentionne ni ne se distancie pas du passage ? Gêne que l’antisémite soit un journaliste ? Accoutumance à l’antisémitisme ? Approbation implicite ? C’est Europe-Israël qui a révélé ce fait et a réagi avec le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA).
Aucun dramaturge contemporain, aucun directeur de théâtre, aucun metteur en scène, aucun acteur n’oseraient écrire, présenter ou prononcer une diatribe, que dis-je, une phrase similaire contre un autre peuple ou des fidèles d’une autre confession.
Mais contre les Juifs, c’est autorisé au nom de la liberté d’expression et de la créativité de l’artiste. Et cette pièce de théâtre (3) a été créée à la Maison de la Culture d’Amiens grâce à de l’argent public…
Un Molière récompensera-t-il ce spectacle, lors d’une cérémonie diffusée en direct par France Télévisions et en présence du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand ?
Et sous les applaudissements du public ?
(1) Le 23 février 2011, au CAPE (Paris), Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique du Président de la République, a évoqué ces manifestations en répétant certaines phrases du Président Nicolas Sarkozy. Le journaliste Gidéon Kouts l’a interrogé en évoquant les slogans anti-israéliens lors des manifestations au Caire (Egypte), etc. M. Lévitte n’a pas répondu.
Interviewé par Michel Zerbib sur Radio J le 25 février 2011, François Zimeray, ambassadeur de France pour les droits de l'Homme a allégué l’absence de slogans anti-américains et anti-israéliens.
(2) Sur Judaïques FM, Jean-Michel Ribes a jugé « grotesque » les critiques d’antisémitisme formulées contre la pièce. Il a aussi évoqué des dramaturges Juifs et la troupe israélienne qui se sont produits dans « son théâtre ».
(3) Je n’ai pas pu voir la pièce. J’en ai lu le texte.
Extraits du discours de Richard Prasquier, président du CRIF
« Selon un adage juif, la loi du pays est notre loi. L’accepter est le critère d’intégration. Certains territoires échappent à la loi républicaine. Il y a urgence…
Aujourd’hui, les Juifs sont agressés pour leur soutien à Israël, car Israël est devenu le Juif des Nations. A Sumatra après le tsunami, devant des morsures de requins à Charm el Cheikh ou les décombres d’une église à Alexandrie, les Juifs, pardon, les « sionistes » sont accusés…
L’extrémisme islamiste a beaucoup tué, mais pas autant qu’il le désirait, grâce aux hommes qui dans l’ombre nous protègent. Je voudrais les remercier…
Le fanatisme islamiste est responsable des crimes récents contre les communautés chrétiennes en Irak, au Pakistan ou contre les coptes en Egypte. Son message est clair : l’autre doit partir. Il n’a pas place en terre d’Islam, même si son installation remonte au fond des âges…
Est-il aujourd’hui possible de dire que l’antisionisme est souvent le camouflage d’une nouvelle judéophobie ? On peut en douter quand le livre de Pierre André Taguieff « Nouvelle propagande anti-juive », a rencontré un silence total dans le monde médiatique et universitaire. Son tort est-il de ne pas dire assez de mal du sionisme et d‘Israël ?...
La Shoah n’est pas qu’un fait d’histoire, elle illumine de sa lueur blafarde le territoire de nos interdits. (…) La SNCF, qui s’est engagée fortement à dévoiler toute son histoire, est un exemple de ces ombres et lumières entrelacées. Nous soutenons sa démarche…
Plus que l’éloignement des survivants, plus que la lassitude ou le négationnisme, ce qui menace [l’enseignement de la Shoah] c’est le relativisme. « Puisqu’on parle de la Shoah, pourquoi ne pas parler aussi du génocide de Gaza ? ». Ce mensonge anéantit le travail de mémoire et fait germer la haine…
Qu’on lise Céline oui, qu’on l’étudie oui, mais qu’on le donne en exemple, non ! …
L’Iran exerce sa suzeraineté sur la Syrie et le Liban, où le Hezbollah vient de mettre la population sous sa coupe. L’Iran cherche à s’imposer en Irak, avant de menacer les monarchies du Golfe. L’Iran domine le Hamas, crée des ponts avec les Frères Musulmans en Egypte ou au Qatar et s’ouvre des espaces en Amérique du Sud…
Il se prépare au chantage à l’apocalypse nucléaire qui annoncerait pour certains la venue du Mahdi...
Ce que les ennemis d’Israël ne voulaient pas admettre en 1967, à savoir l’existence d’un Etat où les Juifs ne se retrouvent pas dans un statut de minorité, est-ce qu’aujourd’hui Ahmadinedjad, Nasrallah et Khaled Mechaal seraient prêts à l’accepter ? La réponse est non...
[La paix] ne dépend pas de l’arrêt des constructions, du nombre de check points ou du tracé des frontières. Cette réponse est métaphysique: pour eux il ne peut pas y avoir d’Etat juif en terre d’Islam. La modération de tel ou tel dirigeant palestinien ne pourra pas s’exprimer avant que ne se relâche l’emprise des islamistes qui le dénonceront à la moindre de ses concessions. Entre-temps, nul n’a le droit d’exiger d’Israël qu’il se suicide…
Le Sud Soudan accède à l’indépendance : il a subi une guerre de 22 ans avec 2 millions de morts et 4 millions de déplacés. Qui avait protesté? Et qui s’est indigné pour le Darfour voisin, 400 000 morts ? Pas l’ONU en tout cas…
Depuis près de 3000 ans, les Juifs, où qu’ils fussent, ont cherché Jérusalem dans leurs prières quotidiennes... Aucune ville n’a de lien aussi fort avec un peuple que Jérusalem n’en a avec le peuple Juif… Nous espérons qu’elle restera [unifiée], car seule la souveraineté israélienne a permis le libre exercice des trois religions monothéistes ».
Extraits du discours de Nicolas Sarkozy, Président de la République
(vidéo)
« L'amitié franco-israélienne est une profonde et sincère amitié. La paix pour Israël et pour la Palestine est une nécessité pour la paix du monde.(…)
Les vrais amis d'Israël doivent convaincre Israël que la meilleure des sécurités pour elle, c'est l'existence d'un État palestinien moderne et démocratique, en paix et viable. (…)
Les manifestants de Tunisie ou d'Égypte n'ont pas crié « à bas l'Occident », ils n'ont pas crié « à bas l'Amérique », ils n'ont pas crié « à bas Israël ». Ils n'ont pas prôné un retour vers le passé d'un âge d'or islamique mythifié. Et ces manifestants ne se sont attaqués à aucune minorité.
Je me garderai bien de conclure trop vite ; qui peut dire quelles seront les étapes à venir ? Nous avons eu déjà tant de mal à distinguer les étapes récentes. Et qui peut exclure des dérives brutales ou totalitaires ? Personne.
Mais c'est donc notre devoir d'aider ces mouvements ; ce qui ne veut pas dire nous ingérer, avec parfois un certain manque de dignité.
C'est notre devoir car ce sont nos valeurs dont ces peuples se réclament. Et je veux poser cette question : pourquoi ce qui est bon pour nous leur serait interdit ? Et au nom de quelle fatalité le monde arabe serait-il exclu de cette marche inexorable des peuples vers la liberté ? (…)
Les paramètres d'un accord de paix sont connus depuis longtemps... le risque de paix est bien moins dangereux que les risques de l'immobilisme. (…)
Vous le savez je plaide également pour une reprise des discussions entre Israël et la Syrie. Malgré le mur de méfiance accumulée, je suis convaincu que cette paix-là aussi est possible.
Et quelle transformation stratégique pour Israël si une normalisation accompagnait une restitution du Golan ! Elle conduirait à un changement radical de la situation des mouvements qui chaque jour, depuis le Liban ou depuis Gaza, menacent Israël ! (…)
Guilad Shalit « vit aujourd’hui son 1690e jour de captivité et d’isolement à Gaza. Je l’ai dit à ses parents Noam et Aviva, jamais nous n’abandonnerons leur fils, à son sort. Un sort que rien, je dis bien rien, ne saurait justifier ! (...)
A travers des sanctions croissantes il ne s'agit pas de punir le peuple iranien mais de faire comprendre à ses dirigeants que le coût de leur politique irresponsable se fera tous les jours plus lourd, pour eux et pour leur régime… Jamais je n'accepterai que des dirigeants iraniens menacent de rayer Israël de la carte. (…)
Je veux dire en tant que chef de l'Etat, que le judaïsme a contribué à forger l'identité de la France et chacun d'entre vous, continue à participer à cette alchimie subtile qui fait de nous des Français.
Si la France a des racines chrétiennes, je l'ai rappelé et pourquoi le nier puisque c'est la vérité, la France a aussi des racines juives. La présence du judaïsme est attestée en France avant même que la France ne soit la France, avant même qu'elle ne soit christianisée. (…) Cette longue histoire deux fois millénaire est bien une histoire commune même si personne n'oublie qu'elle a été tachée, déchirée, par la haine et la persécution. (…)
Devant l’Histoire de notre pays, il n'existe pas de communautés ou de minorités. Il existe une seule et même communauté de destin, une communauté qui s'est voulue, un jour de 1789, communauté nationale. (…)
Je sais et je comprends la place particulière que l'Etat d'Israël occupe dans le cœur des juifs du monde entier. Pour la France, l’existence de l’Etat d’Israël est une exigence de la conscience universelle et jamais les Juifs de France n’auront à choisir entre leur conscience et leur Patrie.(..)
La France fidèle à elle-même est le pays de la liberté de conscience, le pays dont toutes les valeurs s'opposent irréductiblement au racisme et à l'antisémitisme.(…)
Ceux qui croient, ceux qui prient dans le respect des lois de la République ont le droit au respect et à la protection de la République. C'est cela la laïcité. (…)
Toute atteinte contre un lieu de culte ou une sépulture doit être regardée comme une atteinte à la République et à ses valeurs fondamentales...
Dans le cas des synagogues et des cimetières juifs, ces violences prennent un écho très particulier. Car ces violences font le même bruit que celui des vitrines brisées pendant la nuit de cristal et comment ne pas penser à ce qui a suivi...
C'est pour cette raison que la République s'est mobilisée, j'étais alors ministre de l'Intérieur, et l'on m'indiquait que quand une synagogue brûlait, c'était un acte de vandalisme d'un lieu public. Non, je n'ai pas accepté cette classification, cette banalisation, car la banalisation n'est rien d'autre que la complicité. Et à cette date, nous avons, vous et nous, engagé un programme de sécurisation de bâtiments appartenant à la communauté juive.
Une nouvelle convention signée en 2010 avec le ministre de l'Intérieur a permis de compléter et de terminer l'immense travail déjà accompli.
Cette détermination n'est peut-être pas étrangère à la baisse de 43% des violences antisémites en 2010 et cela après la hausse enregistrée au moment de la crise de Gaza ».
A lire sur ce site concernant les Juifs français
A lire sur le site concernant le terrorisme palestinien
Sur l'Etat d'Israël
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