Environ un million de Juifs ont été contraints de quitter des pays arabes, l’Iran, la Turquie, la vieille ville de Jérusalem occupée par la (Trans)Jordanie, du Golan, etc., essentiellement des années 1940 aux années 1970 et en direction d'Israël, de l'Europe et de l'Amérique du nord. La valeur de leurs biens abandonnés est évaluée à 150-200 milliards de dollars. La superficie des biens dont ils ont été spoliés (100 000 km²) est cinq fois supérieure à celle de l'Etat d'Israël. En 2014, la Knesset a choisi le 30 novembre comme Journée commémorant "l'exode oublié" ou plutôt « l'exil et l'expulsion des Juifs des États arabes et de l'Iran ». Soit le lendemain de l'adoption le 29 novembre 1947, par le vote de la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU, du plan de partage de la Palestine mandataire élaboré par le Comité spécial des Nations unies sur la Palestine (UNSCOP) institué par l’ONU et le jour du début de la réaction violente annoncée d'Etats musulmans contre "leurs" Juifs. A Paris, le Mussef (Musée du monde séfarade) vie à "présenter l’histoire des Juifs ayant vécu naguère dans des pays méditerranéens et orientaux".
Un colloque prospectif en 2001 sur l’exode des Juifs des pays arabes
« Leaving, never to return ! »
En 1945, 1,2-1,3 million de Juifs vivaient dans le monde islamique ou/et arabe, en Eurasie et dans la péninsule indienne, c'est-à-dire dans un espace géographique avec une forte majorité musulmane.

En quelques
décennies, essentiellement des années 1940 aux années 1970, la quasi-totalité des Juifs ont dû
quitter massivement cette sphère, « sous l’effet de la violence organisée par
les gouvernements ou de l’absence de choix, abandonnant tous leurs biens et
leur patrimoine », malgré des siècles d’une présence souvent antérieure à
la conquête arabe, parfois (pluri)millénaire.
La quasi-totalité de ces Juifs a suivi les chemins de l’exil : 600 000 Juifs sont allés en Israël, 300 000 en France, en Amérique du Nord, etc. Dans la douleur ou/et dans l'espérance. Avec courage et dignité pour affronter, pour beaucoup, un déclassement social, des blessures psychologiques.
L'Etat d'Israël a organisé le voyage des Juifs yéménites. "Durant l'année 1949 arrivèrent en Israël près de 50 000 juifs du Yémen grâce à un pont aérien qui partit d' Aden. L'opération s'appelait "Sur les ailes de l'aigle" car cela correspond à un verset de la Bible, dans le Livre des Nombres (Chemot), paragraphe 19, verset 4, où il est écrit : "Et je vous ramènerai sur les ailes de l'aigle et vous reviendrez à moi". Cette opération porta également le nom de "Tapis volant".
L'Etat d'Israël aurait payé 20-30 millions de dollars au Maroc pour pouvoir amener les Juifs du royaume en Eretz Israël. "Une indemnisation par tête de 100 à 250dollars a été offerte à l’Etat marocain", a déclaré Yigal Bin-Nun, auteur de « La négociation de l’évacuation en masse des juifs du Maroc », historien, Professeur à l’Université Paris VIII. (FAHIM Majda, « Juifs marocains, Le prix de l'exil », Le Journal Hebdomadaire, n° 390 du 4 au 10 avril 2009, Casablanca, p. 54-57)
L'Agence juive s'est efforcée de trouver les modalités de transferts adaptées à chaque situation.
En 1961, alors que l’immigration des Juifs du Maroc était interdite, David G. Littman a contribué avec le Mossad, sous le nom de code de « Mural », à la sortie clandestine de 530 enfants Juifs marocains vers l’Etat d’Israël, via la Suisse (« Opération Mural » : Casablanca1961, film documentaire de Yehuda Kaveh, 2007). Grâce à lui, le passeport collectif a permis l’aliyah des Juifs du Maroc.
En 2011, quelques milliers de
Juifs demeurent dans cette vaste aire devenue pour partie - Libye, Afghanistan... - "Jüdenrein" (sans juif, en allemand).
Cette disparition soudaine a représenté un séisme, un mouvement historique d'une rare ampleur et longtemps un sujet tabou, mais ô combien sensible tant les enjeux variés sont cruciaux.
Un évènement majeur qui n'a pas de nom. Certains ont proposé "Nakba Juive", "Girush", "Nishul" ou "Hisul". Levi Clancy a suggéré l'acronyme "Damgana" (‘דמגנע’, en hébreu) :
"D (ד) vient de dam (דם), qui signifie le sang juif versé.
M (מ) vient de mehumot (מהומות), qui signifie émeutes anti-juives.
G (ג) vient de girush (גירוש), qui signifie expulsion des Juifs.
N (נ) vient de nishul (נישול), qui signifie spoliation des Juifs.
A (ע) vient d'aliyah (עלייה), qui signifie immigration en Israël, la liberté dans l'Etat Juif".
Jews Indigenous to the Middle East and North Africa (JIMENA), World Organization of Jews from Arab Countries (WOJAC) et Harif, "association of Jews from the Middle East and North Africa" défendent les droits de ces Juifs en rappelant leur Histoire.
Co-fondatrice de l'association britannique Harif, Lyn Julius anime le blog "Point of No Return. Jewish Refugees from Arab and Muslim Countries" et a écrit le livre "Uprooted: How 3,000 Years of Jewish civilisation in the Arab World vanished overnight".
Combien, quand, d'où et comment ?
Cet exode oublié, ignoré ou méconnu a été tardivement étudié par les historiens, et ses enjeux - historiques, géopolitiques, financiers, moraux, juridiques, mémoriaux - rarement envisagés dans leur globalité. Tant ils contreviennent au "politiquement correct" et au mythe al-Andalus. Le Congrès juif mondial (WJC) a recueilli des témoignages bouleversants de ces Juifs exilés.
Combien de Juifs ont pris le chemin de l'exil ? Durant quelle période ? Et quels sont les pays concernés ? Aucun consensus parmi les organisations juives, l'Etat d'Israël et des historiens.
Pour le Congrès juif mondial, ils étaient environ 850 000 à avoir du quitter "leurs foyers après 1948 l'Afrique du nord et le Moyen-Orient".
En juin 2014, la "Knesset a adopté une loi fixant le 30 novembre comme Journée nationale de commémoration annuelle pour les 850 000 réfugiés juifs qui furent déplacés des pays arabes et de l’Iran au cours du 20ème siècle". L'Etat d'Israël a donc exclu notamment la Turquie et la vieille ville de Jérusalem.
Selon le professeur Shmuel Trigano, "entre 1920 et 1970, 900 000 Juifs se sont vus exclure des pays arabo-musulmans, du Maroc à l’Iran, de la Turquie au Yémen, où ils étaient installés depuis 20 siècles. Les années 1940 constituèrent un tournant dans ce drame".
Selon mon tableau ci-contre, 1,3 million de Juifs vivaient en 1948 en Afrique du Nord, au Proche-Orient et au Moyen-Orient, dans le subcontinent indien.
Un nombre à comparer à celui des "réfugiés palestiniens". En 2016, le journaliste Richard Mather a listé les statistiques fournies par des sources officielles - palestiniennes, onusiennes, etc. -, et a évalué le nombre d'Arabes ayant fui à environ 270 000. (Palestinian refugees from1948 may have numbered less than 300,000, 13 janvier 2016). Le rapport entre ces deux populations exilées serait de un à trois, voire à quatre.
Un "échange de populations" ? Certes, mais, si les Arabes de la Palestine mandataire ont fui volontairement, par peur - intoxication de la propagande arabe - ou par obéissance aux directives de chefs Arabes promettant d'égorger les Juifs et leur retour chez eux, les Juifs de cette sphère aspiraient eux à continuer de vivre là où leurs familles étaient implantées depuis des siècles ou des millénaires.
Un exil annoncé

Le 11 octobre 1947, Abdul Rahman Azzam Pasha, premier Secrétaire général de la Ligue arabe, a déclaré au quotidien égyptien Akhbar al Yom : “Ce sera une guerre d'extermination et un massacre capital, dont on parlera comme des massacres de Tartares ou des guerres des Croisés... Chaque combattant considère la mort au nom de la Palestine comme le plus court chemin vers le Paradis... Cette guerre sera une opportunité pour de vastes pillages”. Les razzias du djihad.

Le 14 novembre 1947, et dans un discours comminatoire au Comité politique de l’Assemblée générale de l’ONU, Heykal Pasha, délégué égyptien, annonce un exil d'environ un million de Juifs vivant dans le monde musulman :
« Les Nations unies… ne devraient pas perdre de vue le fait que la solution proposée risque de mettre en danger un million de juifs vivant dans les pays musulmans. La partition de la Palestine risque de créer dans ces pays un antisémitisme même plus difficile à extirper que celui que les Alliés étaient en train d’éradiquer en Allemagne… Si les Nations unies votaient pour la partition de la Palestine, elles pourraient être responsables du massacre d’un grand nombre de juifs ».
Heykal Pasha donne alors des détails sur sa menace :
« Un million de Juifs vivent en paix en Egypte [et dans d’autres pays musulmans] et apprécient tous les droits de la citoyenneté. Ils n’ont aucun désir d’émigrer en Palestine. Cependant, si un Etat juif était créé, nul ne pourrait empêcher des troubles. Des émeutes pourraient éclater en Palestine, se répandre à travers tous les Etats arabes et risquent de mener à une guerre entre deux races ».
Ce qui suppose une coordination entre les pays arabes selon un modèle dégagé par le professeur Shmuel Trigano : isolement, marginalisation et exclusion juridiques, économiques et politiques par un « statut des juifs », pogroms, expulsions, etc.
"20% des citoyens israéliens sont palestiniens et les quelques milliers de Juifs qui subsistent dans les Etats arabes (Iran, Maroc, Turquie) sont des minorités marginales au bord de l’extinction. Il y a déjà un État palestinien sur le territoire de la Palestine mandataire qui devait être partagé entre un Etat juif et un Etat arabe. La Jordanie dont 75% de la population est effectivement palestinienne", a résumé le professeur Shmuel Trigano.
Valeur des biens juifs
Il est difficile d''estimer la valeur des biens dont ces réfugiés juifs ont été spoliés lors de cet exode forcé : de quelle date à quelle date ? Quels pays inclut-on ? Additionne-t-on la valeur des biens détenus à titre individuel à ceux de la communauté juive locale - hôpitaux, écoles, synagogues, etc. - ? En 2008, la World Organization of Jews from Arab Countries (WOJAC) a estimé la valeur de ces biens à environ $100 milliards (valeur de 2006) et d'autres ont avancé $300 milliards (valeur de 2007).
En 2018, YJ Draiman, président d'AFSI de la Région du Grand Los Angeles, "les biens immobiliers de ces Juifs contraints de les laisser en terres Arabes ont été estimés à 120 000 km². La valeur actuelle est d'environ 15 trillions de dollars", soit (150 billions - un billion est un million de millions ou mille milliards).
Selon un article en 2012 de Ron Prosor, ancien ambassadeur israélien, "la superficie totale des terres confisquées aux Juifs des pays Arabes atteint près de 40 000 miles carrés - cinq fois la taille d'Israël" et environ 104 000 km².
Selon un article en 2012 de Ron Prosor, ancien ambassadeur israélien, "la superficie totale des terres confisquées aux Juifs des pays Arabes atteint près de 40 000 miles carrés - cinq fois la taille d'Israël" et environ 104 000 km².
Il convient de tenir compte des biens des individus Juifs (usines, ateliers, magasins, appartements et immeubles, etc.) et ceux des communautés juives : synagogues, hôpitaux, etc.
En décembre 2019, Bloomberg, citant Mako, indiquait qu'Israël avait estimé, avec le concours d'un cabinet international d'experts-comptables la valeur des biens abandonnés par les Juifs qui ont fui ou ont été expulsés de huit pays du Moyen-Orient après la refondation de l'Etat d'Israël. Cette valeur serait de 250 milliards de dollars : 50 milliards de dollars pour les biens juifs en Tunisie (35) et Libye (15), et environ 200 milliards de dollars pour ceux laissés au Maroc, en Iraq, en Syrie, en Egypte, en Iran et au Yémen. Ce montant serait un élément à avancer dans le cadre du futur plan de paix américain. Justice for Jews from Arab Countries (JJAC) a estimé qu'environ 856 000 Juifs ont fui dix pays Arabes, dont l'Algérie et le Liban, quand des émeutes violentes ont éclaté dans la région après le ré-établissement de l'Etat d'Israël. "L'heure est venue de corriger l'injustice historique des pogroms contre les Juifs dans sept pays Arabes et l'Iran, et de restituer aux centaines de milliers de Juifs qui ont perdu leurs propriétés ce qui est légalement à eux", a déclaré Gila Gamliel, ministre israélienne pour l'Egalité sociale, qui coordonne les dossiers d'indemnisations. (“The time has come to correct the historic injustice of the pogroms against Jews in seven Arab countries and Iran, and to restore to hundreds of thousands of Jews who lost their property what is rightfully theirs,” said Israeli Minister for Social Equality Gila Gamliel, who is coordinating the compensation suits).
Une loi israélienne, adoptée en 2010, précise que tout traité de paix doit aussi inclure un volet sur la compensation pour les biens détenus par les Juifs, spoliés, ou ayant du les abandonner pour fuir leur domicile dans des pays Arabes et en Iran.
So Israël réussit à obtenir des indemnisations, celles-ci seront distribuées par l'Etat via un Fonds spécial.
So Israël réussit à obtenir des indemnisations, celles-ci seront distribuées par l'Etat via un Fonds spécial.
Voici une décennie, les "Palestiniens" avaient dit qu'ils exigeraient plus de 100 milliards de dollars en compensation à verser par Israël concernant des biens abandonnés en 1948. "Le nombre total de réfugiés Arabes palestiniens - résultant d'une guerre lancée par les Arabes - ne pouvait pas excéder 320 000", a indiqué Yoram Ettinger (1948 Arab refugees: concocted circumstances and numbers, 27 mai 2016).
Au sein du ministère israélien de la Justice, le Département des droits des Juifs originaires des pays Arabes (SDJOPA) est chargé d'enregistrer les pertes matérielles et les dommages moraux des Juifs originaires de ces pays.
Au sein du ministère israélien de la Justice, le Département des droits des Juifs originaires des pays Arabes (SDJOPA) est chargé d'enregistrer les pertes matérielles et les dommages moraux des Juifs originaires de ces pays.
On ne peut s'empêcher de dresser un parallèle entre des actes infamants préjudiciables édictés contre ces réfugiés Juifs et ceux visant le Dr Lionel Krief ou Eva Tanger depuis plusieurs années dans la France républicaine du début du XXIe siècle.
La superficie des biens dont ces Juifs exilés ont été spoliés (100 000 km²) est cinq fois supérieure à celle de l'Etat d'Israël.
"Les biens spoliés des Juifs ont une valeur 500 fois supérieure à ceux des Palestiniens", a estimé le professeur Shmuel Trigano.
Symposium sur "l’exode oublié"
Au programme : établissement des faits, récits de mémoires douloureuses refoulées, témoignages bouleversants de vies brisées, définitions distinctes affinées et analyses lucides. Sur un ton incisif, parfois drôle, souvent grave, les intervenants se sont vite accordés sur l’urgence d’actions visant à faire connaître ainsi que les droits de ces Juifs exclus, rompre l’isolement d’Israël et rétablir son image. Ce symposium s’est clos sur la présentation d’enjeux éthiques, juridiques et politiques.
Un "exode oublié" ? « Qui connaît
leur sort ? », a interrogé Serge Cwajgenbaum, secrétaire général
du CJE.

Ce « colloque a pour vocation de faire le point sur un
drame unanimement et idéologiquement refoulé, inconnu de nos contemporains, de
rendre justice au monde sépharade, de faire œuvre de mémoire et de dignité pour
cette population qui a vu son destin brisé et sa continuité ébranlée. Sa voix
ne doit plus être ignorée dans le concert international », ont expliqué les
organisateurs du symposium.

Et d’ajouter : « Le processus d’Oslo et sa crise
ont ravivé les mémoires du contentieux originel qui sépare les deux parties du
conflit proche-oriental. On évoque ainsi couramment le « droit au
retour » des Palestiniens mais un élément déterminant du tableau historique
ainsi dressé manque de façon stridente : le contentieux des Juifs du monde
arabe - la majeure partie de la communauté Juive française et de la société
israélienne - avec les Etats arabes ».
Lors des négociations à Camp David en 2000, la revendication
du « droit au retour » en Israël des réfugiés palestiniens, de leurs
enfants et petits-enfants s’insère dans un discours délégitimant et mortifère
pour Israël - « existence
congénitalement immorale et injuste » -, aboutit à terme à une « domination démographique, à la fin
de l’Etat Juif ainsi qu’au risque de rétrogradation au statut de dhimmi ».
Refusant une « morale
victimaire indigne et qui innocenterait les pays arabes », le
professeur Shmuel Trigano, sociologue, a espéré l’émergence de mémoires occultées
par les idéologies tiers-mondistes des années 1970, et par les Juifs aussi qui
ont bénéficié d’une « libération
politique par le pouvoir colonial ».

Le professeur de civilisation juive Haïm Zafrani a dépeint
« l’espace culturel, lieu privilégié
de rencontres judéo-musulmanes, la création littéraire, d’expression hébraïque
ou dialectale, comme source d’histoire dans l’Occident musulman (Espagne et
Maghreb »
où les influences réciproques sont prégnantes, multiples et fécondes.
Tableau vrai pour une élite et à certaines époques ?
Oui, semble-t-il quand Roger Pinto, président de SIONA, a dénoncé le « mythe des Juifs heureux en terre d’islam »
et la volonté de « pays, tel
l’Irak, d’exclure leurs pays d’enquêtes onusiennes sur l’exode des Juifs et
leurs expropriations ».
Impression renforcée quand l’écrivain Bat Ye’or a détaillé « la dhimmitude,
une législation imposée pendant plus d’un millénaire, d’Iran au Yémen, aux
Infidèles, Juifs et chrétiens,
et déterminée par une théologie et une juridiction. L’origine est à rechercher
dans le jihâd,
guerre théologique, combat dans la voie d’Allah pour conquérir de nouveaux
territoires et y imposer la loi d’Allah telle qu’elle a été révélée au messager
Mahomet dans le Coran et la Sunna."

Et de poursuivre : "Les dhimmis
habitent dans le pays de la Guerre et ont accepté de se soumettre aux règles du
jihâd
en cédant des territoires. La protection de leurs droits est fixée par un
traité de soumission, la dhimma, et exige le paiement d’un tribut collectif,
puis de la capitation. Les lois antijuives byzantines étoffent les lois de
dhimmitude.
En cas d’infraction de leurs droits, la protection est annulée et le djihad
réactivé. La vie des dhimmis
est rythmée par les pillages, humiliations, exterminations, rançons collectives
sous la menace de conversions forcées, l’exploitation fiscale, y compris par
les tribus rebelles au pouvoir central, la réduction en esclavage, un rituel
d’avilissement, etc. L’annulation générale de ce système a induit une haine aux
XIXe et XXe siècles qui empoisonne le XXIe
siècle. L’indépendance d’Israël a détruit le système de la dhimmitude qui
représente une synthèse de la politique de haine et déshumanisation et qui se
fonde sur une interprétation du Coran qu’on peut modifier. Ce système perdure
dans les pays appliquant la shari'a.
Il est important de connaître l’origine de ces lois et leurs fonctions pour
discuter avec des amis musulmans et lutter contre les préjugés pour nouer une
relation d’estime et de respect mutuels. Du dialogue avec des musulmans
naîtront d’autres commentaires des textes ».
« Les XIXe
et XXe siècles ont marqué la prospérité des communautés Juives dans
les pays arabes. Expliquer l’exode des Juifs des pays arabes se heurte à des
difficultés, dont le manque de recherches historiques sérieuses, le besoin de
présenter une explication valable pour tous les pays musulmans, la position
délicate d’historien-arbitre. Les violences subies par les Juifs n’expliquent
pas toutes leurs migrations. Le conflit du Proche-Orient a servi de catalyseur
à celles-ci ».

Autres facteurs explicatifs de l’exode selon le
professeur Haïm Sadoun : « la situation
interne dans chaque pays, la prise de conscience des Juifs de l’impossibilité
de vivre dans les Etats arabes indépendants et leur attachement à Eretz Israël ».
« Après la mort
du chanteur Raymond Leiris, la communauté juive a du quitter Constantine en
quelques semaines », s’est souvenu Raphaël Drai, professeur de science
politique.
Ex-conseiller au Ministère de la Justice d’Israël et
spécialiste du droit des pays arabes, Yaakov Meron a esquissé une typologie
expulsion/dépossession. Sur la base de récits concordants, recueillis dès 1948,
des agressions antijuives impunies (Egypte, Algérie, etc.), il apparaît que
« des agents du pouvoir ont été
impliqués dans certaines atrocités, ce qui engage la responsabilité des
Etats » et justifie des actions judiciaires des victimes et de leurs
ayants-droit. L’exclusion forcée des Juifs visait à confisquer « leur argent (Yémen) et à empêcher qu’Israël
ne se renforce avec cet afflux financier (Arabie Saoudite) ».
Elie Barnavi, ambassadeur d’Israël en France, a réfuté
« toute équivalence entre les deux
mouvements migratoires. Sont des réfugiés ceux qu’on ne veut pas accueillir,
tels les Palestiniens maintenus dans leur état. Les Juifs n’ont pas été des
réfugiés sur la terre de leurs ancêtres. Ils avaient le droit de partir dans la
dignité et leurs préjudices matériels, financiers, etc. doivent être indemnisés
».
François Zimeray a énuméré les aspects philosophiques,
historiques, affectifs et juridiques du droit au retour. Qui va indemniser les
Juifs exclus des pays arabes ? Peut-être la juridiction belge grâce à sa
« compétence universelle ».
Ou des tribunaux nationaux, pour carence de l’Etat des ressortissants Juifs
concernés, dont la France, à défendre leurs droits.

« De mai 1948 à
mars 1950, Israël a accueilli 400 000 immigrants. Une intensité unique dans le
monde. Ben Gourion a alors choisi la politique de la porte ouverte, une aliyah illimitée, doublée de la loi du retour. Les immigrants vivaient dans
des maabarot (camps de transit) aux
effets néfastes sur leurs vie familiale, santé, situation professionnelle
(déclassement, chômage) et sur la vie politique (corruption). Puis ils ont eu
des logements permanents, se sont intégrés et devenus des citoyens israéliens.
Grâce aux efforts et à la solidarité, l’écart s’est réduit au cours de la
deuxième génération et des mentalités ont changé », a déclaré Yehuda
Dominitz, ancien directeur du Département d’immigration et de l’absorption de
l’Agence juive.

Selon Claude Tapia, professeur de psychologie sociale,
« l’attachement culturel des Juifs
des pays arabes a prévalu sur leur attachement à la Terre. Les traumatismes nés
de spoliations et de transplantations douloureuses ont été accrus par le
silence sur ce déni de justice. En France, l’insertion a été en partie
facilitée par les institutions juives et le partage de normes avec la société
d’accueil. Au Québec, l’intégration est passé par les institutions
anglo-saxonnes ».

Pour les écrivains Minou Azoulai, Albert Bensoussan et Naïm
Kattan, cet exode d’Egypte, d’Algérie et d’Irak a été la matrice de leurs
œuvres artistiques.
« Les leaders
arabes ont instrumentalisé les réfugiés palestiniens maintenus cruellement et
cyniquement dans des camps, parfois des bastions militaires avec la complicité
de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) », a estimé Avi Becker, secrétaire
général du CJM.
Raphaël Israéli, professeur d’histoire du Moyen-Orient,
spécialiste du terrorisme et de l’intégrisme islamique à l’Institut de recherche
Harry Truman (Jérusalem), a rappelé les transferts de population pour créer des
pays homogènes après les deux guerres mondiales et éviter des problèmes plus
graves. « Honteux de ne pas s’en
sortir, malgré ou à cause de l’aide internationale, les palestiniens tentent de
tuer le contre-exemple : l’Etat Israël, un pays qui a su intégrer des
immigrants et développer son économie », a résumé Raphaël Israéli.
« Si la
revendication au droit au retour des réfugiés palestiniens était acceptée, ce
serait une injustice flagrante pour les Juifs exclus des pays arabes et la fin
d’Israël », a déclaré Roger Cukierman,
président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France),
qui a poursuivi sur l’asymétrie des parcours : « Alors que les Juifs ont su s’intégrer dans leurs pays d’accueil, les
Arabes ont maintenu volontairement les réfugiés dans des camps ».
Constatant le succès d’audience - 800 personnes – de ce
symposium, Shmuel Trigano a noté le double refoulement normal et idéologique de
cet exode par les Juifs qui l’ont vécu. « Avec l’Intifada II, on peut voir ce dont le monde est capable à l’égard
des Juifs. Le refus palestinien à Camp David des propositions israéliennes est
une machine infernale pour briser la dignité morale du peuple Juif. Cette
stratégie a voulu exclure le peuple Juif des droits de l’homme, et transformer
un conflit politique en conflit tribal, un Kosovo bis, en appelant à
l’internationalisation du conflit au détriment d’Israël. Ce droit au retour des
réfugiés palestiniens en Israël est un facteur de délégitimation d’Israël, une
équation d’un simplisme ravageur. Il faut restaurer la légitimité morale
d’Israël. De son vacillement, l’antisémitisme risque de se réveiller ».
Il a insisté sur une facette occultée : « L’hospitalité arabo-musulmane est un argument de délégitimation
d’Israël. Il faut ressusciter pour rendre justice : un monde a été
englouti en une génération. Cette culture est-elle morte pour toujours ?».
Refusant le « statut victimaire »,
le sociologue a exhorté le monde arabe à accepter que le « dhimmi est un sujet libre de son histoire et
de l’Histoire ».
Eurodéputé français socialiste, François Zimeray s’est
réjoui du vote récent d’un « amendement
subordonnant l’aide européenne, notamment en matière éducative, à l’Autorité
palestinienne au respect des droits de l’homme. La cause palestinienne est instrumentalisée pour présenter les victimes
d’hier en bourreaux d’aujourd’hui et alléger la culpabilité occidentale liée à
la Shoah ».
Par une parabole drôle, le Dr Avi Becker, Secrétaire
Général du Congrès Juif mondial, a montré le problème d’Israël d’image,
d’informations et de campagne vers les médias : même en cas de légitime
défense patente, Israël ne peut se défendre sans être accusé d’agresser sans
provocation. « Malgré les
propositions généreuses de Ehud Barak à Camp David, les négociations ont
achoppé sur la question des réfugiés palestiniens. Israël dispose d’arguments
forts contre le droit au retour réclamé par les Palestiniens. En novembre 2001,
à Jérusalem, des résolutions ont été adoptées pour une action
internationale ». Et ce dans un contexte hostile de désinformations.
« Pourquoi les
gouvernements israéliens ont-ils oublié la question des réfugiés Juifs, même
d’un point de vue tactique ? » a interrogé Roni Milo, ministre
israélien de la Coopération régionale, citant les accords d’Oslo II et soulignant
que les termes « réfugiés » et « droit au retour » sont
souvent accolés au vocable « palestinien ». Et d’ajouter :
« Le problème des réfugiés
palestiniens est utilisé contre Israël par les pays arabes qui ont refusé de le
résoudre. La plupart des réfugiés palestiniens ont quitté Israël à la demande
des leaders arabes, dans l’espoir à leur retour, après la destruction d’Israël,
de prendre les biens Juifs. Cependant, certains Juifs ont forcé les
Palestiniens à partir ». La question de l’exode oublié concerne non
seulement Israël, mais aussi d’autres pays, dont la France.
Avec ironie, Roni Milo s’est interrogé sur la signification
du droit au retour des réfugiés : « Serait-ce celui des Juifs vers les pays arabes ? » La
paix étant une nécessité, la solution doit être avantageuse pour les deux
parties. Que faire ? Convaincre le monde de la pertinence des arguments
israéliens, rappeler les guerres déclenchées contre Israël, contrer les images
orientées et manichéennes - tanks israéliens contre enfants palestiniens – de
médias, etc.

Parmi les actions prônées par Stanley Urman, directeur
exécutif du Centre pour la paix au Moyen-Orient (Etats-Unis) : favoriser
les études historiques, sensibiliser l’opinion publique, les médias, des
politiciens, des instances nationales, européennes et internationales, les
« décideurs », etc. afin de contrer les stratégies arabes et faire
valoir les droits des Juifs, notamment à compensations internationales.
Pierre Lellouche a rassuré le maire de Tel-Aviv :
« Il est peu probable que les Juifs
exclus des pays arabes s’y précipitent ». « La frontière est une condition de paix. Le droit au retour est à géométrie
variable. Selon que le pays concerné est fort ou faible, et guidée par des
interprétations évolutives de « l’intérêt de la paix », la communauté internationale est
pour contre le droit au retour. Si on convainc les gens que l’Etat Juif est né
dans une terre qui ne lui appartient pas et que les Palestiniens peuvent y
retourner, c’est la fin d’Israël ».
Son inquiétude est triple, relative à Israël, au défi pour
la démocratie et à l’antisémitisme en France. C’est en tant que « Juif, Français et républicain » qu’il
est inquiet. « Israël risque
d’affronter un cocktail redoutable - stratégies arabe d’isolement international
de « l’apartheid bis » et
de contournement, guérilla interne »I. Un cocktail résultant en une
impasse et né paradoxalement des accords d’Oslo : « Mettre les problèmes les plus difficiles -
Jérusalem et le droit au retour des réfugiés palestiniens - est une bonne idée
si les étapes intermédiaires se passent bien et constituent un socle de
confiance. Le terrorisme de masse -
attentats suicide, attentats du 11 septembre 2001 - manifeste un refus de la
paix. C’est un défi à la démocratie et à l’Armée. Il s’analyse non comme un
mode de négociation politique (Corse), mais comme un refus de la paix. Une
démocratie ne peut faire face à cela, et l’Armée est conçue pour une guerre
interétatique. Cette équation stratégique nouvelle menace la sécurité d’Israël.
Puis ce « brillant
réfugié » a dénoncé trois idées fausses : « Le terreau des terroristes a été fabriqué
par les échecs systémiques des leaders arabes depuis les indépendances,
l’absence d’opposition démocrate et les faillites économiques. La seule
alternative pour les musulmans a été la religion. Certains allèguent qu’il faut
dissocier islam/islamisme et terrorisme et que le règlement du problème
israélo-palestinien aurait permis d’éviter Ben Laden. Or, ses attentats ont
commencé après les accords d’Oslo. ».
M. Lellouche a souhaité des « réflexions chez les intellectuels musulmans sur l’islam » et
stigmatisé la résurgence d’un antisémitisme émanant du « politiquement
correct » de gauche et d’arabo-maghrébins, et actualisant des stéréotypes
traditionnels. Il a relevé « le
parallélisme antisémitisme/antiaméricanisme/antisionisme et les dangers des
dérives sémantiques. Dans une société multiconfessionnelle, héritière de la
Révolution de 1789, ce regain d’antisémitisme, s’il n’est pas traité, risque de
rendre la vie intolérable. Un devoir de veille s’impose ».
« En vue de
l’élargissement de l’Union Européenne serait précieux le savoir-faire israélien :
intégration d’immigrants pour en faire des citoyens, démocratie exemplaire,
etc. Et pourquoi ne pas envisager de proposer à Israël d’adhérer à l’UE et
d’œuvrer à son entrée dans la francophonie ? » Les liens entre
l’idée européenne et le sionisme sont multiples : « En vue de l’élargissement de l’Union
Européenne, serait précieux l’ingénierie et le savoir-faire israéliens :
éducation de haut niveau, intégration de populations migrantes pour en faire
des citoyens, maîtrise des nouvelles technologies, démocratie exemplaire, etc.
Et pourquoi ne pas envisager de proposer à Israël d’adhérer à l’UE, puisque ces
deux entités partagent les mêmes valeurs, et d’œuvrer à son intégration dans la
francophonie ? », a déclaré François Zimeray.
Abasourdi par le discours du président du CRIF du dîner
annuel de cette organisation, M. Lellouche a stigmatisé la résurgence d’un
antisémitisme qui vient du « politiquement correct » de gauche et des
arabo-maghrébins et emprunte les mêmes images : Juifs bourreaux et
exploiteurs, complot cosmopolite et mondial, etc. Il a souligné le parallélisme
antisémitisme/antiaméricanisme/antisionisme et les dangers des dérives
sémantiques. Dans une société multiconfessionnelle, ce regain d’antisémitisme
s’il n’est pas traité, risque de rendre la vie intolérable. Un devoir de veille
s’impose.

D'origine tunisienne, l’écrivain Albert Memmi a rappelé l’ancienneté du « problème arabe », perçu comme
social - « si on supprime la
pauvreté, on le résoudra » - sans relever son autre dimension,
nationale : « Les Arabes acceptent
l’aspiration nationale, sauf en Israël ». C’est cet aspect double qui
n’est pas perçu par la gauche française, qui « a du retard dans l’analyse ». La solution ne peut être que
politique, voire passer par un marchandage : « Tant qu’une majorité d’Arabes refusent cette solution, les Juifs seront
les seuls à réclamer la paix ».
Serge Cwajgenbaum, Secrétaire Général du CJE, a conclu sur
la campagne future de sensibilisation d’institutions européennes et
internationales à ces thèmes après avoir présenté en Israël le résultat des
travaux et réflexions menées à Paris sur l’histoire d’un exode celé...
Journée de commémoration
En septembre 2012, l'Etat d'Israël a accueilli à Jérusalem une conférence sur cet exil et a lancé la campagne mondiale d'informations intitulée I am a refugee (Je suis un réfugié) sur cet exode. Une Déclaration sur la justice pour les réfugiés Juifs des pays arabes a été rendue publique à l'issue de cette conférence.
Le 14 juillet 2013, à l'initiative du parlementaire Shimon Ohayon (Likud Beiténou), le Comité ministériel pour la Législation a choisi le 17 février comme Journée nationale de commémoration des Juifs réfugiés ayant fui leurs pays nataux : Etats arabes, Turquie, Iran et partie de Jérusalem. Ce membre de la Knesset a aussi envoyé une lettre à Nabil el-Araby, secrétaire général de la Ligue arabe, pour l'informer que son organisation devrait "accepter la responsabilité historique pour l'humiliation, les souffrances et les pertes subies par des victimes Juives innocentes quand le monde arabe a déclaré la guerre à l'Etat d'Israël. En droit et en équité, la Ligue arabe doit assumer la pleine responsabilité pour assurer et réparer les droits des Juifs réfugiés, résultat direct des actions complices. C'est un élément important de toute future paix et réconciliation entre Juifs et Arabes au Moyen-Orient". Les organisations Jews from Arab Countries (JJAC) et le Congrès Juif mondial (WJC) ont soutenu la rédaction de ce texte et inciteront les communautés juives dans le monde à observer ce jour de commémoration. Le 17 février 1948, la Ligue Arabe a décidé que ses Etats-membres sanctionnent leurs populations Juives.
Le 14 juillet 2013, à l'initiative du parlementaire Shimon Ohayon (Likud Beiténou), le Comité ministériel pour la Législation au sein de la Kensset a choisi le 17 février - date du plan arabe - comme Journée nationale de commémoration des Juifs réfugiés ayant fui leurs pays natals : Etats arabes, Turquie, Iran et partie de Jérusalem.
Le 24 juin 2014, la Knesset a approuvé la proposition de loi instituant la journée du 30 novembre en Jour marquant l'exil des Juifs des terres arabes et d'Iran (Day Marking the Exit and Deportation of Jews from Arab Lands and Iran), et présentée par les parlementaires Shimon Ohayon (Likud Beiténou) et Nissim Zeev (Shas).
Plusieurs ministres se mobiliseront : celui des personnes âgées dirigera la cérémonie ouvrant la commémoration, celui de l'Education encouragera des activités éducatives liées à ce Jour et celui des Affaires étrangères organisera des événements, dont certains se dérouleront dans les ambassades israéliennes, afin d'augmenter la prise de conscience internationale des Juifs réfugiés ayant quitté les terres arabes et l'Iran et leur droit à indemnisation. La Knesset tiendra une réunion spéciale pour marquer ce Jour.
Cette loi précise : ”Durant ce long exode, les Juifs vivant en terres arabes ont subi de nombreux pogroms. Le monde arabe a répondu gravement au renforcement du mouvement national Juif et au sionisme à la veille" du rétablissement de l'Etat d'Israël. "Cette opposition s'est exprimée par des attaques cruelles à l'égard des Juifs et une augmentation des troubles contre eux. Des ordres et lois officiels émis par les régimes des terres arabes ont empêché les Juifs de bénéficier des droits de l'homme ou de ceux des citoyens ainsi que d'avoir un travail, leurs biens leur ont été confisqués, leur nationalité leur a été retirée. De nombreuses fois, les Juifs sont été victimes de meurtres, d'arrestations arbitraires infondées, d'emprisonnements, de torture et de déportation. De 1947 à 1972, environ 856 000 Juifs des terres arabes ont été déracinés, dépossédés de tout et sont devenus des réfugiés".
Cette loi omet malheureusement la Turquie, le Golan, la Judée, la Samarie et Jérusalem que les Juifs ont été alors contraints de quitter.
Cette loi omet malheureusement la Turquie, le Golan, la Judée, la Samarie et Jérusalem que les Juifs ont été alors contraints de quitter.

Canada
Le 30 novembre 2019, à l'initiative de Sass Peress, un Canadien Juif d'origine irakienne vivant à Montréal, le Kaddich a été dit dans 38 synagogues aux Etats-Unis, au Canada, à Londres et à Paris (synagogue Buffault) ; les fidèles prièrent pour les Juifs tués dans ce monde Arabe ou/et musulman et ceux qui y sont enterrés dans des cimetières interdits d'accès à leurs familles.
"Ont suivi 3 tables rondes portant sur l’exil des juifs de la Péninsule ibérique, d’Afrique du Nord et de Méditerranée orientale, avec des personnalités variées de chacune de ces régions."
Le 21 novembre 2013, le CJM, la Conférence des Présidents des principales organisations Juives américaines, Justice for Jews from Arab Countries (JJAC, Organisation internationale Justice pour les Juifs des pays arabes) et la mission de l'Etat d'Israël auprès des Nations unies ont organisé à l'ONU, un colloque sur cet exode et, le 14 novembre 2013, un rapport du parlement canadien a exhorté à reconnaitre cet exode.
Le 5 mars 2014, le gouvernement canadien fédéral "a officiellement accepté la recommandation du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes à l’effet que « le Canada reconnaisse officiellement l’expérience des réfugiés juifs qui ont été déplacés des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord après 1948. »
La JJAC a séjourné en France les 11 et 12 juin 2014. Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada, s'est joint à la JJAC. Le CRIF "accompagna l’action de la JJAC pour aborder le sujet de l’exode des Juifs des pays arabes" auprès des responsables politiques français. Une action trop rare du CRIF oublieux de ce fait tragique dans ses conventions et son dialogue avec des personnalités et organisations musulmanes.
"Après 1948, les Juifs du Moyen-Orient, en provenance notamment d’Egypte, d'Irak, de Syrie et du Liban ont été expulsés de ces pays et déclarés réfugiés par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies". La délégation du CRIF et du JJAC visitera "les archives historiques de l'Alliance Israélite Universelle (AIU), dont le réseau d'écoles a été le témoin de cette histoire dramatique et de l’accueil que la France, patrie des droits de l'homme, a pu réserver à une partie des communautés juives exilées". La délégation rencontra Sparacino-Thiellay, ambassadrice pour les droits de l'homme, Claude Goasguen, vice-président du groupe d’Amitié France Israël à l'Assemblée nationale "accompagné de plusieurs députés afin de rappeler les droits de tous les réfugiés du Moyen-Orient dans la perspective d'une solution durable aux conflits de la région". Elle s'entretiendra avec Irina Bokova directrice générale de l'UNESCO, " afin de demander la protection des sites historiques Juifs dans les pays arabes. La destruction de la synagogue de Jobar à Damas (Syrie) en mai 2014" témoigne de l'urgence d'une campagne de préservation des sites religieux qui portent la mémoire de la pluralité des fois dans un Orient en pleine recomposition".
Le MUSSEF
Le Mussef (Musée du monde séfarade) "a pour ambition de présenter l’histoire des Juifs ayant vécu naguère dans des pays méditerranéens et orientaux et notamment en Afghanistan, Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Espagne, Ethiopie, Grèce, Irak, Iran, Italie, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Pakistan, Portugal, Soudan, Syrie, Tunisie, Turquie, Yémen".
"La migration des Juifs de ces communautés a commencé dans la nuit des temps mais s’est accélérée au milieu du vingtième siècle lors de la création de l’Etat d’Israël. Dans les quelques années qui suivirent, environ 900.000 Juifs ont dû quitter les pays où ils vivaient depuis des siècles, voire des millénaires. Deux tiers d’entre eux se sont réfugiés en Israël, qui les a absorbés rapidement. Le reste a essaimé à travers le monde, notamment en France, Italie, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, Argentine ou Brésil".
"Le Mussef a pour objectif de faire exister ce qui n’est plus, en retraçant l’histoire et la culture de ces communautés juives disparues en quelques années sans faire de bruit. Amussef, association des amis du Mussef, a été constituée en novembre 2018 (sous le nom d’Amujex) en vue de le préfigurer, de faire son projet scientifique et culturel (PSC), d’établir un parcours muséographique, de choisir son emplacement et son maître d’œuvre et de lever les fonds nécessaires à sa réalisation."
Annual Kaddish 2019
Qu'ont organisé en 2019 le CRIF, le Consistoire israélite de France et le FSJU pour rappeler cet exil ? Rien.
Événements en 2020
Depuis quelques années, à l'initiative d'un Juif irakien Sass Peress, des organisations juives demandent que le chabbat le plus proche du 30 novembre 2020 soient organisés dans des synagogues un Kaddish et une Azkara, ou Hazkara, pour les Juifs enterrés dans des cimetières situés dans ces pays et aux tombes souvent inaccessibles. Ces prières (Annual Kaddish for Jews buried in Arab countries) ont eu lieu le 28 novembre 2020.
En raison du coronavirus, des prières pouvaient être téléchargées afin d'être récitées à domicile.
Le 30 novembre 2020, à 17 h 30 heure de Jérusalem, 16 h 30 heure de Paris, 15 h 30 heure de Londres, a eu lieu une conférence Zoom en direct de Jérusalem. Diverses salles thématiques évoqueront les divers aspects de cet exode.
Une réunion virtuelle pour toutes les générations. Ce qui était appréciable en cette période de distanciation sociale imposée par la gestion politico-sanitaire du coronavirus.
"En plus de la diffusion principale, des salles de zoom spécifiques aux communautés seront ouvertes. Vous étiez invités à rejoindre votre salle communautaire, et nous vous partagerons peut-être à l’écran ! La salle était limitée à 1 000 participants pour chaque communauté – inscrivez-vous au plus vite pour réserver votre place. Les salles communautaires ouvriront environ une demi-heure avant l’émission". Journaliste, auteure de "Uprooted. How 3000 Years of Jewish Civilization in the Arab World Vanished Overnight" et du blog JewishRefugees riche en informations, Lyn Julius présenta la partie intitulée "Patrimoine Juif aux pays arabes : Est-il perdu ?" et suivie d'un débat.
On pouvait s'inscrire à la salle internationale en français sur le site Internet https://www.30november2020.com/fr/?ref=ma qui a retransmis en direct l'évènement.
Cette conférence a été accompagnée par un spectacle musical avec les plus grands chanteurs d'Israël. Il débutera à 18 h, heure de Jérusalem, 17 h, heure de Paris. "Cette année nous nous retrouverons à cette date pour le plus grand événement juif et familial du monde, pour un concert musical spectaculaire et unique au cœur de Jérusalem. Nous célébrerons ensemble le renouveau de la culture juive libanaise, syrienne, irakienne, yéménite, égyptienne, marocaine, libyenne, tunisienne, algérienne et iranienne, et nous verrons des concerts exceptionnels et traditionnels de participants des différentes communautés".
"Assistez au spectacle extraordinaire de l’âge d’or d’aujourd’hui, une génération jeune et dynamique qui perpétue la tradition des générations précédentes et présente les créations et la richesse culturelle du judaïsme oriental à l’aube du XXIe siècle." Présentateurs : Liraz Charhi et Amos Tamam. Artistes participant à la soirée : Eliad Nahum, Gila Bashari, Yuval Dayan, Liron Amram, Nitai et Ilai Tzarfati, Subliminal – Kobi Shimoni, Amir Benayun, Shiri Maimon, Shlomit Buchnik, Sarit Hadad, Raphael Hayon, Tamar Shauki, Shuki and Dorit Shauki.
"Le récit de chaque communauté a une place toute particulière dans l’histoire d’Israël. Chaque communauté a participé à la réalisation du rêve d’un foyer pour le peuple Juif et a contribué à la richesse culturelle de notre vie ici". Ce site Internet présente un résumé de la vie juive dans ces pays : Liban, Syrie, Irak, Yémen, Egypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Iran".
Evénement en 2021
Le 28 novembre 2021, l'association AMUSSEF (Amis du Musée du Monde Sépharade) a organisé la "Commémoration de l’exil des juifs des pays arabes et d’Iran". "Plus de 120 personnes ont commémoré l’exil des juifs des pays arabes et d’Iran dimanche 28 novembre, dans la Mairie de Paris Centre à l’invitation d’Amussef.
"Ariel Weil, maire de Paris Centre, Delphine Gamburg, ministre conseiller à l’ambassade d’Israël et Karen Taïeb, adjointe à la maire de Paris, ont prononcé des mots d’accueil avant l’ouverture des débats par Hubert Lévy-Lambert, président d’Amussef."
"Il a ensuite été projeté un exposé introductif de Lyn Julius, auteur de Uprooted puis un film préparé par de jeunes polytechniciens dans le cadre d’un projet scientifique collectif dirigé par Anne Dulphy, présidente du comité scientifique d’Amussef."
"Ont suivi 3 tables rondes portant sur l’exil des juifs de la Péninsule ibérique, d’Afrique du Nord et de Méditerranée orientale, avec des personnalités variées de chacune de ces régions."
"Hubert Lévy-Lambert a conclu les débats en annonçant qu’après 3 ans d’action en vue d’essayer de créer un Musée du monde séfarade, Amussef allait céder la place à un Institut Européen du Monde Séfarade."
"Didier Nébot a dressé les contours de ce futur institut qui sera un lieu de recherche constitué d’enseignants, d’artistes, d’écrivains et de chercheurs et aura pour vocation d’étudier le passé et le devenir du monde séfarade pour une meilleure connaissance de son histoire trop souvent occultée. Serge Dahan en sera président, Didier Nébot premier vice-président et Hubert Lévy-Lambert sera président d’honneur."
"Elie-Philippe Kassabi, facilitateur graphique, a fabriqué en temps réel un compte-rendu illustré des débats avec sa verve habituelle.
"L’enregistrement des débats sera diffusé ultérieurement."
Articles
sur ce blog concernant :
Cet article a été publié en une version courte par Actualité juive hebdo, et sur ce blog le 14 septembre 2012 et le :
- 4 octobre 2013 alors qu'à l'université de Yale (Etats-Unis) se tenait le colloque Exodus or Exile?: The Departure of Jews from Muslim Countries 1948-1978 ;
- 21 novembre 2013. Le CJM, la Conférence des Présidents des principales organisations Juives américaines, Justice for Jews from Arab Countries et la mission de l'Etat d'Israël auprès des Nations unies organisent ce jour, à l'ONU, un colloque sur cet exode et, le 14 novembre 2013, un rapport du parlement canadien a exhorté à reconnaitre cet exode ;
- 7 mars, 11 juin et 30 novembre 2014, 5 février 2015 à la mémoire de Sir Martin Gilbert (1936-2015), historien célèbre pour ses atlas historiques, ses livres sur l'histoire du peuple Juif, notamment In Ishmael’s House: A History of Jews in Muslim Lands (2010), et biographe officiel de Winston Churchill ;
- 30 novembre 2015, 30 novembre 2016, 30 novembre 2018, 30 novembre 2019, 29 novembre 2020.
- 7 mars, 11 juin et 30 novembre 2014, 5 février 2015 à la mémoire de Sir Martin Gilbert (1936-2015), historien célèbre pour ses atlas historiques, ses livres sur l'histoire du peuple Juif, notamment In Ishmael’s House: A History of Jews in Muslim Lands (2010), et biographe officiel de Winston Churchill ;
- 30 novembre 2015, 30 novembre 2016, 30 novembre 2018, 30 novembre 2019, 29 novembre 2020.
En 2000, j'avais presente l'histoire des juifs qui ont quitte la Tunisie:
RépondreSupprimerThe Jews in Islam – Tunisia
http://www.u.arizona.edu/~shaked/Tunisia/Jews.html
Presentation at the 19th International Congress of Historical Sciences, University of Oslo, Norway, 6-13 Aug. 2000
Edith Haddad Shaked. On the State of Being (Jewish) Between "Orient" and "Occident". In Jewish Locations: Traversing Racialized Landscapes, Lisa Tessman and Bat-Ami Bar On, eds., Rowman & Littlefield, pp. 185-199. pdf (with permission of the publisher.)
http://www.u.arizona.edu/~shaked/Tunisia/Jews.html
The Vanished Jews of Tunisia
http://www.u.arizona.edu/~shaked/Tunisia/sekhelhandoout.html
Mon site avec lectures sur la Shoha:
http://www.u.arizona.edu/~shaked/