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mercredi 6 novembre 2019

Le Seyfo, génocide des Assyriens


Seyfo ou Sayfo (épée, en araméen) est la dénomination du génocide commis, pendant la Première Guerre mondiale, par les Turcs à l'égard des Assyriens de l'Empire ottoman. De 250 000 à 750 000 Assyriens ont été tués. Ce qui représente près de 50-70% des Assyriens vivant dans la Sublime Porte. Le 2 novembre 2019, un monument Mémorial en hommage aux Assyriens victimes de ce génocide a été inauguré en Allemagne. "Le 7 août était le Jour de la commémoration du génocide des Assyro-Chaldéens en 1915 dans l’Empire ottoman".

« Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman. Stigmatiser, détruire, exclure » 
Le Seyfo, génocide des Assyriens
Attaques contre les chrétiens d'Orient : la réponse des démocraties face à l'intolérance islamiste ? 

"L'identité de la nation assyrienne(syriaque) actuelle est fondée sur l'héritage direct des Sumériens, des Akkadiens, des Assyriens, des Babyloniens, des Araméens et des Chaldéens qui ont dominé la Mésopotamie durant l’Antiquité (entre 4000 et 539 av. J.-C.). Parmi leurs rois les plus célèbres citons: Sargon le Grand, Hammourabi, Sennachérib ou Nabuchodonosor qui ont régné dans les cités d’Ur, de Babylone ou de Ninive", écrit l'Institut syriaque de Belgique.

Et d'ajouter : "Avec l'invention de la roue, de l'écriture (symbolique puis cunéiforme), des systèmes d'irrigation des terres, des techniques de guerre, du développement de l'art (monuments et bas-reliefs), ... l'Empire assyrien s'est agrandi au fil des siècles pour dominer tout le Proche-Orient vers le 7e siècle avant J.-C."

La chute du royaume assyrien date de 605 avant l'ère commune. 

"La langue officielle des premiers empires était l'akkadien (langue sémitique) en parallèle avec le sumérien. A partir du 18e siècle avant J.-C., la langue araméenne (langue sémitique au même titre que l'arabe et l'hébreu) se diffuse dans tout le Proche-Orient et au-delà, favorisant les échanges économiques, la diplomatie et la culture. Elle sera même la langue officielle de l'Empire perse à partir de 539 av. J.-C. Plusieurs dialectes de la langue araméenne vont apparaître. Citons en particulier celui de la cité d'Edesse (royaume d'Osroène) qui prendra le nom de langue syriaque (mot utilisé par les Grecs pour désigner les Assyriens)", complète cet Institut.

Les Assyriens figurent parmi les premiers peuples ayant opté pour le christianisme.

Avec la conquête Arabo-islamique, les Assyriens sont contraints à la conversion à l'islam, à l'esclavage ou à la dhimmitude.

Comme les Juifs, les Assyriens, étaient réduits au statut de dhimmis. La « charîa détermine, en fonction des modalités de la conquête, les droits et les devoirs des peuples conquis qui gardent leur religion à condition de payer une capitation mentionnée dans le Coran et donc obligatoire. Le Coran précise que cet impôt dénommé la jizya doit être perçu avec humiliation (Coran, 9, 29). Les éléments caractéristiques de ces infidèles conquis (dhimmis) sont leur infériorité dans tous les domaines par rapport aux musulmans, un statut d’humiliation et d’insécurité obligatoires et leur exploitation économique » (Bat Ye’or). 

« Le peuple de l’islam » est indigné par le rescrit impérial Hatt-i Humayoun (3 février 1856). Celui-ci « réaffirme l’égalité de droits » et suscite « des « réactions » de la communauté musulmane qui était auparavant la communauté religieuse dominante [et qui] est à présent privée de son droit sacré. Pour le peuple de l’islam, c’est un jour de larmes et de deuil » (Ahmed Djevded Pacha (1822-1895) historien et juriste ottoman).

A la fin du XIXe siècle, les Assyriens de l'Empire ottoman sont composés de Nestoriens, Chaldéens, Jacobites et Orthodoxes. 

En 1895, dans l'Empire ottoman, Arméniens et Assyriens ont été les cibles de massacres hamidiens - plusieurs centaines de milliers de morts assassinés - organisés par le sultan Abdülhamid II, surnommé "Grand saigneur" ou "Sultan rouge", à fin d'extermination. Ce qui a suscité l'indignation notamment du président américain Cleveland. En Iran, les Assyriens ont été alors victimes de massacres similaires.

Est méconnu le génocide commis lors de la Première Guerre mondiale, au même moment que le génocide des Arméniens par les Turcs, selon le même modus operandi – déportations, massacres, viols, rapts -, à l’égard des Assyriens vivant dans l’empire Ottoman. 

Dénommé Sayfo ou Seyfo (épée), le génocide assyrien ou araméen / chaldéen / syriaque a un lourd bilan : 250 000 à 400 000, voire 750 000 Assyriens tués, soit environ 50-70 % de la population assyrienne en ce début de XXe siècle. Les historiens divergent quant à l'évaluation du nombre de victimes qui varie selon le périmètre retenu de la zone où vivaient les Assyriens. Dans son dossier pédagogique, cet Institut évalue à plus de 500 000 le nombre de victimes du Seyfo. 


Le génocide des Arméniens a été décrit avec précision et analysé avec pertinence dans Ambassador Morgenthau's Story (1918) de Henry Morgenthau, ambassadeur des Etats-Unis à Constantinople (1913-1916), qui a aussi évoqué celui des Grecs et des Assyriens. Des témoignages ont été recueillis immédiatement auprès des rescapés.

Les Assyriens vivent actuellement au Moyen-Orient : en Syrie, en Iraq, en Iran et Turquie. La diaspora Assyrienne s'est établie aux Etats-Unis, en Jordanie, en Suède, en Allemagne, en France, notamment à Sarcelles, dans la banlieue parisienne,

En 2010, le Parlement suédois a reconnu le Seyfo. En 2015, l'Assemblée nationale d'Arménie a adopté une résolution reconnaissant ce génocide...

Dans le monde, 22 monuments ont été édifiés à la mémoire des victimes du génocide Assyrien. Parmi les villes dotées de Mémoriaux : Chicago (Etats-Unis) en 2000, Sarcelles (France) en 2005, Wales (Royaume-Uni) en 2007, Kiev (Ukraine) et Saint-Pétersbourg (Russie) en 2008, Erevan (Arménie) en 2012, Liège (Belgique) en 2013, Diyarbakir, ville Kurde (Turquie) et Jonkoping (Suède) en 2013, Athènes (Grèce) en 2014, Damas (Syrie) et Locarno (Suisse) en 2015, Pohlheim (Allemagne) en 2019...

"Qui s'en souviendra ?"
En 2014, les éditions du Cerf ont publié "Qui s'en souviendra ? 1915 : Le génocide assyro-chaldéo-syriaquede Joseph Yacoub, Professeur honoraire de l'université catholique de Lyon et premier titulaire de la chaire UNESCO « Mémoire, cultures et interculturalité ». "Aujourd’hui, comme hier, les chrétiens d’Orient meurent. En Mésopotamie, la terre d’Abraham, le calvaire des Assyriens, des Chaldéens et des Syriaques, dépositaires de l’araméen, la langue de Jésus, est non seulement ancien, mais aussi oublié. C’est au cœur de la Grande Guerre, en 1915, que le régime des Jeunes-Turcs a programmé leur extermination avec celle des Arméniens. D’un génocide à l’autre, c’est un même oubli qu’il s’agit de combattre. C’est un devoir pour nous tous que les descendants des survivants, réfugiés au Levant, à nouveau persécutés, puissent accomplir leur deuil grâce à une mémoire partagée. C’est à restaurer l’histoire occultée d’un peuple sans alliés, le sien, qu’a œuvré toute sa vie Joseph Yacoub. Premier ouvrage d’envergure consacré ce sujet universel, cette somme passionnante est le maître livre du spécialiste en la matière, lui-même descendant d’une famille de rescapés de l’abîme. Ce qui confère à son travail scientifique sans précédent l’émotion d’un témoignage vivant et la portée d’un plaidoyer vibrant adressé à quiconque ne saurait rester indifférent à l’omission d’un crime contre l’humanité."

Exposition
"En partenariat avec la Commune de Woluwe-Saint-Pierre, le CCLJ (Centre communautaire laïc Juif), son programme d’éducation à la citoyenneté  « La haine, je dis NON ! », Les Territoires de la Mémoire présentèrent, avec le soutien de l’Institut Syriaque de Belgique et de l'European Jewish Fund, dans le cadre de "Mémoire de nos mémoires", du 12 au 21 décembre 2018, une exposition "Génocide-Seyfo 1915", relative au génocide des Arméniens, des Assyriens-Araméens et des Grecs du Pont (1915 - Empire ottoman)."

"Lors du vernissage, le 11 décembre 2018 à 18 h, dans le hall de la maison communale de  Woluwe-Saint-Pierre, une sélection de panneaux de l’exposition du CCLJ sur le génocide de 1915 ainsi qu’une sélection de panneaux de l’exposition « Seyfo » de l’Institut Syriaque de Belgique ont été présentées (dossiers pédagogiques à disposition du public)." 

"Enfin, le Centre Socio-Culturel Arménien de Belgique nous réserva la primeur de la présentation de son nouvel outil pédagogique destiné à l’enseignement de ce génocide. Soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles et en partenariat avec l’UGAB-Europe et le CCLJ, cet outil comprend  un dossier pédagogique relatif au film « The Promise » de Terry George (2016) et des capsules vidéo en ligne qui portent sur plusieurs aspects du génocide de 1915 et sur les liens entre l’Arménie et la Belgique."


Guerre turque en Syrie
Le 11 octobre 2019, NationalPost a publié l'article de Matthew Petti  intitulé "Christian Communities in Northeast Syria Are the Target of a Turkish Attack for the First Time in Over a Century" (Les communautés chrétiennes au nord de la Syrie sont la cible d'une attaque turque pour la première fois depuis un siècle), sous-titré "Turkey plans to use the Syrian National Army, an alliance of Islamist rebels, for its operations in Northern Syria" (La Turquie prévoit d'utiliser l'Armée nationale syrienne, une alliance de rebelles islamistes, pour ses opérations dans le nord de la Syrie). L'article évoque la fuite de chrétiens et la peur d'Assyriens que "l'Histoire se répète... que les Turcs ne viennent finir le travail commencé voici cent ans avec le Seyfo".

Le 14 octobre 2019, durant une réunion du Conseil mondial des affaires turciques organisée à Bakou (Azerbaïdjan), en marge du 7e sommet du Conseil turcique, le Président islamiste de la Turquie, Recep Tayyip Erdoğan, a faussement allégué que la Turquie n'a jamais "commis de massacres de civils". Il s'efforçait d'assurer le monde qu'Ankara ne tentait pas d'effectuer de nettoyage ethnique contre les Kurdes syriens durant son opération "Printemps de la paix". Lancée la semaine précédente, cette guerre vise à éradiquer la présence des organisations terroristes à Rojava, ou Kurdistan syrien, afin d'y établir une "zone sûre" pouvant accueillir les quatre millions de réfugiés Arabes vivant actuellement en Turquie. Les autorités kurdes ont qualifié ce déplacement de nettoyage ethnique.

Concernant les génocides de chrétiens - Arméniens, Assyriens, Grecs, etc. - par les Jeunes Turcs ayant débuté souvent en 1915, la Turquie a régulièrement déclaré que les civils chrétiens étaient des combattants de guerre, mais sans le prouver.  

"La Turquie n'a jamais commis de massacre de civils dans son histoire et n'en commettra jamais aucun. Notre religion et notre culture ne le permettront pas. Si vous cherchez des massacres de civils, regardez en Afghanistan, dans l'Etat de Rakhine en Birmanie, dans le Haut Karabakh et en Bosnie où des musulmans sont tués depuis la fin du siècle dernier. Regardez Chypre avant l'intervention turque, regardez en Palestinie juste sous votre nez, où les musulmans sont délibérément tués dans les rues", a dit le Président Erdogan selon l'agence de presse publique Anadolu. 

Mémorial en Allemagne
Le 2 novembre 2019, un monument Mémorial en hommage aux Assyriens victimes de ce génocide a été inauguré à Pohlheim, ville située dans le district de Gießen (Hesse, Länder allemand). Cette cité abrite 1500 familles Assyriennes. Environ 180 000 Assyriens vivent en Allemagne.

Ce monument rend hommage aux "Assyriens tués lors des génocides commis par des Turcs envers les Assyriens, Grecs et Arméniens entre 1915 et 1918. Ce génocide a visé les sujets chrétiens de l'Empire ottoman et a coûté la vie à 750 000 Assyriens (75%), 1 million de Grecs et 1,5 million d'Arméniens".

En 2017, des membres Assyriens de partis politiques locaux ont demandé au Conseil municipal de Pohlheim l'édification de ce monument. Ce qu'a agréé ce Conseil qui a placé ce Mémorial sur un domaine public.

Lors de la cérémonie d'inauguration à laquelle ont assisté des Allemands, dont une partie d'Assyriens, le maire de Pohlheim, Udo Schöffmann, et Helga Stadelmann, présidente du Parlement local, ont pris la parole. Sabri Atman, directeur de l'Assyrian Genocide Research Center, a déclaré : "Ce monument poursuit le processus de reconnaissance du génocide des Assyriens commis par les Turcs, et d'autres monuments seront construits."


Du 12 au 21 décembre 2018. Vernissage le 11 décembre 2018 à 18 h 30
Au Hall « population » de la Maison Communale de Woluwe-Saint-Pierre
Avenue Charles Thielemans 93 à 1150 Bruxelles (Parking en sous-sol)
Du lundi au vendredi de 8 h 30 à 13 h - le mercredi de 14 h à 16 h - le jeudi de 16 h à 19 h.

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Cet article a été publié le 10 décembre 2018.

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