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mardi 11 octobre 2022

« Carl Lutz, un diplomate en résistance » par Jacques Malaterre

Diplomate suisse en Hongrie pendant la Deuxième Guerre mondiale, Carl Lutz (1895-1975) « a réussi, au péril de sa vie, à aider soixante-deux mille juifs hongrois à échapper à une mort programmée ». Un Juste parmi les Nations auquel une exposition rend hommage sur les quais du Danube à Budapest (Hongrie). 

La série documentaire « Les oubliés de l'Histoire » propose « une traversée haletante de l’histoire européenne du XXe siècle à travers les destins extraordinaires d’hommes et de femmes étonnamment peu connus du grand public ».

Des Justes parmi les nations ayant sauvé des Juifs à Budapest (Hongrie) lors de la Deuxième Guerre mondiale, on peut citer les noms de Raoul Wallenberg, homme d’affaires et diplomate suédois né en 1912, Per Johan Valentin Anger (1913-2002), secrétaire à l’ambassade de Suède, Károly Szabó (1916-1964), secrétaire-dactylographe à l'ambassade de Suède à l'ambassade de Suède à Budapest, Alberto Carlos de Liz-Texeira Branquinho (1902-1973), diplomate portugais, Carlos de Almeida Fonseca Sampaio Garrido (1883-1960), diplomate portugais, Giorgio Perlasca (1910-1992), fonctionnaire et homme d'affaires italien, Friedrich Born (1903-1963), délégué pour le Comité international de la Croix-Rouge  (CICR) à Budapest, Angelo Rotta (1872-1965), archevêque catholique et diplomate italien – nonce apostolique -, Ángel Sanz Briz (1910-1980), diplomate espagnol...

Vice-consul de la Suisse, pays neutre, en Hongrie (1942-1945), Carl Lutz  (1895-1975) demeure un Juste parmi les Nations méconnu. Ce diplomate et photographe amateur est pourtant l’auteur de la plus grande action pour sauver des Juifs lors de ce conflit international. « Grâce à un travail acharné » pendant des mois « contre la rigidité des autorités de son pays, il réussit, au péril de sa vie, à aider soixante-deux mille juifs hongrois à échapper à une mort programmée ». Environ la moitié de la population juive de Budapest a pu survivre, n’a pas été déportée vers les camps nazis d’extermination.

Budapest
Né en 1895 en Suisse, Carl Lutz  (1895-1975) émigre à l’âge de 18 ans aux Etats-Unis où il réside plus de vingt ans.

Dès 1920, il travaille pour la Légation suisse à Washington et poursuit ses études.

En 1926, il est muté au consulat suisse à Philadelphie, puis à Saint-Louis.

En 1934, il est nommé vice-consul de Suisse à Jaffa (Eretz Israël), alors Palestine sous mandat britannique. Il occupe ce poste jusqu’en 1942, année où il devient vice-consul de Suisse en Hongrie.

Rapidement, il coopère avec l’Agence juive pour la Palestine. Il fabrique des sauf-conduits suisses qui permettent à plus de 10 000 enfants juifs hongrois d’émigrer.

En mars 1944, quand les Allemands envahissent Budapest, capitale de la Hongrie, ils commencent à déporter les Juifs vers les camps nazis d’extermination.

Carl Lutz négocie un accord spécifique avec le gouvernement hongrois et les Nazis. Il obtient l’autorisation d’émettre des lettres de protection pour permettre à 8 000 Juifs hongrois d’émigrer en Palestine mandataire.

Carl Lutz utilise sciemment cette autorisation pour des familles, et non des individus, et fabrique des dizaines de milliers de lettres de protection supplémentaires, en indiquant dans chacune d’elles un nombre compris entre 1 et 8 000.

Il met en place aussi 76 « maisons de sécurité » dans les environs de Budapest, en les déclarant comme annexes de la Légation suisse et échappant donc à l’autorité des forces hongroises et des soldats nazis. Parmi ces « maisons de sécurité », se trouve la célèbre Maison de verre (Üvegház) au 29 de la rue Vadász. Environ trois mille Juifs hongrois ont trouvé refuge dans ce lieu et dans un immeuble dans son voisinage.

Voyant une Juive hongroise blessée par des tirs du Parti des Croix fléchées tomber dans le Danube, Carl Lutz a plongé pour la ramener vers le quai qui, plus tard, sera appelé le quai Carl Lutz. Une fois sur le quai, il a assuré aux officiers hongrois dirigeant ces Croix fléchées que cette femme était sous la protection de la Suisse, l’a emmenée dans sa voiture devant ces soldats médusés.

Carl Lutz poursuit ses efforts avec le soutien de Maximilian Jaeger (1915–1999), ministre suisse qui dirige la mission suisse à Budapest (1936-1944).

Dans les semaines précédant l’entrée de l’Armée rouge à Budapest, Carl Lutz bénéficie de l’aide de Harald Feller qui succède à Jaeger.

Dans ces actions de sauvetage, Trudi Lutz, épouse de Carl Lutz, joue un rôle important.

Après la fin de la guerre, la Suisse critique Carl Lutz en lui reprochant d’avoir excédé ses pouvoirs et mis en danger la neutralité du pays.

En 1958, la Confédération suisse réhabilite Carl Lutz. Elle consacrera un timbre à Carl Lutz en 1999.

En 1963, Haïfa (Israël) rend hommage à ce Juste parmi les Nations en donnant à une de ses rues le nom de Carl Lutz.

C’est en 1965 que Yad Vashem remet à Jérusalem (Israël) le diplôme et la médaille de Juste parmi les Nations à Carl Lutz. Des arbres ont ensuite été plantés.

En 1991, à l’entrée de l’ancien ghetto de Budapest
, un mémorial est dévoilé en hommage à Carl Lutz, décédé en 1975.

A Budapest, rue Dobutca, un mémorial lui rend hommage.

En 2005, a été inauguré 
Chaussures au bord du Danube (Cipők a Duna-parton), mémorial dédié aux Juifs victimes de la Shoah tuées à Budapest sur les rives du Danube. Une création de Can Togay et Gyula Pauer constituée d'une soixantaine de paires de chaussures métalliques, scellées sur les quais du fleuve, sur une longueur de quarante-cinq mètres. Ces chaussures rappellent les Juifs fusillés par le Parti des Croix fléchées qui leur avaient imposer d'ôter leurs chaussures avant de les assassiner.

En 2014, a été réalisé « Carl Lutz – Der vergessene Held » (Carl Lutz - Le Héros oublié), documentaire réalisé par Daniel von Aarburg. 

Et en 2022, 
l'exposition "A Sanctuary in the Storm" rend hommage à Carl Lutz sur ce quai du Danube. Cette exposition itinérante avait été présentée en 2021 à Genève.


« Carl Lutz, un diplomate en résistance », par Jacques Malaterre
France, 27 min
Sur Arte les 14 janvier 2017 à 17 h 15, 17 février 2018 à 16 h 553 novembre 2020 à 06 h 40
Disponible du 27/10/2020 au 01/01/2021
Sur Planète + les 6 décembre 2018 à 4 h 25 et 12 décembre 2018 à 4 h 25 

Visuel : © Les Films du Tambour de soie

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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 12 janvier 2017, puis les 16 février et 5 décembre 2018, 2 novembre 2020.

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