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lundi 15 juillet 2019

« Paul Grüninger, le juste » par Alain Gsponer


Arte diffusera le 17 juillet 2019 « Paul Grüninger, le juste » (Akte Grüninger) par Alain Gsponer. Commandant de la police du canton de Saint-Gall (Suisse), Paul Grüninger (1891-1972) sauve des réfugiés juifs fuyant le nazisme en leur fournissant de faux papiers avant et durant la Deuxième Guerre mondiale. Révoqué, condamné en 1940, il n'est réhabilité que dans les années 1990. « Le destin exemplaire d'un Schindler helvète, dont le nom s'affiche désormais au Mémorial des Justes de Yad Vashem. Une fiction poignante. »

« Genève n’a pas le sens de l’accueil »
Edmond Fleg (1874-1963), chantre Juif et sioniste du judaïsme 
« Blaise Cendrars - Comme un roman » par Jean-Michel Meurice 
« Un Juif pour exemple » par Jacob Berger 
« La Croix-Rouge sous le IIIe Reich, histoire d’un échec » de Christine Rütten 

« En 1938, Paul Grüninger (1891-1972) est commandant de la police du canton de Saint-Gall. Cela fait déjà longtemps qu’il voit arriver dans sa région frontalière des juifs allemands et autrichiens qui fuient le nazisme ».

« L'un des itinéraires de fuite passe au sud du lac de Constance et traverse la frontière entre la Suisse et l'Autriche dans la région de Sankt Margrethen où Paul Grüninger est responsable de la police suisse des frontières ». 

Quand « en août 1942 les autorités helvètes ferment les frontières et interdisent l’entrée en Suisse aux réfugiés, il décide de contrevenir aux ordres. Des mois durant, il fournit aux exilés de faux papiers, notamment des attestations prétendant qu’ils se trouvaient en Suisse avant la date fatidique de la fermeture de la frontière. Il facilite aussi leur séjour dans un camp de transit, avant qu’ils puissent repartir pour des destinations plus sûres. En 1939, Paul Grüninger est révoqué sans préavis et sans aucun dédommagement financier. En 1940, il est condamné par le tribunal de Saint-Gall » pour manquement aux devoirs de sa charge, abus de pouvoir et faux en écritures. « Puni de bannissement, il vivra chichement d'emplois précaires jusqu’à la fin de sa vie, » notamment comme instituteur intérimaire.

Réhabilité vingt ans après sa mort
Issu d’un milieu modeste, instituteur, footballeur – son équipe, le SC Brühl Saint-Gall, gagne en 1915 le titre de champion de Suisse -, lieutenant en 1919, puis commandant en 1925 de la police cantonale, marié et père de famille, Paul Grüninger a fourni des faux papiers, obtenu des visas d’entrée à des réfugiés juifs autrichiens afin qu’ils puissent entrer en Suisse, et même « des citations à comparaître à des détenus à Dachau en Allemagne ». Combien ? Le nombre varie de quelques centaines à 3 000.

En 1954, Paul Grüninger déclare à propos du verdict du tribunal ainsi :
« Je n'ai pas honte du verdict de la cour. Au contraire, je suis fier d'avoir sauvé la vie de centaines de personnes opprimées. L'aide que j'ai apportée aux Juifs était enracinée dans ma vision chrétienne du monde… Il s'agissait au fond de sauver des êtres humains menacés de mort. Comment aurais-je pu, en de telles circonstances, prendre sérieusement en considération des calculs bureaucratiques ? J'ai effectivement abusé de mon autorité en connaissance de cause et falsifié des documents et des certificats de mes propres mains à de nombreuses reprises mais je l’ai fait uniquement pour permettre à des personnes persécutées d’entrer dans le pays. La question de mon propre bien-être, mesuré à l’aune du destin de ces milliers de personnes, était tellement insignifiante et négligeable que je n'y ai même pas pensé.»
« L’une des scènes les plus fortes de ce téléfilm a lieu à huis clos, dans la salle de réunion du Conseil fédéral, à Berne. Autour de la table, les quelques partisans de l’accueil des réfugiés se heurtent à l’hostilité de ceux qui veulent interdire le territoire suisse à ces juifs. « Des réfugiés politiques ? Cette expression me donne des boutons ! », dit l’un. « Ils sont pires que des rats ! », déclare le représentant du canton de Thurgovie. « C’est avec l’enjuivement que les problèmes ont commencé en Allemagne ! », assène le président Rothmund... Selon les estimations, 30 000 personnes ont été refoulées à la frontière suisse jusqu’en 1945 ».

Ce père de deux filles « aura néanmoins la satisfaction d’apprendre un an avant sa mort, qu’il était désormais un Juste parmi les nations et que son nom allait figurer au Mémorial de Yad Vashem », à Jérusalem (Israël).

En décembre 1970, après les protestations dans les médias, le gouvernement suisse envoie à Grüninger  une lettre d’excuse.

Le 20 avril 1971, Yad Vashem a reconnu Paul Grüninger comme Juste parmi les nations.

« Près de vingt ans plus tard, en 1993, des citoyens suisses ont enfin obtenu du canton de Saint-Gall qu’il prononce sa réhabilitation politique ».

Est publié « « Grüningers Fall » (Délits d'Humanité - l'Affaire Grüninger) de Keller Stefan.

« L’année suivante, le Conseil fédéral lui rend son honneur par le biais d’une déclaration solennelle ».

En 1994, « le gouvernement suisse fait de même. En 1995, les autorités helvétiques ont présenté pour la première fois leurs excuses à la communauté juive pour la politique d'asile restrictive qu'elles mirent en place sous le nazisme ».

« En 1995, le même tribunal qui avait condamné Grüninger accepte une procédure en révision qui conduit à son acquittement et à sa réhabilitation juridique ». 

« En 1998 enfin, le Grand Conseil du canton de Saint-Gall décide de verser à ses descendants des compensations matérielles. Les bénéficiaires ont donné la totalité de ces sommes à la Fondation qui porte son nom. »
      

« Paul Grüninger, le juste » par Alain Gsponer 
Suisse, France, Allemagne, 2014
Scénario : Bernd Lange
Production : Makido Film, C-Films, ARTE, SRF/SRG SSR, Mecom München
Producteur/-trice : Anne Walser, Golli Marboe
Image : Matthias Fleischer
Montage : Michael Schaerer, Bernhard Lehner
Musique : Richard Dorfmeister, Michael Pogo Kreiner
Avec Stefan Kurt (Paul Grüninger), Max Simonischek (Robert Frei), Anatole Taubman (Sidney Dreifuss), Robert Hunger-Bühler (Heinrich Rothmund)
Costumes : Zizi Bohrer-Lehner, Uschi Heinzl
Décors de film : Marion Schramm
Chargé(e) de programme : Eric Morfaux, Sven Wälti, Maya Fahrni
Son : Johannes Paiha
Sur Arte le 17 juillet 2019 à 13 h 35, 22 juillet 2019 à 15 h 05

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