Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 22 janvier 2020

Monaco réaffirme sa « volonté de transparence » sur son histoire durant la Deuxième Guerre mondiale


L’histoire de la principauté de Monaco, alors neutre, durant la Deuxième Guerre mondiale a été longtemps un sujet tabou. Depuis les années 1990, des enquêtes, livres et films ont révélé des pans sombres de cette Histoire, notamment des arrestations, déportations et spoliations de Juifs. Les souverains monégasques ont reconnu certains faits tragiques. Le prince Albert II a créé en 2006 la Commission d’assistance aux victimes de spoliations (CAVS) qui a remis son rapport en 2011. Le 16 décembre 2019, en se fondant sur des découvertes récentes, le Centre Simon Wiesenthal (CSW) a demandé au ministre d’Etat de la principauté, Serge Telle, l’accès aux archives de Monaco afin de raconter toute l’Histoire. Le 21 janvier 2020, Serge Telle m'a affirmé la « volonté de transparence » de Monaco et son « souhait de coopération » avec le CSW. 



L'Histoire de Monaco durant la Deuxième Guerre mondiale a longtemps été méconnue. Seul était connu l'engagement dans une unité combattante de l'Armée française le 28 septembre 1944 du futur souverain Rainier III, petit-fils de Louis II, prince souverain durant le conflit, et sa participation aux combats pour libérer l'Alsace.

Une Principauté « neutre »
Neutre au début de la Seconde Guerre mondiale, Monaco poursuit ses relations financières avec le Troisième Reich. Pour éviter l'occupation par les troupes italiennes, le prince Louis II se rapproche  du régime de Vichy, et adopte les mêmes lois que les Statuts des Juifs.

Dans la nuit du 27 au 28 août 1942, en l'absence et à l'insu du prince souverain Louis II et du ministre d'État Émile Roblot, en vacances en France, des Juifs sont arrêtés à Monaco.

« Une nuit, entre 2 h et 3 h du matin, on entend des hurlements. Il y a un raffut dans le couloir. C’est une famille de juifs étrangers qui sont raflés. Ils séparent les gosses de la mère. On se regarde verts, désespérés avec ma femme en se disant qu’il ne faut pas rester », raconte le réalisateur Gérard Oury, alors réfugié en principauté. Comédien, il y séjournait avec son épouse, actrice, et leur fille Danièle, future scénariste, dialoguiste et réalisatrice. Dans ses mémoires, Gérard Oury se souvient de discussions artistiques avec le prince Rainier.

« La Principauté va être dès 1940 prise en charge par des services économiques allemands, avec la complicité de Roblot, et servir de boîte aux lettres pour toute une série d’activités et de trafics de marchés noirs au travers de trafiquants installés à Monaco », note l’historien Pierre Abramovici. Avant d’ajouter : « L’arrivée des allemands développe le trafic en principauté. Ils ont un projet, la banque Charles, du nom du banquier nazi suisse Johannes Charles. L’installation de cette banque est facilitée par le ministre d’Etat. L’objectif est de faire un trafic entre l’Europe occupée par les Allemands et les pays neutres, notamment le Portugal, l’Espagne et l’Amérique latine pour faire partir l’argent de la spoliation, du vol et du pillage vers ces pays neutres. » Le projet de la banque Charles capote avec le revers de l’armée allemande et débarquement en normandie mais plusieurs trafiquants à la solde des allemands, notamment le “collabo” Michel Szkolnikoff, prendront possession d’une grande partie de l’immobilier et de l’hôtellerie monégasques".

Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord (opération Torch) le 8 novembre 1942, les forces de l'Axe (Allemagne et Italie) envahissent la zone libre française ; l'Italie occupe Monaco. Après la reddition de l'Italie fasciste, les Allemands occupent la principauté en septembre 1943. Début septembre 1944, Monaco est libéré par les troupes américaines et les Forces françaises de l'intérieur (FFI).

Dans les années 1990, des enquêtes de journalistes ont révélé la face sombre de la Principauté de Monaco durant la Deuxième Guerre mondiale.

Pierre Abramovici a réalisé le documentaire "Monaco, l’Étrange Neutralité. 1939-1945" (1999) et a écrit deux livres sur cette histoire : "Un Rocher bien occupé (Monaco 1939-1945)"(Éditions du Seuil. Coll. L’Épreuve des Faits, septembre 2001) et "Monaco sous l'occupation", préface du prince Albert II de Monaco (Éditions Nouveau Monde-Azuréenne d'Éditions, décembre 2015). Son premier livre était fondé sur son études des archives françaises, allemandes et italiennes. Grâce à l'autorisation du Prince Albert II, il a pu avoir accès aux archives de la Principauté et a donc infléchi ses conclusions dans son second ouvrage. 

Une histoire reconnue
En 1993, le Prince Rainier III a initié une démarche historique, que son fils le Prince Albert II a poursuivi en l'amplifiant. Il avait fait ériger une stèle commémorative au carré israélite du cimetière de Monaco, afin de rappeler le souvenir des victimes juives de Monaco.

Par ordonnance souveraine, S.A.S. le Prince Souverain Albert II a créé le 23 mars 2006 une Commission pour l'Assistance aux Victimes de Spoliations. Et ceci, afin d'"honorer un devoir de mémoire au regard des atrocités commises durant la seconde guerre mondiale". La "mission qui lui a été dévolue consiste à examiner les demandes des personnes physiques tendant à la réparation, au bénéfice des victimes ou de leurs ayant-droits, de préjudices matériels ou financiers consécutifs aux spoliations de biens intervenues à Monaco durant la période."

En 2011, "à la demande de S.A.S. le Prince Albert II, un groupe d'experts composé de personnalités qualifiées, issues de différents horizons, étudient, en toute impartialité et transparence, les sources disponibles portant sur les interpellations opérées à Monaco de 1942 à 1944. Parmi ces experts : Serge Klarsfeld, Président de l’Association des Fils et Filles de Déportés juifs de France. Ce rapport a été rendu public le 12 février 2015". Il a évalué à 76 le nombre de juifs arrêtés à Monaco puis déportés en 1942 et 1944, mais "elle a résisté à la plupart des injonctions antisémites dictées par le régime de Vichy et l'Allemagne nazie".

Le 27 août 2015, au cimetière de Monaco, S.A.S. le Prince Albert II a dévoilé une stèle commémorative à la mémoire des Juifs arrêtés et déportés de Monaco. Étaient présents "des autorités monégasques et françaises, civiles et religieuses, dont le Grand rabbin de France Haïm Korsia, des représentants diplomatiques des pays dont étaient originaires les juifs déportés et certains de leurs descendants ou ayants-droit", ainsi que des dirigeants associatifs. Dans un discours rappelant celui du Président Jacques Chirac en date du 16 juillet 1995, le prince Albert II a déclaré : « Nous avons commis l’irréparable en livrant à des autorités nazies des femmes, des hommes et des enfants qui s’étaient réfugiés chez nous pour échapper aux persécutions dont ils ont été victimes en France. En détresse, ils sont venus chez nous pour chercher une protection, pensant qu’ils y trouveraient de la neutralité ». Le discours du prince, qui a demandé pardon, a été bien accueilli par les organisations juives, dont le B'nai B'rith France. « Nous saluons la volonté de la Principauté de déterminer son rôle durant ses jours sombres de l’occupation Nazie », a dit Moshe Kantor, Président du Congrès Juif européen.


Centre Simon Wiesenthal
Le Centre Simon Wiesenthal (SWC) considère que des pans de l’histoire des Juifs liés à la principauté de Monaco durant la Deuxième Guerre mondiale demeurent inconnus, notamment celle de leurs spoliations. Le 16 décembre 2019, Shimon Samuels, directeur du CSW-Europe, rendait publique sa lettre au ministre d’Etat (Premier ministre, Nda) de Monaco Serge Telle afin de solliciter plus de transparence et de bonne volonté dans l’accès aux archives. Il l’exhortait  à lui accorder « l’accès à vos archives sur la période de l’Holocauste pour en finir avec une douloureuse dette morale envers l’Histoire » :
« Le 27 janvier 2020, le monde célébrera le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Ce sera probablement pour la plupart des rescapés de l’Holocauste leur dernière chance de raconter leur histoire ou de demander une restitution… Si nous, le Centre Simon Wiesenthal, obtenions l’accès aux archives de Monaco à l'occasion du 75e anniversaire, cela permettrait aux familles des victimes de tourner enfin une douloureuse page. Mais si Monaco persiste à nier l'accès à ces archives, l’on ne pourrait interpréter cette position que comme une trahison de sa dette morale envers l’Histoire. »
Shimon Samuels, lui rappelait que le Centre avait organisé à Genève, en 1997, une conférence internationale intitulée « Biens spoliées et restitution – la dette morale envers l’Histoire ».« En votre qualité de diplomate français de carrière hautement décoré, vous connaissez certainement la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS), l’un des organismes publics de restitution que notre conférence avait bien auguré », indiquait M. Samuels.Il ajoutait : « La CIVS, qui a vu le jour il y a vingt ans maintenant, présente sur son site un rapport du 12 février 2015 établi par son homologue monégasque, la CAVS (Commission pour l’assistance aux victimes de spoliations). Fondée en 2006, cette commission répertorie non moins de 92 Juifs de la principauté qui furent arrêtés et déportés. Entre 1999 et 2019, la CIVS aurait examiné cinq demandes pour spoliation qui concernent à la fois la France et Monaco, mais elle n’aurait pas eu accès aux archives monégasques. »
Notre propre recherche dans les archives ouvertes aux Etats-Unis, en Israël et en Europe nous renvoie à des questions qui concernent la période 1940 à 1945 à Monaco.
Entre autres traces archivistiques apparaît le déni intriguant d’Adolf Eichmann, au cours de son procès en 1961, de tout contact avec les autorités monégasques, bien que des preuves contraires aient été trouvées au musée du Mémorial de l’Holocauste de Washington (USHMM).
Nos recherches en cours ont fourni des indices en ce qui concerne :
OBJETS DE VALEUR :
La saisie d’argent, de montres, de bijoux, de diamants et autres objets précieux ayant appartenu à des Juifs monégasques qui ont été arrêtés et déportés, et dont seuls quelque trente-deux sont inscrits dans les registres de Drancy, le camp de transit d’où les trains de la SNCF les transportaient à Auschwitz (source : archives du Mémorial de la Shoah de Paris).
BANQUES :
De même, les banques opérant à Monaco ont vraisemblablement bloqué les comptes ayant appartenu à des Juifs. A titre d’exemples, les documents sur l’Occupation allemande conservés aux Archives nationales françaises mentionnent deux familles de réfugiés juifs qui ont déposé leurs titres au Crédit mobilier de Monaco. Trois Juifs, désignés comme résidents à Monte Carlo, ont vu leurs comptes bloqués en Suisse, selon les listes des Banques suisses.
ŒUVRES D’ART ET BIBLIOTHÈQUES :D’après l’OBIP (l’Office des biens et intérêts privés, qui assura en France le paiement des dommages de guerre) : la saisie de deux bibliothèques contenant 3 000 volumes, dont 140 ont été restitués en 1950, et la saisie de 24 caisses emplies de livres par les Allemands, qui auraient été revendiquées par le directeur de Radio Monte Carlo, dont 57 livres furent restitués en 1947. Un organisme allemand de restitution d’après-guerre révèle des réclamations d’objets d’art spoliés, dont certains au nom du prince Albert de Monaco. Le registre Lootedart.com indique au moins trois collectionneurs (l’un déporté), résidant à Monte Carlo, mais spoliés à Paris.
VENTES AUX ENCHÈRES A NICE :
Les Juifs de Monaco furent déportés via Nice. Les archives des Alpes-Maritimes consignent au moins douze ventes à Nice de biens juifs entre janvier 1942 et décembre 1944.
M. Samuels priait instamment le ministre d’Etat : « Si tant d’indices sont disponibles dans tant d’archives différentes, n’incomberait-il pas à Monaco d’ouvrir les siennes propres à des chercheurs qualifiés ?... De multiples sources fournissent les noms de Juifs monégasques qui furent déportés et spoliés, bien au-delà de la liste fournie par la CAVS dans son rapport de 2015. Notre chercheur a écrit au secrétariat de cette Commission en octobre dernier. Après sa lettre de rappel datée du 4 décembre, le directeur de la CAVS, Christian Ceyssac, l’a informé qu’il n’était pas de sa compétence de répondre à notre requête d’accéder aux archives monégasques de la Seconde Guerre mondiale. »
Le Centre soulignait que, « le 27 janvier 2020, le monde célébrera le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Ce sera probablement pour la plupart des survivants rescapés de l’Holocauste leur dernière chance de raconter leur histoire ou de demander une restitution ».« Si nous, le Centre Simon Wiesenthal, obtenions l’accès aux archives de Monaco à l'occasion du 75e anniversaire, cela permettrait aux familles des victimes de tourner enfin une douloureuse page. Mais si Monaco persiste à nier l'accès à ces archives, l’on ne pourrait interpréter cette position que comme une trahison de sa dette morale envers l’Histoire. », concluait M. Samuels.
« Notre conférence de 1997 a attiré plus de mille personnes. Elle a été un premier jalon vers la création de la CIVS », m'a confié le Dr Shimon Samuels le 19 décembre 2019. Et d'évoquer l'ouverture "après la chute du communisme, par la Russie, de ses archives et l'établissement de la liste des objets volés par l'Allemagne, ainsi que l'or qui à "la fin de la Deuxième Guerre mondiale, de l'or a quitté la banque centrale de Suisse, pays alors neutre, pour financer le IVe Reich.

Et Shimon Samuels de poursuivre : « La CIVS a organisé un colloque pour son vingtième anniversaire. J'y ai posé des questions sur Monaco. Sur le mur des déportés juifs de Monaco, figurent 92 noms. Mais depuis la lettre au ministre d'Etat, notre historien a découvert des choses épouvantables. C'est une affaire très importante. Il y a peu de survivants. Avec leur disparition, il y a moins de chances de passer les leçons de la Shoah. Je salue la décision du pape François d'ouvrir prochainement, le 2 mars 2020, les archives du Vatican sur son activité durant la Deuxième Guerre mondiale ».

Le 21 janvier 2020, le Centre Simon Wiesenthal Europe a diffusé un nouveau communiqué. Dans une lettre au ministre d’Etat Serge Telle, son directeur, le Dr Shimon Samuels, a écrit : « Monaco participe au 5e Forum mondial de la Shoah  à Jérusalem, tout en ignorant les demandes d’accès à ses archives sur la période de la Shoah. Une déclaration du ministre d’Etat annonçant depuis Jérusalem votre coopération avec le Centre Simon Wiesenthal sur cette question, conférerait un sens à votre visite ». Shimon Samuels à proposé à Serge Telle de le rencontrer à Jérusalem pour régler la question. « L’absence d’une réponse de Monaco concernant l’accès à ses archives sur la Shoah peut être perçue négativement et rendre votre présence à la Commémoration de la Shoah comme, au mieux, un geste vide », a conclu Shimon Samuels.

Le 21 janvier 2020, nous avons interrogé Serge Telle et le Prince Albert II. Serge Telle nous a répondu : 
« Le Ministre d’Etat, présent en Israël à l’occasion des cérémonies du 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, rencontrera le mercredi 22 janvier les responsables du Centre Simon Wiesenthal. Il leur confirmera la volonté de transparence de la Principauté et son souhait de totale coopération.
D’ailleurs, la Principauté de Monaco n’a jamais refusé l’accès aux archives demandé par le Centre Simon Wiesenthal. Au contraire, le Gouvernement vient d’agréer la proposition de la CAVS (Commission d’assistance aux victimes de spoliations) de recevoir, avec le Groupe d’experts chargé d’établir la liste des personnes juives de Monaco arrêtées et déportées durant la Seconde Guerre mondiale, les chercheurs du Centre Simon Wiesenthal.
Ce sera l’occasion de rappeler le processus engagé, depuis 2006, à l’initiative du Prince Souverain, aussi bien dans le domaine de l’établissement des faits, du devoir de mémoire que de l’indemnisation des victimes.
Les chercheurs du Centre Simon Wiesenthal pourront alors plus facilement accéder, en toute transparence, aux archives qui leur paraîtront nécessaires de consulter. Toute nouvelle source documentaire qui serait apportée par leur soin serait naturellement étudiée et traitée. » 
Et Serge Telle d'ajouter :
« Depuis le début de Son règne, S.A.S. le Prince Albert II a eu à cœur d’honorer un devoir de mémoire au regard de ce qui s’est déroulé dans Son pays durant la Seconde Guerre mondiale.
Moins d’un an après son avènement, Il a créé,en mars 2006, la Commission pour l’assistance aux victimes de spoliation. Cette Commission, aujourd’hui sous la présidence de Jacques WOLZOK, détermine des indemnisations non seulement sur la base de préjudices matériels ou financiers mais également sur le fait même de l’arrestation intervenue à Monaco.
En 2011, souhaitant aller plus loin dans le devoir de mémoire, le Prince Souverain a demandé à Son Gouvernement de charger un groupe d’experts d’établir une liste complète des personnes juives arrêtées à Monaco et déportées durant la Seconde guerre mondiale. Ce travail, auquel a grandement contribué Serge KLARSFELD, a permis également de donner un éclairage historique sur les circonstances des arrestations.
Un rapport a été remis au Souverain le 12 février 2015. Il est accessible en ligne, en français et en anglais, sur le site du Gouvernement.
Dans le même temps, le Prince Souverain a souhaité que la mémoire de ces personnes juives soit honorée dans l’espace public, par une stèle, qu’Il a dévoilée le 27 août 2015. A cette occasion, le Prince Albert II a prononcé un discours fort et remarqué, en présence notamment du Grand Rabbin de France.
 Il a ainsi déclaré :
« Les familles juives établies de longue date à Monaco n’ont pas été inquiétées et le Gouvernement de Vichy a mis en avant le traité diplomatique qui liait les deux pays pour exiger ces interpellations.
 Pour autant, nous avons commis l’irréparable en remettant à l’administration voisine des femmes, des hommes et un enfant qui s’étaient réfugiés chez nous pour fuir les persécutions dont ils étaient victimes en France.
Nous n’avons pas su les protéger, alors que c’était notre responsabilité. En détresse, ils étaient précisément venus s’abriter chez nous pensant y trouver une neutralité bienveillante.
 Le dire aujourd’hui, c’est reconnaître un fait. Le dire aujourd’hui en ce jour et devant vous c’est demander pardon. »
Le 22 janvier 2020, Frédéric Cauderlier, conseiller spécial auprès du ministre d’Etat de la Principauté de Monaco, Serge Telle, m'a écrit sur "la question de « l’écart » de chiffres entre le recensement des personnes victimes réalisé par la CAVS et celui que le Centre Simon Wiesenthal met en avant en se basant sur les travaux de la CIVS (que le Ministre Telle a mis en place en son temps. Comme il est indiqué p. 22 du rapport du Groupe d'experts du 12 février 2015, 76 juifs ont été arrêtés à Monaco, puis déportés (45 en 1942, 31 en 1944) ; et 16 juifs, résidant à Monaco, ont été arrêtés hors de la Principauté, puis déportés. 76 + 16 = 92. Voici, me semble-t-il, l'explication de l'"écart" mis en avant. Comme évoqué dans la réponse du Gouvernement monégasque transmis hier soir, nous restons totalement ouvert à toute nouvelle source documentaire qui pourrait être apportée par le Centre Simon Wiesenthal. Elle ferait naturellement l’objet d’une étude attentive."

Le 24 janvier 2020, "en marge du 5e Forum mondial de l’Holocauste, qui a réuni à Jérusalem des représentants de quarante-neuf États, le Centre Simon Wiesenthal et la principauté de Monaco se sont rencontrés pour discuter de coopération".

"Le directeur des Relations internationales du Centre, Shimon Samuels, a rappelé la campagne menée par son organisation pour accéder aux archives monégasques sur l’Holocauste et les indemnisations dues aux rescapés et aux familles des victimes, déportés depuis Monaco".

"Au cours de leur entretien, le ministre d’État monégasque, Serge Telle, s’est montré tout disposé à ouvrir au Centre l’accès aux documents qui l’intéressent, à savoir :
- les objets de valeur confisqués ;
- les comptes et coffres bancaires bloqués ;
- les objets d’art, collections de livres, instruments de musique, etc., spoliés ;
- les propriétés et biens vendus aux enchères ;
- les entreprises spoliées et aryanisées, à fin d’indemnisation…"

"Le ministre d’État a incité le Centre Wiesenthal à engager un chercheur professionnel pour commencer, si possible dès mars prochain, à examiner ces archives."

"Le Centre a souligné que « ce projet permettra aux familles des victimes de fermer enfin cette douloureuse page de leur histoire personnelle, et à Monte Carlo d’honorer sa dette morale envers l’Histoire ».

"Serge Telle a déclaré : « Nous avons commis l’irréparable… Des femmes, des hommes et un enfant sont venus se réfugier chez nous… Nous ne les avons pas protégés alors que c’était notre responsabilité… Ils étaient venus chez nous en y cherchant refuge, pensant qu’ils avaient trouvé asile en pays neutre… L’admettre aujourd’hui, c’est reconnaître un fait. L’admettre aujourd’hui, en ce lieu et devant vous, c’est vous demander pardon. »


Articles sur ce blog concernant :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire