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mardi 11 août 2020

« Une terre deux fois promise : Israël – Palestine » par Blanche Finger et William Karel


Arte rediffusera le 11 août 2020 « Une terre deux fois promise : Israël – Palestine » (Mein gelobtes Land), série documentaire partiale, pro-palestinien, en deux parties réalisée par Blanche Finger et William Karel. « À travers un riche fonds d’archives et les regards croisés d’historiens israéliens et palestiniens, Blanche Finger et William Karel remontent aux racines d’un conflit inextricable ».

« Cent ans de guerre au Moyen-Orient. L'accord secret Sykes-Picot et ses fatales conséquences  » par Alexander Stenzel
« Une terre deux fois promise : Israël – Palestine » par Blanche Finger et William Karel
« La fin des Ottomans », par Mathilde Damoisel
L'avenir de Jérusalem


Le titre de cette série documentaire de Blanche Finger et William Karel, auteurs de « Jusqu’au dernier. La destruction des Juifs d’Europe », s’avère trompeur et procède à un amalgame. Eretz Israël est la Terre promise par Dieu à son peuple. Cette Terre n’a été promise à aucun autre peuple, ni par Dieu ni par une organisation internationale. De plus, Israël a existé en tant qu’Etat indépendant, souverain dès l’Antiquité. Or, aucun Etat indépendant dénommé « Palestine » n’a jamais existé, ni au Proche-Orient, ni ailleurs. Par ailleurs, le peuple juif est demeuré au fil des siècles, depuis des millénaires, alors qu’aucun « peuple palestinien » distinct de lui n’a jamais vécu. Enfin, quid de la Jordanie dont la majorité des habitants sont des « Palestiniens ».

Des auteurs partiaux

« Soixante-dix ans après la création de l’État hébreu, Blanche Finger et William Karel retracent la genèse de cette « guerre sans fin », qui cristallise toujours les tensions au Proche-Orient » et est induite par le refus par l’islam d’un Etat juif édifié par d’anciens dhimmis.

Les « témoignages à la fois personnels et clairvoyants d’universitaires israéliens et palestiniens - Elie Barnavi, Gideon Levy, Sari Nusseibeh, Elias Sanbar -, qui ont vécu les événements de l’intérieur, se mêlent à de riches images d’archives – dont celles, poignantes, de l’exode des réfugiés – remastérisées pour éclairer cette page cruciale de l’histoire contemporaine. Un documentaire limpide et mesuré, qui bannit la polémique au profit de la compréhension ». Non, une série partiale comme ses auteurs et Arte. Avec les mêmes « historiens-témoins » du « camp de la paix ». Pourquoi n'avoir pas interviewé Raphaël Israéli ou Mordechaï Kedar ?


Le 9 avril 2018, sur Judaïques FM, dans le cadre de Mass’Media, Léa et Christophe Dard ont interviewé les réalisateurs binationaux, qui ont vécu dix ans en Israël, dans un kibboutz. William Karel a effectué un service de trois mois dans l’armée israélienne.

Blanche Finger a déploré : « Les générations n’ont connu que les territoires occupés ». Doit-on rappeler le retrait israélien de la bande de Gaza en 2005 ?



Quant à William Karel, il a tenu lui aussi un discours partial, parfois teinté de violence et de mépris : « On voulait des historiens et des témoins directs. Les bornes chronologie ont été fixées par Arte. Un Palestinien a dit « En 1947, ils ont fait une erreur monstrueuse. On a fait erreur sur erreur… La Shoah est le cœur du film qui est construit sur le fil de la Shoah. Tout est à l’ombre de la Shoah dans ce film... Ce qui va découler des mesures, des erreurs d’Israël à cause de la peur de disparaître, y compris des guerres jusqu’à aujourd’hui, et le gouvernement joue beaucoup là-dessus. On montre les erreurs des pays Arabes : lors de la guerre de 1967, une chanson disait « Egorge », Ahmed Choukairy disait « On va jeter les Juifs à la mer », comme les Iraniens. C’est un discours excessif… Du côté palestinien, c’est bloqué, ils sont depuis 50 ans enfermés. Ceux qui ont 50 ans, n’ont pas connu un jour sans occupation depuis 1967 [Nda : Israël a quitté la bande de Gaza en 2005, et le Hamas a poursuivi ses attaques contre les Israéliens]. Herzl a laissé un mot avant de mourir : « Je compte sur vous pour ne pas laisser les militaires prendre le pouvoir et laisser les rabbins dans leurs églises, dans leur synagogues et ne se mêlent pas de politique ».


Et d'ajouter : "La droite est au pouvoir, c’est un échec aujourd’hui... L’actuel Premier ministre [Benjamin Netanyahu], qui finira peut-être en prison dans quelques jours, est entouré par des gens comme Bennett, surtout les ministres de la Défense, de la Culture… C’est une calamité pour moi ce qui se passe aujourd’hui, c’est pourquoi le film reste pessimiste… Les gens [israéliens] sont magnifiques, mais ils ont la malchance d’être dirigés... Cela me déprime [de savoir] que 20% [des Israéliens] vivent sous le seuil de pauvreté et que des gamins de 20 ans font des startups et roulent sur l’or. [Il y avait l’]idée d’un pays où tous étaient égaux… Cela a commencé à se dégrader avec les juifs sépharades. Les juifs yéménites manifestent à Tel Aviv car on leur a pris leurs enfants, quelques centaines. Si on est en Israël, des gens disent « On lave le linge en famille, mais la situation est pourrie avec la situation en Seine-Saint-Denis, en banlieue avec ces juifs assassinés. On a peur de donner des arguments…. C’est très dangereux ».


Ce film a été présenté au Festival du cinéma israélien 2018 et la projection suivie d’un débat avec les réalisateurs. « Il a été sifflé par la salle entière, par des juifs français majoritairement proches de Netanyahu, qui n’aiment pas beaucoup que les Palestiniens ont des droits. A Nîmes, dans un festival documentaire, les gens ont trouvé [le film] honnête, équilibré. Il n’y a qu’à Paris... », a indiqué William Karel sur Judaïques FM, radio de la fréquence juive francilienne.

Il a annoncé que la diffusion du film sur Arte Allemagne serait suivie d’un débat. Pourquoi pas aussi en France ?



"Nous avons choisi d'arrêter l’histoire à cette date car elle marque le basculement du pays dans une politique de colonisation des territoires palestiniens qui allait ruiner toute perspective de paix", a dit William Karel à Arte. Et d'ajouter : "Nous avons visionné plus de deux cents heures d'archives ; celles de l'Ina, de Gaumont, des sources britanniques, mais surtout celles de la Fondation Spielberg, à Jérusalem, qui a réalisé un travail considérable. Du début du siècle à la création de l'État d'Israël, tout a été filmé, et très bien : en 35 mm, avec des caméras sur pied. Pour convaincre les donateurs d'aider ce pays en construction, il fallait raconter au monde entier ce qui s'y accomplissait. Malheureusement, la majorité des archives palestiniennes ont disparu lors de leur transfert à Beyrouth". Pourtant, la délégation palestinienne à l'ONU dispose d'archives qu'elle refuse de divulguer.

Et Blanche Finger a résumé pour Arte : "L’historienne israélienne Dina Porat, par exemple, se souvient avec émerveillement de son arrivée en Israël, en bateau, alors qu'elle était enfant, et du sentiment de "nouveau départ" qui régnait. D'autres se rappellent les trois semaines d'attente qui ont précédé le déclenchement de la guerre des Six-Jours, et leur terreur quand la radio égyptienne clamait que les Israéliens seraient "égorgés jusqu'au dernier". L'universitaire palestinien Sari Nusseibeh raconte, lui, le sentiment étrange qu’il a éprouvé lorsqu’à l’été 1967, il est retourné dans sa maison, située exactement sur la ligne de séparation entre Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est, désormais occupé par les Israéliens... Mais le cœur du premier film, c’est la tragédie des survivants de la Shoah, parqués dans des camps de réfugiés en Europe, et violemment refoulés par les Anglais à l’approche de la Palestine. Et en face, la souffrance des populations arabes locales, expulsées de leurs terres dans des conditions dramatiques, et sans espoir de retour. Comme le dit l'écrivain Amos Oz : "Nous pensions que nous donnerions au monde entier l’exemple de ce qu’il fallait faire avec notre minorité, les Arabes. Nous qui avions toujours été une minorité opprimée, nous partagerions tout… C’était un beau rêve." Élie Barnavi résume très bien toute cette histoire : "Une longue guerre sans fin, avec des pauses, et qui n’est pas près de se terminer". Quid exil contraint des Juifs des pays Arabes, d'Iran, de Turquie, etc. ?

De 1896 à 1948

Ce « premier volet couvre la période qui va de 1896 (Theodor Herzl publie « L'État des juifs ») à 1948 (Ben Gourion proclame la création de l'État d'Israël) ».

En 1896, Theodor Herzl, journaliste austro-hongrois » juif « inquiet de la montée de l’antisémitisme en Europe, publie L’État des juifs, dans lequel il prône la fondation d’un foyer national juif ».


« La Palestine » - Eretz Israël » -, « destination définitivement élue par le mouvement sioniste en 1905, voit débarquer les premières vagues d’immigrants. Ils fondent les premiers kibboutzim, y cultivent les terres achetées aux Arabes ». Donc, les sionistes n’ont pas volé la terre aux Arabes.



« Initialement paisibles, les relations entre les deux communautés se tendent lorsque les Palestiniens réalisent que leur territoire est en train de leur échapper ». La terminologie biaisée exclut les Juifs indigènes des « Palestiniens » et allègue à tort que les Arabes locaux seraient tous « palestiniens », et de longue date – le développement économique induit principalement par les Juifs sionistes et les puissances occidentales dont l’Empire allemand a attiré des musulmans d’Afrique, d’Asie -, et qu’ils auraient été propriétaires des terre, alors que nombre de propriétaires étaient libanais ou l’Empire ottoman.


« Après la Première Guerre mondiale et le démantèlement de l’Empire ottoman, la Palestine passe sous mandat britannique » afin de mettre en vigueur divers textes, dont la Déclaration Balfour et les décisions issues de la conférence de San Remo.

« D’abord encouragée, l’immigration juive est drastiquement freinée après la grande révolte arabe de 1936. Les Britanniques, qui redoutent le ralliement des pays arabes aux puissances de l’Axe, entendent ainsi apaiser la colère des Palestiniens, menés par Amin al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem et président du Haut Comité arabe, aux sympathies pronazies ». Les mêmes « Palestiniens » qui manifestaient jusqu’en 1920, année du début du mandat de la France sur la Syrie, pour le rattachement de la "Palestine" à la Syrie. Ainsi, dans la photographie ci-contre, les Arabes de la Palestine mandataire défilent à Jérusalem en mars 1920 contre l'immigration juive et pour le "pansyrianisme" : la "Palestine" est alors présentée tactiquement comme une province méridionale de la Syrie. Et ce, afin de lutter contre le sionisme.

Ce grand mufti éprouvait plus que de la sympathie envers les Nazis : il était un zélé collaborateur, notamment dans la propagande nazie en direction du monde Arabe et dans la Shoah. Il projetait d'assassiner notamment les Juifs vivant dans la Palestine mandataire. « Nous avons payé longtemps le prix de cette alliance », a allégué Elias Sanbar. C'est faux. Cette alliance est occultée ou minorée par de nombreux historiens et politiciens. Et les dirigeants palestiniens, dont Mahmoud Abbas (Abou Mazen), l'admirent.

« À la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que des milliers de rescapés de l'Holocauste cherchent un refuge, les autorités britanniques, campées sur leurs positions, les refoulent, favorisant ainsi la radicalisation des organisations sionistes ». Quelle radicalisation ? Ces rescapés survivaient dans des camps, avaient parfois été victimes de pogroms à leur retour chez eux, etc.


« Paradoxalement, l’attentat du King David, le quartier général britannique, joue en faveur de ces dernières : le Royaume-Uni s’engage sur la voie du retrait et l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine en deux États en avril 1947. L'Agence juive accepte, les Arabes de Palestine refusent ». Tous les Etats Arabes, et plus généralement musulmans, refusent. « Les Palestiniens ne comprenaient pas pourquoi ils céderaient une partie de leurs terres natales », tempère Elias Sanbar. Ont-ils changé d'avis ?

« Dans un contexte de violences extrêmes, Ben Gourion proclame la création de l'État d'Israël le 14 mai 1948 ». La re-fondation. « Aujourd’hui le peuple danse, demain le sang va couler », confiait alors Ben Gourion à Shimon Peres.

« Le lendemain, les pays arabes voisins envahissent l’ancienne Palestine mandataire ».



« Victorieux de ce premier conflit, l’État hébreu s’empare de 26 % de territoires supplémentaires, tandis que 750 000 Arabes palestiniens sont contraints à l’exode ». Non. 

« Et c’est le début d’un aveuglement politique de plus en plus profond », allègue l’historien israélien Élie Barnavi.


Selon les calculs de l'historien Efraim Karsh, lors de la guerre d’Indépendance de l’Etat d’Israël, 583 000-609 000 Arabes palestiniens ont fui leurs foyersgénéralement de plein gré et en raison des actions menées par les dirigeants arabes, donc des exilés pour la plupart volontaires. Un nombre de "réfugiés" à comparer avec l’exode, généralement forcé et tragique, d’environ un million de Juifs des pays arabes, d’Iran, de Turquie, de la partie de Jérusalem conquise par la Jordanie, etc. Insister sur le fait que les Arabes de Palestine auraient été "dépossédés" de leur "pays" implique que les Juifs sionistes auraient volé leurs terres. Un thème de la propagande anti-israélienne, et qui reprend un poncif antisémite, celui du Juif voleur.


"Selon les chiffres gonflés du mandat britannique, avant la guerre de 1948-1949, il y avait 800 000 Arabes dans "l'Etat d'Israël d'avant 1967". A la fin de la guerre, 170 000 Arabes sont restés. Sur les 630 000 Arabes qui sont partis, 100 000 ont été absorbés par l'action israélienne de réunification familiale : 100 000 Arabes de la bourgeoisie moyenne et supérieure partis avant la guerre sont allés dans les pays Arabes voisins, 50 000 travailleurs migrants sont retournés dans leurs pays arabes d'origine, 50 000 Bédouins ont rejoint leurs tribus frères en Jordanie et au Sinaï, d'où avaient émigré leurs ancêtres aux XVIIIe et XIXe siècles, et 10 000 ont été des victimes de guerres à comparer aux 6 000 victimes juives. Aussi, le nombre total de réfugiés Arabes palestiniens - résultant d'une guerre lancée par les Arabes - ne pouvaient pas excéder 320 000, dans le contexte de plus de 100 millions de réfugiés globaux. Selon Elfan Rees, Conseiller sur les questions relatives aux réfugiés des World Council of Churches, lors des années 1950 il y avait 36 millions de réfugiés en Europe, Afrique et Asie. Moins de un pourcent était Arabe. Tous, sauf les Arabes, ont été intégrés dans leurs nouvelles sociétés. En plus, il y avait 90 millions de réfugiés chinois durant la guerre contre le Japon (1937-1945), 15 millions d'Hindous, de Sikhs et de réfugiés musulmans lors de la création en 1947 de l'Inde et du Pakistan, 12 millions de réfugiés allemands de Pologne et Tchécoslovaquie après la Deuxième Guerre mondiale, neuf millions de réfugiés coréens durant la guerre de 1950-1953", a rappelé Yoram Ettinger.

Et d'ajouter : "L'ONU a mis en exergue l'histoire de 320 000 réfugiés arabes palestiniens de 1948/49 - leur donnant une spécificité à perpétuité à la différence des autres réfugiés - comme un moyen de délégitimer l'Etat d'Israël. Mais l'ONU a ignoré les 300 000 réfugiés palestiniens du Koweït, les 200 000 réfugiés palestiniens de Syrie et les 50 000 réfugiés palestiniens d'Iraq. En 1948, s'attendant à un assaut arabe contre l'Etat juif rétabli, Alan Cunningham, Haut Commissaire britannique, a exhorté les minorités juives et arabes à évacuer les villes mixtes. Les Arabes ont observé cette exhortation - beaucoup d'entre eux sont revenus dans leurs pays originaires – mais les Juifs sont restés. The London Economist a écrit le 2 octobre 1948 : “Le facteur le plus puissant [déclenchant la fuite arabe] a été l'Exécutif supérieur arabe, exhortant les Arabes à fuir… et que les Arabes qui restaient à Haïfa et acceptaient la protection juive seraient regardés comme des renégats”. Cela a été réaffirmé par le Premier ministre syrien Khaled al-Azam, qui a admis dans ses Mémoires en 1973 : “Nous avons amené la destruction sur les réfugiés [de 1948], en leur enjoignant de quitter leurs maisons. Le but de la promotion du mythe des réfugiés arabes palestiniens - qui ne résiste pas au test de la réalité - a été révélé par le ministre égyptien des Affaires étrangères Muhammad Salah al-Din Bey (quotidien égyptien Al Misri, 11 octobre 1949) : “En exigeant le retour des réfugiés palestiniens, le but est d'exterminer l'Etat juif”.


En 2016, le journaliste Richard Mather a listé les statistiques fournies par des sources officielles - palestiniennes, onusiennes, etc. -, et a évalué le nombre d'Arabes ayant fui à environ 270 000.


La fuite de ces Arabes de la "Palestine mandataire" en 1948 est à tort appelée "nakba". Un vocable utilisé par la propagande anti-israélienne pour désigner la "catastrophe" constituée par l'échec de cette alliance antisémite à n'avoir pu détruire l'Etat Juif renaissant ni assassiner toute sa population. Un moyen d'occulter l'exil d'environ un million de Juifs des pays Arabes, de Turquie, d'Iran, d'une partie de Jérusalem, etc. L'origine de ce mot "nakba" ? Selon une légende, ce mot aurait figuré dans la bannière brandie par les Palestiniens fuyant, généralement à l'appel de leurs dirigeants, alors leur domicile et montrerait la profondeur du nationalisme palestinien. Quelles sont la véritable origine et la vraie signification du terme "nakba" ? Celui-ci a été inventé non en 1948, mais en 1920 car les "Arabes vivant dans la future Palestine mandataire se voyaient comme syriens et enrageaient d'être séparés de leur foyer syrien". "La source qui fait autorité n'est autre que George Antonius, supposé être le premier historien officiel du nationalisme palestinien. Comme beaucoup de Palestiniens, il n'était pas vraiment palestinien. C'était un Libano-égyptien chrétien qui a vécu un certain temps à Jérusalem, où il a écrit son plaidoyer/histoire officiel(le) du nationalisme Arabe : "The Arab Awakening(Le Réveil Arabe, Nda). Publié en 1938, ce livre très biaisé a été pendant des années le texte officiel utilisé dans les universités britanniques", indique Steven Plaut, professeur à l'université de Haïfa.

Et cet universitaire de poursuivre : "Antonius était un "représentant officiel palestinien" en Grande Bretagne, tentant de plaider la cause en faveur de la création d'un Etat arabe à la place d'un éventuel foyer promis aux Juifs par la Déclaration Balfour en 1917... Il était étroitement lié au Grand Mufti, principal allié d'Hitler, et aussi avec le régime" pro-nazi "en Iraq au début des années 1940. " 

Steven Plaut explique : "Avant la Première Guerre mondiale, tout le Levant dont l'Etat d'Israël actuel, les "territoires occupés", la Jordanie, le Liban et la Syrie étaient des colonies de l'Empire ottoman. Quand les forces alliées ont chassé les Turcs du Levant, les deux principales puissances, la Grande-Bretagne et la France, se sont partagées les dépouilles de cet Empire. La Grande-Bretagne a eu la Palestine, y compris l'actuelle Jordanie, et la France a eu le Liban et la Syrie. Le problème est que les Arabes palestiniens se voyaient comme syriens, et étaient vus comme tels par les autres Syriens. Les Arabes palestiniens enrageaient devant cette frontière artificielle érigée dans leur foyer syrien par les puissances coloniales infidèles, divisant les Arabes syriens du nord de ceux du sud, ces derniers étant ceux qui ensuite ont été nommés à tort Palestiniens. La plus grande partie des Arabes palestiniens avaient en fait migré en Palestine à partir de la Syrie et du Liban au cours des deux générations précédentes, largement pour bénéficier de conditions améliorées et d'opportunités d'emplois offertes par l'immigration et l'argent sionistes affluant dans cette région. En 1920, ces Arabes syriens, ceux en Syrie et ceux en Palestine, ont manifesté avec violence et dans des émeutes causant des morts. A la page 312 de "The Arab Awakening", Antonius écrit "L'année 1920 a un nom mauvais dans les annales arabes : elle est désignée comme l'Année de la Catastrophe (Am al-Nakba). Elle a vu les premières insurrections armées qui ont surgi en protestation contre l'accord d'après-guerre imposé par les Alliés aux pays Arabes. Cette année-là, de sérieux soulèvements ont eu lieu en Syrie, Palestine et Iraq". Ce mot "nakba" date donc de 1920, et non de 1948. En 1920, il n'y avait pas d'Etat sioniste, pas de souveraineté Juive, ni de localités dans des "territoires occupés", pas de Forces de défense israéliennes, pas de missiles israéliens... La "nakba" n'a dont rien à voir avec les Juifs, ni avec les exigences des Arabes palestiniens à l'auto-détermination, l'indépendance et à un Etat. Au contraire, la "nakba" a tout à voir avec le fait que les Arabes palestiniens se voyaient comme syriens... En 1920, la suggestion même que des Arabes palestiniens constituaient une nationalité ethnique distincte suffisait pour envoyer ces mêmes Arabes dans les rues afin de tuer et piller violemment en signe d'outrage. S'ils insistaient eux-mêmes qu'ils étaient simplement des Syriens qui avaient immigré en Terre d'Israël, par quelle logique ces Arabes palestiniens sont-ils considérés aujourd’hui comme ayant droit à leur propre Etat ?"


De 1948 à 1967
Ce « second volet couvre la période qui va de la création de l'État d'Israël en 1948 à la guerre des Six-Jours en 1967 ». « Vingt années qui ont posé les bases de l’État d’Israël contemporain. Vingt années décisives pour les communautés juives et arabes de Palestine, mais aussi pour l’ensemble du Moyen-Orient. Vingt années essentielles pour comprendre la genèse d’un conflit toujours au centre de l’actualité ». Non, pour comprendre ce conflit, il faut rappeler la dhimmitude.

Les « portes désormais grandes ouvertes, Israël double rapidement sa population, les juifs en provenance d’Europe se mêlant aux juifs séfarades chassés des pays arabes ». 

« Aux difficultés d’intégration des seconds s’ajoute une situation économique alarmante qui contraint Ben Gourion à limiter progressivement l’immigration ». 

« En 1956, le Premier ministre subit un cuisant revers : sous la pression internationale, Israël et ses alliés français et britannique doivent se retirer du Sinaï égyptien, envahi en réaction à la nationalisation du canal de Suez par Nasser ». 

« Pendant que les Israéliens affrontent leur passé traumatique au procès Eichmann, les pays arabes s’unissent autour de la question palestinienne » tout en refusant un « Etat palestinien » et en entretenant ce problème des réfugiés, notamment par l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).

« La vague d’attentats commis par les fedayin de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine, fondée en 1964) et la grave récession économique de 1965 poussent de nombreux Israéliens à quitter le pays ». 

« En juin 1967, après des mois d’escalade verbale et d’esbroufe militaire, l’État hébreu, qui instrumentalise un prétendu risque d’extermination, détruit l’aviation égyptienne et, profitant de la faiblesse de ses adversaires, annexe le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, la partie arabe de Jérusalem et le plateau syrien du Golan ». C’est FAUX. La guerre des Six-Jours était une guerre défensive après la violation du droit international par Nasser. La bande de Gaza, la Judée et la Samarie n’ont pas été annexées par Israël. Par contre, la Judée et la Samarie ont été annexées en 1949 par la Transjordanie – seuls trois pays ont reconnu cette annexion. Jérusalem libérée a été unifiée et proclamée capitale indivisible, unie, éternelle de l’Etat d’Israël.

« À l’issue de la guerre des Six-Jours, un million d’Arabes passent sous administration israélienne et une nouvelle vague de réfugiés vient grossir celle de 1948 ». C’est oublier qu’un grand nombre d’Arabes sont restés en 1967.

Les « territoires occupés » - des territoires disputés selon la terminologie du droit international -« qui devaient servir de monnaie d’échange aux négociations d’une paix rejetée en bloc par l’OLP, voient alors se construire les premières colonies ». Il ne s’agit pas d’un conflit territorial solvable par la renonciation israélienne de territoires. Le terme « colonie » dénote une extranéité, alors qu’il s’agit de villes dans des régions bibliques. 

C’est n'avoir rien compris aux trois « Non » des Etats arabes lors d’un sommet à Khartoum au Soudan (29 août-3 septembre 1967) : « non » à la paix avec Israël, « non » à la reconnaissance d'Israël, « non » à toute négociation avec Israël.

Le documentaire s'achève sur la période actuelle par des discours fustigeant la colonisation, les attentats-suicides qui ont tué "le camp de la paix" (Elie Barnavi). Et en éludant les deux Intifada, la corruption des dirigeants palestiniens, le chaos du monde arabe qui a toujours refusé d'accorder tous les droits et un Etat palestinien, etc.


Lors d'une soirée parrainée par L'Obs et Libération, la chaîne franco-allemande a diffusé une série documentaire émaillée de fautes historiques, délégitimant l'Etat juif et le diabolisant. La propagande anti-israélienne payée par de l'argent public.


La paix hors d’atteinte 
(Propos recueillis par Maria Angelo,
Arte Magazine, n° 17, 21-27 avril 2018)

« Soixante-dix ans après la création de l’État hébreu, le 14 mai 1948, Blanche Finger et William Karel remontent aux sources du conflit israélo-palestinien dans un documentaire historique limpide, et signent aussi un portrait du pays à travers le regard de ses principaux écrivains. Entretien. 

Il y a vingt ans, William Karel, vous avez réalisé un film en trois volets sur l’histoire d’Israël. En quoi ce nouveau documentaire historique est-il différent ?

William Karel : Le film de 1997 couvrait cinquante ans d’histoire, de 1947 à l’année de sa réalisation. Ce nouveau documentaire en deux parties, Une terre deux fois promise – Israël-Palestine, commémore les 70 ans de la création de l’État hébreu, mais aussi les 50 ans de la guerre des Six-Jours de 1967. Nous avons choisi d’arrêter l’histoire à cette date car elle marque le basculement du pays dans une politique de colonisation des territoires palestiniens qui allait ruiner toute perspective de paix. Le deuxième film, Histoires d’Israël, est la suite logique du premier, un état des lieux de la société israélienne d’aujourd’hui par dix écrivains israéliens cherchant à surmonter le fait de vivre une situation qu’ils dénoncent et qu’ils se sentent impuissants à faire évoluer. Dans ce film aussi, le ton se révèle très pessimiste. C’est malheureusement l’impression qui ressort de l’ensemble : qu’ils soient historiens ou romanciers, palestiniens ou israéliens, la paix semble hors d’atteinte à tous, car les dirigeants actuels semblent ne plus en vouloir, ni d’un côté ni de l’autre.
Comment avez-vous choisi vos interlocuteurs ?
 Blanche Finger : Ils présentent la particularité d’avoir vécu personnellement cette histoire, d’en être à la fois les témoins et les historiens. La plupart d’entre eux, israéliens et palestiniens, étaient des enfants en 1948, au moment de la création de l’État d’Israël et de l’exil des Palestiniens. L’historienne israélienne Dina Porat, par exemple, se souvient avec émerveillement de son arrivée en Israël, en bateau, alors qu’elle était enfant, et du sentiment de “nouveau départ” qui régnait. D’autres se rappellent les trois semaines d’attente qui ont précédé le déclenchement de la guerre des Six-Jours, et leur terreur quand la radio égyptienne clamait que les Israéliens seraient “égorgés jusqu’au dernier”. L’universitaire palestinien Sari Nusseibeh raconte, lui, le sentiment étrange qu’il a éprouvé lorsqu’à l’été 1967, il est retourné dans sa maison, située exactement sur la ligne de séparation entre Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est, désormais occupé par les Israéliens.
 Dans leur lecture des événements, on ne perçoit pas de réelle discorde entre ces experts israéliens et palestiniens… 
B. F. : Non, c’est vrai. Israéliens et Palestiniens pointent surtout leurs propres erreurs, les occasions manquées, les illusions perdues. Mais le cœur du premier film, c’est la tragédie des survivants de la Shoah, parqués dans des camps de réfugiés en Europe, et violemment refoulés par les Anglais à l’approche de la Palestine. Et en face, la souffrance des populations arabes locales, expulsées de leurs terres dans des conditions dramatiques, et sans espoir de retour. Comme le dit l’écrivain Amos Oz : “Nous pensions que nous donnerions au monde entier l’exemple de ce qu’il fallait faire avec notre minorité, les Arabes. Nous qui avions toujours été une minorité opprimée, nous partagerions tout… C’était un beau rêve.” Élie Barnavi résume très bien toute cette histoire : “Une longue guerre sans fin, avec des pauses, et qui n’est pas près de se terminer.”
Projetez-vous de réaliser d’autres films sur Israël ? 
W. K. : Non seulement sur Israël, mais aussi sur l’histoire du peuple juif, et sur la Shoah. Ce n’est pas que nous nous sentons concernés, c’est même que nous sommes envahis par cette question. Vous connaissez sans doute la plaisanterie sur cet écrivain juif rescapé d’un naufrage, qui échoue sur une île déserte peuplée d’éléphants de mer, et qui entreprend dès le lendemain l’écriture d’un livre sur… les éléphants de mer et la question juive ! »



« Une terre deux fois promise : Israël – Palestine » par Blanche Finger et William Karel
France, Roche Productions, Zed, Arte, 2017, 2 x 52 minutes
Sur Arte
1ère partie : les 24 avril 2018 à 20 h 50, 11 août 2020 à 20 h 50
2e partie : les 24 avril 2018 à 21 h 45, 11 août 2020 à 21 h 45
Sur Toute l'Histoire les 4 octobre 2019 à 20 h 40 (1ère partie), 6 octobre 2019 à 12 h 27 (1ère partie), 7 octobre 2019 à 9 h 54 (1ère partie), 9 octobre 2019 à 22 h 53 (1ère partie), 11 octobre à 6 h 59 (1ère partie)

Visuels :
Nations Unies 1947 © UNRWA

Août 1929, peuple de religion juive fuyant la vieille cité de Jerusalem
Famille paysanne de Ramallah
© Library of congress

1967, Nasser dans un train traversant la foule
© DR

Déclaration d'indépendance
1947, le bateau Exodus
© Roche Productions

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Les citations sur le documentaire sont d'Arte. Cet article a été publié le 22 avril 2018, puis le 1er octobre 2019.

5 commentaires:

  1. Comme c'est deprimant qu' Arte diffuse encore une version desequilibree de l'histoire. Bravo Veronique pour la critique tres approfondie de cette emission.

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  2. Bonjour,
    Je m'intéresse à Oum Kalthoum. Il semblerait que dans ce reportage, on entende 18 secondes de la chanson :"égorge" dont il est question dans votre article. Savez-vous si c'est elle qui la chante ?
    Si non, comment faire la part des choses ?
    Merci d'avance de votre réponse.

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    1. Bonjour,
      Je ne me souviens pas avec précision de ce documentaire.
      C'est bien Oum Kalthoum qui a chanté "Egorge" : https://www.liberation.fr/tribune/2001/09/27/a-propos-d-oum-kalsoum_378510
      http://www.veroniquechemla.info/2017/06/oum-kalthoum-la-voix-du-caire-par.html
      Cordialement,

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  3. Merci de votre réponse rapide. Cependant, je reste avec mes interrogations.
    Comment faire la part des choses à propos de la polémique sur le sujet (que reprend d'ailleurs l'article de Libé que vous m'avez indiqué) ?
    Seulement quelqu'un qui aurait entendu ces 18 secondes en disant "c'est elle" ou "ça n'est pas elle" pourrait répondre, non ?
    Cordialement,JBG

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    1. Bonjour,
      Il n'est pas le seul.
      Oum Kalthoum a chanté plusieurs chansons haineuses envers les juifs. J'ai inséré des liens concernant l'une de ces chansons moins connue qu'"Egorge les Juifs".
      Concernant cette chanson de 1967, voici la lettre d'André Chouraqui (Lettre à un Ami arabe – Prix Sévigné, 5ème édition, Mame, 1969), témoin indubitable qui en cite les paroles : https://andrechouraqui.com/lettre-a-un-ami-arabe-2/
      https://andrechouraqui.com/lecrivain/anthologie-de-textes/lettre-a-un-ami-arabe/
      Nul n'a à l'époque de la publication du livre, ou depuis, nié ces faits avérés.
      Cordialement,

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