Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

samedi 11 octobre 2025

Robert Doisneau (1912-1994)

Robert Doisneau (1912-1994) était un photographe français humaniste né à Gentilly, banlieue au sud de Paris. Après des études d'arts graphiques à l’École Estienne, diplômé en gravure et lithographie en 1929, il est recruté comme dessinateur de lettres dans l’atelier de Léon Ullmann. Là, Lucien Chauffard qui dirige le studio photographique de l’atelier, l'initie à la photographie. En 1932, Robert Doisneau vend son premier reportage photographique sur le marché aux Puces de Saint-Ouen, au journal Excelsior qui le publie le 25 septembre. Puis, il est employé par le constructeur automobile Renault à Billancourt en tant photographe industriel (1934-1939). Résistant durant la Deuxième Guerre mondiale, il entre en 1946 à l'agence Rapho et couvre des sujets divers en France - Paris populaire, mode - et à l’étranger : URSS, États-Unis, Yougoslavie, etc. Ses reportages sont publiés par Life, Paris Match, Réalités, Point de vue, Regards, etc. Avec Willy Ronis, Édouard Boubat, Izis, Émile Savitry et Albert Monier, il représente la photographie humaniste. Le musée Maillol accueille l’exposition itinérante « Robert Doisneau. Instants Donnés ». La Maison de la Photographie Robert Doisneau présente l’exposition « Robert Doisneau. Gentilly » réalisée en collaboration avec l’Atelier Doisneau, Montrouge.

Robert Doisneau (1912-1994), photographe 

« Une lutte vaine. Une lutte perdue d'avance avec le temps qui file ». C'est souvent sans grandiloquence, avec des mots simples, que Robert Doisneau parlait de la photographie, lui qui ne se voyait ni comme un auteur ni comme un artiste ». 

Humaniste
Né à Gentilly, banlieue au sud de Paris, dans une famille bourgeoise, Robert Doisneau étudie à 15 ans comme graveur lithographe à l’Ecole Estienne dont il sort diplômé de gravure et lithographie en 1929.

Dans l’Atelier Ullmann, ce photographe publicitaire  dessine des étiquettes pharmaceutiques.

En 1931, opérateur pour le cinéaste et photographe André Vigneau (1892-1968), Robert Doisneau se passionne pour l’art.

L’année suivante, L’Excelsior publie son premier reportage photographique.

Il est recruté en 1934 au service publicité des usines Renault qui le licencient en 1939 en raison de ses nombreux retards.

Robert Doisneau s’installe alors comme photographe indépendant, et « là où il n'y a rien à voir », privilégiant les moments furtifs, les bonheurs minuscules éclairés par les rayons du soleil sur le bitume des villes. 

Sa rencontre peu avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale avec Charles Rado, fondateur de l’agence Rapho, s’avère essentielle.

Robert Doisneau met ses talents artistiques au service de la Résistance pour fabriquer de faux papiers.

En 1946, Robert Doisneau entre à l’agence Rapho pour laquelle il couvre des événements en France, en Union soviétique, aux Etats-Unis, etc. 

Ses reportages illustrent les pages de Life, Paris-Match, Réalités, Point de Vue, Regards, Vogue...

Membre du groupe des XV créé en 1946 avec notamment Willy Ronis et Jean Séeberger, Robert Doisneau contribue à promouvoir la photographie comme le huitième art, en particulier en organisant des Salons annuels dans des galeries.

Distingué par de nombreux Prix – Prix Kodak en 1947, Prix Niepce en 1956 -, Robert Doisneau est honoré par des expositions dans des musées prestigieux et par des festivals (Rencontres d’Arles).

Cet « infatigable arpenteur des bitumes banlieusards, disparu en 1994, fut en tout point remarquable par la modestie d'une démarche circonscrite aux petites gens et aux scènes du quotidien. Grâce à ce (faux) naturalisme, qu'il teinta de merveilleux, il toucha ainsi à l'universel pour figurer au panthéon de la photographie humaniste, parmi ses congénères Édouard Boubat, Willy Ronis ou Henri Cartier-Bresson », Izis et Emile Savitry. Ce courant artistique s’intéresse à l’être humain saisi dans sa vie quotidienne, dans son environnement familial ou professionnel. Né en 1930, il a connu son apogée de la Libération au début des années 1960, et immortalisé le peuple de Paris, les artisans de ses faubourgs, les enfants de sa butte Montmartre, les bistrots enfumés. 

« Toute ma vie je me suis amusé, je me suis fabriqué mon petit théâtre », a observé le photographe humaniste populaire français Robert Doisneau (1912-1994).

Parmi ses œuvres photographiques, le célèbre Baiser de l’Hôtel de Ville et ses portraits des métiers du quartier des Halles, à Paris. Paradoxalement, ce photographe adulé qui a tant œuvré pour préserver son œuvre risque de voir ce patrimoine artistique, ces documents exceptionnels sur Paris, détruit par la jurisprudence française qui exclut du droit de la propriété artistique les œuvres de l’esprit auxquelles « le gouvernement des juges » spoliateur nie l’originalité. Et ce, en violation de la loi qui protège les œuvres de l’esprit dès leur création.

« Quand il meurt en avril 1994, il laisse derrière lui quelques 450 000 négatifs qui racontent son époque avec un amusement tendre et bienveillant qui ne doit toutefois pas masquer la profondeur de la réflexion, la réelle insolence face au pouvoir et à l'autorité et l'irréductible esprit d'indépendance ».

« Robert Doisneau. Le révolté du merveilleux » 
« Robert Doisneau. Le révolté du merveilleux » (Robert Doisneau. Fotograf, Humanist, Freund) est un documentaire de Clémentine Deroudille (2015, 77 mn). La « vie (intime) et l'œuvre d'un des maîtres français de la photographie, par sa petite-fille. Un regard tendre et humaniste ».

Ce documentaire sera projeté le 30 novembre 2025 à 16 h au Lavoir Numérique à Gentilly en présence de Clémentine Deroudille, Francine Deroudille et Annette Doisneau.

« Réalisé par sa petite-fille Clémentine Deroudille, Le révolté du merveilleux affine le portrait de celui qui a tant façonné l'imagerie nationale : son Baiser de l'hôtel de ville, aussi célèbre que la tour Eiffel ? Au fil de photographies inédites, d'archives vidéo, ainsi que d'entretiens avec ses amis et complices de toujours, de Daniel Pennac à Sabine Azéma, on surprend un Doisneau intime, « curieux, désobéissant et patient comme un pêcheur à la ligne », comme il se définissait lui-même ». 

Le « film retrace le parcours de cet ancien photographe officiel des usines Renault, mais dévoile surtout certaines facettes méconnues de son travail (l'amour de la couleur, ses reportages à l'étranger) ou de sa personnalité, comme la peur de la foule. Un regard affectueux et très documenté sur ce pourvoyeur de bonheur pour tous ».

Dans le cadre de la 18e édition du Mois du film documentaire, ce film a été projeté le 25 novembre 2017 à 20 h au Pôle Culturel La Lanterne à Rambouillet.

Révolution russe
Dans le cadre d'ARTE Reportage, la chaîne publique franco-allemande diffuse sur son site Internet "Russie : la Révolution Russe vue par Doisneau" (Russland: Mit den Augen von Doisneau) par Vladimir Vasak. 

"À l’époque notre confrère avait été envoyé en URSS par La Vie Ouvrière, le journal du syndicat CGT, alors lié au Parti Communiste Français, lui-même très favorable au régime soviétique. Quant au photographe, son nom est connu dans le monde entier puisqu’il s’agit de Robert Doisneau."

Les "années Vogue"
C'est au Doisneau photographe mondain que l'Espace Richaud a rendu hommage lors de l'exposition Doisneau, les "années Vogue". L’exposition Robert Doisneau, les années Vogue présente "un aspect méconnu du travail de reporter mondain effectué par Doisneau pour le magazine Vogue, de 1949 aux années 60".

 "En 1949, Michel de Brunhoff, qui dirige le magazine, passe un contrat d’exclusivité avec Robert Doisneau pour une durée de 3 ans. Le photographe aux 450 000 négatifs couvrira l’actualité mondaine, fera quelques photos de mode et réalisera des reportages pour raconter la vie en France, accompagné d’Edmonde Charles-Roux, devenue sa rédactrice attitrée. Leur complicité est grande mais la vie de  " photographe mondain " ne convient pas à Robert Doisneau qui reprend sa liberté à l’échéance du contrat. Edmonde Charles-Roux devenue rédactrice en chef du titre, Robert Doisneau continuera pourtant à réaliser jusque dans les années 60 des prises de vues pour Vogue".

La "somptuosité des bals mondains de l’après-guerre, les prises de vues où Brigitte Bardot fait ses débuts de jeune mannequin, Picasso retouchant les photos de mode, les répétitions dans la Rotonde de l’Opéra de Paris permettent de découvrir une partie peu connue de l’oeuvre du photographe".

"À Doisneau qui écrivait « Pendant deux ans, j’étais comme le fils du jardinier invité à partager les jeux des enfants du château à condition d’apporter sur le beau monde un regard neuf et une vivacité de dénicheur », Edmonde Charles-Roux répondait qu’elle l’avait souvent vu comme un enfant devant une vitrine de Noël. En regardant ses images on découvrira qu’ils n’avaient tort ni l’un, ni l’autre…"

Cette "importante collection, jamais présentée dans son intégralité, a été revisitée pour composer l’exposition, qui s’accompagne d’un important ouvrage publié par le département " Beaux Livres " des éditions Flammarion. Ce livre est "consacré à l'ensemble du corpus photographique des travaux de Robert Doisneau pour Vogue.

Tous les samedis et dimanches, à 15 h, est projeté le documentaire Doisneau, le révolté du merveilleux
écrit et réalisé par Clémentine Deroudille, petite-fille du photographe.

Du mercredi 8 mars au vendredi 7 avril 2017, a eu lieu le concours photo " Et si Doisneau photographiait Versailles aujourd’hui ? "

Palm Springs
Le 10 octobre 2017, à 16 h 30, dans le cadre d'Invitation au voyage, Arte évoqua "Robert Doisneau à Palm Springs / La Bretagne de Vauban / Casablanca". "Immortalisé par Robert Doisneau en 1960, Palm Springs, îlot de verdure niché au creux de la vallée de Coachella, avec ses palmiers immenses et ses montagnes en toile de fond, révèle une facette inconnue du photographe". Et un page d'or des Etats-Unis après le conflit mondial.

Pour le magazine Fortune, Doisneau réalise un reportage sur l'American Dream à Palm Springs. Au sud de la Californie, cet oasis de verdure rajeunit "avec ses restaurants branchés qui attire une faune bigarrée". C'est ce que découvre Robert Doisneau après la guerre. Il réalise des clichés en couleurs acidulées, pleins d'ironie et de joie.

Pour son premier reportage hors de France, Doisneau immortalise l'Amérique en pleine croissance dont profite une bourgeoisie profitant d'un cadre idyllique dominé par le vert et le bleu. Il documente la construction de golfs sur des terres arides. "La Mecque de la petite balle blanche en plein désert". Un lieu photogénique pour le regard amusé du photographe français.

Des villas de style espagnol ou futuristes sont choisies en lieux de villégiature ensoleillée par des stars. Elizabeth Taylor louait une résidence superbe à un bijoutier.

Derrière ce côté "kitsch et superficiel d'Américains en vacances pour l'éternité" : des demeures aux larges baies vitrées, au lignes sobres.

Doisneau et la musique
« Quand nos routes se sont croisées, j’avais trouvé mon professeur de bonheur. »

La Philharmonie de Paris proposa l'exposition Doisneau et la musique. "Habillée d’une bande-son originale de Moriarty, cette exposition photo propose une joyeuse balade à travers un demi-siècle de musique dans Paris et ses banlieues, sous le regard humaniste de Robert Doisneau."

"En ethnographe de son époque, Robert Doisneau eut la curiosité d’aller partout. Muni de son inséparable appareil photo, il a sillonné Paris et sa banlieue dans tous les sens. Des bals populaires aux fanfares, en passant par les cabarets, il a croisé musiciens de jazz et vedettes de son époque. Homme de spectacle, pour qui l’image devait être mise en scène, il répondait toujours avec bonheur aux commandes de journaux pour immortaliser Georges Brassens, Juliette Gréco, Charles Aznavour, Claude François… et, bien sûr, son ami le violoncelliste Maurice Baquet."

"Loin de la nostalgie, l’exposition permet de découvrir une autre facette du photographe, plus inattendue : un homme résolument tourné vers demain, heureux d’immortaliser une nouvelle génération de musiciens dans les années 1980, comme les Rita Mitsouko ou Les Négresses vertes. Dévoiler la dimension musicale de l’imaginaire et de l’œuvre du photographe : voici l’ambition de ce parcours original, qui rassemble plus de deux cents photographies."

« Robert Doisneau – L’esprit de Résistance »
Le musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne rendit hommage au célèbre photographe Robert Doisneau par l’exposition « Robert Doisneau – L’esprit de Résistance ». 

« Fruit du partenariat entre l’Association des Amis du Musée de la Résistance à Champigny-sur-Marne (AAMRN) et l’Atelier Robert Doisneau, l’exposition retrace les liens unissant le photographe à la Résistance, depuis son activité de faussaire sous l’Occupation jusqu’à sa donation en 1985 au musée. »

« Si Robert Doisneau est mondialement célébré en tant que photographe de talent, son activité de faussaire est encore méconnue. Ce dernier a pourtant réalisé des faux papiers pour la Résistance : mettant à profit ses compétences de photographe et de graveur, il a contribué à protéger de nombreuses personnes persécutées par le régime de Vichy et par l’occupant. Pendant toute la guerre, il a œuvré dans l’ombre de façon isolée. Ce n’est qu’au soir de la Libération qu’il a rencontré les travailleurs anonymes de la Résistance et qu’il a découvert par là même qu’il avait œuvré pour le réseau auquel appartenait aussi Roger Vailland. »

« Témoin de la vie sous l’Occupation et de la Libération de Paris, Robert Doisneau a contribué, par ses clichés, à former les images de la Résistance dans notre imaginaire collectif. »

« Après la Libération, il a révélé l’engagement des imprimeurs clandestins dans une série réalisée en 1944-1945 pour la revue Le Point. À l’instar de ce reportage, l’exposition rend hommage aux “petites mains” qui ont permis la diffusion des idées de la Résistance, dont Robert Doisneau a reconstitué les gestes. L’enjeu mémoriel est de taille : pour ce photographe humaniste, attaché au lien entre le sujet et son environnement, il s’agissait de témoigner du quotidien des Parisiens pendant et après cette funeste période. »

« À travers les clichés et les objets personnels de Robert Doisneau, le visiteur découvre (ou redécouvrira) les techniques de la photographie argentique. Les possibilités qu’offraient des appareils comme le Rolleiflex, avec lequel le photographe a réalisé son célèbre autoportrait en 1947, lui ont permis de faire des reportages saisissants de vérité. »

« Enfin, l’exposition met en lumière la contribution de Robert Doisneau à la reconnaissance de la photographie comme pratique professionnelle mais aussi artistique aux côtés des photographes du courant dit “humaniste”. S’il a dû, toute sa carrière durant, répondre à des impératifs de commande, il a toutefois pu réaliser des clichés plus personnels, au gré de ses pérégrinations dans les rues parisiennes, circulant obstinément “là où il n’y a rien à voir”, accumulant les images qui feront son succès. »

« L’exposition “Robert Doisneau, l’esprit de Résistance” rend hommage à la mémoire du photographe, du “résistant”, mais aussi et surtout de l’homme qu’il était : simple et modeste, plein d’humour, humaniste et engagé. Spectateur ou participant, Robert Doisneau a immortalisé, toujours en accord avec sa personnalité et ses convictions, la Résistance face à l’Occupation et lors de la Libération. L’esprit de Résistance qui jalonne son œuvre et son parcours se perpétue aujourd’hui à travers ses filles, Annette Doisneau et Francine Deroudille, qui animent l’Atelier Robert Doisneau. »

« Robert Doisneau. Instants Donnés »
Le musée Maillol présente l’exposition itinérante « Robert Doisneau. Instants Donnés » qui « marque le retour des photos de Robert Doisneau dans Paris intra muros après des années d’absence ». Prolongée à Paris jusqu'au 19 octobre 2025, cette exposition sera présentée à la Boverie (Liège) du 31 octobre 2025 au 19 avril 2026.

« Braconnier de l’éphémère, mercenaire de la pellicule, révolté du merveilleux ou pêcheur d’images…quelques qualificatifs parmi tant d’autres pour désigner Robert Doisneau. Certains sont de lui, d’autres de son entourage. Tous sont une invitation à la découverte d’une oeuvre immense et passionnante. »

« Doisneau nous emmène dans le merveilleux en cherchant toujours à sauver l’être humain. Ce qui fut le projet de vie de Robert Doisneau est devenu une ambition partagée par l’Atelier Robert Doisneau et Tempora pour concevoir cette exposition, la plus importante rétrospective depuis deux décennies à Paris. »

« L’Atelier Robert Doisneau, créé et animé depuis plus de vingt ans par les deux filles du photographe, Annette Doisneau et Francine Deroudille, nous offre les icônes attendues mais aussi des pépites allant de photographies inédites à des œuvres originales fabriquées par le photographe. Elles nous ont ouvert non seulement leurs boîtes à souvenirs personnalisant délicieusement cette exposition tout en offrant leur irremplaçable connaissance de l’oeuvre. »

« Tempora et son équipe bruxelloise a été, quant à elle, totalement séduite par la profondeur et l’universalité de l’être humain selon Doisneau. Quel photographe porte mieux le message humaniste qui fonde l’esprit de toutes nos expositions depuis plus vingt-cinq ans ? »

« Ensemble, nous avons le plaisir de présenter une rétrospective pour aller au-delà du résultat photographique, par un regard renouvelé qui emmène le visiteur au coeur de l’oeuvre, de ses ressorts artistiques, humains et sociaux. Une sélection rigoureuse dans d’immenses archives photographiques, une scénographie inspirante pour une exposition totale permettant de parcourir l’oeuvre et de comprendre le chef d’oeuvre. Des titres simples - enfance, artistes, bistrots, écrivains, banlieues etc.- qui reprennent le classement de l’agence Rapho rappelant la modestie avec laquelle cette oeuvre émerge du pavé parisien : Robert Doisneau, collaborateur d’une agence d’illustration et non pas artiste ? A travers ces sujets, nous invitons nos visiteurs à suivre un parcours de vie et d’humanité allant de l’enfance à la vieillesse, de Paris à ses environs comme ville monde. »

« Proposer cette rétrospective au musée Maillol, prend évidemment tout son sens. En effet, le 29 juin 1964, Robert Doisneau se rend à l’agence Rapho pour fixer les modalités d’une commande publicitaire importante. En traversant les Tuileries, il assiste au déballage de statues de Maillol dont André Malraux, alors ministre de la Culture, a décidé de la pose dans le jardin. L’occasion est trop belle, le rendez-vous à l’agence vite oublié. Doisneau passe la journée à photographier la pose des statues sous l’oeil de Dina Vierny, le modèle original, qui le gratifie de sa présence. Un instant donné, merveilleux cadeau du hasard ! » 

« Finalement les images de Doisneau accompagnent plusieurs générations, certaines d’entre elles sont devenues des icônes que l’on hésite plus à détourner au gré des événements politiques et sociaux. C’est un honneur que de pouvoir rendre aujourd’hui à nos visiteurs ces instants en les invitant à les accueillir les bras ouverts comme le jeune garçon de l’affiche. A chacun de s’approprier cette oeuvre magistrale et de se la raconter selon le langage du coeur. Le monde en a besoin. »

Le Commissariat collectif est assuré par 
• Francine Déroudille
• Annette Doisneau
• Isabelle Benoit
• Benoît Remiche
• Peter Logan (scénographie)
appuyés par toute l’équipe de Tempora.

Tempora publie un ouvrage présentant une large sélection de photographies présentées dans l’exposition.
• Titre : Robert Doisneau, Instants donnés. Catalogue de la rétrospective Robert Doisneau, Tempora, Bruxelles, 2025.
• 288 pages avec 270 photographies dont 19 en couleurs et 18 illustrations.
• Auteurs : Isabelle Benoit, Francine Déroudille, Annette Doisneau, Benoît Remiche.
• Prix : 45 euros

Quelques secondes d’éternité…
«Un centième de seconde par ci, un centième de seconde par là mis bout à bout, cela ne fait jamais qu’une, deux, trois secondes chipées à l’éternité…»

« Observer la vie avec une patience de pêcheur à la ligne. Laisser en permanence la porte ouverte à l’inattendu. S’arrêter impérativement lorsqu’on vous demande de circuler là où il n’y a rien à voir. Regarder avec un intérêt égal les puissants et les misérables. Ne pas détourner l’objectif face au malheur, au dénuement, au pire, mais garder un regard solidaire, complice, savoir lire chez chacun le courage, la dignité, la grâce parfois. Accumuler les moments de rencontres, de partage, provoquer le sourire, le rire parfois qui console de tout. C’est en pensant à tout cela - fil conducteur d’un des photographes les plus célèbres du siècle passé et trop souvent simplifié - que nous avons composé cette exposition. » 

« Nous avons choisi quelque 400 photographies dans une collection qui en compte plus de 450 000. »

« Vaste projet aussi qui tend à partager avec vous une philosophie de la vie, des choix de comportement, la liberté d’un regard, plus qu’une accumulation d’anecdotes. »

« De l’enfance des années 30 à 50 qui ouvre cette promenade photographique en compagnie de Robert Doisneau, nous vous proposons de le suivre là où sa vie de photographe trouve ensuite ses principaux points d’ancrage : auprès des peintres dans leurs ateliers, des écrivains souvent complices, de la banlieue où tout commence dans la grisaille de sa jeunesse pour devenir dans les années 80 un espace de solitude repeint aux couleurs factices de l’espérance, en passant par la vie d’usine chez Renault où il se découvre dès 1934 une conscience politique auprès des « mouilleurs de chemise » dont il regardera désormais le parcours et les combats avec une gravité fraternelle. Petit détour par le luxe, la mode et les mondanités dans la parenthèse des Années-Vogue mais aussi par son atelier personnel où il ne cessera de mettre au point d’astucieux « bricolages photographiques » ne s’interdisant aucune fantaisie pour contourner les commandes industrielles ou publicitaires qui ne l’amusaient guère et lui rappelaient que la vie est avant tout matérielle. Du métier à l’oeuvre dira plus tard si justement l’historien d’art Jean-François Chevrier… »

« Nous vous proposons de vous raconter l’aventure d’une vie modeste rendue passionnante par l’omniprésence de l’appareil photo qu’il ne quittait jamais. Un appareil photo qui lui permit de pousser toutes les portes et d’avoir la liberté de raconter à sa manière une réalité teintée de fiction. »

Une exposition totale

Une approche complète de l’homme
« Cette exposition est née de la volonté de l’Atelier Robert Doisneau de se démarquer de l’image convenue du photographe passéiste et romantique des amoureux de Paris. Robert Doisneau est avant tout un homme ancré dans la réalité qui était la sienne : sa vision du métier, ses modèles familiaux et amicaux, sa pratique en agence. Certes, il a développé un regard sentimental sur des situations, qui ne sont pas forcément agréables. Et s’il invente des histoires c’est en s’appuyant toujours du réel. Souvent assimilé à une vision passéiste, Robert Doisneau est pourtant un photographe enraciné dans le présent et regardant toujours vers l’avenir. Il est indiscutablement attaché à Paris et sa banlieue mais son oeil a su capter une certaine idée de l’humanité rendant ses images universelles. »

Une approche renouvelée de l’oeuvre
« Pendant des années, les expositions Robert Doisneau rimaient avec “joie de vivre”. Celles-ci ont alimenté l’idée selon laquelle il est le photographe du bonheur. Puis d’autres approches se sont développées avec, notamment, l’exposition Gravités (55 tirages) présentée en 2000 par la galerie Fait et Cause - sous la direction artistique de Robert Delpire - qui soulignait le versant noir de l’oeuvre. En 2010, Agnès Sire propose à la Fondation Cartier-Bresson l’exposition Robert Doisneau : du métier à l’oeuvre (100 tirages) basée sur le texte éponyme de Jean-François Chevrier (1983, éditions Belfond) dans lequel il s’entretient avec Robert Doisneau. Cette exposition montrait comment une oeuvre totale est issue au départ d’un métier et revenait également sur la part sombre des photos. »
« L’exposition Instants donnés, présentée au musée Maillol, réussit le pari d’un équilibre entre ces deux pôles. Plus que Le Paris des Parisiens présentée à la Salle Saint-Jean en 2007, le propos développe un langage plus universel. »

Pourquoi se rendre à l’exposition Robert Doisneau Instants donnés ?
« • Un parcours qui couvre toute la durée de la pratique de son métier de photographe et qui permet de comprendre le chef-d'œuvre.
• Près de 400 photographies de Robert Doisneau avec des clichés de 1934 à 1992 couvrant donc l’intégralité de son oeuvre.
• La plus importante rétrospective à Paris depuis vingt ans car il n’y a eu volontairement plus aucune exposition monographique sur Robert Doisneau depuis l’exposition de la Salle Saint-Jean à l’Hôtel de Ville.
• Voir le connu et découvrir l’inconnu mais de manière augmentée en ayant une expérience différente à travers le processus créatif, sa vie, sa manière de travailler.
• L’exposition dans laquelle se trouve le plus de surprises : des inédits (comme l’affiche, publiée une seule fois) et des tirages tous sortis de l’Atelier, vintages en grande majorité.
• Découvrir l’œil de Robert Doisneau qui montre le monde tel qu’il est et non tel qu’il l’aurait voulu. Pour cette raison, il y apporte un regard poétique. En résulte souvent un décor terrible pour un être humain plus gai. »

Au 5 septembre 2025, le cap des 180 000 visiteurs de l'exposition a été franchi. A sa clôture, plus de 250 000 visiteurs s'étaient rendus dans ce musée. Un record attestant de l'attachement du public à ce photographe humaniste.

Le parcours de l’exposition

« Le parcours se décline autour d’une dizaine de thématiques transversales de l’oeuvre de Robert Doisneau. Des titres simples qui reprennent le classement de l’agence, et par la suite de l’Atelier (Enfance, Bistrots, Écrivains etc…). Plusieurs salles et dispositifs qui offrent des focus inédits pour découvrir l’univers créatif complet de l’artiste. »

« L’exposition suit des principes scénographiques visant à soutenir le message d’une approche renouvelée de l’oeuvre. »

« Chaque section s’ouvre sur une amorce forte pour ensuite projeter le visiteur au-delà du cliché et le conduire vers l’approfondissement d’un aspect comme les séquences, les portraits, etc. Dans les sections, l’accrochage est rythmé par la dynamique des photos. »

« Cette rétrospective offre une expérience de visite variée combinant :
• oeuvres photographiques,
• objets et documents,
• interactifs et audiovisuels. »

« Un audioguide propose une trentaine d’oeuvres commentées par la voix de Robert Doisneau issue de bandes audiovisuelles originales des années soixante à quatre-vingt-dix. »

« Dans le fond, le photographe, comme ce qu’il emploie, doit être une surface sensible ».

Enfance (70 photographies)
« Les journées paraissent courtes à l’enfant qui folâtre dans la rue pleine de trouvailles possibles et, parfois, de mystères qui font un peu peur ».
« Ce thème traverse l’oeuvre de Doisneau. Parce que la poésie, la spontanéité, le besoin de liberté sont au fondement de sa vision du monde, il s’est senti proche de l’enfance tout au long de sa vie. Une occasion unique d’approfondissement des séquences. »

Ateliers d’artistes (40 photographies)
« Jamais je n’aurais eu l’audace de demander du temps à ceux qui l’ont si bien employé. Aux grands maîtres dont les noms sont des têtes de chapitre dans les bouquins d’histoire de l’art et que l’on imagine ne se déplacer qu’avec une auréole de néon… Pourtant quelques-uns de ces grands maîtres m’ont poussé par les épaules dans leurs ateliers ».
« Doisneau photographie le lieu où l’idée devient oeuvre. Il applique à l’atelier le même principe que pour tous les métiers : être au plus près de l’outil de travail. Les ateliers constituent un environnement naturel pour Robert Doisneau où il déploie son talent de portraitiste et de metteur en scène. »

Tirages, collages et bricolages (16 photographies et collages originaux)
« Une plongée au cœur de son atelier dans lequel il créait des bricolages, autant de cris de liberté pour briser les codes de la photographie et rompre avec l’activité quotidienne de la commande. »

Agence, publications et publicités (photographies, documents, objets originaux)
« J’ai acheté mon appartement et élevé mes enfants grâce aux notices de graissage et aux biscuits ».
« Une espace évoquant les multiples usages des photographies de Robert Doisneau : les publications dans les magazines, les couvertures de revue mais également les publicités où l’on découvre un tout autre style. »

Les années Vogue (40 photographies)
« J’étais le fils du jardinier invité à venir avec les enfants du château, à condition d’apporter avec lui un regard neuf ».
« Robert Doisneau fréquente aussi le Paris des projecteurs et de la mode, un monde qui n’était pas le sien, mais qu’il apprivoise avec l’intelligence du coeur et dont il saura se défaire aussi facilement qu’il s’y était glissé. »

Ecrivains (30 photographies)
« J’ai envie de raconter des histoires. Les personnes qui ont le plus d’influence sur moi sont les écrivains, les poètes. »
« Un photographe qui a toujours beaucoup écrit, et côtoyé le milieu littéraire mêlant élans d’écriture poétique et captures du réel. »
« Cinquante ans de littérature saisis par son objectif. »

Bistrots (30 photographies)
« Je maintiens qu’il est bon de posséder un bistrot familier. Deux, c’est encore mieux ».
« Au comptoir, en salle, en terrasse ou même à la cave, les bistrots sont le lieu de toutes les rencontres et complicités. »

Gravités (70 photographies)
« … Comme me l’a confié de façon candide le petit gitan pickpocket du métro : « moi, je ne vole pas, je prends ».
Dans mon cas l’opération s’appelle effectivement une prise de vue… »
« Robert Doisneau, c’est une forme d’engagement permanent mais discret autour de valeurs cardinales telles la fraternité et la solidarité. Il photographie avec empathie sans jamais de surplomb par rapport à son sujet. Parmi les sujets représentés : précarité et pauvreté, travail, industrie, mineurs, prostitution, luttes sociales et politiques. »

Banlieues (35 photographies)
« Oui je sais, avant c’était moche, aujourd’hui c’est aussi moche, mais différemment. »
« Perspicace observateur d’un présent qui se transforme, Robert Doisneau capture la banlieue à deux reprises. La banlieue noire et sale des années cinquante publiée dans un ouvrage avec Blaise Cendrars. Il y revient en 1984 pour la mission de la DATAR : il révèle alors des images saturées de couleur et un effacement de l’humain. »

Face à l’oeuvre (16 photographies)
« À plusieurs reprises, Robert Doisneau s’intéresse à la place de l’oeuvre d’art dans nos vies citadines. Deux séries, La Joconde au Louvre (1945) et La Vitrine de Romi (1948) montrent comment l’oeuvre d’art devient le réceptacle d’émotions multiples et d’une humanité ébahie. »

Dialogue Maillol / Doisneau (8 photographies)
« Un dialogue éclatant entre Robert Doisneau et Aristide Maillol qui fut le fruit du hasard : en 1964 alors que Robert Doisneau se rend à un rendez-vous pour effectuer des photographies publicitaires, il assiste à la pose des statues d’Aristide Maillol dans les jardins du Carrousel et en tire une série pleine d’humour. »

Rencontres (18 photographies)
« Les photos qui m’intéressent, que je trouve réussies, sont celles qui ne concluent pas, qui ne racontent pas une histoire jusqu’au bout mais restent ouvertes, pour permettre aux gens de faire eux aussi, avec l’image, un bout de chemin, de la continuer comme il leur plaira : un marchepied du rêve, en quelque sorte… »
« Privilège du hasard, la rencontre est le lieu d’expression par excellence des instants donnés. Chacune de ces photographies est unique et rompt avec la sérialité des sections précédentes. »
« Une salle où se croisent des images inoubliables, pour certaines devenues des icônes. »
« Comment expliquer une seconde d’enchantement ? »

Le baiser de l’Hôtel de Ville
« C’est une photo qui fait l’unanimité. Et quand il y a unanimité, il y a souvent au départ une erreur ».
Pour terminer le parcours, une installation sur la célèbre photographie.

Décryptage d’une photo : le choix de l’affiche
« Cette image fait partie de la série des enfants. Elle a été prise dans le 13e arrondissement de Paris en 1936.
Cadrage
Un cadrage en contre-plongée, plutôt rare chez Robert Doisneau qui est souvent face à son sujet, surtout à cette époque.
Composition
• Le regard de l’enfant qui invite à l’échange et au partage.
• Une image très graphique et très dynamique dominée par un mouvement plein.
• Un contraste entre le gai et le triste, la ruine et l’amusement de l’enfant.
• Une lumière naturelle comme dans toute l’oeuvre noir et blanc de Robert Doisneau.
• Une photo rare et quasiment jamais publiée. »

Le saviez-vous ?
« Robert Doisneau, ce sont :
• Plus de 450 000 négatifs.

• Quelque 300 boîtes d’archives et documents classés par thème, comme à l’agence Rapho.

• Un certain nombre d’appareils photos utilisés dans sa vie et souvent donnés à des connaissances.

• Des centaines de livres publiés dont une centaine d’ouvrages monographiques.

• Environ 250 expositions présentées en France et à l’étranger depuis 1947.

• Sa première photographie en 1929 : un tas de pavés.
« Je n’osais pas lever les yeux sur les gens vivants » disait-il.

• Sa dernière photographie : Philippe Druillet dans le jardin du musée Rodin à Meudon, le 25 septembre 1993. »

« Robert Doisneau. Gentilly »
La Maison de la Photographie Robert Doisneau présente l’exposition « Robert Doisneau. Gentilly » réalisée en collaboration avec l’Atelier Doisneau, Montrouge.

Le commissaire de l’exposition est Michaël Houlette, directeur de la Maison Doisneau et du Lavoir Numérique, auteur des textes présentant l'exposition :
« Au moment où la grande rétrospective « Robert Doisneau, Instants donnés » du musée Maillol ferme ses portes (le 12 octobre), la Maison de la Photographie Robert Doisneau présente un projet dévoilant le travail réalisé tout au long de sa carrière par Robert Doisneau sur sa ville natale, Gentilly.
Présentée du 19 septembre au 15 février, cette exposition propose un ensemble de 76 épreuves, dont de nombreuses tirées par Robert Doisneau lui-même, la plupart inconnues du grand public voire inédites.
Cette exposition et le livre qui l’accompagne rendent hommage à un projet inachevé sur Gentilly sur lequel Robert Doisneau travaillait avant son décès en 1994.
Se pencher sur les photographies réalisées par Robert Doisneau à Gentilly, c’est aborder un véritable cas d’école. L’histoire de ces images s’ouvre dans ce coin de banlieue parisienne qui l’a vu naître et s’y referme soixante ans plus tard, à l’issue d’un parcours photographique exceptionnel par sa richesse et sa longévité. Bien que profondément lié à Gentilly et à la banlieue populaire parisienne, son travail ne s’y limite pas. Doisneau a souvent été qualifié de « photographe de banlieue » ou « d’amoureux de la banlieue », des étiquettes réductrices qui simplifient son rapport complexe à ce territoire. Il serait plus exact de parler ici d’un ancrage biographique, affectif et artistique, alliant familiarité et distance critique.
Si Robert Doisneau choisit très tôt de porter son regard sur la banlieue populaire de Paris, c’est d’abord parce qu’il en connaît intimement les lieux, les rythmes et les visages. Mais il sait aussi combien cet espace demeure en marge des représentations, combien il est ignoré et délaissé. C’est dans cet esprit qu’il entreprend, dès les années 1940, ses premières photographies consacrées à ce territoire.
Quarante années séparent le premier ensemble 
d’images exposées ici des ultimes prises de vue réalisées par Robert Doisneau à Gentilly dans les années 1980. La ville s’est profondément transformée au fil de ces quatre décennies. 
Cette banlieue de « glaise » qu’évoquait l’enfance de Robert Doisneau, où proliférait la tuberculose, où l’accès à l’eau courante demeurait un luxe, ne présente plus le même visage. Résidant depuis longtemps à Montrouge, la commune voisine, Doisneau a été témoin direct de cette métamorphose qui s’inscrit dans un large mouvement touchant l’ensemble des villes de la banlieue parisienne.
En 1992, alors que Gentilly célèbre en grande pompe les 80 ans de Robert Doisneau, l’équipe municipale et le photographe évoquent de manière informelle un projet de livre et une exposition rassemblant les images qu’il a prises dans la ville. On envisage de présenter l’exposition dans la future « Maison de la photographie Robert Doisneau ». Mais Doisneau ne voit pas l’aboutissement de ce projet : il s’éteint en 1994, alors que la maison n’a pas encore ouvert ses portes. 
Des centaines de négatifs conservés à l’Atelier Robert Doisneau à Montrouge permettent de retracer l’histoire de ces images. Des tirages, dont beaucoup réalisés par Doisneau lui-même, indiquent qu’un premier travail de sélection avait été amorcé. Mais nous ne saurons jamais si ce travail était considéré par Doisneau comme achevé ou encore en cours. La présente exposition ainsi que l’ouvrage qui l’accompagne rendent hommage à ce projet inabouti, à cette exploration d’un territoire qui fut à la fois origine, matière et miroir pour le photographe. »

Projections de films documentaires / En partenariat avec Les Ecrans Documentaires
au Lavoir Numérique, 4 rue de Freiberg, Gentilly
Entrée libre (sans réservation)

Dimanche 30 novembre 2025 à 16H 
Robert Doisneau, le révolté du merveilleux de Clémentine Deroudille (2015), 77 min 
Intervenantes : Clémentine Deroudille, Francine Deroudille et Annette Doisneau   

Dimanche 11 janvier 2026 à 16H 
Doisneau des villes, Doisneau des champs de Patrick Cazals (1993), 63 min 
Intervenant·e·s : Patrick Cazals, Francine Deroudille et Annette Doisneau  

Chacune des deux séances est précédée de la projection de  
Robert Doisneau, sans les photos de Bernard Bloch (1990), 8 min 
Intervenant : Bernard Bloch 

Visites commentées 
Jeudi 9 octobre 2025 à 19h : complet
Dimanche 30 novembre 2025 à 14h : complet
Dimanche 11 janvier 2026 à 14h (réservation bientôt en ligne)
Jeudi 29 janvier 2026 à 19h (réservation bientôt en ligne)
Entrée libre 


A l’endroit où l’histoire commence
Doisneau et Gentilly
« Robert Doisneau naît à Gentilly en 1912, au 21 avenue Raspail (aujourd’hui le n°39, l’immeuble porte depuis 1996 une plaque commémorative qui le signale). Sa famille maternelle appartient à la petite bourgeoisie locale : son oncle, Auguste Gratien, deviendra maire de Gentilly puis conseiller général et enfin député de la circonscription. Sa mère décède alors qu’il n’a que 8 ans. Il n’a fait connaissance de son père que quelques temps auparavant, à son retour du front. C’est ce père remarié qui élève Robert. Les souvenirs que Doisneau conserve de cette période sont empreints d’une sorte de mélancolique lucidité : Gentilly représente pour lui « une enfance grisâtre dans une banlieue de plâtre mou ».

« Le décor de son enfance, partagé entre l’immeuble bourgeois où il grandit et les terrains vagues où il s’invente librement, à l’écart des normes, sera plus tard décrit par Doisneau comme une sorte de désordre, confus et pathétique. La ville de Gentilly, à l’instar des autres communes populaires de la périphérie, s’affiche sans cohérence architecturale, sans temporalité définie. Si ce n’est son église gothique ou sa mairie, elle ne présente pas de monuments remarquables. Elle donne plutôt à voir une compilation de manufactures (celles qui bordent la Bièvre notamment) et de bâtisses diverses s’imbriquant les unes aux autres sur deux coteaux opposés et au centre duquel se trouve un vaste et profond terrain vague, vestige des anciennes carrières qui sert de dépotoir aux excavations parisiennes. C’est pourtant dans ce territoire informe auquel il est attaché malgré tout, que se cristallise l’intérêt photographique de Doisneau pour la banlieue. »

L’attention portée à la périphérie
La banlieue de Paris
« Observer le monde et lui donner forme par la photographie, c’est d’abord le questionner. C’est une manière de penser le réel, de le contempler avec attention pour mieux en révéler le sens. Dans les années 1940, Robert Doisneau accumulent les photographies prises dans les banlieues populaires parisiennes dont quelques-unes à Gentilly. Ce travail, d’abord mené seul, trouve par la suite un écho remarquable à travers sa collaboration avec Blaise Cendrars et la parution, en 1949, du livre La Banlieue de Paris. »

« En couverture de l’ouvrage figure un photomontage de Doisneau réunissant deux de ses clichés : d’un côté, une vue emblématique de la tour Eiffel ; de l’autre, les HBM (Habitations à Bon Marché) du « 162 » rue Gabriel Peri de Gentilly, avec, en contrebas, la pente terreuse du grand terrain vague transformée en circuit de cyclo-cross. La juxtaposition de ces deux images peut surprendre : elle ne repose ni sur une continuité géographique réelle, ni sur un point de vue plausible. Dans cette composition, le symbole par excellence de la grandeur parisienne, chef-d'œuvre d’ingénierie et vitrine du prestige national, surgit à l’arrière-plan, derrière les logements populaires, derrière la foule anonyme. Deux mondes s’opposent ainsi : d’un côté, la monumentale affirmation de Paris, capitale des arts, de l’industrie et de l’économie ; de l’autre, le quotidien modeste de la banlieue, celui des ouvriers et employés, spectateurs massés devant les barres d’immeubles fonctionnelles qui leur sont destinées ; cette population sans laquelle, pourtant, la réussite parisienne ne serait qu’un mirage. En montrant cette part méconnue et cachée de la vie au-delà de la zone, les photographies de La Banlieue de Paris procède à un rééquilibrage social : elle souligne cette interdépendance entre la Capitale et sa banlieue, entre un centre glorifié et une périphérie laborieuse que tout semble opposer en apparence mais que tout, dans les faits, relie en profondeur. »

La ville transformée
Un regard critique
« Un des moments marquants qui lie Robert Doisneau à la banlieue parisienne se situe entre 1984 et 1989. À cette période, il fait partie des douze photographes sélectionnés par la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale) pour documenter les paysages français. Cette commande Doisneau choisit justement de la consacrer à la petite couronne parisienne et à quelques villes nouvelles plus éloignées. Les images qu’il livre viennent bousculer les clichés (« photographe du noir et blanc », « photographe humaniste ») que journalistes, critiques et historiens s’étaient habitués à lui accoler. Elles montrent délibérément une forme de déshumanisation soulignant la standardisation, la démesure des barres d’immeubles et la place prépondérante laissée à la circulation automobile.  »

« Certaines de ces photographies réalisées pour la DATAR sont prises à Gentilly. Les vastes ensembles d’HLM (Habitations à Loyer Modéré) des quartiers Frileuse, Reine Blanche, Chaperon Vert et Victor Hugo, érigés dans les années 1950 et 1960 pour répondre aux besoins de la population, ont transformé la commune. Pour illustrer son changement d’échelle et sa densification, Robert Doisneau monte parfois sur les toits des tours afin d’adopter un point de vue surélevé, inédit. À la logique des grands ensembles, il répond par une vision d’ensemble où blocs, rues, places et espaces verts s’organisent selon une géométrie presque abstraite. »

« L’église Saint-Saturnin de Gentilly, qu’il photographie à de multiples reprises, joue dans cette série puis, plus tard, à l’occasion de nouvelles déambulations, un rôle de motif à la fois visuel, historique et symbolique. Sa flèche fine, élancée vers le ciel, tranche avec l’orthogonalité rigide et fonctionnelle des immeubles qui l’enserrent. Elle apparaît comme un motif anachronique, peut-être une forme de résistance : non pas un simple vestige du passé mais un contrepoint discret à un monde moderne nécessaire, certes, mais singulièrement dénué de poésie aux yeux de Doisneau. »

Les déambulations dans la ville
Les prémices d’un projet
« À la fin des années 1980, un rapprochement s’opère entre Robert Doisneau et la municipalité de Gentilly. Le photographe revient régulièrement sur les lieux de son enfance qu’il parcourt de manière plus systématique. Il vient alors d’achever un travail de longue haleine sur la ville de Saint-Denis, commandé pour son musée d’art et d’histoire, dont il est satisfait. Émerge alors l’idée d’un projet similaire à Gentilly : un livre qui montrerait la ville telle qu’elle est devenue mais aussi un livre sur ceux qui l’habitent et y travaillent. »

« Sans commande explicite et avec une grande liberté, Robert Doisneau photographie de 1989 à 1991 les gentilléens dans leur quotidien. Peu à peu, se tisse un lien de proximité, au point d’être simplement appelé par son prénom, « Robert », par de nombreuses personnes qu’il rencontre. Gentilly abrite encore des petites entreprises et des ateliers d’artisans qu’il visite avec curiosité. Il participe aux fêtes locales, aux cérémonies, aux instants de la vie communale. En pénétrant dans les cours d’immeubles, en s’attardant devant les pavillons et en photographiant les occupants, Doisneau voit certainement resurgir, par fragments, des souvenirs d’enfance, une mémoire ouvrière et petite-bourgeoise peut-être mais désormais atténuée, parfois méconnaissable. Il est difficile de dire quelles réminiscences précises ces lieux ravivent en lui alors qu’il les explore à nouveau, à des années de distance. »

Photographier les autres
Un rapport humain avant tout
« Quelle que soit l’époque, Robert Doisneau demeure un homme profondément ancré dans son temps et dans l’action, fidèle à une manière constante de percevoir le monde et de regarder ses semblables. L’une des constantes que l’on retrouve dans de nombreuses photographies de Doisneau mettant en scène des personnes réside dans la relation manifeste qu’il établit avec autrui, une relation dont la qualité humaine transparaît avec clarté, notamment dans les photographies prises dans les années 1980. »

« Doisneau possède cette rare capacité à tisser un lien, discret ou plus affirmé, parfois éphémère mais toujours sincère, avec ses sujets. Dans différents entretiens, Doisneau explique que pour photographier des personnages dans un bistrot, il faut d’abord consommer comme n’importe quel autre consommateur. Cette recommandation, traduit une philosophie de la discrétion : se fondre dans le décor, adopter le même niveau, devenir un semblable parmi les semblables. Il ne s’agit pas seulement de se faire accepter mais d’instaurer une proximité authentique. C’est avec une même attention courtoise, une absence totale de posture, qu’il réalise dans Gentilly, entre 1989 et 1991, un travail patient et modeste : malgré sa renommée alors bien établie, il réalise, trois années durant, des centaines de prises de vue, toujours animé par ce désir de rencontrer l’autre à hauteur d’homme. »

« L’autre fait remarquable chez Doisneau est aussi cette culture de la spontanéité. Photographe-marcheur, il arpente les villes prêt à capturer les formes que l’imprévu vient poser devant lui. Il se rend disponible à l’événement, un appareillage léger à la main (un boitier, parfois quelques objectifs, rien d’autre), toujours prêt à revenir sur les mêmes lieux, à scruter encore et encore une scène déjà vue, parfois maintes fois photographiée. Doisneau pratique ainsi un art singulier de la répétition. Non pas pour figer une image, mais pour mieux saisir celle qui semblera la plus spontanée, la plus naturellement surgie et par conséquent, la plus significative à ses yeux. » 

Biographie

« 1912
Naissance à Gentilly (Val-de-Marne) le 14 avril.

1925-1929
Études à l’école Estienne.
Diplôme de graveur lithographe.

1930
Dessinateur de lettres et formation empirique de photographie pharmaceutique à l’atelier Ullmann.

1931
Opérateur d’André Vigneau, dont l’atelier combinait gravure, lithographie, photographie et cinéma.

1932
Vente de son premier reportage au quotidien L’Excelsior.

1934-1939
Photographe industriel aux usines Renault à Boulogne-Billancourt.

1939
Licenciement pour retards répétés.
Rencontre avec Charles Rado, créateur de l’agence Rapho.
Début en tant que photographe illustrateur indépendant.
1942
Rencontre avec l’éditeur Maximilien Vox pour lequel il réalise de nombreuses commandes.

1945
Début de collaboration avec Pierre Betz, éditeur de la revue artistique et littéraire Le Point.
Rencontre avec Blaise Cendrars à Aix-en-Provence.

1946
Retour à l’agence Rapho, dirigée désormais par Raymond Grosset. Il ne la quittera plus.
Reportages pour l’hebdomadaire Action.

1947
Rencontre avec Jacques Prévert et Robert Giraud.
Prix Kodak.

1949 et 1951
Contrat avec le journal Vogue.

1951
Participe à une exposition au MOMA à New-York.

1956
Prix Niépce.

1960-1967
Série de voyages pour des reportages : États-Unis (New-York, Hollywood et Palm Springs), Canada, URSS (« 50 ans de réalisations soviétiques »).

1971
Tour de France des musées régionaux avec Jacques Dubois.

1973 et 1981
François Porcile réalise les films Le Paris de Robert Doisneau et Poète et piéton.

1975
Invité des Rencontres d’Arles.

1983
Grand Prix national de la photographie.

1984
Participe à la Mission photographique de la DATAR.

1986
Prix Balzac.

1990-1993
Réalisation de plusieurs films sur son oeuvre : Vidéo Contacts (CNP/La Sept/Riff Production), Bonjour, Monsieur Doisneau par Sabine Azéma (Riff Production) ou encore Doisneau des Villes et Doisneau des Champs par Patrick Cazals (FR3 Limousin-Poitou-Charente).

1994
Meurt à Paris le 1er avril. »


Du 19 septembre 2025 au 15 février 2026
1, rue de la Division du Général Leclerc. 94250 Gentilly, France
Tél : +33 (0) 1 55 01 04 86
Du mercredi au vendredi 13h30 / 18h30
Samedi et dimanche 13h30 / 19h
Entrée libre

Au Lavoir Numérique
4 rue de Freiberg / Gentilly
ENTRÉE LIBRE

Visuels :
Affiche
Station RER B, Gentilly, 28 avril 1990
© Atelier Robert Doisneau

Rue de la Division Général Leclerc, Gentilly, avec, au fond, la future Maison de la Photographie Robert Doisneau], 1990. © Atelier Robert Doisneau

Cirque à Gentilly [HBM du 162 rue Gabriel Péri], 22 juillet 1949
© Atelier Robert Doisneau

Les Deux Garagistes [Les frères Boyer], avenue Pasteur, Gentilly, mai 1990
© Atelier Robert Doisneau


Du 17 avril au 19 octobre 2025
59-61 Rue de Grenelle, 75007 Paris
Téléphone : +33 1 42 22 59 58
Du jeudi au mardi de 10h30 à 18h30
Mercredi de 10h30 à 22h00
Visuels :
Vues des salles 
© Tempora

14 juillet 1969, véhicule militaire. © Atelier Robert Doisneau

Usine Bobin à Montrouge, 1945 © Atelier Robert Doisneau

14 juillet aux Tuileries, Paris, 1978. © Atelier Robert Doisneau

« Les bouchers mélomanes », Paris, 1953 1er juin 1950 © Atelier Robert Doisneau

Du 15 octobre 2023 au 28 avril 2024. Prolongation au 13 octobre 2024
Site Aimé Césaire
40, quai Victor Hugo. 94500 Champigny-sur-Marne
Tél. : 01 49 83 90 90
Du mardi au vendredi : 14h00-18h00
Le samedi et le dimanche : 14h00-19h00


"Russie : la Révolution Russe vue par Doisneau" par Vladimir Vasak
France, 2017, 25 min
Disponible du 26/10/2017 au 28/10/2020

Du 8 mars au 28 mai 2017
A l'Espace Richaud

78 boulevard de la Reine. 78000 Versailles
Tél. : 01 39 24 88 88
Du mercredi au dimanche, de 12 h à 19 h. Fermeture exceptionnelle le 25 mai 2017


« Robert Doisneau. Le révolté du merveilleux » de Clémentine Deroudille
Arte, 2015, 78 min
Sur Arte les 23 octobre 2016 à 22 h 50, 18 juillet 2018 à 1 h 10

Visuels
Robert Doisneau
Les cygnes gonflables, PalmSprings, 1960

Robert Doisneau
Autoportrait place Jules Ferry 1949

Robert Doisneau
Brigitte Bardot pour le Jardin des modes
La rotonde de l'Opéra de Paris, 1950
Mademoiselle-d'Origny devient vicomtesse

Au Sud de la Californie, Palm Springs, posée dans le désert, fut immortalisée par Robert Doisneau en 1960. Cet îlot de verdure se niche au creux de la vallée de Coachella, avec ses palmiers immenses et ses montagnes en toile de fond. Une oasis, avec ses larges avenues rectilignes et son soleil qui brille toute l’année, qui révéla une facette inconnue du photographe Doisneau.
© Elephant Doc

Articles sur ce blog concernant :
Les citations proviennent d'Arte et du site de Robert Doisneau. Cet article a été publié le 21 octobre 2016, puis les 26 mai, 10 octobre et 26 novembre 2017, 18 juillet 2018, 5 mai 2019, 24 avril20.24.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire