Citations

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mercredi 28 octobre 2020

« 4 juillet 1776, la Déclaration d'indépendance américaine » de Denis van Waerebeke

Arte diffusera le 1er novembre 2020, dans le cadre de « Quand l'histoire fait dates » (Zahlen schreiben Geschichte), « 4 juillet 1776, la Déclaration d'indépendance américaine » (4. Juli 1776, Unabhängigkeitserklärung der USA) réalisé par Denis van Waerebeke. "The unanimous declaration of the thirteen united States of America", ou « Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique » marque la sécession des treize colonies anglaises en Amérique du Nord se séparant de la Grande-Bretagne, le 4 juillet 1776, pour constituer les « États-Unis d'Amérique ». Des Juifs, souvent Sépharades - Francis Salvador (1747-1776),Haym Salomon (1740-1785) -, ont joué un rôle important dans cet évènement.

Nommé au Collège de France en 2015, Patrick Boucheron dirige l’« Histoire mondiale de France » (Seuil, 2017) présentant "les nouvelles grandes dates mondiales qui ont façonné l’hexagone", "mettant en valeur les colonisés et l’islam" et assumant une "islamophilie systématique". Un anti-« Lieux de mémoire » du professeur Pierre Nora.

Un best-seller analysé dans « Histoire de l'islamisation française 1979-2019 » (Ed. L’Artilleur), controversé, critiqué notamment par Pierre Nora (« Politiquement, l’objectif est de lutter, « par une conception pluraliste de l’histoire, contre l’étrécissement identitaire qui domine aujourd’hui le débat public »).

Et fustigé par Eric Zemmour : « En près de 800 pages et 146 dates, on ne déviera pas de la ligne du parti: tout ce qui vient de l’étranger est bon. Les invasions barbares sont des « migrations germanique s» ; la défaite des Gaulois leur permit d’entrer dans la mondialisation romaine ; les conquérants arabes étaient bien plus brillants que les minables défenseurs carolingiens ; les martyrs chrétiens de Lyon venaient d’ailleurs et saint Martin était hongrois. Les théologiens chrétiens doivent tout au grand talmudiste Rachi ; « l’honteux traité de Troyes » de 1420 (qui donnait le royaume de France à la monarchie anglaise) est une heureuse tentative de construire la paix perpétuelle par l’union des couronnes ».


Quant à Alain Finkielkraut, il a estimé : 
« Je découvre, effaré, que ni Rabelais, ni Ronsard, ni La Fontaine, ni Racine, ni Molière, ni Baudelaire, ni Verlaine, ni Proust n’y figurent. Et si Mauriac est cité, ce n’est pas pour son œuvre, c’est pour sa critique honteusement réactionnaire du féminisme. Ainsi s’éclaire le sens de « monde » pour les nouveaux historiens. Mondialiser l’histoire de France, c’est dissoudre ce qu’elle a de spécifique, son identité, son génie propre, dans le grand bain de la mixité, de la diversité, de la mobilité et du métissage. Et c’est répondre au défi islamiste par l’affirmation de notre dette envers l’Islam. De manière générale, l’Histoire mondiale de la France remplace l’identité par l’endettement. Ici doit tout à ailleurs. De la France, patrie littéraire, ce qui surnage, c’est la traduction des Mille et Une Nuits par Antoine Galland et l’audace qui a été la sienne d’ajouter au corpus original des histoires que lui avait racontées un voyageur arabe venu d’Alep.
Instructif aussi est le récit de l’invasion musulmane de 719 à Narbonne, où les cultures se sont mêlées avant que les Francs, hélas, n’arriment par la force cette ville à leur royaume. Ceux qui, en revanche, croient pouvoir mettre au crédit de la France naissante la première traduction latine du Coran par l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable en 1143, sont avertis que cette démarche n’était pas inspirée par la curiosité mais par une volonté de dénigrement. Et peu importe le fait que l’Islam de son côté ne pouvait pas même envisager de traduire les Écritures saintes des religions antérieures à son avènement.
Nos éminents universitaires n’ont que l’Autre à la bouche et sous la plume. Ouverture est leur maître mot. Mais ils frappent d’inexistence Cioran, Ionesco, Kundera, Levinas, tous ces étrangers qui ont enrichi notre philosophie et honoré notre littérature. Car c’est à ce «notre» qu’ils veulent faire rendre l’âme...
Le dégoût de l’identité a fait place nette de la culture. Les façonniers de l’Histoire mondiale de la France sont les fossoyeurs du grand héritage français.
« Une histoire libre », dit le journal Libération pour qualifier ce bréviaire de la bien-pensance et de la soumission, cette chronique tout entière asservie aux dogmes du politiquement correct qui ne consacre pas moins de quatorze articles aux intellectuels sans jamais mentionner Raymond Aron, ni Castoriadis, ni Claude Lefort, ni aucun de ceux qui ont médité la catastrophe totalitaire et la bêtise de l’intelligence au XXe siècle…
« Histoire jubilatoire », ajoute Libération. Ce mot – le plus insupportablement bête de la doxa contemporaine – convient particulièrement mal pour une histoire acharnée à priver la France de son rayonnement et à l’amputer de ses merveilles.
Il n’y a pas de civilisation française, la France n’est rien de spécifiquement français: c’est par cette bonne nouvelle que les rédacteurs de ce qui voudrait être le Lavisse du XXIe siècle entendent apaiser la société et contribuer à résoudre la crise du vivre-ensemble.
Quelle misère! »
« Dans cette deuxième saison de la série" « Quand l'histoire fait date », "aussi érudite et ludique que la précédente, le médiéviste Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, poursuit son exploration alerte des dates marquantes de l’histoire, des trésors artistiques ornant la grotte de Lascaux, en 18 000 avant notre ère, au coup d’État militaire contre le président chilien Salvador Allende, le 11 septembre 1973 ». 

« Mobilisant son talent de conteur, associé à une animation qui s’appuie sur une riche iconographie, et convoquant éclairages de spécialistes et approche réflexive, l’historien bouscule notre regard sur vingt événements majeurs et les traces qu’ils ont laissées dans les mémoires, en les replaçant dans une perspective globale et en assumant les incertitudes de la science historique ». 

« Entrelaçant plaisir du récit, techniques d’animation et esprit critique, Patrick Boucheron dévoile vingt nouvelles enquêtes sur les grandes dates qui ont marqué l’histoire et la mémoire des hommes ». 

La déclaration d'indépendance américaine

Le 4 juillet 1776, les treize colonies britanniques d'Amérique du Nord font sécession de la Grande-Bretagne pour constituer les « États-Unis d'Amérique ». 

Le 4 juillet est la date de la fête nationale des États-Unis : l'Independence Day (« Jour de l'Indépendance »).

« Ce qui est célébré le 4 juillet n'est pas l'indépendance des États-Unis, votée par les délégués du Congrès continental de Philadelphie deux jours auparavant, mais un texte fondateur, la Déclaration d'indépendance, qui va imposer au monde une nouvelle philosophie à travers ces mots fracassants : "Il faut tenir pour une vérité d'évidence que les hommes sont créés égaux. »

Rédigée par Thomas Jefferson et la Commission des Cinq, The unanimous declaration of the thirteen united States of America est signée par les treize colonies britanniques qui se voient comme des Etats souverains, des Etats unis d'Amérique, donc par les 56 délégués du Second Congrès continental.

Ce texte est influencé par la philosophie des Lumières et s'inspire de la Révolution anglaise - Glorious Revolution ou Bloodless Revolution (« Révolution sans effusion de sang ») en anglais - de 1688 : le Parlement britannique a voté des impôts et taxes concernant ses colonies dont les délégués considèrent avoir le droit et le devoir de refuser cette décision, d'être libres et indépendants, et de se libérer de la domination exercée par la couronne britannique. 

« Mais comment concilier l'universalité des Lumières avec l'exceptionnalité d'une nation libérale fondée dans la guerre civile ? »

"Aspirant à aider la jeune nation édifiée sur des principes bibliques, les Juifs sépharades de Londres se sont installés dans les colonies américaines au début du XVIIe siècle. Au moment de la guerre d'Indépendance, la population juive, pour la plupart sépharades, est estimée à environ 2 000 âmes. Homme d'affaires juif londonien, Francis Salvador (1747-1776) a acheté des terres en Caroline en 1773. En 1669, le premier comte de Shaftesbury et son secrétaire John Locke rédigent la charte de la colonie de Caroline, constituée notamment de la Caroline du Nord et du Sud, accordant la liberté de conscience à tous les colons.

Le 11 janvier 1774, Francis Salvador, planteur, est élu du Congrès de Caroline du Sud. Ce patriote devient ainsi le premier édile Juif dans les Treize colonies américaines et dans l'empire britannique. Contribuant à l'aspect juridique et législatif du combat pour l'indépendance et la liberté des colonies assimilée à la lutte des Hébreux contre Pharaon et les Egyptiens, il combat militairement pour défendre la Caroline du Sud attaquée par des Indiens payés par les Britanniques en juillet 1776. Il décède de ses blessures le 1er août 1776. Premier Juif mort pour l'indépendance des Treize colonies.

A Charleston, en Caroline du sud, presque tous les adultes Juifs ont combattu pour la liberté.

Parmi les financiers ayant contribué à soutenir l'indépendance : Haym Salomon (1740-1785), né en Pologne dans une famille juive sépharade, brillant courtier en valeurs mobilières polyglotte, et franc-maçon. En 1775, il se fixe à New York où il rejoint les Sons of Liberty. Membre actif et philanthrope de la Congregation Mikveh Israel à Philadelphie, Haym Salomon contribue à la lutte pour mettre un terme aux "test laws" discriminant les Juifs en Pennsylvanie. Jamais remboursé de ses avances financières pour la cause de l'indépendance des colonies britanniques en Amérique, il est mort ruiné.

La première traduction en hébreu de cette Déclaration a eu lieu en 1945 dans un manuel scolaire sur la politique occidentale publié en Palestine mandataire.

« Le temps retrouvé »
(Arte mag n° 36. Le programme du 29 août au 4 septembre 2020)

« Pour sa deuxième saison, Quand l’histoire fait dates offre une exploration audacieuse de grands événements et de leurs représentations. Entretien avec son concepteur, l’historien Patrick Boucheron. Propos recueillis par Benoît Hervieu-Léger ».

« Quels critères ont guidé votre approche pour ces vingt nouveaux épisodes ?
Patrick Boucheron : Nous avons radicalisé notre proposition initiale ! Depuis sa conception, la série interroge les diverses manières de faire événement.
Elle propose une collection de problèmes davantage que de périodes. Nous avons, cette fois-ci, voulu aller plus loin en retenant des dates dont on cherche l’événement, comme l’an mil. Nous avons joué sur le contre-factuel * dans l’épisode sur la mise à sac du palais d’été de Pékin en 1860. 
Nous avons même poussé l’audace jusqu’à dater un événement qui n’a pas eu lieu. Au IVe siècle, l’empereur Constantin est censé avoir donné la moitié de son empire au pape. Le texte de la donation est un faux. Le non-événement a pris une importance que l’événement réel n’aurait pas eue.

La représentation de l’histoire compterait donc plus que l’histoire elle-même ?
Une date a l’apparence de l’évidence, comme Marignan en 1515.
Or derrière chaque date il y a une petite intrigue aussi captivante à explorer que le récit en soi. C’est pourquoi la série inclut deux fils narratifs : le récit que l’on raconte et nous-mêmes en train de le raconter. Cette approche se lit en particulier dans l’épisode sur la révolution religieuse d’Akhenaton, en Égypte ancienne. À la fin de sa vie, Freud, miné par la maladie et l’exil, a voulu en percer le mystère pour expliquer la montée du nazisme et de l’antisémitisme à son époque. La solution aux énigmes du présent se trouve parfois dans le passé.
L’histoire de l’esclavage et de la colonisation resurgit depuis l’affaire George Floyd.

Un épisode aurait-il pu faire écho à ce présent si enraciné dans le passé ?
La question de la justice et de l’égalité, aiguisée par la crise sanitaire, est abordée avec la Déclaration d’indépendance des États-Unis, en 1776. Ce moment marque la première affirmation des droits universels de l’humain dans un pays dont on sait qu’il détruit les nations indiennes et qu’il deviendra esclavagiste. La “question noire”, déjà traitée dans la première saison avec la libération de Mandela, revient maintenant avec le pèlerinage du roi malien Mansa Moussa en 1324.
Nous aurions certes pu aborder plus frontalement la question de la décolonisation. Elle apparaît malgré tout dans l’épisode sur le massacre des Algériens, à Paris le 17 octobre 1961. L’événement pose clairement la question du racisme, de la violence policière et du legs colonial en France.

* Type de raisonnement qui consiste à imaginer l’issue nouvelle d’un événement historique, après avoir modifié l’une de ses causes. »


France, 2019, 27 minutes
Sur Arte le 1er novembre 2020 à 17 h 05
Disponible du 25/10/2020 au 30/12/2020
Visuels :
4 juillet 1776, la déclaration d' indépendance américaine
© Les Films d Ici

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