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vendredi 5 juillet 2019

« Le Dossier Jouveau » par Viviane Point


Le Théâtre des Lucioles présente, dans le cadre du Festival Avignon Off (5-28 juillet 2019), « Le Dossier Jouveau », pièce de Viviane Point mise en scène par Taïdir Ouazine. « Une histoire de crime « ordinaire » et d’identité volée. Inspirée de faits réels, écrite à la manière d’une enquête policière, cette pièce sur fond de Deuxième Guerre mondiale et de spoliation" d'une famille juive, "s’attache à révéler, 35 ans plus tard les secrets enfouis au sein d'une famille" chrétienne dont le père, syndic durant ce conflit agit par cupidité et mû par son désir d'enfant, "et ses conséquences ».

« Signes de la collaboration et de la résistance » par Michel Wlassikoff et Philippe Delangle
La Collaboration 1940-1945
Spoliés ! L’« aryanisation » économique en France 1940-1944
La spoliation des Juifs : une politique d'État (1940-1944)
« Les Bastilles de Vichy. Répression politique et internement administratif 1940-1944 » par Vincent Giraudier
« Le Dossier Jouveau » par Viviane Point
C'est finalement par le biais d'une fiction documentée que des auteurs peuvent parfois aborder des sujets encore tabous liés à la Deuxième Guerre mondiale. 

En 2016, Le Rouergue a publié « L’administrateur provisoire » d'Alexandre Seurat, professeur de lettres. Un roman sur un secret de famille lié à un membre d’une famille chrétienne française, devenu administrateur sous le régime de Vichy et ayant spolié des Juifs dont certains furent assassinés au camp nazi d’Auschwitz (Pologne). Une enquête familiale et historique émouvante nourrie de citations d'archives bouleversantes sur plusieurs victimes  juives de ces spoliations sous l'Occupation.

C'est aussi par le biais d'une fiction, mais cette fois-ci théâtrale, que Viviane Point, professeur de lettres et chercheur en histoire de la grammaire, aborde dans « Le Dossier Jouveau » des thèmes graves sur ce fond historique tragique. 

« L’action se situe dans les années 80. Aux archives de la Préfecture de Police, Louise doit classer les fiches de L’Union Générale des Juifs de France (UGIF) de 1940 à 1945. Elle est alors interpellée par un nom qui revient de façon répétitive, celui du syndic de Marc Jouveau. Elle comprend qu’il réclame à l’UGIF les loyers et charges impayés des juifs déportés. Scandalisée, elle décide d’enquêter sur ce syndic. C’est en s’y rendant qu’elle rencontre Pierre, le fils de Marc Jouveau qui accepte, pour la séduire, de lui donner des archives que son père gardait cachées… Louise découvre alors, non seulement le passé obscur de Marc Jouveau, mais aussi, le lourd secret qui entoure la naissance de Pierre. Une enquête trépidante. Un parcours intime et singulier, à travers les décombres de l’histoire ».

La dramaturge Viviane Point s'intéresse aux ressorts psychologiques - sentiment de culpabilité, filiation, déni, identité - tout en faisant avancer l'enquête policière menée par le personnage de Louise. "La force de cette pièce est de s’attacher aux secrets enfouis, aux secrets familiaux, aux hontes cachées, et de montrer la complexité d’une déconstruction identitaire".

A l’origine du « Dossier Jouveau », il y a une véritable enquête familiale autour de Sylvia Weissmann (la mère), déportée et morte à Auschwitz en 1943. J’y ai retracé le parcours d’un enfant d’à peine un an, séparé de sa mère à Drancy puis envoyé de pouponnières en logements d’urgence, jusqu’à finir chez une nourrice accréditée par le Haut Commissariat aux questions juives, où je perds sa trace. Parallèlement, mes recherches m’ont révélé des demandes d’un syndic de copropriété qui réclamait à l’UGIF (Union des Israélites de France) les loyers des personnes déportées. La récurrence et la froideur de ces demandes aberrantes m’ont sidérée, tandis que le destin de ce bébé, séparé de sa mère et balloté dans les services d’urgence avec ses cartes de rationnement, m’a proprement bouleversé. Mon personnage, Louise, retrace ce réel travail de recherche, sur les archives de l’UGIF", a expliqué Viviane Point.

"Les acteurs seront présents au plateau tout au long de la pièce et seront et à la fois témoins et acteurs de leur propre histoire. Par moment les pensées sont exprimées et adressées directement au public. La présence du son et de la musique est importante dans cette proposition. Elle accompagne les protagonistes dès qu'un chemin à la fois mental et/ou concret est emprunté. Le créateur sonore est présent sur le plateau et participe à ponctuer le récit. La musique suit l'action en direct, la soutien, joue les ellipses temporelles. Sorte de fil conducteur du spectacle, la musique dialoguera en permanence avec la narration, la soutenant ou la contredisant, mais en étant toujours en lien avec l'émotion. Avec le créateur lumière et le scénographe, nous travaillerons au départ de la pièce sur un univers dans les tons blanc gris et noirs pour évoquer l’ombre, le mensonge et peu à peu amener des moments de couleurs, une mise en lumière qui accompagnent dramatiquement la révélation et la libération", a déclaré Taïdir Ouazine, comédienne formée notamment au Cours d’Art Dramatique Jean Périmony, qui a mis en scène cette pièce émouvante.

Une pièce de théâtre à voir aussi à la lumière des spoliations et des ruines impunies actuelles de Français juifs – Dr Lionel KriefEva Tanger, M. B., etc. - par un « gouvernement des juges ». 

Histoire à écrire 
En 2015, Vincent Le Coq, maître de conférence en droit public, et Anne-Sophie Poiroux, ancienne notaire devenue avocate, ont écarté la fiction et écrit un livre historique, fondé sur des archives, Les notaires sous l'occupation (1940-1945). Acteurs de la spoliation des juifs (Le Nouveau monde). "Sous le régime de Vichy, le notariat français participe massivement à la spoliation des Juifs, érigée en règle de droit. Son chiffre d’affaires a quasiment doublé entre 1939 et 1942. La profession prétend le contraire depuis soixante-dix ans, sans être jamais démentie. En réalité, son chiffre d'affaires a quasiment doublé entre 1939 et 1942. Non seulement les notaires ne subissent aucune sanction au lendemain de la Libération, mais ils obtiennent en 1945 une augmentation moyenne de 30 % de leurs revenus. Le soutien inconditionnel accordé au notariat par une grande partie de la classe politique n’a d’égal que le silence assourdissant qui pèse sur son histoire. Mené à partir de sources inédites, encore difficiles d’accès malgré l’ouverture officielle des archives, ce travail pionnier de recherche lève le voile sur une partie du mystère et démontre la nécessité d’une réforme du notariat en France. Ses auteurs, fins connaisseurs des arcanes de la profession, décryptent de l’intérieur les pratiques de l’« aryanisation économique » sous Vichy, le constant loyalisme des notaires vis-à-vis du pouvoir en place et les mécanismes ayant permis leur impunité. Une "étude pionnière, qui éclaire d’un jour nouveau la nécessaire réforme du notariat en France".   

A quand une étude historique ou une exposition sur des syndics, des administrateurs ou des huissiers de justice sous l'Occupation ? Près de 75 ans après la Libération de la France, ne serait-ils pas temps ? 


Texte : Viviane Point (accompagné par le collectif «A Mots Découverts »). Texte au répertoire des E.A.T (Ecrivains associés du théâtre) 
Mise en scène : Taïdir Ouazine, collaboration Marine Martin-Ehlinger 
Avec : Eloïse Auria, Julien Favart, François Macherey, Catherine Aymerie, Stéphane Scott 
Scénographie : Sébastien Puech
Création Lumière : Nièves Salzmann 
Musique : Stéphane Scott 
Costumes : Fabienne Touzi-Diterzi 
Maquillage : Cornélia Quehenberger
Régie lumière : Florian Huet 
Production : Cie Origines, ID Production, Didier Caron. Avec le soutien de l’Adami, de la Spedidam,  de la SACD, de la Maison Métallos, du Théâtre 13Seine, de la Cie René Loyon, du LMP, de L'Athénée - Rueil Malmaison, du Sel-Sèvres et de Espace 93 - Clichy-sous-Bois. 
Spectacle recommandé par la LICRA. 
Durée : 1 h 20
A partir de 14 ans

Du 5 au 28 juillet 2019 à 20 h 45 - relâche les 9, 16, 23 juillet 2019 
Salle 2
10, rempart Saint Lazare. 84000 Avignon
Tél. : +33 (0)4 90 14 05 51

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Les citations proviennent du dossier de presse.

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