Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

dimanche 26 juin 2022

Marlene Dietrich (1901-1992)


Marlene Dietrich (1901-1992) était une comédienne et chanteuse. Ayant débuté à Berlin (Allemagne), elle devient célèbre pour son rôle dans L'Ange bleu de Josef von Sternberg. Elle s'installe à Hollywood où elle se métamorphose en star glamorous, sophistiquée, au style élégant. Femme libre, cette francophone s'engage contre les Nazis et se lie avec Jean Gabin lors de la Deuxième Guerre mondiale. Après 1945, elle renouvelle son personnage cinématographique et se produit lors de tournées dans le monde entier. notamment en Israël. Arte diffusera le 27 juin 2022 à 20 h 55 « Martin Roumagnac » (Martin Roumagnac - Verrückt vor Liebe) de Georges Lacombe avec Marlene Dietrich et Jean Gabin.

« Fred Astaire - L'homme aux pieds d'or » par Yves Riou et Philippe Pouchain
Frank Sinatra (1915-1998)
Barbra Streisand
Née le 27 décembre 1901 en Allemagne, Marlene Dietrich, inoubliable « Ange bleu » de Josef von Sternberg (1929-1930) poursuit rapidement sa carrière cinématographique aux Etats-Unis.

Citoyenne américaine, la star mythique participe à l’effort de guerre et suit la ligne de front.

En 2003, le musée Galliera lui a rendu un hommage en présentant des tirages originaux et plus de 250 vêtements et accessoires, portés par Marlene Dietrich (1901-1992) des années 30 aux années 1970 à la ville, à l’écran et sur scène. 

Organisée avec le Filmmuseum de Berlin, l’exposition Marlene Dietrich, Création d’un mythe (2003) au musée Galliera était articulée autour de la Seconde Guerre mondiale. 

Les articles étaient présentés, seuls ou combinés, pour reconstituer la silhouette élégante d’une artiste intelligente, exigeante, cultivée, courageuse, antinazie qui construit son mythe avec Josef von Sternberg (L'Impératrice rouge, 1934) et le fait évoluer avec Billy Wilder (« La Scandaleuse de Berlin », 1948) ou Fritz Lang (« L’ange des Maudits », 1952).

L'Ange bleu
L'Ange bleu (Der blaue Engel), de Josef von Sternberg, sort en 1930"Dans les années 1920, la déchéance d'un austère professeur pris de folle passion pour Lola-Lola, une chanteuse de cabaret... Signé Joseph von Sternberg, ce grand classique du cinéma allemand a révélé Marlene Dietrich, fascinante en femme fatale et ange démoniaque".

"Dans un respectable lycée allemand, le très strict professeur Rath surprend ses élèves en train de contempler la photo d'une chanteuse de cabaret. Furieux, il décide de se rendre à L'Ange bleu, où la jeune femme se produit. Tombé sous son charme, il perd littéralement la tête. Le lendemain, sans comprendre comment, il réalise qu'il a passé la nuit avec elle. Lorsqu'il arrive au lycée, il est une fois de plus la risée de sa classe…"

"Du jour au lendemain, "L'ange bleu" fait de Marlene Dietrich une célébrité internationale. L'actrice, qui n'avait jusqu'alors joué que dans des productions mineures, a été choisie par Josef von Sternberg au terme d'un difficile casting. Femme fatale, ange démoniaque, le personnage de chanteuse qu'elle interprète fascine. Si son film est aujourd'hui considéré comme un grand classique du cinéma allemand, on reprochera à Sternberg d'avoir négligé l'aspect social du roman de Heinrich Mann. Après l'exil du réalisateur en France dès 1933, les nazis n'interdiront pas formellement le film, mais feront en sorte qu'il ne soit pas projeté en Allemagne, estimant qu'il "traîne dans la boue les valeurs et l'éducation allemandes".

L'Impératrice rouge
Le 25 juillet 2016, Arte diffusa L'Impératrice rouge (The Scarlet Empress), de Josef von Sternberg. Un film au style expressionniste.


"Promise par sa mère dès l'enfance à la plus haute destinée, la jeune princesse allemande Sophia Frederica, 16 ans, arrive à Saint-Pétersbourg pour épouser le grand-duc Pierre. Rebaptisée Catherine, la belle se languit bientôt auprès de cet être falot et sans envergure. Après s'être laissé séduire par le comte Alexeï, elle succombe aux charmes d'Orlov, le capitaine de la garde. À la mort d'Élisabeth Ière, Pierre, qui lui succède sur le trône de Russie, projette de se débarrasser de son épouse..."

 "Pour incarner ce conte tout à la fois ironique et tragique, Josef von Sternberg retrouve après L'ange bleu, Agent X 27 et Shanghaï express son impériale égérie, Marlene Dietrich". Maria Riva, fille de Marlene Dietrich, incarne Catherine enfant.

"Trame romanesque, décors glaçants du palais d'Hiver, lumières et costumes somptueux, bande originale interprétée par un orchestre symphonique... Sternberg ne lésine pas sur les moyens pour mettre en scène, avec un grand sens du baroque, l'irrésistible ascension de celle qui deviendra la Grande Catherine de Russie. Considéré comme un chef-d'oeuvre, un film à grand spectacle sur l'illusion du pouvoir.

La Scandaleuse de Berlin
La Scandaleuse de Berlinde Billy WilderDans le Berlin de 1946, une prude enquêtrice découvre les dessous de l'occupation américaine... Un "film ravageur, avec Marlene Dietrich et Jean Arthur".

"Berlin, 1946. À la tête d'une commission parlementaire, l'intransigeante Phoebe Frost vient enquêter sur les conditions de l'occupation américaine et découvre la réalité berlinoise : marché noir, immoralité, "fraternisation" des soldats avec la population, surtout féminine… Apprenant qu'un officier américain protège la chanteuse de cabaret Erika von Schlütow, une ancienne nazie, elle décide de le démasquer. Et recrute pour ce faire le capitaine John Pringle, sans se douter qu’il est celui qu’elle recherche…"

"Qui d’autre que Billy Wilder, chassé de son cher Berlin quinze ans plus tôt par l’arrivée d’Hitler au pouvoir, aurait osé tourner une comédie dans les décombres de la ville ? Si le rire, qui fuse grâce à des dialogues percutants, contraste avec le décor de fin du monde, il rend plus criante la tragédie récente. Son film documente ainsi cruellement, mais fidèlement, l'immédiat après-guerre dans l’Allemagne vaincue. Marlene Dietrich, toujours somptueuse, s’amuse à jouer les planquées tandis que Jean Arthur emporte l’adhésion en puritaine convertie par l'amour".

Styles
Traçant une ligne poreuse entre vie privée et représentation publique, créatrice et précurseur de styles vestimentaires, Marlene Dietrich personnifie la garçonne, l’androgyne, puis la femme fatale.

Les éclairages expressionnistes et le maquillage sophistiqué sculptent, voire remodèlent, le visage de la star blonde.

L’âge venant, Marlene Dietrich exalte davantage sa féminité, perpétue le glamour hollywoodien (robe « Anguille », manteau « Cygne »), et entame des tours de chant, notamment en Israël où elle a interprété des chansons en allemand.

Puis, elle se fixe à Paris où, le 12 juin 2003, a été inaugurée la place Marlène Dietrich, actrice et chanteuse, à l’angle de la rue Boissière et de la rue Hamelin (75016).

Israël
En 1966, Marlene Dietrich a séjourné une deuxième fois en Israël ; son précédent séjour remontait à 1960.

Elle a été reçue par le Président Zalman Shazar. Elle s'est rendue à Yad Vashem où elle a allumé une bougie à la mémoire des victimes de la Shoah. Elle a expliqué sa visite par sa "forte attirance" pour le peuple Juif et son admiration pour l'Etat d'Israël. Elle a donné des récitals pour un public composé notamment de survivants de la Shoah, interprété des chansons en allemand après avoir obtenu l'accord des spectateurs, et au bénéfice de Tsahal.

Elle a été distinguée par la Médaille israélienne du courage.

Guerre
Le 8 mai 2016, dans la série Tout est vrai (ou presque), Arte évoqua Marlene Dietrich dans une réalisation de Udner : "La série quotidienne qui raconte les personnalités avec des petits objets fait son grand retour. Aujourd'hui : Marlene Dietrich, qui s'engagea avec force auprès des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale, notamment en chantant pour les militaires".

Jean Gabin
Arte a rediffusé les 1er et 8 février 2015 Un amour impossible. Marlene Dietrich et Jean Gabin, documentaire de Daniel Guthmann, Christian Buckard (2012). "L'idylle entre Marlene Dietrich et Jean Gabin avait commencé à l'été 1941 à Hollywood. L'extravagante Prussienne et le taciturne Français ont formé un couple aussi romantique que passionnel, uni dans la lutte contre le nazisme. Fondé sur une série d'entretiens et d'archives, ce documentaire émouvant retrace leur amour sans avenir". 

"C’était un homme tendre et aimant. Il m’a aimée comme je l’ai aimé. C’est une perte, à laquelle je pense jour et nuit." Ce n’est qu’à la mort de Gabin, en novembre 1976, que Marlene Dietrich perd définitivement l’espoir de revoir une dernière fois son grand amour. Pendant presque trente ans, elle avait attendu, en vain, un geste de réconciliation de l’amant d’antan. Mais lui – têtu comme il l’a toujours été – refusait de reprendre contact avec elle. L’idylle entre les deux vedettes de cinéma avait commencé pendant l’été 1941 à Hollywood. L’extravagante Prussienne et le taciturne Français ont formé un couple aussi romantique que passionnel, uni dans la lutte contre le nazisme. Tous deux sont allés au front : elle pour divertir les troupes, lui comme chef de char. À l'aide d'archives et d’entretiens avec l'animateur Louis Bozon, qui fut le confident de Marlène, Jean-Jacques Debout, les enfants de Jean Gabin, Florence et Mathias, le film retrace cette histoire d’amour franco-allemande entre la Dietrich et Gueule d’amour".

« Martin Roumagnac »
Arte diffusera le 27 juin 2022 à 20 h 55 « Martin Roumagnac » (Martin Roumagnac - Verrückt vor Liebe) de Georges Lacombe.

« Un maçon tombe éperdument amoureux d’une belle audacieuse... Ce mélodrame sur la fatalité de la passion et des barrières de classes est le seul film qui réunisse à l’écran le couple mythique Jean Gabin et Marlene Dietrich. »

« Dans une petite ville de province, Blanche Ferrand, aventurière aux belles manières, espère épouser un riche consul, M. de Laubry, dont la femme est gravement malade. Un soir où elle assiste à un match de boxe, Blanche rencontre Martin Roumagnac, entrepreneur en maçonnerie, qui tombe éperdument amoureux d’elle. C’est le début d’une liaison passionnelle, à laquelle Blanche se prête d’abord par fantaisie, puis par amour. Martin achète un terrain, lui fait construire une villa, se ruine pour elle. Mais la femme du consul finit par mourir et ce dernier somme Blanche de choisir…

« Unique film français de Marlene Dietrich, Martin Roumagnac est aussi le seul qui la réunisse à l’écran avec Jean Gabin, au lendemain de leur exil hollywoodien ». 

« Débarqués en France en 1945, les deux comédiens, dont le baiser public au milieu des troupes alliées a fait le tour du monde, sont censés interpréter les rôles principaux du film de Marcel Carné Les portes de la nuit. » 

« Mais les exigences de Gabin, qui s’est déjà brouillé avec la RKO en Amérique, faute d’avoir pu imposer sa maîtresse à ses côtés, le fâchent avec le réalisateur ». 

« L’acteur choisit alors de tourner Martin Roumagnac, d’après un roman de Pierre-René Wolf, dont il a acheté les droits : un drame amoureux causé par l’incompréhension et la méconnaissance de l’autre, renforcées par les barrières de classes et l’étroitesse du milieu provincial ». 

« La sensualité torride qui unit les deux stars dans la vie, le contraste glamour de leur séduction d’aventurière et de prolo éclatent à l’écran. Pour la première et dernière fois, puisqu’ils se sépareront peu de temps après. »


La dernière robe de Marlene Dietrich
Le 1er octobre 2017 à 11 h 20, Arte rediffusa La dernière robe de Marlene Dietrich (Das letzte Kleid der Marlene Dietrich), documentaire de Sabine Carbon et Felix Oehler (27 min).


"Vingt-cinq ans après sa mort, Marlene Dietrich reste un modèle d’audace vestimentaire : entre ses célèbres costumes androgynes et ses longues robes étincelantes, elle s’est imposée comme une icône de la mode du XXe siècle. Vers la fin de sa carrière, elle formule l’un de ses rêves les plus fous : se faire confectionner une robe agrémentée de lumières électriques pour briller littéralement de mille feux".

"Avec le styliste Jean-Louis Berthault, elle dessine elle-même les patrons de cette robe électrique, hélas trop ambitieuse et complexe pour pouvoir être réalisée de son vivant !" Costumier talentueux et célèbre à Hollywood, Jean-Louis avait un contrat exclusif avec la Columbia. Il avait créé la robe fourreau de Rita Hayworth dans Gilda, et celle de Marilyn Monroe chantant, ou susurrant Happy Birthday au Président John F. Kennedy. Marlene Dietrich écrit à Jean-Louis pour l'informer de ses suggestions avant-gardistes : fleurs pour dissimuler des ampoules discrètes, interrupteur non visible par les spectateurs, etc. Une alliance d’élégance sophistiquée et de technique imaginative.

Les caractéristiques de la silhouette de Marlene Dietrich ? Un buste court, une taille fine, de longues jambes, un dos creusé au niveau des lombaires, des fesses plates. La taille : environ 1,67-1,68 m. Quant à la robe quasi-transparente, elle est composée de multiples couches de toiles fines aux fils de chaîne torsadés. Légère, elle fonctionne avec machine à vent. La partie supérieure du buste n'est pas brodée ; les broderies débutent sous les seins.

Sur scène, Marlene Dietrich se soucie de l'éclairage, et maintient une tenue statique. Elle s'imagine en "apparition lumineuse". Et ne laisse rien au hasard. Amatrice de cristaux, elle souhaite éclairer à volonté sa robe. Ce qui s'avère dangereux.

"Marlene Dietrich avait rêvé d'une robe agrémentée de lumières électriques pour briller de mille feux. Trop ambitieuse et complexe, celle-ci n'avait pu être réalisée de son vivant. Dans ce documentaire, les créateurs Wolfgang Joop, Lisa Lang et Anja Dragan lui rendent hommage en réalisant la robe extraordinaire qu’elle avait imaginée".

Lisa Lang, électro-couturière, a lancé des robes avec des leds. Avec une collègue, elle part à la recherche d'informations sur cette robe et la refabrique avec les imprimantes laser, etc.

Obsession Marlene - Pierre Passebon collectionneur
La Maison européenne de la photographie (MEP) a présenté l'exposition Obsession Marlene - Pierre Passebon collectionneur.

Pierre Passebon, admirateur éclairé et insatiable collectionneur, « a réuni aujourd’hui plus de deux-mille photographies de Marlene Dietrich, icône du XXe siècle incroyablement moderne et intemporelle. La MEP présente près de deux-cents photographies issues de cette imposante collection ».

"Marlene en majesté, révélée dans toute sa splendeur originelle et originale". Pendant plus de deux mois, la Maison Européenne de la Photographie expose une partie de la collection photographique de Pierre Passebon, "consacrée à l’une des personnalités de chair, mais aussi de rayons et d’ombres, les plus mythiques du monde".

« Ces clichés, dont la majorité a été peu vue, sont les œuvres des plus célèbres photographes de la planète. Avec des talents et sous des angles différents, chacun a immortalisé, à sa manière, une personne, un personnage, une personnalité de légende.  L’éternelle, l’immortelle Dietrich ».

Ces "clichés - dont la majorité, propriété secrète d’admirateurs idolâtres avant d’être dénichés et rachetés pièce à pièce par Passebon, a été peu vue - sont les oeuvres des plus célèbres photographes de la planète. Avec des talents et sous des angles différents, chacun a immortalisé, à sa manière, une personne, un personnage, une personnalité de légende". 

Yves Saint Laurent "s’inspira d’elle et de sa silhouette longiligne pour composer ses fameux smokings fuselés. N’hésitant pas non plus à ne pas dissimuler ses passions amoureuses, qu’elles concernent son mari, ses amants ou ses amantes, Marlene aima aimer. Héroïne romanesque et séductrice romantique, mère d’une famille qu’elle ne cachait pas, elle fut la première à imposer sa fille à Hollywood, qui, jusqu’alors cachait la maternité de ses vedettes pour préserver leur aura de séductrices dégagées de toutes attaches".

"À ce petit jeu, ou plutôt à ce grand jeu de séduction continue mais pas contenue, Marlene excella et le public l’adora. Chacun se perdit en une admiration et une adulation idolâtres pour cette splendeur grandiose que construisit, plume après plume, ruban après ruban, voilette après voilette, Josef von Sternberg qui fut son pygmalion, après l’avoir choisie pour L’Ange bleu et avoir peaufiné son image au long de sept films (de 1930 à 1936), chacun restant un chef-d’oeuvre à part entière".

"Ses apparitions sur scène en des robes de mousseline cousues sur elle, tout en relançant périodiquement sa carrière, finirent de la statufier en idole, ou mieux, en icône, à la peau d’opaline pâle. Marlene fut, plus et mieux que d’autres, sa propre création artisanale. Elle fut ce qu’elle voulait être, à la fois toujours pareille et éternellement recommencée".
  
La « star incarne, depuis le début du siècle dernier, le glamour absolu qu’ont consacré quarante années de travail et de rayonnement, à travers les cinémas et les galas. Interprète connue et reconnue dans le monde entier, Marlene fut non seulement une immense comédienne et chanteuse, mais également une citoyenne du monde libre, radicalement engagée dans la voie de l’honneur contre le totalitarisme, le nazisme et toutes formes de dictature ».

La « beauté hors norme, le style insensé et l’élégance renversante de cette petite actrice allemande changée en star planétaire firent d’elle l’archétype de la vamp fatale. Eclairée à l’écran comme peu le furent avant et après elle. Actrice rayonnante, femme libre, égérie moderne, elle chamboula le paysage esthétique et social en bousculant les conventions établies, n’hésitant pas à s’habiller en homme et à embrasser des femmes, et sur la bouche et sur pellicule ».

« N’hésitant pas non plus à ne pas dissimuler ses passions amoureuses, qu’elles concernent son mari, ses amants ou ses amantes, Marlene aima aimer. Héroïne romanesque et séductrice romantique, mère d’une famille qu’elle ne cachait pas, elle fut la première à imposer sa fille à Hollywood, qui, jusqu’alors cachait la maternité de ses vedettes pour préserver leur aura de séductrices dégagées de toutes attaches ».


« Films après films, scènes après scènes, chacune des apparitions de Marlene Dietrich participèrent un peu plus à la construction de son mythe. Elle fut, plus et mieux que d’autres, sa propre création artisanale. Elle fut ce qu’elle voulait être, à la fois toujours pareille et éternellement recommencée ».

« Tous ces moments, ordinaires et extraordinaires, de la vie de Marlene figés à jamais et immortalisés par les objectifs d’Edward Steichen, Irving Penn, Richard Avedon, Milton Greene, François Gragnon, George Hurrell, Antony Armstrong-Jones, Cecil Beaton, Willy Rizzo et de beaucoup d’autres encore, lors de séances photos auxquelles elle participait activement, nous racontent une histoire incroyable. Celle d’un mythe qui, lentement mais sûrement, s’édifie sous nos yeux. Celle d’une image, comme en mille, qu’elle mit elle-même au point avec rigueur et exigence. Au point, au crépuscule de son existence, de tirer sa révérence et de se retirer du monde des lumières pour embrasser le silence et embraser nos souvenirs ».


"Le succès de Marlène Dietrich dans L’ange bleu lui valut d’être sollicitée, dès son retour en Europe, par toutes les maisons de disques. Elle n’avait pourtant jamais chanté en français. Les chances de Polydor étaient minces, mais à toutes fins utiles, on me dépêcha à l’hôtel Trianon, à Versailles, où Marlène était descendue. Et puis je parlais allemand, j’étais jeune, j’y croyais.

9 heures du matin. Je me fais annoncer.
« - Vous avez rendez-vous?
- Quelle question! »
Je n’en avais évidemment aucun.
Vous voudrez bien attendre Madame, elle ne descend jamais avant midi.
Vers les 16 heures, je fais une nouvelle et timide ten­tative. On me répond que Madame est très occupée, qu’elle m’accordera cependant une minute lorsqu’elle passera. A 17h30, l’éblouissante Marlène apparaît, avec son petit chien blanc et son mari Mr. Sieber. Je m’avance, sûr de moi. Elle me dévisage.
« - Débarrassez-moi de ce gringalet! demande-t-elle en allemand, à son époux.
- Mais, madame, dis-je dans la même langue, vous êtes la chance de ma vie! Et puis j’ai les chansons que vous cherchez pour votre disque en français.
- Comment pouvez-vous savoir ce que je cherche? »

J’insiste, j’explique, j’improvise, je me fais persuasif. Je ne suis pas gêné du fait que ces chansons n’existent que dans mon esprit. Après dix minutes d’entretien, Marlène relève mon numéro de téléphone. Elle m’appellera dans quelques jours afin d’écouter les deux chansons que je lui propose.

Fou de joie, je rentre chez Polydor où l’on m’accueille avec des moues de scepticisme. Il faut faire vite. Je me mets en chasse. Par Wal-Berg et Jean Tranchant, je découvre les deux trésors qui vont séduire Marlène. Wal­-Berg ne doute pas un instant de la réussite. Tranchant me montre une chanson atrocement pessimiste qu’il vient de composer pour sa femme et qui s’intitule : Assez.

Ma visite à Versailles date de mardi. Vendredi après-midi, branle-bas de combat chez Polydor : Marlène est au bout du fil. Elle refuse de parler à Herbert Borchardt, le directeur de la maison, et réclame le « petit jeune homme amusant ». Mon prestige grimpe de deux étages. Rendez-vous est pris pour le samedi matin à Versailles avec Tran­chant et Wal-Berg. J’assiste à cet instant mystérieux où l’interprète écoute sa chanson pour la première fois. Acceptera? Refusera? Très bon pianiste, Wal-Berg est en revanche un présentateur médiocre. Tranchant au contraire est le roi du charme. Le fluide de Marlène, sa gentillesse, sa finesse me tournent la tête. Enfin l’accord se fait. Ouf!

Ma carrière phonographique venait de se décider ce jour-là. La réussite de ce doublé versaillais m’avait fait donner dans le mille. J’avais fait accepter par une star étrangère, non seulement l’idée d’enregistrer deux chansons françaises (dont elle comprenait peu les paroles), mais encore le fait que les deux compositeurs lui fussent complètement inconnus.

Cet instant a été une des « coïncidences » heureuses de ma vie.

L’enregistrement fut d’abord laborieux, mais la direc­tion de Wal-Berg vint à bout de toutes les difficultés. Mar­lène Dietrich, optimiste, étonnante de vitalité, réalisa donc un disque qui porte un Je m’ennuie sur une face et un Assez sur l’autre! Le hasard a parfois le sens de l’humour. Tout cela fit que le disque s’est vendu dans le monde entier avec un succès qui me laisse encore aujourd’hui songeur si je pense à la qualité des textes…

Herbert Borchardt profita de la présence de Marlène dans nos studios pour lui soumettre de nombreux textes, en allemand cette fois. Elle en choisit quatre du grand parolier allemand Max Kolpe. La musique en fut composée par Peter Kreuder, qui connais­sait fort bien son métier, mais avec qui le contact n’était pas des plus faciles. Kreuder ne réussit pas à enregistrer ces chansons avec Marlène. Après huit ou neuf séances pendant lesquelles le Français Wal-Berg et l’Allemand Kreuder n’arrivèrent pas à s’entendre, une intuition fulgurante me traversa l’esprit : mes musiciens noirs de Montmartre! Freddy Johnson, Arthur Briggs et les autres…

Marlène accepta, Borchardt acquiesça, Kreuder mau­gréa, Wal-Berg se vexa. Mais le soir même, les chansons étaient enregistrées. Une séance, sans arrangement, « à la feuille » comme on dit!

Quand elle quitta Paris avec ses disques, Marlène igno­rait qu’elle laissait derrière elle un jeune homme prêt à réaliser ses rêves les plus fous.

En 1964, lorsque je suis allé à New York organiser les représentations d’Yves Montand, Marlène nous a aidé pour rendre les débuts d’Yves plus agréables.

Après la seconde représentation triomphale, nous avons passé, Yves et moi, une soirée merveilleuse en compagnie de Marlène au bar de l’hôtel Algonquin. Chère Marlène, toujours aussi infatigable, aussi prodigieuse! A 4 heures du matin, lorsque nous avons évoqué les souvenirs des uns et des autres, je lui ai rappelé ces instants inoubliables pour moi : l’hôtel Trianon, Versailles, la rue Jenner…

« — Oh! so you were the funny little boy… You were about twenty years (j’en avais vingt-quatre!) and my little dog didn’t like you (oh, non alors!). Really I called you back because I wanted to help you out. And didn’t I pro­mise it to you? »

Marlène a un coeur d’or et de la suite dans les idées. A cela s’ajoute une énergie et une mémoire fabuleuses". (Extrait du livre et du coffret « Mes 50 ans de chansons françaises »)



Du 8 novembre 2017 au 25 février 2018
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Tél. : 01 44 78 75 00
Du mercredi au dimanche de 11 h à 20 h

Visuels :
François Gragnon
Marlene Dietrich, Théâtre de l’Étoile, 1959
© François Gragnon / Paris Match / La Galerie de l’Instant

Willy Rizzo
Marlene Dietrich, Monte Carlo, 1956
© Willy Rizzo

Eugene Richee
Morocco, 1930, film dirigé par Josef von Sternberg
© DILTZ/Bridgeman Images

Ray Jones
Marlene Dietrich, Pittsburgh, 1942
© Everett Collection/Bridgeman Images

Don English
Blonde Venus, 1932, film dirigé par Josef
von Sternberg
© Bridgeman Images

Eugene Richee
Marlene Dietrich, vers 1932
© Everett Collection/Bridgeman Images

Eugene Richee
Marlene Dietrich
© Bridgeman Images

George Hurrell
Marlene Dietrich, vers 1935-1936
© Bridgeman Images


L'Ange bleu (Der blaue Engel), de Josef von Sternberg
Allemagne, UFA, 1930
Auteur : Heinrich Mann
Image : Günther Rittau, Hans Schneeberger
Montage : Sam Winston
Musique : Friedrich Hollaender
Producteur/-trice : Erich Pommer
Scénario : Robert Liebmann, Carl Zuckmayer, Karl G. Vollmoeller
Avec Emil Jannings, Marlene Dietrich, Kurt Gerron, Rosa Valetti, Hans Albers, Reinhold Bernt, Eduard von Winterstein, Hans Roth
Sur Arte le 11 décembre 2017 à 22 h 25
Visuels 
Dans les années 1920, la déchéance d'un austère professeur pris dans le tourbillon de la passion. Le grand film qui a révélé Marlène Dietrich.
© Friedrich-W.-Murnau-Stiftung

L'Impératrice rouge, de Josef von Sternberg
Paramount Pictures, Josef von Sternberg, 1934, 104 min
Auteur : Katharina II
Image : Bert Glennon
Montage : Josef von Sternberg, Sam Winston
Musique : John Leipold, W. Franke Harling
Scénario : Manuel Komroff
Avec Marlene Dietrich, John Lodge, Sam Jaffe, Louise Dresser, C. Aubrey Smith, Gerald Fielding, Gavin Gordon
© 1992 Universal City Studios
© 1981 Universal City Studios, Inc.
Sur Arte le 25 juillet 2016 à 23 h 40

« Martin Roumagnac » de Georges Lacombe
France, 1946, 1 h 44
Auteur : Pierre-René Wolf
Scénario : Pierre Véry, Georges Lacombe
Production : Alcina
Producteur : Paul-Edmond Decharme
Image : Roger Hubert
Montage : Germaine Artus
Musique : Giovanni Fusco, Marcel Mirouze
Avec Jean Gabin (Martin Roumagnac), Marlene Dietrich (Blanche Ferrand), Margo Lion (Jeanne Roumagnac, la sœur de Martin), Jean d'Yd (l’oncle de Blanche), Daniel Gélin (surveillant de collège, amoureux de Blanche), Jean Darcante (l'avocat), Marcel Pérès (Paulo, le chef de chantier), Camille Guérini (Mr Gardin, le facteur), Henri Poupon (Mr Gargame, le promoteur), Lucien Nat (Mr Rimbaut, l'adjoint au maire), Paul Amiot (le président du tribunal), Marcelle Hainia (Mme Percheron, la pompiste), Jean Heuzé (le procureur du tribunal), Charles Lemontier (Mr Bonnemain), Georges Bever (un joueur de belote), Paul Faivre (l'acheteur du magasin de Blanche), Julien Maffre (un ouvrier), Marcel Herrand (M. de Laubry, le consul)
Sur Arte les 27 juin 2022 à 20 h 55 et 11 juillet 2022 à 13 h 35
Sur arte.tv du 27/06/2022 au 26/07/2022

La Scandaleuse de Berlinpar Billy Wilder
Paramount Pictures, 1948, 112 min
Auteur : David Shaw
Image : Charles B. Lang Jr.
Montage : Doane Harrison
Musique : Friedrich Hollaender
Producteur/-trice : Charles Brackett
Scénario : Billy Wilder, Charles Brackett, Richard L. Breen, Robert Harari
Avec Jean Arthur, Marlene Dietrich, John Lund, Millard Mitchell, Peter von Zerneck, Stanley Prager
Sur Arte le 19 février 2017 à 22 h 50


RBB, Allemagne, 2017, 27 min

Avec Wolfgang Joop 
Sur Arte les 7 mai 2017 à 11 h 10 et 1er octobre 2017 à 11 h 20

Dessin d'une robe florale lumineuse pour Marlène. Conception: Jean Louis
© Marlene DietrichCollection/Deutsche Kinemathek

Dans les archives de la Marlène Dietrich Collection : carte promotionnelle pour le spectacle de Marlène Dietrich au Sahara Hôtel de Las Vegas
© Felix Oehler

Gros plan avec des fleurs vives : c'est la version de la créatrice Anja Dragan de la robe, que Marlene Dietrich voulait mais n'a jamais eue
La créatrice Anja Dragan avec la couturière Rabea Böckenfeld travaillent sur la version de la robe de Marlène Dietrich
© Sabine Carbon-CO2FILM

« Marlene Dietrich, création d’un mythe ». Ed. Paris Musées, 2003

Visuels
© NARA (National Archives & Records Administration, Washington)

Articles sur ce blog concernant :
Cet article avait été publié par Actualité juive, et sur ce blog le :
- 22 janvier 2013 à l'approche de la rediffusion de Témoin à charge (Witness of the Prosecution), de Billy Wilder (1957), avec Marlene Dietrich, Tyrone Power et Charles Laughton, sur Arte, le 23 janvier 2013 à 13 h 55 ;
- 6 septembre 2014, 1er février et 27 décembre  2015, 8 mai et 26 juillet 2016, 19 février, 7 mai, 29 septembre et 11 décembre 2017, 21 février 2018. 

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