Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

dimanche 28 janvier 2024

« Willem - Rire du pire »

La Bibliothèque municipale de Lyon (BmL) propose l’exposition rétrospective « Willem - Rire du pire », dotée d'un mini-site. Né en 1941 aux Pays-Bas, Willem crée en 1966 God, Nederland & Oranje (Dieu, les Pays-Bas et le royaume d'Orange), journal satirique visé par une saisie consécutive à la publication d’un dessin provocateur. Emigré en France en 1968, il débute sa collaboration avec des magazines tels L’Enragé, l’Hebdo-Hara-Kiri devenu Charlie Hebdo, Siné mensuel, et le quotidien Libération. Il a aussi dirigé Surprise (1976). En 2013, il a reçu le Grand Prix de la ville d'Angoulême. Willem véhicule dans certains dessins des stéréotypes antisémites et a prôné le boycott d'Israël à l'Eurovision 2019.

De la caricature à l’affiche 1850-1918
Le XXe siècle en quatre-vingts dessins de presse
TIM 
« Three With A Pen: Lily Renée, Bil Spira, And Paul Peter Porges »
« La Bibliothèque municipale de Lyon propose une importante exposition rétrospective de Willem, figure majeure du dessin satirique des 50 dernières années. Découvrir son travail permet de célébrer un artiste complet, de saisir la force et l’impact de la satire visuelle en France depuis la fin des années 1960. Cette œuvre immense, largement reconnue, convoque également une mémoire de la production graphique contemporaine, des marges à l’« underground ». Cette génération d’artistes à laquelle Willem appartient, inspire encore aujourd’hui de nombreux dessinateurs. » 

« L’exposition célèbre un créateur hors-norme à l’œuvre prolifique, protéiforme et radicale. Elle présente plus de 200 dessins originaux de l’artiste issus du fonds de la BnF qui en contient quelque 20.000, tous conservés au Département des estampes et de la photographie. En 2016, la BNF faisait l’acquisition des archives de Willem, patiemment réunies et inventoriées avec le concours de son ami, l’éditeur Jean-Pierre Faur. Le fonds s’élevait alors à 20 000 dessins, planches de BD, lettres, portraits et autres travaux graphiques. » 

« La Bibliothèque municipale de Lyon a également sélectionné dans ses collections un certain nombre de documents éclairant la pratique et l’œuvre d’un artiste infatigable qui a su se renouveler durant toute sa carrière. » 

« Exposer Willem c’est : 
- Célébrer un artiste inclassable aux talents multiples : dessin de presse, bande dessinée, carnets de voyage, graphisme, typo, affiches, récits ou encore critiques d’art. - et un style. Dernier survivant des dessinateurs historiques de Charlie Hebdo et de Hara-Kiri, Willem appartient au genre de dessin de presse dit d’attaque et demeure l’un des dessinateurs les plus mordants de notre époque, infatigable et curieux de tout Saisir l’impact culturel d’une oeuvre, la force de la satire en France dans les années 70 ainsi que l’héritage de cette période extrêmement féconde. Derrière ce visage discret, se loge la mémoire d’un large pan de la création graphique underground contemporaine ; la revue de presse de Willem est une référence pour de nombreux amateurs et dessinateurs. 
- Défendre les dessinateurs de presse et la liberté d’expression, autrement dit sensibiliser le public au rôle des dessinateurs de presse dans les médias et à la liberté d’expression. Les dessins de Willem ont provoqué parfois le scandale et son oeuvre donne à réfléchir plus largement sur la nécessité d’informer, de créer, mais aussi sur la place de l’humour et du rire dans nos sociétés. Autant de thématiques et d’interrogations qui coïncident » avec les missions dévolues aux bibliothèques de lecture publique. 
- Appréhender le dessin de presse afin d’éveiller son esprit critique et se faire son propre jugement. En raison de la raréfaction du dessin de presse du paysage médiatique, il importe de rappeler ses codes et ses messages pour éviter notamment les mauvaises interprétations. Cette démarche est dans la continuité des actions menées depuis 2015 par la Bibliothèque dans le cadre de son programme EMI pour tous les publics (La Fabrique de l’Info, parcours scolaires EMI). » 
- Comprendre un contexte historique, politique, social : l’oeuvre de Willem parcourt presqu’un siècle d’évènements internationaux, politiques, sociaux et exprime les travers et les horreurs du monde avec une férocité jamais démentie. Willem, à nul autre pareil, est l’un des plus fins observateurs du théâtre humain et de son absurdité ». 
- Rire, et peut-être même du pire. Willem, c’est une garantie d’étonnement, de grincement de dents, voire de fascination. Cette exposition souhaite ainsi montrer au public que si l’on s’interdit de se moquer des choses les plus tristes ou les plus graves, le champ de l’humour devient impraticable. Or, qu’est-ce qu’une société sans humour. »

Le dessin "Dégueulasse 2007-2012" caricature Bill Clinton, le pape et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ainsi que son épouse Sarah, dessine Jésus, mais épargne les dirigeants de l'Iran et du Qatar, financeurs du terrorisme islamiste, de l'Autorité palestinienne et du Hamas...

« Cette exposition est le fruit d’une coopération de la Bibliothèque municipale de Lyon avec la Bibliothèque nationale de France et l’association lyonnaise Ça presse, organisatrice des Rencontres internationales du dessin de presse. » 

« Appartenant au réseau des bibliothèques municipales classées, la BmL conserve de riches collections – manuscrits, imprimés, estampes, vinyles… – dont un fonds patrimonial de bandes dessinées. Elle les valorise à travers des expositions régulières comme en 2017 avec « Vlan ! 77 ans de bandes dessinées à Lyon et en région ». L’exposition « Willem : Rire du pire » s’inscrit également dans la continuité des actions menées depuis 2015 par la Bibliothèque pour former le citoyen à une utilisation critique et éthique des médias et de l’information (programme culturel La Fabrique de l’Info, parcours scolaires d’éducation aux médias et à l’information. »

Le commissariat est assuré par Alexandre Devaux, né en 1977, historien de l'art de formation, François Forcadell, amateur hors-d’âge de dessins de presse et d’humour, et à la BmL Anne-Cécile Hyvernat, Département Société, assistée de Myriam Chouiref, stagiaire, et Anthony Botteron, Bande dessinée adulte au Département Littérature Delphine Guedra Service de l’Action culturelle et des grandes expositions.

Ancien « rédacteur en chef du site artnet.fr, commissaire de plusieurs expositions en France, en Autriche et en Pologne, auteur de textes et d'entretiens pour différents livres et revues artistiques, le plus souvent liés au dessin », Alexandre Devaux est « depuis un an chargé de collection des dessins de presse à la Bibliothèque nationale de France ». 

François Forcadell est « directeur de collections avec plus de 120 livres édités, co-fondateur de l’hebdomadaire satirique La Grosse Bertha et du web journal Urtikan.net en 2011. En 1986, il crée et anime l’association Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours. Depuis 2006 il est rédacteur du blog Fait d’images sur l’image dessinée dans l’actualité. Il accompagne le développement de l’association Ça Presse depuis sa création. »

Ni des partenaires célèbres ni les commissaires n'ont évoqué les clichés antisémites de certains dessins de Willem ou son appel au boycott d'Israël à l'Eurovision 2019.

Libération a publié des dessins de Willem véhiculant les stéréotypes antijuifs. Trois exemples.

Le dessin de "Sharon en crucificateur d’Arafat. Signé Willem et paru dans Libération le 26 décembre 2001. "J'ai sous les yeux le dessin de Willem du 26 décembre. Pour ceux des lecteurs de Libé qui l'aurait manqué, le voici grossièrement résumé, sans la puissance évocatrice du coup de crayon du talentueux caricaturiste : sous le titre « Pas de Noël pour Arafat », un Sharon muni d'un marteau et la bouche pleine de clous se tient devant une grande croix dressée sur fond de chars d'assaut. Qu'à cela ne tienne, songe-t-il, « pour Pâques il est le bienvenu »", a écrit Elie Barnavi (Mais la croix, messieurs, la croix... Antisémitisme? Eh oui, chers PhilistinsLibération, 29 décembre 2001).

Et cet historien israélien de poursuivre
"Pâques, c'est la passion du Christ. Et, de la même manière que les ancêtres de Sharon ont, jadis en Judée (mais n'était-ce déjà la Palestine ?), crucifié Jésus, le Premier ministre d'Israël crucifiera Arafat, ce nouveau Christ.
J'entends d'ici le chœur des hypocrites: quoi, encore, on n'a plus le droit de critiquer Israël, comment, chaque fois qu'on n'est pas d'accord avec le gouvernement d'Israël on nous sort l'argument éculé de l'antisémitisme ?! Eh oui, chers Philistins, encore et toujours, vous avez parfaitement le droit de critiquer Sharon, et tous ses ministres, et moi par-dessus le marché. Vous pouvez penser ce que vous voulez de la décision d'empêcher Arafat, le bon apôtre, de se rendre à Bethléem, le dire, l'écrire et le crier sur tous les tons. On ne s'en est d'ailleurs pas privé en Israël, jusque sur les bancs du gouvernement. Mais la croix, Messieurs, la croix...
En août 1974, les forces de sécurité israéliennes avaient arrêté à un passage frontalier Mgr Hilarion Capucci, un dignitaire grec catholique, dont la voiture contenait un véritable arsenal. Je ne sais plus quelle feuille de choux chrétienne libanaise a illustré l'événement d'une caricature où l'on voyait le malheureux prélat tiré par deux soldats israéliens. « Qu'en fait-on ? », demandait l'un. Et l'autre de : « Comme d'habitude, on le crucifie. » Merci à Willem de m'avoir rappelé ce bon souvenir".
"Les mots prêtés par Willem à Ariel Sharon sont sans ambiguïté, reprenant les pires accusations antijuives de l’Eglise qui ont occasionné des milliers de victimes juives dans l’Europe médiévale. La doctrine du « peuple déicide », à laquelle l’Eglise catholique a renoncé lors du concile de Vatican II en 1965, faisait des Juifs les responsables de la Passion du Christ. Elle a été pendant des siècles un des fondements de l’antisémitisme chrétien. Plus antisémite, tu meurs… Difficile, après cela, et au vu de la succession rapide de publications controversées sur Israël dans le quotidien, de voir le nouveau dessin de Willem comme la critique innocente d’une politique et de ne pas se demander ce que cherche vraiment Libération en jouant avec de tels stéréotypes", a analysé InfoEquitable.

"Que penser d’un dessinateur comme Willem, qui revient régulièrement sur la thématique antisémite du Juif sanguinaire et du Juif assassin, dans les colonnes du quotidien français à grand tirage Libération ?... Le caricaturiste Willem y montre la colombe de la paix tenue dans les crocs d’un molosse au visage de Donald Trump, pour la plus grande joie de son maître… Benyamin Netanyahu. En arrière-plan, on aperçoit les victimes de cette scène, dont tout le monde comprend bien qu’il s’agit des Palestiniens. Ces derniers expriment leur mécontentement à leur manière… en lançant des pierres." (Pierre Lurçat, 9 août 2018)

Et Pierre Lurçat analyse :
"La relation chien-maître renvoie à un thème bien connu de l’antisémitisme : le Juif maléfique et maître du monde, surpuissant, qui tire les ficelles et manipule tout. Accusation suprême, il détruit la paix (comme si le terrorisme palestinien et les lointains lanceurs de pierres du dessin n’y avaient aucune responsabilité…).
Représenter Netanyahu et Trump ligués contre le reste du monde renvoie même directement au  « complot américano-sioniste », qui n’est que la version modernisée du « complot juif mondial » popularisé par les Protocoles des Sages de Sion. Le philosophe et historien Pierre-André Taguieff a mené une étude approfondie de ce phénomène".
En 2018, le collectif Vigilance a fustigé un autre dessin de Willem : « On voit un homme censé représenter un citoyen israélien lambda mais vêtu d’une manière juive orthodoxe, celui-ci dit à une dame portant dans sa main gauche un cadavre le tenant par les pieds tête en bas : « Pensez à bien trier ». L’image nous montre sur le devant deux poubelles l’une portant les mentions « Druzes » et l’autre « Palestiniens ».Ce dessin est censé évoquer la loi sur « l’état Nation juive ». Il est plus que regrettable de voir le journal « Libération » qui n’a jamais été tendre avec Israël, se rende complice de cette haine anti juive, qui participe à l’incitation d’une haine raciale, et à la discrimination anti juive". Le 9 août 2018, le journaliste Clément Weill-Raynal a commenté sur Twitter un dessin de Willem : "Tous les poncifs de l'antisémitisme ranci dans ce dessin de Willem publié par Libé. Le juif orthodoxe (ce n'est pas un soldat, pourtant) rendu coupable de la mort des enfants palestiniens. Remise au goût du jour de la bonne vielle accusation de crime rituel". 

Le 10 mai 2019, sur le blog des Invités de Mediapart, était publiée la pétition "Nous, artistes français, dénonçons l'Eurovision 2019 en Israël". "Plus de 100 artistes français, dont les dessinateurs Willem et Tardi, Imhotep du groupe IAM, le cinéaste Alain Guiraudie, l'artiste lyrique Marie Soubestre ou encore l'artiste plasticien Ernest Pignon Ernest, annoncent qu'ils « n’iront pas à Tel Aviv blanchir le système de discriminations légales et d’exclusion qui y sévit contre les Palestiniens, et (appellent) France Télévisions et la délégation française à ne pas servir de caution au régime» israélien". Parmi les signataires : Yvan Dautin, chanteur, Annie Ernaux, écrivaine, Eric Hazan, écrivain, Nicolas Klotz, cinéaste, lli Medeiros, chanteuse, Eyal Sivan, cinéaste ; Francesca Solleville, chanteuse, et Willis From Tunis, dessinatrice. 

Ces quelques faits n'auraient-ils pas mérité d'être évoqués dans cette exposition ?

« Rencontres, conférences, ateliers, projections, spectacle... Autour de l'exposition, une programmation riche d’une vingtaine de rendez-vous autour de l’oeuvre de Willem, du dessin de presse, de la satire et du rire ! »

« La colère froide de Bernhard Willem Holtrop 
Projection / Rencontre en présence de Willem Samedi 14 octobre, projection de 16h à 18h précédée d’une séance de vente et de dédicaces 
Dessinateur reconnu, graphiste de génie, Willem n’est pour autant pas très connu du grand public. Alors, qui est cet hollandais venu en France en 68, de quoi s’inspire-t-il, qu’est ce qui l’anime ? Bibliothèque de la Part-Dieu »

TABLES RONDES ET CONFÉRENCES 
« Explorer l’âge d’or et de la caricature et du dessin de presse 
Conférence Mardi 17 octobre, de 18h30 à 20h Bibliothèque de la Part-Dieu 
L’héritage de Willem dans la presse d’aujourd’hui 
Organisé en partenariat avec l’association Ça presse Table ronde Vendredi 20 octobre, de 18h30 à 20h Bibliothèque de la Part-Dieu 
On peut rire de tout 
Lectures de textes humoristiques Mercredi 25 octobre de 18h à 19h Bibliothèque Part-Dieu, Salle de conférence 
Publier Willem : une singularité éditoriale ? 
Table ronde Jeudi 16 novembre, de 18h30 à 20h Bibliothèque de la Part-Dieu 
Collecter, conserver, valoriser le dessin de presse 
Table ronde Organisé en partenariat avec l’ENSSIB Jeudi 11 janvier de 10h30 à 12h30 ENSSIB 
Le dessin de presse au-delà de nos frontières 
Conférence Organisé en partenariat avec Hôtel 71 Jeudi 18 janvier de 12h30 à 13h30 Bibliothèque de la Part-Dieu Jeudi 18 janvier de 18h30 à 19h30 Hôtel 71 
L’humour, une affaire politique 
Table ronde Samedi 20 janvier de 15h à 17h Bibliothèque de la Part-Dieu 
Quand le faible se rit du fort 
Conférence Mardi 23 janvier de 18h30 à 20h Bibliothèque de la Part-Dieu 
La satire au service de la démocratie ? 
Conférence Jeudi 1er février de 18h30 à 20h Bibliothèque de la Part-Dieu 

Inauguration de l’exposition vendredi 13 octobre 2023 dès 18h30 
La Sélection de Willem 
Parmi les 100 000 vinyles conservés par la Bibliothèque de Lyon, Willem et son épouse Medi dénichent une quinzaine de titres diffusés et commentés sur Radio Nova. Dimanche 1er octobre de 21 à 22h - Radio Nova »

ATELIERS 
« Une actu, un dessin ! 
vendredi 27 octobre de 16h30 à 18h30 Bibliothèque Part-Dieu 
Le dessin de presse au prisme des émotions 
samedi 4 novembre de 15h30 à 17h30 Bibliothèque Part-Dieu 
Charger le trait, l'art de la caricature ! 
Atelier Wikipedia jeudi 16 novembre de 14h30 à 20h30 Bibliothèque du 3e Lacassagne 
L’image plus forte que les mots ? 
mercredi 22 novembre de 14h15 à 16h15 Bibliothèque Part-Dieu 
Crée ta carte de vœux en style "Willem" ! 
samedi 2 décembre de 15h30 à 16h30 Bibliothèque Part-Dieu 
Lecture d'images d'hier à aujourd'hui : au-delà des apparences 
vendredi 5 janvier de 15h à 16h30 Bibliothèque Part-Dieu 
La typographie de Willem 
samedi 13 janvier de 15h à 17h Médiathèque de Vaise - À partir de 12 ans 
Devenez auteur BD Atelier avec l'application BDnF et les images de numelyo, la bibliothèque numérique 
Samedi 20 janvier de 10h à 12h Médiathèque du Bachut 
Les jeux et plaisirs de l'enfance 
vendredi 1er décembre et 26 janvier de 13h à 13h30 Bibliothèque Part-Dieu 
A la charge ! L'âge d'or de la presse satirique lyonnaise 
mercredi 10 janvier de 14h30 à 17h Bibliothèque Part-Dieu »

PARCOURS DE L’EXPOSITION

« Artiste à part entière, Willem est un satiriste radical doublé d’un graphiste virtuose. « Largement reconnue, son oeuvre est parcourue de toutes parts par un humour corrosif et salutaire : en osant rire du pire, Willem s’inscrit ainsi dans la tradition des grands caricaturistes. » 

« La sélection présentée ici donne ainsi l’occasion de montrer au public toutes les facettes de Willem, dessinateur infatigable et curieux de tout : dessins de presse, illustrations, planches de bandes dessinées, affiches, carnets de voyage, reportages dessinés, graphisme, critiques d’art, sans oublier ses dessins les plus clivants, rappelant s’il était besoin que Willem demeure un artiste résolument libre et provocateur. »

« Willem, c’est le réel, l’actualité avec sa gravité, ses despotes, ses curés, ses barbus, ses pollueurs, ses cons et j’en passe. L’humour de Willem transcende toute cette merde et vous la jette à la gueule pour que vous sentiez comme ça pue. Alors vous riez. » Coco, Libération, 2021 

REGARD SUR L’ACTUALITÉ DU MONDE 
« Caricaturiste talentueux, Willem est un fin analyste de la vie politique française et internationale. Redoutable polémiste, il n’épargne personne, à droite comme à gauche, et dénonce sans aucune complaisance les combines et autres dérives du monde politique. Portant un regard en continu sur plus de 50 ans de politique française et internationale, son travail est ainsi celui d’un éditorialiste féroce porté par la puissance et l’efficacité de son trait. »
Le pire est derrière nous 
« Né pendant le confit mondial de 1939-1945, l’enfance de Willem a été marquée à jamais par les images de guerre. De la dénonciation du nazisme à l’invasion de l’Ukraine, en passant par les guerres coloniales, la guerre du Golfe ou la Syrie, ce sujet restera tout au long de sa carrière un motif d’indignation. À propos des images de son album 30/40 (Futuropolis) il écrit : « Des fois elles arrivent à nous faire comprendre pourquoi il n’y a pas eu un jour de paix depuis la fn de la guerre.» 
Partout 
« New-York, Moscou, Pékin, le Burkina Faso, Barcelone, Ouagadougou, la Baltique, la Finlande, Riga, Belfast, Rome, Tallinn, Willem a parcouru le monde avec son carnet de dessins à la main. Les reportages de ses périples, souvent en solitaire, ont été publiés dans Libération, Zéro, Rigolo, Zoulou, Charlie Hebdo, et ont été réunis dans les albums Ailleurs, Partout, Avignon, publiés par les éditions Cornélius. »

« L’ARTISTE AU TRAVAIL » 
Retouches 
« Graphiste hors-pair, Willem est un amoureux du trait et de la mise en page. Les typographies originales qui accompagnent ses pages, ses chroniques, ou les couvertures de ses livres, sont indissociables de son oeuvre dessinée. » 
Plaisir d’esthète 
« La curiosité et l’intérêt pour le travail des autres est une des autres qualités de Willem. Expositions, livres, fanzines, il aime partager ses découvertes et coups de cœur dans ses chroniques Images, Revue de presse, Autre chose. Une anthologie de celles-ci, Le Bon, le Vrai, le Beau, est à paraître, en trois imposants volumes, aux éditions Jean-Pierre Faur. » 
« Pourquoi Willem est-il le meilleur ? Il y a plusieurs raisons à ça, l’une d’elles étant que Willem est d’abord un graphiste. Willem voit les choses en signes et en symboles. Comme pour la mise en page de ses bandes dessinées, l’idée de son dessin d’actualité fait corps avec sa réalisation ». Jean-Christophe Menu, Libération, 2021 

LE BÉDÉISTE 
Traquenards & Mélodrames 
« Willem est un auteur prolifique de bandes dessinées. S’il s’intéresse à l’actualité il est également le créateur de nombre de héros (Dick Talon, Gaston, Fred Fallo, Barnstein, Capitaine Capote, Claire l’infirmière, Tom Blanc), et dont on a pu lire les aventures dans Hara-Kiri, Charlie Hebdo, L’Écho des Savanes. En 2013, le festival de la BD d’Angoulême lui a décerné son Grand prix. » 
« Ce n’est pas de la bande dessinée narrative au premier degré où on raconte une histoire. Il y a plusieurs niveaux de lecture, comme pour ses dessins. Il n’est pas un auteur de bande dessinée classique, il n’est pas un autodidacte, il a étudié les beaux-arts et connaît l’histoire de l’art entièrement. Il a un grand passé de militant, ayant été chef de file du mouvement Provo aux Pays-Bas. Cette double culture artistique et politique fait que sa bande dessinée est particulière. » Jean-Pierre Faur, éditeur et libraire 

EN TOUTE LIBERTÉ 
Libido-Bizarro 
« En 1969, Willem envoie à Medi, sa future femme, son livre Forty Dirty Drawings. Sur la couverture rose vif, figure un bouquet de sept phallus enrubanné. »
« Elle écrira plus tard : « En l’ouvrant, j’étais stupéfaite, amusée, enchantée, je n’avais jamais vu pareils dessins. Cochons certains mais drôles, légers et surtout intelligents. » 

« La meilleure plaisanterie est une plaisanterie inconvenante » Willem, 2014 

7 janvier 2015 
« Parce qu’il n’assiste pas régulièrement aux conférences de rédaction de Charlie Hebdo, Willem ne comptera pas parmi les victimes de l’attaque sanglante contre le journal le 7 janvier 2015 qui fera 13 victimes. Pudique, il s’exprimera peu sur cet événement mais publiera de nombreux dessins sur la difficulté désormais dessiner librement sous la contrainte. » 

« Mon téléphone a sonné. On m’a dit : « Tu sais qu’il y a des problèmes à Charlie Hebdo ? » J’ai répondu : « Il y a toujours des problèmes à Charlie ! » Puis on m’a annoncé qu’il y avait deux morts, dix morts... Le soir même, à Libé, il a fallu que je dessine sur le sujet. Ça a été vite fait. Un type avec une kalachnikov et un dessinateur, probablement. » Willem, Télérama, 2021 

L’AVENTURE HARA KIRI 
« Lors de ses premiers séjours à Paris, il découvre avec fascination la revue Bizarre, les journaux Hara-Kiri et Siné-Massacre. Il s’y installe en 1968, collabore au journal L’Enragé et intègre la bande des dessinateurs du journal Hara-Kiri. »

« Tout en continuant à publier à un rythme soutenu dans la presse hollandaise, Willem participe activement aux activités éditoriales d’Hara-Kiri, qui crée en 1969 son supplément hebdomadaire, Hara-Kiri Hebdo, ainsi qu’un mensuel de bande dessinée, Charlie. En 1970, pour contourner une interdiction de paraître, Hara-Kiri Hebdo devient Charlie Hebdo. »

« Dans ces différents journaux, Willem déploie l’étendue de son talent de dessinateur satiriste par le dessin d’humour, le dessin politique et la bande dessinée, et s’y fait le relais d’une culture graphique internationale, en partie assimilable à l’underground. »

« La « Revue de presse » de Willem, reflet de ses goûts et de sa curiosité, est aussi un témoin historique de premier ordre pour ce qui concerne l’édition graphique indépendante. »

« Entré à Libération en 1981, Willem en devient le principal dessinateur, celui des Unes notamment, jusqu’en 2021. En osant rire du pire, avec clairvoyance et non sans délicatesse, Willem, éditorialiste hors pair, s’inscrit dans la grande tradition des génies de la satire graphique. »

« Charlie Hebdo et Libération sont les plus importantes collaborations de Willem, mais il a également dessiné pour Le Fou parle, L’Humanité, Passages, Télérama, L’Écho des savanes, Politis, Phosphore. »

« PREMIERS PAS D’UN CONTESTATAIRE » 

« Je commence à 7 heures. Je regarde la télé, je reçois les journaux, et je travaille en écoutant France Info. Depuis quinze ans, je faxe ma chose vers midi-1 heure, et je passe à autre chose, je me promène, j’écoute de la musique, du rhythm and blues, du jazz. » 
Willem, Le Monde, 2008 

« Humaniste à l'ancienne, vétéran provo (bousculé par la justice batave pour avoir « lancé un peu des cailloux aux cars de police et à Beatrix pendant son mariage » ou croqué la reine Juliana en pute), saboteur en chaussons, ce graphiste politologue chartiste inclassable, dandy scatophile, étranger à toute mondanité, monomaniaque du trait sans règle, ne vivant que pour et par le dessin, doit la vie à la bande du Square de la grande époque Choron (Hara-Kiri, Charlie), et à Libération, qui lui a donné sa deuxième vie vers 1981. » Libération, 3 février 2013

« Willem, né Bernhard Willem Holtrop à Ermelo, au Pays-Bas en 1941, a commencé par se forger une culture visuelle dans la bibliothèque de son père, médecin et résistant, rescapé de justesse d’un camp d’internement à la fin de la guerre. Les livres d’anatomie et leurs gravures de corps épluchés, une Bible illustrée ancienne et ses images sensationnelles de crudité lui font ainsi forte impression. »

« Étudiant à l’école des Beaux-arts d’Arnhem, puis de Bois-le-Duc, le jeune dessinateur se rend en 1965 à Amsterdam où il se lie au Provo, un mouvement politique et artistique contestataire proche du Groupe Hollandais et Expérimental (Appel, Constant, Corneille) et de CoBrA (Jorn, Nieuwenhuys). »

« Ses premiers dessins publiés par le journal De Nieuwe Linie lui permettent de commencer à gagner sa vie et de financer God, Nederland & Oranje, une petite publication antimonarchiste, anticléricale, libertaire et humoristique. Il y fait paraître ses dessins, ceux de ses amis hollandais ou de dessinateurs qu’il admire, comme Topor. La revue est saisie au dixième numéro après la publication d’un dessin de Willem représentant la reine des Pays-Bas, Juliana, en prostituée. »

ENTRETIEN AVEC WILLEM 
Propos recueillis par leparatonnerre.fr, le 9 mai 2022 

« Avec le journal satirique God, Nederland & Oranje en 1966, vous choisissez la provocation. La sexualité est déjà un de vos sujets. Les autorités néerlandaises vous surveillent et vous contrôlent après notamment le dessin de la reine Juliana en prostituée. Dès le départ, pour vous, le dessin c’est de l’humour ou de la provocation ? 
Bien sûr. Même si au départ, je voulais dessiner des petites blagues pour me faire de l’argent de poche. Même pendant mon service militaire aux Pays-Bas, j’envoyais mes dessins aux journaux. Cependant, tous ont pratiquement été refusés.

Pour quelles raisons vous quittez les Pays-Bas pour la France ? 
J’avais l’habitude de faire beaucoup d’auto-stops dans toute l’Europe. Au fol de mes voyages et en tant que dessinateur, je me suis mis à rencontrer plein de monde. En France, je connaissais des personnalités comme Siné ou Roland Topor. Je m’étais également lié d’amitié avec les types des journaux satiriques Hara Kiri et L’Enragé. Je montrais mes dessins mais ce n’était jamais bon pour eux (rires). Puis en 1968, j’ai cherché une chambre de bonne à Paris et j’ai finalement été engagé par L’Enragé

Avec Hara-Kiri, vous avez trouvé la pire des familles ? 
Je n’ai jamais connu de censure avec l’équipe. Au contraire, ce n’était jamais assez provocant (rires). J’ai toujours eu carte blanche. 

Le conservatisme et la censure étaient-ils les mêmes aux Pays-Bas que dans la France de De Gaulle ? 
À l’époque, les Néerlandais n’avaient pas l’habitude de voir des dessins provocants. En France, c’était finalement plus accepté. 

Vous avez également été rédacteur-en-chef de Charlie Mensuel. Cela vous a plu ? 
Ce fut une brève période mais j’avais la possibilité de donner la chance à des dessinateurs que j’aimais d’être publiés. 

En 1981, pour quelles raisons avez-vous décidé de travailler pour le journal Libération
Charlie Hebdo se vendait de moins en moins. Le journal s’est donc arrêté de paraître. On m’a alors proposé une rubrique chez Libé. Le quotidien était à l’époque plus à gauche que les socialistes.

Face à vous, il y a eu le caricaturiste Jacques Faizant au Figaro ou encore Plantu plus tard au Monde. Malgré les différences politiques, étiez-vous respectueux du travail de l’autre ? 
Même si je n’avais pas de respect pour Jacques Faizant, il n’y avait aucune rivalité entre nous. 

Depuis 60 ans, vous avez dessiné la vie politique française. Quelle a été la période la plus difficile pour un dessinateur selon vous ? 
Au départ car c’est très difficile de se faire connaître et de vivre avec ses dessins. Notre époque est très compliquée car il est difficile de cerner vraiment les politiques d’aujourd’hui [...]. L’actualité de ses dernières années est devenue peu à peu ennuyeuse. Soit c’était sur le Covid soit c’était sur Macron. J’ai alors décidé de prendre ma retraite de chez Libération. Je continue cependant chez Siné Mensuel. Avec la guerre en Ukraine, les choses sont différentes et je lis beaucoup plus l’actualité. 

Et l’époque la plus savoureuse pour vous ?
Mon temps chez Hara Kiri a été incroyable. Il y avait tellement de liberté. Cavanna était un soutien immense alors que le Professeur Choron nous poussait au crime (rires). 

Dessiner reste toujours aussi dangereux selon vous ? 
Dessiner est même devenu plus dangereux qu’écrire un texte car d’un simple coup d’œil, on le comprend tout de suite. Cependant, je n’ai jamais imaginé arrêter de dessiner. Même après l’attaque chez Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, où mes amis ont été tués. Je suis venu à Paris le jour même. Durant la nuit, des policiers ont frappé à ma porte. Ils me proposaient de me protéger. J’ai refusé. 

Vous avez pris votre retraite au journal Libération, la dessinatrice Coco vous a remplacé. Vous la lisez quotidiennement ? 
Elle fait du très bon boulot. Je n’ai pas besoin de lui prodiguer de conseils. » 


Du 12 octobre 2023 au 3 février 2024 
La galerie, Bibliothèque de La Part-Dieu, Lyon 3e
30 boulevard Vivier-Merle. Lyon 3e
Tél. : 04 78 62 18 00
Du mardi au samedi de 10h à 19h (samedi jusqu’à 18h) 
Accès : 
Porte Vivier Merle, face à la gare Part-Dieu 
Porte des Cuirassiers, côté centre commercial Westfeld la Part-Dieu 
Entrée libre et gratuite 
Visuels :
Portrait de Willem, 2023, François Forcadell.

Willem, La Lutte continue. "Décidément, le culte de la personnalité a pris un coup en Corée du Nord. A Pyongyang, 25 000 jeunes ont trouvé une façon originale pour critiquer sévèrement Kim Il Sung, le leader de la République populaire", 1985, Encre de Chine et encres de couleur, Bibliothèque nationale de France, Paris.

Willem, Je me suis installé dans ta tête pour t'aider à éviter de faire des bêtises, vers 2015, Encre de Chine, Bibliothèque nationale de France, Paris. 

Willem, Rien d'inquiétant Brigitte, c'est juste la fin de l'état de grâce, 2018, Feutre, Bibliothèque nationale de France, Paris.

Willem, Bonne année à tous les chômeurs ! [Jean-Pierre Raffarin], 2003, Journal, Bibliothèque nationale de France, Paris.

Willem, Dégueulasse 2007-2012, Date inconnue, Feutre, encre de Chine, photocopies et collage, Bibliothèque nationale de France, Paris.

La Haye : L'Amérique a gagné, 2000, Journal, 41 x 31,5 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris.

Willem, Souvenir d'Afrique Equatoriale Française [Engagez-vous], 2001, Linogravure, Bibliothèque nationale de France, Paris. 

Willem, [Le Dictionnaire analphabète : Homophobie, Précarité, Négationiste], 2014, Feutre, encre de chine et collage, Bibliothèque nationale de France, Paris.

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