Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 2 janvier 2024

« Autant en emporte le vent » par Victor Fleming, George Cukor et Sam Wood

« Autant en emporte le vent » est un film américain réalisé par Victor Fleming, George Cukor et Sam Wood, et produit par David O. Selznick, génial producteur juif américain. « Tiré du roman de Margaret Mitchell, ce classique raconte la vie tumultueuse de Scarlett O'Hara sur fond de guerre de Sécession... Un monument du cinéma, quintessence du savoir-faire hollywoodien de l'âge d'or, sublimé par le couple incandescent et subtilement sulfureux formé par Vivien Leigh et Clark Gable ». Un chef d'oeuvre hollywoodien qui a suscité une polémique injustifiée. 
Arte rediffusera le 5 janvier 2024 à 13 h 30 ce film précédé d'un texte contextualisant le film

Ingrid Bergman (1915-1982) 

« Géorgie, 1861. La guerre de Sécession, opposant les États du Nord et du Sud, est sur le point d’éclater. À Tara, dans la plantation de la famille O’Hara, Scarlett se prépare pour le bal donné aux Douze Chênes, la propriété des Wilkes. La jeune fille y attire tous les regards, et notamment celui de Rhett Butler, un richissime homme d’affaires. Mais Scarlett n’a d’yeux que pour Ashley, dont elle est amoureuse. Or, on annonce les fiançailles de ce dernier avec une autre, la jeune Melanie Hamilton. Au cours d’une entrevue, Scarlett lui déclare néanmoins son amour, mais il la repousse. Bientôt, la guerre éclate… »

« Monument couronné par huit Oscars » - un nombre à nuancer -, « Autant en emporte le vent » est sans doute le film d’amour (ou de désir, car le double langage est constant) le plus célèbre de l’histoire du cinéma ». Si le choix de Clark Gable s'est vite imposé, celui de l'actrice devant incarner Scarlett était convoité par les stars qui n'ont pas hésité à tourner des essais. Finalement, Myron Selznick, agent artistique et frère du producteur David O. Selznick présente à ce dernier Vivien Leigh, comédienne britannique et alors compagne de Laurence Olivier.

« L'incendie d'Atlanta, la fuite vers Tara, le travelling qui suit le départ de Scarlett pour dévoiler un immense champ de bataille semé de morts et de blessés, avant de s'arrêter sur un drapeau flottant au vent, celui de la confédération… : la mise en scène – à laquelle ont participé George Cukor et Sam Wood, avant d'être congédiés pour incompatibilité avec l'orageux couple vedette – garde toute sa flamboyante efficacité, même quand on en connaît par cœur les séquences les plus spectaculaires, toujours aussi poignantes ». 

« Magnifiée par un Technicolor restauré pour la dernière fois en 1998, peu avant les 60 ans de ce chef-d'œuvre bientôt octogénaire, cette fresque sans temps mort représente la quintessence du savoir-faire hollywoodien de l'âge d'or ». Le couple flamboyant Clark Gable-Vivien Leigh contraste avec celui calme formé par Leslie Howard et Olivia de Havilland, toute de bonté et de dévouement. Vivien Leigh incarne avec brio une jeune Sudiste coquette, intelligente, bonne gestionnaire de son exploitation agricole Tara en Géorgie, indépendante, matérialiste, égoïste, et qui poursuit un rêve insensé sans percevoir, ou en prenant conscience tardivement que Rhett Butler s'avère l'homme de sa vie, le plus adapté à sa personnalité.

« L'attraction du brûlant duo Clark Gable-Vivien Leigh demeure elle aussi intacte, comme le talent de Hattie McDaniel, première actrice Noire récompensée d’un Oscar. Son merveilleux personnage de nounou avisée contrebalance discrètement l’absence totale – dans le livre comme dans le roman – de repentir politique sur la question de l’esclavage ».

Lors de la 12e cérémonie des Academy Awards du 29 février 1940, ce chef d’œuvre a reçu l’Oscar dans les catégories : Actress - Vivien Leigh -, Actress in a Supporting Role (meilleure actrice dans un second rôle) – Hattie McDaniel (Olivia de Havilland concourait aussi dans cette catégorie pour Gone with the Wind) -, de la Direction artistique – Lyle Wheeler -, Cinématographie (Couleurs) – Ernest Haller et Ray Rennahan -, Réalisation – Victor Fleming -, Film Editing (Montage) - Hal C. Kern et James E. Newcom -, Outsanding Production - Selznick International Pictures -, Writing (ScreenPlay) ou Scénario – Sidney Howard -.

"A more forthright message of racial harmony, even if timidly stated, was heard in the actress Fay Bainter’s presentation speech at the 12th Academy Awards in February 1940 to Hattie McDaniel, the African American actress who became the first black performer to win an Oscar. Bainter commented that the award to McDaniel “opens the doors of this room, moves back the walls and enables us to embrace the whole of America - an America that we love; an America that, almost alone in the world today, recognizes and pays tribute to those who’ve given their best, regardless of creed, race or color.” These idealistic words, belied by the fact that the ceremony was held in a segregated hotel that only grudgingly admitted McDaniel to collect her award, portray America as a beacon of freedom compared to Fascist Europe."


Gone With The Wind a aussi été distingué par un Special Award à William Cameron Menzies "for outstanding achievement in the use of color for the enhancement of dramatic mood in the production of Gone with the Wind" et le Irving G. Thalberg Memorial Award décerné au producteur David O. Selznick. Huit Oscars et deux Awards prestigieux. Quatorze nominations, neuf victoires... L'Academy a su honorer l'équipe artistique et technique d'un film qui s'imposait par son ambition, son récit, sa distribution... Gone with the Wind a été le premier film en couleurs à remporter un Academy Award comme Best Picture (Meilleur film).

Clark Gable est nominé, mais Robert Donat remporte l’Oscar du meilleur acteur pour Goodbye, Mr. Chips, par Sam Wood.

Gone with the Wind est aussi sélectionné dans d’autres catégories : Sound Recording (Enregistrement sonore) - Samuel Goldwyn Studio Sound Department, Thomas T. Moulton, Sound Director -, et Music (Original Score) – Max Steiner -.


En 1940, avaient été sélectionnés d’autres chefs d’œuvre : Ninotchka par Ernst Lubitsch, Wuthering Heights par William Wyler, Mr Smith Goes to Washington par Frank Capra, Love Affair par Leo McCarey, Dark Victory par Edmund Goulding, Gulliver’s Travels par Dave Fleischer, The Wizard of Oz, par Victor Fleming, King Vidor, George Cukor et Norman Taurog...


"Si en chiffres bruts, «Avengers : Endgame» de l’univers Marvel est le film qui a rapporté le plus de recettes de l'histoire du cinéma, avec 2,8 milliards de dollars, « Autant en emporte le vent » reste en tête une fois prise en compte l'inflation, avec 3,44 milliards de dollars." Et à une époque où les produits dérivés n'étaient pas développés. 


Juifs

Quel rapport entre Gone With The Wind (“GWTW") et les Juifs, me demanderez-vous ? 

Commençons par le producteur, David O. Selznick est né à Pittsburgh de parents juifs lituaniens. Certains lui ont reproché d'avoir évité les thèmes racistes du livre de Mitchell. Dans un de ses mémos de janvier 1937, David O. Selznick écrit en se référant au Ku Klux Klan (KKK) et en expliquant son refus d'un film raciste : “Of course we might have shown a couple of Catholic Klansmen, but it would be rather comic to have a Jewish Kleagle... I do hope that you will agree with me on this omission of what might come out as an unintentional advertisement for intolerant societies in these Fascist-ridden times." (Keagle désigne le recruteur de membres du KKK, Ndt).

"Selznick doubtless hoped for better, as film historian Steve Wilson suggests. In a 1938 letter to Rabbi Barnett Brickner, chairman of the Social Justice Commission of the Central Conference of American Rabbis, who cautioned him about the potentially destructive content of “GWTW,” Selznick replied: “I hasten to assure you that as a member of a race that is suffering very keenly from persecution these days, I am most sensitive to the feelings of minority peoples.”

"The same might have been claimed by the undisputedly racist Margaret Mitchell, whose parents, according to historian Anita Price Davis actively protested the lynching in 1915 of Leo Frank, a Jewish factory superintendent unjustly convicted of murdering an employee in Atlanta. Janet Eskridge, executive director of the Margaret Mitchell House and Museum in Atlanta, notes that Mitchell’s mother responded to the Leo Frank vigilante killing by cofounding the Georgia Catholic Layman’s Association to fight religious intolerance."

Le talentueux Ben Hecht, un des scénaristes du film, avait une conscience aiguë  de son statut de Juif américain et du contexte illustré par le film.

"Yet any message linking the fates of minorities in America and Europe was likely compromised when Selznick fired the Jewish director George Cukor three weeks into filming and hired Victor Fleming, who was reportedly given to anti-Semitic outbursts, with no evident sympathy for minorities." George Cukor a réalisé des films dont les personnages féminins étaient d'une personnalité forte. 


Juif d'origine hongroise comme George Cukor, né Leslie Howard Steiner, le comédien britannique Leslie Howard jugeait insipide son rôle d'Ashley Wilkes. Il a été un résistant anti-nazi et lié aux services secrets britanniques de renseignement.


Signée par le compositeur juif autrichien Max Steiner (1888-1971), la musique du film contiendrait, selon le musicologue Jack Gottlieb des éléments communs à un air créé quinze ans plus tôt pour le théâtre Yiddish. Jack Gottlieb a comparé le "thème de Tara" et le duo amoureux “Mayn Goldele” (Ma Goldele) de l'opérette “Di goldene kale” (La Mariée en or) de Joseph Rumshinsky (1881–1956), né près de Vilna, en Lituanie.

"In addition, the sheer overabundance of “GWTW,” the novel and film, appealed to some European Jews already in the throes of hardship. In 2015, the English Jewish writer Neil Gaiman described how his cousin Helen survived in the Warsaw Ghetto where books were illegal; she hid a Polish translation of “GWTW” behind a loose brick in a wall, using it as a educative text for younger Jewish girls.To these imperilled Jews, according to Helen, “for an hour every day, those girls weren’t in the ghetto — they were in the American South; they were having adventures; they got away.”


"Comparably, the lavish screen adaptation of “GWTW” spoke to a generation in danger from ordeals that they might never survive. And so the French Jewish filmmaker Jean-Pierre Melville (born Jean-Pierre Grumbach) included a scene in his screen drama of the Resistance, “Army of Shadows” (1969), adapted from a book by the Russian-born Jewish writer Joseph Kessel, in which two anti-Nazi combatants, on furlough in London, spend what might be the last hours of their lives watching the Hollywood epic “GWTW.”

"Ultimately, for all the enduring weaknesses of the source novel and film, their societal impact was so widespread that they affected most people of their era, including Jews. Mally Dienemann was the wife of a German rabbi who escaped to Tel Aviv after twice being imprisoned in concentration camps. Her husband died just days after reaching safety, leading her to write a text later anthologized in “Jewish Responses to Persecution: 1933–1938”. “Now I’m sitting here in Palestine on Mount Canaan without my beloved life partner, without my circle of friends… I am truly “Gone with the wind” here. [in English in the original] Gone with the wind? And yet, despite the many hours of despair,… in the depths of my soul an absolutely unshakeable faith remains, impervious to all the terrible things that have happened to people.”

"For such survivors and resistants, “GWTW” represented a symbol of American abundance - and Scarlett O’Hara-like dauntlessness - when the USA still offered a degree of hope for a better world. Yet as the American Jewish political scientist Michael Rogin pointed out, “GWTW” also “provided the scaffolding for American film history…The entire cycle is played out inside white supremacy” along with the racist screen narratives “Uncle Tom’s Cabin,” “The Birth of a Nation,” and “The Jazz Singer.”

"Yet despite these and other efforts, “GWTW” all too readily appears today like a bloated apologia for an era of lethal injustice. Its multifaceted content, akin to Hollywood’s diversity, was expressed in a 1947 article by Hattie McDaniel in the “Hollywood Reporter” mentioning Saul of Tarsus, a Jewish follower of Jesus who became Paul the Apostle, teaching the gospel to the first-century world. McDaniel wrote, “An utterance of a first century Jewish scholar, “I am became all things to all men,” can very aptly be applied to Hollywood — film city of the world.” In 1 Corinthians 9:22 of the Christian Bible, Saul/Paul claims, “I am made all things to all men, that I might by all means save some.” Would that the same were true of “Gone With the Wind.”


Polémique
Des mouvements de gauche et suprématistes afro-américains dénigrent l'histoire américaine qu'ils veulent expurger de pans entiers et de figures historiques qui leur déplaisent en apposant une grille de lecture morale sur l'Histoire. Ils détruisent les statues honorant des officiers confédérés morts pendant la Guerre civile ou Guerre de Sécession, etc.

Le Président américain Donald Trump s'est opposé à la démolition de monuments confédérés considérant que leur retrait était « une mise en mise en pièces » de l'histoire américaine : «George Washington possédait des esclaves (...). Est-ce qu'on va enlever ses statues? Et Thomas Jefferson ? Est-ce qu'on va enlever ses statues ? Il possédait beaucoup d'esclaves ».


En août 2017, "deux semaines après la tragédie de Charlottesville, un cinéma de Memphis a suspendu sa projection annuelle du film de Victor Fleming sorti en salles en 1939, estimant que cette œuvre aux dix Oscars, qui plonge dans la Guerre de Sécession, était insensible au public afro-américain". L'Orpheum, salle de cinéma du Tennessee, au sud des États-Unis, le projetait depuis 34 ans.

"Un cinéma de Memphis, au Tennessee, a déprogrammé Autant en emporte le vent, un authentique chef-d’œuvre de l’histoire du cinéma. Pourquoi ? Parce qu’il représenterait une vision du passé américain heurtant la sensibilité de certains militants particulièrement zélés. Alors vite, on le censure. C’est ainsi qu’on étouffe aujourd’hui la culture et la liberté d’expression. Quel sera le prochain film déprogrammé ? Vive l’interdit !", a écrit Mathieu Bock-Côté, docteur en sociologie québécois, le 31 août 2017


Et d'ajouter :

"Sans trop nous en rendre compte, nous entrons dans ce qu’on pourrait appeler la phase radicale de la révolution multiculturaliste. Et cela ne s’arrêtera pas. Tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, contredit les valeurs de la « diversité » pourra désormais être mis en procès.
Tôt ou tard, on brûlera des livres, ou du moins, on verra des militants rageurs faire le tour des bibliothèques pour les épurer. Au nom de la tolérance, on justifiera le fanatisme.
À tel philosophe, on reprochera d’avoir justifié le colonialisme. À tel écrivain, on reprochera son « sexisme ». L’anachronisme s’allie au fanatisme. Tous finiront par y passer.
Peut-être faudra-t-il une permission spéciale pour lire Aristote, Balzac, Flaubert, Houellebecq ou Kundera ?
D’ailleurs, bien des intellectuels sont déjà jugés infréquentables. On a inventé pour eux un nouvel index. Qui dit leur nom passe pour un monstre.
Il y aura toujours, ici ou là, un petit esprit pour crier au racisme et pour réclamer une purge.
En fait, cela existe déjà. On appelle ça le politiquement correct, et il règne à l’université.
Fanatisme
C’est un paradoxe fascinant : officiellement, l’université repose sur le culte de la plus grande liberté intellectuelle qui soit. Dans les faits, elle couve un nouveau fanatisme qui s’est révélé ces derniers mois à travers l’annulation de nombreuses conférences.
Les idées en contradiction avec la gauche multiculturaliste sont stigmatisées. S’il le faut, on misera sur la perturbation pour les interdire.
D’une statue déboulonnée à un film déprogrammé, jusqu’aux livres qui seront tôt ou tard retirés de la circulation, on assiste à une entreprise d’éradication culturelle.
Le constat est navrant : si les représentants autoproclamés d’une minorité victimaire pleurent en se disant blessés par une œuvre, nos dirigeants invertébrés se plieront devant eux et l’évacueront de l’espace public.
Nous vivons dans une société de plus en plus étouffante, de moins en moins libre".

De nouveau, en juin 2020, "qualifié par certains historiens de révisionniste, le célèbre « Autant en emporte le vent » a été retiré de HBO Max. La plateforme de streaming prévoit de remettre le film en ligne à condition d’y rajouter une contextualisation". «(Ce film) est le produit de son époque et dépeint des préjugés racistes qui étaient communs dans la société américaine», a commenté, le  9 juin, à l’AFP, un porte-parole de HBO Max pour expliquer le retrait du long-métrage aux huit Oscars. Pour HBO Max, maintenir ce film dans son catalogue "sans explication et dénonciation de cette représentation aurait été irresponsable".

Trois jours après ce retrait,  le cinéma Le Grand Rex à Paris a annulé le 12 juin 2020 la projection du film à la demande de la Warner Bros. La société de production et de distribution américaine détient les droits d'exploitation du film. Sur son site internet, elle précise que "toutes les personnes ayant réservé une place" seront "automatiquement remboursées". Cette projection était prévue le 23 juin 2020, au lendemain de la réouverture des salles de cinéma, fermées depuis le début du confinement. D'autres classiques doivent être projetés à cette occasion, selon Première."

Vivien Leigh
Arte diffusa le 3 janvier 2021 "Vivien Leigh – Autant en emporte le vent" de Priscilla Pizzato. "Révélée par Autant en emporte le vent, Vivien Leigh a enchaîné les succès tout en luttant dans l’ombre contre ses troubles mentaux. Cet émouvant portrait dévoile la femme tourmentée derrière l’icône."
 
"Il a suffi d’un film pour la faire entrer au panthéon du septième art. Vivien Leigh, actrice britannique quasi inconnue de 24 ans, décroche en 1938 le rôle le plus convoité de l’époque : celui de Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent. Avec ses répliques cinglantes et son tempérament explosif, la jeune comédienne convainc Hollywood de son talent et remporte en 1940 l’Oscar de la meilleure actrice. Surfant sur sa notoriété, Vivien Leigh enchaîne cinq longs métrages avant de remporter, en 1952, un second Oscar pour son incarnation bouleversante de Blanche DuBois dans Un tramway nommé désir. Un tournage compliqué pour l’actrice, qui est sujette à des crises au cours desquelles elle balance entre exaltation et abattement. Diagnostiquée bipolaire, elle est internée en Angleterre où elle reçoit des électrochocs pendant de nombreuses années. Jusqu’à la fin de sa vie et malgré sa santé mentale vacillante, Vivien Leigh n’a cessé de travailler au cinéma comme au théâtre". 

"S’il retrace le parcours artistique de celle qui composait avec Laurence Olivier un couple d’allure royale, ce film brosse surtout le portrait intime et touchant d'une femme fragile, tourmentée par la maladie. Au travers d'illustrations, d’archives de ses interviews, de notes de tournage et d’extraits de sa filmographie, Vivien Leigh – Autant en emporte le vent révèle la face sombre et méconnue de la vie d'une actrice à qui tout semblait sourire." 
   
"La fièvre du jeu"
"La légende hollywoodienne compte de nombreux destins brisés de stars asphyxiées par le succès. Au centre d’un émouvant documentaire, Vivien Leigh fut de celles-ci, brûlée par une passion qui la fit jouer à en perdre la raison."

"En naissant en 1913, dans une Inde brillant des feux vacillants de l’Empire britannique, Vivien Leigh semblait ne pouvoir échapper à une existence marquée du sceau du fantasme et du romanesque. De fait, lorsqu’elle est arrachée à l’univers de Rudyard Kipling et renvoyée en Angleterre par ses parents, pour s’y retrouver immergée de force dans le bain glacial du conformisme des écoles huppées, la jeune fille se découvre une passion pour l’art dramatique. Cette révélation forgera sa personnalité flamboyante et lui permettra d’ignorer avec superbe les conventions sociales, censées tenir les ladies à l’écart du métier de saltimbanque. Ni son premier mariage précoce avec l’avocat Herbert Leigh Holman, ni sa maternité ne se mettront en travers de son ambition, qu’elle liera rapidement à celle de son confrère et amant Laurence Olivier, incarnation même de l’acteur shakespearien, avec lequel elle va affermir son jeu et son goût des planches", a écrit Augustin Faure pour Arte.  

Et Augustin Faure de poursuivre : "Les amoureux traversent l’Atlantique pour exporter leur talent et leur prestance so British. Mais c’est seule qu’elle devient une star planétaire en 1939, en incarnant la plus américaine des héroïnes, Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent. Le monde entier découvre alors un visage de porcelaine aux yeux turquoise, aussi bien animés d’espièglerie mutine que traversés d’éclairs de dureté et de démence. Si le rôle de l’héritière sudiste réclame ces variations virtuoses, il laisse deviner une fragilité qui, tout en lui permettant de nourrir un autre rôle iconique, celui de Blanche DuBois dans Un tramway nommé désir, va peu à peu la déborder jusqu’à la dévorer."  

Et Augustin Faure de conclure : "Diagnostiquée bipolaire et traitée par des électrochocs qui ne font qu’aggraver son mal, la prodige aux deux Oscars, capable de se réinventer sur scène à 50 ans dans la comédie musicale pour mieux se libérer de l’emprise de ces deux rôles phares, voit son mariage avec Laurence Olivier se déliter, et sa lueur d’étoile ardente pâlir. Vivien Leigh se retrouve vampirisée par son personnage de Blanche DuBois, dont elle récite maladivement certaines répliques. Inexorablement, l’actrice déchue s’inscrit dans la légende noire d’Hollywood, errant dans les volutes de sa gloire passée comme la Gloria Swanson de Sunset Boulevard, avant de s’éteindre à 53 ans de la tuberculose, telle une flamme de l’incendie d’Atlanta emportée par le vent". 



France, ARTE France, Cinétévé, 2020, 52 mn
Commentaire dit par Elsa Lepoivre, de la Comédie-Française - Coproduction :  
Sur Arte les 3 janvier 2021 à 22 h 55, 10 janvier 2021 à 10 h 25, 22 janvier 2021 à 2 h
Disponible sur arte.tv du 27/12/2020 au 03/03/2021
Visuels :
Vivien Leigh dans " Autant en emporte le Vent"
Sur le tournage du film " Autant en Emporte le Vent' : Clark Gable, Vivien Leigh et George Cukor
© Selznick International Pictures

Laurence Olivier et Vivien Leigh en 1937
© Pictorial Press Ltd / Alamy Stock Photo

Un Tramway nomme desir de Elia Kazan avec Vivien Leigh, Marlon Brando, 1951
© Bridgeman Images

« Autant en emporte le vent » par Victor Fleming, George Cukor et Sam Wood
Etats-Unis, 1939
Image : Ernest Haller
Montage : Hal C. Kern, James Newcom
Musique : Max Steiner
Auteur : Margaret Mitchell
Costumes : Walter Plunkett
Production : Selznick International Pictures, MGM
Producteur/-trice : David O. Selznick
Réalisation : Victor Fleming, George Cukor, Sam Wood
Scénario : Sidney Howard
Acteurs : Clark Gable, Vivien Leigh, Leslie Howard, Olivia de Havilland, Thomas Mitchell, Evelyn Keyes, Barbara O'Neil, Ann Rutherford, George Reeves, Fred Crane, Hattie McDaniel, Rand Brooks, Butterfly McQueen, Victor Jory, Everett Brown, Howard C. Hickman, Alicia Rhett
Sur Arte les 25 décembre 2017 à 20 h 55, 28 décembre 2017 à 13 h 55, 5 janvier 2018 à 13 h 50 et 9 janvier 2018, 5 janvier 2024 à 13 h 30

Visuels :
Affiche du film
Clark Gable (Rhett Butler)
Clark Gable (Rhett Butler) et Vivien Leigh (Scarlett O'Hara)
Vivien Leigh (Scarlett O'Hara)
Vivien Leigh (Scarlett O'Hara) et Hattie MacDaniel (Mammy)
Leslie Howard (Ashley Wilkes) et Olivia De Havilland (Melanie Hamilton)
© Warner Bros

David O. Selznick, with presenter Ernest Martin Hopkins
© http://www.oscars.org/oscars/ceremonies/1940/G?fid=7961

Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 24 décembre 2017, puis le 22 juin 2020.

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