Citations

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jeudi 23 novembre 2023

L'exode forcé d'un million de Juifs de pays Arabes, Turquie, Iran, etc.

Environ 
un million de Juifs ont été contraints de quitter des pays arabes, l’Iran, la Turquie, la vieille ville de Jérusalem, la Judée, la Samarie - trois territoires occupés par la (Trans)Jordanie -, etc., essentiellement des années 1940 aux années 1970 et en direction d'Israël, de l'Europe et de l'Amérique du nord. 
La valeur de leurs biens abandonnés est évaluée à 150-200 milliards de dollars. La superficie des biens dont ils ont été spoliés (100 000 km²) est cinq fois supérieure à celle de l'Etat d'Israël. En 2014, la Knesset a choisi le 30 novembre comme Journée commémorant "l'exode oublié" ou plutôt « l'exil et l'expulsion des Juifs des États arabes et de l'Iran ». Soit le lendemain de l'adoption le 29 novembre 1947, par le vote de la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU, du plan de partage de la Palestine mandataire et le jour du début de la réaction violente annoncée d'Etats musulmans contre "leurs" Juifs ("Une guerre d'extermination et un massacre capital"). Pour la première fois, le Consistoire Central de France se joint à l'initiative visant à ce que, le chabbat du 25 novembre 2023, dans les synagogues, un Kaddish soit prononcé à la mémoire de juifs enterrés dans ces pays musulmans. Votre présence permettra d'y avoir le minyan.
« Leaving, never to return ! »

En 1945, 1,2-1,3 million de Juifs vivaient dans le monde islamique ou/et arabe, en Eurasie et dans la péninsule indienne, c'est-à-dire dans un espace géographique avec une forte majorité musulmane. 

En quelques décennies, essentiellement des années 1940 aux années 1970, la quasi-totalité des Juifs ont dû quitter massivement cette sphère, « sous l’effet de la violence organisée par les gouvernements ou de l’absence de choix, abandonnant tous leurs biens et leur patrimoine », malgré des siècles d’une présence souvent antérieure à la conquête arabe, parfois (pluri)millénaire. 

La quasi-totalité de ces Juifs a suivi les chemins de l’exil : 600 000 Juifs sont allés en Israël, 300 000 en France, en Amérique du Nord, etc. Dans la douleur ou/et dans l'espérance. Avec courage et dignité pour affronter, pour beaucoup, un déclassement social, des blessures psychologiques. 

L'Etat d'Israël a organisé le voyage des Juifs yéménites. "Durant l'année 1949 arrivèrent en Israël près de 50 000 juifs du Yémen grâce à un pont aérien qui partit d' Aden. L'opération s'appelait "Sur les ailes de l'aigle" car cela correspond à un verset de la Bible, dans le Livre des Nombres (Chemot), paragraphe 19, verset 4, où il est écrit : "Et je vous ramènerai sur les ailes de l'aigle et vous reviendrez à moi". Cette opération porta également le nom de "Tapis volant". 

L'Etat d'Israël aurait payé 20-30 millions de dollars au Maroc pour pouvoir amener les Juifs du royaume en Eretz Israël. "Une indemnisation par tête de 100 à 250dollars a été offerte à l’Etat marocain", a déclaré Yigal Bin-Nun, auteur de « La négociation de l’évacuation en masse des juifs du Maroc », historien, Professeur à l’Université Paris VIII. (FAHIM Majda, « Juifs marocains, Le prix de l'exil », Le Journal Hebdomadaire, n° 390 du 4 au 10 avril 2009, Casablanca, p. 54-57)

L'Agence juive s'est efforcée de trouver les modalités de transferts adaptées à chaque situation. 

En 1961, alors que l’immigration des Juifs du Maroc était interdite, David G. Littman a contribué avec le Mossad, sous le nom de code de « Mural », à la sortie clandestine de 530 enfants Juifs marocains vers l’Etat d’Israël, via la Suisse (« Opération Mural » : Casablanca1961, film documentaire de Yehuda Kaveh, 2007). Grâce à lui, le passeport collectif a permis l’aliyah des Juifs du Maroc.

En 2011, quelques milliers de Juifs demeurent dans cette vaste aire devenue pour partie - Libye, Afghanistan... - "Jüdenrein" (sans juif, en allemand). 

Cette disparition soudaine a représenté un séisme, un mouvement historique d'une rare ampleur et longtemps un sujet tabou, mais ô combien sensible tant les enjeux variés sont cruciaux.

Un évènement majeur qui n'a pas de nom. Certains ont proposé "Nakba Juive", "Girush", "Nishul" ou "Hisul". Levi Clancy a suggéré l'acronyme "Damgana" (‘דמגנע’, en hébreu) :
"D (ד) vient de dam (דם), qui signifie le sang juif versé.
M (מ) vient de mehumot (מהומות), qui signifie émeutes anti-juives
G (ג) vient de girush (גירוש), qui signifie expulsion des Juifs. 
N (נ) vient de nishul (נישול), qui signifie spoliation des Juifs
 A (ע) vient d'aliyah (עלייה), qui signifie immigration en Israël, la liberté dans l'Etat Juif".

Jews Indigenous to the Middle East and North Africa (JIMENA), World Organization of Jews from Arab Countries (WOJAC) et Harif, "association of Jews from the Middle East and North Africa" défendent les droits de ces Juifs en rappelant leur Histoire. 

Co-fondatrice de l'association britannique Harif, Lyn Julius anime le blog "Point of No ReturnJewish Refugees from Arab and Muslim Countries" et a écrit le livre "Uprooted: How 3,000 Years of Jewish civilisation in the Arab World vanished overnight".

Combien, quand, d'où et comment ?
Cet exode oublié, ignoré ou méconnu a été tardivement étudié par les historiens, et ses enjeux - historiques, géopolitiques, financiers, moraux, juridiques, mémoriaux - rarement envisagés dans leur globalité. Tant ils contreviennent au "politiquement correct" et au mythe al-Andalus. Le Congrès juif mondial (WJC) a recueilli des témoignages bouleversants de ces Juifs exilés.

Combien de Juifs ont pris le chemin de l'exil ? Durant quelle période ? Et quels sont les pays concernés ? Aucun consensus parmi les organisations juives, l'Etat d'Israël et des historiens.

Pour le Congrès juif mondial, ils étaient environ 850 000 à avoir du quitter "leurs foyers après 1948 l'Afrique du nord et le Moyen-Orient". 

En juin 2014, la "Knesset a adopté une loi fixant le 30 novembre comme Journée nationale de commémoration annuelle pour les 850 000 réfugiés juifs qui furent déplacés des pays arabes et de l’Iran au cours du 20ème siècle". L'Etat d'Israël a donc exclu notamment la Turquie et la vieille ville de Jérusalem.

Selon le professeur Shmuel Trigano, "entre 1920 et 1970, 900 000 Juifs se sont vus exclure des pays arabo-musulmans, du Maroc à l’Iran, de la Turquie au Yémen, où ils étaient installés depuis 20 siècles. Les années 1940 constituèrent un tournant dans ce drame". 

Selon mon tableau ci-contre, 1,3 million de Juifs vivaient en 1948 en Afrique du Nord, au Proche-Orient et au Moyen-Orient, dans le subcontinent indien.

Un nombre à comparer à celui des "réfugiés palestiniens". En 2016, le journaliste Richard Mather a listé les statistiques fournies par des sources officielles - palestiniennes, onusiennes, etc. -, et a évalué le nombre d'Arabes ayant fui à environ 270 000. (Palestinian refugees from1948 may have numbered less than 300,000, 13 janvier 2016). Le rapport entre ces deux populations exilées serait de un à trois, voire à quatre.

Un "échange de populations" ? Certes, mais, si les Arabes de la Palestine mandataire ont fui volontairement, par peur - intoxication de la propagande arabe - ou par obéissance aux directives de chefs Arabes promettant d'égorger les Juifs et leur retour chez eux, les Juifs de cette sphère aspiraient eux à continuer de vivre là où leurs familles étaient implantées depuis des siècles ou des millénaires.

Un exil annoncé
Le 29 novembre 1947, l’assemblée générale des Nations unies a voté le plan de partage de la Palestine mandataire en un Etat Juif, en un Etat Arabe et en une zone internationale (corpus separatum) incluant Jérusalem. 

Le 11 octobre 1947, Abdul Rahman Azzam Pasha, premier Secrétaire général de la Ligue arabe, a déclaré au quotidien égyptien Akhbar al Yom : “Ce sera une guerre d'extermination et un massacre capital, dont on parlera comme des massacres de Tartares ou des guerres des Croisés... Chaque combattant considère la mort au nom de la Palestine comme le plus court chemin vers le Paradis... Cette guerre sera une opportunité pour de vastes pillages”. Les razzias du djihad.

Le 14 novembre 1947, et dans un discours comminatoire au Comité politique de l’Assemblée générale de l’ONU, Heykal Pasha, délégué égyptien, annonce un exil d'environ un million de Juifs vivant dans le monde musulman :
« Les Nations unies… ne devraient pas perdre de vue le fait que la solution proposée risque de mettre en danger un million de juifs vivant dans les pays musulmans. La partition de la Palestine risque de créer dans ces pays un antisémitisme même plus difficile à extirper que celui que les Alliés étaient en train d’éradiquer en Allemagne… Si les Nations unies votaient pour la partition de la Palestine, elles pourraient être responsables du massacre d’un grand nombre de juifs ».
« Un million de Juifs vivent en paix en Egypte [et dans d’autres pays musulmans] et apprécient tous les droits de la citoyenneté. Ils n’ont aucun désir d’émigrer en Palestine. Cependant, si un Etat juif était créé, nul ne pourrait empêcher des troubles. Des émeutes pourraient éclater en Palestine, se répandre à travers tous les Etats arabes et risquent de mener à une guerre entre deux races ».
Ce qui suppose une coordination entre les pays arabes selon un modèle dégagé par le professeur Shmuel Trigano  : isolement, marginalisation et exclusion juridiques, économiques et politiques par un « statut des juifs », pogroms, expulsions, etc.

"20% des citoyens israéliens sont palestiniens et les quelques milliers de Juifs qui subsistent dans les Etats arabes (Iran, Maroc, Turquie) sont des minorités marginales au bord de l’extinction. Il y a déjà un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire qui devait être partagé entre un Etat juif et un Etat arabe. La Jordanie dont 75% de la population est effectivement palestinienne", a résumé le professeur Shmuel Trigano.

Valeur des biens juifs
Il est difficile d''estimer la valeur des biens dont ces réfugiés juifs ont été spoliés lors de cet exode forcé : de quelle date à quelle date ? Quels pays inclut-on ? Additionne-t-on la valeur des biens détenus à titre individuel à ceux de la communauté juive locale - hôpitaux, écoles, synagogues, etc. - ? 

En 2008, la World Organization of Jews from Arab Countries (WOJAC) a estimé la valeur de ces biens à environ $100 milliards (valeur de 2006) et d'autres ont avancé $300 milliards (valeur de 2007).

 En 2018, YJ Draiman,  président d'AFSI de la Région du Grand Los Angeles, "les biens immobiliers de ces Juifs contraints de les laisser en terres Arabes ont été estimés à 120 000 km². La valeur actuelle est d'environ 15 trillions de dollars", soit  (150 billions - un billion est un million de millions ou mille milliards).

Selon un article en 2012 de Ron Prosor, ancien ambassadeur israélien, "la superficie totale des terres confisquées aux Juifs des pays Arabes 
atteint près de 40 000 miles carrés - cinq fois la taille d'Israël" et environ 104 000 km². 

Il convient de tenir compte des biens des individus Juifs (usines, ateliers, magasins, appartements et immeubles, etc.) et ceux des communautés juives : synagogues, hôpitaux, etc. 

En décembre 2019, Bloomberg, citant Mako, indiquait qu'Israël avait estimé, avec le concours d'un cabinet international d'experts-comptables la valeur des biens abandonnés par les Juifs qui ont fui ou ont été expulsés de huit pays du Moyen-Orient après la refondation de l'Etat d'Israël. Cette valeur serait de 250 milliards de dollars : 50 milliards de dollars pour les biens juifs en Tunisie (35) et Libye (15), et environ 200 milliards de dollars pour ceux laissés au Maroc, en Iraq, en Syrie, en Egypte, en Iran et au Yémen. Ce montant serait un élément à avancer dans le cadre du futur plan de paix américain. Justice for Jews from Arab Countries (JJAC) a estimé qu'environ 856 000 Juifs ont fui dix pays Arabes, dont l'Algérie et le Liban, quand des émeutes violentes ont éclaté dans la région après le ré-établissement de l'Etat d'Israël. "L'heure est venue de corriger l'injustice historique des pogroms contre les Juifs dans sept pays Arabes et l'Iran, et de restituer aux centaines de milliers de Juifs qui ont perdu leurs propriétés ce qui est légalement à eux", a déclaré Gila Gamliel, ministre israélienne pour l'Egalité sociale, qui coordonne les dossiers d'indemnisations. (“The time has come to correct the historic injustice of the pogroms against Jews in seven Arab countries and Iran, and to restore to hundreds of thousands of Jews who lost their property what is rightfully theirs,” said Israeli Minister for Social Equality Gila Gamliel, who is coordinating the compensation suits).

Une loi israélienne, adoptée en 2010, précise que tout traité de paix doit aussi inclure un volet sur la compensation pour les biens détenus par les Juifs, spoliés, ou ayant du les abandonner pour fuir leur domicile dans des pays Arabes et en Iran.

Si Israël réussit à obtenir des indemnisations, celles-ci seront distribuées par l'Etat via un Fonds spécial.

Voici une décennie, les "Palestiniens" avaient dit qu'ils exigeraient plus de 100 milliards de dollars en compensation à verser par Israël concernant des biens abandonnés en 1948. "Le nombre total de réfugiés Arabes palestiniens - résultant d'une guerre lancée par les Arabes - ne pouvait pas excéder 320 000",  a indiqué Yoram Ettinger (1948 Arab refugees: concocted circumstances and numbers, 27 mai 2016).

En 2016, le journaliste Richard Mather a listé les statistiques fournies par des sources officielles - palestiniennes, onusiennes, etc. -, et a évalué le nombre d'Arabes ayant fui la Palestine mandataire à environ 270 000. (Palestinian refugees from1948 may have numbered less than 300,000, 13 janvier 2016).

Le rapport entre le nombre de ces Juifs réfugiés et celui des Arabes de la Palestine mandataire ayant fui volontairement leurs domiciles, s'avère de un à trois, et presque de un à quatre.

Au sein du ministère israélien de la Justice, le Département des droits des Juifs originaires des pays Arabes (SDJOPA) est chargé d'enregistrer les pertes matérielles et les dommages moraux des Juifs originaires de ces pays.

On ne peut s'empêcher de dresser un parallèle entre des actes infamants préjudiciables édictés contre ces réfugiés Juifs et ceux visant le Dr Lionel Krief ou Eva Tanger depuis plusieurs années dans la France républicaine du début du XXIe siècle.

La superficie des biens dont ces Juifs exilés ont été spoliés (100 000 km²) est cinq fois supérieure à celle de l'Etat d'Israël.

"Les biens spoliés des Juifs ont une valeur 500 fois supérieure à ceux des Palestiniens", a estimé le professeur Shmuel Trigano.

Symposium sur "l’exode oublié"
Organisé par les Congrès Juifs mondial (CJM) et européen (CJE), le symposium international "L’exode oublié, l’exclusion des Juifs des pays arabes et le contentieux israélo-arabe" s’est tenu à Paris le 16 décembre 2001. 

Au programme : établissement des faits, récits de mémoires douloureuses refoulées, témoignages bouleversants de vies brisées, définitions distinctes affinées et analyses lucides. Sur un ton incisif, parfois drôle, souvent grave, les intervenants se sont vite accordés sur l’urgence d’actions visant à faire connaître ainsi que les droits de ces Juifs exclus, rompre l’isolement d’Israël et rétablir son image. Ce symposium s’est clos sur la présentation d’enjeux éthiques, juridiques et politiques.

Un "exode oublié" ? « Qui connaît leur sort ? », a interrogé Serge Cwajgenbaum, secrétaire général du CJE.

Ce « colloque a pour vocation de faire le point sur un drame unanimement et idéologiquement refoulé, inconnu de nos contemporains, de rendre justice au monde sépharade, de faire œuvre de mémoire et de dignité pour cette population qui a vu son destin brisé et sa continuité ébranlée. Sa voix ne doit plus être ignorée dans le concert international », ont expliqué les organisateurs du symposium.


Et d’ajouter : « Le processus d’Oslo et sa crise ont ravivé les mémoires du contentieux originel qui sépare les deux parties du conflit proche-oriental. On évoque ainsi couramment le « droit au retour » des Palestiniens mais un élément déterminant du tableau historique ainsi dressé manque de façon stridente : le contentieux des Juifs du monde arabe - la majeure partie de la communauté Juive française et de la société israélienne - avec les Etats arabes ».

Lors des négociations à Camp David en 2000, la revendication du « droit au retour » en Israël des réfugiés palestiniens, de leurs enfants et petits-enfants s’insère dans un discours délégitimant et mortifère pour Israël - « existence congénitalement immorale et injuste » -, aboutit à terme à une « domination démographique, à la fin de l’Etat Juif ainsi qu’au risque de rétrogradation au statut de dhimmi ».

Refusant une « morale victimaire indigne et qui innocenterait les pays arabes », le professeur Shmuel Trigano, sociologue, a espéré l’émergence de mémoires occultées par les idéologies tiers-mondistes des années 1970, et par les Juifs aussi qui ont bénéficié d’une « libération politique par le pouvoir colonial ».

Le professeur de civilisation juive Haïm Zafrani a dépeint « l’espace culturel, lieu privilégié de rencontres judéo-musulmanes, la création littéraire, d’expression hébraïque ou dialectale, comme source d’histoire dans l’Occident musulman (Espagne et Maghreb » où les influences réciproques sont prégnantes, multiples et fécondes.

Tableau vrai pour une élite et à certaines époques ? Oui, semble-t-il quand Roger Pinto, président de SIONA, a dénoncé le « mythe des Juifs heureux en terre d’islam » et la volonté de « pays, tel l’Irak, d’exclure leurs pays d’enquêtes onusiennes sur l’exode des Juifs et leurs expropriations ».

Impression renforcée quand l’écrivain Bat Ye’or a détaillé « la dhimmitude, une législation imposée pendant plus d’un millénaire, d’Iran au Yémen, aux Infidèles, Juifs et chrétiens, et déterminée par une théologie et une juridiction. L’origine est à rechercher dans le jihâd, guerre théologique, combat dans la voie d’Allah pour conquérir de nouveaux territoires et y imposer la loi d’Allah telle qu’elle a été révélée au messager Mahomet dans le Coran et la Sunna." 

Et de poursuivre : "Les dhimmis habitent dans le pays de la Guerre et ont accepté de se soumettre aux règles du jihâd en cédant des territoires. La protection de leurs droits est fixée par un traité de soumission, la dhimma, et exige le paiement d’un tribut collectif, puis de la capitation. Les lois antijuives byzantines étoffent les lois de dhimmitude. En cas d’infraction de leurs droits, la protection est annulée et le djihad réactivé. La vie des dhimmis est rythmée par les pillages, humiliations, exterminations, rançons collectives sous la menace de conversions forcées, l’exploitation fiscale, y compris par les tribus rebelles au pouvoir central, la réduction en esclavage, un rituel d’avilissement, etc. L’annulation générale de ce système a induit une haine aux XIXe et XXe siècles qui empoisonne le XXIe siècle. L’indépendance d’Israël a détruit le système de la dhimmitude qui représente une synthèse de la politique de haine et déshumanisation et qui se fonde sur une interprétation du Coran qu’on peut modifier. Ce système perdure dans les pays appliquant la shari'a. Il est important de connaître l’origine de ces lois et leurs fonctions pour discuter avec des amis musulmans et lutter contre les préjugés pour nouer une relation d’estime et de respect mutuels. Du dialogue avec des musulmans naîtront d’autres commentaires des textes ».

« Les XIXe et XXe siècles ont marqué la prospérité des communautés Juives dans les pays arabes. Expliquer l’exode des Juifs des pays arabes se heurte à des difficultés, dont le manque de recherches historiques sérieuses, le besoin de présenter une explication valable pour tous les pays musulmans, la position délicate d’historien-arbitre. Les violences subies par les Juifs n’expliquent pas toutes leurs migrations. Le conflit du Proche-Orient a servi de catalyseur à celles-ci ».

Autres facteurs explicatifs de l’exode selon le professeur Haïm Sadoun : « la situation interne dans chaque pays, la prise de conscience des Juifs de l’impossibilité de vivre dans les Etats arabes indépendants et leur attachement à Eretz Israël ».

« Après la mort du chanteur Raymond Leiris, la communauté juive a du quitter Constantine en quelques semaines », s’est souvenu Raphaël Drai, professeur de science politique.

Ex-conseiller au Ministère de la Justice d’Israël et spécialiste du droit des pays arabes, Yaakov Meron a esquissé une typologie expulsion/dépossession. Sur la base de récits concordants, recueillis dès 1948, des agressions antijuives impunies (Egypte, Algérie, etc.), il apparaît que « des agents du pouvoir ont été impliqués dans certaines atrocités, ce qui engage la responsabilité des Etats » et justifie des actions judiciaires des victimes et de leurs ayants-droit. L’exclusion forcée des Juifs visait à confisquer « leur argent (Yémen) et à empêcher qu’Israël ne se renforce avec cet afflux financier (Arabie Saoudite) ».

Elie Barnavi, ambassadeur d’Israël en France, a réfuté « toute équivalence entre les deux mouvements migratoires. Sont des réfugiés ceux qu’on ne veut pas accueillir, tels les Palestiniens maintenus dans leur état. Les Juifs n’ont pas été des réfugiés sur la terre de leurs ancêtres. Ils avaient le droit de partir dans la dignité et leurs préjudices matériels, financiers, etc. doivent être indemnisés ».

François Zimeray a énuméré les aspects philosophiques, historiques, affectifs et juridiques du droit au retour. Qui va indemniser les Juifs exclus des pays arabes ? Peut-être la juridiction belge grâce à sa « compétence universelle ». Ou des tribunaux nationaux, pour carence de l’Etat des ressortissants Juifs concernés, dont la France, à défendre leurs droits.

« De mai 1948 à mars 1950, Israël a accueilli 400 000 immigrants. Une intensité unique dans le monde. Ben Gourion a alors choisi la politique de la porte ouverte, une aliyah illimitée, doublée de la loi du retour. Les immigrants vivaient dans des maabarot (camps de transit) aux effets néfastes sur leurs vie familiale, santé, situation professionnelle (déclassement, chômage) et sur la vie politique (corruption). Puis ils ont eu des logements permanents, se sont intégrés et devenus des citoyens israéliens. Grâce aux efforts et à la solidarité, l’écart s’est réduit au cours de la deuxième génération et des mentalités ont changé », a déclaré Yehuda Dominitz, ancien directeur du Département d’immigration et de l’absorption de l’Agence juive.

Selon Claude Tapia, professeur de psychologie sociale, « l’attachement culturel des Juifs des pays arabes a prévalu sur leur attachement à la Terre. Les traumatismes nés de spoliations et de transplantations douloureuses ont été accrus par le silence sur ce déni de justice. En France, l’insertion a été en partie facilitée par les institutions juives et le partage de normes avec la société d’accueil. Au Québec, l’intégration est passé par les institutions anglo-saxonnes ».

Pour les écrivains Minou Azoulai, Albert Bensoussan et Naïm Kattan, cet exode d’Egypte, d’Algérie et d’Irak a été la matrice de leurs œuvres artistiques.

« Les leaders arabes ont instrumentalisé les réfugiés palestiniens maintenus cruellement et cyniquement dans des camps, parfois des bastions militaires avec la complicité de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) », a estimé Avi Becker, secrétaire général du CJM.

Raphaël Israéli, professeur d’histoire du Moyen-Orient, spécialiste du terrorisme et de l’intégrisme islamique à l’Institut de recherche Harry Truman (Jérusalem), a rappelé les transferts de population pour créer des pays homogènes après les deux guerres mondiales et éviter des problèmes plus graves. « Honteux de ne pas s’en sortir, malgré ou à cause de l’aide internationale, les palestiniens tentent de tuer le contre-exemple : l’Etat Israël, un pays qui a su intégrer des immigrants et développer son économie », a résumé Raphaël Israéli.

« Si la revendication au droit au retour des réfugiés palestiniens était acceptée, ce serait une injustice flagrante pour les Juifs exclus des pays arabes et la fin d’Israël », a déclaré Roger Cukierman, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), qui a poursuivi sur l’asymétrie des parcours : « Alors que les Juifs ont su s’intégrer dans leurs pays d’accueil, les Arabes ont maintenu volontairement les réfugiés dans des camps ».

Constatant le succès d’audience - 800 personnes – de ce symposium, Shmuel Trigano a noté le double refoulement normal et idéologique de cet exode par les Juifs qui l’ont vécu. « Avec l’Intifada II, on peut voir ce dont le monde est capable à l’égard des Juifs. Le refus palestinien à Camp David des propositions israéliennes est une machine infernale pour briser la dignité morale du peuple Juif. Cette stratégie a voulu exclure le peuple Juif des droits de l’homme, et transformer un conflit politique en conflit tribal, un Kosovo bis, en appelant à l’internationalisation du conflit au détriment d’Israël. Ce droit au retour des réfugiés palestiniens en Israël est un facteur de délégitimation d’Israël, une équation d’un simplisme ravageur. Il faut restaurer la légitimité morale d’Israël. De son vacillement, l’antisémitisme risque de se réveiller ». Il a insisté sur une facette occultée : « L’hospitalité arabo-musulmane est un argument de délégitimation d’Israël. Il faut ressusciter pour rendre justice : un monde a été englouti en une génération. Cette culture est-elle morte pour toujours ?». Refusant le « statut victimaire », le sociologue a exhorté le monde arabe à accepter que le « dhimmi est un sujet libre de son histoire et de l’Histoire ».

Eurodéputé français socialiste, François Zimeray s’est réjoui du vote récent d’un « amendement subordonnant l’aide européenne, notamment en matière éducative, à l’Autorité palestinienne au respect des droits de l’homme. La cause palestinienne est instrumentalisée pour présenter les victimes d’hier en bourreaux d’aujourd’hui et alléger la culpabilité occidentale liée à la Shoah ».

Par une parabole drôle, le Dr Avi Becker, Secrétaire Général du Congrès Juif mondial, a montré le problème d’Israël d’image, d’informations et de campagne vers les médias : même en cas de légitime défense patente, Israël ne peut se défendre sans être accusé d’agresser sans provocation. « Malgré les propositions généreuses de Ehud Barak à Camp David, les négociations ont achoppé sur la question des réfugiés palestiniens. Israël dispose d’arguments forts contre le droit au retour réclamé par les Palestiniens. En novembre 2001, à Jérusalem, des résolutions ont été adoptées pour une action internationale ». Et ce dans un contexte hostile de désinformations.

« Pourquoi les gouvernements israéliens ont-ils oublié la question des réfugiés Juifs, même d’un point de vue tactique ? » a interrogé Roni Milo, ministre israélien de la Coopération régionale, citant les accords d’Oslo II et soulignant que les termes « réfugiés » et « droit au retour » sont souvent accolés au vocable « palestinien ». Et d’ajouter : « Le problème des réfugiés palestiniens est utilisé contre Israël par les pays arabes qui ont refusé de le résoudre. La plupart des réfugiés palestiniens ont quitté Israël à la demande des leaders arabes, dans l’espoir à leur retour, après la destruction d’Israël, de prendre les biens Juifs. Cependant, certains Juifs ont forcé les Palestiniens à partir ». La question de l’exode oublié concerne non seulement Israël, mais aussi d’autres pays, dont la France.

Avec ironie, Roni Milo s’est interrogé sur la signification du droit au retour des réfugiés : « Serait-ce celui des Juifs vers les pays arabes ? » La paix étant une nécessité, la solution doit être avantageuse pour les deux parties. Que faire ? Convaincre le monde de la pertinence des arguments israéliens, rappeler les guerres déclenchées contre Israël, contrer les images orientées et manichéennes - tanks israéliens contre enfants palestiniens – de médias, etc.

Parmi les actions prônées par Stanley Urman, directeur exécutif du Centre pour la paix au Moyen-Orient (Etats-Unis) : favoriser les études historiques, sensibiliser l’opinion publique, les médias, des politiciens, des instances nationales, européennes et internationales, les « décideurs », etc. afin de contrer les stratégies arabes et faire valoir les droits des Juifs, notamment à compensations internationales.

Pierre Lellouche a rassuré le maire de Tel-Aviv : « Il est peu probable que les Juifs exclus des pays arabes s’y précipitent ». « La frontière est une condition de paix. Le droit au retour est à géométrie variable. Selon que le pays concerné est fort ou faible, et guidée par des interprétations évolutives de « l’intérêt de la paix », la communauté internationale est pour contre le droit au retour. Si on convainc les gens que l’Etat Juif est né dans une terre qui ne lui appartient pas et que les Palestiniens peuvent y retourner, c’est la fin d’Israël ».

Son inquiétude est triple, relative à Israël, au défi pour la démocratie et à l’antisémitisme en France. C’est en tant que « Juif, Français et républicain » qu’il est inquiet. « Israël risque d’affronter un cocktail redoutable - stratégies arabe d’isolement international de « l’apartheid bis » et de contournement, guérilla interne »I. Un cocktail résultant en une impasse et né paradoxalement des accords d’Oslo : « Mettre les problèmes les plus difficiles - Jérusalem et le droit au retour des réfugiés palestiniens - est une bonne idée si les étapes intermédiaires se passent bien et constituent un socle de confiance. Le terrorisme de masse - attentats suicide, attentats du 11 septembre 2001 - manifeste un refus de la paix. C’est un défi à la démocratie et à l’Armée. Il s’analyse non comme un mode de négociation politique (Corse), mais comme un refus de la paix. Une démocratie ne peut faire face à cela, et l’Armée est conçue pour une guerre interétatique. Cette équation stratégique nouvelle menace la sécurité d’Israël.

Puis ce « brillant réfugié » a dénoncé trois idées fausses : « Le terreau des terroristes a été fabriqué par les échecs systémiques des leaders arabes depuis les indépendances, l’absence d’opposition démocrate et les faillites économiques. La seule alternative pour les musulmans a été la religion. Certains allèguent qu’il faut dissocier islam/islamisme et terrorisme et que le règlement du problème israélo-palestinien aurait permis d’éviter Ben Laden. Or, ses attentats ont commencé après les accords d’Oslo. ».

M. Lellouche a souhaité des « réflexions chez les intellectuels musulmans sur l’islam » et stigmatisé la résurgence d’un antisémitisme émanant du « politiquement correct » de gauche et d’arabo-maghrébins, et actualisant des stéréotypes traditionnels. Il a relevé « le parallélisme antisémitisme/antiaméricanisme/antisionisme et les dangers des dérives sémantiques. Dans une société multiconfessionnelle, héritière de la Révolution de 1789, ce regain d’antisémitisme, s’il n’est pas traité, risque de rendre la vie intolérable. Un devoir de veille s’impose ».

« En vue de l’élargissement de l’Union Européenne serait précieux le savoir-faire israélien : intégration d’immigrants pour en faire des citoyens, démocratie exemplaire, etc. Et pourquoi ne pas envisager de proposer à Israël d’adhérer à l’UE et d’œuvrer à son entrée dans la francophonie ? » Les liens entre l’idée européenne et le sionisme sont multiples : « En vue de l’élargissement de l’Union Européenne, serait précieux l’ingénierie et le savoir-faire israéliens : éducation de haut niveau, intégration de populations migrantes pour en faire des citoyens, maîtrise des nouvelles technologies, démocratie exemplaire, etc. Et pourquoi ne pas envisager de proposer à Israël d’adhérer à l’UE, puisque ces deux entités partagent les mêmes valeurs, et d’œuvrer à son intégration dans la francophonie ? », a déclaré François Zimeray.

Abasourdi par le discours du président du CRIF du dîner annuel de cette organisation, M. Lellouche a stigmatisé la résurgence d’un antisémitisme qui vient du « politiquement correct » de gauche et des arabo-maghrébins et emprunte les mêmes images : Juifs bourreaux et exploiteurs, complot cosmopolite et mondial, etc. Il a souligné le parallélisme antisémitisme/antiaméricanisme/antisionisme et les dangers des dérives sémantiques. Dans une société multiconfessionnelle, ce regain d’antisémitisme s’il n’est pas traité, risque de rendre la vie intolérable. Un devoir de veille s’impose.

D'origine tunisienne, l’écrivain Albert Memmi a rappelé l’ancienneté du « problème arabe », perçu comme social - « si on supprime la pauvreté, on le résoudra » - sans relever son autre dimension, nationale : « Les Arabes acceptent l’aspiration nationale, sauf en Israël ». C’est cet aspect double qui n’est pas perçu par la gauche française, qui « a du retard dans l’analyse ». La solution ne peut être que politique, voire passer par un marchandage : « Tant qu’une majorité d’Arabes refusent cette solution, les Juifs seront les seuls à réclamer la paix ».

Serge Cwajgenbaum, Secrétaire Général du CJE, a conclu sur la campagne future de sensibilisation d’institutions européennes et internationales à ces thèmes après avoir présenté en Israël le résultat des travaux et réflexions menées à Paris sur l’histoire d’un exode celé...

"Silent Exodus"
En 2004, Pierre Rehov a produit et réalisé le documentaire "The Silent Exodus". Un documentaire réunissant des témoignages bouleversants de réfugiés juifs. Jamais diffusé par les chaines de télévision françaises publiques.

"The Silent Exodus fills a critical gap in recent Jewish history, a gap that those who study Jews, Arabs, Israel, and other countries of the Middle East should address. Most Americans - all but those who insulate themselves from events concerning Jews - are aware of the World War II Holocaust in Europe, the Nazi’s Final Solution and murder of 6,000,000 European Jews, and the postwar migration of many of the survivors to Israel. Films such as Schindler’s List and Hollywood's Exodus, documentaries about the victims and the survivors, and recent commemorations of landmark anniversaries of wartime events including liberation of concentration camps, have popularized images from that time and those places. Americans seeing these images probably also realize that the United Nations’ establishment of the State of Israel in 1948 on the site of the Jews’ ancient homeland was, in part, a compassionate response to provide a place where the Jews of Europe, now destitute, might go to live. Once established, European Jews poured into the new State of Israel, more than doubling its population within a few years."

"Israel’s war of independence was followed by new attacks by its Arab neighbors, and with each successful defense came new waves of immigrants, this time from the U.S., Canada, England, South Africa, Latin America, and other nations where Jews were not forced out, but from which they chose to “make aliya” (literally, “go up”) to Israel to join in a great Jewish adventure. Many Americans know about these migrations as well, though, perhaps, fewer than know about the European one. Some read in the headlines about the later airlift to Israel of Ethiopian Jews; and, still later, of groups of Russian Jews released by the Soviets before the breakup of the USSR".

"What most Americans - even American Jews - know almost nothing about is what happened during all these years to the Jews living in the Arab countries of the Middle East, and how nearly all of them came to Israel. Silent Exodus tells this story in traditional documentary style. Live action interviews with Jewish survivors recount mini-Holocausts that took place in Egypt, Iraq, Iran, Morocco, Tunisia, Libya, and Syria. Archival photographs and film clips of petty persecutions and wholesale massacres, documents evidencing discrimination and revoking citizenship, and recorded speeches by various government officials inciting Arab citizens to kill their Jewish neighbors, combine powerfully to tell a terribly sad story. Several times, filmed statements by Palestinian Arab spokespeople are shown, claiming that all is well with Arabic Jews and nothing but good will is extended to them within their countries."

"Today, only a few thousand Jews remain in all the countries of the Arab Middle East. If students of Jewish studies, Israeli history and culture, and the Middle East wonder why - and they should - Silent Exodus will help to explain the answer."

Journée de commémoration
En septembre 2012, l'Etat d'Israël a accueilli à Jérusalem une conférence sur cet exil et a lancé la campagne mondiale d'informations intitulée I am a refugee (Je suis un réfugié) sur cet exode. Une Déclaration sur la justice pour les réfugiés Juifs des pays arabes a été rendue publique à l'issue de cette conférence.

Le 14 juillet 2013, à l'initiative du parlementaire Shimon Ohayon (Likud Beiténou), le Comité ministériel pour la Législation a choisi le 17 février comme Journée nationale de commémoration des Juifs réfugiés ayant fui leurs pays nataux : Etats arabes, Turquie, Iran et partie de Jérusalem. Ce membre de la Knesset a aussi envoyé une lettre à Nabil el-Araby, secrétaire général de la Ligue arabe, pour l'informer que son organisation devrait "accepter la responsabilité historique pour l'humiliation, les souffrances et les pertes subies par des victimes Juives innocentes quand le monde arabe a déclaré la guerre à l'Etat d'Israël. En droit et en équité, la Ligue arabe doit assumer la pleine responsabilité pour assurer et réparer les droits des Juifs réfugiés, résultat direct des actions complices. C'est un élément important de toute future paix et réconciliation entre Juifs et Arabes au Moyen-Orient". Les organisations Jews from Arab Countries (JJAC) et le Congrès Juif mondial (WJC) ont soutenu la rédaction de ce texte et inciteront les communautés juives dans le monde à observer ce jour de commémoration. Le 17 février 1948, la Ligue Arabe a décidé que ses Etats-membres sanctionnent leurs populations Juives. 

Le 14 juillet 2013, à l'initiative du parlementaire Shimon Ohayon (Likud Beiténou), le Comité ministériel pour la Législation au sein de la Kensset a choisi le 17 février - date du plan arabe - comme Journée nationale de commémoration des Juifs réfugiés ayant fui leurs pays natals : Etats arabes, Turquie, Iran et partie de Jérusalem.  

Le 24 juin 2014, la Knesset a approuvé la proposition de loi instituant la journée du 30 novembre en Jour marquant l'exil des Juifs des terres arabes et d'Iran (Day Marking the Exit and Deportation of Jews from Arab Lands and Iran), et présentée par les parlementaires Shimon Ohayon (Likud Beiténou) et Nissim Zeev (Shas).

Plusieurs ministres se mobiliseront : celui des personnes âgées dirigera la cérémonie ouvrant la commémoration, celui de l'Education encouragera des activités éducatives liées à ce Jour et celui des Affaires étrangères organisera des événements, dont certains se dérouleront dans les ambassades israéliennes, afin d'augmenter la prise de conscience internationale des Juifs réfugiés ayant quitté les terres arabes et l'Iran et leur droit à indemnisation. La Knesset tiendra une réunion spéciale pour marquer ce Jour.

Cette loi précise : ”Durant ce long exode, les Juifs vivant en terres arabes ont subi de nombreux pogroms. Le monde arabe a répondu gravement au renforcement du mouvement national Juif et au sionisme à la veille" du rétablissement de l'Etat d'Israël. "Cette opposition s'est exprimée par des attaques cruelles à l'égard des Juifs et une augmentation des troubles contre eux. Des ordres et lois officiels émis par les régimes des terres arabes ont empêché les Juifs de bénéficier des droits de l'homme ou de ceux des citoyens ainsi que d'avoir un travail, leurs biens leur ont été confisqués, leur nationalité leur a été retirée. De nombreuses fois, les Juifs sont été victimes de meurtres, d'arrestations arbitraires infondées, d'emprisonnements, de torture et de déportation. De 1947 à 1972, environ 856 000 Juifs des terres arabes ont été déracinés, dépossédés de tout et sont devenus des réfugiés".

Cette loi omet malheureusement la Turquie, le Golan, la Judée, la Samarie et Jérusalem que les Juifs ont été alors contraints de quitter.

Le jour retenu pour marquer les "droits des réfugiés Juifs des terres arabes" correspond au lendemain de l'adoption, le 29 novembre 1947, par le vote de la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU, du plan de partage de la Palestine mandataire élaboré par le Comité spécial des Nations unies sur la Palestine (UNSCOP) institué par l’ONU et le jour du début de la réaction violente annoncée d'Etats musulmans contre "leurs" Juifs. Les Etats arabes "ont attaqué activement les communautés Juives dans leur pays dans le but d'empêcher" la refondation d'un Etat Juif sur la terre d'Israël (Eretz Israël).

Canada
Le 21 novembre 2013, le CJM, la Conférence des Présidents des principales organisations Juives américaines, Justice for Jews from Arab Countries (JJAC, Organisation internationale Justice pour les Juifs des pays arabes) et la mission de l'Etat d'Israël auprès des Nations unies ont organisé à l'ONU, un colloque sur cet exode et, le 14 novembre 2013, un rapport du parlement canadien a exhorté à reconnaitre cet exode.


La JJAC a séjourné en France les 11 et 12 juin 2014. Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada, s'est joint à la JJAC. Le CRIF "accompagna l’action de la JJAC pour aborder le sujet de l’exode des Juifs des pays arabes" auprès des responsables politiques français. Une action trop rare du CRIF oublieux de ce fait tragique dans ses conventions et son dialogue avec des personnalités et organisations musulmanes.

"Après 1948, les Juifs du Moyen-Orient, en provenance  notamment d’Egypte, d'Irak, de Syrie et du Liban ont été expulsés de ces pays et déclarés réfugiés par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies". La délégation du CRIF et du JJAC visitera "les archives historiques de l'Alliance Israélite Universelle (AIU), dont le réseau d'écoles a été le témoin de cette histoire dramatique et de l’accueil que la France, patrie des droits de l'homme, a pu réserver à une partie des communautés juives exilées". La délégation  rencontra Sparacino-Thiellay, ambassadrice pour les droits de l'homme, Claude Goasguen, vice-président du groupe d’Amitié France Israël à l'Assemblée nationale "accompagné de plusieurs députés afin de rappeler les droits de tous les réfugiés du Moyen-Orient dans la perspective d'une solution durable aux conflits de la région". Elle s'entretiendra avec Irina Bokova directrice générale de l'UNESCO, " afin de demander la protection des sites historiques Juifs dans les pays arabes. La destruction de la synagogue de Jobar à Damas (Syrie) en mai 2014" témoigne de l'urgence d'une campagne de préservation des sites religieux qui portent la mémoire de la pluralité des fois dans un Orient en pleine recomposition".

Le MUSSEF
Le Mussef (Musée du monde séfarade) "a pour ambition de présenter l’histoire des Juifs ayant vécu naguère dans des pays méditerranéens et orientaux et notamment en Afghanistan, Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Espagne, Ethiopie, Grèce, Irak, Iran, Italie, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Pakistan, Portugal, Soudan, Syrie, Tunisie, Turquie, Yémen". 

"La migration des Juifs de ces communautés a commencé dans la nuit des temps mais s’est accélérée au milieu du vingtième siècle lors de la création de l’Etat d’Israël. Dans les quelques années qui suivirent, environ 900.000 Juifs ont dû quitter les pays où ils vivaient depuis des siècles, voire des millénaires. Deux  tiers d’entre eux se sont réfugiés en Israël, qui les a absorbés rapidement. Le reste  a essaimé à travers le monde, notamment en France, Italie, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, Argentine ou Brésil".

"Le Mussef a pour objectif de faire exister ce qui n’est plus, en retraçant l’histoire et la culture de ces communautés juives disparues en quelques années sans faire de bruit. Amussef, association des amis du Mussef, a été constituée en novembre 2018 (sous le nom d’Amujex) en vue de le préfigurer, de faire son projet scientifique et culturel (PSC), d’établir un parcours muséographique, de choisir son emplacement et son maître d’œuvre et de lever les fonds nécessaires à sa réalisation."

Prière spéciale
Cette prière spéciale a été écrite par le rabbin Joseph Dweck, Grand rabbin de la communauté sépharade britannique. Elle est souvent dite lors des Kaddichs annuels :
תפלת אזכרה על מגורשי ישראל מארצות ערב
ֱאלֵֹהינוֵּואלֵֹהי ֲאבוֵֹתינוּ ָכּתוּב ְבִּדְבֵריְיֶחְזֵקאלְנִביֲאךָ)כא:יא–יב(:”ְוַאָתּה ֶבן ָאָדם
ֵהָאַנח ְבִּשְׁברוֹן ָמְתַנִיםוִּבְמִרירוּת ֵתָּאַנח ְלֵעיֵניֶהם.ְוָהָיה ִכּייֹאְמרוּ ֵאֶליךָ ַעל ָמה
ַא ָתּה ֶנ ֱא ָנח ְו ָא ַמ ְר ָתּ ֶאל ְשׁמוּ ָעה ִכי ָב ָאה ְו ָנ ֵמס ָכּל ֵלב ְו ָרפוּ ָכל ָי ַד ִים ְו ֵכ ַהת ָכל רוּ ַח
ְו ָכל ִבּ ְר ַכּ ִים ֵתּ ַל ְכ ָנה ַמּ ִים ִה ֵנּה ָב ָאה ְו ִנ ְה ָי ָתה ְנ ֻאם ְי ָי ֱאלֹ ִהים”
 
וַּבֲעווֹנוֹתנו ָעָשׂהְיי ֲאֶשׁרָזָמם ִבַּצּעאְמָרתוֹ ֲאֶשׁר ִצָוּהְוָרִאינוּ ִבּדָאבוֹן ִלבינו ֲהִריַגת
ַא ֵחינוּ ְו ַא ַחיּו ֵתנוּ וּ ְשֵׂר ַפת ָבּ ֵתּי ְכֵּנ ִסיּוֹת ְו ִס ְפֵרי תּוָֹרה ִבּיֵדי ְשׁ ֵכֵננוּ ָה ַעְר ִבים ֶשׁשכננוּ
ָתִּמיד ְבִּקְרָבָתם.
ְיתוֹ ִמים ָה ִיינוּ ְו ֵאין ָאב ִא ֹמּ ֵתינוּ ְכּ ַא ְל ָמנוֹת׃ ַא ָתּה ְיי ְלעוֹ ָלם ֵתּ ֵשׁב ִכּ ְס ֲאךָ ְלדֹר ָודוֹר׃
ֲה ִשׁי ֵבנוּ ְיי ֵא ֶליךָ ְו ָנשׁוּ ָבה ַח ֵדּשׁ ָי ֵמינוּ ְכּ ֶק ֶדם׃
ֵאל ָמ ֵלא ַר ֲח ִמים שׁוֹ ֵכן ַבּ ְמּרוֹ ִמים, ַה ְמ ֵצא ְמנוּ ָחה ְנכוֹ ָנה ַעל ַכּ ְנ ֵפי ַה ְשּׁ ִכי ָנה, ְבּ ַמ ֲעלוֹת
ְקדוִֹשׁיםוְּטהוִֹרים ַכּזַֹּהר ָהָרִקיַע ַמְזִהיִרים ֶאתְנָשׁמוֹת ַאֵחינוְּוַאְחיוֵֹתינוּ,
ֶשֶׁנֶּהְרגוּ
ְוֶשִׁנְּרְצחוּ ַעלְיֵדי ַאְכָזִריםְואוְֹיִבים ָבֲּאָרצוֹת ַהַהגרים.ֶנֶהְפכוּ ַאְרצוֹת ְמגוֵּריֶהם
ְלִכְבְשֵׁני ֵאשְׁוַאְנֵשׁי ְשׁלוָֹמם ַלֲעִריִצים.ְיִהיָרצוֹן ִמְלָּפֶניךְָיָי ֱאלֵֹהינוּ, ַבַּעל ָהַרֲחִמים
ֶשַׁתְּסִתּיֵרםבֵּסֶּתר ְכָּנֶפיךָ ְלעוָֹלִמים,וְּצרוֹר ִבְּצרוֹר ַהַחִיּים ֶאת ִנְשׁמוֵֹתיֶהם,ייהוּא
ַנֲחָלָתם, ְבַּגן ֵעֶדן ְתֵּהא ְמנוָּחָתם, ַוַיַּעְמדוּ ְלגוָֹרָלם ְלֵקץ ַהָיִּמין, ִויֻקַיּםבּנו ִמְקָרא
ֶשָׁכּתוּבוָּבא ְלִציּוּןגּוֵֹאלָיֵגלַיֲעקֹבִיְשַׂמחִיְשָׂרֵאל ְבּשׁוּבְיָי ְשׁבוּת ַעמּוֹ.ְוֵכןְיִהיָרצוֹן
ְונֹאַמר ָאֵמן.
 
A special prayer  was  composed for the occasion by senior rabbi of the UK Sephardi community, Rabbi Joseph Dweck :
“Our God and God of our fathers, it is written in the words of Ezekiel your prophet (21:11-12) :
“And you, O mortal, sigh; with tottering limbs and bitter grief, sigh before their eyes. And when
they ask you, ‘Why do you sigh?’ answer, ‘Because of the tidings that have come.’ Every heart shall sink and all hands hang nerveless; every spirit shall grow faint and all knees turn to water
because of the tidings that have come. It is approaching, it shall come to pass—declares the Lord God.”
And for our iniquities, the Lord has done what He purposed, has carried out the decree. We have
seen with pained hearts the murder of our brothers and sisters and the burning of our synagogues
and our Torah scrolls by the hands of our Arab neighbours amongst whom we have dwelt for
generations. We have become orphans, fatherless; Our mothers are like widows. But You, O Lord,
are enthroned forever, Your throne endures through the ages. Take us back, O Lord, to Yourself,
And let us come back; Renew our days as of old!
Lord full of mercy Who dwells in the heights, give rest on the wings of the Divine Presence,
amongst the holy, pure and glorious who shine like the sky to the souls of our brothers and sisters
who died and who were murdered by the hands of cruel enemies in the Arab Lands. Our dwelling
places became fiery furnaces and our friends turned to foes.
May it be Your will, Our Lord, that their souls be bound up in eternal life. God is their allotment.
And may they rest peacefully in their lying place.
And may God’s promise be fulfilled that a redeemer shall come to Zion, O that the deliverance of
Israel might come from Zion! When the Lord restores the fortunes of His people, Jacob will exult,
Israel will rejoice. And let us say, Amen.”

Voici la traduction de cette prière de l'anglais au français :
« Notre Dieu et Dieu de nos pères, il est écrit dans les paroles d'Ezéchiel ton prophète (21, 11-12) :
"Et toi, ô mortel, tu soupires ; avec des membres chancelants et un chagrin amer, soupire devant leurs yeux.  
Et quand on te demandera : "Pourquoi soupires-tu ?", tu répondras : "À cause des nouvelles qui sont arrivées. Tous les cœurs s'affaisseront et toutes les mains seront sans force, tous les esprits s'affaibliront et tous les genoux se transformeront en eau.
à cause des nouvelles qui sont arrivées. Elle approche, elle s'accomplira, déclare le Seigneur Dieu".
Et pour nos iniquités, le Seigneur a fait ce qu'il avait prévu, il a exécuté le décret. Nous avons vu avec des cœurs douloureux le meurtre de nos frères et sœurs et l'incendie de nos synagogues et de nos rouleaux de la Torah par les mains de nos voisins arabes parmi lesquels nous avons vécu pendant des générations. Nous sommes devenus orphelins, sans père ; nos mères sont comme des veuves. Mais toi, ô Seigneur, Tu trônes pour toujours, ton trône traverse les âges. Seigneur, ramène-nous à Toi,
Et laisse-nous revenir ; Renouvelle nos jours comme autrefois !
Seigneur plein de miséricorde qui habite dans les hauteurs, donne du repos sur les ailes de la Présence divine, parmi les saints, purs et glorieux qui brillent comme le ciel, aux âmes de nos frères et soeurs qui sont morts et qui ont été assassinés par les mains d'ennemis cruels dans les terres arabes. Nos habitations,
nos demeures sont devenues des fournaises ardentes et nos amis se sont transformés en ennemis.
Que Ta volonté soit, Notre Seigneur, que leurs âmes soient liées à la vie éternelle. Dieu est leur partage.
Et qu'ils reposent en paix dans leur gîte.
Et que s'accomplisse la promesse de Dieu qu'un rédempteur viendra à Sion, que la délivrance d'Israël vienne de Sion !
Quand le Seigneur rétablira la fortune de son peuple, Jacob exultera,
Israël se réjouira. Et disons, Amen. »

Annual Kaddish 2019
Le 30 novembre 2019, à l'initiative de Sass Peress, un Canadien Juif d'origine irakienne vivant à Montréal, le Kaddich a été dit dans 38 synagogues aux Etats-Unis, au Canada, à Londres et à Paris (synagogue Buffault) ; les fidèles prièrent pour les Juifs tués dans ce monde Arabe ou/et musulman et ceux qui y sont enterrés dans des cimetières interdits d'accès à leurs familles.

Qu'ont organisé en 2019 le CRIF, le Consistoire israélite de France et le FSJU pour rappeler cet exil ? Rien.

Événements en 2020 
Depuis quelques années, à l'initiative d'un Juif irakien Sass Peress, des organisations juives demandent que le chabbat le plus proche du 30 novembre 2020 soient organisés dans des synagogues un Kaddish et une Azkara, ou Hazkara, pour les Juifs enterrés dans des cimetières situés dans ces pays et aux tombes souvent inaccessibles. Ces prières (Annual Kaddish for Jews buried in Arab countries) ont eu lieu le 28 novembre 2020. 

En raison du coronavirus, des prières pouvaient être téléchargées afin d'être récitées à domicile. 

Le 30 novembre 2020, à 17 h 30 heure de Jérusalem, 16 h 30 heure de Paris, 15 h 30 heure de Londres, a eu lieu une conférence Zoom en direct de Jérusalem. Diverses salles thématiques évoqueront les divers aspects de cet exode. 

Une réunion virtuelle pour toutes les générations. Ce qui était appréciable en cette période de distanciation sociale imposée par la gestion politico-sanitaire du coronavirus.

"En plus de la diffusion principale, des salles de zoom spécifiques aux communautés seront ouvertes. Vous étiez invités à rejoindre votre salle communautaire, et nous vous partagerons peut-être à l’écran ! La salle était limitée à 1 000 participants pour chaque communauté – inscrivez-vous au plus vite pour réserver votre place. Les salles communautaires ouvriront environ une demi-heure avant l’émission". Journaliste, auteure de "Uprooted. How 3000 Years of Jewish Civilization in the Arab World Vanished Overnight" et du blog JewishRefugees riche en informations, Lyn Julius présenta la partie intitulée "Patrimoine Juif aux pays arabes : Est-il perdu ?" et suivie d'un débat. 

On pouvait s'inscrire à la salle internationale en français sur le site Internet https://www.30november2020.com/fr/?ref=ma qui a retransmis en direct l'évènement.

Cette conférence a été accompagnée par un spectacle musical avec les plus grands chanteurs d'Israël. Il débutera à  18 h, heure de Jérusalem, 17 h, heure de Paris. "Cette année nous nous retrouverons à cette date pour le plus grand événement juif et familial du monde, pour un concert musical spectaculaire et unique au cœur de Jérusalem. Nous célébrerons ensemble le renouveau de la culture juive libanaise, syrienne, irakienne, yéménite, égyptienne, marocaine, libyenne, tunisienne, algérienne et iranienne, et nous verrons des concerts exceptionnels et traditionnels de participants des différentes communautés". 

"Assistez au spectacle extraordinaire de l’âge d’or d’aujourd’hui, une génération jeune et dynamique qui perpétue la tradition des générations précédentes et présente les créations et la richesse culturelle du judaïsme oriental à l’aube du XXIe siècle." Présentateurs : Liraz Charhi et Amos Tamam. Artistes participant à la soirée : Eliad Nahum, Gila Bashari, Yuval Dayan, Liron Amram, Nitai et Ilai Tzarfati, Subliminal – Kobi Shimoni, Amir Benayun, Shiri Maimon, Shlomit Buchnik, Sarit Hadad, Raphael Hayon, Tamar Shauki, Shuki and Dorit Shauki.

"Le récit de chaque communauté a une place toute particulière dans l’histoire d’Israël. Chaque communauté a participé à la réalisation du rêve d’un foyer pour le peuple Juif et a contribué à la richesse culturelle de notre vie ici". Ce site Internet présente un résumé de la vie juive dans ces pays : Liban, Syrie, Irak, Yémen, Egypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Iran".

Evénement en 2021
Le 28 novembre 2021, l'association AMUSSEF (Amis du Musée du Monde Sépharade) a organisé la "Commémoration de l’exil des juifs des pays arabes et d’Iran". "Plus de 120 personnes ont commémoré l’exil des juifs des pays arabes et d’Iran dimanche 28 novembre, dans la Mairie de Paris Centre à l’invitation d’Amussef.

"Ariel Weil, maire de Paris Centre, Delphine Gamburg, ministre conseiller à l’ambassade d’Israël et Karen Taïeb, adjointe à la maire de Paris, ont prononcé des mots d’accueil avant l’ouverture des débats par Hubert Lévy-Lambert, président d’Amussef."

"Il a ensuite été projeté un exposé introductif de Lyn Julius, auteur de Uprooted puis un film préparé par de jeunes polytechniciens dans le cadre d’un projet scientifique collectif dirigé par Anne Dulphy, présidente du comité scientifique d’Amussef."

"Ont suivi 3 tables rondes portant sur l’exil des juifs de la Péninsule ibérique, d’Afrique du Nord et de Méditerranée orientale, avec des personnalités variées de chacune de ces régions."
   
"Hubert Lévy-Lambert a conclu les débats en annonçant qu’après 3 ans d’action en vue d’essayer de créer un Musée du monde séfarade, Amussef allait céder la place à un Institut Européen du Monde Séfarade." 

"Didier Nébot a dressé les contours de ce futur institut qui sera un lieu de recherche constitué d’enseignants, d’artistes, d’écrivains et de chercheurs et aura pour vocation d’étudier le passé et le devenir du monde séfarade pour une meilleure connaissance de son histoire trop souvent occultée. Serge Dahan en sera président, Didier Nébot premier vice-président et Hubert Lévy-Lambert sera président d’honneur."

Enfin, il a été procédé à l’allumage de la première bougie de Hanoucca."

"Elie-Philippe Kassabi, facilitateur graphique, a fabriqué en temps réel un compte-rendu illustré des débats avec sa verve habituelle.
   
"L’enregistrement des débats sera diffusé ultérieurement."

Evènements en 2022
Je coordonne un mouvement afin que cet évènement tragique soit rappelé chaque année dans les synagogues soit le 30 novembre si cette date tombe un chabbat, soit le dernier chabbat avant le 30 novembre, afin qu’un Kaddish soit dit et une Azkara, ou Hazkara aient lieu à la mémoire des Juifs enterrés dans des cimetières situés dans ces pays et aux tombes souvent inaccessibles. La présence de tous, enfants, adolescents et adultes, est souhaitable pour cette cérémonie, notamment celles des hommes pour avoir le minyan.

Ce rappel aura lieu durant le chabbat du samedi 26 novembre 2022. Les synagogues Berith Chalom, Buffault, Charles Liché et Fleg (Paris) ainsi que de Neuilly et Aulnay-sous-bois (banlieue parisienne) ainsi que Tribunejuive.info et Torah Times magazine se joignent à ce mouvement.

Le 30 novembre 2022, de 17 h 30 à 22 h 30, la Mairie du XVIe arrondissement de Paris accueillera le colloque "Patrimoine juif séfarade. Histoire et avenir" organisé par l'INSSEF. Un Prix d'Histoire séfarade sera remis à Benjamin Stora pour l'ensemble de son oeuvre et le Prix du patrimoine séfarade distinguera Déborah Loupien-Suares pour le musée juif de Bayonne.

A Londres (Royaume-Uni), le 21 novembre 2022, l'historienne des Juifs de ces pays musulmans et de cet exil, Lyn Julius, a publié l'article "Mass Kaddish to be re-launched on Shabbat 26 November". Trois synagogues espagnoles et portugaises ainsi que celle de Holland Park participent à cet événement. 

Harif, association de Juifs de la Mena, invite les fidèles à demander aux synagogues célébrant ce Mass Kaddish de dire la prière spécialement écrite par  le rabbin Joseph Dweck. 

Le 30 novembre 2022 - de 19 h 30 à 21 h 30 GB, 11 h 30 an PT, 2:30 pm ET, 20 h 30 Europe, 21 h 30 Israël -, JW3, Sephardi Voices UK, S&P Sephardi Community et HARIF présentent une soirée, en présentiel et online du souvenir de l'exode des Juifs des pays arabes et d'Iran. Cette année, cette commémoration officielle se déroulera en présence de dirigeants du Board of Deputies, le JLC et NJA, diplomates et du Grand rabbin Joseph Dweck, et aura pour thème "Les derniers juifs d'Irak".

"En 1970, ne restaient en Irak que 3 000 Juifs alors que la communauté juive comptait 150 000 âmes dans les années 1940. Aujourd'hui, y demeurent seulement trois Juifs. Nous entendrons les témoignages de ceux qui étaient devenus les otages du régime de terreur de Saddam Hussein et qui ont assisté à la pendaison à Bagdad de neuf Juifs innocents en janvier 1969. Mais nous entendrons aussi des récits d'espoir et d'aventure : comment 2 000 Juifs ont fui l'Irak lors d'une audacieuse opération de contrebande, avant qu'il devienne possible de quitter le pays légalement. Prix : £5 (dont l'accompagnement musicale et les boissons) à payer sur place ou en réservant".

A Montréal (Québec, Canada), la synagogue espagnole et portugaise célèbre depuis plusieurs années cet office, et participera en 2022 à ce Kaddich.

A Genève (Suisse), cet évènement sera rappelé lors d'une soirée en présence de l'essayiste Bat Ye'or le 30 novembre 2022.

Lyn Julius a donné une liste de certains d'évènements organisés par des organisations juives et les ambassades d'Israël dans le monde :

"*29 November: ‘Departure without Return’, Dahan Centre, Bar Ilan university, Tel Aviv. 14 – 19:00. Details : dahan.center@biu.ac.ild

*30 November: Presentation at Sao Paulo Jewish Museum of Torah scroll brought to Brazil by Douek family from Egypt, 9 am.

*30 November: Official Commemoration, Israel. Reception and ceremony, 19:00, arranged by Ministry of Social Equality, Ben Zvi Institute, Jerusalem.

*30 November: Patrimoine juif sepharade: histoire et avenir. Commemorative event, 17:30 Paris, organised by INSSEF. Mairie du XVIeme.

*29 – 30 November: ‘From suffering to joy’, International Conference, Rome. Organised by ASTREL

*30 November: Official Commemoration, Switzerland, arranged by AS de JJAC. Geneva, 19:30.

*30 November: Day to remember the Departure and Exodus of Jews from Arab countries and Iran: the Last Jews of Iraq, London. Harif, Sephardi Voices UK, S&P Sephardi community.In-person and online. JW3.

*1 December: ‘From suffering to joy’: International conference, Milan. Organised by ASTREL.

*4 December:’ Jewish refugees from MENA to Israeli Cultural Renaissance’. Conference 10:30 am – 6 pm. American Sephardi Federation, Centre for Jewish History, New York City."

J’espère que cette initiative prendra de l’ampleur et que cette disparition tragique, rapide, de civilisations juives soit mieux connue, dans tous ses aspects. En effet, il importe que les mémoires juives familiales se transmettent et que cet évènement majeur soit mentionné dans l’Histoire du peuple Juif et celle du monde.

J'ai contacté les Consistoires de Paris Ile-de-France et de France en les personnes de leurs présidents et grands rabbins respectifs, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), le mouvement Chabad, le Judaïsme en mouvement (JEM), la Fondation du judaïsme français (FJF), l'UEJF (Union des étudiants juifs de France) et des médias communautaires français afin qu'ils se joignent à cette initiative ou la relayent. En vain.

La raison de cette occultation tient vraisemblablement en ce que cet exil contraint annihile toute pertinence ou crédibilité au "vivre ensemble" de la doxa reprise par les dirigeants de ces associations ou médias communautaires.

Toutes les organisations qui se joignent à cette initiative seront mentionnées dans cet article et dans cette page Facebook intitulée Jews Buried in Arab Lands

Evènements en 2023

Cette année hébraïque 5784, le Kaddish mondial aura lieu durant le chabbat du samedi 25 novembre 2023 (12 kislev 5784).

A Londres (Royaume-Uni), à l’initiative d’Harif, association de Juifs originaires de la MENA (Afrique du nord et Moyen-Orient), le Board of Deputies, équivalent britannique du CRIF, a soutenu dès l'été 2023 ce mouvement.

Sur son compte Twitter, le Bnai Brith Europe a relaté en novembre 2023 l'histoire des communautés juives appelées "Mizrahim" ("Orientales") en Algérie, en Libye, en Iraq, au Yémen, en Syrie, en Tunisie, au Maroc. Une carte indiquait le nombre de ces juifs en 1948 et en 2020. 

Le 23 novembre 2023, le Consistoire Central de France m'a envoyé ce message :

"A la demande du Grand Rabbin de France Haïm Korsia et du Président du Consistoire Central de France Me Elie Korchia, un message sera envoyé à l’ensemble des communautés juives de France pour rappeler cet exode oublié.

Le kaddish sera prononcé notamment à la mémoire des Juifs enterrés dans ces pays, et dont les tombes sont le plus souvent inaccessibles."

Certaines synagogues consistoriales n'ont pas reçu ce message. 

Sfarad.es, "portail du judaïsme en Espagne", "profondément engagé dans la réalité et l'histoire des juifs sépharades", s'est joint aux "organisations qui rejoindront le Kaddish Klali".

Espérons que ce Kaddish mondial sera réitéré chaque année.

Je regrette que le CRIF, le mouvement Chabad France et mouvement Judaïsme en mouvement (JEM) n'aient pas répondu à mes messages.


Articles sur ce blog concernant :
Cet article a été publié en une version courte par Actualité juive hebdo, et sur ce blog le 14 septembre 2012 et le :
- 4 octobre 2013 alors qu'à l'université de Yale (Etats-Unis) se tenait le colloque Exodus or Exile?: The Departure of Jews from Muslim Countries 1948-1978 ;
- 21 novembre 2013. Le CJM, la Conférence des Présidents des principales organisations Juives américaines, Justice for Jews from Arab Countries et la mission de l'Etat d'Israël auprès des Nations unies organisent ce jour, à l'ONU, un colloque sur cet exode et, le 14 novembre 2013, un rapport du parlement canadien a exhorté à reconnaitre cet exode ;
- 7 mars, 11 juin et 30 novembre 2014, 5 février 2015 à la mémoire de Sir Martin Gilbert (1936-2015), historien célèbre pour ses atlas historiques, ses livres sur l'histoire du peuple Juif, notamment In Ishmael’s House: A History of Jews in Muslim Lands (2010), et biographe officiel de Winston Churchill ;
- 30 novembre 2015, 30 novembre 2016, 30 novembre 2018, 30 novembre 2019, 29 novembre 2020, 29 novembre 2021, 25 novembre 2022.

2 commentaires:

  1. En 2000, j'avais presente l'histoire des juifs qui ont quitte la Tunisie:
    The Jews in Islam – Tunisia
    http://www.u.arizona.edu/~shaked/Tunisia/Jews.html
    Presentation at the 19th International Congress of Historical Sciences, University of Oslo, Norway, 6-13 Aug. 2000

    Edith Haddad Shaked. On the State of Being (Jewish) Between "Orient" and "Occident". In Jewish Locations: Traversing Racialized Landscapes, Lisa Tessman and Bat-Ami Bar On, eds., Rowman & Littlefield, pp. 185-199. pdf (with permission of the publisher.)
    http://www.u.arizona.edu/~shaked/Tunisia/Jews.html


    The Vanished Jews of Tunisia
    http://www.u.arizona.edu/~shaked/Tunisia/sekhelhandoout.html

    Mon site avec lectures sur la Shoha:
    http://www.u.arizona.edu/~shaked/

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  2. Bsr. Incroyable travail documentaire !... qui empêche l'oubli et nous enseigne...

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