A l’occasion de l’année France-Russie, le musée du Louvre a présenté dans l’exposition éponyme plus de 400 œuvres, réunies pour la première fois en France, et provenant surtout des musées et bibliothèques russes pour découvrir la Russie chrétienne du IXe au XVIIIe siècle, et souligner l’inscription de l’art chrétien, particulièrement orthodoxe, dans l’histoire politique et religieuse de l’Europe. Les récits de la Bible y étaient représentés, les Juifs évoqués. Le 14 juin 2017, Arte diffusa, dans le cadre de Ces femmes qui ont fait l'Histoire, Catherine II de Russie, docufiction de Christian Twente et Michael Löseke (ZDF, 2013, 48 min).
Cette exposition originale est un événement majeur. Elle révèle des œuvres, dont nombre d’entre elles ne sont jamais sorties de Russie, voire n’ont jamais été montrées au public.
C’est avec le célèbre « baptême » du prince Vladimir de Kiev en 988 que la Rous’ (principauté de Kiev) devient « définitivement chrétienne [orthodoxe] et reprend le modèle ecclésiastique de Constantinople » (usages, liturgie, monachisme, etc. A Kiev, Vladimir fait édifier le premier édifice chrétien. Sur les bords du Dniepr, Kiev est un centre de commerce, d’échange, situé sur le route dite « des Varègues aux Grecs » qui relie les pays scandinaves aux rives de la Méditerranée et à Constantinople.
L’art chrétien se cherche entre deux modèles : la « prépondérance byzantine et la tentation de l’Occident latin ». Il marque nombre d’œuvres – icônes, etc. - dans un territoire vaste, compris entre la mer Baltique, la mer Noire et la mer Caspienne.
L’invasion et la domination mongole au XIIIe siècle marquent une rupture. Sur les bords de la Volga, les Mongols « fondent leur point de ralliement : la Horde d’Or ».
L’art chrétien renaît ensuite dans les principaux centres de la Russie médiévale, parmi lesquels s’impose Moscou. L’art gothique germanique, mêlé de réminiscences romanes, est vivace dans la « république » de Novgorod liée au commerce hanséatique.
Zoé-Sophie, qui épouse Ivan III en 1472, a pour oncle le dernier empereur byzantin, et a bénéficié d’une culture italienne. A Moscou, viennent travailler des architectes italiens, apportant leur savoir-faire dans la construction et introduisant le répertoire décoratif d’esprit Renaissance à la cour. Les ateliers du Kremlin attirent les artistes les plus talentueux de Russie, les monnayeurs, armuriers et orfèvres étrangers, majoritairement allemands, anglais ou hollandais. Tous « travaillent à la gloire du souverain et de l’Eglise ».
Au XVIe siècle, Moscou, qui se désigne comme « Troisième Rome » après la chute de Constantinople conquise par les Turcs et la disparation de l’empire byzantin, devient une « Nouvelle Jérusalem ». Sous les règnes de Basile III et Ivan IV le Terrible, l’art russe connaît des âges d’or avec le couronnement d’Ivan IV le Terrible comme tsar (1547) et avec l’avènement du patriarcat de Moscou (1589).
Au « temps des troubles » (1598-1613) - règne contesté de Boris Godounov, révoltes paysannes, famines -, aux conflits et renouveaux au XVIIe siècle sous les premiers Romanov et la réforme du patriarche Nikon, succèdent le règne de Michel Ier Romanov en 1613 et les mutations politiques et esthétiques impulsées par Pierre le Grand, tsar de 1682 à 1725 qui ouvre définitivement la Russie sur l’Europe, modernise l’Etat et les institutions et fonde en 1703 Saint-Pétersbourg, « port ouvert sur la Baltique qui devient en 1712 la capitale ». L’art baroque de l’Europe du Nord s’y épanouit, puis rayonne dans toute la Russie.
A l’occasion de cette exposition, le Président de la République Nicolas Sarkozy a affirmé son soutien au projet de « création au Louvre d’un département consacré aux arts des chrétientés d’Orient, notamment les empires byzantin et slave ». Le Louvre compte huit départements de conservation, dont le plus récent, celui des « arts de l’islam » a été créé en 2003.
Le judaïsme ? « L’Ancien et le Nouveau Testaments sont vus comme complémentaires », nous explique une commissaire de l’exposition. Dans l’iconographie, sont évoqués des événements bibliques, des symboles : le buisson ardent en une boule rouge, embrasé mais non consumé, le Tabernacle des Psaumes, la fosse de Daniel, l’échelle de Jacob, le Temple de Jérusalem…
A noter, près de l’entrée de l’exposition, la Lettre des communautés juives de Kiev à celle du Caire (fin IXe siècle ou début Xe siècle). Ce manuscrit sur parchemin provient de la Genizah, i.e. pièce contigüe à la synagogue où sont placés les textes sacrés devenus inutilisables, du Caire (Egypte) découverte en 1896. Les Juifs de Kiev écrivaient en hébreu pour recommander un de leurs coreligionnaires. Ce document porte un visa (« J’ai lu ») qui semble avoir été apposé par des officiers khazars – les khazars parlaient une langue turque. Vers 860, des élites khazars s’étaient converties au judaïsme.
Les 14 janvier à 8h20, 19 janvier à 7h45, 24 janvier à 6h55, 27 janvier 2016 à 2h30, Histoire diffusa Les Romanov, Histoire d'une dynastie. Paul 1er et Alexandre 1er, documentaire de Maksim Bespaly. "A la mort de Catherine II, son fils Paul, surnommé le "Hamlet russe", devint empereur. Quatre ans plus tard, à la mort de Paul Ier, son fils Alexandre, marié sur préconisation de sa grand-mère à l'âge de 16 ans, lui succéda. Même s'il avait tous les attributs d'un empereur, Alexandre n'éprouvait pas de désir à régner".
Le 17 avril 2016, Arte diffusa, dans le cadre de Ces femmes qui ont fait l'Histoire, Catherine II de Russie, docufiction de Christian Twente et Michael Löseke (ZDF, 2013, 48 min) : "Princesse d'un minuscule État allemand, Sophie Auguste Friederike von Anhalt-Zerbst (1729-1796) n'a que 14 ans lorsqu'elle part en Russie pour être présentée au prince héritier Pierre. Sophie devient Catherine et se convertit à la religion orthodoxe. Pierre est un mari maladif, faible, infantile. Alors Catherine dévore les livres de penseurs, d'historiens et d'érudits, de l'Antiquité aux Lumières - Plutarque, Machiavel, Montesquieu, Diderot, Voltaire. Et commence à prendre des amants. En 1761, Pierre III monte enfin sur le trône. Craignant d'être évincée, Catherine se fait couronner impératrice l'année suivante. Quelques jours plus tard, son mari meurt accidentellement. Elle a désormais les mains libres et régnera dès lors sans partage durant trente-quatre ans. Ses appétits sexuels font scandale - elle aura vingt et un favoris "officiels" -, mais elle choisit des hommes qui sont aussi de bons conseillers politiques, comme Orlov et Potemkine. Elle entreprend de faire de la Russie un État moderne : réforme de l'administration centrale et régionale, politique de santé, création d'écoles. Elle rédige des essais et des codes (pour la noblesse, pour les villes) qui expliquent ses intentions. Mais la souveraine "éclairée", la "Lumière du Nord", n'est guère sensible au sort des paysans et des serfs. À l'extérieur, elle mène une politique agressive pour étendre les territoires de son empire, lutte contre les Turcs, organise le dépeçage de la Pologne. Elle meurt à 67 ans d'une crise cardiaque".
Jusqu’au 24 mai 2010
Au musée du Louvre
Hall Napoléon, sous la pyramide
Ouvert de 9h à 18h, les lundi, jeudi, samedi et dimanche, de 9h à 22h, les mercredi et vendredi. Fermé le mardi
Le site bilingue français/américain de l'exposition
Bilingual French/American exhibit Web Site
Visuels de haut en bas
Maquette de monastère de la Résurrection de Smolny à Saint-Pétersbourg
Saint-Pétersbourg, 1750-1756
Projet de Francesco Bartolomeo Rastrelli
Bois, plomb peinture à l’huile et dorure
Saint-Pétersbourg Musée de l’Académie des Beaux-Arts
© Musée de l’Académie des Beaux-Arts, Saint-Pétersbourg
Masque de lion
Vladimir, 1158-1160
Calcaire blanc
Provenance : façade de la cathédrale de la Dormition à Vladimir, Vladimir, Musées d’Etat de Vladimir-Souzdal,
© Musées d’Etat de Vladimir-Souzdal, Vladimir
A lire sur ce blog :
Les citations proviennent des panneaux du musée. Cet article a été publié le 18 mai 2010, puis les 12 janvier et 13 avril 2016.
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