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lundi 25 juin 2018

Albert Lewin (1894-1968)


Albert Lewin (1894-1968) est un scénariste, réalisateur et producteur juif américain. Sa courte filmographie - six longs métrages - révèle un auteur cultivé et raffiné, peaufinant des scénarios, parfois adaptés d’œuvres littéraires, à la structure complexe. Collectionneur d’art, il se lie d’amitié avec des peintres surréalistes. Arte diffusera le 25 juin 2018 à 20 h 50 « Pandora » (Pandora und der Fliegende Holländer) par Albert Lewin. « Des pêcheurs remontent dans leurs filets deux corps sans vie, dont celui de Pandora, une chanteuse envoûtante... Inspiré de mythes, nourri de corridas et de flamenco, ce film inclassable est à lui seul un condensé de toute la magie du cinéma. Avec l'exquis James Mason et la sublime Ava Gardner dans le rôle-titre ».

    
Albert Lewin (1894-1968) naît dans une famille juive à New York.

Diplômé de Harvard, il enseigne l’anglais à l’université de Missouri.

Lors de la Première Guerre mondiale, il sert dans l’infanterie de l’Armée américaine en Europe.

Il occupe le poste de directeur national adjoint de l’American Jewish Relief Committee.

Il se tourne vers le journalisme et assure la critique de spectacles et films pour le Jewish Tribune jusqu’au début des années 1920.

Albert Lewin se rend à Hollywood où il est lecteur pour Samuel Goldwyn. Il gravit les échelons au sein du studio hollywoodien : script-assistant pour King Vidor (La sagesse des trois vieux fous, 1923) et Victor Sjöström (Le glaive et la loi ), scénariste à la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) en 1924, responsable du département scénario du studio, puis à la fin des années 1920 assistant d'Irving Thalberg (1899-1936), The Wonder Boy de Hollywood et producteur génial.

Dans les années 1930, Albert Lewin est producteur associé de films majeurs pour le plus important studio hollywoodien : The Kiss (1929), dernier film muet de Greta Garbo, The Guardsman (1931), Red-Headed Woman (1932), un film qui a contribué à consacrer Jean Harlow, « la blonde platine », comme star, Mutiny on the Bounty (1935) – Oscar du meilleur film en 1936 - et The Good Earth (1937).

En 1937, il est recruté comme producteur par la Paramount : La Folle Confession (True Confession) (1937), Les Gars du large (Spawn of the North) (1938), Zaza (1939) et So Ends Our Night (1941).

Fait rare à Hollywood, Albert Lewin a cumulé trois fonctions : scénariste, réalisateur et producteur de ses six films en seize ans.

En 1942, Albert Lewin réalise le premier de ses films : The Moon and Sixpence (1942) adapté du roman de W. Somerset Maugham (1919) et librement inspiré par la vie du peintre Paul Gauguin.

Suivent Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray, 1945) d’après le roman d’Oscar Wilde et avec Hurd Hatfield, George Sanders et Angela Lansbury, The Private Affairs of Bel Ami (1947) adapté du roman Bel-Ami de Maupassant, Pandora (Pandora and the Flying Dutchman, 1951), Saadia (1953) avec Mel Ferrer, Cornel Wilde et Rita Gam, puis The Living Idol (1957) interprété par James Robertson Justice dans le rôle d’un archéologue croyant qu’une jeune Mexicaine (Liliane Montevecchi) est la réincarnation d’une Aztèque qui avait été sacrifiée à des jaguars.

Albert Lewin aime associer une histoire d’amour romantique et le genre fantastique tout en montrant sa finesse psychologique, en particulier dans la facette perverse de certains personnages.

Lors d’un bref retour à la MGM, Albert Lewin débute la réalisation de Madame Curie (1943), mais il est licencié et Mervyn LeRoy terminera le tournage du film.

Cet esthète raffiné et collectionneur d’art a organisé un concours de peinture sur le thème de la tentation de saint Antoine. Parmi les artistes ayant participé : Salvador Dalí et Eugene Berman, Abraham Rattner. La scène montrant The Temptation of St. Anthony de Max Ernst (1945) est filmée en couleurs – seule insertion colorée dans un film en noir et blanc, The Private Affairs of Bel Ami, dont la musique est composée par Darius Milhaud.

Après une crise cardiaque à la fin des années 1950, Albert Lewin se retire de l’industrie cinématographique et écrit le roman The Unaltered Cat (1966).

Pandora
« En 1930, en Espagne, au large d’Esperanza, des pêcheurs remontent dans leurs filets deux corps sans vie. Geoffrey Fielding, un archéologue britannique, découvre que l’une des victimes est son amie Pandora Reynolds. Il se remémore le pouvoir d’envoûtement de cette belle chanteuse, notamment auprès de l'un de ses prétendants, Reggie Demarest, qui s’est suicidé par amour pour elle peu de temps auparavant, laissant ainsi le champ libre au séduisant coureur automobile Stephen Cameron. Fielding se souvient aussi qu'un jour, alors qu'elle se promenait avec le pilote, Pandora aperçut un yacht au large. Intriguée, elle le rejoignit à la nage et rencontra à son bord le mystérieux Hendrik Van der Zee, occupé à peindre le portrait de la mythique Pandore, dont le visage ressemblait trait pour trait au sien… »

« Exécutée en réalité par Man Ray, cette toile constituait un hommage au peintre surréaliste Giorgio De Chirico ».

« Empreints de cette picturalité, le cadre et la photo du film singularisent cet ovni cinématographique signé Albert Lewin, un des grands méconnus d’Hollywood, car jugé trop esthète par les studios ».

« Dans Pandora, le cinéaste mélange l’histoire de Pandore, la première humaine de la mythologie grecque, et la légende du Hollandais volant, condamné à errer éternellement sur les mers jusqu’à ce qu’une femme accepte de sacrifier sa vie par amour pour son capitaine ».

« Il y ajoute la ferveur des corridas et du sport automobile, ainsi qu’un soupçon de flamenco et de jazz, pour éblouir avec un film inclassable, entre documentaire, romance et fantastique. Ava Gardner n’a jamais autant resplendide. Quant à James Mason, il endosse avec brio le rôle du Hollandais maudit ».

« La fameuse scène de course sur la plage peuplée de statues grecques, notamment, a fait couler beaucoup d'encre. Lewin signe là un chef-d'oeuvre de surréalisme cinématographique. On oublie d'ailleurs l'histoire, subjugué par certaines scènes : celles de la plage ou de la corrida, les plans évoquant simultanément des tableaux de Chirico, de Dalí ou de Delvaux. Les ambitions du réalisateur  sont essentiellement esthétiques. Il reste très soucieux de créer une atmosphère envoûtante, tout en cherchant à restituer la réalité avec autant de fidélité que possible »

Le 25 juin 2018  à 22 h 50, Arte diffusera "Ava Gardner. La Gitane d'Hollywood", documentaire de Sergio G. Mondelo (2016). "Elle tourna avec les plus grands, de John Ford dans "Mogambo" à Joseph L. Mankiewicz dans "La comtesse aux pieds nus", en passant par John Huston dans "La nuit de l’iguane". Derrière la beauté de l’actrice se cachaient les fragilités d’une femme tourmentée, que révélèrent ses années d’exil en Espagne sous la dictature de Franco."

"Était-ce pour fuir son mariage houleux avec Frank Sinatra ou la surmédiatisation qui l’étouffait, était-ce parce qu’elle était tombée amoureuse d'un autre homme, comme elle l’écrivit dans ses mémoires ? Il y a sans doute un peu de tout cela dans le départ d'Ava Gardner, qui, au sommet de sa gloire, quitte Hollywood pour s’installer en Espagne en 1955, à 32 ans, en pleine dictature franquiste. "Ava Gardner devient libre dans un pays totalitaire. C’est complètement paradoxal", analyse Frédéric Martinez, l’un des biographes de la star, dans ce passionnant documentaire de Sergio G. Mondelo déjà auteur de Pedro Almodóvar – Tout sur ses femmes, diffusé par ARTE. Il brosse ici un saisissant portrait d’une des plus belles femmes du monde, qui succomba aux accents du flamenco, à la puissance des corridas et au sex-appeal d’un acteur-matador sur le tournage de Pandora, à Tossa de Mar en 1951."

"Quatre ans après cette expérience européenne, elle décide de s’exiler à Madrid. S’ensuivent quinze années de fêtes et de passions amoureuses (toujours les matadors) qui se terminent par une chute de cheval qui la laisse brisée, au sens propre comme au figuré. À tel point que sa carrière cinématographique en pâtit, elle qui tourna avec les plus grands, de John Ford dans Mogambo à Joseph L. Mankiewicz dans La comtesse aux pieds nus, en passant par John Huston dans La nuit de l’iguane. Tissé d’images d’archives, d’extraits de films et de ses mémoires, d’interventions de biographes et de critiques, le film explore avant tout les fragilités de la femme derrière l’actrice. Car Ava, qui sombra peu à peu dans l’alcool, ne parvint jamais à se départir d’un manque d’estime de soi sans doute dû à une enfance pauvre et à la mort prématurée d’un père aimant."

  
« Pandora » par Albert Lewin
Royaume-Uni, 1951
Image : Jack Cardiff
Montage : Ralph Kemplen
Musique : Alan Rawsthorne
Production : Dorkay Productions, Romulus Films
Producteur/-trice : Albert Lewin, Joseph Kaufman
Scénario : Albert Lewin
Acteurs : Ava Gardner
Nigel Patrick, James Mason, Sheila Sim, Harold Warrender, Marius Goring, Mario Cabré
Sur Arte le 25 juin 2018 à 20 h 50
Visuels : © Cohen Film Collection LLC/Jack Cardiff

Ava Gardner, 1941 (photo prise par Larry Tarr à New York)
© Photofest

Ava Gardner dans “Les Tueurs” (1946)
AVA GARDNER en 1952-1953
© DILTZ/Bridgeman Images

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