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vendredi 13 janvier 2023

Cornelius Gurlitt (1932-2014)


En 2012, chez Cornelius Gurlitt (1932-2014), fils d’Hildebrandt Gurlitt (1895-1956), “marchand d’art qui fut complice des nazis", sont découverts "1406 tableaux dont la provenance n'est toujours pas élucidée”, et dont une grande partie provient vraisemblablement de collections de Juifs spoliés. Ce qui suscite surprise et scandale. Cornelius Gurlitt est mort à 81 ans, le 5 mai 2014, dans son appartement de Schwabing près de Munich, après une opération cardiaqueLe 24 novembre 2014, le Musée des Beaux-arts de Berne a déclaré qu'il acceptait l'héritage de Cornelius Gurlitt, un « trésor » de "1620 gravures, dessins, aquarelles et une dizaine d'huiles découverts, dont 630 à la provenance régulièreet d'autres volées à des Juifs par les Nazis. La valeur de ce trésor ? Plusieurs millions d'euros. Ces faits ont inspiré des documentaires : Monsieur Gurlitt et le secret du trésor nazi” (Der seltsame Herr Gurlitt) de Maurice Philip Remy (2014), Les Marchands d'Hitler de Stephane Bentura. Le Kunstmuseum Bern présente l'exposition "Gurlitt. Un bilan".
L’histoire de la famille Gurlitt, qui compte un peintre, est liée à Dresde.  

Hildebrandt Gurlitt

Historien de l’architecture, autodidacte, « mon grand-père a rendu l’art baroque populaire en Saxe », se souvient Cornelius Gurlitt. Un goût pour l’art que son grand-père transmet à ses enfants, dont son benjamin Hildebrandt Gurlitt, père de Cornelius, « homme aux multiples visages, collectionneur réputé, conservateur de musées et historien de l’art”, et dont la grand-mère Elisabeth Gurlitt, née Lewald et sœur de la femme de lettres Fanny Lewald, était Juive.

Engagé lors de la Première Guerre mondiale, Hildebrandt Gurlitt est nommé en 1925 directeur du Musée du Roi Albert (König-Albert-Museum) à Zwickau (Saxe). Il “fit découvrir des artistes novateurs que les nazis considéreront ensuite comme des tenants de l‘“art dégénéré“, dont Emil Nolde et Max Beckmann. Il transforme "une salle en espace d'art baroque". Des amis du Bauhaus conçoivent l'agencement des salles du musée. Des novations qui séduisent le public, mais qui déconcertent beaucoup. Ce qui cause son licenciement en 1930.


Hildebrandt Gurlitt s’établit en 1931 comme dirigeant d'une association promouvant l'art à Hambourg, en promouvant avec un goût sûr l’art moderne d’avant-garde. Nouveaux succès et mêmes ennemis d'un "art dévoyé".


Il est obligé de démissionner en 1933. Il vit difficilement et est frappé par les lois de Nuremberg qui le définissent comme "métis de seconde catégorie". Sa famille est surveillée, ses enfants interdits d'école.


Hildebrandt Gurlitt se lance dans le commerce d'art, comme galeriste et marchand d’art. De manière cachée, il vend l'art moderne.


L’exposition Art dégénéré (Entartete Kunst) est montrée à Munich, en 1937.


Plus de 20 000 œuvres d'art dit "dégénéré" ont été enlevées des cimaises et entrepôts des musées allemands afin d'être vendues.


Hildebrandt Gurlitt “deviendra rapidement un serviteur fidèle d’Hitler et sera chargé d'organiser son futur musée”, le Führermuseum à Linz (Autriche) où serait exposé l’art prisé par le dictateur nazi


C’est “un des quatre galeristes chargés par Goebbels de vendre les œuvres d'art dit « dégénéré » saisies par les nazis dans les collections des musées allemands et dans les collections privées de familles juives ». 


Hildebrandt Gurlitt négocie l'art moderne et les chefs d'œuvres des anciens maitres figurant dans les collections d'Allemands Juifs contraints de les vendre afin de pouvoir quitter l'Allemagne nazie. Mais ces Juifs spoliés sont obligés de verser une grande partie de la vente de ces œuvres à l'administration fiscale. 


En 1938, on estime la valeur des biens des Juifs à au moins huit milliards de Reich marks.


Hildebrandt Gurlitt se rend une dizaine de fois à Paris, y achète, notamment auprès d'intermédiaires, environ 200 œuvres d'art dont un célèbre Matisse.


Il déménage à Dresde en raison des bombardements.


Il achète aussi dans les pays occupés des œuvres d'art pour le compte d'Hitler. Il "profite de la flambée des prix".


En mars 1945, il fuit l'avancée des Russes, et est interrogé par les Alliés.


C’était un grand recycleur. Il travaillait pour les nazis. Comme il était à moitié juif, il a réussi ensuite à duper les Américains en réclamant dans les années 1950 des œuvres dont il a prétendu avoir été spolié », explique  Élizabeth Royer, une des spécialistes des spoliations sous l’Occupation et qui a transformé le sous-sol de sa galerie parisienne en bibliothèque ouverte aux chercheurs pouvant étudier ses photocopies d’archives rares consultées lors de ses recherches d’œuvres volées.


En 1947, il dirige la Société des amis des arts de Düsseldorf, rétablit l'image des peintres modernes, multiplie les expositions notamment à Sao Polo en présence de Thomas Mann.


Il meurt en 1956 dans un accident. 


Cornelius Gurlitt
Né en décembre 1932 à Hamboourg, Cornelius Gurlitt étudie l'histoire de l'art pour faire plaisir à son père. Il se fixe à Salzbourg (Autriche) en 1960 où il s'épanouit en artiste.

Munich, janvier 1968. Cornelius Gurlitt hérite plus de mille œuvres d’art – gravures, estampes, dessins, affiches, peintures à l’huile – au décès de sa mère âgée. Il décide de veiller sur son trésor.


C’est l’arrestation fortuite, en 2010, de Cornelius Gurlitt, lors d’un contrôle à la frontière suisse et la découverte de 9 000 euros en liquide convoyés par cet octogénaire qui amène l’administration douanière et fiscale allemande à le surveiller étroitement.


Cornelius Gurlitt fait expertiser Le dompteur de lion, une gouache de Max Beckmann, avant de le vendre aux enchères à Cologne en septembre 2011 au prix de 864 000 euros.


Lors d’une perquisition en 2011  à son domicile munichois, sont découverts 96 peintures, 675 estampes, 140 aquarelles et 299 dessins signés des maitres des XIXe et XXe siècles : Courbet, Matisse, Picasso, Renoir, Toulouse-Lautrec, Max Liebermann, Kirchner, Klee, Kokoschka, Nolde, Munch... Des artistes représentant l’impressionnisme, le cubisme, Die Brücke  (Le Pont) à l’origine avec Der Blaue Reiter  (Le Cavalier Bleu) de l’expressionisme allemand… Plusieurs centaines de ces œuvres auraient été montrées lors de l’exposition Art dégénéré (Entartete Kunst), à Munich, en 1937.
Ces chefs d’œuvre “sont discrètement saisies” et deux experts en art sont mandatés.


Ce n’est que deux ans plus tard, le 4 novembre 2013, que l’hebdomadaire allemand Focus  rend publique cette découverte par un article titré Meisterwerke zwischen Müll – Fahnder entdecken in München Nazi-Schatz in Milliardenhöhe et révélant des photos de la perquisition.


Sept jours plus tard, une commission est créée par le Procureur. Un site Internet est mis en ligne pour présenter des œuvres découvertes. Sur les 1280 œuvres saisies, 590 sont en cours d'examen, plus de 300 appartiennent à Cornelius Gurlitt qui avait accepté le legs de son père.


Cornelius Gurlitt réagit par une lettre demandant que son nom n'apparaisse plus dans les médias qu'il fuit. Il "communique avec la presse par des Post-it".


Une conférence de presse est organisée hâtivement. Vingt-cinq tableaux posant problème n'y sont pas mentionnés. Le Procureur se voit reprocher son long silence.


Novembre 2013. Cornelius Gurlitt sort de son domicile et répond aux questions du Spiegel. Ou plutôt pense à haute voix selon la journaliste du Spiegel. Avec émotion, il revoit pour la première fois les œuvres d'art saisies à son domicile.


Rebondissement le 10 février 2014. Porte-parole de l'avocat munichois de Cornelius Gurlitt, Stephan Holzinger déclare qu’une soixantaine d’œuvres  de Manet, Monet, Picasso et Renoir ont été saisies dans une maison de Gurlitt près de Salzbourg (Autriche).


Pourquoi aucune autorité judiciaire allemande et aucun historien d’art lié à cette première découverte ont-ils gardé le silence si longtemps ?


La “collection récupérée chez Cornelius Gurlitt serait-elle constituée de biens pris à des familles juives et à des musées étrangers pendant le règne nazi ? D’où proviennent ces trésors ? 


Cornelius Gurlitt prétend en être le propriétaire légal : elles appartenaient à son père Hildebrandt Gurlitt”.


Mais les ayants-droit de certaines œuvres de cette collection se sont manifestés. Ainsi ceux du marchand d’art et galeriste Paul Rosenberg, grand-père maternel d’Anne Sinclair, célèbre directrice éditoriale du Huffington Post, réclament la Femme assise de Matisse dont la trace était perdue depuis la Seconde Guerre mondiale.


Exeunt le silence, la discrétion et le secret gardés pendant des décennies.


Nourri notamment des interviews de Cornelius Gurlitt, le documentaire, “Monsieur Gurlitt et le secret du trésor nazi” par Maurice Philip Remy, allié à un site Internet bilingue allemand-anglais, factuel et argumenté, constituent deux vecteurs majeurs de la stratégie de communication, désormais offensive et publique, de cet octogénaire et de ses avocats, le professeur  Tido Park et Derek Setz. 


Un possesseur fermement décidé à conserver son trésor artistique, en arguant du droit – délais allemands de prescription, etc. - et de l’élément affectif. Et à en jouir dans le calme, sans les exposer au public. Et sans remord.



ADDENDUM : 
Le 26 mars 2014, Cornelius Gurlitt a mis un terme à la mission de son avocat Hannes Hartung, auparavant chargé des négociations avec les ayants-droit et adepte d'une ligne ferme à l'égard des revendications des ces derniers : il réclamait que son client soit indemnisé pour chaque retour d'œuvre d'art.

Selon les déclarations de Christoph Edel, avocat de Cornelius Gurlitt, la Süddeutsche Zeitung du 27 mars, son client serait disposé à restituer à leurs propriétaires ou à leurs ayants-droit Juifs les œuvres dont ils avaient été spoliés sous le nazisme. Parmi ces œuvres : le tableau de Matisse Femme assise de Matisse, qui serait remis aux héritiers du galeriste Paul Rosenberg. Cette œuvre pourrait atteindre 20 millions de dollars si elle était vendue aux enchères.


Le Henie-Onstad Art Center, fondation et musée créés par la célèbre championne olympique de patinage artistique et star  Sonja Henie (1912-1969) et son mari Niels Onstad (1909-1978), a annoncé qu'il restituerait La Femme en bleu, de Matisse, à la famille de Paul Rosenberg.


Le 8 avril 2014, l'accord conclu entre les autorités allemandes et Cornelius Gurlitt est révélé. Il stipule que les "œuvres issues de spoliations commises par les nazis seront rendues aux ayants droit des propriétaires spoliés, juifs pour la plupart". Les recherches pour retrouver les ayants droit des œuvres trouvées en Allemagne dureront un an. Au-delà de cette période, Cornelius Gurlitt les conservera. 


Cornelius Gurlitt est mort à 81 ans, le 5 mai 2014, dans son appartement de Schwabing près de Munich, après une opération cardiaque. Dans son testament, il lègue selon Süddeutsche Zeitung et la radio NDR ses œuvres à fondation de droit privé du Musée des beaux-arts de Berne (Suisse), son légataire universel. Ce musée a été « informé par un message téléphonique et écrit de Me Christophe Edel, l'avocat de M. Cornelius Gurlitt, décédé le 6 mai 2014 ». "Célibataire sans enfants, il n'a pas d'héritier direct, sa seule sœur étant décédée en 2012. La justice devra cependant se prononcer sur la légalité du testament".


Quel est l'avenir des quelque 1400 toiles conservées par le défunt ? "
Si certaines ont été spoliées à leurs propriétaires juifs pendant les années 1930, d'autres ont été acquises légalement par Hildebrand Gurlitt". Selon des médias allemands, des organismes autrichien ou suisse, pourraient hériter de ces œuvres. Le Süddeutsche Zeitung souligne que ce transfert d'œuvres hors du sol allemand signifie aussi que ces œuvres risquent de ne plus relever de la justice fédérale allemande, et que des recours d'ayants droit ne pourraient être formés. Le 6 mai 2014, le ministère allemand de la Justice a déclaré que l'accord conclu début avril 2014 entre Cornelius Gurlitt et l'État demeure valable. "Tous ceux qui pensent pouvoir faire valoir des droits sur des œuvres, dont ils s'estiment être les propriétaires légitimes, ont un an pour se faire connaître et apporter la preuve de leurs titres. Au bout d'un an, les autres œuvres devaient être définitivement acquises au vieil homme". 


Le 12 juin 2014, Femme assise de Matisse, tableau retrouvé chez lui, a été reconnu comme une oeuvre dont le marchand d'art Paul Rosenberg avait été spolié sous l'Occupation nazie.


Le 12 juin 2014, un groupe d'experts internationaux, présidé par la juriste Ingeborg Bergreen-Merkel et dénommé « Trésor artistique de Schwabing », a conclu que le tableau Femme assise de Matisse fait partie des œuvres dont le marchand d'art Paul Rosenberg avait été spolié, sans pouvoir éclaircir les circonstances par lesquelles Gurlitt a obtenu cette huile peinte vers 1924 demeurent inconnues.

Le musée bernois avait six mois, à dater de l’ouverture du testament, pour décider d’accepter ou non ce legs. En juillet 2014, sa direction a annoncé que ce délai lui sera nécessaire pour examiner toutes les questions soulevées avant de décider. A la mi-octobre 2014, ce musée suisse des Beaux-Arts a déclaré que "son conseil de fondation décidera le 26 novembre s’il accepte ou non l’héritage de la collection Gurlitt, qui compterait quelque 1400 toiles estimées à plusieurs millions de francs" suisses. 


Le 3 novembre 2014, Ronald Lauder, président du Congrès Juif mondial (CJM) a averti le musée des Beaux-arts de Berne (Suisse), d'une future "avalanche de procès" si ce musée acceptait le legs de Cornelius Gurlitt constitué d'une collection importante de tableaux ayant appartenu à des Juifs spoliés par les Nazis. Une telle acceptation ouvrira la boite de Pandore, selon Ronald Lauder qui a fait ces déclarations au Spiegel qui publie aussi l'interview de Monika Grütters, ministre de culture allemande. Monika Grütters a indiqué que le gouvernement allemand est en négociations avec ce musée à propose de 1280 tableaux et dessins de Chagall, Monet et Picasso, et a exprimé son optimisme sur l'issue de ces pourparlers. "Plus ancien musée de Suisse, il avait été désigné en mai comme l'héritier de la collection de Cornelius Gurlitt", après son décès. 


M. Lauder a invité de nouveau l'Allemagne "à plus s'investir dans la recherche des œuvres volées, notamment celles qui se trouvent toujours dans des musées", en légiférant. "L'idée que les choses vont trop lentement ne trompe malheureusement pas", a reconnu Mme Grütters, indiquant toutefois que l'Etat allemand avait triplé les crédits pour établir l'origine des œuvres. La législation doit changer en Allemagne, estime M. Lauder, c'est un point "très important. Les Américains pensent que les musées allemands se retranchent derrière (elle) car elle ne les contraint à rien". En novembre 2013, dans une entretien à l'AFP, il avait déjà enjoint l'Allemagne à restituer au plus vite les centaines d’œuvres d'art retrouvées chez Cornelius Gurlitt à leurs légitimes propriétaires".


Le 24 novembre 2014, le Musée des Beaux-arts de Berne a déclaré qu'il acceptait l'héritage de Cornelius Gurlitt, un « trésor » de "1620 gravures, dessins, aquarelles et une dizaine d'huiles découverts, dont 630 à la provenance régulièreet d'autres volées à des Juifs par les Nazis. La valeur de ce trésor ? Plusieurs millions d'euros. Environ 500 œuvres à l'origine litigieuse seront gardées en Allemagne dans l'attente d'informations sur leur origine. Christoph Schäublin, président du conseil de la Fondation du Musée des Beaux-Arts de la cité helvétique, a ajouté que "son institution allait coopérer avec les autorités allemandes pour restituer les œuvres volées ou extorquées aux propriétaires légitimes. S'il est avéré qu'un tableau ou un dessin provient de spoliations, il sera remis à un éventuel ayant droit. Mais si le groupe d'experts ne peut déterminer avec certitude qu'une œuvre a été volée, le Musée de Berne devra décider lui-même s'il veut prendre le risque de la récupérer ou pas". Il se conformera aux règles de la déclaration de Washington, "c'est-à-dire qu'il poursuivra au maximum ce travail d'identification des œuvres, de recherche en provenance et de restitution aux éventuels ayants droit". Monika Grütters, secrétaire d'État à la Culture, a annoncé que « l'Allemagne est déjà prête à restituer trois œuvres dont il a été prouvé qu'elles ont été dérobées à des juifs ». Parmi ces œuvres : Femme assise, tableau de Matisse volé au marchand d'art français, Paul Rosenberg, grand-père de la journaliste française Anne Sinclair.


Les autorités helvètes, l'ancien avocat de M. Gurlitt et l'antenne allemande de la Jewish Claim Conference ont salué cet accord.

"Cette décision s'accompagne en fait de la signature à Berlin d'une convention sur la gestion de cette succession. La ministre allemande de la Culture, Monika Grütters, le ministre de la Justice du Land de Bavière, Winfried Bausback, et moi-même assumons désormais conjointement le traitement des injustices", a déclaré Christoph Schäublin au Figaro (24 novembre 2014).

Les œuvres dont la provenance n'a pas pu été établie sont consultables "sur la base de données du site www.lostart.de et les éventuels réclamants - descendants de familles volées ou ayant vendu des biens en dessous de leur valeur alors qu'ils se trouvaient en détresse durant la Seconde Guerre mondiale - doivent se manifester auprès du chef du groupe d'experts, le Dr Ingeborg Berggreen-Merkel, Geschwister-Scholl-Str. 6 10117 Berlin, (tél.: 49 (0) 30 2061 487 10. office@taskforce-kunstfund.de)".

Uta Werner, cousine de Cornelius Gurlit âgée de 86 ans, a réclamé en justice l'héritage légué par cet octogénaire à ce musée.  Elle a décidé de faire valoir « ses droits sur l'héritage du collectionneur d'art Cornelius Gurlitt devant le tribunal des successions de Munich », selon l'agence de communication qui la représente.


Mme Werner considère "que le rapport d'un expert psychiatre, mandaté par elle-même et sa famille et rendu public cette semaine, est susceptible de remettre en cause la validité du testament au profit du musée de Berne car, au moment de sa rédaction, M. Gurlitt aurait souffert « d'obsessions paranoïaques ». Elle avance "un risque juridique, qu'elle prétend lever grâce à la procédure qu'elle engage. Par ailleurs, la famille s'engage, en cas de succès de sa démarche, à la « restitution sans conditions » aux ayants droit, des œuvres dont il serait démontré qu'elles sont issues de spoliations".


Le 24 mars 2015, Monika Grütters, ministre allemande de la Culture, a signé avec les ayants-droit du galeriste français Juif Paul Rosenberg, un accord permettant de leur restituer La Femme assise, de Matisse, peinture dérobée en 1940 à ce galeriste. « L'accord doit encore être approuvé par un tribunal des successions avant qu'une date ne soit fixée pour la restitution du tableau », a déclaré l'avocat des ayants-droit.

En mai 2015, ce tableau de Matisse a été restitué aux ayants-droit du galeriste Paul Rosenberg, dont la journaliste française Anne Sinclair.


Le 10 décembre 2015, à 23 h 35, France 3 diffusa Les marchands d'Hitler, documentaire de Stéphane Bentura, et dont le texte est lu par Stéphane Freiss. "En mai 2014, un vieux collectionneur est enterré dans le plus grand secret à Düsseldorf : Cornelius Gurlitt, l'ermite aux 1500 toiles du trésor nazi. C'est par cette scène que démarre le documentaire de Stéphane Bentura : sur cette collection secrète, retrouvée par hasard dans l'appartement de Cornelius Gurlitt en plein Munich, 70 ans après la guerre.  Ce trésor maudit, Cornelius le tenait de son père, Hildebrand Gurlitt. Il est la preuve que Gurlitt père, mort en 1956 en notable honorable, était un des plus grands profiteurs de guerre du régime nazi.  Pourvoyeur du musée d'Hitler et spoliateur de juifs, la vie d'Hildebrand Gurlitt nous entraîne, de Dresde à Berlin avant la guerre, en passant par Paris pendant l'Occupation allemande, dans les coulisses des spoliations et de la collaboration du marché de l'art français.  Pourtant en 1945, Hildebrand Gurlitt a failli être démasqué : capturé par les "Monuments Men", l'unité américaine chargée des pillages, Gurlitt joua une admirable partie de poker menteur et s'en sort. Son fils Cornelius vivra caché avec ce trésor, et poursuivra le sale commerce de son père. A travers le roman noir des Gurlitt, c'est une facette méconnue du nazisme, et de la collaboration dans le marché de l'art à Paris, que ce film nous fait découvrir. En novembre 2013, la découverte d'une collection de tableaux à Munich stupéfie le monde : par quel miracle, le vieux collectionneur Cornelius Gurlitt a-t-il réussi à occulter derrière les boîtes de conserves de son appartement, 1500 dessins, peintures et toiles de maîtres acquis en grande partie sous le IIIème Reich par son père Hildebrand Gurlitt, marchand d'art d'Hitler ? Dans son documentaire, le réalisateur Stephane Bentura nous entraîne sur les traces des marchands d'Hitler, ces érudits qui ont pactisé avec les Nazis. Dans les années 1930, Hildebrand Gurlitt aurait pu faire partie des victimes : d'origine juif, il est spécialiste de l'art moderne que les Nazis détestent. Cela ne l'empêche ni d'acheter chez des Juifs en détresse, ni de profiter de ses accointances avec les nazis pour s'enrichir. Le parcours de Gurlitt nous fait revivre la folie totalitaire haineuse de Goebbels et Hitler, qui ont déclaré la guerre à l'art moderne "dégénéré" des peintres juifs, communistes, russes". Les 13 octobre 2017 à 0 h 05, 19 octobre à 18 h 58, 21 octobre à 16 h 04, 23 octobre à 12 h 57, 25 octobre à 8 h 28, 27 octobre 2017 à 8 h 05, 10 février à 23 h 28, 11 et 12 février à 6 h 19, 16 février 2017 à 19 h 43, Toute l'Histoire a diffusé ce documentaire.

En 2016, les 13, 19 et 23 avril 2017, Histoire diffusa A la recherche de l'art perdu. Le marchand d'art d'Hitler, documentaire de Cal Saville. "Cette série revient sur l’histoire passionnante et étonnante de la disparition des plus grandes œuvres d’art. Certaines ont été retrouvées, mais d’autres manquent encore à l’appel. Ce premier épisode s'intéresse à la plus grande collection de biens spoliés de tous les temps. Mars 2012, à Münich, la police fait une descente au domicile du collectionneur allemand Cornelius Gurrlit. Cela remet sur le devant de la scène une affaire oubliée pendant soixante ans, impliquant le trésor de guerre des nazis, l'Art dégénéré et la collection privée d'Hitler. Menant une vie de reclus, Cornelius Gurlitt conservait un millier d’œuvres signées de peintres de renom comme Matisse, Chagall, Degas, Picasso... dont certaines n'ont jamais été vues. Quand elle est révélée par un magazine allemand, l'affaire frappe le monde entier. Qui est donc Cornelius Gurlitt ? Comment a-t-il réussi à passer inaperçu pendant si longtemps ? D'où viennent toutes ces œuvres d'art ? Pour répondre à ces questions, nous remontons aux années 30 dans l'est de l'Allemagne, dans la ville natale du père de Cornelius, l'historien et marchand d’art Hildebrand Gurlitt. Ce dernier officiait au service de différents musées allemands et cotôyait les artistes allemand d'avant-garde et les expressionnistes contemporains. A l'arrivée des nazis au pouvoir, il devint rapidement un des plus grands marchands d'art à la solde du régime et un acteur clé dans la lutte contre l'Art dégénéré..."

"La collection Gurlitt - Etat des lieux « L’art dégénéré » – confisqué et vendu"
"Sous le titre général Collection Gurlitt, état des lieux, le Kunstmuseum Bern et la Bundeskunsthalle de Bonn ont montré pour la première fois une sélection d’oeuvres de la succession de Cornelius Gurlitt dans deux expositions conjointes qui ont eu lieu à la même période. Les œuvres que le marchand d’art Hildebrand Gurlitt, père de Cornelius Gurlitt, avait acquises dans les années 1930 et 1940 y sont présentées dans leur contexte historique. Cette double exposition reflète l’état actuel de la recherche sur la découverte de l'ensemble Gurlitt".

Le Kunstmuseum Bern présenta sous le titre « Collection Gurlitt, état des lieux. « L'art dégénéré » – confisqué et vendu » près de "160 œuvres dont la plupart furent saisies dans les musées allemands en tant qu’« art dégénéré ». Il s’agit principalement de travaux sur papier, parmi lesquels des oeuvres exceptionnelles, expressionnistes, constructivistes et de la nouvelle objectivité. L’exposition s’intéresse également aux circonstances politiques qui conduisirent au dénigrement de l’art moderne, qualifié d’art « dégénéré », et à sa destruction et mise en vente".

Dans l'exposition  "Bestandsaufnahme Gurlitt - Der NS-Kunstraub und die Folgen" (Collection Gurlitt, état des lieux. Les spoliations nazies et leurs conséquences), la Bundeskunsthalle de Bonn se concentrait sur les œuvres « spoliées » dans le cadre des persécutions nazies et dont l’origine n’a pas encore pu être établie avec certitude". L’exposition de Bonn Les spoliations d’œuvres d'art sous le IIIe Reich et leurs suites sera présentée au Kunstmuseum Bern du 19 avril au 15 juillet 2018, puis à Berlin, au Martin-Gropius-Bau, à l’automne 2018.

"Gurlitt. Un bilan"
L
e Kunstmuseum Bern présente l'exposition "Gurlitt. Un bilan". 
La Commissaire d’exposition est Nikola Doll et l'assistante commissaire d’exposition Anne-Christine Strobel. "Pour tirer un bilan, il faut rendre des comptes. En novembre 2014, le Kunstmuseum Bern a accepté l’héritage de Cornelius Gurlitt (1932 – 2014). Depuis décembre 2021, ce sont près  de 1600 œuvres d’art de la succession du marchand d’art Hildebrand Gurlitt (1895 – 1956) qui ont rejoint physiquement le musée."

"Étant donné que Hildebrand Gurlitt fit commerce d’art durant le national-socialisme (1933 – 1945), le fonds Gurlitt est depuis 2013 soumis à des vérifications destinées à identifier les éventuels cas d’art spolié par les nazis. L’exposition propose un aperçu approfondi et une mise en valeur scientifique du legs Gurlitt. Les principes éthiques et les fondements juridiques qui ont présidé à la gestion de ce legs ainsi que les résultats de ce projet international de recherche de provenance, unique en son genre, y sont l’objet de développements approfondis dans différentes salles thématiques. Nous montrons comment le Kunstmuseum Bern, en acceptant l’héritage Gurlitt, a assumé ses responsabilités en matière de traitement des œuvres d’art."

« Depuis que le Kunstmuseum Bern a accepté l'héritage de Cornelius Gurlitt (1932–2014) en novembre 2014, beaucoup de choses se sont passées: en 2017, le premier département de recherche de provenance de Suisse a été créé au Kunstmuseum Bern. Des oeuvres de ce fonds ont été présentées dans plusieurs expositions en 2017 et 2018 et neuf oeuvres ont été restituées. Depuis décembre 2021, l'ensemble de la succession Gurlitt est pour la première fois entièrement accessible au public via une base de données. Le legs Gurlitt a fait l'objet d'une documentation et de recherches approfondies, et les principales évaluations et décisions ont été motivées de manière détaillée. Enfin, une nouvelle approche plus équitable pour les victimes du national-socialisme dans le traitement des oeuvres à la provenance lacunaire a été développée et mise en oeuvre une première fois avec la remise volontaire de deux oeuvres. Avec Gurlitt. Un bilan, le Kunstmuseum Bern présente du 16 septembre 2022 au 15 janvier 2023 les résultats de ces années de recherches dans une exposition de grande envergure. »

« Pour la première fois, l’exposition offre un aperçu des multiples dimensions de la recherche sur l'histoire du legs Gurlitt ainsi que du traitement des résultats de la recherche. Elle invite à découvrir les oeuvres d'art du legs Gurlitt sous différentes perspectives. Les objets exposés nous apparaissent sous leur forme matérielle, en tant qu'objets spoliés et commercialisés portant des traces de leur histoire, mais présentent aussi des qualités esthétiques en tant qu'objets collectionnés. Des groupes entiers d'objets sont présentés dans leur contexte historique. Différents regards portés sur les oeuvres du legs Gurlitt permettent d’appréhender les questions éthiques et politico-juridiques que l'histoire de la spoliation d'oeuvres d'art par le national-socialisme soulève pour le présent. »

« Les questionnements qui accompagnent la succession sont explorés dans un parcours en 13 étapes. Que signifie concrètement la recherche de provenance ? Où se situent ses limites ? Quels sont les défis de l’exploitation des résultats de recherche ? Quelle est la responsabilité qui incomba au Kunstmuseum Bern et comment l'a-t-il assumée ?»

« Des documents écrits personnels issus de la succession de Gurlitt et des témoignages de la politique artistique destructrice du national-socialisme complètent l'historique du fonds. Hildebrand Gurlitt (1895–1956) peut être ainsi perçu dans ses différents rôles: directeur de musée, marchand d'art et organisateur d'expositions ; fils et père dont la vie est liée à l'Empire allemand, à la République de Weimar, au national-socialisme et aux débuts de la République fédérale d'Allemagne. »

« L'exposition relève le défi de transmettre au public, de manière claire et stimulante, des connaissances aussi bien avérées que partielles sur l'histoire des oeuvres et la méthode de recherche de provenance. Elle offre également un aperçu du traitement éthique et juridico-politique des résultats de la recherche. »

« En collaboration avec Christoph Stratenwerth (dramaturgie de l’exposition), Holzer Kobler Architekturen (Zurich/Berlin) (scénographie) et l’agence de graphisme 2xGoldstein (Rheinstetten), un parcours captivant a été créé qui associe, de manière pertinente, les explorations de pistes de la recherche avec les oeuvres d'art. »

« Avec cette exposition, nous offrons une vue d'ensemble complète des oeuvres du legs Cornelius Gurlitt. Mais nous montrons aussi la diversité des connaissances historiques et matérielles que nous mettons à jour avec la recherche de provenance. Avec cette exposition, nous souhaitons également faire connaître à un large public le potentiel de la recherche de provenance dans le travail muséal. Et montrer, à l'aide d'exemples, comment les résultats de la recherche peuvent être traités de manière responsable », explique Nikola Doll, responsable du département de recherche de provenance au Kunstmuseum Bern et commissaire de l'exposition. »

« L'exposition présente environ 350 pièces, à la fois oeuvres d'art du legs Cornelius Gurlitt et reproductions de documents historiques issus du fonds écrit de Cornelius Gurlitt conservé aux Archives fédérales allemandes et dans d'autres archives en Allemagne, en France et en Suisse. »

Le legs Cornelius Gurlitt au Kunstmuseum Bern
« Le legs Cornelius Gurlitt avait été rendu public en novembre 2013 sous le nom de «Schwabinger Kunstfund» (« Fonds d’art de Schwabing »). Cornelius Gurlitt est décédé le 6 mai 2014. Par testament, il avait désigné la Fondation Kunstmuseum Bern comme son unique héritière. Le 22 novembre 2014, la Fondation décida d'accepter l'héritage de Cornelius Gurlitt. Dans le cadre d'un accord avec la République fédérale d'Allemagne et l'État libre de Bavière, la Fondation convint d’une procédure qui distinguait les attributions de provenance claires des attributions de provenance ambiguës et différenciait leur traitement en conséquence. Cette procédure est illustrée dans les catégories de provenance (jointes au dossier de presse). »

« Après plusieurs années de recherche sur le legs Cornelius Gurlitt, qui compte environ 1 600 oeuvres, la Fondation Kunstmuseum Bern a pris des décisions importantes en décembre 2021. Sur la base des conclusions de recherches historiques approfondies, les oeuvres dont la provenance était lacunaire, sans preuve ni indication de spoliation par les Nazis, ont été définitivement reprises (catégorie de provenance « vert-jaune »). Pour les oeuvres à la provenance lacunaire, pour lesquelles il n’existe aucune preuve d’une spoliation sous le régime national-socialiste mais qui révèlent des indices ou des circonstances suspectes, la Fondation a renoncé à entrer en leur possession (catégorie de provenance « jaune-rouge »). L’argumentaire détaillé (expertise) à ce sujet est jointe au dossier de presse. »

« En décembre 2021, le Kunstmuseum de Berne a renoncé à entrer en possession de cinq oeuvres d'art de la catégorie « jaune-rouge » et les a remises à la République fédérale d'Allemagne. Vingt-trois autres oeuvres d'art de la catégorie « jaune-rouge » font l'objet de recherches de provenance sous la responsabilité du Kunstmuseum Bern. Jusqu'en 2021, le Kunstmuseum Bern et la République fédérale d'Allemagne ont restitué conjointement neuf oeuvres d'art aux descendants de leurs propriétaires légitimes. »

« Au total, environ 1 600 oeuvres d'art provenant de la succession de Cornelius Gurlitt sont entrées dans la collection du Kunstmuseum Bern. La prise en charge de ces oeuvres a officiellement clôturé fin 2021 une collaboration longue de plusieurs années avec la République fédérale d'Allemagne et l'État libre de Bavière. Parmi ces nouvelles entrées, on trouve de remarquables travaux sur papier de l'art moderne allemand ainsi que des peintures et des sculptures de l'art français du XIXe siècle, mais aussi des petits groupes d'artisanat d'art d'Asie de l'Est et des artefacts archéologiques. Environ 300 oeuvres proviennent d'artistes de la famille Gurlitt, du peintre paysagiste Heinrich Louis Theodor Gurlitt (1812–1897) et de l'expressionniste Cornelia Gurlitt (1890–1919). »

« En acceptant l'héritage de Cornelius Gurlitt, le Kunstmuseum Bern a assumé une grande responsabilité. Notre approche a été basée sur des éléments capitaux : une recherche approfondie et indépendante tenant compte des contextes historiques, une évaluation compréhensible des résultats, une transparence totale, la volonté de poursuivre les recherches et de réévaluer l'expertise en cas de nouvelles informations, ainsi que la volonté de trouver des solutions justes et équitables avec les ayants droit potentiels, même en cas de connaissances lacunaires », explique Nina Zimmer, directrice du Kunstmuseum Bern – Zentrum Paul Klee.

« Enfin, l'exemple de la réclamation des héritiers du Dr Ismar Littmann illustre le défi que représente la prise de décision en cas de connaissances lacunaires. Ou comment une restitution volontaire des oeuvres d'Otto Dix aux descendants des héritiers Littmann et Schaefer a vu le jour malgré des connaissances limitées. »

« Avec la résolution du cas Littmann, nous avons montré un chemin possible pour trouver des solutions justes et équitables, même en cas de connaissances lacunaires - soit, de ne pas reporter la solution à un moment très hypothétique, qui n’arrivera peut-être jamais, où les connaissances pourraient être complètes », explique Marcel Brülhart, membre du conseil de Fondation et responsable du dossier Gurlitt au Kunstmuseum Bern.

Recherche de provenance au Kunstmuseum Bern
« Le département de recherche de provenance, créé en 2017, se consacre aux questions relatives aux conditions historiques de propriété et aux appropriations illégales. Ce service a également permis d'établir une approche critique de l'histoire des propres collections et de l'institution. Le legs Cornelius Gurlitt constitue à cet égard un point fort. »

« Au cours des dernières années, le département a pu mettre en place des coopérations scientifiques avec des expert•e•s en Suisse, en Allemagne et en France. Un premier résultat de la coopération avec le centre de recherche « Art spolié » de l'Université de Hambourg sera publié à l'automne 2022 sous la forme d'une publication intitulée Kunst, Konflikt, Kollaboration. Hildebrand Gurlitt und die Moderne. »

« En septembre 2021, le département de recherche sur la provenance des oeuvres a organisé le colloque Deposita. Verfolgungsbedingte Verlagerungen in Schweizer Museen (1933–1945). Une sélection d’allocutions du colloque sera publiée dans un ouvrage en 2023. »

« L'engagement du Kunstmuseum Bern pour la recherche de provenance est soutenu financièrement par des fondations privées et par l'Office fédéral de la culture (OFC). »


Chronologie du legs Cornelius Gurlitt

"Septembre 2010
À la suite d’un contrôle douanier dans un train entre Zurich et Munich, le parquet bavarois ouvre une enquête contre Cornelius Gurlitt pour soupçon de fraude fiscale.

Février-mars 2012
L’appartement munichois de Cornelius Gurlitt est perquisitionné par le parquet d’Augsbourg et les oeuvres qui s’y trouvent sont mises à l’abri.

3 novembre 2013
Un article du magazine « Focus » révèle l’existence au public du « Fonds d’art de Schwabing ». Une grande partie de la collection proviendrait en grande partie de spoliations de l’époque du National-socialisme.

Novembre 2013
La taskforce « Fonds d’art de Schwabing », une équipe internationale de chercheurs mise en place par la République fédérale d’Allemagne et l’État libre de Bavière, débute ses recherches sur la provenance des oeuvres. La liste des oeuvres saisies sera rendue publique dans les semaines suivantes sur la base de données en ligne Lost Art.

Février 2014
La justice désigne un tuteur et des avocats chargés de représenter Cornelius Gurlitt. Ceux-ci informent le parquet que d’autres oeuvres ont été également retrouvées dans sa maison de Salzbourg.

Avril 2014
Cornelius Gurlitt conclut un accord avec l’État libre de Bavière et la République fédérale d’Allemagne sur le futur traitement de ses oeuvres. Il accepte qu’elles soient examinées par la taskforce « Fonds d’art de Schwabing » et se déclare prêt, en cas de spoliation avérée, à restituer les oeuvres aux descendants des propriétaires légaux.

6 mai 2014
Cornelius Gurlitt décède à Munich à l’âge de 81 ans. Le lendemain, le 7 mai 2014, la Fondation Kunstmuseum Bern est informée qu’il l’a désignée comme légataire universel dans son testament.

21 novembre 2014
Des parents de Cornelius Gurlitt contestent la validité du testament.

24 novembre 2014
Au terme d’un délai de réflexion de sept mois, le Kunstmuseum Bern décide d’accepter la succession de Cornelius Gurlitt.

Mars-avril 2015
Le tribunal des successions de Munich confirme la validité du testament de Cornelius Gurlitt. Une partie de sa famille fait appel de ce jugement.

Mai 2015
Deux tableaux de la succession peuvent être restitués à leurs propriétaires : les descendants de David Friedmann (1857–1942) rentrent en possession de l’oeuvre Reiter am Strand (Cavaliers à la plage, 1901) de Max Liebermann. Le tableau Femme à l'éventail (1923) d’Henri Matisse est rendu aux héritiers de Paul Rosenberg (1881–1959).

14 janvier 2016
La taskforce « Fonds d’art de Schwabing » publie son rapport final de recherche.
La poursuite des recherches sera assurée par le projet « Recherche de provenance Gurlitt » du Deutsches Zentrum Kulturgutverluste (Centre allemand pour les pertes de biens culturels).

15 décembre 2016
La Cour d’appel de Munich réfute la contestation du testament de Cornelius Gurlitt; la Fondation Kunstmuseum Bern est donc l’héritière légale.

20 février 2017
Le dessin Intérieur d’une église gothique (1874) d’Adolph von Menzel est restitué aux descendants d’Elsa Helene Cohen (1874–1947).

Mai 2017
Le tableau Le Louvre, matin (1902) de Camille Pissarro est restitué aux héritiers de Max Heilbronn (1902–1998).

Novembre 2017
Le Kunstmuseum Bern et la Bundeskunsthalle de Bonn exposent pour la première fois des oeuvres de la succession de Cornelius Gurlitt.

Décembre 2017
Le projet « Recherche de provenance Gurlitt » est achevé. A partir de janvier 2018, la Fondation Deutsches Zentrum Kulturgutverluste est responsable du projet suivant «Évaluations, documentations et travaux de recherche ciblés concernant le fonds d’art Gurlitt ».

Avril 2018
Le Kunstmuseum de Berne présente l'exposition Collection Gurlitt. État des lieux: Les spoliations nazies et leurs conséquences.

Juillet 2018
La Fondation Kunstmuseum Bern trouve un accord avec les héritiers de Paul Cézanne concernant le sort du tableau La Montagne Sainte-Victoire (1897). La communauté des héritiers de Cézanne reconnaît le Kunstmuseum Bern comme propriétaire légitime du tableau. En contrepartie, le Kunstmuseum Bern convient avec le musée Granet d'exposer régulièrement l'oeuvre à Aix-en- Provence.

Septembre 2018
Le Gropius Bau à Berlin présente l'exposition Collection Gurlitt. État des lieux :
Les spoliations nazies et leurs conséquences.

Décembre 2018
Le projet « Évaluations, documentations et travaux de recherche ciblés concernant le fonds d’art Gurlitt » au Deutsches Zentrum Kulturgutverluste est achevé.

Janvier 2019
Le tableau Portrait de jeune femme assise (1850–1855) de Thomas Couture est restitué aux héritiers de Georges Mandel (1885–1944). Le dernier projet de recherche « Publication et documentation des résultats du fonds d’art Gurlitt » est lancé au Deutsches Zentrum Kulturgutverluste.

Juillet 2019
Le tableau Quai de Clichy. Temps gris (1887) de Paul Signac est restitué aux héritiers de Gaston Prosper Lévy (1893–1977).
En collaboration avec le centre de recherche « Art dégénéré » de l'université de Hambourg, le Kunstmuseum Bern commence les recherches de provenance sur le lot d'art dit « dégénéré » du fonds d’art Gurlitt.

Septembre 2019
L’Israël Museum à Jérusalem présente l'exposition Fateful choices : Art from the Gurlitt trove.

Novembre 2019
Le Kunstmuseum Bern vend le tableau Marine, Temps d'orage (1873) d'Édouard Manet au National Museum of Western Art de Tokyo. Le produit de la vente permet de couvrir les déficits que le Kunstmuseum Bern a subis jusqu'à présent en lien avec le legs Cornelius Gurlitt.

Décembre 2019
Le projet « Publication et documentation des résultats du fonds d'art Gurlitt » du Deutsches Zentrum Kulturgutverluste est achevé.

Janvier 2020
L'aquarelle Dame en blanc (1880) et l'huile sur toile Dame de profil (1881) de Jean-Louis Forain sont restituées aux héritiers d'Armand Isaac Dorville (1875–1941). Trois oeuvres du legs Gurlitt sont cédées à l'État libre de Bavière pour le paiement des droits de succession. Elles se trouvent aujourd'hui aux Bayerische Staatsgemäldesammlungen – Pinakothek der Moderne et au Staatliche Graphische Sammlung Munich.

Janvier 2021
Le dessin Das Klavierspiel (Le jeu de piano, vers 1840) de Carl Spitzweg est restitué aux héritiers d’Henri Hinrichsen (1868–1942).

Novembre 2021
Après plusieurs années de recherches sur le legs Cornelius Gurlitt et après avoir procédé à de nombreuses clarifications et évaluations en faisant appel à des experts internationaux indépendants, la Fondation Kunstmuseum Bern décide de la manière de traiter les œuvres dont la provenance n'a pas été clarifiée.
La Fondation Kunstmuseum Bern décide de remettre les aquarelles Dompteuse (1922) et Dame in der Loge (Dame dans la loge, 1922) d'Otto Dix aux héritiers du Dr Ismar Littmann ainsi qu'aux héritiers du Dr Paul Schaefer.

10 décembre 2021
Le Kunstmuseum Bern publie les oeuvres du legs Cornelius Gurlitt dans la base de données en ligne DER NACHLASS GURLITT : https://gurlitt.kunstmuseumbern.ch/de/

Janvier 2022
Cinq oeuvres dont la provenance n'a pas été clarifiée et dont le Kunstmuseum a abandonné la propriété sont remises à la République fédérale d'Allemagne.
Elles se trouvent aujourd'hui dans la collection de l'administration fédérale des arts.
Juin 2022
Les aquarelles Dompteuse (1922) et Dame in der Loge (1922) d'Otto Dix sont vendues aux enchères en faveur des héritiers du Dr Ismar Littmann et des héritiers du Dr Paul Schaefer, conformément à l'accord conclu avec ces derniers.

Biographie Hildebrand Gurlitt

1895
Hildebrand Gurlitt nait à Dresde, cadet d'une famille de trois enfants. Son père, l'architecte et historien de l'art Cornelius Gurlitt (1850–1838), professeur à l'Ecole royale supérieure technique de Saxe à Dresde, est resté célèbre pour ses publications sur l’architecture. Son grand-père Louis Gurlitt (1812–1897) est un peintre paysagiste à succès au XIXe siècle. Sa grand-mère Elisabeth (1823–1909), issue de la famille juive Lewald, est la soeur de l'écrivaine Fanny Lewald.

1914
Hildebrand Gurlitt se porte volontaire comme soldat et participe à la Première Guerre mondiale (1914–1918).

1917
Blessé à plusieurs reprises, Hildebrand Gurlitt rentre à Dresde. Après sa convalescence, il est affecté à Kowno, l'actuelle Kaunas (Lituanie), au service de presse de l'administration militaire. Il dirige la section artistique et décide de s'engager dans le domaine des musées.

1919
Hildebrand Gurlitt commence des études d'histoire de l'art à Francfort, l'année suivante il change à la Friedrich-Wilhelms-Universität de Berlin. Une fois ses études terminées, il retourne à Dresde où il devient assistant à la collection d'histoire de l'architecture à l'Ecole supérieure technique de Dresde.

1923
Hildebrand Gurlitt épouse la danseuse Helene Hanke (1895–1968).

1925–1931
Hildebrand Gurlitt est nommé directeur du musée de Zwickau. Il réagence l'ensemble de la collection et s'inspire du style du Bauhaus pour l'aménagement et le matériel publicitaire.
À Zwickau, Hildebrand Gurlitt conçoit un programme d'exposition varié, destiné à toucher un large public. Il s'engage en particulier pour l'art contemporain.
Des achats d'oeuvres expressionnistes suscitent les protestations des cercles nationaux-socialistes de la ville. L'agitation du « Kampfbund für deutsche Kultur » (association de combat pour la culture allemande), proche du NSDAP, conduit au licenciement de Gurlitt.

1931–1933
Hildebrand Gurlitt prend la direction du Kunstverein de Hambourg le 1er mai 1931. Après que le préfet de police de Hambourg ait ordonné fin mars 1933 la fermeture de l'exposition annuelle de la Sécession de Hambourg, le comité directeur du Hamburger Kunstverein ainsi que le directeur Hildebrand Gurlitt démissionnent en juillet 1933.

1935
Hildebrand Gurlitt ouvre le cabinet d'art Dr. H. Gurlitt dans de nouveaux locaux au numéro 6 de la Alte Rabenstrasse, à Hambourg Rotherbaum. Après l'adoption des « lois raciales de Nuremberg», il est considéré comme un « métis de second degré ».

1937
Hildebrand Gurlitt cède le cabinet d'art au nom de sa femme Helene Gurlitt.
Dans le cadre de l'action « Art dégénéré », des oeuvres d'art moderne sont confisquées dans les musées allemands et publiquement diffamées lors d'une exposition. Au total, plus de 20 000 oeuvres d'art expressionniste, abstrait, dada et induisant une critique sociale ainsi que des oeuvres d'artistes de gauche et d’origine juive sont retirées des musées allemands.

1938–1941
En 1938, les confiscations sont légalisées a posteriori. Une « Commission pour l'exploitation des produits de l'art dégénéré » décide de la vente des œuvres d'art confisquées. Hildebrand Gurlitt se recommande auprès du Ministère de la propagande du Reich comme vendeur d’oeuvres d'art confisquées « dégénérées ». 
Sur ordre du Reich allemand, il vend des gravures et des peintures à des marchands et musées étrangers ainsi qu'à des collectionneurs allemands. 
Gurlitt vend une grande partie des oeuvres d'art confisquées par le Ministère de la Propagande à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

1939
En juin 1939, Hildebrand Gurlitt se rend à Lucerne où il participe à la vente aux enchères d'oeuvres d'art « dégénéré » organisée par la galerie Theodor Fischer.

1940
Hildebrand Gurlitt étend ses activités à la France, à la Belgique et aux Pays-Bas. Dans les territoires occupés, il acquiert des œuvres d'art pour des musées et des collectionneurs allemands, souvent sans tenir compte de leur origine.

1942
L'appartement de Gurlitt à Hambourg est détruit par les bombardements, la famille déménage à Dresde, où il établit aussi temporairement son cabinet d’art pour les années qui suivent.

1943
Hildebrand Gurlitt est chargé d'acheter sur le marché de l'art français des œuvres d'art pour la « commande spéciale de Linz », le fameux « musée du Führer ».

1945
La maison des Gurlitt à Dresde est touchée lors d'un bombardement en février 1945. La famille s'enfuit en camion en direction de l'ouest. Ils vivent la fin de la guerre dans le village d'Aschbach en Haute-Franconie. Les œuvres d'art qu'ils ont emportées sont confisquées par des officiers de protection des œuvres d'art de l'armée américaine et emmenées au Central Collecting Point de Wiesbaden. En décembre 1950, les œuvres lui sont restituées. 
Les officiers américains de protection des œuvres d’art interrogent Hildebrand Gurlitt sur son activité de marchand d'art sous le régime nazi. Les procès-verbaux qui nous sont parvenus prouvent qu'il dissimule ce qui pourrait l'incriminer et qu'il empêche la restitution de nombreuses œuvres d'art en faisant de fausses déclarations. Il réussit à dissimuler une partie de ses biens artistiques aux Alliés.

1948
Après avoir été blanchi en tant que « compagnon de route » du régime nazi, Hildebrand Gurlitt renoue avec son activité antérieure de commissaire d'exposition en tant que directeur du Kunstverein pour la Rhénanie et la Westphalie.

1956
Hildebrand Gurlitt meurt des suites d'un accident de la route.


Du 16 septembre 2022 au 15 janvier 2023
Hodlerstrasse 8–12. 3011 Bern
Tel. :  +41 31 328 09 44
Mardi de 10 h à 21 h. Mercredi - Dimanche de 10 h à 17 h. Lundi fermé

Du 3 novembre 2017 au 11 mars 2018 
A la Bundeskunsthalle de Bonn 
Kunst- und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland GmbH
Museumsmeile Bonn
Friedrich-Ebert-Allee 4
53113 Bonn
T +49 228 9171–200
Mardi et mercredi de 10 h à 21 h. Jeudi à dimanche de 10 h à 1 9h

Du 2 novembre 2017 au 4 mars 2018
Au KUNSTMUSEUM BERN
Hodlerstrasse 8–12 
3011 Bern
Tel. :  +41 31 328 09 44
Mardi 10 h – 21 h. Mercredi - Dimanche 10 h – 17h 

Sur Histoire les 5 février à 15h40, 7 février À 11h55, 11 février à 15h35, 17 février à 15h45, 19 février à 23h10, 23 février à 15h40, 29 février 2016 à 15h35

Monsieur Gurlitt et le secret du trésor nazi” (Der seltsame Herr Gurlitt), de Maurice Philip Remy
ZDF, 2014, 51 min
Diffusion le 19 mars 2014 à 22 h 25

© DR 
                   
Les Marchands d'Hitler de Stephane Bentura 
Sur Toute l'Histoire les 10 février à 23 h 28, 11 et 12 février à 6 h 19, 16 février 2017 à 19 h 43, 24 août 2019 à 14 h 04, 25 août 2019 à 17 h 21.
Sur France 3 les 19 octobre 2018 à 0 h 40 et 26 octobre 2018 à 0 h 30

Articles sur ce blog concernant :
Les citations proviennent de dossiers de presses.
Publié le 19 mars 2014, cet article a été modifié le 17 mai 2015.
Il a été republié les :
- 22 juin, 15 octobre et 26 novembre 2014. Histoire a diffusé Le marchand d'art d'Hitler : "cette série revient sur l'histoire passionnante et étonnante de la disparition des plus grandes œuvres d'art. Certaines ont été retrouvées, mais d'autres manquent encore à l'appel. Ce premier épisode s'intéresse à la plus grande collection de biens spoliés de tous les temps. Mars 2012, à Münich, la police fait une descente au domicile du collectionneur allemand Cornelius Gurrlit. Cela remet sur le devant de la scène une affaire oubliée pendant soixante ans, impliquant le trésor de guerre des nazis, l'Art dégénéré et la collection privée d'Hitler. Menant une vie de reclus, Cornelius Gurlitt conservait un millier d'œuvres signées de peintres de renom comme Matisse, Chagall, Degas, Picasso... dont certaines n'ont jamais été vues. Quand elle est révélée par un magazine allemand, l'affaire frappe le monde entier. Qui est donc Cornelius Gurlitt ? Comment a-t-il réussi à passer inaperçu pendant si longtemps ? D'où viennent toutes ces oeuvres d'art ? Pour répondre à ces questions, nous remontons aux... "
- 26 mars, 19 mai et 9 décembre 2015, 5 février 2016, 14 avril et 20 octobre 2017, 8 février et 19 octobre 2018, 24 août 2019.

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