Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 25 janvier 2023

« Parisiennes citoyennes ! Engagements pour l’émancipation des femmes (1789-2000) »

Le musée Carnavalet présente l'exposition "politiquement, fémininement et islamiquement correcte" « Parisiennes citoyennes ! Engagements pour l’émancipation des femmes (1789-2000) » (PARISIAN WOMEN. The fight for emancipation (1789-2000). « Une synthèse inédite sur l’histoire et la mémoire des luttes pour l’émancipation des femmes en se concentrant sur l’histoire des féminismes à Paris ».

« Les territoires perdus de la République. Antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire » sous la direction d’Emmanuel Brenner

« [À Paris], une femme artiste n’y était pas un monstre, pas une folle, pas une aventurière qui se montait la tête ou une ambitieuse. Au contraire, elle était comprise, fêtée »
Souvenir de Louise Breslau publié dans le mensuel Am Haüslichen Herd, 1926

L’exposition « Parisiennes citoyennes ! » « nous entraîne dans une ambitieuse traversée historique, de la Révolution française jusqu’à la loi sur la parité, sur les traces des luttes que les femmes ont menées à Paris pour leur émancipation. »

« Aux côtés de certaines figures incontournables, d’Olympe de Gouges à Gisèle Halimi, une large place est faite aux Parisiennes moins connues ou anonymes : citoyennes révolutionnaires de 1789, de 1830, de 1848, Communardes, suffragettes, pacifistes, résistantes, femmes politiques ou syndicalistes, militantes féministes, artistes et intellectuelles engagées, travailleuses en grève, collectifs de femmes immigrées… »

« Le parcours de l’exposition suit un fil chronologique qui commence avec la revendication du « droit de cité » pour les femmes, pendant la Révolution, et se clôt avec la loi sur la parité, en 2000. Entre ces deux dates se déploie une dynamique de l’émancipation des femmes explorée dans toutes ses dimensions : elle implique le droit à l’instruction comme celui de travailler, les droits civils et les droits civiques, si difficiles à obtenir, mais aussi la liberté de disposer de son corps et l’accès à la création artistique et culturelle. »

« Peintures, sculptures, photographies, films, archives, affiches, manuscrits, ou autres objets militants voire insolites, rendent compte de la diversité des combats et des modes de revendications. Les Parisiennes citoyennes ont mille et un visages au service d’innombrables causes, dans une capitale qui crée l’événement, fabrique des icônes et rend possible les avant-gardes et les combats collectifs. »

« Le commissariat général est assuré par Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet - Histoire de Paris, le commissariat scientifique par Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers (UMR TEMOS), membre de l’Institut universitaire de France, Catherine Tambrun, attachée de conservation au département Photographies et Images numériques, et Juliette Tanré-Szewczyk, conservatrice du patrimoine, responsable du département des sculptures et du patrimoine architectural et urbain. »

Publié par Paris Musées, le catalogue « Parisiennes citoyennes ! Engagements pour l’émancipation des femmes (1789-2000) », sous la direction de Christine Bard, Catherine Tambrun et Juliette Tanré-Szewczyk accompagne l’exposition. « C’est un défi d’explorer l’histoire de Paris du côté de ses habitantes. L’entreprise n’est pas facile puisque l’histoire nationale (et globale) s’y joue autant qu’une histoire locale, dans un périmètre en lien avec sa banlieue et déjà en soi extraordinairement divers. En conséquence, ce qui revient à Paris et ce qui revient à « la France » est difficile à départager. Ce qui se déroule à Paris prend très vite une envergure nationale. Les femmes de Paris partagent avec les femmes d’ailleurs une condition commune. Des spécificités se dessinent tout de même, comme l’intensité de la vie politique, de la vie culturelle, artistique, intellectuelle, scientifique, des activités économiques de production et d’échange, l’importance de la population étrangère et du nombre de domestiques et de prostituées. Paris concentre les particularités de la vie urbaine, cosmopolite. L’anonymat y joue un rôle protecteur. Les contrastes socio-économiques y sont violents. Et la vie politique intense, troublée, secouée par des révolutions, assombrie par des guerres. Le mode de vie des élites comme des classes populaires y favorise le collectif, les rencontres, la circulation, les échanges. Souvent, c’est à Paris que « ça » se passe. » (Extrait du catalogue, texte de Christine Bard (p. 19)


« La programmation artistique et culturelle de l'exposition Parisiennes citoyennes ! Engagements pour l'émancipations des femmes (1789-2000) a proposé un approfondissement des thématiques abordées dans l'exposition, mais également un développement sur les engagements féministes depuis les années 2000. »

« Elle prolonge la période historique abordée par l'exposition et permet de donner la place à une grande diversité de spécialistes et de variétés d'approches du féminisme aujourd'hui. »

« En soirée, le musée Carnavalet – Histoire de Paris ouvre les portes de son Orangerie pour des événements dédiés à l'actualité des engagements pour l'émancipation des femmes. »

« Des rencontres avec des historiennes, des sociologues, des artistes et des militantes sont proposées, ainsi que des ateliers permettant de découvrir différentes facettes des engagements féministes contemporains : podcasts, bande dessinée, chorale, ateliers participatifs, etc. »
« Ont participé à ces rencontres : Laure Adler, Marie Bongars, Camille Froidevaux-Metterie, Habibitch, Axelle Jah Njiké, Lola Lafon, Titiou Lecoq, Mathilde Leïchlé, Annette Lévy-Willard, Bibia Pavard, Michelle Perrot, Johanna Rocard & Mila Furie, Emmanuelle Retaillaud, Blanche Sabbah, Wassyla Tamzali, Juylie Verlaine, Barbi(e)turix, la bibliothèque Marguerite Durand, le CRR de Paris, l’école Duperré, Les Georgette Sand, Nos Lèvres révoltées, l’Orchestre de chambre de Paris et la Fondation des Femmes, etc. »
Autour de l’exposition, ont été organisées ces soirées thématiques :
« • Vendredi 7 octobre : Paris Musées OFF Découverte & CultureSecrets [plus d'informations p. 36]
• Vendredi 21 octobre : Histoire des femmes, archives, et engagements contemporains
• Vendredi 4 novembre : Corps, représentations et féminisme
• Vendredi 25 novembre : Rencontre dans le cadre de Paris en toutes lettres
• Vendredi 2 décembre : Transmission et création, des formes d’engagement
• Vendredi 16 décembre : L’agir féministe et la sororité
• Vendredi 6 janvier : Musées et matrimoine
• Vendredi 20 janvier : Rencontre dans le cadre de la Nuit de la lecture
• Samedi 14 janvier : Journée dédiée aux associations de lutte pour les droits des femmes
• Samedi 21 janvier : Colloque sur l'histoire et l'actualité du féminisme ».

Autres visites : 
• Visite de l’exposition tous les samedis à 10h avec une intervenante culturelle du musée.
• Visite-discussion « Féministes, et on le manifeste ! » 
« C’est le rendez-vous pour les ados et les jeunes adultes ! Au programme, découverte des Parisiennes en lutte pour l’émancipation des femmes, histoires et discussions, puis création de pancartes ou banderoles seul(e) ou à plusieurs. Femmages, slogans, paroles de chanson, c’est vous qui choisirez pour imaginer votre manifestation. »
Cette visite-discussion est proposée aux 13-17 ans et aux 18-26 ans.
• « Visite-créative en famille « Féministes, et on l’affiche ! » « Les luttes féministes s’affichent dans les rues et sur les murs ! Après une visite de l’exposition, les participants sont invités à créer leur propre affiche, afin d’exprimer par les mots et les images leurs engagements. »
https://www.carnavalet.paris.fr/visiter/offre-culturelle/visite-creation-feministes-et-laffiche
• « Visite-chantée en famille « Féministes, et on le chante ! » « Après une visite de l’exposition vous êtes invités à user de votre voix. Lors d’un atelier collectif vous pourrez échanger sur l’histoire des luttes féministes afin de créer un chant qui portera vos engagements. Chantons ensemble ! Visite proposée en famille (à partir de 8 ans) »
https://www.carnavalet.paris.fr/visiter/offre-culturelle/visite-chantee-feministes-et-le-chante

« Téléchargeable gratuitement, l’application de visite de l’exposition propose des contenus audio en lien avec une sélection d’œuvres :
Une visite commentée par les commissaires d'exposition
« Christine Bard, Catherine Tambrun et Juliette Tanré-Szewczyk, partagent leurs regards sur une sélection d’oeuvres et les réflexions qui ont guidé leurs choix. Découvrez l’histoire des oeuvres, objets ou documents exposés et celle des femmes qui se sont engagées pour l’émancipation. »
Les podcasts « Femmes battantes » En collaboration avec le Labo des Histoires
« 22 jeunes adultes commentent une sélection d’oeuvres de l’exposition à partir de leur expérience personnelle. Ils expriment leurs réflexions sur les thématiques abordées par les oeuvres et les documents exposés. »
À télécharger ici : https://www.carnavalet.paris.fr/visiter/preparer-votre-visite »

« Pour l’exposition « Parisiennes citoyennes ! », le musée Carnavalet – Histoire de Paris a souhaité s’adresser en particulier aux jeunes citoyennes et citoyens d’aujourd’hui et de demain, et à travers eux à un plus large public. Des dispositifs spécifiques ont été élaborés pour accompagner la découverte de l’exposition et des approches originales et attractives ont été mise en oeuvre dans l’offre de médiation et la programmation culturelle. »

LES "HISTOIRES DE MEUFS" DE LISA MANDEL A RETROUVER DANS L'EXPOSITION
« Au sein de l’exposition, douze panneaux illustrés par l’autrice de bande dessinée Lisa Mandel proposent un éclairage sur des thématiques majeures de l’histoire de l’émancipation des femmes. Imaginées pour un public d’adolescents et de jeunes adultes, et plus généralement pour des visiteurs soucieux de ces enjeux aujourd’hui mais peut-être moins connaisseurs de leur histoire, ces « histoires de meufs » citoyennes, suffragettes, sportives, militantes, artistes, etc. apportent une touche d’humour qui plaira à toutes et tous. »
« Lisa Mandel est une autrice de bande dessinée française née à Marseille au siècle dernier. Reconnue pour son humour décalé et un dessin simple mais incisif, elle fait ses armes dans la BD jeunesse avec notamment la série Nini Patalo. Puis elle s'oriente vers la BD dite « du réel ». Autrice de plusieurs autobiographies, elle réalise chez l'Association, à la fin des années 2000, une fresque historique HP, sur la carrière de ses parents, infirmiers en hôpital psychiatrique. Elle collabore ensuite régulièrement avec une équipe de sociologues et cofonde la collection « Sociorama » chez Casterman, qui adapte en bande dessinée des enquêtes de sociologie. Avec la chercheuse Yasmine Bouagga, elle réalise notamment Les nouvelles de la jungle de Calais qui retrace les 6 derniers mois du plus grand camp de migrants français du 21e siècle, dans le Nord de la France. Puis elle entame un projet pharaonique : réaliser une page par jour pendant une année afin de régler toutes ses addictions. Une année exemplaire paraît en 2020, en pleine crise du Covid-19. Portée par le succès de son livre, réalisé en autoédition, Lisa Mandel se lance dans la création des éditions Exemplaire, une structure éditoriale alternative visant notamment à assurer une répartition plus juste des revenus pour les autrices et auteurs. »

LES PODCASTS "FEMMES BATTANTES" EN COLLABORATION AVEC LE LABO DES HISTOIRES
« Pendant la préparation de l’exposition, le musée Carnavalet – Histoire de Paris a souhaité donner la parole à de jeunes citoyens et citoyennes d’aujourd’hui. »
« Vingt-deux jeunes adultes, scolarisés en classe de première Bac mécanique automobile au lycée Camille Jenatzy et en formation professionnelle à l’École de la deuxième chance de Paris, ont participé au projet. »
« À l’occasion de plusieurs ateliers avec les commissaires, les équipes du service des publics, le Labo des histoires et leurs enseignants, ils ont pu découvrir le projet de l’exposition, travailler sur une sélection d’oeuvre et produire des commentaires qu’ils ont ensuite enregistrés au musée. »
« Dans ces podcasts qu’ils ont choisi d’intituler « Femmes battantes », ils commentent une sélection d’oeuvres, d’objets ou de documents de l’exposition, à partir de leur expérience personnelle et expriment ainsi leurs réflexions sur différentes thématiques abordées. »
« Les podcasts « femmes battantes » sont disponibles en ligne et dans l’application de visite de l’exposition, téléchargeable gratuitement. »

« Une programmation culturelle riche et variée est proposée en soirée pendant toute la durée de l’exposition. À des temps de rencontres avec des historiennes, des sociologues, des artistes et des militantes sont associés des moments plus spécifiquement dédiés aux jeunes adultes, avec notamment une exposition de projets des élèves de l’école Duperré, un atelier participatif avec l’autrice de bande dessinée Blanche Sabbah, une performance de la chorale féministe « Nos lèvres révoltées », une intervention des étudiantes et étudiants en théâtre du Conservatoire à rayonnement régional de Paris et des rencontres avec le collectif Georgette Sand, une podcasteuse féministe, une tatoueuse, etc. »
« Soirée exceptionnelle le 7 octobre 2022 : Paris Musées OFF Découverte
Une soirée avec l’avant-garde artistique féministe
À l'occasion de l’exposition Parisiennes citoyennes !, CultureSecrets a concocté une programmation exigeante et détonante qui présentera musique et dj sets, performances et danse, par des artistes engagées dans les combats féministes contemporains.
Avec :
HABIBITCH
RAG [Barbi(e)turix]
SOPHIE MORELLO [La Kidnapping]
JOHANNA ROCARD & MILA FURIE NAMORO - Bili Bellegarde & Mascare,
CHA GONZALEZ, PAULINE CHARRIÈRE, CÉLIA GAUTHIER »

« Parisiennes citoyennes ! nous entraîne dans une ambitieuse traversée historique sur les traces des luttes que les femmes ont menées à Paris pour leur émancipation. »

« Parisiennes citoyennes ! avec un point d’exclamation, pour se faire entendre, devenir visible, exister. Parce que c’est une histoire où l’on crie, de rage ou d’indignation, où l’on scande, où l’on chante ensemble ses espoirs – la révolution, la justice, la liberté, la république, la sororité – encore et encore, pour ne pas disparaître dans les limbes de l’histoire. Dans les contestations de l’ordre établi, parfois sous des formes institutionnelles et modérées, les femmes n’ont cessé de manifester leur désir de citoyenneté. »

« Paris, capitale, est l’épicentre, en France, de ces combats. De la revendication du droit de cité à la loi sur la parité, des engagements individuels et collectifs, souvent méconnus, sont présentés ici à travers un choix d’œuvres, d’objets et de documents très variés. »

« Au sein de l’exposition, douze panneaux sont illustrés par l’autrice de bande dessinée Lisa Mandel. Ces douze « Histoires de meufs » proposent un éclairage décalant avec humour des thématiques majeures de l’émancipation des femmes. »
« L’exposition est ponctuée d’archives sonores et audiovisuelles donnant à voir et à entendre des femmes illustres ou anonymes. Des dispositifs multimédia viennent également approfondir cette histoire : un dispositif sur les « Premières » présente quelques femmes qui ont pu accéder pour la première fois à des fonctions ou des métiers réservés au hommes, une autre installation montre la répartition des femmes élues à Paris (de 1945 à nos jours) et, pour finir, une carte interactive permet de visualiser la place donnée aux femmes dans l’espace urbain parisien. »


« 1789, 1830, 1848, 1871 : les Parisiennes sont des actrices importantes de tous les bouleversements politiques que connaît la capitale. En dépit de leur engagement dans les révolutions qui scandent une histoire mouvementée, elles peinent à se faire entendre. »

« Certes, un nouvel horizon se dessine avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Et les citoyennes ? rétorque Olympe de Gouges. »

« En effet, dans Paris en révolution, les femmes qui s’engagent sont nombreuses. Elles s’organisent, animent salons ou clubs, demandent plus d’instruction, et, pour les plus audacieuses, envisagent une égalité politique complète. Le mariage civil et le divorce favorisent l’émancipation. Mais très vite, le retour à l’ordre patriarcal, étayé par le Code civil napoléonien, freine le mouvement, sans parvenir à éteindre l’espérance d’émancipation. Les brèches que sont les révolutions de 1830 et de 1848 ainsi que la Commune ouvrent le champ des possibles pour les Parisiennes éprises de justice. Elles sont saint-simoniennes, femmes de 1848 ou femmes de la Commune : vaincues en leur temps, honorées aujourd’hui. »

L’exposition s’articule en cinq espaces chronologiques : « Le temps des utopies : de la Révolution de 1789 à la Commune », « Le temps des suffragettes (1871-1914) », « D’une guerre à l’autre : ambivalences de la modernité (1914-1939) », « De la Résistance à Mai 68 : entre deux vagues (1939-1968) » et « Le temps des libérations (1970-2000) ».

1. De la Révolution à la Commune : le temps des utopies (1789-1871)
« 1789, 1830, 1848, 1871 : les Parisiennes sont des actrices importantes de tous les bouleversements politiques que connaît la capitale. En dépit de leur engagement dans les révolutions qui scandent une histoire mouvementée, elles peinent à se faire entendre. »
« Certes, un nouvel horizon se dessine avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Et les citoyennes ? rétorque Olympe de Gouges. »
« En effet, dans Paris en révolution, les femmes qui s’engagent sont nombreuses. Elles s’organisent, animent salons ou clubs, demandent plus d’instruction, et, pour les plus audacieuses, envisagent une égalité politique complète. Le mariage civil et le divorce favorisent l’émancipation. Mais très vite, le retour à l’ordre patriarcal, étayé par le Code civil napoléonien, freine le mouvement, sans parvenir à éteindre l’espérance d’émancipation. Les brèches que sont les révolutions de 1830 et de 1848 ainsi que la Commune ouvrent le champ des possibles pour les Parisiennes éprises de justice. Elles sont saint-simoniennes, femmes de 1848 ou femmes de la Commune : vaincues en leur temps, honorées aujourd’hui. »
 
Parisiennes en révolution
« Dans Paris, ville majoritairement féminine (54 %), les femmes participent activement à la Révolution dans les foules, les assemblées, les clubs, les fêtes civiques, les salons… Leur contribution se situe parfois dans le prolongement de leurs rôles traditionnels (nourricier, éducatif, philanthropique, par exemple) mais pas toujours : l’événement est marqué par leur intense politisation et des engagements inédits. Elles sont désormais « citoyennes ».
« Pendant cette période, si elles n’acquièrent pas de droits civiques, et notamment le droit de vote et d’éligibilité, elles gagnent tout de même du pouvoir et de l’autonomie au sein de la famille : la capacité juridique, le mariage civil, le divorce, l’égalité successorale. »

La grande régression
« La Révolution s’achève dans un climat de recul des libertés pour les femmes. En 1793, les clubs féminins sont interdits. Puis, à la suite d’émeutes, divers décrets en 1795 interdisent aux femmes de se réunir à plus de cinq dans la rue et d’assister à une assemblée politique. »
« La crainte des mouvements populaires de citoyennes est à son comble. »
« Chaque sexe doit rester à « sa place ». Le risque de confusion est conjuré par le renouvellement de l’interdiction du travestissement par le préfet de police de Paris. »
« En 1804, le Code civil napoléonien inscrit dans la loi la domination masculine : la femme mariée perd tous ses droits, sur elle-même et sur ses enfants. En 1810, le droit au divorce est restreint et le meurtre commis par l’époux sur son épouse infidèle jugé excusable. »
« La Restauration (1815-1830) parachève ce retour en arrière, en supprimant notamment le divorce. »

La Monarchie de Juillet
« Le 27 juillet 1830, Paris se couvre de barricades lorsque Charles X décide, entre autres, de supprimer la liberté de la presse et de limiter le corps électoral. Dans une atmosphère de guerre civile, le peuple insurgé, dont de nombreuses femmes, réclame une Charte en brandissant le drapeau tricolore. »
« À l’issue de cette révolution, ce n’est plus un roi de France qui monte sur le trône mais un roi des Français. Louis-Philippe est-il aussi le roi des Françaises ? La féministe saint-simonienne Louise Dauriat pose la question dans une pétition. Commence une période troublée, avec des libertés publiques retrouvées pour un bref moment, ouvrant un espace pour les revendications sociales et les espoirs d’émancipation. Le premier journal féministe paraît en 1832 à l’initiative de saint-simoniennes : La Femme libre. Tandis que la littérature, avec George Sand, porte un regard critique sur le « destin » féminin, les premiers mouvements socialistes forgent l’utopie d’un avenir égalitaire. »

« La femme, jusqu’à présent, a été exploitée, tyrannisée. Cette tyrannie, cette exploitation, doit cesser. Nous naissons libres comme l’homme, et la moitié du genre humain ne peut être, sans injustice, asservie à l’autre. »
La Femme libre. Apostolat des femmes, août 1832

La Révolution de 1848
« Dans l’effervescence révolutionnaire qui donne naissance à la Deuxième République, la brèche qui s’ouvre est immédiatement mise à profit par des Parisiennes qui s’engagent : femmes du peuple sur les barricades, anonymes dans les foules ; femmes d’influence, comme George Sand ou Pauline Viardot ; ou bien militantes de la citoyenneté des femmes, féministes et socialistes. »
« Le mot « féministe » n’existe pas encore, mais la réalité politique qu’il désigne est déjà présente sous la forme d’une aspiration collective à l’émancipation des femmes grâce à  l’égalité des droits. Pétitions, clubs, presse : ces moyens désormais classiques sont utilisés. Contre un suffrage universel et un droit à l’éligibilité qui excluent la moitié de l’humanité, un nouveau moyen de protestation apparaît : la candidature féminine aux élections. »

Le Second Empire
« Dans le Paris du Second Empire, les engagements pour l’émancipation des femmes ne manquent pas et les féministes de plume répondent avec fermeté à leurs détracteurs. »
« À la faveur de la libéralisation des années 1860 resurgissent des initiatives concrètes de femmes progressistes, en particulier dans le domaine éducatif : elles créent les écoles maternelles, des cours secondaires et des formations professionnelles pour les jeunes filles. Le sort des femmes du peuple les indigne et les mobilise. Les pionnières des droits des femmes revendiquent l’émancipation économique et défendent l’idée qu’à travail égal, le salaire doit être égal. Cette idée est alors minoritaire dans le mouvement ouvrier français, sous l’influence de Proudhon, très hostile au travail féminin, facteur, selon lui, de « dégénérescence de la race ».

Les femmes de la Commune se mobilisent
« Refusant la capitulation de la France devant la Prusse, et après un siège éprouvant, Paris se soulève le 18 mars 1871. Le 26, un conseil de la Commune est élu. Ni électrices ni éligibles, les Parisiennes sont néanmoins d’actives insurgées. L’institutrice Louise Michel encourage le combat contre toutes les injustices sociales. Le 11 avril, Nathalie Lemel et Élisabeth Dmitrieff créent l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, qui organise des secours et distribue le travail pour les ouvrières. »
« Dans les clubs mixtes ou féminins, des citoyennes de tous les milieux expriment leurs désirs, leurs révoltes et votent des motions. Elles écrivent dans la presse. André Léo, dans La Sociale, défend l’idée qu’il n’est pas de démocratie et de progrès sans les femmes. L’utopie se concrétise dans des mesures sociales audacieuses, mais l’attaque des troupes versaillaises y met fin, transformant Paris en un bain de sang. »

Décryptage d’une oeuvre : le photomontage réalisé par E. Appert
« À partir de portraits individuels découpés et repeints, Appert a réalisé un photomontage trompeur pour discréditer les femmes de la Commune. Il a utilisé les clichés qu’il a pu prendre en tant que photographe expert auprès du tribunal de la Seine – des femmes et des hommes prisonniers, en attente de leur jugement, dans les camps de Versailles. »
« Le cigare d’Hortense David est ainsi remplacé par une bouteille. À partir d’août 1871, 1051 femmes ont été déférées devant des conseils de guerre et 160 d’entre elles ont été condamnées, dont une trentaine aux travaux forcés et une trentaine à la déportation, simple ou dans une enceinte fortifiée. La postérité retiendra surtout le terme de « pétroleuses », puisqu’on les accuse d’avoir incendié Paris. »

2. Le temps des suffragettes (1871-1914)
« La Troisième République donne un nouveau cadre aux engagements des Parisiennes. »
« Dans le domaine politique, Hubertine Auclert s’impose comme une figure majeure du féminisme, un mot qu’elle emploie pour la première fois en 1882 pour qualifier le combat pour les droits des femmes. Elle est convaincue qu’il faut donner la priorité à la conquête du droit de vote et d’éligibilité des femmes, clé de voûte de tous les autres droits. Elle défend ses idées dans son journal, La Citoyenne et passe à l’action militante, allant même jusqu’à faire la grève de l’impôt. Le suffragisme devient, à l’aube du 20e siècle, le combat principal des féministes. »
« Dans le domaine social, les Parisiennes participent aux luttes pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des ouvrières et des employées, par la grève, le syndicalisme, l’action pour de nouveaux droits. »
« Dans le domaine des savoirs, les progrès de l’instruction des filles sont spectaculaires : la République française veut « donner aux citoyens des mères et épouses éduquées ». La capitale attire également des femmes qui se distinguent dans les domaines scientifique et artistique. »
« La figure émergente de la Femme nouvelle résume à la fois le désir d’égalité et le droit à l’indépendance. Qu’il s’agisse de la maîtrise de la fécondité, des nouvelles pratiques sportives ou de l’évolution du vêtement, les Parisiennes sont résolument engagées sur les chemins de l’émancipation. »

L’instruction, condition de l’émancipation
« Dès 1868, la Ville de Paris ouvre aux filles le certificat d’études, avec douze ans d’avance sur le reste du pays. Les excellents résultats des candidates sont soulignés. Les ressources financières de la ville permettent de recruter du personnel et l’offre d’écoles privées y est importante. »
« L’instruction est, pour les féministes, la base de l’émancipation. Les lois Ferry de 1881-1882 permettent aux filles d’accéder à l’école dans les mêmes conditions que les garçons : obligation jusqu’à 13 ans, gratuité, laïcité. Le retard de l’alphabétisation des filles sera vite comblé. »
« La révolution se poursuit avec l’accès aux études secondaires et supérieures, réservé à une élite féminine souvent acquise aux idées féministes. »

Féminismes en art : peintres et sculptrices
« À Paris convergent au 19e siècle des femmes impatientes d’entreprendre leur éducation artistique. La capitale française fait rêver les femmes artistes du monde entier, de plus en plus nombreuses à avoir un atelier et à pouvoir diffuser leur travail grâce, entre autres, aux salons spécifiquement féminins qui leur donnent une chance d’être exposées. Surtout, les possibilités de formation sont plus importantes qu’ailleurs grâce à des écoles privées comme l’Académie Julian, qui dispense un enseignement reconnu attirant des élèves du monde entier. »
« En 1897, sous la pression féministe, l’École des beaux-arts de Paris s’ouvre enfin aux femmes, trente-six ans après celle de Londres. »
« Au tournant du siècle, la bohème artistique qui s’installe rive gauche, au Quartier latin et à Montparnasse, compte de plus en plus de femmes, dont de nombreuses étrangères en quête de liberté. »

Décryptage d’une oeuvre : "Les Causeuses" de Camille Claudel
« Plusieurs versions existent de ces Causeuses, une oeuvre de petites dimensions appartenant à la série « Croquis d’après nature ». Présentée au Salon en 1896, cette oeuvre crée l’événement par sa modernité. »
« Le critique Octave Mirbeau salue alors l’artiste : « Voici une jeune femme au cerveau bouillonnant d’idées, à l’imagination somptueuse, à la main sûre, assouplie à toutes les difficultés du métier de statuaire ; une jeune femme exceptionnelle sur qui n’est demeurée l’empreinte d’aucun maître et qui prouve que son sexe est susceptible de création personnelle ; voici une admirable et rare artiste enfin. »

Incarnations parisiennes des « Femmes nouvelles »
« Dans le Paris des années 1900, des femmes accèdent à des rôles de premier plan dans le monde du travail et de la culture. Avocates, scientifiques, doctoresses, écrivaines ou sportives, elles imposent leur image de « Femmes nouvelles », c’est-à-dire de femmes indépendantes et convaincues de l’égalité des sexes. »
« Certaines femmes connaissent la gloire et donnent l’exemple de carrières possibles, malgré les discriminations. Elles se libèrent de leurs entraves, conquièrent le droit au mouvement. Elles se ruent vers les nouvelles pratiques sportives, n’hésitent pas à prendre part à des compétitions. »
« Dans la capitale mondiale de la mode féminine, elles inspirent des transformations vestimentaires. Paris est le creuset de toutes ces nouveautés qui annoncent la modernité du 20e siècle. »
Décryptage d’une oeuvre : portrait de Séverine, première journaliste professionnelle
« Séverine, née à Paris en 1855, se marie en 1871 à un homme qu’elle quitte au bout de cinq mois, enceinte et traumatisée par les violences sexuelles qu’elle a subies. Il lui faudra attendre le vote de la loi Naquet, en 1884, pour pouvoir divorcer. Les vicissitudes de sa vie d’épouse, d’amoureuse et de mère vont la rendre sensible au droit des femmes à disposer de leur corps. Son engagement féministe s’approfondit ensuite au contact de son amie Marguerite Durand. Première journaliste professionnelle, Séverine a appris le métier auprès de Jules Vallès en travaillant  pour Le Cri du peuple. Dreyfusarde, pacifiste, socialiste de sensibilité anarchiste, militante de la Ligue des droits de l’Homme et de la cause animale, elle est l’autrice d’environ 6 000 articles parus dans de nombreux journaux. »

L’essor du féminisme comme mouvement
« Grâce aux libertés de réunion, de presse, de manifestation puis d’association, le féminisme devient un mouvement pérenne bien organisé. »
« Autour du juriste Léon Richer et de l’oratrice Maria Deraismes, un mouvement républicain pour la défense des droits des femmes se structure. Paris voit naître une nouvelle vague d’associations féministes, de sensibilités diverses. La ville accueille des conférences, des réunions publiques et des congrès. En 1878, lors de l’Exposition universelle, le Congrès international du droit des femmes dure dix jours. »
« Le mouvement est aussi culturel : le féminisme est diffusé par la presse, la littérature, le théâtre. L’aile la plus radicale veut de l’action : Hubertine Auclert appelle le 14 juillet 1881 à prendre la « Bastille des femmes », visant « la loi, le Code civil ». C’est la première manifestation de rue féministe en France. »
« Ô femmes ! L’heure a sonné des révoltes libératrices. Ce n’est pas la charité que nous demandons c’est la justice ».
Nelly Roussel critiquant la Journée des mères de famille nombreuses dans La Voix des femmes, 6 mai 1920

Décryptage d’une oeuvre : le théâtre au service de l’émancipation
« Nelly Roussel est une oratrice dont les performances attirent jusqu’à 2 000 personnes. Dans l’atelier de son mari sculpteur, 58, rue du Rendez-vous, elle répète la pièce de théâtre Par la révolte, scène symbolique, une pièce de théâtre très brève dont la première sera donnée le 1er mai 1903 dans la salle des Sociétés savantes, sous les auspices de la Ligue française pour le droit des femmes. Elle y incarne Ève portant des chaînes trop lourdes, accablée par les siècles d’oppression. »

Paris, ville malthusienne
« Le mouvement néo-malthusien estime qu’il faut limiter la croissance de la population mais en émancipant les femmes qui, privées d’information et d’accès à la contraception, subissent des grossesses non désirées. »
« En France, Paul Robin est le chef de file de ce mouvement. Pédagogue, anarchiste et internationaliste, il crée en 1896 à Paris la Ligue de la régénération humaine, qui prône la maîtrise de la fécondité. Quelques féministes aux sympathies libertaires, Madeleine Pelletier et Nelly Roussel notamment, le rejoignent. »
« Le mouvement ouvrier s’intéresse aussi à la « grève des ventres » anticapitaliste et antimilitariste, un mot d’ordre lancé par Marie Huot, poétesse libertaire, féministe et animatrice de la Ligue contre la vivisection. »
« Paris est une ville réceptive à ces idées nouvelles, annonciatrices d’une révolution sexuelle à venir. »

Décryptage d’une oeuvre : Les cyclistes au bois de Boulogne
« À femme nouvelle, allure nouvelle. L’ordonnance du préfet de police de Paris interdisant aux femmes le port du pantalon est contestée le 1er juillet 1887 par la féministe Marie-Rose Astié de Valsayre, qui en revendique l’usage pour l’escrime et le cyclisme. Elle demande dans une pétition aux députés le droit au costume masculin, qu’elle trouve plus décent, pratique et hygiénique que les atours des « esclaves du luxe ». La réforme vestimentaire est en marche, à l’initiative des féministes, sportives et hygiénistes. Jean Béraud, peintre de la vie parisienne à la Belle Époque, représente les cyclistes au bois de Boulogne qui concilient la culotte bouffante (le bloomer) et l’élégance. Mais ce vêtement est à l’origine de réactions vives comme en témoigne un déluge de caricatures dans la presse. La controverse sur le droit des femmes à pédaler et sur le vêtement le plus adapté va durer une dizaine d’années. La bicyclette est aussi le moyen concret d’une liberté de déplacement. »

3. D’une guerre à l’autre : ambivalences de la modernité (1914-1939)
« En 1914-1918, les Françaises participent massivement à l’effort de guerre ; beaucoup assument une autonomie nouvelle. Mais le moment est loin d’être favorable au féminisme. Alors que de nombreux pays reconnaissent l’égalité des droits politiques en accordant le droit de vote aux femmes à l’issue de la Première Guerre mondiale, les Françaises se heurtent à un refus persistant du Sénat. »
« Leur rôle dans le monde du travail n’est pas mieux accepté, et la crise des années 1930 le rappelle en touchant de plein fouet les salariées. De plus, la natalité, en baisse, inquiète les autorités, qui renforcent le combat contre l’avortement et mettent en place des politiques familialistes. »
« Malgré l’âpreté politique et sociale de la période, Paris vit une véritable révolution des mœurs. Les garçonnes des Années folles troublent la frontière entre le masculin et le féminin. Après la Femme nouvelle de la Belle Époque, voici la « femme moderne », qui vit avec son temps. »
« Les engagements des femmes à Paris prennent des directions multiples. »
« Le droit de vote comme la cause pacifiste mobilisent les militantes. Les femmes sont aussi très présentes, pendant le Front populaire, dans la grève générale. En 1936, trois femmes (Cécile Brunschvicg, Irène Joliot-Curie et Suzanne Lacore) entrent au gouvernement. »

Face à la guerre
« En 1914, le mouvement pour l’émancipation des femmes se fracture : une large majorité soutient l’Union sacrée, tandis qu'une minorité reste pacifiste et internationaliste mais la censure et l’interdiction de passer les frontières limitent les protestations. En 1917, la répression s’aggrave avec l’arrivée de Clemenceau au pouvoir. »
« Avec la guerre, les conditions de travail se sont dégradées, mais en 1915, les luttes féministes pour les plus défavorisées aboutissent : la loi reconnaît aux travailleuses à domicile un salaire minimum. »
« En 1917, les employées et ouvrières de l’habillement entrent en grève, manifestent dans Paris et entrainent celles qui travaillent dans l’armement. Le mouvement menace la machine de guerre. Les préjugés sur la passivité de la main d’oeuvre féminine sont dépassés et le gouvernement doit plier. Le 26 mai un article de l’Ouest-Éclair souligne une incontestable « victoire du féminisme ».

Féminismes de l’entre-deux-guerres
« Malgré leur participation à l’effort de guerre, les Françaises restent privées de droits politiques et le Code civil les maintient sous tutelle. Le retour à l’ordre « naturel » des sexes est célébré. Des politiques natalistes sont mises en place, avec, notamment, une forte répression de l’avortement (lois de 1920 et 1923) et la glorification des familles nombreuses. »
« Les féminismes étendent leur influence, se diversifient – de la droite catholique à la gauche révolutionnaire –, au service de causes multiples, mais leur objectif premier reste la citoyenneté. En 1925, le Conseil national des femmes françaises fédère 165 associations et 150 000 adhérentes. L’Union française pour le suffrage des femmes atteint les 100 000 membres en 1929. »
« Des suffragettes font l’actualité avec des coups d’éclat à Paris (elles manifestent, s’enchainent, lancent des tracts en avion sur la Sénat, distribuent des chaussettes à des sénateurs, font des charivaris, bloquent des rues, brûlent le code civil, perturbent les élections, pétitionnent…). »
« Le suffragisme en France connaîtra pourtant une « étrange défaite ».

Le Paris des garçonnes
« Brouiller les cartes. Masculin ? Féminin ? Mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. »
Claude Cahun, Aveux non avenus, 1930
« Deuil, anxiétés, mais aussi modernité et besoin de s’amuser : le climat de l’après-guerre est contrasté. Une atmosphère de libération sexuelle anime le Paris de la fête et de la bohème. »
« En 1922, Victor Margueritte en peint sa version dans La Garçonne, dont le succès scandaleux lui coûte sa légion d’honneur. Le « Paris-Lesbos » défie la morale puritaine et l’ordre patriarcal. La capitale de la France, où l’homosexualité n’est pas légalement condamnée, est un espace propice à l’émancipation. »
« L’avant-garde littéraire pivote autour de couples de femmes de la Rive gauche : Gertrude Stein et Alice Toklas, Sylvia Beach et Adrienne Monnier… Nombre de lesbiennes étrangères trouvent à Paris leur épanouissement amoureux et professionnel. « Il ne faut pas chercher Sapho ni à Mytilène, ni à Leucade, ni à Alexandrie, ni même dans les couvents… C’est une artiste. Donc elle a déménagé à Paris » écrit Maryse Choisy dans un numéro du Rire consacré aux « Dames seules » en 1932. »

Décryptage d’une oeuvre : les nuits au Monocle
« Dans les années 1920, de nombreux dancings ouvrent dans la capitale. Les femmes qui aiment les femmes se retrouvent au Monocle, cabaret ouvert en 1932 par Lulu de Montmartre et installé dans une ruelle de la butte, puis au 60, boulevard Edgar-Quinet (14e arr.). Les clientes y dansent au son d’un orchestre exclusivement féminin. Certaines lesbiennes affichent ici des signes de masculinité : cheveux courts lissés par la gomina, pantalon, veste, cravate. Brassaï, photographe fasciné par le Paris nocturne, avec cette série de portraits des habituées de ce cabaret, laisse un témoignage unique de l’ambiance qui y régnait. »

Citoyennes au temps du Front populaire
« La crise économique des années trente affecte brutalement l’emploi des femmes. Une campagne sans précédent est déclenchée pour le retour des femmes au foyer. La dynamique de l’émancipation des femmes est remise en cause. Mais la grève générale de 1936 mobilise la main-d’œuvre jeune, féminisée, mal payée et peu syndiquée. »
« Les acquis sociaux obtenus en juin 1936 (40 heures par semaine, 15 jours de congés payés) bénéficient à toutes et tous, mais la différence de salaires selon le sexe est maintenue : les ouvrières sans qualifications sont payées entre 25 % et 40 % de moins que les hommes… »
« Le gouvernement de Léon Blum nomme aussi trois femmes secrétaires d’État : Irène Joliot-Curie, Suzanne Lacore et Cécile Brunschvicg. Elles sont pourtant privées de droits politiques en tant que femmes, et sans droits civils pour celles qui sont mariées. « Trois hirondelles ne font pas le printemps », commente Louise Weiss. »

Décryptage d’une oeuvre : Rose Zehner dans l’atelier de sellerie de l’usine Citroën, par Willy Ronis
« Cette célèbre photographie de Willy Ronis immortalise la militante communiste et syndicaliste Rose Zehner (1901-1988) s’adressant aux ouvrières de Citroën à la veille d’une grève de protestation contre le recul des acquis sociaux. Willy Ronis se souvient : « Les gens criaient de colère. Je n'ai pas eu une vraie réaction de reporter : l'atmosphère était tellement tendue que je me suis senti de trop et suis parti. Je n'ai fait qu'une photo, celle-là ». Licenciée après cette grève, Rose Zehner ouvre un bistrot, Chez Lulu et Rosette, rue Saint-Charles. Sa harangue dans un atelier féminin deviendra iconique. Quarante-deux ans plus tard, Willy Ronis retrouve le cliché et l’intègre dans son ouvrage Sur le fil du hasard. »

Les liens de la sororité
« Entre les deux guerres, les réseaux de femmes se multiplient dans la capitale. Les salons, comme celui de Natalie Barney dédié à la culture lesbienne, ou celui des soeurs Nardal consacré à la négritude, prospèrent. Librairies et bibliothèques offrent des possibilités de rencontres, à la librairie Shakespeare and Co, fondée par l’Américaine Sylvia Beach, ou à la Bibliothèque Marguerite Durand, « office de documentation féministe ». 
« En ces temps où l’accès des femmes aux études et au monde du travail qualifié progresse, les associations et clubs professionnels non mixtes se structurent à Paris, la capitale servant généralement de siège national. La dynamique féministe encourage les femmes à cultiver l’amitié, la solidarité et la sororité, face aux règlements qui les excluent toujours de nombreux clubs et réseaux masculins. »

4. De la Résistance à Mai 68 : entre deux vagues (1939-1968)
« La défaite de 1940 enclenche une phase de régression pour les droits des femmes. C’est pourtant en citoyennes que certaines s’engagent dans la Résistance. Leur courage justifie la reconnaissance de l’égalité des droits civiques, en 1944. Mais le rôle alloué aux femmes dans la vie politique reste modeste. En revanche, dans les associations et les syndicats, les engagements féminins sont multiples. »
« Le baby-boom et le conservatisme moral dominant mettent au premier plan des revendications la conciliation entre vie professionnelle, personnelle et maternité. Parallèlement, le modèle familial traditionnel est critiqué par Simone de Beauvoir, qui publie Le Deuxième Sexe en 1949. »
« Fondé en 1956 sous le nom rassurant de la Maternité heureuse, le Planning familial ouvre en 1961 à Paris un Centre de planning familial. »
« La loi Neuwirth autorisant la contraception est votée le 28 décembre 1967. »
« Des « scandaleuses » telles que Juliette Gréco et Françoise Sagan annoncent les changements à venir. D’autres embrassent la dissidence politique et prennent des risques en soutenant l’indépendance algérienne. »
« Puis, dans l’effervescence de Mai 68, les femmes prennent conscience que, dans les manifestations, les assemblées générales ou les grèves, leur voix compte toujours moins que celle des hommes. »

Citoyennes en résistance
« Dans la France de Vichy, les changements législatifs restreignent les droits des femmes et des minorités sexuelles suivant un tournant pris dès la fin de la Troisième République. »
« À Paris comme ailleurs, mouvements et réseaux de résistance gagnent en importance entre 1940 et 1944. Ils veulent libérer le territoire de l’occupant, encourager le patriotisme, dénoncer la barbarie nazie, défendre les valeurs démocratiques, réagir aux persécutions antisémites… Les femmes y sont bien présentes, même si le pouvoir reste masculin. »
« Le parti communiste (interdit en 1939), qui attire bon nombre d’opposantes au régime du maréchal Pétain, est à l’origine du seul mouvement féminin créé sous l’Occupation : l’Union des femmes françaises. Le poids des femmes dans la résistance n’est pas reconnu à sa juste valeur. 88 % des cartes de combattants volontaires de la Résistance seront attribuées à des hommes. C’est toutefois l’argument de la participation des femmes à la résistance qui justifie la reconnaissance des droits politiques des Françaises (ordonnance du 21 avril 1944). »
Décryptage d’une oeuvre : Joséphine Baker, citoyenne soldate
« Répondant à l’appel du 18 juin, des femmes ont rejoint l’armée de la Libération, au même titre que les hommes. »
« Originaire de Saint-Louis (Missouri), naturalisée française en 1937, Joséphine Baker, célèbre artiste de music-hall, a donné des concerts pour l’armée française et participé au contre-espionnage dès 1939. En mai 1944, elle devient sous-lieutenante dans les Formations féminines de l’air et elle est décorée de la médaille de la Résistance française avec rosette le 5 octobre 1946. »
« En 2021, elle est la sixième femme à entrer au Panthéon. »

Les espoirs de la Libération
« En 1945, au sein du Conseil municipal de Paris, alors majoritairement à gauche, les conseillères sont environ 12 %. C’est plus que le pourcentage de députées à l’Assemblée nationale ou de conseillères générales de la Seine (environ 5 %). Le Parti communiste est le parti le plus féminisé. Ses élues parisiennes sont des militantes chevronnées, issues de la Résistance, avec de riches parcours associatifs (à l’Union des femmes françaises, notamment) et politiques. Plusieurs ont des mandats nationaux. »
« Moins nombreuses, les élues catholiques les plus progressistes sur le plan social sont actives au sein du Mouvement républicain populaire. »
« L’Union féminine civique et sociale investit le terrain politique et ouvre dès novembre 1944 un centre de formation civique pour les femmes à l’Institut catholique de Paris. La modernité de ces apprentissages citoyens entre souvent en conflit avec le discours conservateur du clergé. »

Les scandaleuses
« Alors que le féminisme reste au creux de la vague, la littérature, la chanson, la scène échappent en partie au conformisme familialiste et puritain des années cinquante. »
« Scandaleuse, Simone de Beauvoir, identifiée à la bohème de la rive gauche, incarne désormais la « débauche ». Mais son message éveille les consciences de ses nombreuses lectrices. »
« Scandaleuses aussi en 1964-1965, les premières Parisiennes qui sortent en minirobes et minijupes, quand d’autres – ou les mêmes – adoptent le pantalon. Précédant la nouvelle vague féministe, le langage vestimentaire parle de libération, sous le regard des photographes qui saisissent ce moment troublant. »
« Comme une réplique du séisme des Années folles, les années soixante révolutionnent le rapport au corps. Il devient banal de sortir bras nus et de fumer dans la rue ou au café. Paris est à la fois l’épicentre et la vitrine de tous ces changements culturels. »

Renouveaux au creux de la vague
« Les revendications des femmes dans le monde du travail trouvent à partir de 1965 un écho au ministère du Travail. Un Comité d’études et de liaison des problèmes du travail féminin se met en place, présidé par Marcelle Devaud. Il est à l’origine du « féminisme d’État ». Le taux d’activité des Françaises est en hausse, c’est aussi la fin du baby-boom. C’est dans ce contexte que les premiers signes d’un renouveau féministe apparaissent. »
« En 1956, le combat pour la maîtrise de la fécondité reprend vigueur. Mais la situation politique est tendue dans un contexte de décolonisation, une cause qu’embrassent un certain nombre de Parisiennes : porteuses de valise, militantes communistes, intellectuelles, avocates ou encore artistes. »
Décryptage d’une oeuvre : le "Tir" de Niki de Saint Phalle 
« En pleine guerre d’Algérie, la plasticienne Niki de Saint Phalle s’arme d’un fusil. Le premier tir a lieu le 12 février 1961 devant des photographes et des artistes, impasse Ronsin, à Montparnasse où elle a son atelier. L’action consiste à tirer sur un support comportant des objets et formes diverses en plâtre blanc, qui libèrent de la peinture. « Un assassinat sans victime. J’ai tiré parce que j’aimais voir le tableau saigner et mourir ». L’une des cibles des "Tirs" représente son père, qui l’a violée alors qu’elle avait onze ans. »

Mai 68
« En 1968, la contestation éclate dans les milieux étudiants, le monde du travail et de la culture. La grève générale transforme Paris en forum. Dans les assemblées générales, les manifestations, les affrontements de rue, les femmes sont partout. »
« Quelques réunions mixtes sur « les femmes et la révolution » ont lieu mais le sujet est périphérique. Les hommes occupent le devant de la scène médiatique, tandis que les femmes gèrent l’intendance. »
« Un tract à l’Institut d’études politiques ironise à ce sujet : « L’efficacité de la grève serait sans aucun doute plus radicale si toutes les femmes refusaient de faire la cuisine et laissaient s’empiler la vaisselle comme s’empilent les ordures dans la rue […] Souhaitons que les filles de Sciences Po, […] abandonnent au plus tôt leur situation privilégiée de monopole dans leur confection des sandwiches et le service de balayage et de nettoyage de l’école ».

5. Le temps des libérations (1970-2000)
« Dans l’onde de choc des espérances révolutionnaires des années 1968, le féminisme resurgit, métamorphosé. Le Mouvement de libération des femmes (MLF) se forme en 1970 et fait de la liberté de disposer de son corps un enjeu central. Paris accueille de vastes manifestations jusqu’au vote de la loi Veil (1975) autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et à sa confirmation en 1979. »
« Les mobilisations sont diverses et inédites : lesbiennes, femmes de ménage, femmes prostituées, femmes noires, femmes immigrées… La domination masculine dans le milieu culturel et intellectuel parisien est dénoncée, le statut des femmes réduites à des objets de fantasme critiqué. »
« Les mouvements de femmes se transforment à la fin du siècle. La création féminine s’impose dans les rues de Paris, car s’émanciper, c’est aussi se donner le droit d’occuper l’espace public pensé par et pour les hommes. »
« Mais les inégalités entre femmes et hommes demeurent importantes dans de nombreux domaines. Ainsi, sur la scène politique, les femmes restent sous-représentées, ce qui justifie la campagne pour la parité, concrétisée par une loi en 2000. »
« Histoires de meufs : militantes ! » Un éclairage illustré par Lisa Mandel
« Le Mouvement de libération des femmes (MLF), né en 1970, est un mouvement féministe non mixte et autogéré : toutes les participantes, et non quelques porte-paroles, ont le pouvoir de décision. Le projet révolutionnaire du MLF va au-delà de l’égalité de tous les droits : il s’agit d’abolir le patriarcat. Les actions des militantes sont souvent provocatrices et médiatiques, par exemple le dépôt sous l’Arc de Triomphe de fleurs pour la femme du Soldat inconnu. En 1971, le MLF publie une pétition signée par 343 femmes osant déclarer avoir avorté, alors que cela est encore interdit et puni par la loi. »

« Notre corps nous appartient »
« La lutte pour la liberté de l’avortement prend son essor à Paris en 1971. » 
« Christine Delphy, Anne Zelensky, avec d’autres militantes du tout nouveau MLF publient le Manifeste des 343 femmes dans Le Nouvel Observateur. »
« Les signataires déclarent avoir avorté. Parmi elles, Stéphane Audran, Colette Audry, Françoise d’Eaubonne, Catherine Deneuve, Marguerite Duras, Françoise Fabian, Brigitte Fontaine, Antoinette Fouque, Bernadette Lafont, Violette Leduc, Ariane Mnouchkine, Jeanne Moreau, Bulle Ogier, Marie-France Pisier, Micheline Presle, Christiane Rochefort, Yvette Roudy, Françoise Sagan, Delphine Seyrig, Nadine Trintignant, Agnès Varda, Marina Vlady, Monique Wittig. Gisèle Halimi, avocate et fondatrice de l’association « Choisir la cause des femmes », qui a également signé, est prête à intervenir en cas de procès. »
« C’est le coup d’envoi d’une lutte multiforme pour le droit de maîtriser sa fécondité. »

Et les Gouines rouges sont arrivées…
« Les homosexuelles sont omniprésentes sur la scène féministe. Participer au mouvement des femmes répare un sentiment d’exclusion : l’homosexualité est alors stigmatisée et considérée comme une maladie mentale. Mais les préjugés existent aussi à l’intérieur du mouvement féministe. »
« En 1971 nait le premier groupe lesbien, les Gouines rouges, en même temps que le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) qui se réunit aux Beaux-Arts et à Vincennes, en rupture avec la modération de la seule association homosexuelle jusque-là existante, Arcadie. À partir de 1975, d’autres collectifs se forment comme le Groupe des lesbiennes féministes, puis le Groupe des lesbiennes de Paris, non sans tensions avec le féminisme. Un mouvement autonome lesbien est en gestation, la « visibilité lesbienne » sera le mot d’ordre des années 1980. »

Contre le viol et les violences
« La dénonciation des violences masculines prend une place centrale dans la nouvelle vague féministe. Elle rejoint en effet la lutte pour la liberté de disposer de son corps. Pour le MLF, il faut en finir avec le silence et la honte des victimes. Dès 1970, Emmanuèle Durand (Emmanuèle de Lesseps), dans le numéro de Partisans, raconte son expérience du viol. »
« Le besoin d’associations spécifiques se fait sentir. SOS Femmes alternatives, avec une ligne d’écoute, est créé en 1975 par la Ligue du droit des femmes. Puis le Collectif contre le viol et les violences sexistes est formé à Paris. En 1978, le Centre Flora-Tristan ouvre à Clichy. Allant dans le même sens, des livres paraissent, diffusant une analyse radicalement nouvelle du viol comme l’expression d’un rapport de pouvoir. Le 4 mars de la même année, des femmes organisent, pour la première fois à Paris, une manifestation nocturne : « Femmes, prenons la nuit ».

« Je suis une femme pourquoi pas vous ? »
Manifestation du 1er mai 1976

« D’ici et d’ailleurs » : femmes exilées, femmes immigrées, femmes noires
« En 1976, une dizaine de femmes africaines, antillaises et afro-américaines créent la Coordination des femmes noires, à l’intersection de deux grandes causes. La première Journée des femmes noires a lieu le 29 octobre 1977. En 1978, Awa Thiam fonde le Mouvement des femmes noires. Le « féminisme noir », qui concerne à Paris des femmes d’origines très diverses, perce difficilement. »
« L’organisation des femmes racisées est facilitée après 1981 par le droit reconnu aux personnes immigrées de se réunir en association loi 1901. Le nombre d’associations féminines tenues par et pour des femmes étrangères, le plus souvent maghrébines, explose. En 1988, elles sont 48 en Île-de-France. Au premier plan, la satisfaction de demandes économiques, sociales, culturelles. Dans un contexte de montée du racisme, en 1984, un Collectif féministe contre le racisme se forme à Paris. »

Les mobilisations de travailleuses
« La réduction des inégalités sexuées dans le monde du travail est depuis 1965 un objectif étatique : un Comité du travail féminin est piloté par la gaulliste Marcelle Devaud, puis, en 1974, un secrétariat à la Condition féminine est confié à Françoise Giroud ; en 1983, la loi Roudy porte sur l’égalité professionnelle. D’autres lois suivront, manifestement insuffisantes et mal appliquées. D’innombrables manifestations indépendantes, syndicales et/ou féministes de travailleuses le rappellent. »
« Au bas de l’échelle, les employées de maison vont se mobiliser pour diminuer leur journée de travail de 12 à 9 heures. Les infirmières s’insurgent régulièrement contre l’invisibilité, le manque de reconnaissance, la faiblesse structurelle de leurs salaires, dans une profession féminine à 80 % et peu syndicalisée. »
« Malgré quelques avancées, les métiers féminins restent sous-rémunérés. »

Exister dans les assemblées élues
« Dans les années 1970, les femmes sont quasi absentes de la vie politique française. Le MLF n’y change rien. En revanche, son existence stimule la révolte au sein des partis politiques. »
« L’alternance politique de 1974 ouvre la voie à une forme de « récupération » du féminisme par le pouvoir. La féminisation des gouvernements progresse légèrement. Françoise Giroud, la cofondatrice de L’Express, est nommée secrétaire d’État à la Condition féminine. Elle propose « 110 mesures pour les femmes » mais peu sont concrétisées. » 
« La même année, Arlette Laguiller se déclare « candidate à la présidence de cette République d’hommes ». Elle est la première à le faire légalement. »
« Si le pouvoir reste masculin, le taux de féminisation de la vie politique parisienne est largement supérieur à celui du reste de la France. »

Cultures féministes
« Le féminisme propose un changement culturel fondamental qui passe par la valorisation de la création des femmes. L’édition (éditions des femmes, Tierce…), la librairie (la librairie des femmes, Carabosses), les festivals (Musidora…) accompagnent la diffusion des écrits, des oeuvres, des films de femmes, avec succès. Dans les universités, les études féminines (Hélène Cixous) et féministes prennent leur essor. Leur contribution à la recherche est valorisée par de nouvelles associations au cours des années 1980. »
« D’innombrables initiatives rassemblent des femmes artistes en collectifs tandis que se renforce la critique de l’omnipotence masculine dans le monde de l’art. »
« Le genre s’impose à partir des années 1990 comme un concept central pour comprendre la construction sociale du féminin et du masculin. À la toute fin du 20e siècle, les approches queer analysent les normes et les transgressions de genre. »
Décryptage d’une oeuvre : le baiser d’ORLAN
« En 1977, ORLAN réalise un happening féministe à l’entrée de la Foire internationale de l’art contemporain (FIAC), au Grand Palais. Pour dénoncer la marchandisation du corps des femmes et l’absence des femmes artistes dans cette manifestation, elle propose Le Baiser de l’artiste, embrassant les visiteurs qui le souhaitent pour 5 francs. La performance fait scandale, et l’artiste perd son emploi d’enseignante. Le corps est politique. ORLAN dénonce les pressions exercées sur les femmes en mettant son corps en jeu dans les transformations/métamorphoses rendues possibles par la génétique, la chirurgie esthétique, les nouvelles technologies. Elle s’imposera comme l’inventrice de « l’art charnel », sa version du body art, singulière entre toutes. »

Les féministes et l’espace public parisien
« C’est tout de même malheureux qu’on ne puisse pas se promener après 9 heures du soir » chantent en 1965 « Les Parisiennes », quatuor yéyé. L’insécurité des femmes dans la rue est traitée sur un mode humoristique mais va bientôt devenir un enjeu politique. Les marches de nuit féministes appellent les femmes à agir. « Prendre la nuit », c’est rappeler que la ville appartient aussi aux femmes et qu’il n’est pas de véritable citoyenneté sans droit à la sécurité. Les cours de self-défense se multiplient d’ailleurs à partir des années 1970 dans la capitale. »
« Paris apparaît aussi comme une ville masculine en raison du sexisme en vitrine dans les commerces. En 1999, Mix’Cité s’en prend à un grand-magasin qui a placé des mannequins vivants portant des sous-vêtements sexy en vitrine. La même année, Les Chiennes de garde s’en prennent au Fouquet’s qui refuse les femmes « non accompagnées ».

« Mieux que rien c’est pas assez »
Miss.Tic

« Quelques repères chronologiques sur les engagements pour l’émancipation des femmes à Paris »

« 1789
Marche des dames de la Halle sur Versailles
1791
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges
1832
La femme libre, journal des saint-simoniennes, premier journal « féministe »
1862
Élisa Lemonnier ouvre la première école professionnelle pour jeunes filles. Marie Pape-Carpantier puis Pauline Kergomard créent les écoles maternelles.
1881-1882
Lois Ferry sur l’école publique gratuite, laïque et obligatoire, sans distinction de sexe.
1897
La Fronde, quotidien féministe lancé par Marguerite Durand
1907
Création de l’Union française pour le suffrage des femmes
1914
Première grande manifestation de rue pour le suffrage
1920
Protestations contre la loi « scélérate » réprimant l’avortement et la contraception
1936
Participation active des travailleuses à la grève générale / trois femmes entrent dans le gouvernement du Front populaire
1944-1945
Reconnaissance de l’égalité des droits politiques (21 avril 1944) / Premier vote des Françaises, premières élues locales et nationales (mai 1945)
1956
Création de La Maternité heureuse, futur Mouvement français pour le Planning familial qui ouvre à Paris en 1961. La contraception sera autorisée par la loi Neuwirth en décembre 1967
1968
Participation active des femmes dans les manifestations, les grèves et les nouveaux mouvements contestataires
1970
Manifestation à l’Arc de triomphe honorant la femme du soldat inconnu / Naissance du MLF 
1973
Création du MLAC (Mouvement de libération de l’avortement et de la contraception). La mobilisation aboutit au vote de la loi Veil (votée à titre provisoire en 1975, confirmée en 1979)
1978
Première manifestation de nuit contre le viol. En 1980, la loi sur le viol est révisée.
1982
La maison des femmes de Paris ouvre, cité Prost, dans le 11e arrondissement
2000
La loi dite « sur la parité » dans les assemblées élues est adoptée / Première enquête nationale sur les violences à l’égard des femmes ».


Du 28 septembre 2022 au 29 janvier 2023
23, rue de Sévigné. 75003 Paris
Tél. : 01 44 59 58 58
Tous les jours de 10h à 18h, sauf les lundis et certains jours fériés
Visuel :
Pierre Michaud, 6 oct 1979 Marche des femmes, Groupe de femmes assises faisant le signe « féministe », 1979
© Pierre Michaud / Gamma Rapho Graphisme : Atelier Pierre Pierre

Les citations sur le film proviennent du dossier de presse. 

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