Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

dimanche 29 octobre 2023

Tony Curtis (1925-2010)


Né aux Etats-Unis dans une famille juive pauvre d’origine hongroise, Tony Curtis  (1925-2010) débute à Hollywood après la fin de son engagement dans l’US Navy. Il excelle dans la comédie et le drame. Une star politiquement engagée pour le parti démocrate, dans le mouvement des droits civiques, et un philanthrope ayant financé la réhabilitation du patrimoine juif en Hongrie. "Arte diffusera le  1er novembre 2023 à 23 h 10 "Opération juppons" de Blake Edwards avec Cary Grant et Tony Curtis. 


« Yeux de braise, coiffure de rebelle et torse lisse, qu'il dénude volontiers : à l'aube des années 1950, à 24 ans, Tony Curtis, né Bernard Schwartz, fut l'un des premiers sex-symbols masculins d’Hollywood » auprès des adolescentes, et une star ayant excellé dans la comédie et le drame, au cinéma et à la télévision.

Témoignent de sa célébrité : la série Les Pierrafeu qui le croque en Stony Curtis (1965), son portrait en couverture du célèbre album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (1967) des Beatles, l'influence de sa coiffure rebelle sur Elvis Presley et James Dean…

Du Bronx à Hollywood
C’est une Rags-to-riches story comme les affectionnent les Américains.

Bernard Herschel Schwartz naît en juin 1925 dans une famille juive pauvre aux origines hongroise et slovaque. Son père Emanuel est tailleur. Bernie Schwartz grandit dans le Bronx, à New York.

« Quand j’étais enfant, ma mère me battait et était très agressive », se souvenait Tony Curtis. Sa mère et son frère Robert souffraient de schizophrénie. Son frère Julius décède âgé de neuf ans, fauché par un camion en 1938. C’est Bernie Schwartz, âgé de douze ans et parlant l’américain, qui est appelé à l’identifier à la morgue.

"Les Jeunesses allemandes défilaient, faisaient les salut nazi. Avec des copains, armés de préservatifs remplis de cadeaux précieux, et on attendu. On les a fait tourner dans les airs, et ils sont tombés sur ces nazillons", raconte Tony Curtis.

Sur les conseils d’un ami de la famille, il est envoyé dans un camp scout. Ce qui canalise son énergie, l’apaise et lui évite de tomber dans la délinquance.

Adolescent, Bernie Schwartz joue un petit rôle dans une pièce de théâtre dans le cadre scolaire.

Après l’attaque japonaise contre le port de Pearl Harbor, inspiré par les rôles interprétés par Cary Grant dans Destination Tokyo et Tyrone Power dans Crash Dive (1943), cet adolescent de 16 ans s’engage dans la Marine contre le Japon impérial, et sert dans un sous-marin envoyé dans le Pacifique. 

Le 2 septembre 1945, du pont du navire américain, il assiste à la capitulation japonaise.

Démobilisé, ce vétéran reprend ses études grâce au G.I. Bill. A la New School of Social Research de Greenwich Village, ce cinéphile enthousiaste suit des cours de comédie. Parmi les autres apprentis comédiens : Walter Matthau, Beatrice Arthur, et Rod Steiger. Tony Curtis doit se débarrasser de son accent du Bronx.

La talent agent et directrice de casting, Joyce Selznick repère ce jeune acteur séduisant et charmant.

Âgé de 23 ans, il arrive à Hollywood où il complète sa formation : cours d’escrime, d’équitation, de danse, etc. Il signe un contrat de sept ans avec la firme Universal et prend pour nom d’artiste Tony Curtis. Il fréquente des acteurs qui cherchent aussi à percer : Rock Hudson, Julie Adams et Piper Laurie. En 1948, il noue une relation amoureuse avec Marilyn Monroe dont il apprécie la gentille et la générosité, et dont il perçoit la fragilité. La starlette porte des cheveux auburn et des chemisiers transparents.

Criss Cross et City Across the River  (1949)… Il débute dans des swashbucklers (films de cape et d’épée), des westerns et des comédies légères.

A 24 ans, Tony Curtis devient un phénomène de société : ses fans adolescentes déchirent ses vêtements. Universal lui confie des premiers rôles avec Piper Laurie.

Dans une soirée de la RKO, il rencontre l'actrice Janet Leigh, plus connue que lui et sous contrat avec le prestigieux studio MGM. En 1951, malgré les menaces du studio, il épouse Janet Leigh, une des stars de la MGM, et a pour témoin Jerry Lewis. Le couple a deux filles : Jamie Lee Curtis, qui deviendra actrice, Kelly Curtis. Il tourne dans plusieurs films à succès : Houdini. Il pose avec Harry Belafonte en couverture du magazine le plus important des Afro-américains, Ebony

Lew Wasserman, agent de son épouse, insiste pour qu'Universal autorise Tony Curtis à tourner dans des films hors de ce studio.

Les années 1950 et 1960 voient l’apogée de sa carrière cinématographique.

Tony Curtis aborde des rôles de composition dans Trapèze, de Carol Reed (1957) avec Burt Lancaster et Gina Lollobrigida, puis Le grand chantage (Sweet Smell of Success) de Alexander Mackendrick (1957), avec Burt Lancaster.

Tony Curtis crée sa maison de production. Mais il connait un succès moindre que Kirk Douglas et Burt Lancaster, acteurs-producteurs.

"Les Vikings" 
Les Vikings (Die Wikinger) est un film dramatique d'aventures réalisé par Richard Fleischer. « Au temps des Vikings, deux frères ennemis, incarnés par Kirk Douglas et Tony Curtis, se disputent la même femme, la belle Janet Leigh... Signé Richard Fleischer, un grand classique du film d’aventures en Cinémascope ».

« Vers l’an 900, les Vikings envahissent l’Angleterre. Leur chef, Ragnar, tue Edwin, le roi de Northumbrie, et viole son épouse, la reine Enid. De cette barbarie naît un fils, Eric, envoyé dans un monastère pour le préserver de la colère d’Aella, le nouveau roi tyran. Celui-ci accuse son cousin Egbert de conspirer contre lui et le jette en prison. Parvenu à s’enfuir, Egbert rejoint Ragnar, qui lui présente Einar, son fils. Ce dernier est bientôt éborgné par le faucon d’Eric, devenu esclave des Vikings. Peu après, Einar enlève la fiancée d’Aella, la princesse Morgana, qui parvient à s’échapper avec la complicité d'Eric… »


« Mésestimé par la critique, oublié par le public, Richard Fleischer eut pourtant une longue carrière riche d’une cinquantaine de films, dont 20 000 lieues sous les mers et Soleil vert. Quand il se lance dans le tournage en Cinémascope des Vikings, il fait appel à Kirk Douglas, à la fois comme acteur et producteur, lui-même séduit par ce récit d’aventures tragique au motif simple et beau : deux frères ennemis qui se disputent la même femme ».

Le « temps aurait pu ternir l’éclat de cette fresque flamboyante aux somptueux décors naturels, il n’en est rien. Le souffle épique qui s’en dégage demeure intact ».

"La Chaîne"
La chaîne" (Flucht in Ketten ; The Defiant Ones) est un film réalisé par Stanley Kramer (1958), au scénario de Harold Jacob Smith d'après une histoire de Nedrick Young avec Tony Curtis, coproducteur, et Sidney Poitier. "Liés par une chaîne, deux détenus entament une périlleuse cavale... Avec Sidney Poitier et Tony Curtis, un vibrant plaidoyer contre le racisme doublé d'une audacieuse ode à la solidarité." 

"Lors d'un transfert de prisonniers dans le sud des États-Unis, John "Joker" Jackson et Noah Cullen profitent de l'accident de leur fourgon cellulaire pour s'échapper. Liés l'un à l'autre par une chaîne, les deux détenus – le premier est Blanc, le second, Noir – se vouent une aversion réciproque. Mais alors que le shérif Muller monte une battue pour les rattraper, Joker et Noah doivent apprendre à coopérer s'ils veulent échapper à leurs poursuivants et survivre. Remontant vers le nord, ils atteignent une bourgade où ils espèrent se libérer de l'acier qui les entrave. Mais les villageois, qui les reconnaissent, les capturent et les promettent à la corde…"


"Près de dix ans avant Devine qui vient dîner ?, Stanley Kramer (Le train sifflera trois fois, L'équipée sauvage, Procès de singe) offrait déjà à Sidney Poitier (La porte s'ouvre, Dans la chaleur de la nuit) un rôle mémorable de personnage en butte au racisme et à l'inique violence. Au-delà du vibrant plaidoyer contre la ségrégation raciale, toujours vive aux États-Unis, La chaîne met en scène l'indispensable apprentissage de l'entraide et de la compréhension mutuelle imposé par leur situation commune à ces deux évadés que tout sépare, excepté leur condition initiale d'employés de seconde zone : le Blanc, joué par Tony Curtis (Opération jupons, Le miroir se brisa), était rétribué au pourboire comme voiturier, tandis que le Noir trimait comme homme de ménage. Récompensée par de nombreux prix, leur tumultueuse cavale s’affirme aussi, et surtout, comme une généreuse leçon de solidarité à l’encontre des préjugés."

Tony Curtis insiste pour que le nom de Sidney Poitier soit placé en haut de l'affiche, au côté du sien. 

« Kramer croyait à la fraternité et à la solidarité... Un simple élément suffit à prouver le courage et la sincérité de Stanley Kramer. Le coscénariste Nathan E. Douglas n'existe pas. Derrière ce pseudonyme se cachait Nedrick Young, acteur et scénariste victime des persécutions maccarthystes, auquel Kramer permit ainsi de retravailler. » (André Moreau dans Le guide du cinéma chez soi édité par Télérama en 2002.)

En 1959, lors de la 31e cérémonie des Oscar, le film La Chaîne est sélectionné dans neuf catégories, dont celle de Meilleur acteur pour Tony Curtis et Sidney Poitier, et est distingué par deux Oscar pour la Meilleure photographie en noir et blanc (Sam Leavitt) et le Meilleur scénario original (Nedrick Young et Harold Jacob Smith). Sidney Poitier reçoit l'Ours d'argent du 9e Festival international du film de Berlin 1958.

Fervent démocrate
Ce fervent démocrate - il assiste à la convention nationale démocrate en 1960 - s’engage pour le mouvement des droits civiques, et met sa célébrité au service du combat contre la ségrégation : il tourne et co-produit dans La chaîne (The Defiant Ones, 1958), de Stanley Kramer avec Sidney Poitier), ou « à défendre l'ambiguïté sexuelle d'un rôle (Spartacus) » de Stanley Kubrick avec Kirk Douglas, Laurence Olivier, Peter Ustinov, Jean Simmons, Charles Laughton. Laurence Olivier et Tony Curtis nouent une profonde amitié lors du tournage. Ils parviennent à convaincre le producteur Kirk Douglas de remettre au planning la scène du bain.

Et « son irrésistible prestation" dans Certains l'aiment chaud (Some Like It Hot, 1959), de Billy Wilder aux côtés de Jack Lemmon et de Marilyn Monroe, "qu'il en vient à haïr pour ses retards légendaires, est entrée au panthéon du septième art ». Une "comédie risquée dans une oeuvre hybride". Un chef d'oeuvre.

Opération jupons
Arte diffusera le  1er novembre 2023 à 23 h 10 "Opération juppons" de Blake Edwards avec Cary Grant et Tony Curtis« 1941. Une énième attaque japonaise vient de saborder le sous-marin Tigre des mers, que son capitaine tient à relancer de toute urgence dans la bataille. Un jeune lieutenant, dandy et escroc hors pair, vient à sa rescousse, flanqué de cinq auxiliaires... féminines ».

Ce « premier opus hollywoodien de Blake Edwards, le maître américain de l'absurde, est un pastiche jubilatoire des films de guerre des années 1950. Le capitaine affiche une détermination farouche et son beau lieutenant (Tony Curtis dans un rôle taillé sur mesure), une effronterie sans égale. Mais la situation sombre très vite dans la loufoquerie la plus totale. Les vains efforts de Cary Grant pour garder à bord de son submersible un semblant de conformisme militaire sont délicieusement jouissifs. Détournant les codes de virilité et d'héroïsme en vigueur, le réalisateur de The party évite l'écueil de la farce sexiste et développe ce qui deviendra sa marque : le génie du choc situationnel ».

Tony Curtis confiait avoir quasiment tout appris comme spectateur de films américains : les règles de la courtoisie et de galanterie à l’égard des femmes, un savoir-être, l’élégance vestimentaire, etc. Et Cary Grant a personnifié pour le jeune new yorkais cette quintessence masculine. Ce film de Blake Edwards réunit Cary Grant et l’étoile montante qui l’avait gentiment parodié  dans Some Like it Hot de Billy Wilder.


"Spartacus"
Arte diffusera le 5 juillet 2020 "Spartacus", réalisé par Stanley Kubrick. 

"Tourné durant les derniers soubresauts du maccarthysme, ce film, mis en scène par Stanley Kubrick avec la complicité de Kirk Douglas, dénonce le fascisme à travers une révolte d'esclaves. Un des premiers péplums "adulte", porté par la magie du Cinémascope et une distribution impeccable : Kirk Douglas, Laurence Olivier, Charles Laughton, Jean Simmons et Tony Curtis."

"Rome, en l’an 69 avant J.-C. Batiatus, le directeur d’une école de gladiateurs de Capoue, rachète l’esclave thrace Spartacus pour lui apprendre à combattre et à mourir dans l’arène. Mais le jeune gladiateur refuse de se soumettre et prend la tête d’une révolte, regroupant des dizaines de milliers d’esclaves. À eux tous, ils infligent une défaite à l’armée du Sénat. Furieux d’avoir vu l’un de ses protégés être roué de coups par les insurgés, Crassus accepte de mater cette insurrection… "

"Spartacus connut un tournage orageux, à l’image de la rébellion qu’il met en scène. Figurant sur la "liste noire" des professionnels d'Hollywood désignés comme politiquement suspects par les zélotes du maccarthysme, Dalton Trumbo avait écrit le script sous un pseudonyme. Indignés par cette mise à l’index, Charles Laughton et Peter Ustinov révélèrent l’affaire à la presse, ce qui contraignit la production à rétablir son nom au générique. Auparavant, le réalisateur Anthony Mann avait quitté l’aventure, exaspéré par les ingérences de Kirk Douglas – acteur principal et commanditaire du film. Celui-ci engagea à sa place le jeune Stanley Kubrick, qui venait d’abandonner un tournage en raison du même type de différend, avec Marlon Brando cette fois." 

"D’un bout à l’autre de ce film fleuve, porté par l’efficacité hors pair du grand spectacle hollywoodien, l’esclave magnifique et ses compagnons nous communiquent leur jubilation à secouer un joug devenu insupportable, leur rage et leur souffrance quand la révolte est réprimée. Ce premier péplum "adulte" de l’histoire du cinéma reflète l’engagement du tandem Douglas-Kubrick. À travers la condition des gladiateurs, ils entendaient faire le procès d’une moderne tyrannie et des manipulations politiques. Le tournage en Cinémascope et le casting époustouflant contribuent aussi à la force épique du film". 


"Le projet de Spartacus est étranger à Stanley Kubrick et c’est en cours de tournage que Kirk Douglas, star et producteur du film contacte l’auteur des Sentiers de la gloire. Il recherche en Kubrick un complice plus obéissant et adapté que le vétéran Anthony Mann, en désaccord avec sa vision du gladiateur révolté et surtout pas assez rapide et malléable. Douglas assume la responsabilité de se séparer à l’amiable du maître du western après le tournage de plusieurs scènes importantes, parmi lesquelles une grande bataille et l’ouverture du film. Kubrick accepte de le remplacer et se retrouve à 28 ans à la tête d’une superproduction hollywoodienne. S’il s’adapte sans aucun problème aux contraintes d’un gros budget, il ne se soumet en aucune façon au contrôle de Douglas et se révèle bientôt aussi capricieux que la star. Le résultat final sera un succès commercial mais ne suscite qu’un enthousiasme modéré de la critique et des cinéphiles, qui distinguent mal les ambitions politiques du projet (adapté d’un roman de l’écrivain marxiste Howard Fast, scénarisé par le « black listé » Dalton Trumbo) des conventions kitsch du péplum hollywoodien. Quand on revoit le film aujourd’hui les combats dans l’arène, la transformation des esclaves en machines à tuer, l’ordonnance quasi géométrique de la scène de bataille finale sont pourtant de purs moments de cinéma kubrickien, qui anticipent les bagarres d’Orange mécanique, les duels de Barry Lyndon, les ballets spatiaux de 2001, l’odyssée de l’espace ou l’entraînement des recrues de Full Metal Jacket. En revanche, le message humaniste de Spartacus semble bien étranger aux préoccupations de Kubrick, qui préféra toujours s’intéresser aux antihéros grotesques ou névrosés plutôt qu’aux chefs messianiques. Devenu un classique, Spartacus est aussi un beau film, résultat d’une collaboration très tendue entre l’acteur aux idées progressistes et le jeune et génial artiste, qui peinera à cacher son scepticisme devant la validité d’une telle entreprise, et rechignera toute sa vie à inclure Spartacus dans sa filmographie officielle", a analysé Olivier Père.

En 2012, Open Road Media a publié I Am Spartacus! Making a Film, Breaking the Blacklist, de Kirk Douglas, alors âgé de 95 ans. Un livre électronique préfacé par George Clooney et illustré de photographies inédites du tournage. Et, dans sa version audio, ce livre est lu par… Michael Douglas, fils de Kirk Douglas, acteur et producteur de films ayant marqué l'histoire du cinéma.

« En 1959, Kirk Douglas met en chantier, en tant que producteur, un projet considérable : l'adaptation de Spartacus, best-seller d'Howard Fast. Stanley Kubrick sera le réalisateur, Douglas jouera le célèbre esclave rebelle, Laurence Olivier, Tony Curtis, Jean Simmons, Peter Ustinov, Charles Laughton tiendront des rôles secondaires. Pour l'adaptation, Douglas engage le grand scénariste Dalton Trumbo. Or celui-ci, inscrit sur la liste noire de Joseph McCarthy, vient de passer un an en prison. Il doit donc travailler sous pseudonyme.

 Dans ce livre publié aux Etats-Unis en 2012, l'acteur « décrit la mise en place d'un projet de grande envergure ; les relations orageuses avec Kubrick, avec qui il venait de tourner - et de produire - Les Sentiers de la gloire ; les caprices des acteurs, notamment la rivalité entre Ustinov et Laughton ; les difficultés pour parvenir à un montage définitif. Livre à la fois au passé et au présent, mémoires et prise de parole d'un acteur soucieux depuis toujours de la chose politique, I am Spartacus ! raconte l'épopée du film qui permit à Hollywood de tourner enfin la page de la liste noire  ».

« Quand je repense à Spartacus aujourd'hui - avec plus de cinquante ans de recul - je suis sidéré que toute cette histoire ait réellement eu lieu. Tout était contre nous : la politique de l'ère McCarthy, la concurrence avec un autre film - tout », observait Kirk Douglas.

Sérénité

Tony Curtis divorce en 1962. "La pression du métier rendait la situation difficile". Lors du tournage de Taras Bulba, il s'éprend de Christine Kaufmann.

Tony Curtis forme aussi un couple glamour avec sa deuxième épouse, l'actrice Christine Kaufmann (1963-1968) ; le couple a deux filles Alexandra et Allegra. 

Tony Curtis vit ses « années flamboyantes » : Taras Bulba (1962) de Jack Lee Thompson avec Yul Brynner et Christine Kaufmann, Sex and the Single Girl (Une vierge sur canapé, 1964) de Richard Quine avec Natalie Wood, Lauren Bacall, Mel Ferrer et Henry Fonda, etc.

La Grande course autour du monde

En 1965, Blake Edwards réalise The Great Race (La Grande course autour du monde)  avec Tony Curtis, Natalie Wood, Jack Lemmon, et Peter Falk...


"1908. Six voitures prennent le départ de la première grande course automobile autour du monde qui va de New York à Paris. Parmi les concurrents, l'ignoble professeur Fate et son âme damnée, Max, sont prêts à tout pour éliminer leurs adversaires. Bientôt, ils n'ont plus qu'un seul concurrent : le séduisant Leslie. Ce dernier voyage dans sa "Leslie spécial" en compagnie de Maggie DuBois, une jolie journaliste new-yorkaise et féministe..."


 "Une course-poursuite hilarante et échevelée autour du monde, entre l'ignoble professeur Fate et l'élégant Leslie... Un film culte signé Blake Edwards, avec une distribution éblouissante".

Cette "comédie échevelée inspirée du slapstick (burlesque muet) est hilarante de la ligne de départ à celle d'arrivée. Des sabotages à répétition aux bagarres de tartes à la crème (celle du palais de Carpania est directement inspirée de La bataille du siècle réalisé par Laurel et Hardy en 1927), des courses-poursuites en Alaska et dans la jungle jusqu'à l'écroulement de la tour Eiffel, Blake Edwards ne s'autorise aucun temps mort. Il réalise là un de ses meilleurs films, servi par une époustouflante distribution - notamment Jack Lemmon, parfait en ignoble professeur Fate, et Tony Curtis, irrésistible en pilote de charme d'une élégance à toute épreuve".

En 1968-1969, Hanna et Barbera se sont inspiré du film pour créer Wacky Races (Les Fous du volant), dessin animé américain.

Maturité
A la maturité d'acteur « succède un long et douloureux déclin » du à la crise des studios hollywoodiens, et aux mutations de la société américaine.

Même si Tony Curtis « tourne encore quelques grands films - L'étrangleur de Boston (The Boston Strangler 1968) de Richard Fleischer avec Henry Fonda et Sally Kellerman, Le dernier nabab (Last Tycoon, 1976d'Elia Kazan avec Robert de Niro, Robert Mitchum, Jack Nicholson, Dana Andrews, Ray Milland, Peter Strauss, Jeanne Moreau et Theresa Russell.


De son troisième mariage avec Leslie Allen (1968-1982), naissent deux fils Nicholas (1970-1994) qui décède une overdose d’héroïne et Benjamin.

Il savoure de grand succès de télévision avec Amicalement vôtre » (The Persuaders!) avec Roger Moore et Mc Coy, il « est rattrapé par les fantômes de l'enfance ». Il voit sa célébrité décliner.

Dans les années 1980, il surmonte ses addictions à l’alcool et à la drogue lors de séjours à la Betty Ford Clinic.

Tony Curtis s’adonne à la photographie et à la peinture : il revendiquait Van Gogh, Matisse, Picasso, et Magritte parmi les artistes qui l’avaient influencé.

Dans les années 1990, Tony Curtis et Jamie Lee Curtis contribuent à la reconstruction de la grande synagogue de Budapest (Hongrie) endommagée lors de la Deuxième Guerre mondiale. Tony Curtis fonde en 1998 le Fondation Emanuel pour la culture hongroise, dont il a été le président honoraire. Cette institution vise à la restauration et à la préservation de synagogues et de 1300 cimetières juifs en Hongrie. Tony Curtis a dédié cette Fondation aux 600 000 victimes juives de la Shoah en Hongrie et dans les territoires occupés par l’Armée hongroise.

Après deux mariages qui finissent par deux divorces - Andrea Savio (1984-1992) puis Lisa Deutsch (1993 – 1994), Tony Curtis épouse Jill Vandenberg (1998-2010).

En 2008, Ian Ayres réalise The Jill and Tony Curtis Story. Un documentaire retraçant les efforts du couple Curtis pour sauver des chevaux des abattoirs. Satisfaite par le film, la famille Curtis a invité le réalisateur à réaliser un documentaire sur la vie de Tony Curtis.

« Tony Curtis, le gamin du Bronx » (Tony Curtis - Der Kerl Aus Der Bronx) est un documentaire réalisé par Ian Ayres. Archives filmées inédites, confidences émouvantes et intimes de Tony Curtis, témoignages de Hugh Hefner, Debbie Reynolds, Piper Laurie, Harry Belafonte, Mamie Van Doren, Theresa Russell, Jill Curtis, Jamie Lee Curtis, Christine Kaufmann, Roger Moore, Nicolas Roeg... « Tony Curtis, le gamin du Bronx  » de Ian Ayres (2010) offre un « voyage intime avec l'une des dernières icônes de l'âge d'or hollywoodien… Entre ombre et lumière ».

Tony Curtis s’y livre, avec ses regrets de n’avoir eu aucun Oscar. 

Il a été distingué par le Lone Sailor Award de l’US Navy et l’Ordre des Arts et des Lettres en 1995 et figure dans le Hollywood Walk of Fame.


Les Vikings, par Richard Fleischer
Bryna Productions, 1958, 112 min
Auteur : Edison Marshall
Image : Jack Cardiff
Montage : Elmo Williams
Musique : Mario Nascimbene
Producteur/-trice : Jerry Bresler
Scénario : Calder Willingham, Dale Wasserman
Avec Kirk Douglas (Einar), Tony Curtis (Éric), Janet Leigh (Morgana), Ernest Borgnine (Ragnar), James Donald (Egbert), Maxine Audley (Enid), Alexander Knox (le père Godwin), Frank Thring (Aella)
Sur Arte les 18 décembre à 20 h 50 et 20 décembre 2016 à 13 h 35

"La Chaîne" par Stanley Kramer
Etats-Unis,  1958, 97 minutes
Scénario : Nedrick Young, Harold Jacob Smith
Production : Curtleigh Productions, Stanley Kramer Productions
Producteur/-trice : Stanley Kramer
Image : Sam Leavitt
Montage : Frederic Knudtson
Musique : Ernest Gold
Avec Tony Curtis, Sidney Poitier, Theodore Bikel, Charles McGraw, Lon Chaney Jr., King Donovan, Claude Akins, Cara Williams
Sur Arte les 2 décembre 2019 à 20 h 55, 4 décembre 2019 à 13 h 35 et 19 décembre 2019 à 13 h 35

Visuels : © 1958 Metro-Goldwyn-Mayer Studios

« Opération Jupons » de Blake Edwards
Universal International Pictures, Granart Company, 1959, 77 min
Auteur : Paul King, Joseph Stone
Image : Russel Harlan
Montage : Frank Gross, Ted J.Kent
Musique : David Rose, Henry Mancini
Producteur/-trice : Robert Arthur, Cary Grant
Scénario : Stanley Shapiro, Maurice Richlin
Avec Cary Grant, Tony Curtis, Joan O'Brien, Dina Merrill, Gene Evans, Dick Sargent, Virginia Gregg
Sur Arte les 21 mars à 20 h 55 et 23 mars 2016 à 13 h 35, 27 avril 2020 à 21 h, 1er novembre 2023 à 23 h 10

"Spartacus", réalisé par Stanley Kubrick
Etats-Unis, 1960, 197 minutes
Auteur : Howard Fast
Scénario : Dalton Trumbo
Production : Bryna Productions, Universal Pictures
Producteur/-trice : Edward Lewis, Kirk Douglas
Image : Russell Metty, Clifford Stine
Montage : Robert Lawrence
Musique : Alex North
Avec Kirk Douglas, Laurence Olivier, Jean Simmons, Charles Laughton
Peter Ustinov, John Gavin, Tony Curtis, Nina Foch, John Ireland
Sur Arte le 5 juillet 2020 à 21 h
Visuels :
Scène du film
Kirk Douglas
© Universal

La Grande course autour du monde, de Blake Edwards
Warner Bros., Patricia, Jalem Productions, Reynard, Martin Jurow, 1965, 146 min
Auteur : Arthur A. Ross, Blake Edwards
Image : Russell Harlan
Montage : Ralph E. Winters
Musique : Henry Mancini
Scénario:  Arthur A. Ross
Avec Jack Lemmon, Tony Curtis, Nathalie Wood, Peter Falk, Arthur O'Connell, Dorothy Provine, Larry Storch, Ross Martin
Sur Arte les 25 mars à 13 h 35 et 13 avril 2016 à 13 h 35

« Tony Curtis, le gamin du Bronx » (Tony Curtis - Der Kerl Aus Der Bronxpar Ian Ayres
2011, 56 min
Sur Arte les 21 mars à 22 h 50, 18 décembre à 22 h 40 et 21 mars 2016 à 22 h 50, 27 avril 2020 à 22 h 55
Disponible du 20/04/2020 au 15/05/2020
Visuels : © WDR/Degeto et © French Connection Film

Articles sur ce blog concernant :
Articles in English
Les citations sur les films sont d'Arte. L'article a été publié le 21 mars 2016, puis les 17 décembre 2016, 9 avril 2019, 5 décembre 2019.

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