Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 9 avril 2024

« Salonique, « Jérusalem des Balkans », 1870-1920. La donation Pierre de Gigord »

Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) présente l’exposition « Salonique, « Jérusalem des Balkans », 1870-1920. La donation Pierre de Gigord ». La découverte de la Salonique florissante avant la Shoah par de magnifiques photographies révélant la contribution majeure des Juifs à la vie économique, culturelle et politique, ainsi qu'à l'avènement de la modernité, la variété de juifs - 
séfarades, romaniotes (juifs hellénisés), ashkénazes -, la permanence des sabbatéens ou dönme, juifs convertis à l'islam...
De Salonique, devenue Thessalonique en 1912, nous savons essentiellement le destin tragique de la quasi-totalité de ses Juifs, majoritairement sépharades, déportés - plus de 45 000 juifs - durant la Deuxième Guerre mondiale, et l'occupation allemande nazie dès le 9 avril 1941. Environ 96% des juifs saloniciens ont été assassinés lors de la Shoah, au camps nazi d'Auschwitz-Birkeanu.

Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) invite à découvrir la vie, la diversité religieuse, la part majeure des juifs saloniciens dans l'économie, et ce, avant la Shoah, dans cette « Jérusalem des Balkans » au travers des photographies de Pierre de Gigord, collectionneur avisé dont sont présentés des tirages albuminés du premier photographe local, Paul Zepdji, les négatifs sur plaques de verre inédits d’Ali Eniss, drogman (interprète) au consulat d’Allemagne.

« Ville cosmopolite, comme d’autres grands ports du Levant, Salonique – la Thessalonique grecque sous l’Empire ottoman – fut longtemps une cité juive où les commerçants, de toutes confessions confondues, fermaient le samedi et durant les fêtes juives. Peuplée majoritairement de juifs romaniotes, ashkénazes et plus encore séfarades, la capitale macédonienne était aussi la ville ottomane la moins turque, nombre de musulmans étant des sabbatéens, juifs convertis à l’islam. » 

« Le don de près de 400 photographies et documents par Pierre de Gigord, grand collectionneur dévoué à l’histoire de l’Empire ottoman, à l’œil avisé et à l’admirable générosité, constituent un enrichissement majeur pour le mahJ, dont la collection est désormais une référence sur la « Jérusalem des Balkans ». Les tirages albuminés du premier photographe local, Paul Zepdji, les négatifs sur plaques de verre inédits d’Ali Eniss, drogman au consulat d’Allemagne, amateur passionné auteur d’une vivante chronique photographique de la ville, font revivre un monde disparu. Ce sont aussi des autochromes, des albums de photographes amateurs, des documents du service photographique de l’armée d’Orient, des cartes postales, brochures et magazines qui racontent la vie de la cité. » 

« Présentant une sélection de près de 150 pièces, l’exposition restitue l’histoire de Salonique de la seconde moitié du XIXe siècle à la fin de la Première Guerre mondiale. Hommes et femmes saisies dans leurs costumes traditionnels, modestes artisans, portefaix, commerçants, aux membres de l’« aristocratie » locale – liés à l’Europe par des attaches familiales et commerciales – la société se découvre. La modernisation urbaine : les quais et la Tour blanche, les cafés, les restaurants et les lieux de divertissements ; le secteur des Campagnes où les notables établirent leur résidence ; les zones déshéritées, ou s’installèrent les industries naissantes, hissant Salonique au rang de première ville ouvrière de l’Empire ottoman ». 

« Mais aussi, dans la ville dorénavant grecque, le grand incendie d’août 1917, authentique traumatisme pour les juifs qui virent leurs quartiers historiques, les archives communales et plus de trente synagogues emportés par les flammes, avant les bouleversements géopolitiques provoqués par la Première Guerre mondiale. » 

Le commissariat est assuré par Catherine Pinguet et Nicolas Feuillie, responsable des collections photographiques au mahJ. Catherine Pinguet est chercheuse associée au Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CNRS – EHESS). Elle est notamment l’auteure d’Istanbul, photographes et sultans 1840-1900 (CNRS Éditions, 2011), de Les Îles des Princes. Un archipel au large d’Istanbul (Empreinte, 2013), de Felice Beato (1832-1909). Aux origines de la photographie de guerre (CNRS Éditions, 2014) et d’Une histoire arménienne. Les photographes dans l’Empire ottoman (Elytis, 2018). 

Un catalogue est publié : « Salonique, 1870-1920 » de Catherine Pinguet, préfacé par Paul Salmona (CNRS Éditions, 2023. 172 pages. 45 €). Cette publication a reçu le soutien de la fondation pour la mémoire de la Shoah et du Centre national du livre. « Toutes les facettes d’une ville disparue, avec des photos inédites. »

« Capitale de la Macédoine ottomane, Salonique a connu au XIXe siècle une incroyable métamorphose. Cœur « industriel » de l’Empire, foyer de la modernité turque, jusqu’à la reconquête par les Grecs en 1912, la cité est une ville pluriethnique et multiconfessionnelle, un carrefour culturel et un havre aussi où se sont réfugiés, depuis des siècles, les sépharades bannis d’Espagne et les ashkénazes chassés d’Europe. Une véritable Jérusalem des Balkans. » 

« En sélectionnant des images dans la plus riche collection privée de photographies dédiées à l’Empire ottoman, celle de Pierre de Gigord, Catherine Pinguet dresse un portrait de la ville de la seconde moitié du XIXe siècle à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle restitue le quotidien des habitants et les mutations de la ville, de leur cadre de vie : animation des rues, activités commerciales et corporations de métiers, nouveaux édifices, quartiers résidentiels, périphérie déshéritée où sont apparues les premières industries. »

« Viennent s’ajouter les clichés d’événements majeurs, tels que la « révolution » jeune-turque de juillet 1908 dont Salonique a été le berceau, puis l’incendie d’août 1917, qui a détruit à jamais les quartiers historiques de la communauté juive. Ces flammes préfigurent la fin d’une époque, celle des grandes cités cosmopolites de la Méditerranée orientale qui disparaîtront les unes après les autres, dans des circonstances souvent dramatiques. » Un incendie criminel qui incitera des nombreux juifs à s'exiler vers la France, les Etats-Unis ou Eretz Israël (Terre d'Israël).

À l'occasion de cette exposition, le majJ a organisé la rencontre filmée avec l’historienne Catherine Pinguet, commissaire de l'exposition, et le collectionneur Pierre de Gigord, animée par François Azar. Introduction par Paul Salmona, directeur du mahJ.

En plus de visites guidées, le mahJ a proposé la rencontre Salonique, « Jérusalem des Balkans » en présence notamment de Catherine Pinguet, commissaire de l’exposition, et d'Alexandra Patrikiou, musée juif de Grèce. « Retour sur l’histoire singulière de cette cité, tour à tour macédonienne, romaine, byzantine, puis ottomane cinq siècles durant, avant d’être rattachée a la Grèce en 1912. Pendant plus de deux millénaires, elle a abrité sans discontinuité une communauté juive qui constituait au début du XXe siècle la majorité de la population, faisant de cette capitale économique de la Grèce indépendante la « Jérusalem des Balkans » jusqu’à la déportation presque totale des juifs en 1943. »

À l’occasion de la publication de Salonique juive et ottomane. Les mémoires de Sa’adi Besalel Halevi (Lior éditions, présenté et préfacé par Aron Rodrigue, traduit du judéo-espagnol par Marie-Christine Bornes-Varol, 2023), le mahJ a aussi accueilli la rencontre filmée  Juifs dans la Salonique ottomane. Avec Aron Rodrigue, Stanford University, et Marie-Christine Bornes Varol, Cermon-Inalco, animée par François Azar, éditeur.  

Sa'adi Besalel a-Levi, né en 1820 à Salonique, est un imprimeur et éditeur, fondateur en 1875 du journal sépharade en ladino ‘La Epoka’ et en 1895 du ‘Journal de Salonique’ en français. Proche de l’industriel Moïse Alatini, il le soutiendra dans tous ses efforts de modernisation de la communauté juive. Il est aussi connu pour son activité de chantre et de compositeur de chants liturgiques. Ses fils, notamment Sam Lévy, l’accompagneront et prolongeront son activité éditoriale après son décès à Salonique en 1903 ».

« Pionnier du journalisme ottoman et de la culture séfarade moderne, l’éditeur et chantre de synagogue Sa’adi Besalel Halevi (1820-1903) rencontra une vive opposition de la part des rabbins saloniciens, inquiets de ses vues progressistes. Documentant la vie quotidienne et les débats des juifs dans la Salonique ottomane, ses mémoires offrent un témoignage exceptionnel sur une communauté en proie aux tiraillements entre Anciens et Modernes. »

« Les mémoires de Sa’adi Besalel a-Levi constituent la première autobiographie connue d’un juif salonicien. Rédigées en judéo-espagnol à partir de 1881, elles offrent un exceptionnel panorama de la vie dans la Salonique juive et ottomane au XIXe siècle. Leur importance tient tant à la personnalité de leur auteur à la fois imprimeur, éditeur, journaliste, chantre et compositeur qu’à leur contenu qui joint à une vision éminemment subjective du monde juif ottoman, des descriptions d’ordre ethnographique, des aperçus de l’organisation communautaire, des luttes de pouvoir au sein de celle-ci, et enfin un plaidoyer pro-domo qui prend un caractère ardent et poignant. »

« Publié sous forme d’extraits dans plusieurs journaux, ce texte a exercé une grande influence sur la manière dont l’histoire des Juifs de Salonique a été remémorée et historicisée. Longtemps donné pour perdu, le manuscrit original rédigé en cursives hébraïques orientales (soletreo) a été redécouvert fortuitement à la Bibliothèque nationale d’Israël et est reparu en 2012 aux Presses de Stanford dans une remarquable édition intégrale désormais accessible au public francophone. »

Le mahJ a aussi proposé "Traces du cimetière juif de Salonique". Une rencontre filmée avec le photographe Martin Barzilai et les historiens Annette Becker et Léon Saltiel, animée par Corinne Bensimon, et en écho à la publication de l'ouvrage Cimetière fantôme. Thessalonique, de Martin Barzilai, Annette Becker et Katerina Králová (Créaphis éditions, 2023). Une enquête de Martin Barzilai sur cette nécropole. Deux historiennes interviennent en contrepoint pour éclairer cette histoire : Katerina Králová et Annette Becker.

"Le photographe Martin Barzilai, petit-fils d’un Juif salonicien qui a fui en 1940 – à temps car environ 54 000 juifs de Thessalonique furent déportés et exterminés, soit 96 % de la population juive de la ville –, s’est rendu à plusieurs reprises à Thessalonique depuis 2018, à la recherche des fragments de tombes du plus grand cimetière juif d'Europe, disséminés dans la ville, à la suite de son expropriation par les Nazis en 1942. De cette enquête, il est revenu avec de nombreuses photographies, un journal de bord et des entretiens avec des personnes concernées par cette "mémoire fantôme". Deux historiennes interviennent en contrepoint de son propos."

"À la suite de la Reconquista, Isabelle la Catholique expulse les juifs d’Espagne en 1492. Ils sont accueillis" notamment "dans l’Empire ottoman, en particulier dans les Balkans et à Salonique. Ils représentent, au XVIIIe siècle, la moitié de la population de la ville et, jusque dans les années 1920, sont majoritaires en rapport aux communautés grecque et turque. Dans ce contexte, les juifs de Salonique ont pu conserver leur langue : le judéo-espagnol ou ladino".

"Le cimetière juif de Thessalonique est alors le plus important d’Europe. On estime qu’il contenait environ 300 000 tombes. Une grande partie des inscriptions en caractères hébraïques sur ces stèles, en ladino et en hébreu, sont difficilement déchiffrables de nos jours."

"En 1942, alors qu’ils contrôlent la ville depuis un an, les Nazis exproprient le cimetière en échange de la libération de 6 000 travailleurs prisonniers juifs, contraints aux travaux forcés. Les pierres tombales seront utilisées comme matériel de construction, par les Allemands puis par les Grecs, notamment pour l’enceinte de la nouvelle gare ferroviaire et dans un grand nombre d’autres chantiers. Aujourd’hui, on les retrouve à travers toute la ville et au-delà."

"Environ 54 000 juifs de Thessalonique furent déportés et exterminés, soit 96 % de la population juive de la ville. Le photographe Martin Barzilai, lui-même petit-fils d’un juif salonicien qui a fui Thessalonique en 1940, s’est rendu à plusieurs reprises à Thessalonique depuis 2018, à la recherche ces fragments de tombes disséminés dans la ville, de ce qui a été rendu invisible, ces traces qui ont résisté au temps. De cette enquête il est revenu avec de nombreuses photographies - le livre en présente 64 en quadri - , un journal de bord et des entretiens avec des personnes concernées par cette mémoire fantôme."

Focus sur...

Pierre de Gigord 

« Diplômé de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs, grand voyageur passionné d’Orient, Pierre de Gigord rassemble à partir des années 1980 la plus riche collection privée de photographies anciennes sur l’Empire ottoman. Des premiers procédés photographiques (daguerréotypes de Girault de Prangey, Constantinople, 1843) aux années 1920 (autochromes, vues stéréoscopiques, tirages argentiques...), on y trouve toutes les techniques et supports utilisés par les photographes professionnels et amateurs de l'époque. » 

« Des ouvrages (premiers guides touristiques, récits de voyageurs, de diplomates, d’archéologues), des journaux illustrés, des magazines, des cartes et des éphémères (brochures, factures, publicités...) viennent compléter cet ensemble. Le don au mahJ des plus belles pièces du fonds exceptionnel qu'il a constitué sur Salonique constitue un enrichissement majeur de la collection du musée ». 

Sélection d'ouvrages et d'expositions réalisés à partir de la collection de Pierre de Gigord : 
- Salonique, 1850-1918. La "ville des Juifs" et le réveil des Balkans, sous le direction de Gilles Veinstein, 1992, éditions Autrement 
- Images d’Empire, collection Pierre de Gigord, Institut d'Études Françaises d'Istanbul, 1998 (exposition et catalogue) 
- L’Orient des photographes arméniens, Institut du Monde Arabe/Cercle d’Art, 2007 (exposition et catalogue) 
- Il était une fois l’Orient-Express, Institut du Monde Arabe/Snoeck, 2014 (exposition et catalogue) 
- 100 Years of Travelers in Istanbul from Pierre de Gigord Collection, fondation Suna & Inan Kıraç, Istanbul Research Institute, 2015 (exposition et catalogue) 
- Juifs d’Orient, Institut du Monde Arabe/Gallimard, 2021 (exposition et catalogue) 
- L’Orient revisité. Les photographes arméniens dans l’Empire ottoman, Centre du patrimoine arménien de Valence, 2023 (exposition) »

Les juifs de Grèce

VA Editions a publié Sur les traces des juifs de Grèce d'Anastasio Karababas. "L’histoire des Juifs de Grèce présente un intérêt unique en Europe. Le judaïsme grec est sans doute le plus ancien du continent. Les Romaniotes hellénisés, les Sépharades de la Méditerranée occidentale et les Ashkénazes d’Europe centrale créent progressivement une mosaïque de communautés à travers le pays, chacune avec son histoire pluriséculaire et fascinante. Thessalonique, la « Jérusalem des Balkans », Ioannina, la capitale des Romaniotes, La Crète, Corfou, Rhodes, Larissa, Volos, Patras, Athènes… toutes ensemble, mais aussi chacune individuellement, font partie intégrante du monde hellène et de sa riche histoire." 

"Voici pour la première fois une image complète et détaillée de l’histoire des Juifs de Grèce depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, en passant bien sûr par la Shoah qui emporte près de 90 % de la communauté. Au-delà de la fresque historique, il s’agit également de mettre en lumière la contribution des Juifs grecs à la vie économique, culturelle, intellectuelle et politique du pays, ainsi que de révéler les pages dorées et les pages noires de la coexistence entre Juifs et chrétiens."

Les juifs de Salonique 

Selon l'historien Anastasio Karababas, la présence juive à Salonique remonte à l'époque hellénistique ou romaine. Au XIIe siècle, Benjamin de Tudèle estime le nombre de juifs à Salonique à 500. Du XIVe au XVIe siècle, affluent à Salonique des juifs persécutés d'Europe centrale, du sud de l'Italie et de la péninsule ibérique. Le sens du commerce de ces juifs redonne une vitalité à la ville en déclin depuis la conquête turque de 1430. Ce qui incite les sultans à lui accorder une grande autonomie.

Au début du XVIe siècle, les juifs deviennent majoritaires à Salonique. Ils se fixent dans le centre donnant sur le port. La ville s'affirme comme un des centres économiques de l'empire ottoman. En 1520, est ouvert dans le quartier juif le premier atelier d'imprimerie de la ville. Négociants, banquiers, tailleurs, bouchers, pêcheurs, enseignants, médecins... Les juifs exercent tous les métiers, et fréquentent, selon la communauté à laquelle ils appartiennent, leurs synagogues (Mayorka, Kastilla, Kalabria, Evora, Sicila). Le Talmud Torah Hagadol représente les juifs auprès du sultan.

Au XVIIe, la guerre de Trente Ans (1618-1648), les défaites militaires de l'empire ottoman, les épidémies, la crise économique influent sur la condition des juifs saloniciens qui affrontent la concurrence du port de Smyrne, deuxième port de l'empire ottoman. 

En 1566, arrive à Salonique Sabbataï Tsvi qui se présente comme le messie et convainc peu de juifs. Les juifs (30000) représentent les trois cinquièmes de la ville.

Au XIXe siècle, c'est l'avènement de la révolution industrielle : chemin de fer, électricité. Les juifs, notamment la famille Allatini, contribuent à l'essor économique et à la modernité. En 1865, est créé le journal en ladino, El Lunar. De 1976 à 1912, l'AIU (Alliance israélite universelle) ouvre sept écoles. En 1910, David Ben Gourion se rend à Salonique, et y voit un "laboratoire du sionisme".

En 1912, la Grèce met fin à la domination turque.

La réussite des juifs grecs alliée à un antijudaïsme chrétien orthodoxe est vraisemblablement à l'origine de l'incendie criminel en 1917 détruisant surtout des quartiers dans le port. 

« Hiérarchisée, la communauté juive compte une classe supérieure (la djente alta) très influente, mais restreinte, qui a contribué au développement de l’éducation et à l’amélioration des conditions sanitaires de la ville. » 

« Nettement plus nombreux viennent ensuite les membres d’une classe intermédiaire (los medianeros) extrêmement actifs dans la vie économique et sociale : commerçants, artisans spécialisés, employés dans les sociétés à capitaux étrangers (banques, comptoirs commerciaux, assurances), membres de professions libérales (enseignants, médecins, avocats). » 

« Puis, largement majoritaires, les démunis (djente bacha) composés d’une foule de marchands ambulants, de petits commerçants, de journaliers et d’ouvriers non qualifiés dans l’incapacité de payer les taxes communautaires et qui vivent le plus souvent dans une extrême précarité. Les femmes, payées moitié moins que les hommes, travaillent, avant leur mariage, notamment dans les filatures et les manufactures. Une célèbre chanson est dédiée au sort d’une malheureuse employée à la Régie des tabacs, La Cigarrera. » 

Les sabbatéens ou dönme 

« L’origine de la communauté des sabbatéens remonte à la seconde moitié du XVIIe siècle avec la conversion à l’islam du messie de Smyrne, Sabbataï Tsevi. Les sabbatéens qui, malgré l’apostasie de Tsevi, lui sont restés fidèles se désignaient comme ma’mīnīm (« croyants »). Comme ils pratiquaient une stricte endogamie et que rien ou presque n’a filtré de leurs croyances, ils sont suspects aux yeux des musulmans et rejetés par les juifs. » 

« Au tournant du XXe siècle, les sabbatéens, formant trois groupes distincts, ont gravi les échelons de l’administration et de grandes familles sont à la tête de vastes entreprises. La figure la plus emblématique est celle du maire de Salonique, Hamdi bey, à l’origine des nouveaux équipements urbains : éclairage au gaz, réseau d’eau potable, élargissement du quai et des rues, tramway. Selon Joseph Nehama, « tout ce qui se fait d’utile, sous le nom des Turcs, est dû aux sabbatéens. » 

Repères historiques

« 315 av. notre ère Fondation de Thessalonique par Cassandre, roi de Macédoine. 
148 av. notre ère Conquête de la Macédoine par les Romains. 
50 L’apôtre Paul vient prêcher le christianisme. 
303 Construction de l’arc de Galère, qui célèbre la victoire romaine sur les Perses. 
Vers 1169 Visitant la cité, le voyageur juif navarrais Benjamin de Tudèle mentionne cinq cents familles gréco-juives, ainsi que de petites communautés de Juifs originaires de Serbie et d’Italie. Elles exercent les métiers de tisserands, d’apprêteurs, de repasseurs, de fabricants de voiles, de tapis et de manteaux, principaux articles d’exportation. 
1430 Conquête de la ville par les Ottomans sous le règne du sultan Murad II. Elle prend le nom de Selânik, ou Salonique. 
1492 À la suite de l’expulsion des juifs d’Espagne, les premiers réfugiés viennent s’installer dans la ville ; à la fin du XVe siècle, ils sont près de 20 000. 
1512 Création de la première imprimerie juive. 
1520 Fondation du Talmud Torah. 
1655 Sabbetaï Tsevi prêche à Salonique. Considéré comme un messie par de nombreux juifs, sa conversion forcée à l’Islam, en 1666, est à l’origine de la communauté des sabbatéens ou dönme (« renégat » en turc). 
1668 Le célèbre voyageur ottoman Evliya Çelebi mentionne 56 mahalle juifs (« quartiers », en réalité quelques rues regroupées autour de lieux de culte), soit plus que les musulmans qui en détiennent 48 et les chrétiens. 
1807 Inauguration de l’hôpital Hirsch. Jacob Meir est nommé grand-rabbin (Haham Bashi). Le tramway est électrifié. 
1836 Instauration d’un grand rabbin (Hakham Bachi). 
1856 Rescrit impérial (Hatt-i Humayun) déclarant tous les citoyens de l’Empire égaux, sans distinction d’ordre religieux, ethnique ou linguistique. Pour les non-musulmans, la liberté de culte est garantie, ainsi que la libre jouissance de leur immunité traditionnelle, en matière d’organisation interne de leur communauté. 
1857 Fondation d’une première minoterie à vapeur par la société Darblay jeune, Allatini et Cie. 
1864 Publication de la première revue juive, El Lunar, par le rabbin Judah Nehama. 
1873 Ouverture de la première école de l’Alliance israélite universelle, dont le président est le médecin, homme d’affaires et philanthrope Moïse Allatini. 
1874 Premier numéro du journal judéo-espagnol La Epoca, dirigé par Bezalel Saadi Halévy, qui paraîtra durant 36 ans. 
1877-1878 Guerre russo-turque, qui se conclut par une défaite ottomane et des pertes territoriales dans les Balkans. 
1880 Mise en service de la filature Torres et Misrahi. 
1883
Ouverture de la briqueterie Allatini. 
1890 Grand incendie. 
1895 Parution du Journal de Salonique qui sera publié jusque fin 1911, sous la direction de Samuel Saadi Lévy, dit Sam Lévy. 
1898 Construction de la synagogue Beth Saul dans le quartier des Campagnes. 
1902 Inauguration de la nouvelle mosquée (Yeni Camii) des sabbatéens dans le quartier des Campagnes. 
1903 Attentats anarchistes des guèmidji (« bateliers »), avec la destruction de la Banque ottomane, du club allemand et de l’hôtel Colombo, afin d’attirer l’attention des Occidentaux sur la répression ottomane en Macédoine et en Thrace. 
1908 Salonique, berceau de la « Révolution » jeune-turque : manifestations, scènes de liesse et de fraternisation inédites. Abdülhamid II, autocrate et dernier grand sultan calife, est contraint de rétablir la Constitution qu’il avait abolie en 1878. L’avocat juif séfarade Emmanuel Carasso, grand-maître de la loge maçonnique Macedonia Rissorta (« La Macédoine ressuscitée »), est élu député de Salonique. 
1909 Après une tentative de contre-révolution monarchiste, le sultan Abdülhamid II est déposé, exilé à Salonique et emprisonné dans la villa Allatini. Son frère Mehmed V Reşad lui succède. Abraham Benaroya fonde la Fédération socialiste ouvrière. 
1910 Eli Modiano, ancien élève de l’École centrale de Paris et concessionnaire des bétons armés de la maison parisienne « Bureau Technique Hennebique », est chargé de la construction du bâtiment des douanes. 
1912 La première guerre balkanique oppose la Serbie, la Bulgarie et la Grèce à l’Empire ottoman. Hasan Tahsin Pacha, commandant en chef de la 8e armée ottomane, signe le protocole de reddition de Salonique aux Grecs. Le 10 novembre, les troupes grecques entrent dans la ville, puis les bulgares le 11 novembre. Durant la semaine qui suit, la communauté juive connaît des exactions sans précédent : plus de 50 viols, environ 400 boutiques et 300 habitations vandalisées, des hommes battus en pleine rue dont deux tués par balle. 
1913 Le roi Georges Ier de Grèce est assassiné près de la Tour blanche par l’anarchiste Aléxandros Schinás. La seconde guerre balkanique redessine les frontières des belligérants. Le traité de Bucarest ratifie le rattachement de Salonique et d’une partie de la Macédoine à la Grèce. 
1915 Débarquement des troupes de l’Entente, françaises, anglaises et italiennes en particulier, sous le commandement du général Sarrail, qui partent se battre sur le front de l’Est. 
1916 Établissement du gouvernement provisoire de défense nationale d’Elefthérios Vénizélos, partisan de l’entrée en guerre de la Grèce aux côtés de l’Entente. 
1917 Un grand incendie ravage un tiers de la ville, et particulièrement les quartiers juifs. 50 000 Juifs perdent leur logement. 70 000 personnes se retrouvent sans-abri, soit, selon la presse salonicienne, 71 % de juifs, 15 % de musulmans et 14 % de Grecs. 
1918 Ernest Hébrard est chargé d’établir les plans de reconstruction des quartiers détruits par l’incendie. 
1923 Le traité de Lausanne instruit l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie. La ville fait face à l’arrivée massive de réfugiés grecs originaires d’Asie mineure et au départ forcé des musulmans, les sabbatéens compris. 
1931 Incendie criminel du camp Campbell, où vivent plus de deux cents familles sinistrées de l’incendie de 1917. Saccage et profanation de tombes. 
1937
Confrontée aux pressions exercées par les autorités municipales, la communauté juive accepte de céder une parcelle de son cimetière pour l’agrandissement de l’université Aristote. 
9 avril 1941 Début de l’occupation allemande. 
1942 Le 11 juillet, près de 9 000 juifs âgés de 18 à 45 ans sont sommés de se réunir place de la Liberté et sont soumis durant des heures à des exercices physiques humiliants, sous un soleil de plomb. Il s’agit de recenser le nombre d’hommes à envoyer aux travaux forcés. 
A partir du 6 décembre, la nécropole juive, d’une superficie d’environ 35 hectares, est entièrement détruite. 
15 mars - 10 août 1943 Déportation des Juifs de Salonique : près de 96 % d’entre eux sont déportés et assassinés. Les spoliations par l’occupant allemand et ses collaborateurs grecs s’accompagnent d’une volonté d’effacer les traces des juifs dans la ville : plusieurs quartiers sont rasés. Les autorités municipales remplacent les toponymes : le quartier Baron Hirsch, les rues Allatini, Saul Modiano, Saadi Halévi, Carasso prennent des noms grecs. »


Anastasio Karababas, Sur les traces des juifs de Grèce. Préface par Serge Klarsfeld. VA Editions, 2023. 17 x 25. 1 cahier couleur. 338 pages. ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2360932634. 28 euros.

Salonique juive et ottomane. Les mémoires de Sa’adi Besalel Halevi. Lior éditions, 2024. Texte : Sa'adi Besalel A-Levi. Présenté et préfacé par Aron Rodrigue et Sarah Abrevaya Stein. Traduit du judéo-espagnol par Marie-Christine Bornes-Varol. Traduction de l'anglais : Loïc Marcou. 15x21cm. 592 pages. 25 €. ISBN : 978-2-490344-11-6

Catherine Pinguet, « Salonique, 1870-1920 ». Préface de Paul Salmona. CNRS Éditions, 2023. 280 pages. 45 €. EAN : 9782271143129 

Annette Becker et Katerina Králová (textes)Martin Barzilai (photographies, texte), Cimetière fantôme. Thessalonique. Créaphis éditions, 2023. 208 pages. 22,5 x 16,5 cm. ISBN : 978-2-35428-203-5. 28 €

Du 19 septembre 2023 au 21 avril 2024 
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple 75003 Paris 
01 53 01 86 65
Mardi, jeudi, vendredi : 11h-18h Mercredi : 11h-21h Samedi et dimanche : 10h-19h 
Visuels
Affiche
Ali Eniss, Débarcadère face à la place de l’Olympe, mahJ

Ali Eniss
Débarcadère face à la place de l’Olympe
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
mahJ
Splendide instantané du quotidien des Saloniciens : femmes juives en costume traditionnel et d’autres vêtues à l’européenne, hommes coiffés de fez, de chapeaux ou de turbans, marchands ambulants, devant les bateaux de la société Hamidiye partant à destination du parc Bechtchinar, de la Tour blanche et du quartier des Campagnes. 

« A Monsieur et Madame J.E. Blunt, souvenir affectueux de leurs amis de Salonique, 1872-1899 »
mahJ
Album composé de 17 épreuves albuminées montées sur planche par le studio Gamliel, offert par des amis saloniciens à John Elijah Blunt, consul britannique, et sa femme, en 1899, lors de leur départ.
En troisième page, est reproduite une caricature inédite par un dessinateur non identifié, condamnant le colonel Henry (« traître » et faussaire), le commandant Esterhazy (au pied de la statue) et l’état-major français.
C’est à partir de l’affaire Dreyfus, qui a fait grand bruit à Salonique, que les juifs connaissent les premières attaques de chrétiens, les Grecs en tête. Les invectives ont pour toile de fond une rivalité économique croissante et des divergences politiques, les juifs souhaitant que leur ville reste ottomane.

Ali Eniss
Pêcheurs et dockers saloniciens
Tirage moderne d’après un négatif celluloïd
mahJ
Contrairement aux autres communautés juives des grands ports du Levant, celle de Salonique compte des pêcheurs, comme en témoignent des chansons populaires en judéoespagnol, dont la célèbre Serena (« Sirène ») : « Dans la mer il y a une tour / Dans la tour il y a une fenêtre / C’est là qu’est posée une colombe / Qui appelle les marins… »
Les pêcheurs se divisaient en deux groupes, regroupés en corporations : les Moros, qui pêchaient au large et restaient en mer une semaine, y compris le samedi, et les Gripari qui pêchaient en eaux peu profondes.

Ali Eniss
Autoportrait dans un studio
Vers 1900
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
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Ali Eniss, drogman (interprète) au consulat d’Allemagne, a photographié Salonique durant les douze premières années du XXe siècle, avant de gagner Istanbul peu après la conquête de la capitale macédonienne par les Grecs.
À Istanbul, la famille Eniss habite dans le centre européen, à Şişli, un quartier cossu et le plus moderne d’Istanbul où se sont installés de nombreux Selânikli (« Saloniciens », surnom donné par les Turcs aux sabbatéens). À sa mort, le 18 avril 1948, un article publié dans La Revue kémaliste indique que la passion de ce « grand photographe turc » remontait à 1900 quand, après avoir visité l’Exposition universelle de Paris, Ali Enis Oza (son nom en Turquie) avait fait escale à Vienne où un professionnel l’avait initié aux différentes techniques photographiques.
Quatre décennies après sa mort, son atelier et ses plaques de verre ont été découvertes lors d’un chantier dans les décombres de son ancien immeuble. Des chiffonniers avisés s’en sont emparés et les ont revendues à des antiquaires.
Ses photographies, inédites et plutôt bien conservées, offrent une vision extrêmement vivante de la ville.

Paul Zepdji
Portefaix (Hammals) juifs
Épreuve albuminée
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Les portefaix juifs détiennent à Salonique un quasi-monopole. Regroupés en corporations, ils se partagent des secteurs selon leur spécialité : los hamales de la kioshe (« portefaix du coin ») pour le transport du charbon ; los ratones (« les souris »), près de la synagogue Italie (dont « souris » est le surnom), transportent des équipements lourds ; los hamales del commerco (« du marché ») et de la Station (« de la gare ») sont débardeurs et dockers, etc.
Une caisse du photographe, avec ses initiales « P.Z. », fait office d’accessoire

Ali Eniss
Arc de triomphe du Cercle des Intimes lors du premier anniversaire de la révolution jeune-turque
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
Juillet 1909
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D’abord proche des idéaux jeunes-turcs, le Cercle des Intimes fut créé en 1908, d’abord proche des idéaux jeunes-turcs, avec pour principal objectif l’amélioration des conditions de vie des Juifs (corporations professionnelles, artisans et ouvriers qualifiés) et leur insertion dans la société ottomane

Ali Eniss
Les quais de la gare de Salonique
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
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La gare jouxtait le faubourg Hirsch, un quartier juif ainsi dénommé en raison de l'importante contribution du baron Maurice de Hirsch, construit pour reloger les sinistrés de l'incendie de 1890. Ce quartier a également accueilli des réfugiés russes, puis, en 1903 et en 1905, des Juifs de Kichinev (actuelle Chisinau, en Moldavie) et d’Odessa fuyant eux aussi les pogroms. Des Saloniciens nommaient ces Ashkénazes los Yiddishim (ceux qui parlent yiddish), Lehlis (Polonais), ou Mashemahas (de l’hébreu ma shemeha ? « Quel est ton nom ? »), question qui leur était prêtée sitôt leur arrivée, sobriquet ensuite appliqué aux prostituées et aux proxénètes du quartier du Vardar.
Leurs synagogues pouvaient avoir droit à des surnoms aussi péjoratifs que los chicharones (fauteurs de trouble) ou los lokos (les fous).
De cette gare partira à destination d’Auschwitz-Birkenau, le 15 mars 1943, le premier convoi de Juifs de la ville.

Paul Zepdji
Juive salonicienne
Épreuve albuminée
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Cette image a largement été reproduite sous forme de carte postale. Comme nombre de photographes à l’époque, Paul Zedpji prend ses modèles devant un paysage peint que l’on retrouve d’une image à l’autre. Plus qu’un portrait, la jeune femme photographiée est l’illustration d’un « type » avec son costume traditionnel.

Paul Zepdji
Juifs saloniciens
Épreuve albuminée
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Comme cette épreuve albuminée a été reproduite sous forme de carte postale, il pourrait s’agir de musiciens et de chanteurs sollicités lors de circoncisions et de mariages. Ils portent l’entari, caftan rayé, sur lequel est porté une forme particulière de binis, vêtement de dessus avec des manches assez étroites et une doublure de fourrure. À noter que ces hommes, le plus jeune, imberbe, excepté, posent chapelet à la main.

Ali Eniss
Enfants en promenade le long des murailles
Tirage moderne d’après un négatif celluloïd
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Ils sont coiffés d’un fez, portent un uniforme, un costume ou le caftan.
Un des rares clichés très spontané d’Ali Eniss réalisé dans la haute ville.

Paul Zepdji
Les frères sabbatéens Mustafa et Osman Fazıl
Fin XIXe siècle
Épreuve albuminée sur carton
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Ce portrait non daté porte une légende manuscrite au verso.
Mustafa Fazıl, avocat, a été l’un des fondateurs de l’école Terakki (« Progrès »), qui a ouvert ses portes en 1877 (quatre ans après l’ouverture de la première école de l’Alliance israélite universelle).
Dans le domaine de l’éducation, les sabbatéens font figure de pionniers : Mustafa Kemal a d’ailleurs été scolarisé dans l’un de leurs établissements, celui de Şemsi Efendi.

Ali Eniss
La Nouvelle Mosquée
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
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Ali Eniss a consacré une série de photographies à la construction, puis à l’inauguration de la nouvelle mosquée (Yeni Camii) des sabbatéens* et il est probable qu'il ait appartenu à cette communauté.
Cette mosquée, la dernière à avoir été construite à Salonique et la seule érigée à l’extérieur des murailles de la ville, se situe dans le quartier résidentiel des Campagnes.
Sa construction a été confiée à l’architecte italien Vitaliano Poselli (1838–1918). Elle représente l’apogée de l’éclectisme architectural salonicien : proche de mosquées ottomanes de l’époque, l’édifice mêle des éléments empruntés à la Renaissance et au baroque, aux arts décoratifs du début du siècle et au style ornemental mauresque. Les petites tours sont munies d’horloges.

Ali Eniss
La brasserie Olympos
Vers 1905
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
mahJ
La distillerie fondée en 1883 par Carlo Allatini, et gérée onze ans plus tard par la famille, est transformée en brasserie par Fernandez et Misrahi, qui lui donnent le nom d’Olympos. C’est l’un des plus grands complexes industriels de la Méditerranée orientale qui, en 1912, se modernisera et emploiera 200 ouvriers.

Anonyme
Le cimetière juif
Autochrome
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Derrière la nécropole juive, un cimetière chrétien, avec une chapelle coiffée de deux clochetons, et un cimetière musulman. Sur les hauteurs, l’hôpital municipal.

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