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dimanche 9 juillet 2023

La fin de l'Empire ottoman

Par ses djihads et son contrôle de routes stratégiques, l'Empire ottoman (1299-1923) a représenté la menace la plus grave pour l'Occident chrétien.  Allié de l'empire allemand, dénommé vers le milieu du XIXe siècle "l'homme malade" de l'Europe, il est vaincu à l'issue de la Première Guerre mondiale, et démembré. Deux documentaires évoquent sa fin : « La fin des Ottomans » (Das Ende Des Erhabenen Staates), série réalisée par Mathilde Damoisel, et "Le lourd héritage des traités 1920, la fin des Ottomans"(Blutiges Erbe. Das Ende der Osmanen) d'Elias von Salomon diffusé le 12 juillet 2023 à 01 h 05 par Arte.

« Eugène de Savoie et l’empire Ottoman » de Heinz Leger 
L’Empire du sultan. Le monde ottoman dans l’art de la Renaissance 
« Sainte-Sophie dévoilée », documentaire de Olivier Julien et Gary Glassman 
Les Orientales 
« Cent ans de guerre au Moyen-Orient. L'accord secret Sykes-Picot et ses fatales conséquences  » par Alexander Stenzel
Soirée Erdogan sur Arte
Le congrès de Vienne ou l’invention d’une nouvelle Europe

L'Empire ottoman a été fondé à la fin du XIIIe siècle au nord-ouest de l'Anatolie, à Söğüt (province de Bilecik), par le chef tribal oghouze Osman Ier. Après 1354, les Ottomans envahirent l'Europe. Par la conquête des Balkans, le Beylik ottoman se mua en un empire trans-continental. En 1453, dirigés par le sultan Mehmed II, les Ottomans ont conquis Constantinople, et mis un terme à l'Empire byzantin.

Aux XVe et XVIe siècles, à son acmé, sous le règne de Soliman Ier le Magnifique, l'Empire ottoman était multinational et multilingue. Il contrôlait la Méditerranée, la route entre l'Orient et l'Occident, "une grande partie de l'Europe du Sud-Est, des parties de l'Europe centrale, de l'Asie occidentale, du Caucase, de l'Afrique du Nord, sauf le royaume du Maroc et le Sahara. Au début du XVIIe siècle, il comprenait trente-deux provinces et de nombreux États vassaux". Sa capitale était Constantinople.

Dès la fin du XVIIIe siècle, et au XIXe siècle, des territoires européens, telle la Grèce, de cet Empire luttent victorieusement pour leur indépendance. 

Sous la pression de puissances européennes, l'Empire ottoman est contraint à se réformer, à se moderniser et parfois à abroger la dhimmitude lors du mouvement Tanzimat. 

A l'aube du XXe siècle, allié aux empires allemand et austro-hongrois, il participe à la Première Guerre mondiale. Il affronte la révolte arabe (1916-1918). Il commet des génocides contre les chrétiens Arméniens, Assyriens, grecs pontiques, libanais... Il envisage aussi d'éliminer les Juifs d'Eretz Israël.

Vaincu, occupé par les Alliés après la Première Guerre mondiale, il est partagé entre le Royaume-Uni et la France. La Turquie obtient son indépendance. Le califat est aboli.

« La fin des Ottomans » 
Arte diffusa sur son site Internet les deux volets de la série « La fin des Ottomans » (Das Ende Des Erhabenen Staates), par Mathilde Damoisel. Le survol partial, non didactique, du dernier siècle ayant précédé la dislocation de l’Empire ottoman (1299-1923), après 624 ans de domination en Europe, Afrique du Nord, au Moyen-Orient.

Coïncidence ? C’est après l’annonce d’un accord controversé entre l’Union européenne et la Turquie président Recep Tayyip Erdogan sur les migrants que sera diffusée cette série documentaire en deux volets.

« L’articulation entre les réfugiés et le djihadisme se fait dans l’esprit de l’opinion puisqu’un certain nombre de djihadistes sont passés par la route des réfugiés… Cette route est une sorte de route néo-ottomane. Cette route de l’invasion, c’est la route qui a abouti en 1683 au siège de Vienne, qui est la fin de l’expansion du djihad ottoman en Occident auquel vous devez le croissante et le cappuccino », a déclaré Gilles Kepel, spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain, sur France Culture  le 19 mars 2016. Sans oublier l’échec du précédent siège de Vienne en 1529. 

Pendant six siècles, « l'immense Empire ottoman a imposé sa puissance sur trois continents et sept mers. Terre des Lieux saints des trois monothéismes, mosaïque de langues, de cultures et de religions sans équivalent dans l'histoire, cette puissance exceptionnelle s'est pourtant effondrée en moins d'un siècle, de l'indépendance de la Grèce, premier État-nation à s'émanciper de l'Empire en 1830, jusqu'à l'avènement de la République de Turquie en 1923, sous l'égide de Mustafa Kemal Atatürk ».

« Comment, de l'indépendance grecque (1830) à l'avènement de la République turque (1923), le démantèlement de l'Empire ottoman a porté en germe les conflits contemporains. La passionnante traversée d'une page d'histoire aussi cruciale que méconnue ».

Des guerres contre l’Etat d’Israël nées du refus islamique d’un Etat juif à « l'éclatement de la Yougoslavie, de l’invasion de l'Irak au chaos syrien, ses ruines et ses lignes de faille, autant ethniques que religieuses, ont façonné un monde moderne dont les fractures multiples apparaissent désormais au grand jour ».

« Passionnant et dense, ce documentaire en deux parties retrace avec fluidité la mécanique politique, économique et sociale qui a conduit l'Empire ottoman à sa fin. Grâce à des images d'archives rares et aux contributions éclairantes d'historiens américains, européens et proche-orientaux, il fait revivre une page d'histoire largement méconnue, mais essentielle pour comprendre les bouleversements contemporains ».

Comment peut-on analyser le déclin de l’Empire ottoman, son retrait sur un siècle du continent européen, sans évoquer son avènement en 1299 à l’initiative des Kayi, un clan turcique oghouze, originaire de la région de la mer Caspienne, et ayant conquis au XIe siècle l’Anatolie qui faisait alors partie de l’Empire byzantin (Empire romain d'Orient) ?

Comment éluder l’expansion territoriale de la Sublime Porte ottomane – victoire en 1389 à la bataille du champ des Merles en Serbie, actuellement dans le Kosovo - et les diplomaties parfois erratiques de monarques européens à son égard - alliance en 1536 du roi François 1er avec le sultan ottoman Soliman le Magnifique pour contrer la Maison de Habsbourg - ?

Comment ne pas évoquer le tribut annuel longtemps payé au sultan par le Saint-Empire romain germanique, le rôle des Janissaires, à l’origine des esclaves chrétiens islamisés, constituant un ordre militaire qui occupait un nombre croissant de hautes fonctions dans l’administration ottomane et jouait un rôle politique parfois déterminant : opposition aux réformes souhaitées par Sélim III qu’ils assassinèrent en 1808 ?

La dimension de l’islam comme force politique - les souverains successifs de l’Empire ottoman prennent le titre de sultans, de khan, de padishah puis de calife  au XVIe siècle - ne semble pas avoir été clairement perçue par la documentariste.

La chronologie malmenée, non respectée par Mathilde Damoisel afflige aussi ce documentaire qui n'a pas bénéficié de l'éclairage de certains spécialistes plus compétents que ceux interrogés.

Et cette manie d'évoquer la "Palestine" avant le mandat britannique sur la "Palestine". Cependant, le documentaire évoque le Traité de San Remo parmi ceux signés après la fin de la Première Guerre mondiale. Il est dommage qu'il n'en ait pas résumé la teneur.

Les nations contre l'Empire
Dès 1821, année « du soulèvement grec, jusqu'aux guerres balkaniques de 1912-1913, l'Empire ottoman se retire définitivement d'Europe, mettant un terme à près de cinq siècles de présence dans les Balkans ».  La Grèce possède des atouts stratégiques, intéressants pour les puissances européennes : les empires britannique et russe. En 1829, les négociations sur l'indépendance de la Grèce ont lieu à Londres. C'est le début des insurrections de Slaves - la Russie se veut la protectrice des Slaves, et un accès aux mers chaudes -, un traumatisme pour l'empire Ottoman qui lance des réformes.

Le "nouveau monde politique" conteste le joug ottoman.

Cette « histoire commune fut celle d'une coexistence complexe entre peuples chrétiens, musulmans et juifs, organisés par millet, ou communautés confessionnelles. Mais les appartenances religieuses vont progressivement cristalliser des identités nationales rigides et exclusives - serbes, grecques, bulgares... - aujourd'hui encore en conflit, plus de quinze ans après la fin des guerres de Yougoslavie ».

L'Orient-Express nourrit l'imaginaire des Européens curieux d'un Empire qui se modernise, se soumet au régime des capitulations. Le kaiser, empereur allemand, et le sultan-calife imaginent une voie de chemin de fer reliant Berlin à Bagdad. En 1900, le sultan-calife inaugure la ligne ferroviaire allant d'Istanbul à La Mecque

Un documentaire partial : les Serbes sont nationalistes, mais pas les Bosniaques. Le "nettoyage ethnico-religieux" est lié à la Serbie, mais non aux Bosniaques. Les violences commises par les Ottomans contre les Serbes révoltés sont mis en parallèle avec celles de ces Serbes luttant pour leur indépendance. Le film donne l'impression erronée que le démembrement de l'empire ottoman a induit des guerres. Comme si l'empire ottoman n'avait pas été djihadiste dès sa création.

Quid de la dhimmitude ? Le mot n'est pas prononcé, mais le documentaire décrit "un ordre imparfait, mais accepté" et la coexistence interreligieuse. Les dhimmis avaient-ils le choix ? Les réformes dans l'Empire ottoman sont présentées comme une réponse aux insurrections de minorités, en occultant les pressions des puissances européennes. Les développements d'écoles sont soulignées, mais sans citer le rôle de l'Alliance israélite universelle et des ordres chrétiens. La volonté d'émancipation des Arméniens est dénommée "nationaliste".

Le rôle économique - quid des Camondo ? -, politique, social, scientifique et culturel des minorités n’apparaît pas. Tout comme les massacres récurrents les ayant visés.

L’essayiste Bat Ye’or  a défini ainsi ce statut infligé aux dhimmis : « La dhimmitude est corrélée au jihad. C’est le statut de soumission des indigènes non-musulmans – juifs, chrétiens, sabéens, zoroastriens, hindous, etc. - régis dans leur pays par la loi islamique. Il est inhérent au fiqh (jurisprudence) et à la charîa (loi islamique). Les éléments constitutifs sont d’ordre territorial, religieux, politique et social. Le pays conquis s’intègre au dar al-islam sur lequel s’applique la charîa. Celle-ci détermine en fonction des modalités de la conquête les droits et les devoirs des peuples conquis qui gardent leur religion à condition de payer une capitation mentionnée dans le Coran et donc obligatoire. Le Coran précise que cet impôt dénommé la jizya doit être perçu avec humiliation (Coran, 9, 29). Les éléments caractéristiques de ces infidèles conquis (dhimmis) sont leur infériorité dans tous les domaines par rapport aux musulmans, un statut d’humiliation et d’insécurité obligatoires et leur exploitation économique. Les dhimmis ne pouvaient construire de nouveaux lieux de culte et la restauration de ces lieux obéissait à des règles très sévères. Ils subissaient un apartheid social qui les obligeait à vivre dans des quartiers séparés, à se différencier des musulmans par des vêtements de couleur et de forme particulière, par leur coiffure, leurs selles en bois, leurs étriers et leurs ânes, seule monture autorisée. Ils étaient astreints à des corvées humiliantes, même les jours de fête, et à des rançons ruineuses extorquées souvent par des supplices. L’incapacité de les payer les condamnait à l’esclavage. Dans les provinces balkaniques de l’Empire ottoman durant quelques siècles, des enfants chrétiens furent pris en esclavage et islamisés. Au Yémen, les enfants juifs orphelins de père étaient enlevés à leur famille et islamisés. Ce système toutefois doit être replacé dans le contexte des mentalités du Moyen Age et de sociétés tribales et guerrières ».

Parmi les Juifs de l’Empire ottoman émerge la figure exceptionnelle du Dr Elias Cohen (ou Elias Pasha), premier Juif  à être nommé général et médecin personnel du pacha . Né en 1844, Elias Cohen  est inscrit à l’école fondée à Constantinople par la famille Camondo. Diplômé de l’Ecole impériale de médecine en 1867, il complète sa formation à Berlin et à Vienne. Il est attaché à l’hôpital central naval, professeur à l'Ecole militaire à Haïdar-Pasha, chirurgien-chef et ophtalmologiste au quartier-général du 3e corps d’armée ottomane. En 1885, il intervient auprès du Pacha en faveur de Juifs de Kadikeuy, quartier densément peuplé de Constantinople, faussement accusés par des chrétiens orthodoxes et Arméniens de crime rituel (blood libel). En 1888, il est nommé professeur de dermatologie à la Faculté de médecine de Constantinople.

Le Moyen-Orient en éclats  
En 1914, l’Empire ottoman, « homme malade de l’Europe » selon le tsar Nicolas 1er en 1853, entre en guerre contre la Triple-Entente – empires français, britannique et russe - en se rangeant aux côtés des Empires allemand et austro-hongrois au sein de la Triplice.

« Désormais recentré sur l’Asie Mineure - l'Anatolie - et ses dernières provinces arabes de Syrie, de Palestine, de Mésopotamie et du Hedjaz (ouest de la péninsule arabique), l'Empire ottoman est en guerre sur toutes ses frontières ». Il était divisé en wilaya (willaya ou vilayet), et en sandjaks, des régions administratives.

C'est « dans ce contexte de repli que se déroule l'extermination des Arméniens, premier génocide du XXe siècle ». C’est oublié les massacres de Grecs pontiques (350 000-360 000 victimes), des Assyriens - dénommé Sayfo ou Seyfo (épée), le génocide assyrien ou araméen / chaldéen / syriaque est évalué à 500 000-750 000 morts -, etc. Les médias occidentaux stigmatisent "le boucher" auteur de ces génocides. Le premier génocide du XXe siècle s’avère celui des Hereros et des Namas perpétré sous les ordres de Lothar von Trotha dans le Sud-Ouest africain allemand (Deutsch-Südwestafrika, actuelle Namibie) dès 1904 (65 000 Héréros et environ 20 000 Namas tués)..

« Mais peu après, les aspirations nationales gagnent les peuples arabes, las du joug ottoman, de plus en plus répressif sous le régime des Jeunes Turcs ».

« Britanniques et Français vont exploiter cette soif d'autonomie pour asseoir leur mainmise sur le Proche et le Moyen-Orient, au mépris des promesses faites durant la Grande Guerre ».

A l'été 1915, Sharif Hussein ibn Ali de la famille des Hachémites, sharif, un potentat de La Mecque, propose à la Grande-Bretagne de soulever les Arabes de l'Empire ottoman contre cet allié de l'Allemagne. Déclenchée en juin 1916, soutenue par les Britanniques et dans une moindre mesure la France, la « grande révolte arabe » ne parvient guère à entamer la loyauté des sujets Arabes à l'égard de l'empire ottoman.

Le 16 mai 1916, sont signés à Downing Street les secrets accords Sykes-Picot - Sir Mark Sykes et François Georges-Picot -, avec l'assentiment de l'Italie et de l'empire russe tsariste : la Grande-Bretagne et la France prévoient de se partager le Moyen-Orient après la Première Guerre mondiale et en dépeçant l'empire ottoman, dans une zone allant de la mer Méditerranée à l'Océan indien, via la mer Rouge, la mer Caspienne et la mer Noire.

Après la fin de la Première Guerre mondiale, « naissent ainsi des nations fragiles aux frontières contestées : Liban, Syrie, Palestine, Transjordanie, Irak... » Afin de remercier son allié hachémite, pour cette « Grande révolte arabe » mythifiée par Thomas Edward Lawrence (1888-1935), surnommé Lawrence d'Arabie, la Grande-Bretagne crée en 1921 « l'émirat de Transjordanie (connu plus tard comme royaume de Jordanie), afin de satisfaire les ambition du second fils d'Hussein, Abdullah, tout en fondant la même année l'Etat moderne d'Iraq créé à l'instigation de Faisal, frère cadet d'Abdullah ». Quant à Hussein, il devient roi de Hedjaz, région regroupant les villes de Médine et La Mecque, mais, quelques années plus tard, sa famille en est évincée par Abdul Aziz ibn Saud qui conquiert en décembre 1925 cette région et fonde en 1932 le royaume saoudien.

Le documentaire souligne le rôle de Gertrude Bell, archéologue britannique et agent de renseignement. Proche de l'école du Caire, Bell veut concilier les intérêts arabes et ceux de l'Allemagne. Elle a cru à une alliance avec les Hachémites. Elle veut imposer Fayçal le sunnite pour diriger l'Irak qu'elle invente, à la population majoritairement chiite. 

L’Etat-nation semble contrevenir à l’oumma, communauté des musulmans, des soumis à Allah, à l’aspiration islamique au califat. Les liens claniques, tribaux délimitent les véritables frontières géographiques des territoires.

« Une région aujourd'hui bouleversée par des conflits qui trouvent leurs racines dans ces années cruciales ». C’est faire fi du rôle de l’islam - fitna, djihad -, des diplomaties de l’Occident, de l’Onu, de l’Union européenne, de la Russie, des monarchies du Golfe, de l’Iran, de la Turquie, des enjeux énergétiques, etc. Selon Gilles Kepel, la crise au Moyen-Orient est liée à la double remise en question de la centralité des hydrocarbures dans l’économie mondiale et celle des hydrocarbures venant du Moyen-Orient : « en 2014, la part du pétrole et du gaz dans le PIB (Produit intérieur brut) mondial s’élevait à 5%, et à 2,5% en 2015. Il y a un énorme transfert de richesses ». En outre, certaines entreprises envisagent des scénarios d’avenir prévoyant la disparition de l’Arabie saoudite n’existe plus dans 5-10 ans car elle ne pourra pas gérer la paix sociale en redistribuant massivement la rente pétrolière » alors que le prix du baril a baissé de 120 dollars à 15 dollars. Un Moyen-Orient dévasté par les fautes des diplomaties américaines, notamment sous la présidence catastrophique du président Barack Obama, et d’Etats européens, et dans lequel s’est réintroduite la Russie sous la présidence de Vladimir Poutine. Un Moyen-Orient où la Turquie, l’Iran développant son programme militaire nucléaire et l’Arabie saoudite se disputent la position de leader, où l’Etat islamique (ISIS) redessine les frontières et l’Etat d’Israël s’avère le seul Etat stable. 

On peut regretter l’absence de réflexion sur le rôle dans ce chaos du « nettoyage ethnique et religieux » - génocides, échange de populations entre la Grèce et la Turquie (1 300 000 Grecs de Turquie contre 385 000 Turcs de Grèce) par le traité de Lausanne (1923), exil contraint de près d’un million de Juifs des années 1940 aux années 1970, etc. – dans les Etats islamiques issus de la dislocation de l’Empire ottoman, ainsi que celui des choix politico-économiques de leurs dirigeants.

"1913 : Les graines de la colère"
Le 4 juin 2018 à 1 h 30, Histoire diffusa 1913 : Les graines de la colère, réalisé par Ben Loeterman (Filmmakers Collaborative Inc et Ben Loeterman, 2014, États-Unis). "1913 : l’empire Ottoman, en plein bouleversement, doit faire face à la naissance de mouvements nationalistes dans son territoire de Palestine. Cette société multiculturelle où juifs, chrétiens et arabes ont vécu ensemble des siècles durant, est au bord de l’éclatement. Influences d’Europe et d’Amérique, prônant la création d’états indépendants juifs et arabes, génèrent des mécanismes dont la région subit les conséquences encore aujourd’hui."

"Le lourd héritage des traités - 1920, la fin des Ottomans"
Arte rediffusera le 12 juillet 2023 à 01 h 05 "Le lourd héritage des traités 1920, la fin des Ottomans"(Blutiges Erbe. Das Ende der Osmanen), documentaire réalisé par par Elias von Salomon.

"Imaginé par les Alliés pour démanteler l’Empire ottoman, le traité de Sèvres, signé en 1920" par le sultan Mehmed VI, "hante toujours les mémoires en Turquie". 

Il n'a été ni ratifié ni appliqué.

"Cent ans plus tard, il reste l’incarnation des ambitions colonialistes des Occidentaux". 

"Après Versailles, où fut signé le traité de la conférence de la paix de Paris, qui mit officiellement fin à la Première Guerre mondiale, un autre lieu joue un rôle primordial dans la réorganisation du monde : Sèvres."

"Les puissances victorieuses et les mandataires du sultan Mehmed VI s’y retrouvent en 1920 pour sceller le destin de l’Empire ottoman et diviser le Proche-Orient en zones d'influence britannique et française. Révoltés, le général Mustafa Kemal Atatürk et les forces nationales repoussent les armées étrangères qui souhaitent, par l’application du traité de Sèvres, diviser le territoire turc."

"Même s’il n’a jamais été ratifié, le traité a tout de même marqué les esprits turcs au point que l’on parle de “syndrome de Sèvres”. 

“Il cristallise toutes les peurs complotistes que l’on rencontre aujourd’hui en Turquie”, explique le journaliste spécialiste du Moyen-Orient Daniel Gerlach. "

"À l’aide de nombreuses images d’archives et des éclaircissements de plusieurs historiens, le film analyse les conséquences actuelles sur le Proche-Orient d’un accord imaginé au début du siècle dernier." 

"Cartes animées et extraits des discours de dirigeants ponctuent ce riche décryptage, qui permet de mieux comprendre les tensions actuelles dans le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan et chez ses voisins".


LE DERNIER CALIFAT par Christine Guillemeau
(Arte Magazine, n°12, 19-25 mars 2016)

« Les Turcs ottomans voulaient que leur empire, fondé en 1299 en Anatolie, soit éternel. Avant de se refermer, la Sublime Porte aura été l’une des plus vastes puissances du monde moderne. De batailles en conquêtes, les successeurs d’Osman I er, fondateur de ce qui devient en 1517 le califat ottoman d’Istanbul, ont affronté six siècles durant de multiples adversaires: Espagnols, Vénitiens, Génois, Autrichiens, Russes, sans oublier les armées du redoutable Tamerlan. Ils ont surtout fait trembler la chrétienté, de l’empereur Charles Quint au tsar Nicolas II. Après la prise de Constantinople par Mehmet II en 1453, qui scelle la chute de l’Empire byzantin, l’ancienne capitale de l’empire romain d’Orient devient le cœur d’un empire tentaculaire.

L’apogée du règne de Soliman
Son âge d’or, l’empire ottoman le doit à Soliman le Magnifique, au XVIe siècle. Calife et commandeur des musulmans, il entreprend des réformes administratives, juridiques et fiscales et, en souverain éclairé, fait rayonner les arts. En 1536, il signe une alliance avec la France de François I er pour faire front contre Le dernier califat Après six siècles d’une puissance inégalée, l’Empire ottoman a été démantelé en moins de cent ans, de 1830 à 1923. En retraçant son déclin et sa mort, ARTE rappelle la genèse oubliée de conflits qui, de l’ex-Yougoslavie au Proche et au Moyen-Orient, n’ont pas fini de secouer le monde. les Habsbourg, leur ennemi commun. L’imposante flotte, qu’il confie à l’amiral Barberousse, va d’autre part lui permettre d’asseoir sa suprématie sur la Méditerranée, la mer Rouge et le Golfe persique.

Un immense empire 
Au fil des siècles, l’Empire accroît encore ses possessions. En Europe du Sud, les Ottomans mettent la main sur les Balkans, faisant tomber dans leur escarcelle la Bosnie, l’Herzégovine, la Serbie, la Roumanie, la Bulgarie et la Macédoine. Ils prennent également pied en Crète, à Chypre, au Péloponnèse, en Grèce continentale et sur les îles de la mer Égée, où ils poussent jusqu’à Rhodes. En Europe orien- tale, les Ottomans ajoutent à leurs prises l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Crimée. Sur le conti- nent africain, ils conquièrent la partie côtière de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Égypte tandis qu’au MoyenOrient la dynastie impose sa domination sur la Syrie, l’Irak, le Liban, la Palestine et, dans le pourtour de la péninsule arabique, sur le Yémen et le Hedjaz, terre des lieux saints de l’islam, de La Mecque et Médine.

Le début de la fin
L’intérêt grandissant des puissances européennes pour les routes maritimes et les riches ressources contrôlées par l’Empire ottoman vont précipiter sa chute à partir de 1821, date de la guerre d’indépendance grecque. Après avoir été entraîné aux côtés de l’Allemagne dans le premier conflit mondial, il est dépecé entre les vainqueurs en 1920 par le traité de Sèvres. Une onde de choc qui, de la Bosnie hier à l’Irak et à la Syrie aujourd’hui, n’a pas fini de résonner. »


Allemagne, 2020
Sur Arte le 12 janvier 2021 à 23 h 35
Disponible du 11/01/2021 au 11/04/2021
Sur arte.tv du 10/07/2023 au 11/08/2023
Visuels :
© Musée de Céramique Sèvres
© Library of Congress
    
« La fin des Ottomans  », par Mathilde Damoisel
France, 2014
Auteurs: Sylvie Jezequel et Mathilde Damoisel
Production : ARTE France, Seconde Vague Productions
Premier volet (90 min) : Les nations contre l’Empire  (Vielvölkerstaat versus Osmanisches Reich). Sur Arte les 22 mars à 20 h 55, 23 mars à 8 h 55, 2 avril à 10 h 45 et 6 avril 2016 à 16 h 25, 22 novembre à 23 h et 6 décembre 2016 à 9 h 25

Second volet (53 min) : Le Moyen-Orient en éclats  (Der berstende Nahe Osten) 22 mars à 21 h 50, 23 mars à 9 h 50, 2 avril à 11 h 40 et 7 avril 2016 à 16 h 25, 22 novembre à 23 h 50 et 6 décembre 2016 à 10 h 20
Les deux volets sont disponibles du 18/10/2019 au 17/04/2020
Visuels : © Seconde Vague Production

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Les citations sont d'Arte et du documentaire. Cet article a été publié le 22 mars 2016, puis les 22 novembre 2016, 3 juin 2018 et 5 novembre 2019, 12 janvier 2021.

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