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dimanche 19 janvier 2020

« René Goscinny, notre oncle d'Armorique » par Guillaume Podrovnik


Arte rediffusera le 22 janvier 2020 « René Goscinny, notre oncle d'Armorique » (René Goscinny - Der Autor von Astérix und Co), documentaire par Guillaume Podrovnik. Auteur français juif « de génie, père de la bande dessinée moderne, René Goscinny (1926-1977) a légué à la France un héritage d'une importance capitale : « Astérix », « Lucky Luke », « Iznogoud », « Le petit Nicolas »... Une culture populaire de qualité ».

Quarante ans après son décès prématuré, René Goscinny (1926-1977) demeure dans l’actualité : deux expositions complémentaires – celle au musée d’art et d’histoire du Judaïsme est monographique, alors que celle à la Cinémathèque française s’attache aux relations entre cet auteur et le septième art – ainsi que « René Goscinny, notre oncle d'Armorique  », documentaire par Guillaume Podrovnik  lui rendent hommage en révélant des aspects méconnus de ses talents variés et exceptionnels.

« Astérix », « Lucky Luke », « Iznogoud », « Le petit Nicolas », « Le viager », le journal « Pilote »… « Mort en 1977, René Goscinny laisse derrière lui une œuvre pléthorique et nombre d'expressions cultes passées dans le langage courant » : « Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur » (légende de la carte de la Gaule ouvrant les albums des aventures de l’astucieux Astérix, « Iznogoud, le vizir qui veut devenir calife à la place du calife », « Lucky Luke, l'homme qui tire plus vite que son ombre »… Avec 500 millions de livres vendus dans le monde, Goscinny est l'un des auteurs les plus lus. Et un "inventeur de mythes".

De son enfance en Argentine, il retiendra la difficulté de conquérir une terre, le danger menaçant, et le souvenir d'un héros de la bande dessinée qui inspirera Astérix et Obélix. Il admire aussi Laurel et Hardy, Les Pieds nickelés. Il se rend tous les trois ans en France où il retrouve son grand-père imprimeur.

« Après avoir grandi en Argentine, le jeune auteur passe sept ans à New York où il vit chichement et apprend le métier de scénariste aux côtés de Harvey Kurtzman et de l'irrévérencieuse équipe du futur « Mad Magazine ». Kurtzman "parodie la culture de masse". Goscinny rencontre à New York Morris et d'autres auteurs de la BD belge.

« De cette période, Goscinny conservera une fascination prononcée pour le dynamitage des codes, incarné par la revue américaine. Impertinence, liberté de ton, superposition de différents niveaux de lecture… : Goscinny réinjecte ces grandes lignes dans ses scénarios, puis dans les pages de « Pilote ». Il intègre dans ses histoires deux niveaux : l'un pour les enfants, l'autre pour les adultes.

Goscinny arrive à Bruxelles. Il a conscience du talent de dessinateurs tels Franquin, Jijé, Uderzo, Sempé... Il multiplie les collaborations, accepte des commandes, place sa série Oumpah-Pah dans Le Journal de Tintin.

René Goscinny rejoint la France des années 1950.

« Créé avec Albert Uderzo et Jean-Michel Charlier, le journal Pilote révolutionne la bande dessinée française, accueillant les futurs grands, si nombreux qu'on ne peut tous les citer : Moebius, Mézières, F'murrr, Gotlib, Bretécher, Mandryka, Bilal, Tardi, Reiser, Patrice Leconte...  Avec Gotlib, Goscinny introduira le style Mad.

"Il était capable d'aller contre ses goûts", se souvient l'auteur de Valérian. « Une génération entière parrainée par l'auteur, qui accouchera plus tard de « Charlie Hebdo », « L'écho des savanes », « Fluide glacial » ou « Métal hurlant ». Goscinny met en avant les jeunes auteurs, en publiant leur visage. En mai 1968, il se retrouve face à des jeunes "révolutionnaires" qui le jugent. Une blessure aggravée avec le départ de Gotlib et de l'équipe de Hara Kiri. Ce qui l'incitera à délaisser quelque peu l'hebdomadaire pour s'orienter vers le cinéma (Le Viager, réalisé par Pierre Tchernia) et la télévision, pour créer ses studios de production de dessins animés.

« Et tout cela grâce au succès d'Astérix, dont l'univers aurait surgi, selon la légende, en deux heures sur un coin de table… » En 1966, l'hebdomadaire L'Express titrait sur "le phénomène Astérix". Dans la Grèce de la dictature des colonels, les clubs Astérix ont proliféré car se regrouper ainsi était le seul moyen de contourner la loi interdisant les réunions, notamment politiques, de plus de trois personnes.

Dargaud reprend vite le journal, et publie les bandes dessinées. Un succès commercial. En 1962, avec Jean Tabary, Goscinny crée le personnage d'Iznogood. "

"Exigeant et populaire"
La « frontière s'est brouillée entre l'homme et l'auteur. De son personnage récurrent dans « Achille Talon », où il est représenté sous les traits de l'irascible rédacteur en chef du magazine « Polite », jusqu'à ses nombreux passages à la télévision, marqués par le même humour pince-sans-rire (« Je ramperai pour passer devant un objectif, devant un micro, je suis prêt à n'importe quelle bassesse. »), Goscinny est devenu pour tous une « star » à part entière ».

« L'inventif documentaire de Guillaume Podrovnik », auteur de « Pif, l’envers du gadget » déborde d'images d'archives insolites (la version pirate de « Lucky Luke », produite par la Turquie dans les années 1970, vaut son pesant d'or), de témoignages de l'auteur et de ceux à qui il a donné une chance ».

Il « brosse le portrait d'un homme dont le travail exigeant et populaire aura fédéré un pays entier, riant comme un seul homme devant la satire malicieuse de ses pires défauts ».
                     

« René Goscinny, notre oncle d'Armorique » par Guillaume Podrovnik
France, 2017, 53 min
Sur Arte les 8 octobre à 17 h 35 et 4 novembre 2017 à 5 h 05, 22 janvier 2020 à 23 h 20

Visuels :
Pierre Christin, scénariste de Valérian, qui débute dans « Pilote » sous la houlette de René Goscinny. Christin explique que c’est Goscinny qui lui a appris, à lui et à tant d’autres, comment écrire des scénarios de BD.
Jean-Claude Mézières, dessinateur de Valérian, une série qui débute dans « Pilote » avec les encouragements et sous la houlette de René Goscinny
© Sara Krzyzaniak

Albert Uderzo et René Goscinny se caricaturent l’un l’autre.
© Sygma/Institut René Goscinny

Tapuscrit de la première planche de l’album de Lucky Luke « Le pied-tendre ». Toujours la même composition en deux colonnes : descriptif à gauche, dialogues à droite.
Première carte préparatoire pour l’écriture du « Tour de Gaule », l’album charnière qui fait exploser les ventes d’Astérix et transforme une simple BD en « phénomène », comme le titre « L’Express » en 1966.
René Goscinny à sa table à dessin en 1956 à Paris. Il pensait initialement devenir dessinateur de bandes dessinées, avant de lâcher ses pinceaux pour se consacrer exclusivement à l’écriture, au milieu des années 50.
Dessin d’Harvey Kurtzman, fondateur de « Mad Magazine », offert à son ami René Goscinny pour le 14 juillet. Goscinny travaille alors à New York dans le studio de Kurtzman à Broadway. 1949 ou 1950
© Institut René Goscinny

Les dessinateurs de bande dessinee Rene Goscinny et Albert Uderzo lors d'une reception annoncant l'ouverture à Nice d'un parc de loisirs consacré à Asterix et Obelix le 17 mars 1967.
© Rue des Archives Paris France

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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 8 octobre 2017, puis le 18 janvier 2020.

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