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lundi 29 juillet 2019

« Le procès » par Sergei Loznitsa


Arte diffusera le 30 juillet 2019 « Le procès » (Der Prozess ; The Trial ; Process) par Sergei Loznitsa. « En 1930, un procès stalinien filmé au plus près des accusés. Grâce aux extraordinaires images d'archives récupérées par le réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa ("Une femme douce"), une immersion dans la machine à propagande du régime soviétique. »

« Le procès » par Sergei Loznitsa 
Sergueï Eisenstein (1898-1948) 
« Ivan le Terrible » par Sergej M. Eisenstein


Né en 1964 en Biélorussie, Sergei Loznitsa a grandi à Kiev, en Ukraine. Diplômé en mathématiques, cet ingénieur est employé comme scientifique à l'Institut de Cybernétique de 1987 à 1991. Il traduit aussi des oeuvres du japonais au russe.

« À l'âge de 24 ans, j'ai ressenti soudain le besoin de faire, dans ma vie, quelque chose de sérieux et d'important. J'avais fait des études de mathématiques, j'avais un métier, mais je ne me sentais pas concerné, ça me passait au-dessus de la tête, si je puis dire. J'ai lu beaucoup pendant ma jeunesse, et peut-être que ces multitudes de textes se sont accumulés en moi et ont déclenché une réaction en chaîne... Je me suis senti poussé vers l'éducation des lettres et des arts. J'avais le choix entre la littérature, l'histoire ou le cinéma. La première faculté que j'ai visitée à Moscou était l'Institut d’État pour le cinéma. J'y suis resté. Et il m'a fallu sept ans pour découvrir que j'avais fait le bon choix », a-t-il expliqué.

Diplômé, il réalise, en 2000, des films documentaires à Saint-Pétersbourg dont le court-métrage La Station, remarqué par la critique. Il reçoit, la même année, une bourse du programme Nipkow à Berlin. En 2001, il se fixe, avec sa famille, en Allemagne.

« Je pense qu’il est nécessaire pour un cinéaste, ou tout artiste, d’établir une distance avec le sujet dont il traite. C’est ce que Victor Chklovski appelle "otstranenie" qui inspira à Brecht le concept de "distanciation". C’est une étape nécessaire pour contrôler sa matière, sinon l’émotion prend le dessus et les puissances de la raison et de la création sont mises en péril. Il faut toujours faire un pas de côté, ce qui suppose une certaine duplicité ou une fracture de la personnalité. En physique quantique, c’est que l’on appelle le principe de superposition », a-t-il précisé.

En 2006, ce réalisateur est distingué par un Nika du meilleur film documentaire pour Blokada sur le siège de Léningrad au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Ses trois longs-métrages ont tous été sélectionnés en compétition officielle au Festival de Cannes : My Joy pour le Festival de Cannes 2010, Dans la brume pour le Festival de Cannes 2012 (Prix FIPRESCI de la critique internationale) et Une femme douce pour le Festival de Cannes 2017.

Sergei Loznitsa enseigne à l'École du nouveau cinéma de Moscou créée en 2012.

Dans sa filmographie : des documentaires et des films dramatiques. Citons Den’ Pobedy (2018), Une femme douce (2017), Austerlitz (2016), The Old Jewish Cemetery (2015) sur le premier cimetière juif de Riga "ouvert en 1725 et lieu d'enterrements jusque dans les années 1930. Après l'invasion de Riga en 1941 par des troupes allemandes nazies, ce cimetière a été transformé en site de fosses communes pour les plus de mille Juifs tués dans les rues et immeubles du ghetto de Riga. Après la Deuxième Guerre mondiale, de nombreuses pierres tombales du cimetière ont été enlevées et utilisées comme matériau de construction. Dans les années 1960, le site a été rasé et renommé "Le Parc des Brigades communistes". En 1992, le parc a été appelé "Le Vieux cimetière juif". Actuellement, le parc, situé dans un des quartiers les plus pauvres de la ville, surnommé Maskachka (Maskava est le nom de Moscou en letton), est un endroit populaire pour les ivrognes, les enfants et les touristes américains. The Old Jewish Cemetery est dédié à la mémoire des Juifs de Riga".

Le Procès a été présenté à la 75e Mostra de Venise, hors compétition.

 « Moscou 1930. Ils sont ingénieurs, scientifiques ou économistes, sur le banc des accusés d'un procès public retentissant. Huit cadres haut placés dans l’administration soviétique, soupçonnés d'avoir participé à une "organisation contre-révolutionnaire". 

« Le Parti industriel aurait tenté de saboter l'économie en freinant l'essor industriel ou l'approvisionnement dans certaines villes. Son but : démontrer la faillite du pouvoir, et tenter de le renverser, par le soulèvement des masses et avec l'aide de soutiens étrangers, dont Raymond Poincaré ». 

« Un à un, les prévenus prennent la parole, reconnaissent leurs responsabilités. Leurs actes de contrition se doublent d'un appel à la clémence. Une session sans mauvaise surprise pour le juge Vychinski, sauf que… »

« … Si le procès est vrai, l'histoire est fausse. Le Parti industriel n'a jamais existé et les accusés n'ont rien saboté. Ils sont pour leur malheur les jouets d'une purge stalinienne, orchestrée par la Guépéou, la police politique soviétique ». 

« Grâce aux extraordinaires images d'archives récupérées par le réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa (Dans la brume), c'est le cœur d'une terrifiante machine de simulacre et de propagande qui est ici révélé ». 

« Le procès, qui a duré plus d'une semaine, a été filmé de bout en bout ». 

« Sans commentaire, sans intervenant extérieur, le film nous le restitue au plus près, en condensé, faisant de chaque spectateur un témoin privilégié ». 

« Visages blêmes des accusés, voix chancelantes, moues marmoréennes du juge et longs plans sur le public (qui applaudit le jugement) procèdent d'une dramatisation glaçante ». 

« La justice comme un spectacle édifiant au service d'un pouvoir totalitaire ».


« Le procès » par Sergei Loznitsa 
Pays-Bas, Atoms & Void, Wild at Art, 2018, 124 min
Sur Arte le 30 juillet 2019 à 0 h 55
Visuels : Images d'archives montrant les procès des " dissidents" et " traîtres" à la révolution bolchévique durant les années 20 et 30 dans " Le procès" (2018) de Sergei Loznitsa
© Sergei Loznitsa/ Atoms & Void

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Les citations proviennent d'Arte.

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