Citations

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« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 8 mars 2012

Un stage éducatif contre les stéréotypes


Lundi 8 juin 2009. Collège Georges Rouault (Paris, XIXe arr.), un bâtiment moderne excentré qui accueille 420 élèves.

Olivia Cattan, Karim-Hervé Benkamla et Morad al-Hattab, respectivement présidente, vice-président et secrétaire général de l’association Paroles de femmes, accueillent la vingtaine d’élèves de 5e - âgés d'environ 12 ans - qui depuis mars 2009 suivent leur stage éducatif d’une heure – bimensuel en juin - pour « déconstruire les préjugés ».

Dirigée par Lucien Loeb (Générique Production), une équipe filme la séance pour M6.

Au programme : quizz oraux - « Les hommes et les femmes sont-ils égaux ? » - et saynètes d’une dizaine de minutes. Olivia Cattan et Karim-Hervé Benkamla reformulent les questions, invitent les élèves à préciser leurs réponses, s’opposent aux clichés.

« Vous sentez-vous français ? » Environ six élèves se définissent ainsi, puis hésitent. Finalement, seuls deux répondent « Oui ». « C’est quoi pour vous être français ? », interroge Karim-Hervé Benkamla. Les réponses fusent spontanément des garçons, souvent rieurs : « Avoir du sang français ! », « Ils vont dire que tu es raciste… », « Au fond de moi, je sens que je ne suis pas français », « Noirs et Arabes sont frères ; les autres non ». Et leur condisciple juif ? « C’est mon pote ! »

Ecrites par Olivia et Laura Cattan et Grégory Baquet, les saynètes sont jouées par deux élèves « échangeant » leur identité religieuse ou sexuelle.

Auteur de Chroniques d'un buveur de lune, Morad al-Hattab interpelle les élèves : « Etes-vous choqués par les expressions de la fille ? » au langage masculin. « Oui… » Minoritaires, les filles demeurent réservées, timides.

L’équipe de Parole de femmes martèle un message d’égalité, de respect d’autrui, de rappel de la laïcité et de foi en l’école républicaine. Puis, après la séance, elle dresse un bref bilan avec Georges Benguigui, directeur de l’établissement.

Dans cette classe, « il y a eu des problèmes d’antisémitisme, de sexisme et de violence. Aujourd’hui, ces enfants arrivent à en parler librement, à réfléchir sur leurs paradoxes… Notre objectif est de déconstruire tous leurs préjugés et de faire travailler ces enfants ensemble sur ce qu’ils ont en commun : leur citoyenneté française. Ainsi, ils tissent des liens et apprennent à se connaître, à se respecter et, pour certains, à s’apprécier », résume Olivia Cattan, journaliste, essayiste et romancière.

Un travail aux effets déjà démultipliés car des élèves parlent chez eux du stage à leurs frères attentifs.

En 2009-2010, ce stage a été axé sur la laïcité/citoyenneté, les violences, ainsi qu’une pièce de théâtre écrite par les collégiens sur les clichés et préjugés et jouée devant leurs familles.

« Un documentaire a été réalisé afin d’évaluer les résultats de ces deux années de cours d’égalité », déclare Olivia Cattan le 12 décembre 2010.

Le bilan d’une année de modules éducatifs ? « C’est une confiance qui s’installe entre les enfants et nous, une diminution des violences verbales et physiques entre les garçons et les filles ».

Pour constater un recul patent des préjugés, « il faudrait une prise en charge dès la 6e et des interventions ponctuelles jusqu’à la Terminale. Mais ce que nous avons gagné, c’est une prise de conscience réelle des préjugés et de » leurs conséquences.

Quant aux professeurs, « certains ont du mal à accepter que l’on parle des violences, notamment du viol qui est encore un sujet tabou. Pourtant c’est la raison pour laquelle les écoles nous appellent ».

Et d’ajouter : « Nous intervenons actuellement au sein de 12 collèges dans le Val d’Oise. De plus en plus de municipalités envisagent de nous faire intervenir afin d’établir un programme global dans tous les collèges pour un résultat général et plus efficace ».

L’association souhaite la généralisation au niveau national de ses modules de prévention.

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Cet article avait été commandé, et non publié, par L'Arche.

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