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mardi 11 octobre 2022

« Comment les nazis ont spolié ma grand-mère L’histoire du livre de cuisine d’Alice » d’Andrea Oster M.A.

Arte diffusera le 13 octobre 2022 à 23 h 00 « Comment les nazis ont spolié ma grand-mère. L’histoire du livre de cuisine d’Alice » (Alices Buch. Wie die Nazis das Kochbuch meiner Großmutter raubten ; 
Literature Spoliation By The Nazis, The Incredible Story Of A Best-Selling Cookbook), documentaire passionnant d’Andrea Oster M.A.  « Après avoir trouvé deux versions du livre de cuisine de sa grand-mère, dont une signée d’un autre nom, Karina Urbach retrace le parcours de son aïeule. Une étonnante histoire de spoliation par les nazis, qui se poursuit bien après la fin de la guerre. » Le vol jusqu'en 2020, des droits d'auteur d'Alice Urbach, une veuve autrichienne juive bourgeoise dont le livre de recettes gastronomiques fut un best-seller aryanisé par les Nazis.
    
Ruth Beckermann, documentariste

« Alice Urbach naît dans la Vienne de la fin du XIXe siècle et grandit dans une famille de la bourgeoisie juive. Lorsque son mari Max » - un médecin joueur invétéré - « meurt quelques années plus tard, en 1920, la jeune femme doit subvenir seule aux besoins de ses enfants », deux garçons. 

Elle propose des cours de cuisine à la bourgeoisie viennoise : elle démarche les dames admiratives des gâteaux appétissants dans les vitrines de pâtisseries ou confiseries, fait publier des annonces dans les journaux.

« Passionnée de gastronomie, elle décide d’ouvrir une école de cuisine qui rencontre un succès fulgurant. En 1935, Alice Urbach publie un livre intitulé C’est comme ça qu’on cuisine à Vienne (So kocht man in Wien!). L’ouvrage de 500 pages connaît rapidement un énorme succès ». Il est généralement à la jeune mariée. C'est l'un des trois livres d'Alice Urbach.

« Mais en mars 1938, Hitler annexe l’Autriche, et la vie de la mère de famille bascule : elle est contrainte de fuir en Grande-Bretagne ».  Là, elle travaille pour une riche Britannique, puis dirige, dans des conditions difficiles - nourriture rationnée - une maison pour enfants juifs réfugiés d'Allemagne et d'Autriche, et après 1945, des orphelins juifs. Elle apprend que ses sœurs ont été assassinées dans un camp d'extermination nazi.

« Quant à sa maison d’édition, elle ne peut plus publier un livre dont l’autrice est de confession juive ». Mais elle a intérêt à continuer d'éditer un ouvrage qui lui rapporte de l'argent.

« Lorsque l’ouvrage paraît à nouveau, les recettes de plats traditionnels juifs ont disparu… et le nom sur la couverture aussi, remplacé par celui d’un certain Rudolf Rösch – qui n’a probablement jamais existé ». 

« Après la guerre, le livre de cuisine d’Alice reste au nom de Rösch et continue d’être publié, aux côtés de deux autres livres dont Alice a été spoliée. » L'Autriche a continué après 1945 et jusqu'en 2020, soit quarante ans après la mort de l'auteure, à spolier cette dernière et ses ayants-droit. 

Dans les années 1970, son éditeur Hermann Jungck avait allégué qu'il avait demandé à Rudolf Rösch - un personnage à l'identité réelle inconnue - de modifier le texte d'Alice Urbach parce que ses "plats extrêmement riches" devaient être "mis au goût du jour". Ce qui était faux : l'édition originale du livre d'Alice Urbach (1935) comprenait déjà des plats végétariens légers et des "conseils pour une alimentation saine". En 1938, les modifications n'ont pas visé à alléger les plats mais à supprimer les références à la cuisine juive et internationale. "Les recettes portant des noms juifs, comme 'l'éponge Rothschild', 'l'omelette Rothschild' ou 'la tourte Jaffa' ont été supprimées, et les noms étrangers des recettes ont été germanisés."

« Plus de quatre-vingts ans après les faits, la petite-fille d’Alice, Karina, replonge dans l’histoire de sa grand-mère à l’aide de documents sonores, de lettres, d’archives et d’une autobiographie ».  Elle retrouve la dizaine de lettres que sa grand-mère a envoyé à son éditeur pour réclamer la titularité sur son livre.

Diplômée d'Oxford, l'historienne Karina Urbach a retracé cette spoliation durable et son combat - recherches dans les archives à Londres, Vienne et Munich, interviews par de célèbres journaux tel Die Spiegel - dans Alice’s book. When the Nazis stole my grandmother's cookbook.

« Aujourd'hui, sa petite-fille Karina Urbach, historienne à l'University of London, lève le voile sur ce scandale. Le sujet de l'expropriation intellectuelle n'a jamais été étudié auparavant, la recherche en est à peine à ses débuts. Son enquête personnelle la mène aux archives de Vienne, Londres et Munich, où elle trouve des lettres, enregistrements et documents filmiques qu'elles pensait disparus. » 

« Elle découvre que sa grand-mère était loin d'être le stéréotypes de la grand-mère aux fourneaux: Alice Urbach était une femme forte, une entrepreneuse et une pionnière du mouvement de libération féminine dans les années 1930. Chaque chapitre de l'histoire de sa vie est une nouvelle surprise. » 

« Historiens et chercheurs tentent de démêler le contexte de l’époque, tandis que Karina et sa cousine Katrina se battent pour faire rééditer le livre de leur grand-mère sous son nom. Un vibrant hommage à une femme inspirante »,  pionnière de la restauration à domicile qui, nonagénaire, continuait à donner des leçons de cuisine à San Francisco, notamment à la télévision américaine.


Allemagne, France, 2021, 52 mn
Production : Atelier 8
Sur Arte les 13 octobre 2022 à 23 h 00, 02 novembre 2022 à 9 h 25
Sur arte.tv du 12/10/2022 au 11/11/2022
Visuels :
© Andrea Oster Foto: ZDF
© Atelier8

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