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vendredi 20 mars 2020

« Café Nagler » par Mor Kaplansky et Yariv Barel


Arte rediffusera le 23 mars 2020 « Café Nagler » documentaire de Mor Kaplansky et Yariv Barel (2015). « À la recherche d’un café disparu, la réalisatrice Mor Kaplansky recrée une vision fantasmée du Berlin des années 1920. L’occasion d’un touchant portrait de famille ». L'évocation du Café Nagler, café-brasserie-restaurant dirigé à Berlin par une famille juive allemande.

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« Café Nagler » par Mor Kaplansky et Yariv Barel

Enfant, la productrice et réalisatrice israélienne Mor Kaplansky « était fascinée par les histoires que sa grand-mère juive lui racontait au sujet du Café Nagler, temple de la vie nocturne berlinoise qui appartenait à sa famille dans les années 1920 », les Roaring Twenties. C’est là, disait-elle, qu’était né le swing, et que Kafka ou Einstein avaient passé maintes soirées ».

Situé sur la Moritzplatz, le Café Nagler était alors dirigé  par Klara Rosa et Ignatz Nadler. De ce café-brasserie-restaurant, demeurent des plats en porcelaine griffés par un « N », rangés dans un placard et sortis avec moultes précautions.

Les souvenirs de ce Café Nagler sont égrenés dans la famille par Naomi Kaplansky, petite-fille de Nadler et grand-mère de la documentariste Mor Kaplansky. Elle présente ce lieu mondain comme ayant aimanté le Tout-Berlin artistique. En 1925, ses grands-parents avaient vendu leur café pour immigrer en Eretz Israël, alors la Palestine sous mandat britannique, afin d’y rejoindre leurs deux fils qui s’y étaient installés dans le cadre d’un mouvement de jeunes sionistes.

Voici quelques années, Mor Kaplansky, alors étudiante en cinéma, a interrogé sa grand-mère sur les raisons pour lesquelles elle n’avait pas fait un film sur le Café Nagler. Naomi Kaplansky, productrice et documentariste télévisuelle renommée - célèbre série documentaire Pillars of Fire (1981) sur la recréation de l’Etat d’Israël, Les Khazars -, pionnière de la télévision publique israélienne, a été surprise par cette question. A son époque, les documentaires personnels étaient rares.

La réalisatrice Mor Kaplansky « décide donc de faire le voyage depuis Israël ». Un projet artistique, historique, familial, suivi avec attention par sa grand-mère octogénaire.
    
« Mais une fois sur place, c’est la déception : elle découvre que l’endroit n’existe plus depuis bien longtemps et qu’il était en fait loin d’être aussi glamour que dans l’imagination de son aïeule de 88 ans ».

« Pour ne pas décevoir celle-ci, Mor Kaplansky recrée de toutes pièces un nouveau lieu ».

Elle « fait ainsi appel à de jeunes Berlinois passionnés des Années folles, qui lui narrent des souvenirs fictifs de fêtes mémorables et de premiers rendez-vous ». Et réalise un « mockumentary » (documentaire moquerie).

Les recherches sur ce Café jouent un rôle de catalyseur : « Chacun des interviewés se mettait à parler de la Shoah… Alors que ce film est sur une période heureuse pour les Juifs allemands. Une femme a fini par s’excuser auprès de moi car son grand-père était nazi », se souvient la réalisatrice Mor Kaplansky.

Elle a rencontré de jeunes Allemands, pour la plupart de sa génération, qui sont obsédés par les années 1920 à Berlin : « Ils ont des secrets de familles qu’ils ont enterrés par cette passion… Ce sont des gens libéraux et qui aiment les arts. Les années 1920 est la dernière période dont ils peuvent encore être fiers d’être allemands ».

« Diffusé dans le cadre de plusieurs festivals, dont la Berlinale 2016, son film Café Nagler est avant tout un touchant portrait de famille, sur le thème du lien entre les générations », entre une grand-mère et sa petite-fille.

« Un Berlinois s’est « souvenu » d’une accolade de ma grand-mère, mais il est né en 1928 et ma famille a quitté Berlin en 1924 », a déclaré Naomi Kaplansky, grand-mère de la réalisatrice, qui vit à Césarée, le 2 mars 2016, sur i24news. Et de conclure : « N’oubliez pas que la Bible est faite aussi de contes, de souvenirs, de récits ».

« Nos souvenirs sont plus importants que les faits. On aimerait avoir une mémoire non affectée par la réalité », a résumé Mor Kaplansky  sur i24news.

On aurait aimé que le documentaire explique le rôle des Juifs dans l'essor des restaurants et brasseries outre-Rhin, notamment à Berlin.

Mor Kaplansky a épousé son co-réalisateur et producteur Yariv Barel. Le couple a une petite fille prénommée Noga qui apparait dans la scène finale du documentaire.

Un historien nie que le swing ait été créé au Café Nagler, car le mot est apparu en Allemagne en 1936. Il refuse de mentir. Puis, comme pour expliquer son refus, il évoque les « Néo-nazis » : ceux-ci « disent Auschwitz est un mensonge ». Une comparaison choquante.

Le prochain film de Mor Kaplansky ? Il évoquera la destinée du père de sa grand-mère : il s’était engagé dans l’Armée britannique durant la Deuxième Guerre mondiale et a été prisonnier dans un camp en Allemagne.

Pourquoi la chaîne Arte diffuse-t-elle ce documentaire germano-israélien à en pleine nuit ?


« Café Nagler » par Mor Kaplansky et Yariv Barel
Atzmor Productions, MDR/Arte, Gesher Multicultural Film, Fund, Cinema Project – The Yehoshua Rabinovich Foundation for the Arts, Allemagne, 2015, 58 min
Directeur de la photographie : Yariv Barel
Producteurs : Mor Kaplansky, Yariv Barel, Liran Atzmor
Première sortie : 9 juin 2016 (Allemagne)
Sur Arte les 10 janvier 2017 à 0 h 50 et 23 mars 2020 à 01 h 45

Visuels : © Go2 Films

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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 6 janvier 2017.

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