Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

lundi 22 février 2021

Les Compagnons de la Libération


Les Compagnons de la Libération sont membres de l'Ordre de la Libération institué le 16 novembre 1940 par le général de Gaulle, « chef des Français libres ». Ce titre a été décerné pour récompenser les personnes, les unités militaires et les collectivités civiles se distinguant "dans l'œuvre de libération de la France et de son empire". Ainsi, ils étaient "1 038 personnes, cinq communes - Paris, Île-de-Sein, Nantes, Grenoble et Vassieux-en-Vercors - dix-huit unités combattantes dont deux bâtiments de guerre" lors de la signature du décret de forclusion de l'Ordre de la Libération, le 23 janvier 2021. 
Le Musée de l’Ordre de la Libération présente l’exposition « 1940 ! Paroles de rebelles ».


Pierre Clostermann (1921-2006)
Romain Gary, des « Racines du ciel » à « La Vie devant soi »
Max Guedj (1913-1945), héros méconnu de la France libre
« Ceux de Normandie-Niémen » d’Yves Donjon

Le 16 novembre 1940, le général de Gaulle crée L’Ordre de la Libération pour « récompenser les personnes ou collectivités militaires et civiles qui se sont signalées de manière exceptionnelle dans l’œuvre de Libération de la France et de son Empire. Il puise dans l’histoire de France et de la chevalerie le modèle qui l’inspire. Plus qu’une simple décoration, c’est une véritable phalange de combattants exceptionnels, réunis en un même combat, qu’il veut susciter ».

Le général de Gaulle « répugne à décerner la Légion d’Honneur, largement attribuée par Vichy et dont le Maréchal Pétain a reçu le collier de Grand Maître le 26 juillet. Il connaît les vertus de l’émulation et souhaite mettre en exergue des figures de courage et d’action au service de la libération de la France et de son Empire ».

Il entend distinguer les résistants, peu nombreux, l’ayant rallié dans des circonstances difficiles, venus d’horizons variés, unis par leur amour de la France, la volonté de la libérer de l’occupant nazi, le rejet du gouvernement de collaboration dirigé par le maréchal Pétain, et résistant dans la France Libre et la Résistance intérieure.

En « instituant leur ordre, le général de Gaulle a redonné tout son sens au mot de ‘compagnon’ et réinventé cette fraternité sur laquelle notre République s'est construite ».

Au total, 1038 personnes, de tous horizons, cinq communes (île de SeinVassieux-en-Vercors) et 18 unités combattantes, sont décorées de la Croix de la Libération. Parmi elles, six femmes, dont Berty Albrecht, et 25 nationalités sont représentées (le général Dwight EisenhowerWinston ChurchillS.M. Mohammed V). Notons que 238 Croix sont attribuées à titre posthume. En 1945, 720 Compagnons étaient vivants. Le romancier et ministre André Malraux (1901-1976), célèbre Compagnon, écrit : « L’Ordre est un cimetière. Nous parlons au nom de nos survivants, qui parlent au nom de leurs morts, qui parlent au nom de tous les morts ». Evoquons la mémoire du Wing Commander de la RAF Max Guedj (1943-1945) et de Pierre Clostermannas du "Grand  cirque".

Après guerre, l’Ordre donne à la France 36 ministres, 71 députés, 13 sénateurs, 34 maires, 80 officiers généraux ou amiraux et trois maréchaux de France. Citons le juriste et Prix Nobel de la Paix 1968 René Cassin ou François Jacob (jeune médecin militaire et Prix Nobel de Physiologie en 1965).

Le projet de l’insigne – Croix de la Libération, seul grade – est « réalisé par le capitaine des Forces françaises libres Tony Mella et la maquette est exécutée par la succursale londonienne du joaillier Cartier. Les couleurs du ruban ont été choisies de façon symbolique : le noir, exprimant le deuil de la France opprimée par les envahisseurs, le vert, exprimant l'espérance de la Patrie ».

Au « revers de l'écu, est inscrite en exergue la devise « PATRIAM SERVANDO - VICTORIAM TULIT » (« En servant la Patrie, il a remporté la Victoire ») ».

"1940-1945 UNE « CHEVALERIE EXCEPTIONNELLE »

Dans le cadre du 70e anniversaire de l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 et du 30e anniversaire de la mort de Romain Gary (1914-1980), la Fondation Charles de Gaulle, le ministère français de la Défense (Secrétariat d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants) et la Chancellerie de l’Ordre de la Libération ont proposé l’exposition itinérante "1940-1945 une « chevalerie exceptionnelle », Romain Gary présente les Compagnons de la Libération" reprenant la formule du général. Rappelant le contexte de la défaite française, cette exposition didactique reprend les réponses inédites aux 43 questions adressées par l’écrivain Romain Gary à certains de ses frères d’armes, Compagnons de la Libération, pour évoquer les résistances, intérieure et extérieure, au régime de Vichy et à l’occupation nazie, les valeurs et le patriotisme de ces combattants. 

Quatre-vingt cinq témoignages écrits et sonores de Compagnons de la Libération soulignant leur patriotisme, leur peur et leur courage, 250 photos, cinq films dont deux projections sur grand écran, des cartes, une borne interactive, des panneaux historiques bilingues français-anglais visent à sensibiliser un public de tout âge à cette épopée.

En forme d’une Croix de Lorraine lumineuse, le parcours débute et s’achève par des espaces dévolus à Romain Gary.

L’axe majeur précise le contexte historique, la défaite française contre l’armée allemande, l’instauration du régime de Vichy, les premières résistances, à l’intérieur et à l’extérieur de la France, le premier statut des Juifs en 1940, rend hommage à des figures historiques (Jean Moulin, Félix Eboué)…

« Le plus grand moment de ma vie, ce fut la Croix de la Libération » (Romain Gary)
Romain Gary naît Roman Kacew en 1914, dans une famille juive de Vilno (Lituanie).

Son enfance est marquée par la Première Guerre mondiale : exode contraint vers la Russie, père enrôlé dans l’Armée russe et dont la trace est perdue. Dotée d’une grande volonté, sa mère « devient son unique repère », l’entourant « d’un amour débordant et exigeant ».

Tous deux fuient à Varsovie (Pologne), et arrivent en France où ils s’installent à Nice en 1928. Romain découvre la France dont il a tant rêvé.

Soldat en 1939, il est fasciné par les aviateurs, Guynemer, Mermoz, et par le journaliste et écrivain Kessel. Il postule à une préparation militaire supérieure à l’Ecole de l’Air.

En 1940, après la défaite de la France, il rejoint Londres et le général de Gaulle, via Casablanca (Maroc).

Il choisit comme nom de guerre « Romain Gary » (en russe, « Brûle ! »). Un pseudonyme qu’il gardera ce nom toute sa vie. La « France Libre devient sa seule famille lorsqu’il apprend le décès de sa mère, malade, en 1941 ».

Romain Gary est affecté au groupe de bombardement Lorraine. Début 1944, Romain Gary, observateur-navigateur, et son pilote Arnaud Langer sont blessés lors d’une mission de bombardement sur la France et accueillis à leur retour à la base en héros. La Croix de la Libération leur est attribuée le 20 novembre 1944.

Suivant l’injonction maternelle qui prédisait un destin d'ambassadeur, Romain Gary entame en 1945 une carrière diplomatique et publie Education Européenne, premier roman d’une œuvre diverse. Deux de ses œuvres – Les racines du ciel (1956) et La vie devant soi (1975) signé Emile Ajar - seront exceptionnellement récompensées par le Prix Goncourt.

En 1976, l’éditeur Lattès lui commande un livre sur les Compagnons. Enthousiasmé par le projet, Romain Gary élabore un questionnaire : il cherche à découvrir leurs « leviers intérieurs », les éléments qui les poussèrent à résister. Questions : « A quel moment avez-vous pris votre décision de continuer la lutte ? L’appel du général de Gaulle a-t-il été déterminant ou simplement propice ? », « Certains compagnons indiquent qu’ils n’acceptaient pas d’être vaincus. Pouvez-vous indiquer votre point de vue ? », « Si vous écriviez un livre sur les Compagnons de la Libération, que souligneriez-vous plus que tout le reste ? »…

Il demande à Jérôme Camilly, journaliste-reporter, d’enquêter auprès de ses frères d’armes. Il songe à trouver dans ce thème une source d’inspiration. Le projet n’aboutira pas. Ce questionnaire, des témoignages confiés et les écrits de Compagnons constituent le fil du parcours de cette exposition.

Publié quelques mois avant sa mort, Les Cerfs-volants, dernier roman de Romain Gary, porte sur cette période matrice dans sa vie.

Romain Gary se suicide le 2 décembre 1980.

Des Compagnons de la Libération
Interrogés par un des leurs, ces Compagnons répondent avec précision, sincérité et modestie. Leurs témoignages, écrits ou sonores, sont rendus publics pour la première fois.

A la question : « Aviez-vous plutôt le sentiment d’être guidé par votre sens de l’honneur humain en général, de la dignité humaine, ou par des considérations strictement nationales ? », Pierre Dureau répond : « J’étais de famille chrétienne. Le nazisme, c’est la négation du christianisme, au même titre que l’antisémitisme ». Quant à Jacques Baumel, il se souvient : « Méfions-nous des grands mots ! J’ai été guidé par le respect de l’homme, le respect de la dignité humaine, de la liberté. J’exècre ces deux régimes, puisque je ne les mélange pas, le régime nazi et le régime de Vichy. L’un étant cruel, l’autre fourbe »

A la question : « Pouvez-vous donner un aperçu des périls que vous avez courus, de ce que vous pouvez considérer comme « victoire personnelle » dans ces actions ? », José Aboulker répond :
« La seule victoire personnelle, au moment du débarquement allié à Alger, c’était de ne pas avoir abandonné le soir du 7 novembre notre entreprise qui paraissait vouée à l’échec. Sur les 800 camarades qui devaient faire la prise insurrectionnelle d’Alger, la moitié ont manqué. En face de nous, il y avait les chefs vichyssois qui avaient pris l’habitude de la défaite : j’étais sûr que nous l’emporterions ».
L’exposition « fait résonner encore la mémoire de ceux qui ont combattu pour elle et vise à sensibiliser les jeunes générations à l’engagement de ceux qui ont combattu pour une France libre ».

"PARTIR POUR RESISTER"
Le 6 octobre 2016, les Rendez-vous d'Histoire de Blois proposèrent la table-ronde "Partir pour résister : la résistance extérieure des Français Libres" : "La résistance extérieure des Français libres impliquait de partir de France pour continuer le combat. Engagés sur tous les fronts, ces exilés volontaires eurent également le souci de maintenir un lien avec la France occupée". Le modérateur en sera Robert Bresse, Président de la Fondation de la France Libre, Robert Belot, Professeur des universités, Jean-François MURACCIOLE, Professeur des universités, Guillaume PIKETTY, Professeur d'histoire à Sciences Po Paris, Sébastien ALBERTELLI, Agrégé d'histoire.

"RESISTER !"
La Mairie du IXe arrondissement de Paris a accueilli l'exposition Résister ! Les Compagnons de la Libération 1940-1945, proposée par le Musée de l'Ordre de la Libération.

"UNE VIE D'ENGAGEMENT"
Cette exposition "Une vie d'engagement - Les Compagnons de la Libération dans la Grande guerreest réalisée par le musée de l’Armée et le musée de l’ordre de la Libération, dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre. Elle se déroulait dans les galeries de la cour d’honneur en accès libre et gratuit.

"Les 1038 compagnons de la Libération ont des origines sociales, géographiques, confessionnelles et générationnelles très diverses mais ils se sont retrouvés, entre 1940 et 1945, dans un combat commun et des valeurs partagées qui sont le socle de la citoyenneté d’aujourd’hui. L’engagement, le désintéressement, le combat pour la Patrie et la liberté, le refus de l’asservissement en sont plusieurs exemples".

Les "futurs compagnons de la Libération, avant de s’engager dans le second conflit mondial, ont eu une formation, une éducation et des expériences qui constituent souvent la genèse de leur engagement résistant. Fait peu connu, une partie non négligeable d’entre eux (118 soit près de 12%) ont été également des acteurs de la guerre de 1914-1918 et, par conséquent, des deux conflits mondiaux qui ont ébranlé le XXe siècle. Ils se sont inscrits dans une forme de continuité dans l’action de défense nationale, dans le cadre de ce que le général de Gaulle a appelé « la Guerre de trente ans ».

Ces "hommes mais aussi ces femmes, nés entre 1880 et 1900, tout comme ceux de leur génération, font l’expérience du feu lors du premier conflit mondial. Quelque vingt ans plus tard, dans un contexte radicalement différent, ils se distinguent par un engagement volontaire dicté par leur conscience et rejoignent la petite minorité de ceux qui formeront la Résistance française dans les rangs de la France libre ou dans la clandestinité".

Cette exposition "en plein air se présente sous la forme de 32 panneaux installés sur les piliers de la cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides. S’inscrivant dans le cadre des célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale, elle a pour objet de rappeler l’engagement dans la guerre de 14-18 de ces futurs compagnons de la Libération, combattants des deux guerres mondiales".

"Chaque panneau présente un compagnon issu de l’armée de terre, de l’aviation ou de la Marine, ainsi que deux femmes, Berty Albrecht, ambulancière volontaire, et Émilienne Moreau- Evrard, « héroïne » de la Grande Guerre. Un panneau est également consacré au fondateur et grand-maître de l’ordre de la Libération, Charles de Gaulle".

Parmi ces combattants de la Grande guerre : René Cassin (5 octobre 1887-20 février 1976), Compagnon de la Libération par décret du 1er août 1941.

René Cassin "est né le 5 octobre 1887 à Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques" dans une famille juive. D'origine portugaise, "son père était négociant en vins. Il fait de brillantes études au lycée Masséna à Nice avant d'entrer à la faculté de droit à Aix-en-Provence. En 1906 il effectue son service militaire comme simple soldat puis reprend ses études. Licencié ès-Lettres, il remporte également le premier prix au concours général des facultés de droit. En 1914, il est Docteur ès sciences juridiques, économiques et politiques lorsqu'il est mobilisé, avec le grade de caporal-chef".

"Mobilisé en 1914 comme caporal-chef au 311e régiment d’infanterie, il participe à la bataille de la Marne. De ces violents combats, il garde toute sa vie à l’esprit « ces terribles nuits d’offensive au corps à corps, illuminées par l’incendie de nos villages ». A la tête d'un corps-franc, il est grièvement blessé par balles de mitrailleuse le 12 octobre 1914 à Saint-Mihiel. Il reçoit une grave blessure aux jambes et au ventre lors de la prise de Saint-Mihiel par les Allemands. Il est soigné à Antibes. Mutilé à 65%, réformé, il retourne à la vie civile où sa formation de juriste lui permet d’œuvrer à l’amélioration des conditions de vie des blessés, veuves et orphelins de guerre". Il reçoit la croix de guerre avec palme et la médaille militaire".

Il "enseigne à la Faculté d'Aix-en-Provence et à Marseille puis participe dès 1917 à la création de l'une des toutes premières associations départementales de victimes de guerre. Dès 1922, il "préside l’Union fédérale des Mutilés et Veuves de Guerre".

"Agrégé de droit en 1919, René Cassin est, à partir de 1922, président de l'Union fédérale des Mutilés et Veuves de Guerre ; professeur à la faculté de Lille, il rédige et fait voter des lois en faveur de l'emploi des victimes de guerre et se dépense sans compter dans ses différentes activités. En 1924, et jusqu'en 1938, le professeur René Cassin devient membre de la délégation française à la Société des Nations et lutte dans tous les domaines pour la Paix. En 1929, il est nommé professeur de droit à la faculté de Paris et devient vice-président du Conseil supérieur des Pupilles de la Nation".

"En 1930, après un voyage au Moyen-Orient où il rencontre, en Palestine, de nombreux Juifs allemands, il mène, dès son retour, une active campagne contre le nazisme. La même année, il obtient le vote de la loi sur la retraite du combattant. A la fin des années trente, il dénonce dans plusieurs discours le danger que représente le IIIe Reich pour l'Europe et le Monde".

"A la déclaration de guerre, René Cassin est nommé à la direction de la documentation au Commissariat à l'Information et, au moment de la débâcle, cet anti-nazi pressent la liquidation du régime républicain. Refusant l'idée de l'armistice, il décide, dès le 17 juin, de rejoindre l'Angleterre et embarque avec son épouse, le 24 juin à Saint-Jean-de-Luz, sur un bateau britannique de transport de troupes, l'Ettrick, à destination de Plymouth. "A Londres, il est l’architecte juridique de la France libre".

"Le 29 juin, il se présente à Saint Stephens House et le général de Gaulle lui confie la mission de rédiger un accord avec le gouvernement britannique, maintenant le caractère purement français de l'armée de la France Libre, Charte signée le 7 août 1940 entre Winston Churchill et Charles de Gaulle".

"Responsable du service juridique de la France Libre, membre du Conseil de défense de l'Empire à sa création en octobre 1940, René Cassin est le rédacteur des statuts de l'Ordre de la Libération créé par l'ordonnance n° 7 du 17 novembre 1940. René Cassin, qui multipliera pendant la guerre les interventions à la radio de Londres et les articles dans la presse française libre, est nommé Commissaire à la Justice et à l'Instruction publique du Comité national français en septembre 1941. Il entame, fin 1941, une tournée de trois mois au Proche-Orient et en AEF".

"A partir de 1942, il préside l'Alliance israélite universelle (AIU)".

Il "prend, à sa création en août 1943, la présidence du Comité juridique de la France combattante (qui fait office de Conseil d'Etat) fonction qu'il conserve au sein du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) avant de devenir à la libération, vice-président du Conseil d'Etat (jusqu'en juin 1960) puis Président honoraire. Il siège également à l'Assemblée consultative d'Alger dès novembre 1943. Entre 1942 et 1944, René Cassin est le représentant de la France au Comité des Ministres Alliés de l'Education et, de 1943 à 1945, représentant français à la commission d'enquête sur les crimes de guerre".

Il est "vice-président du conseil d’État après la guerre. A partir de 1946, il préside pendant seize ans le Conseil d'administration de l'Ecole nationale d'Administration (ENA), faisant constamment valoir dans ces fonctions les principes exigeants qui sont les siens dans le service de la Nation".

"En 1946, il fait partie du petit groupe international, présidé par Eleonor Roosevelt, qui a la charge de rédiger la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, votée à Paris, le 10 décembre 1948, par l'Assemblée générale des Nations-unies".

"En 1958 il préside le comité consultatif provisoire chargé de préparer la Constitution de la Ve République et reçoit, à l'Elysée, le serment du général de Gaulle, Président de la République en janvier 1959. En juin 1960, le professeur Cassin est nommé au Conseil constitutionnel dont il sera membre jusqu'en février 1971".

"Vice-président (1959) puis Président (1965-1968) de la Cour européenne des Droits de l'Homme, René Cassin reçoit en octobre 1968 le Prix Nobel de la Paix. Membre de l'Institut depuis 1947, Président de l'Académie des Sciences morales et politiques, Docteur honoris causa des universités d'Oxford, de Londres, de Mayence et de Jérusalem, il fonde en 1969, à Strasbourg, l'Institut international des Droits de l'Homme. Il est membre, en juin 1972, du Conseil de l'Ordre de la Libération".

"Le prix Nobel de la paix couronne en 1968 la carrière de cet humaniste, promoteur de la concorde universelle et des valeurs de la République pour laquelle il a tant œuvré".

René Cassin "est décédé le 20 février 1976 à l'Hôpital de la Salpetrière à Paris. Ses obsèques ont été célébrées à la Chancellerie de l'Ordre de la Libération. En 1987, son corps est transféré au Panthéon".
Titres l'ayant distingué :
• Grand Croix de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 1er août 1941
• Médaille Militaire
• Croix de Guerre 14/18 avec palme
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Commandeur des Palmes Académiques

"L'ESPRIT DE RESISTANCE"
En mai 2019, Le Monde évoque les Compagnons de la Libération dans son hors-série L'Esprit de résistance
"Romain Gary, à qui un journaliste demandait s’il se sentait plus français que russe ou vice versa, avait fait cette réponse : « Ma patrie, c’est la France libre. » Nous devons beaucoup à Romain Gary, aviateur, écrivain sensible, élégant, facétieux et compagnon de la Libération. Nous devons beaucoup à Daniel Cordier."
"De son appartement face à la mer, à Cannes, inlassablement, il continue, à 98 ans, à répéter aux visiteurs qui recueillent ses paroles, comme un hymne au courage et à la liberté, le même discours avec sa voix malicieuse. Il fallait se soulever en juin 1940 et rejoindre Londres, ou trouver n’importe quel moyen pour résister. Oui, Jean Moulin, dont il fut le secrétaire, a accompli une immense tâche en unifiant la Résistance sous la direction du général de Gaulle."
"Cordier est devenu historien pour défendre l’honneur de son « patron », il est compagnon de la Libération. Un des quatre qui restent avec Hubert Germain, Pierre Simonet et Edgard Tupët-Thomé".
"Mais nous devons également beaucoup aux résistants inconnus que leurs familles redécouvrent aujourd’hui, aux étrangers qui se sont battus pour la France et qui ont été bien oubliés dans la distribution des médailles, et aux femmes résistantes aussi. Nous en avons rencontré trois : Marie-José Chombart de Lauwe, jeune résistante bretonne arrêtée et déportée à Ravensbrück ; Michèle Agniel, qui est partie dans le dernier train qui a quitté Paris pour les camps allemands, dix jours avant la Libération ; Madeleine Riffaud, qui devait prendre ce même train, le 15 août 1944, arrêtée et torturée pour avoir exécuté un officier allemand, et qui s’est évadée pour reprendre le combat."
"Les derniers acteurs de la Résistance et de la France libre disparaissent. En cette année du 75e anniversaire du débarquement du 6 juin 1944 et des libérations des villes françaises, en premier lieu celle de Paris, le 25 août, la question de la transmission des valeurs de la Résistance occupe les dirigeants de plusieurs musées de la Résistance qui travaillent à rénover leur muséographie dans de nouveaux locaux."
"Le maillage de la France par les musées consacrés à la Résistance, à l’internement en France, à la déportation en Allemagne et, plus généralement, à la seconde guerre mondiale, est impressionnant, même s’il a mis très longtemps à se constituer. Les querelles entre les différentes mémoires de la Résistance se sont apaisées, les historiens continuent à ferrailler autour des interprétations mais sont d’accord sur l’essentiel : il faut se donner tous les moyens pour transmettre à la jeune génération, élèves du primaire, collégiens et "lycéens, l’histoire et les valeurs de la Résistance. C’est l’objectif de ce nouveau hors-série du Monde".

« 1940 ! PAROLES DE REBELLES »
« Dans le cadre de « l’année de Gaulle » et du 80e anniversaire de l’année 1940, le musée de l’Ordre de la Libération situé aux Invalides a choisi de s’interroger sur le « mystère de l’engagement » en donnant la parole aux pionniers de la Résistance : les Compagnons de la Libération ». Il présente l’exposition « 1940 ! Paroles de rebelles ». Cette exposition est-elle compréhensible par des jeunes biberonnés à l'Union-européenne-a-amené-la-paix, élevés dans une société oublieuse de la Nation, sans amour de la patrie, sans service militaire, sans admiration pour l'Histoire de son pays ?

« Parmi les 1 038 Compagnons de la Libération, 790 se sont engagés dès l’année 1940. Centrée principalement sur leurs témoignages, l’exposition 1940 ! Paroles de rebelles, présentée du 17 septembre 2020 au 3 janvier 2021, démontre comment, pourquoi, à quel moment de leur vie et au nom de quelles valeurs une poignée d’hommes et de femmes décident de prendre tous les risques, dès 1940, pour une France libre ».

« En s’appuyant sur des exemples individuels, le musée de l’Ordre de la Libération met en lumière le processus de l’engagement et analyse l’élément déclencheur de chacun en donnant la parole « directe » aux Compagnons, en illustrant par leurs mots et leurs souvenirs les trois éléments que sont la décision, les motivations et l’action. »

« La progression de certains Compagnons dans ces trois étapes constitue le fil conducteur de l’exposition. »

« Il existe, pour illustrer ce sujet, de très nombreux témoignages écrits, enregistrés et filmés, inédits pour certains. Ces témoignages seront accompagnés de lettres, journaux de guerre ou effets personnels rappelant l’engagement de ces hommes et ces femmes qui, envers et contre tout, ont refusé la défaite. »

« Le musée de l’Ordre de la Libération souhaite révéler au public que malgré tout ce qui pouvait les différencier (sexe, âge, géographie, statut social, éducation, convictions politiques…), ces hommes et ces femmes ont su se retrouver dans un combat commun pour la libération de la France.

Trois grandes sections thématiques et chronologiques ayant pour élément central des vidéos interactives de témoignages, conduisent le visiteur sur les différentes étapes qui ont conduit à l’engagement de ces « désobéissants » de l’année 1940. »

Les commissaires de l’exposition sont Vladimir, conservateur du musée de l’Ordre de la Libération, Lionel Dardenne, assistant du conservateur au musée de l’Ordre de la Libération, et Diane de Vignement, étudiante-chercheuse en Histoire contemporaine.

Dans la première salle, ils ont mis en évidence les mots, en taille variable, résumant les motivations. Certains vocables résumaient la France : liberté, patrie...

« Cesser le combat » ?
« Cesser le combat ou non est tout l’enjeu collectif de la France à l’été 1940. Dans la première partie de l’exposition, le discours du maréchal Pétain le 17 juin et celui du général de Gaulle le 18 sont mis face à face et analysés. »
« Totalement opposés, le public découvre qu’une même expression lie ces discours : « cesser le combat », mais dans une acception bien sûr radicalement contraire. »
« Cette section permettra aussi de rappeler pourquoi l’Appel du 18 juin a été une voie à laquelle se sont ralliés la majorité des pionniers de la Résistance, bien que cet appel n’ait pas eu l’impact immédiat qu’on lui prête aujourd’hui. »
La « passion et la raison »
« Dans le contexte chaotique dans lequel se trouve le pays, cette deuxième partie met en avant les différentes motivations, l’univers mental et les sentiments qui poussent un individu, ou un groupe d’individus, à entrer en Résistance alors que tout semble perdu. Pour certains d’entre eux ce mouvement n’est qu’une suite logique aux discours de juin, tandis que pour la majorité sans doute, il s’agit d’un basculement qu’a priori rien ne laissait présager, une rupture qu’ils n’avaient pas prévue. »
« Le moteur du choix est parfois la passion. Cette section élucide donc les motivations et raisons profondes de cet engagement. Que ce soit pour, contre ou par quelque chose, c’est le ressort personnel de chacun qui sera au centre de cette section. »
« Un nuage de mots présenté sur support graphique évoque la variété de ces motivations, causes, sentiments qui ont animé les Compagnons. D’ailleurs, un mot qui pourrait sembler évident au public n’y apparaît qu’en tout petit… »
« Entrer dans l’aventure »
« Rejoindre la France libre en exil ou résister de l’intérieur ? »
« Cette troisième section présente la Résistance depuis trois points de vue géographiques : depuis la métropole, depuis l’Empire et depuis Londres. »
« Ces trois espaces révèlent des formes de Résistance différentes dans des temps différents : partir pour retrouver un territoire (le Royaume-Uni) depuis lequel on pourra se battre ou entrer dans une autre forme de lutte en restant en France. Dans l’Empire colonial, la situation est différente. Lorsqu’après une courte période de « flottement » les chefs des colonies françaises se rangent derrière le maréchal Pétain, les rebelles rejoignent alors des terres tenues par les Britanniques. Mais un autre cas de figure se présente également : un territoire colonial qui bascule collectivement dans la reprise de la guerre : il n’est alors plus nécessaire de partir pour agir.
Peu importe le point de départ de la Résistance, cette section illustre avec des exemples concrets ces ralliements de la première heure et démontre comment ces pionniers de la Résistance se sont donné les moyens d’agir. »
« Enfin, une dernière vidéo amène le public vers le monde contemporain à travers les réactions filmées de différents visiteurs du musée interrogés sur ce que représente aujourd’hui pour eux l’engagement des Compagnons de la Libération. »
LE DEUXIÈME ORDRE NATIONAL
« L’Ordre de la Libération a été créé par le général de Gaulle en 1940 afin de « récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’oeuvre de libération de la France et de son Empire ». La croix de la Libération a été décernée à 1 038 personnes physiques, 18 unités militaires et 5 communes (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’Ile de Sein). Le 9 février 1943, le général de Gaulle créée la médaille de la Résistance française pour récompenser plus largement les titres résistants et marquer la spécificité de ce combat inédit. Il en confie le travail de chancellerie à l’Ordre de la Libération. C’est en 1967 que le grand maître décide d’installer l’Ordre de la Libération dans le pavillon Robert de Cotte de l’Hôtel national des Invalides. Ce qui contribue à implanter en ces lieux, symbole de la gloire militaire nationale, ce géant du XXe siècle, dans le sillage de ses prédécesseurs, Louis XIV et Napoléon Bonaparte. Ce troisième géant des lieux s’inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs Louis XIV et Napoléon Bonaparte. En 1970, le musée de l’Ordre de la Libération voit le jour dans ce cadre prestigieux. Ce dernier met en lumière le rôle joué par les Compagnons de la Libération dans la France libre et dans la Résistance de 1940 à 1945. »
LE MUSÉE DE L’ORDRE DE LA LIBÉRATION
« Entre 2012 et 2015, le musée a fait l’objet d’une entière rénovation afin d’offrir aux visiteurs toujours plus nombreux une scénographie renouvelée. Les 2 000 objets et documents qui composent les 1 200 m2 des collections du musée ont essentiellement été donnés par les Compagnons de la Libération eux-mêmes ou par leur famille. Ils témoignent de l’engagement et des épreuves traversées, et sont présentés en trois parties : la France libre, la Résistance intérieure et la Déportation. De multiples actions pédagogiques sont développées afin de transmettre aux jeunes générations les valeurs de la Résistance comme un livret-jeu, des visites thématiques et des ateliers adaptés aux programmes scolaires ou encore le tout nouveau serious game sur tablettes. Pour les familles, le musée organise des visites théâtralisées qui mettent en scène les parcours des Compagnons au sein même des collections. Enfin, une soirée culturelle par mois est ouverte à tous. »


Du 17 septembre 2020 au 28 février 2021
Hôtel national des Invalides
Place Vauban
75007 Paris
Tél. : 01 47 05 35 15
Visuels :
René Mouchotte et Charles Guérin, photographiés par Henry Lafont, après leur départ d’Oran (Algérie) le 30 juin 1940 dans la cabine de pilotage du Caudron Goéland n° 192, avant leur arrivée à Gibraltar. © Photo famille Quentin-Mouchotte, coll. Many Souffan

Jusqu’au 4 juillet 2010
Sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris (75004)
Ouverture tous les jours de 10 h à 20 h
Entrée libre
Visuels de haut en bas :
Affiche. (© DR)

1943, en Grande-Bretagne, au groupe de bombardement Lorraine. Romain Gary et son pilote, Arnaud Langer, dont il a enfilé le blouson. (© Musée de l’Ordre de la Libération)

Août 1945, à Nancy. Le Capitaine Romain Gary vient de recevoir la Croix de la Libération. (© DR)

Sur le décret d’attribution de la Croix de la Libération, les deux noms de Romain Gary et d’Arnaud Langer, son pilote, sont réunis comme dans le danger. (© Service Historique de la Défense)

Le général de Gaulle portant la Croix de la Libération, le 14 juillet 1941, à Brazzaville. En retrait, le général de Larminat. (© Musée de l’Ordre de la Libération)

La croix de l’Ordre de la Libération (© Musée de l’Ordre de la Libération)

René Cassin blessé à Chauvoncourt dans la Meuse le 12 octobre 1914. © Archives nationales (France)
Cet article a été publié le 24 juin 2010, puis le :
- 8 mai 2013 pour le 68e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945, 
- 26 mai 2013 alors que France 3 diffusait Alias Caracalla, au coeur de la résistance, d'Alain Tasma.
Il a été modifié le 14 janvier 2011 ;
- 19 juin 2014, 7 octobre 2016, 29 mars 2018, 31 mai 2019.
Les citations sont extraites du dossier de presse et du site de l'Ordre de la Libération

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