Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

lundi 30 novembre 2015

Des "belles âmes" sélectives à l'égard des Palestiniens


Le 12 juin 2014, trois adolescents Juifs israéliens ont été assassinés par le Hamas. Tsahal a éliminé leurs meurtriers. En juillet 2014, les médias internationaux ont titré sur l'assassinat de l'adolescent palestinien Mohammed Abu Khdeir. La police israélienne a arrêté trois individus soupçonnés d'avoir commis ce meurtre. Le 30 novembre 2015, un  tribunal israélien a reconnu coupables deux d'entre eux, et attend le rapport de l'expert psychiatre pour statuer sur le troisième. La présentation de cette condamnation par l'AFP est choquante.

Le 1er juillet 2014, ont été enterrés au cimetière de Modi’in les trois adolescents israéliens magnifiques (z''l) - Naftali Frenkel, âgé de 16 ans, Gilad Shaer, âgé de 16 ans, et Eyal Yifrach, âgé de 19 ans - kidnappés le 12 juin 2014 vers 22 h, au carrefour du Gush EtZion (Zone C), alors qu'ils avaient quitté les yeshivot (écoles talmudiques) où ils étudiaient pour rentrer à leur domicile, et assassinés peu après leur rapt. Des actes salués et revendiqués par le Hamas. Le 22 septembre 2014, les forces de sécurité israélienne ont éliminé à Hebron, Marwan Qawasmeh et Amer Abou Eisheh, assassins de ces trois jeunes israéliens.

Deux poids, deux mesures
Dès le 2 juillet 2014, la Une des médias internationaux se focalisait sur le cadavre de Mohammed Abu Khdeir, Arabe palestinien âgé de 16 ans, découvert dans une forêt de Jérusalem.

Dans cette photographie circulant sur Internet à partir du 6 juillet 2014, on voit semble-t-il ce jeune Palestinien, vêtu du keffieh, se réjouissant, par ses trois doigts debout, que ces trois jeunes Israéliens aient été kidnappés et tués. Un cliché non diffusé par les Palestiniens et non repris par les médias internationaux, car il n'aurait pas suscité la compassion instrumentalisée contre Israël et il aurait montré ce Palestinien haineux à l'égard des Israéliens et sans aucun sens moral. Bref, le résultat de l'éducation à la haine antisémite distillée par l'Autorité palestinienne et au sein de sa famille.

Une couverture médiatique inversement proportionnelle à celle accordée à l'enlèvement de ces trois jeunes Juifs, pardon Israéliens, qualifiés souvent à tort de "colons", selon parfois un "choix éditorial" (France 2).

Or, ces trois jeunes vivaient dans des villes reconnues internationalement comme relevant de la souveraineté israélienne : Eyal Yifrach vivait à Elad, et Naftali Frenkel, américano-israélien, à Nof Ayalon - "quartier orthodoxe de Nof Ayalon, à Modiin" -, deux villes situées à l'intérieur de la Ligne verte, en "territoire israélien internationalement reconnu" ; Gilad Shaer habitait à Tamon, située en Zone C, reconnue par les Accords d’Oslo acceptés par l'Autorité palestinienne comme sous souveraineté israélienne. Tous trois ont été kidnappés ensemble dans cette zone C. Par ailleurs, tous ces lieux se trouvent dans le territoire alloué au peuple Juif dès les accords de San Remo, puis par la Société des Nations et la charte des Nations unies.

Et la plupart de ces médias, reprenant les allégations des Palestiniens, et sans aucune preuve, désignaient des Israéliens Juifs comme auteurs présumés du meurtre de Mohammed Abu Khdeir. Parmi les médias communautaires, Michel Zerbib, rédacteur en chef de Radio J, a été l'un des rares à inviter sur Facebook à la prudence en évitant d'imputer sans fondement ce meurtre à des "vengeurs" israéliens.

Or, ce même 2 juillet 2014, on apprenait le meurtre de Omaima Jaradat âgée de 15 ans, poignardée par un de ses oncles à Kfar Sair, village au nord de Hébron. 

Cet assassinat n'a suscité aucune réaction des dirigeants occidentaux ou arabes. Même pas un communiqué de presse des droitsdel'hommistes ou des féministes. Seuls HNN, relayé par The Jewish Press, ont informé sur ce meurtre. Pourquoi ce silence politique et médiatique ? Est-ce parce qu'une fille, même palestinienne, assassinée par sa parentèle - "crime d'honneur" ? - n'intéresse personne ? Est-ce parce que nul Juif, pardon nul Israélien, ne peut être accusé de cet assassinat ? Selon un Tweet du journaliste Arabe israélien Khaled Abu Toameh, Omaima Jaradat "a apparemment surpris son oncle en train de voler".

Cette attention sur le seul meurtre de Mohammed Abu Khdeir me parait suspecte : c'est un moyen pour l'Autorité palestinienne d'exiger du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu une condamnation déjà exprimée, de  victimiser les Palestiniens - donc "Halte aux opérations israéliennes" -, de solliciter de la communauté internationale des pressions sur Israël pour qu'il mette un terme à ses recherches et actions défensives, de divertir l'attention loin du monstrueux assassinat des trois jeunes Israéliens, d'occulter sa responsabilité dans la haine et l'assassinat des Juifs - la "condamnation" de Mahmoud Abbas (Abou Mazen) n'est pas satisfaisante en raison du parallèle entre l'enlèvement des trois jeunes Israéliens et les opérations israéliennes - ainsi que son énième alliance avec le Hamas, de faire oublier la joie de la "rue palestinienne" apprenant ce rapt et ces trois assassinats, et de ternir l'image d'Israël et des Israéliens Juifs. En outre, condamner le Hamas ne coûtait guère à Abbas : c'était le minimum pour maintenir sa place à la direction de l'Autorité palestinienne et les avantages, notamment financiers, liés. Et c'était se démarquer d'un rival affaibli dans les territoires disputés. Et, il y a la volonté évidente de montrer que les Juifs, pardon, les Israéliens, eux aussi commettraient des actes criminels, et de forger un autre blood libel... Ce meurtre sert aussi de prétexte aux Palestiniens pour déclencher "spontanément" des violences contre les Israéliens et en imputer la responsabilité à l'Etat Juif. Ainsi que le rappelle Lee Kaplan, l'Intifada II a été soigneusement planifiée par l'Autorité palestinienne, en particulier par Arafat dès son retour des négociations à Camp David, et non provoquée par la visite d'Ariel Sharon sur le mont du Temple en 2000. De même, le Hamas verse, de l'aveu même d'un de ses membres Mahmoud Toameh, un salaire mensuel de 1 150 $-1 440 $/mois à des membres du Mouvement islamique pour qu'ils fomentent des émeutes "spontanées", harcèlent  les Juifs en leur jetant des pierres et les empêchent de prier sur le mont du Temple à Jérusalem.

Pour certains politiciens israéliens, c'est une instrumentalisation visant à discréditer des opposants Juifs religieux alors que l'enquête policière n'est pas encore achevée.

Évoquant l'émotion des ses coreligionnaires lors de ce triple kidnapping et de son tragique dénouement, l'essayiste Alain Finkielkraut a déclaré sur RCJ, le 6 juillet 2014 : "Les Juifs français ont pu mesurer leur solitude... L'horreur de ce massacre [des trois jeunes Israéliens] inexcusable aurait du être soulignée... Cette réalité - ces trois jeunes étaient en Cisjordanie - a inhibé la compassion... Ce crime échappe au schéma appliqué paresseusement sur la réalité. L'inintelligence reste façonnée par une phrase de la préface de Sartre au livre "Les Damnés de la Terre" de Frantz Fanon : "Le colon n'a qu'un recours : la force, quand il lui en teste ; l'indigène n'a qu'un choix : la servitude ou la souveraineté". Notre époque invoque sans cesse Camus, mais reste profondément sartrienne. Ces trois jeunes viennent du Gush Etsion. Il y avait un bloc Etsion dans le Yichouv, ce bloc de kibboutzim a été attaqué par la Légion arabe, et 150 personnes - hommes, femmes, enfants - y ont été abattus au cri de Deir Yassin, au nom de ce crime... Le 14 mai 1948, de nouveaux massacres se sont produits... Les maisons, le kibboutz, tout a été arasé {par les Arabes]... La barbarie est contagieuse. La stratégie du prix à payer demandée par des colons extrémistes, des appels à la vengeance ne cessent de retentir. Jamais le compromis n'a été aussi urgent. Il faut trouver les moyens d'une désintrication".

Le "crime" de Deir Yassin n'existe pas - c'est un élément de la propagande arabe et "palestinienne" -; et les "colons" non plus. QG. Des dirigeants palestiniens ont démenti le « massacre de Deir Yassin », en réalité une bataille rude (9-10 avril 1948) - 60 morts Arabes palestiniens -  dans un village situé à un lieu stratégique que les indépendantistes Juifs voulaient gagner - la Hagana a préparé cette bataille avec l'Irgoun et le Lehi - pour alléger le blocus par les forces militaires arabes de Jérusalem et de ses environs et ravitailler les Juifs qui y crevaient de faim, etc.

Quant aux récentes victimes israéliennes d'actes terroristes, dont la jeune Shelley Dadon âgée de 19 ans, commis en 2014 par des Palestiniens, elles ne suscitent aucune compassion de la part de ces "belles âmes", même Juives comme JewPop

Jugement israélien
Le 30 novembre 2015, le tribunal de district de Jérusalem (Israël) a reconnu coupables du meurtre d'Abu Khdeirle 2 juillet 2014  deux Israéliens mineurs, et attend le rapport de la commission psychiatrique pour statuer sur le troisième, Yosef Haïm Ben David, âgé de 31 ans, et apparaissant comme l'instigateur et exécutant. Les juges Yaakov Tsaban, Rafi Carmel et Rivka Friedman-Feldman se prononceront le 20 décembre 2015 sur la question de l'éventuelle irresponsabilité pénale et le 13 janvier 2016 sur la peine affligée aux meurtriers. La présentation de cette condamnation par l'AFP est choquante. Les trois prévenus avaient reconnu leur crime, et étaient présents lors de la reconstitution.

Le quotidien français Le Figaro a co-signé avec l'AFP un article intitulé "Palestinien brûlé vif: 2 Israéliens reconnus coupables" : "Un tribunal de Jérusalem a déclaré aujourd'hui deux juifs israéliens coupables d'avoir enlevé et brûlé vif un adolescent palestinien en 2014, mais a suspendu son jugement contre un troisième, le meneur du groupe, dans l'attente d'une expertise mentale. Dans son jugement, le tribunal dit que les trois accusés, un adulte et deux mineurs, ont bien enlevé et assassiné Mohammad Abou Khdeir en juillet 2014. Mais il ne prononce pas encore de peine et dit que, dans le cas de l'adulte, une expertise médicale devra déterminer s'il est ou pas pénalement responsable".

On n'a pas souvenir de dépêches de l'AFP ou d'articles du Figaro présentant des assassins français, ou belges, en évoquant leur religion chrétienne ou islamique. Les terroristes sont dénommés "assaillants", "jeunes Français", etc.

Quant à i24news, son site Internet  ne cite qu'un commentaire, celui d'un politicien gauchiste : "le député Esawi Frej du part Meretz (gauche progressiste)".

Le 30 novembre 2015, le quotidien Le Parisien publie l'article Deux Israéliens reconnus coupables du meurtre ayant mené à la guerre de Gaza. Or, ce sont les tirs de roquettes par le Hamas à partir de la bande de Gaza et l'assassinat de ces trois adolescents qui ont incité finalement l'Etat d'Israël à lancer l'opération militaire Bordure protectrice. Cette inversion induit en erreur le lecteur et rend coupable les victimes du terrorisme islamiste palestinien.Notons que, dans le corps de l'article, ce journal nuance son titre : "Leur crime avait contribué à l'escalade des violences menant à la guerre de Gaza à l'été 2014". Et ce n'est que vers la fin de l'article que le contexte est rappelé ! "Cet assassinat avait provoqué de violentes manifestations. Au même moment se multipliaient les tirs de roquettes de la bande de Gaza sur Israël et les raids israéliens sur le territoire gouverné par le Hamas, tenu par Israël pour responsable de la mort des trois adolescents israéliens trois semaines auparavant. Peu après commençait la plus dévastatrice des trois guerres qu'a connu la bande de Gaza en six ans". Ces attaques du Hamas sont occultées par l'expression "spirale de violences".

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Cet article a été publié le 3 juillet 2014, puis le 23 septembre 2014. Il a été modifié le 30 novembre 2015.

mercredi 25 novembre 2015

Diane Arbus (1923-1971)


Née dans une famille Juive américaine, Diane Arbus (1923-1971), portraitiste newyorkaise, a révolutionné l’art photographique par son style épuré et ses thématiques rendant étrange ce qui est familier, et inversement. Plus de 200 clichés, parfois inédits, de cette « anthropologue contemporaine » dont l’influence perdure. Une vie d’artiste et d’enseignante, marquée par des périodes de dépression et des rechutes d’hépatite. Diane Arbus est l'une des photographes mises à l'honneur dans l'exposition Qui a peur des femmes photographes ? 1839 à 1945 présentée en deux parties chronologiques au musée de l'Orangerie et au musée d'Orsay.


Les photographies « sont la preuve que quelque chose était là et n’est plus. Comme une tache. Et leur immobilité est déroutante. On peut leur tourner le dos, mais quand on revient, elles sont toujours là en train de vous regarder », a déclaré Diane Arbus, le 15 mars 1971.

Identical Twins, A young man in curlers, A Jewish giant at home with his parents... Les photographies de Diane Arbus (1923-1971) intriguent par les questionnements qu’elles induisent sur l’identité et l’originalité humaines ainsi que sur la normalité. Restituent l’humanité de personnes différentes. Suscitent l’admiration par leurs qualités artistiques, parfois la gêne en raison de leur thématique dérangeante (marginaux), l’interrogation en raison de la neutralité du regard qui ne juge pas ou l’incompréhension devant son intérêt pour l’étrangeté ou la banalité. Mais jamais l’indifférence. 



Diane Arbus « a révolutionné l’art de la photographie. L’audace de sa thématique, aussi bien que son approche photographique ont donné naissance à une œuvre souvent choquante par sa pureté, par cette inébranlable célébration des choses telles qu’elles sont. Par son talent à rendre étrange ce que nous considérons comme extrêmement familier, mais aussi à dévoiler le familier à l’intérieur de l’exotique, la photographe ouvre de nouvelles perspectives à la compréhension que nous avons de nous-mêmes ».


Son principal sujet d’inspiration : New York, qu’elle arpente « à la fois comme un territoire connu et une terre étrangère, photographiant tous ces êtres qu’elle découvre dans les années 1950 et 1960 ».


Cette « anthropologie contemporaine – portraits de couples, d’enfants, de forains, de nudistes, de familles des classes moyennes, de travestis, de zélateurs, d’excentriques ou de célébrités – correspond à une allégorie de l’expérience humaine, une exploration de la relation entre apparence et identité, illusion et croyance, théâtre et réalité ».


Avec plus de 200 clichés, cette première rétrospective de Diane Arbus en France présente « toutes les images emblématiques de l’artiste » et un grand nombre de photographies inédites en France. Les « premières œuvres, déjà, témoignent de la sensibilité particulière d’Arbus, au travers de l’expression d’un visage, de la posture d’un corps, du type de lumière ou de la présence particulière des objets dans une pièce ou dans un paysage ».


Adolescente photographe

Diane Nemerov est née à New York le 14 mars 1923 dans une famille Juive aisée d’origine russe. Son père, David Nemerov, dirige Russek’s, magasin célèbre de vêtements en fourrure fondé dans les années 1880 par son beau-père Frank Russek et installé dans la huppée 5e avenue. Sa mère souffre de dépression. Le frère de Diane, Howard, deviendra poète et père de l’historien Alexander Nemerov.


En 1927, la famille Nemerov se rend en France.


En 1928, Diane est scolarisée dans des écoles progressistes : Ethical Culture School et Fieldston School.


En 1936, elle rencontre Allan Arbus, son ainé de cinq ans, qui travaille dans le service de publicité de Russek’s. Tous deux visitent des expositions au Museum of Modern Art, en particulier celle sur « Walker Evans, American Photographs » (1938).


Diplomée de Fieldston High School en 1940, Diane épouse en 1941 Allan Arbus.
Celui-ci lui offre un appareil photo Graflex 6 x 8. Diane Arbus prend ses premières photos au début des années 1940 et étudie la photographie avec auprès de Berenice Abbott en 1941.
Allan et Diane Arbus « visitent An American Place, la galerie d’Alfred Stieglitz et, parfois lui montrent leur travail. Diane Arbus s’intéressent à ces photographes : Matthew Brady, Timothy O’Sullivan, Paul Strand, Bill Brandt et Eugène Atget.
En 1942, Allan Arbus s’engage dans l’Armée en 1942 où il est affecté à la division Photographie dans les transmissions. Il part pour Ceylan en 1944.
En 1944, Diane Arbus, « qui vit dans l’appartement de ses parents, fait des autoportraits avec un Deardorff 13 x 18 pour suivre l’évolution de sa grossesse ». A ses lettres à son époux, elle joint des photos qu’elle découpe dans des magazines, dont certaines des premières photos de mode de Richard Avedon pour Harper’s Bazaar.
Sa fille Doon nait en 1945.

Une carrière de 15 ans
En 1946, le couple Arbus fonde une agence de photographie de mode. David Nemerov les recrute pour réaliser des publicités pour Russek’s destinées à des journaux.
De 1947 à 1951, les photos des Arbus sont publiées par des magazines prestigieux : Glamour, Seventeen et Vogue. Les goûts littéraires des Arbus les portent vers Platon, Marc-Aurèle, Thomas d’Aquin, Spinoza, Schopenhauer, Kierkegaard, Dostoïevski, Melville, Conrad, Gogol, Donne, Blake, Rilke et Yeats.
En 1951, les Arbus séjournent pendant un an en France, Italie et Espagne.
En 1954, nait leur deuxième fille, Amy. Diane Arbus étudie la photographie auprès d’Alexey Brodovitch.
En 1956, elle utilise essentiellement un Nikon 35 mm et se met à numéroter ses négatifs. Elle met un terme à son partenariat avec son époux.
Entre 1955 et 1957, elle suit les cours de la photographe Lisette Model et se lance sérieusement dans la carrière de photographe. « C’est mon professeur Lisette Model qui m’a finalement fait comprendre que plus on est précis, plus on est général », confie-t-elle.
Dès 1959, Diane Arbus tient des « carnets de rendez-vous et des notes de travail ». Elle se sépare de son époux, tout en partageant avec lui la chambre noire du studio, et s’installe, avec leurs deux filles à Greenwich Village. Elle rencontre Marvin Israel (1924-1984), peintre, graphiste et ancien directeur artistique de Seventeen. Au « début de leur longue collaboration et amitié amoureuse, ils s’écrivent presque chaque jour ».
Le « premier essai photographique » de Diane Arbus est publié dans le magazine Esquire en juillet 1960 sous le titre « The Vertical Journey » (Le Voyage vertical).

Harper’s Bazaar, dont Marvin Israel est nommé directeur artistique en 1961, publie en novembre 1961 « The Full Circle » de Diane Arbus. Le magazine Show lui commande un essai photo sur le thème de l’horreur.
Dans le cadre des projets d’Esquire, Diane Arbus photographie « des culturistes, des concours de beauté, des débutantes, des marginaux, des rassemblements de scouts, des gangs de jeunes, un hôtel condamné de Broadway et ses locataires, un lilliputien russe qui imite Maurice Chevalier, un crématorium pour animaux de compagnie et des membres des « Twenty-Five Men and a Girl », troupe de travestis en tournée dans le cadre d’un spectacle de la Jewel Box Revue ». Elle écrit à Marvin Israel : « J’aimerais photographier tout le monde ».
Diane Arbus travaille de manière irrégulière comme photographe free-lance pour Esquire, Harper’s Bazaar, Show, The London Sunday Times et d’autres magazines, en effectuant des commandes de portraits, de reportages photographiques dont elle écrit parfois les textes.
En 1962, elle débute l’utilisation du Rolleiflex 6 x 6 bi-objectif. Plus tard, elle expliquera qu’elle « voulait éliminer le grain de ses photos et pouvoir découvrir dans ses images la véritable texture des choses. Le format 6 x 6 va l’aider à définir un style classique, formel, trompeusement simple, qui apparaît aujourd’hui comme l’une des grandes caractéristiques de son travail ». A Los Angeles, Diane Arbus photographie les voyantes des stars pour Glamour. Elle fait la connaissance de John Szarkowski, successeur de Edward Steichen, à la direction du département photographie du Museum of Modern Art de New York.
En 1963 et en 1966, Diane Arbus obtient des bourses Guggenheim pour des projets sur « Les Rites, manières et coutumes de l’Amérique », et photographie un camp familial de nudistes à Sunshine Park (New Jersey).
Pendant plusieurs étés, elle parcourt les Etats-Unis où elle photographies « toutes sortes de lieux et d’événements – concours, festivals, rassemblements publics ou privés, personnes dans les habits de leur profession, halls d’hôtels, loges d’établissements de spectacle, salons chez des particuliers – qui constituent » selon elle « les cérémonies formidables de notre temps ». Dan son dossier de candidature, elle écrit : « Ce sont nos symptômes et nos monuments ». « Je veux simplement les sauvegarder, car ce qui est cérémoniel et curieux et banal deviendra légendaire. »
Des institutions, tels le Museum of Modern Art à New York en 1964, la Smithsonian en 1969 et la Bibliothèque nationale de France en 1970, enrichissent leurs collections permanentes par l’achat de certains de ses tirages.
Diane Arbus débute le tirage de ses photos en format carré avec bords noirs sur papier 28 x 35, et réalise « Familial Colloquies » (1965), portraits d’un parent célèbre avec son enfant adolescent qui sont publiés par Esquire.
En 1966, pour Harper’s Bazaar, Diane Arbus photographie des artistes résidant dans la Big Apple - Roy Lichtenstein, Claes Oldenburg, Frank Stella… - et pour le New York Times Magazine, elle réalise en Jamaïque les photos du Supplément Printemps de la Mode Enfants.
Au Museum of Modern Art (MoMA) à New York, Diane Arbus participe à deux expositions collectives : « Recent Acquisitions » (1965) et « New Documents » (1967) avec Garry Winogrand et de Lee Friedlander et à l’initiative de Szarkowski (Diane Arbus tire certaines de ses photos sur du papier format 40 x 50). Ce prestigieux musée inclut dix clichés de Diane Arbus dans son exposition itinérante « New Photography U.S.A. » (1969).
À la fin des années 1960, Diane Arbus enseigne la photographie dans les Parsons School of Design, Rhode Island School of Design et Cooper Union, puis, en 1971, donne une master class à Westbeth, coopérative d’artistes de New York.
En 1968, Diane Arbus sollicite « l’autorisation de photographier dans des prisons, des hôpitaux psychiatriques, des résidences pour personnes âgées et des institutions pour arriérés mentaux ».
Avant leur divorce en 1969, Allan Arbus installe une nouvelle chambre noire pour Diane Arbus qui commence ses consultations auprès du Dr Helen Boigon, psychiatre.
Distinguée en 1970 par le prix de l’American Society of Magazine Photographers, Diane Arbus est recrutée par Szarkowski pour rechercher l’iconographie de l’exposition du MoMA sur la photographie de presse. Cette exposition, dont elle avait eu l’idée, a lieu en 1973 au Museum of Modern Art, sous le titre « From the Picture Press ».
Diane Arbus invite Szarkowski à organiser une exposition individuelle sur le photographe Weegee dont elle découvre les archives de 8 000 photos.
Elle emprunte le Pentax 6 x 7 du photographe Hiro et se décide à en acheter un.
En 1970, elle s’établit à Westbeth, coopérative d’artistes à Greenwich Village, et confie huit de ses photos pour l’exposition collective « Contemporary Photographs I » au Fogg Art Museum (1971).
Elle publie un portfolio de dix photographies tirées, signées et annotées par elle, conçu comme le premier d’une série d’éditions limitées de ses œuvres. Richard Avedon, Mike Nichols, Bea Feitler et Jasper Johns achètent chacun un jeu de A box of ten photographs. En mai, Artforum publie des images du portfolio (1971).
Le 11 juin 1971, Diane Arbus photographie à la Maison Blanche le mariage de Tricia, fille du Président Richard Nixon pour le London Sunday Times Magazine.
Elle se suicide le 26 juillet 1971 à l’âge de 48 ans.

Un succès posthume croissant
En1972, les dix photographies du portfolio de Diane Arbus sont la première œuvre d’une photographe américaine à être exposée à la Biennale de Venise.
Par son style et son contenu, l’œuvre de Diane Arbus réalisée lors de sa carrière brève de plus de 15 ans, lui vaut d’être estimée « aujourd’hui comme l’une des photographes les plus importantes de notre temps, y compris par l’influence qu’elle continue d’exercer ».
En 1972, plus de 250 000 visiteurs se sont pressées à la rétrospective majeure organisée par le MoMA et qui a ensuite circulé dans le reste des États-Unis et au Canada. Accompagnant cette exposition, la monographie Diane Arbus, publiée par Aperture, s’est vendue à plus de 300 000 exemplaires. En plus de ce livre, trois volumes de ses photographies sont régulièrement réédités aux États -Unis : Diane Arbus Magazine Work (1984) et Diane Arbus Untitled (1995) — publiés aussi par Aperture — et Diane Arbus Revelations (Random House, 2003). Aperture vient de publier Diane Arbus: A Chronology, par Doon Arbus et Elisabeth Sussman.

Neil Selkirk, Doon Arbus et Adam Shott ont realisé A slide show and talk by Diane Arbus (1970, 40 minutes). En 2007, Steven Shainberg s'est inspiré de sa vie pour Fur: An Imaginary Portrait of Diane Arbus, avec Nicole Kidman et Robert Downey Jr.

Débutée en 2003, la rétrospective internationale « Diane Arbus Revelations » du San Francisco Museum of Modern Art, sillonne les États-Unis et l’Europe entre 2003 et 2006.

De grandes expositions de Diane Arbus ont circulé notamment en Australie, Allemagne, Italie, Nouvelle-Zélande, Espagne, et au Japon, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Du 18 octobre 2011 au 5 février 2012, cette rétrospective itinérante a accueilli au Jeu de Paume près de 215 000 visiteurs. Elle a été présentée au Fotomuseum à Winterthur (3 mars – 27 mai 2012), au Martin-Gropius-Bau, à Berlin (22 juin – 24 septembre 2012), puis au FOAM  Fotografiemuseum à Amsterdam (26 octobre 2012 – 13 janvier 2013). Après le Jeu de Paume et le Martin-Gropius-Bau (Berlin), le FOAM  (musée de la photographie d'Amsterdam) a présenté cette rétrospective consacrée à la photographe Diane Arbus. 

Au printemps 2014, le Multimedia art museum (Moscou) a montré Portfolio de Diane Arbus.

De 2013 à 2017, au travers de sept expositions de la série Masterpieces & Curiosities, le Jewish Museum (Musée Juif) de New York explore les objets qui soulignent la diversité de ses collections. Le Jewish Museum de New York a présenté l'exposition Masterpieces & Curiosities: Diane Arbus's Jewish Giant (Chefs d’œuvre et curiosités : le géant Juif de Diane Arbus). 

En 1959, Diane Arbus a visité le Hubert’s Dime Museum and Flea Circus, à Times Square. Une des attractions en était Eddie Carmel, un homme dont la taille devait dépasser 2,74 mètres et était qualifié d’“homme le plus grand au monde”.

En avril 1970, Diane Arbus s’est rendue dans la maison où vivaient Eddie Carmel et ses parents, et a réalisé sa célèbre et émouvante photographie A Jewish giant at home with his parents, in the Bronx, N.Y.. Eddie Carmel avait alors 34 ans, et devait mourir deux ans plus tard.

Eddie Carmel était le fils d’immigrants Juifs de Tel-Aviv. Il "avait vécu une vie normale dans le New York des années 1950 jusqu’à l’âge de quinze ans. Il est alors atteint d’acromégalie, un trouble hormonal qui induit une croissance anormale et excessive de la dimension des pieds et des mains ainsi qu’une déformation progressive du visage. Eddie Carmel a été contraint à porter des vêtements sur mesure, et n’a pu terminer sa scolarité ni entamer une carrière professionnelle car il s’était rendu compte que les gens n’allaient pas au-delà de son apparence physique. Il s’est senti un paria, et s’est lancé dans une activité utilisant et exagérant sa taille".(Daniel S. Palmer)

Diane Arbus explore "la tension entre la normalité et l’anormalité. Dans cette série, elle traite son obsession pour la taille surhumaine, récurrent dans la culture populaire depuis Goliath jusqu’à l’incroyable Hulk, via le Golem. Sa photo peut être analysée en termes historiques et métaphoriques" (Daniel S. Palmer).

Les 11 et 12 décembre 2014, Sotheby's proposa à New York la vente aux enchères d'un seul propriétaire privé et intitulée 175 Masterworks To Celebrate 175 Years Of Photography: Property from Joy of Giving Something FoundationCes 175 chefs d’œuvres de photographes sont issues de la collection du philanthrope et financier Howard Stein (1926-2011) qui l'avait donnée à sa fondation. Parmi les artistes choisis depuis les origines de cet art : la photographie de Diane Arbus intitulée "National Junior Interstate Dance Champions of 1963, Yonkers, N. Y." et estimée 200 000-300 000 dollars. Cette oeuvre provient de la Fraenkel Gallery, San Francisco, 1995.

"As early as 1961 Diane Arbus made notes about a possible project to photograph winners of all sorts—‘the utmost, the winners, the most, the first, rituals, contests, fame, immortality, Secret Rites’—followed by a listing of events she considered worthy of investigation.  In her 1962 notebooks, Arbus jotted further thoughts, and by September of that year, these became the basis of her 1963 Guggenheim project proposal, American Rites, Manners and Customs. She wrote in her official statement,  
‘I want to photograph the considerable ceremonies of our present because we tend while living here and now to perceive only what is random and barren and formless about it.  While we regret that the present is not like the past and despair of its ever becoming the future, its innumerable inscrutable habits lie in wait for their meaning.  I want to gather them, like somebody’s grandmother putting up preserves, because they will have been so beautiful’ (Revelations, p. 41).
Between January and October 1963, Arbus was present at a number of contests, among them ‘Mother of the Year,’ ‘spaghetti eating,’ ‘Freckles,’ and ‘Miss Lo-Cal.’ The present image was made in February 1963 (ibid., p. 334).
In 1967, Junior Interstate Ballroom Dance Champions, Yonkers, N. Y., was chosen by John Szarkowski for the famous New Documents show at The Museum of Modern Art, the only significant exhibition of Arbus's work during her lifetime.  This landmark exhibition showcased the work of three contemporary photographers—Diane Arbus, Lee Friedlander, and Garry Winogrand—and charted a radical new direction in what had previously been thought of as 'documentary photography.' 
Prints of Junior Interstate Ballroom Dance Champions, Yonkers, N. Y., signed by Arbus are rare.  In addition to the present print, only one other lifetime print signed by the photographer is believed to have been offered at auction, a print sold in these rooms in October 1990".


CITATIONS
DIVERS :
« La chose importante à savoir est qu’on ne sait jamais rien. On tâtonne toujours pour trouver son chemin. »
« Pour moi le sujet est toujours plus important que l’image. Et plus compliqué. Je m’intéresse au tirage, mais ce n’est pas sacré pour moi. Je pense vraiment que l’important, c’est ce que cela représente. Je veux dire qu’il faut que cela représente quelque chose. Et ce que cela représente est toujours plus remarquable que ce que c’est. »
« Rien n’est jamais comme on a dit que ce serait. Ce que je reconnais, c’est ce que je n’ai jamais vu avant. »
« Une photographie est un secret sur un secret. Plus elle vous en dit, moins vous en savez. »
« Je crois vraiment qu’il y a des choses que personne ne verrait si je ne les photographiais pas ».
« Je vois quelque chose qui semble merveilleux ; je vois la divinité dans des choses ordinaires ».

DE PLATON :
« Il y a et il y a eu et il y aura un nombre infini de choses sur terre. Des individus tous différents, souhaitant tous des choses différentes, connaissant tous des choses différentes, aimant tous des choses différentes, ayant tous une apparence différente. Tout ce qui a été sur terre a été différent de toutes les autres choses. C’est ce que j’aime : la différenciation, le caractère unique de toute chose et l’importance de la vie… Je vois quelque chose qui semble merveilleux ; je vois la divinité dans des choses ordinaires. »
- 28 novembre 1939, DISSERTATION SUR PLATON, séminaire d’anglais, Fieldston School

DES RITES, MANIÈRES ET COUTUMES DE L’AMÉRIQUE :
« Je veux photographier les cérémonies formidables de notre temps parce que nous avons tendance, en vivant ici et maintenant, à ne percevoir que ce qu’il y a d’aléatoire et d’aride et d’informe. Pendant que nous regrettons que le présent ne soit pas comme le passé et que nous désespérons qu’il ne devienne jamais le futur, ses habitudes innombrables et hermétiques sont à l’affût d’une signification. Comme une grand-mère qui fait des confitures, je veux les rassembler et les préserver, parce qu’elles auront été si belles.
Il y a les cérémonies qui correspondent à des célébrations (les défilés, les festivals, les fêtes, les rassemblements) et celles qui correspondent à des concours (compétitions, matchs, épreuves sportives), les cérémonies d’achat et de vente, de jeux de hasard, de la loi et du spectacle, les cérémonies de la célébrité où les gagnants gagnent et ou les chanceux sont sélectionnés, les cérémonies familiales ou les rencontres (des écoles, des clubs, des réunions). Puis, il y a les lieux de cérémonie (le salon de beauté, le salon funéraire ou, tout simplement, le salon) et les costumes de cérémonie (ceux que portent les serveuses, ou les catcheurs), les cérémonies des riches, comme l’exposition canine, et celles de classes moyennes, comme les parties de bridge. Ou, par exemple, la leçon de danse, les cérémonies de fin d’études, le dîner en l’honneur d’une personnalité de marque, la séance de spiritisme, le gymnase et le pique-nique, et peut-être la salle d’attente, l’usine, le carnaval, la répétition, l’initiation, le hall de l’hôtel et la fête d’anniversaire. Le « et cetera ».
J’écrirai tout ce qu’il est nécessaire d’écrire pour compléter ces descriptions et élucider ces rites, et j’irai partout où je peux les trouver.
Ce sont nos symptômes et nos monuments. Je veux simplement les sauvegarder, car ce qui est cérémoniel et curieux et banal deviendra légendaire. »
– Proposition pour une bourse Guggenheim, Plan pour un projet photographique,
"American Rites, Manners and Customs" [Rites, manières et coutumes de l’Amérique]

DES PHÉNOMÈNES DE FOIRE :
« Il y une qualité légendaire chez les phénomènes de foire. Comme un personnage de conte de fées qui vous arrête pour vous demander la réponse à une énigme. La plupart des gens vivent dans la crainte d’être soumis à une expérience traumatisante. Les phénomènes de foire sont déjà nés avec leur propre traumatisme. Ils ont déjà passé leur épreuve pour la vie. Ce sont des aristocrates. »

DU DÉCALAGE ENTRE L’INTENTION ET L’EFFET :
« Vous voyez quelqu’un dans la rue et ce que vous remarquez essentiellement chez lui, c’est la faille. C’est déjà extraordinaire que nous possédions chacun nos particularités. Et non contents de celles qui nous ont été données; nous nous en créons d’autres. Toute notre attitude est comme un signal donné au monde pour qu’il nous considère d’une certaine façon, mais il y un monde entre ce que vous voulez que les gens sachent de vous et ce que vous ne pouvez pas les empêcher de savoir. Et cela a un rapport que j’ai toujours appelé le décalage entre l’intention et l’effet. Je veux dire que si vous observez la réalité d’assez près, si d’une façon ou d’une autre vous la découvrez vraiment, la réalité devient fantastique. »

 Du 11 avril au 3 août 2014
Au Jewish Museum

1109 5th Ave at 92nd St. New York NY 10128
Tél. : 212-423-3200
Du vendredi au mardi de 11 h à 17 h 45, le jeudi de 11 h à 20 h. Fermé le mercredi

Du 27 mars au 26 avril 2014
Au Multimedia art museum
Ostozhenka, 16, Центральный АО, Moscow, Russie, 119034
Tél. : 7 (495) 637-11-00. +7 495 637-11-22
Du mardi au dimanche de 12 h à 21 h

Jusqu'au 13 janvier 2013
Au FOAM
Keizersgracht 609. 1017 DS Amsterdam
Tél. : + 31 (0)20 5516500
Du samedi au mercredi de 10 h à 18 h, le jeudi et le vendredi de 10 h à 21 h.

Jusqu'au 23 septembre 2012
Niederkirchnerstraße 7. 10963 Berlin
Tél. : +49 30 254 86-0


Du mercredi au lundi de 10 h à 19
Jusqu’au 5 février 2012
1, place de la Concorde. 75008 Paris
Tél. : 01 47 03 12 50
Du mardi au vendredi de 11 h à 21 h, samedi et dimanche de 10 h à 21 h

Visuels de haut en bas :
Affiche
Enfant avec une grenade en plastique dans Central Park, New York 1962
Copyright © The Estate of Diane Arbus

Sans titre (6) 1970–71
Copyright © The Estate of Diane Arbus

Arbre de Noël dans un living-room à Levittown, Long Island, N.Y. 1963
Copyright © The Estate of Diane Arbus

Couple d’adolescents à Hudson Street, New York 1963
Copyright © The Estate of Diane Arbus

Jeune homme en bigoudis chez lui, 20e Rue, N.Y.C. 1966
Copyright © The Estate of Diane Arbus

Jeune homme au canotier attendant de défiler en faveur de la guerre, N.Y.C. 1967
Copyright © The Estate of Diane Arbus


Exhibition installation shot featuring: Diane Arbus (1923–71), A Jewish giant at home with his parents, in the Bronx, N.Y., 1970, gelatin silver print, printed by Neil Selkirk. The Jewish Museum, NY. Artwork © The Estate of Diane Arbus. Exhibition gallery photo by David Heald


Diane Arbus (1923–71)
A Jewish giant at home with his parents, in the Bronx, N.Y., 1970
Gelatin silver print, printed by Neil Selkirk. The Jewish Museum, New York, Purchase: Photography Acquisition Committee Fund and the Horace W. Goldsmith Foundation Fund, 1999-3, artwork © The Estate of Diane Arbus

Childhood photograph of Eddie Carmel
Collection of Jenny Carchman
 

Enrico Glicenstein, 1870-1942
Goliath, 1932
Drypoint on paper

The Jewish Museum, New York, Gift of the Dreyfuss-Glicenstein Foundation, 1980-67.28


flush-mounted, signed, titled, and dated by the photographer in pencil, inscribed with the Arbus Estate authentication number and signed by her daughter, Doon Arbus, in ink, and stamped on the reverse, framed, a San Francisco Museum of Modern Art exhibition label on the reverse, 1963
15 1/2  by 15 1/8  in. (39.8 by 38.7 cm.)

Articles sur ce blog concernant :








  
Cet article a été publié le 28 janvier 2012, puis les 19 septembre 2012 et 9 janvier 2013, 11 avril, 30 juillet et 10 décembre 2014, 25 novembre 2015. Il a été modifié le 8 décembre 2014. Les citations sont extraites du dossier de presse et de Sotheby's. 

dimanche 22 novembre 2015

Disparité et convivialité à Aulnay-sous-bois

Remontant aux années 1920, l’histoire de la communauté d’Aulnay-sous-bois  est cyclique - après un essor dans les années 1920, la communauté aulnaysienne majoritairement ashkénaze, est décimée par la Shoah, puis se développe dès les années 1960 par l’afflux de juifs d’Afrique du Nord - et marquée par la topographie. Dotée de deux synagogues – non consistoriale (ACIA Beth Mosché) et consistoriale (Beth Yaacov) -, essentiellement sépharade, elle présente une réalité nuancée – moins de 1 500 Juifs sur 80 300 habitants -, sans pôle Juif, éducatif ou commercial, susceptible de renforcer son dynamisme. Reportage effectué au printemps 2007. Dans la nuit du 11 au 12 juillet 2014, trois cocktails Molotov ont endommagé la porte de la synagogue aulnaysienne  ACIA Beth Mosché. La famille de Hasna Aït Boulahcen, proche de ceux ayant mené les attentats terroristes islamistes à Paris et à Saint-Denis et présentée peut-être à tort comme la première femme islamikaze en France, vit à Aulnay-sous-bois.

Installée à Aulnay-sous-bois, ville de la banlieue nord de Paris, la communauté française Juive aulnaysienne naît avec l’arrivée de Juifs immigrés à Paris au début du XXe siècle.

Dans l’entre-deux guerres, ces immigrants installés dans la capitale française se rendent, le dimanche ou à la belle saison, et grâce aux trains et tramways, notamment près du canal de l’Ourcq, y apprécier le bon air, se distraire ou se reposer.

L’ACIA Beth Mosché
Au sud de cette ville de Seine-Saint-Denis (93), « la synagogue  est localisée dans les environs de ce canal. Les raisons d’implantation [de la communauté] sont des lotissements et de faibles loyers. Dans un caveau au vieux cimetière, le texte est gravé en yiddish et en français », observait Elie Zajac, auteur de Quatre synagogues en banlieue parisienne Livry-Gargan, Aulnay-sous-Bois, Le Raincy, La Varenne-Saint-Hilaire. 1923-1935 (Archives juives, 2001-2 (volume 34) p. 109 à 121).

Selon le site internet  de la synagogue, « dans les premiers temps de leur regroupement, nos coreligionnaires se réunissaient au domicile Mr Neumann au 52 de la rue du 14 Juillet à Aulnay sous Bois et avaient jeté les bases de la première Association Cultuelle Israélite, appelé " Société de Secours Mutuels d'Aulnay sous Bois - l' Avenir ", leur permettant ainsi de se retrouver et de célébrer les Offices religieux ».

Les premiers statuts remontent au 19 juin 1914.

« L’histoire des communautés juives de la proche banlieue reste peu connue. À Aulnay-sous-Bois, les archives de la communauté sont peu importantes ; elles remontent à la fondation de la shoule par la Société de secours mutuels L’Avenir, déclarée en préfecture en 1924. La synagogue est également localisée dans les environs du canal de l’Ourcq. Les raisons d’implantation sont les mêmes qu’à Livry-Gargan : lotissements et faibles loyers. Les sources sont muettes sur la hevra Kaddisha [Auparavant, sainte confrérie qui s’occupait des inhumations, remplacée par les Sociétés de secours mutuels] et son origine ; seul un caveau au vieux cimetière est témoin de cette époque. Le texte, gravé en yiddish et en français, nous donne les noms de quelques anciens. Il a encore servi récemment. La synagogue est inaugurée en 1928, sans subvention du Consistoire. Les synagogues se sont affirmées comme des composantes avouées du paysage urbain, souvent discrètes, mais avec en façade une recherche architecturale élaborée, et comportant toujours une symbolique juive : tables de la Loi et étoile à six branches. Le judaïsme est reconnu, on peut donc avoir « pignon sur rue », posséder un monument comparable à ceux des autres cultes, dans un État républicain qui accepte les institutions religieuses comme composantes de la société civile ».

Tout se passe vite : le terrain de 210 m² situé 3, avenue Clermont Tonnerre est acquis à Mme Loevel en juillet 1927 pour 4206,20 francs, le permis de construire demandé le 11 août 1928 est accordé le 8 septembre, et la 1ère pierre est posée le 12 août 1928 lors d’une fête présidée par M. Neumann, et au cours de laquelle 72 fidèles, essentiellement d’origine russe et polonaise, ont fait un don. Les travaux débutent le 6 août 1928. Elle est inaugurée lors de Rosh Hachanah 1929.

« Les fidèles ont équipé la synagogue avec des objets de culte transportés avec eux. Bien implantée, la population juive comptait une cinquantaine de familles », écrivait André Meyer, président de l’ACIA (Association de la communauté israélite d’Aulnay-sous-Bois) Beth Mosché (1946-1983).

Victime de la Shoah – une plaque à la mémoire des 35 juifs aulnaysiens morts dans les camps a été apposée dans les deux synagogues -, la communauté s’étiole en raison du vieillissement des fidèles.

« L’arrivée des juifs d’Afrique du Nord a évité la fermeture de cette synagogue alors de rite ashkénaze », indique Sisso Meyer, président de l’ACIA Beth Mosché, officiant et arrivé à Aulnay en 1973. Il estime que sa communauté s’est rajeunie en raison de l’afflux de coreligionnaires venant de quartiers difficiles du nord de la ville.

Vers 1981, l’office du samedi matin réunissait 5-6 personnes. En 2007, le samedi, on compte environ 70 fidèles. Pour Roch Hachanah et Kippour, la synagogue attire près de 200 personnes. Elle abrite un Talmud Torah d’une vingtaine d’enfants, recense plusieurs bars mitsva par an.

L’ACIA fait preuve d’une communication dynamique : dès novembre 1994, Le mensuel de Beth Mosché, un site internet et depuis 2005 La e-letter (hebdomadaire) de Beth Mosché (1-2 pages), sous la responsabilité de Freddy Silvera, son trésorier. Lancé en novembre 1994, Le mensuel de Beth Mosché, journal de quatre pages, est diffusé par Internet à 45 destinataires et par La Poste à 62 destinataires. Ces deux supports ont quadruplé leur audience depuis leur premier numéro.

Beth Yaacov, « un beau joyau »
« A l’indépendance de l’Algérie, de nombreuses familles se sont vu affecter un logement dans cette cité du Nord-est parisien ». On comptait alors jusqu’à 600 familles originaires d’Algérie dans les années 1960.

Dans les années 1960, la communauté Juive « obtient du Logement français, principal bailleur, une cave où elle place un Sefer emprunté, quelques chaises récupérées. Peu après, une seconde cave complète cet oratoire, auquel est joint le Talmud Tora grâce à la persévérance de deux familles Loubavitch, les Elbaz et les Djian. En 1972, venant de Paris et de toute la couronne, des fidèles s’installent dans la zone pavillonnaire. La création du centre commercial Parinor en 1976 amène beaucoup de commerçants Juifs qui répondent aux sollicitations de fidèles décidés à se doter d’une vraie synagogue. La collecte de fonds se déroule via des soirées, des tombolas, etc. Grâce à un généreux donateur, Jean-Claude Zemmour, acquiert en 1981 un grand pavillon alors bien placé dans une rue pavillonnaire, près d’immeubles modernes au nord de la ville. La nouvelle synagogue s’avère rapidement trop petite. En 1989, le bâtiment se métamorphose en une imposante synagogue agrémentée d’un jardin : vaste salle de prières, salle des fêtes, salle de jeux, trois classes de Talmud Torah, création d’un gan [jardin d’enfants, Nda]. Nous organisions des manifestations. Les jeunes publiaient leur journal Synavogue. Il y avait là une belle jeunesse », se souvient avec nostalgie Albert Oliel, président de Beth Yaacov, située « dans une rue pavillonnaire à la lisière des grandes barres » de la zone nord, la plus pauvre de la ville.

Lévy Betsalel, ancien Rabbin de Beth Yaacov (1995-2005) et actuellement chargé du service des divorces au Consistoire de Paris Ile-de-France, précise : « Nos offices attiraient chabbat matin 20 personnes, contre 110-120 fidèles dix ans plus tôt. Plusieurs paramètres expliquent cette baisse : vieillissement, aliyah, crainte avec l’Intifada II sans qu’on ait eu à déplorer beaucoup de violences [antisémites] (jets de tessons de bouteilles, canettes de bières). Nous avons d’assez bonnes relations avec les communautés voisines. J’ai toujours prôné qu’il ne fallait pas répondre à la bêtise par la violence ».

Et Albert Oliel d’ajouter : « Nous accueillons 205-300 fidèles à Kippour et célébrons 4-5 bars mitsva par an, peu de mariages. Je vois l’avenir avec pessimisme. Les jeunes qui se marient quittent la ville, les anciens disparaissent ou font leur aliyah. L’école a fermé en 1995, les évènements et l’environnement incitent beaucoup de familles à déménager ou à faire leur aliyah ».

« Elle part aussi car la vie économique s’est détériorée », explique Sammy Ghozlan, président du BNVCA (Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme).

Pendant les émeutes de l’automne 2005, la sécurité a été renforcée aux abords de la synagogue lors des offices.

Cet étiolement pose un problème pour constituer un mynian (quorum de prière). Contre ce déclin, Albert Oliel organise des réunions festives. Il est aussi entré en contact avec ses homologues à Sevran et Villepinte. Il a organisé une ou deux manifestations avec l’ACIA Beth Mosché et entretient de bonnes relations avec des dignitaires chrétiens.

Ces deux communautés entretiennent de bonnes relations avec les autorités locales.

Leur avenir s’annonce en demi-teintes…

Synagogue Beth Mosché

1914
L’association cultuelle israélite Société de secours mutuels-L’avenir est créée.
1927
Le terrain de 210 m² est acheté.
1929
La synagogue est inaugurée.
1940
Elle est fermée et les scellés y sont apposés.
1946
L’Association cultuelles israélite est fondée.


Synagogue Beth Yaacov

Années 1960
Le Logement français donne une cave.
1981
La communauté achète un pavillon.
1989
Elle en double la superficie.
1991
Elle transfère son patrimoine à l’ACIP pour 1 franc symbolique.


Agressions antisémites à Aulnay-sous-bois au début de l'Intifada II

4/01/2001 : Inscriptions antisémites " Mort aux juifs ", " Hitler n'a pas fini le travail ", sur le pallier d'un immeuble où exerce un docteur juif à Aulnay sous Bois (93). 
7/11/2001 : A deux reprises, des inscriptions "mort aux juifs" ont été peintes sur la porte du garage d'un pavillon d'une personne demeurant à Aulnay sous Bois (93).
25/01/2002 : Jet de pierres sur la synagogue d'Aulnay sous Bois (93). Une vitre a été brisée. 
Dans la nuit du 11 au 12 juillet 2014, un cocktail Molotov a endommagé  la porte de la synagogue aulnaysienne  ACIA Beth Mosché. Le 12 juillet 2014, Bruno Beschizza, Maire d’Aulnay-sous-Bois, s'est félicité « de la réactivité des services de la Police municipale et de la Police nationale qui mènent actuellement une enquête et leur affirme sa confiance pour identifier les coupables. La Ville d’Aulnay-sous-Bois et l’ensemble des communautés religieuses se sont réunis ce jour à l’Hôtel de Ville pour apporter solennellement leur soutien, à la communauté de cette Synagogue. La Synagogue de la rue Clermont-Tonnerre fait partie de l’histoire de la Ville d'Aulnay-sous-Bois. Le Maire d’Aulnay-sous-Bois, entouré des différentes associations religieuses de la Ville, refuse donc solennellement tout amalgame. La concorde régnant à Aulnay-sous-Bois entre les différentes communautés ne doit pas être remise en cause par cet acte isolé ou par la situation internationale ». Le 13 juillet 2014, le BNVCA a condamné "l'attentat terroriste commis contre la synagogue d'Aulnay-sous-bois" et a "réclamé de l'Etat des mesures préventives audacieuses". Il "a décidé de déposer plainte. Le crime a probablement été commis par des inconnus qui ont lancé la veille du Shabbat un engin incendiaire sur la porte du lieu de culte qui a été carbonisée". Il a demandé "que tout soit mis en œuvre pour identifier les auteurs antijuifs". Il "s'attendait à ce que des agressions contre les personnes et les biens de la communauté juive allaient être commises, comme c'est à chaque fois le cas lorsqu'il y a des turbulences au Moyen-Orient, notamment lorsque l'Etat d'Israël exerce son droit naturel de légitime défense, contre les terroristes islamo-palestiniens du Hamas de Gaza et du Liban qui bombardent la population civile israélienne. Pour le BNVCA, la sécurité des citoyens est du domaine exclusif de l'Etat qui doit prendre des mesures préventives de tous ordres". Le BNVCA a rappelé "que l'antisionisme et la propagande propalestinienne sont la source de l'antisémitisme depuis 14 ans. Le Président de la République, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, le Président de l'Assemblée nationale l'ont confirmé. Le BNVCA demande que les mosquées salafistes du département de Seine-Saint-Denis qui font des prêches antisionistes soient fermées et leurs responsables sanctionnés. Le Hamas est une organisation terroriste qui commet des crimes de guerre en utilisant sa population comme bouclier, et des crimes contre l'humanité en bombardant les populations civiles d'Israël. Le BNVCA demande au Ministre de l'Intérieur de ne pas autoriser les manifestations organisées en France par ceux qui soutiennent les terroristes. Il demande au Préfet de Police d'interdire la manifestation prévue à Paris dimanche 13 juillet à Barbès qui va certainement comme d’habitude provoquer des troubles graves. Il a reçu un grand nombre de témoignages rapportant que dans les manifestions qui se sont déroulées à Paris ce samedi 12 juillet, des cris de "Mort aux Juifs" ont été scandés en français et en arabe. Le BNVCA demande aux médias de veiller à ce que leurs reportages soient sans parti pris, sans état d'âme, en veillant scrupuleusement à ne pas se faire le relais de la propagande mensongère palestinienne. Pour le BNVCA si ces mesures préventives ne sont pas observées l'antisémitisme va exploser". 

Crédits photos : Famille Oliel, ACIA Beth Mosché et synagogue Beth Yaacov.

Cet article a été publié en 2007 par Osmose en une version plus concise. Il a été publié sur ce blog le 13 juillet 2014.