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dimanche 14 avril 2024

Le camp de concentration nazi d'Oranienbourg-Sachsenhausen

Ouvert en 1936, le camp de concentration nazi d'Oranienbourg-Sachsenhausen était situé au nord de Berlin. Il était destiné à former les chefs de camps de concentration et les SS responsables de ces camps. En neuf ans, environ 200 000 personnes y ont été internées, dont Stepan Bandera, Jean Borotra, Georg Elser, Herschel Grynszpan, le réalisateur slovaque Juraj Herz, Georges Mandel, Paul Reynaud ;  84 000 y sont mortes. Arte diffusera le 17 avril 2024 à 17 h 25, dans le cadre d’« Invitation au voyage », « Les faussaires du camp de concentration » de Fabrice Michelin. 


En mars 1933, à Oranienbourg, ville à 30 km au nord de Berlin (Allemagne), une brasserie désaffectée avait été transformée en camp de concentration où les nazis avaient interné leurs opposants politiques. Dirigé par la S.A., ce camp avait été fermé en 1935. Ouvert en 1936 sur le site où se trouvait auparavant une usine vide, le camp de concentration nazi d'Oranienbourg-Sachsenhausen (Konzentrationslager Sachsenhausen, KZ Sachsenhausen ou KL Sachsenhausen) était situé à Oranienbourg. C'était le premier camp de concentration de Prusse, et l'un des plus grands en territoire allemand. 

Ce camp visait plusieurs buts : être un camp modèle, dont l'architecture révélait la supériorité de l'idéologie nazie, assurer la formation des chefs de camp (Rudolf Höss y fut formé avant de diriger le complexe concentrationnaire d'Auschwitz) ainsi que les SS responsables des camps de concentration (SS-Totenkopfverbände), et héberger le siège de l'Inspection des camps de concentration (IKL). Le complexe concentrationnaire de Sachsenhausen comprenait environ une centaine de camps extérieurs et de Kommandos. 

Il a été dirigé par Hans Loritz (1940-1942), Anton Kaindl (1942-1945), Fritz Suhren (1942-1945).

De 1936 à 1945, environ 200 000 personnes y ont été internées, pour des raisons "raciales"  (Jews, Sinti, Roma), des motifs politiques, parce qu'elles étaient persécutées pour leur homosexualité, considérées comme "anti-sociales" ; 84 000 y sont mortes. En 1944, environ 90% des internés étaient des étrangers - les plus grands groupes étaient soviétiques et polonais. 

Vraisemblablement car le nom du camp était difficile à prononcer, des prisonniers l’ont appelé par le diminutif : « Sachso ». 'L'Amicale des anciens déportés et familles de disparus d'Oranienburg-Sachsenhausen s'est constituée dès août 1945, quelques semaines après la libération du camp et le retour en France des survivants. Vouée tout d'abord au regroupement, à l'entraide, à la défense des intérêts matériels et moraux des rescapés français de Sachso, l'Amicale s'est consacré à partir de 1970 à la description de l'univers concentrationnaire et au regroupement des témoignages pour que jamais ne soit violé le serment fait à la mémoire des victimes de la barbarie nazie.'

Dans "Sachsenhausen. The 'concentration camp by the "Reich" capital': Formation and development" (Metropol Verlag, 2016), Günter Morsch évoque "Oranienburg-Sachsenhausen, où furent détenus 8 000 Français. Ce camp, un des camps de concentration les moins connus de France, fut pourtant le quartier général de l'inspection centrale SS et le cœur même du système concentrationnaire nazi : on y expérimentait les méthodes d'extermination massive appliquées ensuite dans les autres camps ; les détenus y servaient de cobayes pour des "études" pseudo-médicales. Mais Sachso, qui vit passer 200 000 prisonniers de vingt nationalités, fut un grand centre de la solidarité et de la résistance internationale contre les SS, un défi des hommes en "zebra" contre leurs bourreaux. Sachso est la mémoire de ces 8 000 résistants français dont seulement un sur deux a pu réchapper à cette terrible épreuve. Livre collectif, qu'ils s'étaient juré d'écrire. Rassemblés et présentés par l'amicale française d'Oranienburg-Sachsenhausen, les récits de cet ouvrage collectif - trois cents témoins y ont apporté leur contribution - sont de première importance pour une meilleure connaissance de l'univers concentrationnaire nazi."

La Nuit de Noël 1936, les déportés manifestent leur volonté de demeurer humains, dignes, malgré la violence des SS, lors d'une « soirée chantante » « à en faire vibrer les murs ».

En août 1941, plus de 13 000 soldats soviétiques, prisonniers de guerre, y ont été assassinés. 

En novembre 1938, après la Nuit de Cristal, presque 6 000 Juifs y sont internés. Ceux n'ayant pas été "libérés contre rançon sont déportés en octobre 1942".

"Comme un feu brûlant - Expérimentations médicales au camp de Sachsenhausen (Pocket
) de Saul Oren-Hornfeld a été publié en 2000. "A Jaworzno, en Pologne, un enfant heureux, né en 1929, aborde la vie avec confiance. Mais en 1942, Jaworzno est déclaré judenrein et la famille se réfugie à Sosnowiec. Pris dans la rafle, le petit garçon arrivera le 24 juin 1943 à Auschwitz. Choisi à la rampe avec dix autres enfants par le docteur Dohmen, il deviendra objet d'expérimentations médicales au camp de Sachsenhausen. Saül Oren-Homfeld est emmené en France par le colonel Jean Israël à sa sortie du camp, il séjournera à Moissac. Ingénieur électronicien retraité, il se consacre désormais à la transmission de la mémoire de la Shoah. Il vit en Israël depuis 1968, à Jérusalem depuis 1986".

Les homosexuels ont été amenés dans ce camp en application du "paragraphe 175" (article 175 du Code pénal allemand, Strafgesetzbuch). 

Des Témoins de Jéhovah ainsi que des « asociaux » (dont des Tsiganes et des Sinti) ont aussi été internés dans ce camp.

La plupart des internés étaient "politiques", aux nationalités différentes, contraints au travail forcé pour l'effort de guerre du IIIe Reich. Parmi les personnalités internées : Stepan Bandera, Jean Borotra, Georg Elser, Herschel Grynszpan, le réalisateur slovaque Juraj Herz, Georges Mandel, Paul Reynaud, le pasteur Martin Niemöller, l'ancien chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg, et le fils de Joseph Staline, Yakov Dzhugashvili.

Dès l'été 1942, débute l'opération Bernhard. Dans un atelier, est fabriquée de la fausse monnaie. De 29 détenus juifs, le kommando de faussaires a dépassé 140 internés. Environ 15 millions de livres sterling ont été fabriqués afin de contourner le blocus des Alliés contre l'Allemagne nazie.

En avril 1945, l'Armée rouge a libéré les prisonniers du camp d'Oranienbourg-Sachsenhausen, vidé d'une partie des internés contraints à des "marches de la mort". 

En août 1945, l'administration militaire soviétique (SMAD) transforme ce camp en camp spécial n° 7, un camp soviétique de prisonniers : sociaux-démocrates, fonctionnaires nazis des niveaux inférieur et intermédiaire, membres des forces armées,  adolescents soupçonnés d'avoir appartenu aux « Werwolfs »,  opposants au nouvel ordre politique, personnes arrêtées de manière arbitraire. En RDA, se trouvaient dix camps similaires, Speziallager. Dénommé camp spécial n° 1 en 1948, ce camp est fermé par la RDA en 1950. Environ 12 000 personnes y sont décédées, généralement d'épidémies et des conditions lamentables de détention. 

Dans "Sachsenhausen - Vorkouta : Dix ans prisonnier des Soviétiques" (Akribeia, 2014), Gerhart Schirmer, "commandant d’une brigade de parachutistes et colonel dans la Bundeswehr, décrit ici d’une façon prenante les épreuves qu’il a subies dans les camps du NKVD durant dix années à partir de 1945, d’abord dans le camp de concentration soviétique de Sachsenhausen, puis, après un passage par la Loubianka de Moscou, dans le camp de travail de Vorkouta, au nord du cercle polaire. L’auteur s’attache surtout à fournir une documentation sur les conditions auxquelles les détenus étaient soumis dans chacun de ces camps. C’est ainsi qu’à Sachsenhausen, où il faisait partie du commando préposé aux cadavres, il put évaluer le nombre des morts d’inanition, d’ailleurs confirmé par des déclarations de médecins ; à l’automne 1945, toujours au camp de Sachsenhausen, il dut construire, avec d’autres détenus, une installation de tir dans la nuque et une chambre à gaz, qui fut ensuite montrée aux visiteurs comme ayant été utilisée par les « nazis ».

La Kasernierte Volkspolizei (précurseur de l'armée populaire nationale de la RDA) s'empare du site dont une partie sert comme caserne. 

Aménagé en un musée-mémorial en 1993, ce camp (600 hectares) dispose de dix espaces d'expositions permanentes focalisés sur un aspect de l'histoire du camp.

« Les faussaires du camp de concentration »
« Invitation au voyage » est « le magazine de l'évasion culturelle. Du lundi au vendredi à 17h20 Linda Lorin nous entraîne autour du monde à la découverte de notre patrimoine artistique, culturel et naturel, de lieux qui ont inspiré des artistes, de cités et de cultures uniques et nous invite dans les cuisines et les restaurants du monde entier. Le samedi à 16h35, "Invitation au voyage spécial" propose une escapade à la découverte d'une ville, d'une région ou d'un pays. »
Arte diffusera le 17 avril 2024 à 17 h 25, dans le cadre d’« Invitation au voyage », « Les faussaires du camp de concentration » de Fabrice Michelin (à 38'). 

« À Oranienburg, dans le Brandebourg, le camp de Sachsenhausen et l’univers concentrationnaire du IIIe Reich sont à trois quarts d’heure de Berlin. Nombreux opposants politiques, juifs, Roms, homosexuels, prisonniers de guerre soviétiques et résistants ont franchi son portail de fer forgé. Mais ce que l’on sait moins, c’est que Sachsenhausen fut aussi l’objet d’un plan secret pour mettre l'économie britannique à genou… »


« Les faussaires du camp de concentration » de Fabrice Michelin 
France, 2024, 45 mn
Coproduction : ARTE France, Éléphant Doc
Émission présentée par Linda Lorin
Sur Arte les 17 avril 2024 à 17 h 25, 18 avril 2024 à 8 h 35
Sur arte.tv du 10/04/2024 au 15/07/2024
Visuels : © Elephant Doc


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