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mercredi 16 janvier 2019

« La vie balagan de Marceline Loridan-Ivens » par Yves Jeuland


Arte diffusa « La vie balagan de Marceline Loridan-Ivens » (Das widerspenstige Leben von Marceline Loridan-Ivens) par Yves Jeuland. Juive française sioniste, rescapée de la Shoah, productrice, « Marceline Loridan-Ivens nous a quittés le 18 septembre 2018. Si les camps de la mort l'ont empêché de suivre des études, elle a su apprendre de la vie les leçons essentielles et en a tiré une oeuvre cinématographique pleine d'audace et de poésie. Yves Jeuland nous propose un dialogue avec la réalisatrice dans lequel elle évoque son parcours, ses engagements, et même ses contradictions ».

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 
  
"Je crois que toute sa vie, on a l'âge de son traumatisme. J'aurai toujours 15 ans", a confié Marceline Loridan-Ivens, née Rozenberg (1928-2018).


« Petite silhouette chic aux boucles carotte, Marceline Loridan-Ivens se raconte sous l'œil affectueux du réalisateur Yves Jeuland ». 

« Sur la scène du Forum des images, à Paris, en ce 30 octobre 2014, la dame, alors âgée de 86 ans, n'a rien perdu de son humour et de son tempérament de feu ». 

« Ce récit autobiographique, elle l'a précédemment couché dans « Ma vie balagan » (Robert Laffont, 2008) – le mot « balagan » signifiant en hébreu « bordélique ». 

« Née en 1928 de parents juifs polonais qui pensaient trouver en France une société éclairée et tolérante, Marceline Loridan-Ivens est arrêtée avec son père le 29 février 1944, à 15 ans, et déportée à Auschwitz-Birkenau ». 

« L'inhumanité commence à Bobigny dans les wagons à bestiaux », raconte-t-elle.

« Contrairement à elle, son père ne reviendra pas. Lorsqu'elle évoque la fois où elle l'a brièvement croisé à Auschwitz, l'émotion la submerge. » Ce père qui, dans le camp nazi, est parvenu à lui donner clandestinement, une tomate et un oignon, et à lui transmettre une lettre. 

En évoquant le retour douloureux en France, l'antisémitisme perdurant en France, et l'accueil familial dans un contexte gaulliste et communiste d'occulter la spécificité des déportés juifs, Marceline Loridan-Ivens regrette que ce soit elle, et non son père, qui soit revenue. Elle souligne le rôle essentiel du père dans la famille. Et d'évoquer le délitement de sa famille après la guerre : une mère pressée de marier sa fille, le suicide de son frère et de sa sœur aînée...

« Le témoignage de Marceline Loridan-Ivens frappe au cœur car il décrit la vie dans les camps de la mort dans sa réalité la plus quotidienne, la plus triviale, sans rien cacher des privations, des humiliations et de l'horreur : les haillons des mortes qu'il faut enfiler dès le premier jour, le pain volé à un cadavre, le sadisme des gardiennes mais aussi les copines qui vous épaulent et la dignité qu'on préserve envers et contre tout ». 


Ces morts prématurées dans sa famille, comme celles de nombreux autres Juifs, le refus d'enfanter de Marceline Loridan-Ivens inquiète de l'avenir du monde... Ce sont des victoires posthumes du nazisme, et l'effet sur plusieurs générations de la déportation et de la Shoah  sur des rescapés.

L'aide psychologique aux rescapés de la Shoah après la Libération ? "On n'a pas eu de debriefing", ironie Marceline Loridan-Ivens.

« Ce dialogue complice avec Yves Jeuland dessine le portrait d'une forte personnalité, humaniste, passionnée, provocatrice et rageuse ». 

« Après avoir jeté sa gourme dans le bouillonnant Saint-Germain-des-Prés d'après-guerre, Marceline trouvera sa voie dans le documentaire et un amour indéfectible pour le cinéaste Joris Ivens, avec qui elle coréalisera dix-huit films (« Le 17e parallèle », « Une histoire de vent »...) » Marceline Loridan-Ivens confie avec pudeur la douleur de l'absence de son époux décédé et tant aimé.

« Joyeuse et émouvante, cette soirée est jalonnée de chansons françaises et yiddish interprétées par Éric Slabiak et ses musiciens, d'archives et d'extraits de films, notamment « Chronique d'un été », chef-d'œuvre de Jean Rouch et Edgar Morin (1960), où, âgée d'une trentaine d'années, Marceline interprète son propre rôle et adresse un discours poignant à son père » en déambulant dans les Halles de Paris. Ce film a été distingué par le Prix de la Critique au Festival de Cannes en 1961.


France, 2018, 88 min
Sur Arte les 16 janvier 2019 à 22 h 35, 29 août 2022 à 5 h 00
Sur arte.tv du 22/08/2022 au 02/09/2022
Visuels : © DR / Collection privée

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Les citations sur le film sont d'Arte.

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