Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 3 décembre 2019

Les Camondo


Les Camondo étaient une illustre famille de Juifs sépharades qui s'étaient hissés, par leurs talents, dans les cercles de la haute bourgeoisie française. « Une aventure passionnante, en dépit de sa fin tragique, qu’a été le processus d’intégration des juifs en France, de la communauté à la nation. Les magnifiques collections, d’une valeur aujourd’hui inestimable, que la France a reçues des Camondo témoignent du goût et de la modernité de ces banquiers éclairés et cosmopolites ». Les Arts Décoratifs ont célébré "le centenaire de la disparition de Nissim de Camondo, fils du comte Moïse de Camondo, pilote aviateur patriote mort glorieusement en combat aérien le 5 septembre 1917 à l’âge de 25 ans". Le musée Nissim de Camondo présente l'exposition Le 61 rue de Monceau, l’autre hôtel Camondo. France 5 diffuse sur son site Internet "Renoir et La petite fille au ruban bleu", documentaire bouleversant de Nicolas Lévy-Beff .



En 2010, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ) a présenté l’exposition La Splendeur des Camondo de Constantinople à Paris (1806-1945) didactique, passionnante et bouleversante. Archives familiales, photos, objets rituels, arbre généalogique, œuvres d’art concourent à retracer « l’extraordinaire parcours de cinq générations de la famille Camondo de Constantinople à Paris, du XIXe siècle naissant à 1945."

De Constantinople à Paris, et hélas à Auschwitz, de l’aube du XIXe siècle à 1945, le MAHJ a retracé, dans le cadre de la Saison de la Turquie en France,  le destin des Camondo : une histoire sociale, politique, économie, culturelle et religieuse d’une famille juive sépharade oubliée, mais jadis prestigieuse.

Une famille curieuse, ouverte au monde, cultivée, fidèle à son éthique, soucieuse d’esthétique et sensible à la beauté, ayant la foi dans le progrès et l’éducation, prisant le raffinement, liée au passé et immergée dans l’effervescence créatrice de son époque dont elle distingue les meilleurs représentants.


Inspirée par le livre de Nora Seni et Sophie Le Tarnec, Les Camondo ou l’éclipse d’une fortune, accompagnée d’un magnifique catalogue (MAHJ/Skira Flammarion), l'exposition au MAHJ a réuni des objets divers provenant des collections issues des legs et dons Camondo, associe les objets de culte juif du MAHJ, le mobilier du XVIIIe siècle du musée du Louvre, les chefs-d’œuvre impressionnistes du musée d'Orsay, les œuvres d'art asiatique du musée Guimet, ainsi que des prêts du musée Carnavalet, du musée des Beaux-Arts de Lille et du musée des Beaux-Arts de Dijon.

« Les Rothschild de l’Est »
L'origine de la famille et de sa fortune n'est pas indiquée dans l'exposition.

1832. Abraham-Salomon Camondo (1781-1873) hérite de la banque de son frère Isaac qu’il renomme banque Isaac Camondo & Cie et dirige. « Protégé par sa nationalité autrichienne, il continue à construire la fortune familiale sur la banque et sur l’immobilier ».

Les Camondo deviennent les banquiers des vizirs ottomans qui lancent dès 1839 de grandes réformes de l’administration et de l’armée ottomanes (« ère des tanzimat ») : « le décret impérial Hatti-Chérif de Gülhané, formulé par le vizir Rechid Pacha à la demande du jeune sultan Abdul Medjid, prévoit l’égalité de tous les sujets ottomans devant la loi ».

Les premiers Camondo - Abraham-Salomon, son fils Salomon-Raphaël (1810-1866) et ses petits-fils - participent activement au développement économique et urbain de la Turquie : participation avec des financiers grecs orthodoxes à la création de la Société générale de l’Empire ottoman (1864) et, avec ces banquiers et la banque impériale ottomane, la société des Tramways de Constantinople (1870). Ils sont très actifs dans le centre européen de Constantinople, le quartier de Péra-Galata, et mènent « les négociations financières entre l’Etat ottoman et les financiers occidentaux ».

Ils sont honorés par des « décorations de haut rang ».

En 1854, la communauté austro-hongroise de l’empire ottoman désigne Abraham-Salomon Camondo pour la représenter au mariage de l’empereur François-Josef d’Autriche et Elisabeth de Wittelsbach, dite Sissi.

En novembre 1865, les Camondo, qui soutiennent l’unification de l’Italie, acquièrent la nationalité italienne. Leurs dons généreux leur valent la gratitude du roi Victor Emmanuel II qui les anoblit : il confère le titre de comte, des armoiries et la devise « fides et charitas » à Abraham-Salomon (1867), puis à son fils cadet Nissim (1870).

Intermédiaires influents entre la « Sublime Porte » et l’Occident, ils deviennent les porte-paroles des communautés juives de l’Empire ottoman.

En 1862, désireux d’élargir leur rayon d’action, leaders du mouvement des intellectuels progressistes juifs, les Camondo fondent la Communità israelitico-italiana di Istanbul (communauté israélite italienne d’Istanbul), qui associe « des juifs « Francos » (anglais, autrichiens ou français installés à Istanbul) avec les israélites italiens fondée à Péra-Galata (ancienne colonie génoise) ».

Philanthropes et admirateurs des Lumières, ils œuvrent à faire entrer les juifs de l’Empire dans la modernité par l’éducation laïque et l’enseignement des matières profanes en français et en turc. Ils « veulent aussi susciter une conscience citoyenne » et s’inspirent de leurs homologues occidentaux, les Rothschild et Moses Montefiore.

Le 27 mars 1840, Abraham-Salomon « co-signe une lettre adressée aux Rothschild de Londres, leur demandant d’intervenir auprès du vice-roi d’Égypte et du Sultan ottoman, en faveur des juifs de Damas et de Rhodes, accusés de meurtre rituel, emprisonnés et torturés. Accompagnés par Salomon Munk et Louis Loewe, Adolphe Crémieux et sir Moses Montefiore se déplacent en Égypte et obtiennent de Mehmet-Ali la libération des juifs de Damas. Montefiore rentrera en Europe par Constantinople et obtiendra du sultan Abdul-Medjid 1er, en octobre 1840, un firman condamnant la calomnie de crime rituel et les exactions anti-juives ».

Encouragé par Albert Cohn, homme d’affaires des Rothschild, Abraham-Salomon crée, en 1854, à Haskoÿ (Constantinople) une école juive dont la direction est marquée par des idées réformatrices occidentales.

Les Camondo « dominent les institutions communautaires qu’ils souhaitent transformer. En mars 1856, deux comités sont créés, le premier organise la communauté sur le mode consistorial français, le second est chargé de créer des écoles. Les deux comités comptent une majorité de membres qui ne sont pas de nationalité turque mais occidentale, et que l’on nomme les « Francos ». Soutenus par les « Francos » et ceux qui sont favorables aux réformes, les Camondo étendent leur action à partir de 1863, lorsque, avec Adolphe Crémieux, ils fondent le comité régional de l’Alliance israélite universelle (institution fondée à Paris en 1860) à Constantinople, le 21 novembre de cette même année ; Abraham-Behor en devient le président. L’accent de cette entreprise est mis sur l’établissement d’écoles destinées à éduquer et à former les jeunes générations tant à la culture de leur pays qu’à des métiers divers. Le désir de réforme affiché par les Camondo et les membres de l’Alliance israélite universelle se heurte à la résistance des rabbins et des membres conservateurs de la communauté. En 1862, le rabbin Isaac Akrish décrète une excommunication contre Abraham-Béhor Camondo et les siens. Afin de rétablir l’ordre, le sultan promulgue un acte condamnant Akrish à l’emprisonnement. Mais l’indignation suscitée par ce jugement l’oblige à trancher à nouveau et à interdire qu’un juif étranger prenne part aux décisions de la communauté juive turque ».

La promotion de l’action de l’AIU par les Camondo sera décisive pour le sort des juifs en terres ottomanes.

Les « fastes parisiens »
Après son installation à Paris en 1869 – siège de la banque rue Lafayette (quartier de la finance), domicile familial aux 6 et 7 rue de Presbourg -, la famille Camondo participe largement à la vie économique française et internationale : elle finance le canal de Suez, s'associe aux Pereire et aux Erlanger et administre de nombreuses banques et entreprises.

Banquiers de l’impératrice Eugénie, Abraham-Behor (1829-1889) et son frère Nissim (1830-1889) cofinancent le canal de Suez et s’associent aux Pereire et aux Erlanger. Abraham-Béheor assure la fonction d’administrateur de la Banque de Paris et des Pays-Bas, du Crédit Immobilier d’Espagne établi en 1880 et, avec les Pereire, de la Banque Franco-tunisienne.

En 1870, lors de la Commune, la famille Camondo se réfugie à Londres, chez les Sassoon.

Puis, Abraham-Béhor et Nissim Camondo achètent aux frères Pereire un terrain au 61 et un hôtel particulier au 63 rue de Monceau, et prévoient l’aménagement splendide « de leurs futures demeures dans ce nouveau quartier des élites de la capitale. Très vite, ils s’immergent dans la vie mondaine parisienne. Selon leurs humeurs et les modes, ils collectionnent indistinctement des œuvres d’art de divers styles, goûts et époques, qui leur sont proposées : la peinture flamande voisine avec les objets d’art d’extrême orient, l’École de Barbizon, la peinture orientaliste ou historique. Leurs choix se fixent avant tout sur des artistes reconnus tels Henry Léopold Lévy, Boilly ou Carolus-Duran ».

En 1872, la banque Isaac Camondo & Cie s’associe au Groupe de Paris et des Pays-Bas.

En 1873, Abraham-Salomon meurt à Paris et, selon ses vœux, il est enterré dans le cimetière juif de Hasköy à Constantinople, le 14 avril. Organisées par le gouvernement ottoman, ses « funérailles officielles, dignes d’un homme d’État, resteront un cas unique dans les annales turques : son imposant mausolée édifié » dans ce cimetière se délite au fil des ans.

Abraham-Behor est présent aux conseils d’administration de la banque de Paris et des Pays-Bas, du Crédit immobilier d’Espagne et de la Société franco-tunisienne. Isaac de Camondo assiste au premier festival de Bayreuth, fondé par Richard Wagner, qui y présente La Tétralogie.

En plus de la finance, les Camondo jouent un rôle important lors des expositions universelles à Paris en 1878 et en 1889.

Après la mort d’Abraham-Salomon, puis celle de ses petits-fils, leurs descendants s’éloignent de la tradition familiale et du judaïsme. En 1910, Moïse et Isaac offrent les objets de culte de l’oratoire familial à la synagogue Buffault, inaugurée en 1877, au Consistoire israélite de Paris et au musée de Cluny.

En 1911, après la mort d’Isaac de Camondo, Moïse est élu membre du Consistoire de Paris. Il représente celui-ci à la synagogue de la rue Buffault, jusqu’à sa démission en 1919.

Les derniers Camondo et les legs à la nation française
Les successeurs et cousins, Isaac et Moïse de Camondo, arrière-petits-fils d’Abraham-Salomon, se désengagent progressivement des affaires communautaires et sociales pour devenir des collectionneurs et des mécènes de la culture nationale. Pour eux, collectionner dépasse le « désir d’acculturation » et constitue un geste artistique. En 1881, Isaac de Camondo est le plus important acquéreur de mobilier XVIIIe siècle.

Exigeants, connaisseurs, admirés et respectés par les experts, les Camondo ont contribué à la conservation et à l’enrichissement du patrimoine culturel de la France en léguant leurs collections à l’État, via le musée du Louvre et les Arts décoratifs. Leurs collections ont « simultanément glorifié la splendeur de l’Ancien Régime et encouragé les nouvelles formes artistiques, contribuant à définir ce qui a été le terreau des références culturelles de la Troisième à la Cinquième Républiques : le culte conjoint du classicisme et de l’audace innovatrice ».

La IIIe République honore en 1889 Abraham-Behor en lui décernant le grade de Grand Commandeur de l’ordre de la Légion d’Honneur.

A la mort d’Abraham-Behor, Isaac accède à la présidence de la Compagnie des Gaz de France, de la Compagnie des Chemins de fer andalous, de la Compagnie des ciments de Portland. Il est nommé consul général de Turquie à Paris en 1891. Peut-être leur fonction consulaire explique-t-elle leur silence lors de l’affaire Dreyfus.

Isaac de Camondo (Constantinople 1851–Paris 1911)
Isaac de Camondo est le fils d’Abraham-Behor de Camondo et de Regina Baruch. À 23 ans, il place l’art au centre de sa vie. Compositeur de musique – auteur de plus de 20 œuvres musicales dont Le clown (1906) – « il est lié aux compositeurs Gabriel Fauré et Claude Debussy. Ses contemporains qualifient son style d’« impressionnisme musical ». En outre, il participe activement à la vie des grandes institutions musicales de la capitale, dont les conseils d’administration de l’Opéra de Paris et de l’Opéra-comique. Très ami du musicien Gabriel Astruc, Isaac l’aide à fonder en 1904 la Société musicale qui organise les concerts les plus réussis de la Grande Saison Musicale de Paris. Isaac et son cousin Moïse aident ensuite Astruc à financer la construction du Théâtre des Champs-Élysées qui ouvre ses portes en 1913 » et fera faillite en 1914.

En 1893, Isaac de Camondo emménage rue Glück, près de l’Opéra Garnier dont il devient un commanditaire.

Sans héritier légitime – il a deux fils naturels, Jean et Paul Bertrand, de son union avec Lucy Berthet, artiste lyrique -, il lègue ses extraordinaires collections artistiques au musée du Louvre qui conserve 159 de ses tableaux. Fait nouveau, ses donations sont effectuées sous réserve d’usufruit dès 1897 et permettent l’entrée d’œuvres d’artistes vivants dans les collections du musée du Louvre. Celui-ci inaugure en 1914 les salles Camondo présentant les œuvres d’un legs exceptionnel par sa qualité.

Ses collections comprennent quatre catégories d’œuvres :

1. Mobilier, pièces de faïences, tableaux et dessins français du XVIIIe siècle visibles au musée Nissim de Camondo et au château de Versailles ;

2. Peintures et dessins impressionnistes dont des œuvres majeures notamment de Degas (Les repasseuses), Cézanne (Les joueurs de cartes, Le Citron), Jongkind, Manet (Le fifre ), Monet (Londres, Le Parlement), Sisley achetées par l’entremise de marchands de tableaux Ambroise Vollard et Paul Durand-Ruel et visibles au musée d’Orsay ;

3. Œuvres d’art d’Extrême-Orient, dont 418 estampes japonaises et des masques gigaku et , visibles au musée Guimet ;

4. Sculptures du Moyen-âge et de la Renaissance.

Moïse de Camondo (1860-1935)
La passion de collectionneur de Moïse de Camondo est née de l’influence de son cousin.

Dans un hôtel particulier construit sur l’emplacement de l’hôtel de Nissim de Camondo, au 63 rue Monceau, qu’il a fait raser, Moïse de Camondo réunit une collection exceptionnelle d’objets et de meubles du XVIIIe siècle, spécialement les dernières décennies du siècle des Lumières, peu prisée au XIXe siècle. Hormis quelques exceptions - tentures et tapis de la manufacture de la Savonnerie sous le règne de Louis XIV -, Moïse de Camondo matérialise, avec rigueur et passion, sa vision idéale du règne de Louis XVI, dernier souverain de l’Ancien Régime. L’acte de collectionner est quasi-érigé en œuvre d’art : « J’ai composé ma collection comme on compose un opéra » (Isaac de Camondo).

Le « goût Camondo » devient une référence incontestée dans le domaine des arts décoratifs. En 1924, Moïse Camondo lègue sa demeure aux Arts décoratifs pour qu’elle soit un musée, qui porte le nom de son fils Nissim, aviateur français mort pour la France en 1917. « Parfait Trianon », le musée, dont l’architecte est René Sergent, est inauguré en 1936.

La famille Camondo se sent-elle protégée par son statut et son apport à la France ? Pense-t-elle que les discriminations anti-juives du régime de Vichy sont temporaires et que leurs amis haut placés les protégeront ? Fichée comme juive, elle subit l’aryanisation de ses biens.

En août 1941, Léon Reinach demande au directeur des Musées nationaux, Jacques Jaujard d’empêcher la spoliation de ses collections et de celles de sa femme Béatrice, fille de Moïse de Camondo et d’Irène Cahen d’Anvers (1872-1963). Sa requête est rejetée par Xavier Vallat, commissaire aux questions juives.

En 1942, Béatrice de Camondo se convertit au catholicisme et divorce. Elle est arrêtée avec sa fille Fanny et internée au camp de Drancy (5 décembre). Léon Reinach et leur fils Bertrand né en 1923 sont arrêtés dans l’Ariège alors qu’ils s’efforcent de rejoindre l’Espagne (12 décembre).

En 1943, Léon et Bertrand Reinach arrivent à Drancy. La demande de Georges Duhamel, via Fernand de Brinon, délégué central pour les territoires occupés, visant la libération de Léon Reinach est rejetée en avril 1943. Le 17 novembre1943, 1200 personnes, dont Léon, Bertrand et Fanny Reinach, sont déportées à Auschwitz par le convoi 62. Fanny est assassinée le 31 décembre 1943 à l’âge de 23 ans.

Le 7 mars 1944, 1501 personnes, dont Béatrice de Camondo, sont déportées par le convoi 69 et arrivent à Auschwitz le 10 mars. Internés aux camps de Birkenau et de Monowitz, Bertrand et Léon sont tuées respectivement les 22 mars et 12 mai 1944.

La dernière des Camondo, Béatrice, est assassinée à Auschwitz vers le 4 janvier 1945 à l’âge de 50 ans.

Musée Nissim de Camondo

Le musée Nissim de Camondo est inauguré le 21 décembre 1936.

Rédigé en 1924, le testament du légataire, le comte Moïse de Camondo (1860-1935) est "très précis et soumet le legs à des conditions formelles, parmi lesquelles figure l’organisation du futur musée". Il est notamment indiqué :

« […] L’aménagement intérieur de l’Hôtel devra être maintenu tel qu’il sera à mon décès, c’est-à-dire qu’aucun meuble ou objet d’Art ne devra être déplacé sauf certains sièges ou petites tables qui pourraient gêner la circulation du public mais qui devront rester dans la même pièce. Il faudra, autant que possible, éviter la pose de mains courantes, comme cela se pratique actuellement dans les Musées Nationaux, afin de permettre aux visiteurs de voir les objets plus à leur aise et aussi de ne pas détruire l’harmonie actuelle de l’Hôtel. […] J’entends que le portrait de mon Père par Carolus Duran et les diverses photographies de mon fils qui se trouvent posées ou accrochées dans diverses pièces de l’hôtel restent toujours à leurs places actuelles. »
Le musée Nissim de Camondo a présenté l'exposition   De la demeure au musée. Photographies de l'hôtel particulier du comte Moïse de Camondo en 1936 (20 janvier-27 mars 2016) : 21 tirages "modernes, légèrement agrandis" et réalisés en 1936 y sont présentés en suivant l’ordre de la visite du musée Nissim de Camondo.

"Au début de l’année 1936, des photographies sont faites de chacune des pièces de l’hôtel et de certaines œuvres. Un châssis est spécialement installé dans la cour du musée pour suspendre les tapis et les photographier. Un album réunissant certains de ces clichés est offert à Béatrice Reinach en mars 1936 : « […] ces belles images sont un précieux souvenir ; elles reproduisent avec une fidélité surprenante les différents aspects de la maison […] » (Paris, Les Arts Décoratifs, AMNC, dossier Donation, 18 mai 1936). Par la suite, l’ensemble de ces photographies – dont les négatifs nous sont parvenus – a été rassemblé dans trois albums à l’usage de la conservation du musée. Ceux-ci permettent de se représenter la demeure telle qu’elle était du temps de Moïse de Camondo. Chacun de ces clichés originaux porte un numéro le différenciant d’autres photographies prises ultérieurement", écrit Sophie Le Tarnec, attachée de conservation au musée Nissim de Camondo.


Le musée des Arts décoratifs a proposé aussi La table dressée (2 décembre 2015-6 mars 2016).


L'agencement des salles en 1936 "respecte au plus près et avec beaucoup de rigueur les volontés du donateur. Cependant, certains aménagements ont été mis en place dès le début" : « C’était une bien grande difficulté de laisser pénétrer un public, qui sera certainement nombreux, dans les salons, vastes sans doute, mais parsemés de meubles et dont les parquets sont revêtus de tapis précieux. Grâce à de légers déplacements de tapis, de sièges, effectués avec beaucoup de discrétion, nous espérons que le public circulera sans trop de peine et la maison aura gardé pourtant son aspect de très riche et très élégante habitation, en évitant le froid et la rigidité d’un musée ». (1Jacques Guérin, L’Illustration, 26 décembre 1936, p. 530-535)


"Plusieurs tapis d’Orient sont néanmoins retirés de la présentation. Dans le catalogue du musée rédigé par Jean Messelet en 1936, ils ne sont pas inventoriés dans les collections (car jugés incompatibles avec les œuvres d’art décoratif français du XVIIIe siècle ?). Si quelques-uns sont laissés en place, d’autres sont remplacés par des tapis français, disposés dans des passages et donc difficiles à protéger".


Par ailleurs, "des chemins de toile sont fixés sur certains exemplaires restés entièrement déployés afin de pouvoir marcher dessus sans les abîmer. Cette dernière disposition respecte les volontés testamentaires du donateur" : « Mon hôtel est orné d’une rare collection de tapis anciens de la Savonnerie ou d’Aubusson ; j’entends que ces tapis restent tous en place chacun dans la pièce où il se trouve. Pour éviter leur usure il devra être pris certaines mesures de protection telles que de les rouler en partie aux endroits de la circulation du public, les recouvrir de chemins en toile ou tout autre procédé convenable, mais de façon qu’ils soient toujours visibles au moins en partie. »


En outre, on "remarque que quelques meubles et objets ont sans doute été repris par Béatrice Reinach car ne faisant pas partie du legs. On note aussi que des cordons de mise à distance ont été posés dès l’ouverture du musée, en dépit des dispositions testamentaires qui indiquaient de les éviter autant que possible" : « […] afin de respecter la volonté du donateur, les conservateurs du musée des Arts décoratifs se sont bornés à mettre sur les objets de discrets numéros d’identification, à régler la circulation par des cordons protecteurs » (Pierre du Colombier, Le Courrier des arts, 14 janvier 1937). Enfin, "pour des raisons de sécurité, les petits objets ont été fixés avec des fils en laiton".


Les aménagements salle par salle depuis 1936. 

Le vestibule. 
Pièce assez peu meublée à l’origine (cat. 1), avec peu d’œuvres exposées, le vestibule ne présentait pas de contraintes particulières pour la circulation des visiteurs. Il a donc conservé son aménagement initial avec le grand bureau plat de Riesener. Quelques modifications ont cependant été apportées au fil du temps car il s’agit de l’entrée du musée.

Dès l’ouverture en 1936, le grand tapis d’Orient a été remplacé par un exemplaire de la manufacture de Beauvais (CAM 19) qui se trouvait alors dans la galerie du rez-de-chaussée haut. Ce dernier a été mis en réserve en 2003 afin de le protéger de la lumière et de la poussière.

La table dressée 
Le Musée Nissim de Camondo a évoqué le déjeuner donné par Moïse de Camondo le 9 juin 1933 "à l’attention de vingt-trois convives du Club des Cent, ce cercle de fins gourmets dont il est membre depuis 1925".

"Trois ou quatre fois par an, généralement au printemps, le comte reçoit jusqu’à trente convives dans sa somptueuse salle à manger. Fin mai-début juin, a lieu le déjeuner « Louvre » qui réunit des conservateurs et des membres du Conseil des musées nationaux. Au déjeuner « Marsan » sont conviés tous les administrateurs du conseil de l’Union Centrale des Arts décoratifs dont Moïse de Camondo est devenu vice-président en 1930. Egalement au printemps, le comte reçoit à sa table plusieurs gourmets du Club des Cent. Le chef soigne alors particulièrement la composition du repas".


"Pour orner sa table, Moïse de Camondo n’hésite pas à utiliser des pièces de sa collection comme ce pot à oille et son plateau en argent réalisés vers 1785 par l’orfèvre du roi Robert-Joseph Auguste. Sommé d’une magnifique hure de sanglier, véritable sculpture d’argent, il porte les armoiries d’une famille portugaise, marque du prestige dont jouissait l’orfèvre dans toute l’ Europe".


Les "salières et les moutardiers aux poinçons datés 1784-1785 sont l’œuvre de l’orfèvre Joseph-Théodore Van Cauwenbergh. Caractéristiques du style arabesque en faveur à l’époque, leurs rinceaux d’acanthe ajourés enserrent les récipients de verre bleu".

"A la richesse de l’orfèvrerie répond celle de la porcelaine. Toutefois, Moïse de Camondo n’utilise pas ses services de porcelaine de Sèvres Buffon, trop précieux et fragiles, et, à ce titre, présentés en permanence dans le Cabinet des porcelaines voisin. Pour son usage personnel, le comte se réserve deux services, l’un en porcelaine de Tournai et l’autre en porcelaine de Chantilly. Les assiettes à décor polychrome de bouquets de fleurs vers 1760 en proviennent. Elles révèlent un aspect très raffiné de la manufacture fondée par le prince de Condé en 1730".


Ces "éléments sont les seuls dont nous disposions pour reconstituer une table dressée. Homme réservé, Moïse de Camondo n’a pas souhaité intégrer à son legs des témoignages de la vie quotidienne de l’hôtel. Le linge de maison, les services de table, la batterie de cuisine et les vêtements des garde-robes ont en effet été transmis à sa fille Béatrice".


"C’est pourquoi la reconstitution de cette table n’aurait pu être réalisée sans le généreux soutien des maisons suivantes : Puiforcat a donné les couverts en argent massif Vauban au dessin caractéristique de l’époque Régence, et Saint-Louis, les verres et carafes en cristal du service Trianon créé en 1834 et toujours produit à la main par la manufacture. La nappe et les serviettes sont un don de la société D. Porthault".



Le 30 mai 2016, le MAHJ (Musée d'art et d'histoire du Judaïsme) a proposé une promenade dans le quartier de la Plaine-Monceau, avec Ania Guini-Skliar, guide-conférencière nationale : "Le 17e arrondissement est né de la réunion de plusieurs communes durant le Second Empire, sous l’impulsion des frères Péreire, banquiers et industriels juifs, qui en deviennent les principaux promoteurs". Rendez-vous place du Général-Catroux devant la Banque de France.

Les services « Aux oiseaux Buffon » du comte Moïse de Camondo. Une encyclopédie sur porcelaine 

Le musée des Arts décoratifs présenta l'exposition Les services « Aux oiseaux Buffon » du comte Moïse de Camondo. Une encyclopédie sur porcelaine (13 octobre 2016-15 janvier 2017).


Le musée Nissim de Camondo "possède une exceptionnelle collection de services de Sèvres à décor ornithologique, connus sous le nom de « services Buffon ». Véritable encyclopédie en images peintes sur porcelaine, les services sont exposés pour la première fois au complet en regard des illustrations empruntées aux archives Buffon et aux volumes de l’édition de luxe de l’Histoire naturelle des oiseaux (Paris, Bibliothèque centrale du Museum national d’Histoire naturelle) ainsi que de gravures de François-Nicolas Martinet. Cette collection comprend environ 350 pièces, acquises par le comte Moïse de Camondo, allant du service de table, aux compotiers, en passant par les seaux à glace, mortier, jatte à punch ou encore tasses à glace".


"Acquis en plusieurs lots à partir de 1898, cet ensemble est l’un des chefs d’œuvre du musée Nissim de Camondo. Le comte Moïse de Camondo se singularise en effet par son intérêt pour les porcelaines européennes de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il apprécie particulièrement les pièces à décor d’oiseaux dans des paysages, produites par les manufactures de Meissen et Sèvres. Mais c’est la réunion de services de table en porcelaine de Sèvres, production luxueuse par excellence, qui va retenir toute l’attention du collectionneur".

"Exposé dans le cabinet des porcelaines spécialement aménagé à cet effet, ce service témoigne à la fois de son goût pour l’une des productions les plus brillantes de la manufacture royale de Sèvres et de son intérêt pour l’ornithologie naissante sous le règne de Louis XVI".


Le musée Nissim de Camondo "abrite une exceptionnelle collection de services de Sèvres à décor ornithologique, inspirés par les planches aquarellées de François-Nicolas Martinet pour l’édition de luxe de l’Histoire naturelle des oiseaux de Buffon, parue en dix volumes entre 1771 et 1786. Ces « services Buffon» comprennent environ 350 pièces acquises par Moïse de Camondo en plusieurs lots à partir de 1898. Chefsd’oeuvre du musée Nissim de Camondo, ces services sont exposés dans le cabinet des porcelaines, spécialement aménagé à cet effet par le collectionneur. Ils témoignent à la fois de son goût pour l’une des productions les plus brillantes de la manufacture de Sèvres et de son intérêt pour l’ornithologie naissante sous le règne de Louis XVI".

"Au revers des pièces qui composent les services Buffon sont en effet inscrits les noms des oiseaux fidèlement reproduits d’après les gravures de Martinet. Véritable encyclopédie en images peintes sur porcelaine, cette production ne pouvait que séduire Moïse de Camondo, admirateur de la France des Lumières. A travers l’analyse de précieux documents des archives Buffon et de volumes de l’Histoire naturelle des oiseaux ainsi que de gravures de Martinet utilisées par les peintres de la manufacture royale pour orner les services, le catalogue étudie de manière et permet de renouer avec l’émerveillement des premiers naturalistes face à l’infi nie diversité des espèces d’oiseaux. Il réunit des articles scientifi ques sur l’oeuvre de Buffon, la composition et  les artistes des services achetés par Moïse de Camondo. Grâce à une présentation à la fois chronologique et typologique, le lecteur peut découvrir les plus belles pièces des services dits Lefebvre (1784), Kendal (1785), Eden (1787) et Madame Lefebvre (1792), ainsi nommés d’après les noms de leurs commanditaires. Les pièces de forme sont données à voir dans toute leur variété (compotiers, seaux à glace, mortier, jatte à punch, tasses à glace …) et les meilleurs peintres d’oiseaux sont mis à l’honneur. Enfin, les décors ornithologiques sont classés par espèces et provenances géographiques, selon la nomenclature de Buffon, révélant l’importance des colonies françaises dans la découverte d’oiseaux jusqu’alors inconnus comme ceux de Cayenne, en Guyane. Hymne à la nature sauvage dont les ressources paraissaient inépuisables il y a deux cents ans, c’est l’occasion de mesurer la fragilité des oiseaux dont plusieurs espèces représentées sur les services Buffon ont aujourd’hui totalement disparu".


Le XVIIIe siècle" est celui de la naissance des sciences naturelles comme discipline scientifique et plus particulièrement de l’ornithologie. Rassemblées dans les cabinets de curiosités qui se multiplient, les collections d’histoire naturelle deviennent des objets d’étude, telles celles de Réaumur et du Cabinet du Roi. Parallèlement, la parution de nombreux ouvrages popularise ces matières nouvelles auprès d’un large public".

"L’Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy est l’œuvre majeure de Georges-Louis Leclerc, futur comte de Buffon, et l’occupera toute sa vie. Dès sa jeunesse, il se distingue par ses brillants travaux de mathématicien qui lui ouvrent les portes de l’Académie des Sciences. C’est le point de départ de l’Histoire naturelle, ouvrage encyclopédique paru en 36 volumes de 1749 à 1789, et dans lequel Buffon entreprend non seulement de décrire et classer les collections royales, mais aussi d’expliquer l’ensemble du monde naturel, des minéraux jusqu’à l’être humain".



"Comme Réaumur avant lui, Buffon s’appuie sur un réseau de correspondants qui lui envoient du monde entier des spécimens vivants, des notes, des descriptions parfois accompagnées de dessins… Son Histoire naturelle est souvent comparée à l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, sur le principe de la diffusion du savoir lié à l’époque des Lumières, mais surtout en termes de notoriété et de nombre d’exemplaires imprimés".

Buffon "attachait beaucoup d’importance aux illustrations, qui furent assurées par François-Nicolas Martinet pour les oiseaux, dans une édition in-folio en 10 volumes, publiée de 1771 à 1786. Au total, ce sont 1008 planches en couleurs, dessinées et gravées, et représentant 1239 espèces ornithologiques, qui seront éditées".


"Ingénieur de formation, François-Nicolas Martinet est nommé en 1756 graveur au Cabinet du Roi. Spécialiste des illustrations ornithologiques, ses gravures coloriées pour l’Histoire naturelle des oiseaux sont restées célèbres par leur qualité jusque-là inégalée. Buffon lui-même considère que « la collection de nos planches coloriées l’emportera sur toutes les autres par le nombre des espèces, par la fidélité des dessins, qui tous ont été faits d’après nature, par la vérité du coloris, par la précision des attitudes ; on verra que nous n’avons rien négligé pour que chaque portrait donnât l’idée nette et distincte de son original ».

"Utilisées par les peintres de la manufacture royale pour orner les services Buffon, les gravures en couleurs de Martinet pour l’Histoire naturelle des oiseaux vont donner sa véritable dimension au thème ornithologique à Sèvres. Le succès des décors aux « oiseaux Buffon » donne naissance à la création de 15 luxueux services de table, appelés communément « services Buffon », entre 1782 et 1796. Outre leur sujet ornithologique, ceux-ci sont reconnaissables aux noms des oiseaux inscrits au revers des pièces. On rapporte que Buffon appelait cette production d’exception, véritable encyclopédie en images qui allie merveilleusement raffinement de la décoration et vulgarisation scientifique : « Mon édition sur porcelaine ».


"Posséder un service Buffon est particulièrement prestigieux car c’est à la fois être à la pointe du goût dans le domaine des arts de la table et donner à voir les découvertes de l’ornithologie naissante. La plupart des spécimens exotiques sont en effet inconnus en Europe, or l’ intérêt porté aux couleurs explique que beaucoup d’oiseaux reproduits sur les services Buffon appartiennent à des espèces exotiques, notamment tropicales".

Cette "production luxueuse ne pouvait que séduire le comte Moïse de Camondo, fervent admirateur de la France des Lumières. L’exposition sera l’occasion d’étudier de manière approfondie les services Buffon du musée Nissim de Camondo sous l’angle de leur acquisition par le comte de Camondo".


Le "public pourra ainsi admirer une centaine des plus belles pièces des services Lefebvre (1784), Kendal (1785), Eden (1787) et Madame Lefebvre (1792) achetés par le collectionneur entre 1898 et 1920. Les pièces de forme seront données à voir dans toute leur variété (compotiers, seaux à glace, mortier, jatte à punch, tasses à glace…) et les meilleurs peintres d’oiseaux particulièrement mis à l’honneur. Enfin seront classés par espèces et provenances géographiques, révélant l’importance des anciennes possessions françaises dans l’étude monumentale menée par Buffon et son apport quant à la découverte d’oiseaux jusqu’alors inconnus comme ceux de Cayenne, en Guyane".


Cette "exposition sera l’occasion de dresser la table de la salle à manger du musée pour dix couverts à l’aide du service Lefebvre orné d’oiseaux polychromes et camées en grisaille".


Le 23 novembre 2016 de 18 h 30 à 20 h, le musée des Arts décoratifs organisa la conférence "Entre art et science, les services aux « oiseaux Buffon » du comte Moïse de Camondo : acquisition, composition et décors ornithologiques". Le musée Nissim de Camondo "abrite une exceptionnelle collection de services de Sèvres à décor ornithologique, inspirés par les planches aquarellées de François-Nicolas Martinet pour l’édition de luxe de l’ »Histoire naturelle des oiseaux » du comte de Buffon, parue en 10 volumes entre 1771 et 1786. Ces « services Buffon » comprennent environ 350 pièces acquises par le comte Moïse de Camondo en plusieurs lots à partir de 1898. Cette conférence permettra de découvrir comment il les a achetés, de présenter la méthode suivie pour recomposer, pièce à pièce, les quatre parties de services aujourd’hui conservées au musée, et, enfin, de comparer les oiseaux reproduits par les peintres sévriens avec les planches enluminées de Martinet qui les ont inspirés. Une mise en perspective des services du musée Nissim de Camondo avec les quinze services Buffon produits par la Manufacture entre 1782 et 1796 conclura cette présentation".


Nissim de Camondo (1892-1917)

"Afin de rendre hommage au lieutenant pilote aviateur Nissim de Camondo (1892-1917), fils du comte Moïse de Camondo et héros de la Première Guerre mondiale", le musée des Arts décoratifs "convie à suivre ce jeune homme courageux et patriote, cet officier engagé dès la première heure au sein du 3e régiment de hussards, à travers la lecture de son journal de campagne".

"Celui-ci retrace de façon presque quotidienne, ou plus espacée dans le temps, les événements et faits qu’il a eu à cœur de rapporter dans des conditions souvent difficiles, au fil de ses trois années de guerre".


"Pour que perdure la volonté de Moïse de Camondo de « (…) perpétuer la mémoire de mon père le comte Nissim de Camondo et celle de mon malheureux fils, le lieutenant pilote aviateur Nissim de Camondo, tombé en combat », lisez et partagez ces lignes. Découvrez ces mots « écrits au crayon parce que les plumes du caboulot sont exécrables » dans un petit carnet désormais jauni, mais aux lettres encore lisibles, qui éclairent la nature d’un engagement héroïque".



Cent ans après, sur un compte Twitter, le musée des Arts décoratifs "propose, au jour le jour, les lignes écrites par Nissim de Camondo dans son Journal".

Les Arts Décoratifs "célèbrent le centenaire de la disparition de Nissim de Camondo, fils du comte Moïse de Camondo, pilote aviateur mort glorieusement en combat aérien le 5 septembre 1917 à l’âge de 25 ans. À l’occasion de cet anniversaire, un bel ouvrage et l'exposition Nissim de Camondo et la Grande Guerre 1914-1917 retracèrent ses années passées au front, à travers sa correspondance et son journal de campagne".

"Éminent collectionneur d’art décoratif du XVIIIe siècle, issu d’une famille de banquiers israélites ayant quitté Constantinople pour s’installer à Paris en 1869, le comte Moïse de Camondo fait bâtir à la veille de la première Guerre mondiale une magnifique demeure, 63 rue de Monceau, pour y présenter ses œuvres d’art. À la suite de la mort de son fils auquel il destinait son hôtel et ses collections, il décide en 1924 de les léguer à l’État français à travers l’Union centrale des Arts décoratifs (aujourd’hui Les Arts Décoratifs) afin d’en faire un musée portant le nom de ce fils trop tôt disparu et d’honorer sa mémoire".



"La publication relate ses trois années de guerre ; jour après jour, mois après mois, Nissim de Camondo écrit à ses proches pour leur raconter son combat. Conservées dans les archives du musée, les lettres qu’il envoie à son père et à sa sœur sont aussi révélatrices de sa personnalité. Courageux, patriote, il n’hésite pas à accomplir des missions de reconnaissance périlleuses, comme observateur dans l’aviation pendant la bataille de Verdun, puis plus tard comme pilote. Ses excès de bravoure lui coûteront la vie. Sa correspondance qui dévoile son affection pour les siens, trouve un complément dans son journal de campagne scrupuleusement tenu".

Ce "dernier permet de le suivre du front belge à la Lorraine, en passant par Verdun, le Chemin des Dames et la bataille de la Somme".


Nissim de Camondo "a presque 22 ans lorsqu’il répond à l’appel sous les drapeaux en août 1914. Issu d’une famille de banquiers israélites ayant quitté Constantinople pour s’installer à Paris en 1869, il est le fils aîné et adoré du comte Moïse de Camondo. Jour après jour, trois années durant, Nissim de Camondo écrit à ses proches pour leur raconter son combat. On le suit du front belge à la Lorraine, en passant par Verdun, le Chemin des Dames et la Somme".


"À l’enthousiasme de ses débuts, comme cavalier au 3e régiment de hussards, succède, en 1915, la prise de conscience de l’immense cruauté de cette guerre. Affecté alors au 21e régiment de dragons, il devient mitrailleur dans l’infanterie et combat dans les tranchées. En 1916, il passe dans l’aviation en qualité d’observateur à l’escadrille 33. Il survole dès lors les lignes ennemies, réalise un nombre considérable de missions photographiques et devient pilote. Il meurt en combat aérien le 5 septembre 1917".


"Nous livrons ici dans son intégralité la correspondance de Nissim de Camondo à son père. Elle est complétée de son journal de campagne ainsi que de lettres adressées à d’autres destinataires. Le sacrifice de Nissim de Camondo a été magnifié et perpétué par son père, célèbre collectionneur d’œuvres d’art décoratif du XVIIIe siècle, réunies dans l’hôtel particulier qu’il fit édifier pour les présenter. En 1924, il légua cet ensemble à l’État français et lui donna le nom de son fils, afin qu’il devienne le musée Nissim de Camondo. Illustré de nombreux document et photographies, enrichi de notes et d’un index détaillé, cet ouvrage constitue le témoignage bouleversant sur la Grande Guerre".


"D’abord cavalier au 3e régiment de hussards, Nissim se distingue par son courage et son enthousiasme : il perçoit la guerre comme un jeu".


"Mais à l’engouement des débuts, succède en 1915, la prise de conscience de l’horreur de cette guerre. Affecté au 21e régiment de dragons, il devient mitrailleur dans l’infanterie et combat de manière éprouvante durant de longs mois dans les tranchées".


"En proie au découragement et à l’impuissance devant l’horreur, il demande son détachement dans l’aviation. En 1916, il est affecté à l’escadrille 33 en qualité d’observateur. Puis il prend ses premières leçons de pilotage. Promu lieutenant en juillet 1916, son brevet de pilote est homologué en novembre de la même année. Chargé du service photographique au sein de l’escadrille 33, il survole les lignes ennemies et réalise un nombre considérable de missions photographiques".


"En juin 1917, au sein de l’escadrille 33, les avions biplan Dorand AR 1 remplacent le modèle Farman F.40 jugé obsolète. C’est à bord de ce nouvel appareil que le lieutenant pilote aviateur Nissim de Camondo et le lieutenant observateur Lucien Desessard partent en vol de reconnaissance au-dessus du territoire ennemi dans la matinée du 5 septembre. Ils ne rentreront pas de cette mission".


"L’exposition qui accompagne cette publication invite à découvrir la vie de Nissim de Camondo entre 1914 et 1917, à travers un choix de lettres et cartes postales envoyées principalement aux siens, son journal de campagne, sa correspondance avec son amante Renée Dorville, ses citations à l’ordre de l’armée ainsi que divers documents tels que cartes d’état-major, ordres de missions, articles de presse, photographies et vues stéréoscopiques".


"C’est aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir le musée Nissim de Camondo, lieu d’exception, expression du goût le plus raffiné pour l’art de vivre du XVIIIe siècle, dont la création trouve son origine même dans le sacrifice glorieux du fils charmant et tendrement aimé du comte Moïse de Camondo".


L’art de vivre selon Moïse de Camondo

Le musée Nissim de Camondo présenta l'exposition L’art de vivre selon Moïse de Camondo. "L’exposition présente un fonds d’archives inédit qui retrace l’art de vivre du comte Moïse de Camondo (1860-1935), éminent collectionneur d’art décoratif du XVIIIe siècle, mais aussi homme de son temps, passionné par le progrès technique. Adepte de la chasse à courre, grand touriste et fin gastronome, le comte a laissé de nombreux témoignages de son mode de vie raffiné proche, par beaucoup d’aspects, de celui de la haute aristocratie parisienne du début du XXe siècle. Les photographies, guides de voyages et cartes routières ainsi que sa correspondance, nous font aussi découvrir sa passion pour « l’automobilisme » et ses nombreux voyages dans toute l’Europe. Enfin, datant des années trente, quelques plans de tables et menus évoquent son goût de la gastronomie et son art de recevoir."

"Après la mort prématurée de son fils Nissim en 1917, le comte Moïse de Camondo décide de léguer en 1924 son hôtel et les exceptionnelles collections qu’il abrite à l’État, par l‘intermédiaire de l’Union centrale des Arts décoratifs, à la condition d’en faire un musée portant le nom du jeune disparu. Conçu comme la « reconstitution d’une demeure artistique du XVIIIe siècle », le musée Nissim de Camondo ouvre ses portes en 1936. Il témoigne du goût du collectionneur pour les arts décoratifs français des périodes Transition et Louis XVI, époque qu’il a lui-même « aimée entre toutes ». Cette passion pour un XVIIIe siècle idéal n’affecte cependant pas son mode de vie. Homme de son temps, fasciné par le progrès technique, Moïse de Camondo apprécie le confort de la vie moderne et aménage en conséquence son hôtel librement inspiré du Petit Trianon qui est achevé en 1914."

La chasse à courre

"Gentleman sportif, Moïse de Camondo est aussi un cavalier émérite qui chasse à courre très régulièrement, s’inscrivant ainsi dans la pure tradition aristocratique. En 1904, le comte acquiert « le château d’Aumont », près de Senlis, où famille et amis sont accueillis dans une ambiance chaleureuse et confortable. Chevaux et chiens agrémentent les loisirs, et, dès que l’automne arrive, la saison de la chasse commence. De septembre à la fin du printemps, la chasse à tir rythme aussi le calendrier des loisirs cynégétiques. De nombreuses photographies témoignent de ces parties de chasse festives que le comte partage avec ses deux enfants, Nissim et Béatrice."

Le yachting
"Dès sa jeunesse, Moïse de Camondo voyage beaucoup. Passionné de yachting, loisir très onéreux, il possède successivement deux bateaux de plaisance à vapeur avec lesquels il sillonne la Manche, la mer du Nord et la Méditerranée : le « Rover », et le « Géraldine », une élégante goélette à trois mâts achetée avec son beau-père Louis Cahen d’Anvers. Il revend celle-ci en 1897 et opte ensuite pour des croisières culturelles à bord de confortables paquebots."

L'automobilisme
"Amateur « d’automobilisme », Moïse de Camondo achète sa première voiture à moteur en 1895. Épris de vitesse et de carrosseries élégantes, il a toujours trois ou quatre voitures à sa disposition dans la « remise aux autos » de son hôtel. Deux mécaniciens-chauffeurs logés sur place sont affectés en permanence à leur entretien et conduite. À bord de ces bolides, le comte sillonne l’Europe entière, avalant kilomètres poussiéreux et cahotants avec l’énergie d’un explorateur. À chaque retour de voyage, il envoie au Club des Cent des comptes rendus très précis pour actualiser son guide confidentiel."

La gastronomie
"Par leurs équipements fonctionnels et hygiéniques, les espaces de service et les appartements privés de l’hôtel de Camondo témoignent du goût du comte pour le confort moderne. La place accordée à la cuisine et ses annexes révèle aussi une autre facette de sa personnalité : celle du fin gourmet, amateur de grands crus, qui devient en 1928 membre titulaire du Club des Cent. À partir de 1930, Moïse de Camondo convie à déjeuner chez lui, une fois par an, une trentaine de camarades centistes et organise, par ailleurs, ses déjeuners « Louvre » et « Marsan » qui réunissent conservateurs de musées parisiens, collectionneurs et personnalités du monde de l’art. On peut en suivre les préparatifs à travers les listes d’invités, plans de table et menus qui nous sont parvenus."


"Cette exposition dévoile ainsi une facette méconnue de Moïse de Camondo, celle de l’homme de son temps qui entretient un vaste réseau de sociabilité à travers le Club des Cent et les nombreuses relations qu’il a su nouer dans le monde des musées et celui de l’art. Elle est aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir le musée Nissim de Camondo, lieu d’exception, témoignage vibrant d’une époque et d’un art de vivre dont le comte Moïse de Camondo était un fier ambassadeur."

"La petite fille au ruban bleu"
Diffusé par France 5, réalisé par Nicolas Lévy-Beff, "Renoir et La petite fille au ruban bleu", l'histoire d'un tableau de Pierre-Auguste Renoir à la trajectoire tourmentée, intimement liée à celle de son modèle Irène Cahen d’Anvers, d’où son diminutif « La petite Irène ». Cheminement tristement rattaché aux heures les plus sombres de l’Europe de la première moitié du XXe siècle. Pour admirer cette toile, dont la beauté ne cesse d’émouvoir ceux qui la regardent, il ne faut pas se rendre dans un musée français, mais bientôt à la Kunsthaus de Zürich."


A l'initiative du collectionneur Charles Ephrussi, propriétaire de la Gazette des beaux-arts, le banquier Louis Cahen d'Anvers rencontre le peintre impressionniste Renoir. En 1880, il lui commande le portrait de ses trois filles : Irène, alors âgée de huit ans, Élisabeth et Alice. Les deux benjamines sont portraiturées ensemble dans le tableau de Renoir "Les Demoiselles Cahen d'Anvers" ou "Rose et Bleu". Renoir mêle deux styles différents dans son portait d'Irène : des touches délicates impressionnistes pour la végétation composant le fond du tableau et un soin du détail précis pour les traits du visages. Ce qui anime le tableau d'une vie émouvante. Ces tableaux n'ont pas eu l'heur de plaire aux parents qui le dissimulent dans leur demeure. Un différend surgit entre le commanditaire et l'artiste : quel est le montant de la somme à allouer au peintre pour son portrait ? Curieusement, le prix n'avait pas été fixé auparavant par les parties. Finalement, Louis Cahen d'Anvers rémunère Renoir 1 500 francs, soit moins que ce que perçoivent d'autres portraitistes. Ce qui alimente l'antisémitisme de Renoir.


Le portrait d'Irène révèle un regard empreint d'une légère tristesse ou mélancolie. En 1883, il figure dans la première exposition individuelle de Renoir à la galerie Durand-Ruel, boulevard des Capucines (Paris). En 1910, la Comtesse Cahen d’Anvers, mère d'Irène, l'offre à sa petite-fille, Béatrice qui en orne un mur de sa maison. Volé par les Nazis, le chef-d'oeuvre est récupéré par Goering, puis vendu à l'industriel suisse Georg Bürhle. Il est repéré après-guerre par Irène, unique rescapée de la famille Camondo - "Nissim de Camondo est mort pour la France. Les autres Camondo sont morts par la France", résume lapidaire Pierre Assouline -, dans une exposition d'oeuvres retrouvées en Allemagne. Elle le récupère, puis le vend à un galeriste. In fine, le tableau est acquis par Bürhle. 
"En effet, ce chef d’œuvre de Renoir, est l’une des pièces maîtresses de la Collection Emil Bürhle, une collection exceptionnelle, mais aussi très controversée. Encore aujourd’hui l’exposition de La Petite Fille au Ruban Bleu de Renoir provoque quelques remous, fait resurgir le passé et ses fantômes. Auguste Renoir est pourtant un peintre de grande renommée, il fait partie de notre mémoire collective, quelle histoire se cache derrière cette œuvre aujourd’hui mondialement reconnue ? De quoi « La petite Fille au Ruban Bleu » a t-elle été témoin ?

Cette oeuvre d'art est publiée par de nombreux manuels scolaires et a été filmée dans A bout de souffle (1960) par Jean-Luc Godand lors d'une scène en intérieur entre Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg.

Le 61 rue de Monceau, l'autre Hôtel Camondo
En 2019-2020, le musée Nissim de Camondo présente l'exposition "Le 61 rue de Monceau, l'autre Hôtel Camondo""Réalisée grâce au soutien des donateurs du musée dont la générosité permet d’enrichir régulièrement le fonds des souvenirs de la famille Camondo, cette exposition apporte un éclairage nouveau sur l’œuvre de bâtisseur et collectionneur du comte Abraham-Béhor de Camondo."

"L’exposition dévoile une sélection de documents et d’acquisitions récentes qui renseignent de façon détaillée sur l’architecture, la décoration, l’ameublement et les collections d’œuvres d’art de cette demeure d’exception que le comte Abraham-Béhor fait construire en 1875 par l’architecte Denis-Louis Destors (1816-1882) au 61, rue de Monceau et dont l’intérieur est entièrement détruit dans les années soixante-dix."

"Partis de Constantinople et installés à Paris en 1869, le comte Abraham-Béhor de Camondo (1829-1889) et son frère Nissim (1830-1889) choisissent de s’établir avec leur famille en bordure du parc Monceau. La périphérie sud du parc fait alors l’objet d’une opération de lotissement par les frères Pereire afin d’y élever des hôtels particuliers de prestige. En juin 1870, ils acquièrent deux terrains mitoyens au 61 et 63 rue de Monceau". 

"Au numéro 61, Abraham-Béhor achète le 28 juin à Émile Pereire une parcelle non bâtie et confie à l’architecte Denis-Louis Destors (1816-1882), élève de François Debret (1777-1850), le soin d’y édifier une demeure somptueuse, tandis que Nissim fait réaménager par ce dernier au numéro 63 le luxueux hôtel Violet bâti sous le Second Empire par l’entrepreneur du même nom. Dès 1871, Destors réalise les plans de l’hôtel du 61. Le permis de construire est délivré par la Ville de Paris le 19 février 1872. Le chantier dure plus de trois ans. En septembre 1875, les travaux de décoration intérieure sont achevés. En octobre, le comte Abraham-Béhor de Camondo et sa famille quittent la rue de Presbourg où ils demeuraient depuis leur arrivée à Paris1 et s’installent rue de Monceau".

Pour cette réalisation, Denis-Louis Destors reçoit le 12 juin 1875 la grande médaille d’argent de l’architecture privée qui lui est décernée par la Société centrale des architectes dont il est membre depuis 18472. Destors a construit à Paris nombre d’hôtels particuliers, mais celui du comte de Camondo est son ouvrage le plus important :

« Le plan de l’hôtel est très amplement conçu ; de la cour on pénètre dans un premier vestibule, sorte de loge ouverte, où se tiennent les gens ; puis un second vestibule plus grand, de 12 mètres sur 7 mètres environ, reçoit un bel et spacieux escalier en marbre et donne accès aux grands et petits salons de réception, à la salle à manger, au jardin d’hiver, au billard, au cabinet du comte ; au premier étage se trouvent le salon de famille, les appartements privés ; au deuxième étage, d’autres appartements". »
"Outre des photographies de l’hôtel en 1875, des plans et élévations publiés par Le Moniteur en 1880, des inventaires et catalogues de ventes liés à la succession d’Abraham-Béhor de Camondo en 1893, puis à celle de son épouse Régina en 1905, c’est aussi l’occasion pour le public de découvrir des œuvres majeures et pour la plupart inédites. Parmi les plus emblématiques, citons des panneaux de laque provenant du boudoir chinois, deux dessins aquarellés réalisés par Denis-Louis Destors pour le concours d’architecture de l’Académie des Beaux-Arts en 1876, un écran de cheminée et deux chaises ayant appartenu à la comtesse Régina ainsi qu’une livrée de domestique en panne de velours rouge."

"L’histoire de cette demeure est également évoquée. Au terme d’une succession difficile, l’hôtel du comte Abraham-Béhor de Camondo est vendu en 1893 à Gaston Menier (1855-1934), propriétaire de la célèbre chocolaterie de Noisiel. De la cave au grenier, tout est mis aux enchères. Au cours de ces ventes, l’entrepreneur et son frère Albert achètent plusieurs tapisseries et quelques meubles. Au-dessus de la porte cochère, sur le médaillon central, les initiales du comte Abraham Béhor de Camondo sont effacées pour y graver celles de Gaston Menier. L’aménagement intérieur de l’hôtel Menier est connu par des photographies conservées au musée d’Orsay ainsi que par le catalogue de vente de sa succession en 1936. Ces documents ont permis de retracer le parcours de certaines tapisseries provenant de la collection Camondo."


"En 1946, Jacques Menier (1892-1953) met en vente l’hôtel qu’il a hérité de son père qui devient alors le siège des Aciéries de Pompey. Revendu en 1968, il est acheté par l’Union des Assurances de Paris (UAP). Vers 1977-1980, le décor intérieur est détruit - notamment le grand escalier - et la distribution très modifiée. La serre, pièce majeure de la demeure, est démolie et les communs restructurés. En 1979, les façades et la toiture de l’édifice sont classées au titre des Monuments Historiques sauvant la bâtisse d’une destruction complète. L’espace intérieur est à nouveau remanié en 2001, avant l’installation en 2005 du locataire actuel, la banque Morgan Stanley."



"Renoir et La petite fille au ruban bleupar Nicolas Lévy-Beff
Auteurs : Nicolas Lévy-Beff et Nadine Lermite
Production France Saint Léger avec la participation de Pierre Assouline, Emmanuelle Polack, Lukas Gloor et France Télévisions
Produit par HARBOR Films avec la participation de FRANCE TELEVISIONS et du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée, avec le soutien de la  Procirep – Société des Producteurs et de l’Angoa et La Fondation du Judaïsme Français
52’34 
Sur France 5 le 30 novembre 2019 à 22 h 30 et sur le site Internet de France 5 jusqu'au 7 décembre 2019

Du 17 octobre 2019 au 15 mars 2020 Du 31 octobre 2018 au 10 mars 2019
Jusqu'aux 6 et 27 mars 2016
Jusqu'au 22 mars 2014
Au Musée Nissim de Camondo
63, rue de Monceau. 75008 Paris
Tél. : 01 53 89 06 50 ou 06 40
Du mercredi au dimanche de 10 h à 17 h 30

Jusqu’au 7 mars 2010 
Au Musée d’art et d’histoire du judaïsme 
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple, 75003 Paris
Du lundi au vendredi de 11 h à 18 h, dimanche de 10 h à 18 h.

La splendeur des Camondo de Constantinople à Paris (1806-1945). MAHJ et Skira Flammarion, 2009. 160 pages. 30 €. ISBN : 9782081228931


Interview sur cette exposition d'Anne-Hélène Hoog, commissaire de l'exposition, par Vincent Lemerre, le 17 janvier 2010, dans le cadre de l'émission Mémoires vives de RCJ et visite guidée de l'exposition par Anne-Hélène Hoog pour Akadem.

Visuels de haut en bas :
Affiche
Le grand bureau, 1936. Musée Nissim de Camondo. Photo Les Arts Décoratifs, Paris.

Kitagawa Utamaro, Amour profondément caché
Série Anthologie Poétique, section de l’Amour
1793-1794
Legs du comte Isaac de Camondo au musée du Louvre en 1911
Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Paris
© RMN / Harry Bréjat

Visuel de l’exposition La Splendeur des Camondo
Atelier Polymago ©RMN, Musée Nissim de Camondo

Abdullah frères, Comte Abraham-Salomon de Camondo et son petit-fils Nissim de Camondo
Pera-Constantinople, vers 1868
Paris, Les Arts décoratifs, archives du Musée Nissim de Camondo © Les Arts Décoratifs / Photographie Jean-Marie Del Moral / Tous droits réservés

Coffret et rouleau de Torah, tiq et sefer torah
Empire ottoman, 1860
Don des comtes Isaac et Moïse de Camondo en 1910
(Cluny 18302)
Dépôt du Musée National du Moyen Age
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Paris
© RMN / Hervé Lewandowski

Vase Zun en forme d’éléphant
Chine du sud, époque Shang (XVIIIe – XIe siècle avant notre ère)
Bronze
Legs du comte Isaac de Camondo au musée du Louvre en 1911
Musée national des Arts asiatiques – Guimet, Paris
© RMN / Thierry Ollivier

Auguste Bert, Isaac de Camondo au milieu de ses collections d’Extrême-Orient dans l’antichambre de l’appartement du 82 avenue des Champs-Élysées
Paris, vers 1910
Paris, Les Arts décoratifs, archives du musée Nissim de Camondo © Les Arts Décoratifs / Photographie Jean Tholance / Tous droits réservés

Attribuée à Etienne-Maurice Falconet, Pendule des Trois grâces
Vers 1770
Marbre blanc, bronze doré
Legs du comte Isaac de Camondo au musée du Louvre en 1911
Musée du Louvre, département des Objets d’art, Paris
© RMN / Droits réservés

Edgar Degas, Les Repasseuses
1884-1886
Huile sur toile
Legs du comte Isaac de Camondo au musée du Louvre en 1911
Musée d’Orsay, Paris
© RMN (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Moïse de Camondo
vers 1920
Paris, Les Arts décoratifs, archives du musée Nissim de Camondo © Les Arts Décoratifs / Photographie Jean Tholance / Tous droits réservés

Le grand bureau, de l’hôtel Moïse de Camondo
Paris, Les Arts Décoratifs, archives du Musée
Nissim de Camondo © Les Arts Décoratifs /Photographie JM del Moral

Vue du vestibule en 1936. Tirage noir et blanc, 1936
H. 22,3 cm  ; L. 28,2 cm
Inscription, en bas à droite : «  27 Cam  »

Vue du vestibule en 2013

Vue du grand bureau vers l'alcôve en 1936. Musée Nissim de Camondo. Tirage noir et blanc, 1936. H. 22,3 cm ; L. 28,2 cm, inscription, en bas à gauche : « 21 Cam ». Paris, Les Arts Décoratifs, documentation du musée Nissim de Camondo © Paris, Les Arts Décoratifs

Musée Nissim de Camondo : la salle à manger
© Les Arts Décoratifs, Paris / photo : Luc Boegly

Les frères Émile et Isaac Péreire De Léon-Louis Chapon (1836-1918) d'après une photographie de Nadar Le Monde illustré, 1863

Mortier à décor de "Toucan de Cayenne, dit toco", Manufacture de Sèvres

Provient du service livré le 15 mars 1787 au comte de Montmorin, ministre des Affaires étrangères, pour être offert à Eleanor Eden, épouse de William Eden, ministre plénipotentiaire de Grande-Bretagne. Inv. CAM 292.0544 © Les Arts Décoratifs / photo : Jean Tholance

« Toucan de Cayenne appelé Toco », gravure de François-Nicolas Martinet illustrant l’Histoire naturelle des oiseaux de Georges-Louis Buffon, 1771-1786
© Photo Muséum national d’Histoire naturelle, Dist. RMN-Grand Palais / image du MNHN, bibliothèque centrale

Compotier « coquille », Manufacture royale de Sèvres, porcelaine tendre, peinte et dorée, 1784
Henry-François Vincent, dit Vincent le jeune, et plus tard, Vincent père (doreur) _ Oiseaux nommés au revers : au centre, Spatule Couleur de rose, de Cayenne  ; en haut, Péruche a gorge tachetée, de Cayenne  ; en bas, Bouvreuil femelle  ; à droite, Gros bec, de l’Isle de Bourbon  ; à gauche, Perdrix rouge mâle de France
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance

Saucière à décor de « Pic tacheté de Nubie et ortolan du Cap de Bonne Espérance », porcelaine dure, 1792
Edme François Bouillat (peintre)
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance

Tasse à glace à décor de « Tangara de Cayenne », porcelaine tendre, 1792
Massy (peintre) et Henri-Martin Prévost (doreur)
© Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance

Moïse de Camondo chassant à courre en forêt d’Halatte, 1910
© MAD, Paris

Le yacht Rover sortant du port de Deauville, 1888
© MAD, Paris

La Panhard 35 de Moïse de Camondo à Aumont, 1906
© MAD, Paris

Facture de la maison Hédiard du 29 octobre 1913
© MAD, Paris / Jean Tholance

Menu du déjeuner « Louvre » du 2 juin 1933 (recto et verso)
© MAD, Paris

Hôtel construit à Paris – Façade sur la cour
Denis-Louis Destors (1816-1882), 1876
Plume, encre noire et aquarelle gouachée, sur papier
H. 66,5 ; L. 97 cm
Paris, Musée Nissim de Camondo, inv. CAM 2012.2.1, don des Amis du MAD, 2012 © MAD, Paris / Jean Tholance

Dessin aquarellé de la coupe longitudinale
Denis-Louis Destors, 1876

Esquisse {Le Triomphe de la civilisation}

Paul-Joseph Blanc, v. 1875


Photographie, « Hôtel Camondo : serre », vers 1875
Musée Nissim de Camondo
© MAD Paris

Écran de cheminée, maison Fourdinois, vers 1874
Musée Nissim de Camondo
© MAD Paris / photo : Jean Tholance

Livrée de domestique, gilet et culotte à pont en panne de velours rouge avec boutons dorés aux armes du comte Abraham-Béhor de Camondo, fin XIXe-début XXe siècle
Musée Nissim de Camondo
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Boutons dorés aux armes du comte Abraham-Béhor de Camondo, fin XIXe-début XXe siècle
Musée Nissim de Camondo

© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

A lire sur ce blog :

Cet article a été publié le 28 février 2010, puis les 20 mars 2014, 4 mars, 30 août et 15 octobre 2016, 14 janvier et 10 novembre 2017, 9 mars et 9 novembre 2018. Il a été modifié le 3 décembre 2019. Les citations proviennent des dossiers de presse.

1 commentaire:

  1. C'est époustouflant, la vie des Camondo. Entre le père qui fut un très grand banquier et son fils qui fut un héros de la grande guerre, qu'elle famille !
    Je suis abasourdi et admiratif par la richesse de leurs vies.
    Mais la haine des nazis à mis fin à leur épopée.
    Je suis aussi très fier d'appartenir à cette communauté.
    Am Israël Haï !

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