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vendredi 13 janvier 2017

L’art de la paix. Secrets et trésors de la diplomatie


Le Petit Palais accueille l’exposition « ambitieuse et inédite » L’art de la paix. Secrets et trésors de la diplomatie. Co-organisée avec le ministère des Affaires étrangères et du Développement international, cette exposition s’avère problématique par ses amalgames surprenants, ses choix parfois choquants et ses confusions inquiétantes. L'article sera complété après chabbat.

Le congrès de Vienne ou l’invention d’une nouvelle Europe 
L’art de la paix. Secrets et trésors de la diplomatie 

Le ministère des Affaires étrangères poursuit sa stratégie de communication en direction du grand public. En 2015, l’exposition Le congrès de Vienne ou l’invention d’une nouvelle Europe a été un premier jalon dans cette comm’.

En 2016, c’est au Petit Palais que le quai d’Orsay a confié certains de ses trésors dans 

Hasards ? Le vernissage presse a eu lieu le 18 octobre 2016, journée au cours de laquelle les 58 Etats-membres du Conseil exécutif de l'Unesco ont voté en séance plénière sur des résolutions sur la « Palestine occupée » et niant les liens entre les Juifs et Jérusalem (Israël), et l’exposition s’achèvera le 15 janvier 2017, jour où se tiendra à Paris la conférence pour la paix au Proche-Orient en l’absence d’Israël et de l’Autorité palestinienne. Mais celle-ci bénéficiera de tant de porte-paroles officieux, avec la France du Président François Hollande et les Etats-Unis du Président Barack Obama à leur tête, au sein de cette conférence…

Le titre de l’exposition L’Art de la paix est un clin d’œil à celui de L'art de la guerre, de Sun Tzu (544–496 avant l’ère commune), général chinois. Est publié un notebook, « carnet avec une sélection de citations de L'art de la guerre écrit par le stratège militaire chinois Sun Tzu ».

L’Art de la paix. La paix érigée en art !? Ou art de vivre ? Et quelle paix ? La Pax Romana ? La Pax Germania ? La Pax Islamica ? En l’occurrence, une aspiration à la paix revendiquée par la France. Mais l’Histoire a prouvé que la recherche de la paix à tout prix peut induire des tragédies.

« L’art de la guerre ne doit pas faire oublier celui de la paix, idéal qu’il convient de célébrer sans réserve en ces temps troublés ».

« L’exposition du Petit Palais, qui associe la Ville de Paris et le ministère des Affaires étrangères et du développement international, a pour ambition de tresser les fils d’une histoire de l’idéal de paix – une notion qui a évolué, de la nostalgie de l’ordre romain et des partisans de la paix de Dieu jusqu’aux penseurs modernes ; celle du roman national avec ses grandes dates et ses acteurs majeurs, de Charlemagne à Napoléon et De Gaulle ; celle de l’émergence d’institutions supranationales garantes de l’équilibre des forces ; celle enfin d’un nouvel ordre mondial qui dépasse le cadre politique et intègre les enjeux économiques et environnementaux ».

Le quai d’Orsay présente des « secrets et trésors de la diplomatie » française. Et c’est un plaisir pour l’intellect et le regard de découvrir des documents-œuvres d’art à la calligraphie élégante et aux sceaux rouges appendus avec de fins rubans - le traité de paix avec l’Empire, dit « traité de Westphalie ». Munster, 24 octobre 1648 -, la lettre du roi du Siam Mongkut (Rama IV) à l’empereur Napoléon III, remise lors d’une audience officielle à Fontainebleau le 28 juin 1861. En comparaison, le traité de Maastricht paraît si sec, si terne, si bureaucratique. Sans âme.

Sont réunies environ « 200 œuvres, du Moyen-âge jusqu’à nos jours » dans un parcours articulé autour de cinq sections chronologiques et thématiques. La scénographie « alterne des moments spectaculaires d’un point de vue visuel et des sections plus historiques. Signée Philippe Pumain », elle est « très monumentale ». « Afin de faciliter l’accès et la compréhension des documents historiques présentés au sein de l’exposition, trois salles sont équipées de deux écrans tactiles ». 

Quelle ne fut pas ma surprise de voir parmi les grands « penseurs de la paix »… Stéphane Hessel. J’ai donc interrogé les commissaires de l’exposition : « Pourquoi avez-vous placé Stéphane Hessel qui n’était ni un grand « penseur » ni un « penseur de la paix » ? Un brin gênée, l’une des commissaires répondit : « La question est polémique… » « C’est une question de journaliste. Stéphane Hessel a soutenu le Hamas, mouvement terroriste qui cible des civils en Israël » Au bout de quelques minutes, la commissaire a convenu qu’effectivement, la place de Stéphane Hessel n’était pas dans cette galerie de portraits réunissant en particulier Kant, Rousseau, Hugo et René Cassin, un des co-rédactions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Pour résumer les impressions au terme de la visite de cette exposition : les grandes lignes de la diplomatie française n’apparaissent pas. La Shoah n’est pas mentionnée. La COP 21 conclut le parcours comme un cheveu sur la soupe.

Le commissariat général est assuré par Richard Boidin, directeur des Archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et du Développement international, Christophe Leribault, directeur du Petit Palais. Le commissariat scientifique a été confié à Patrick Lemasson, conservateur en chef au Petit Palais, Isabelle Nathan, conservatrice générale aux Archives diplomatiques, Isabelle Richefort, conservatrice générale, adjointe au directeur des Archives diplomatiques Gaëlle Rio, conservatrice au Petit Palais.


L’ Art de la paix. Secrets et trésors de la diplomatie. Préface de Christophe Leribault. 2016, Paris Musées.24 x 30 cm. relié toilé. 250 illustrations. 336 pages. ISBN : 978-2-7596-0337-4. 49,90 euros

Du 19 octobre 2016 au 15 janvier 2017
Au Petit Palais - Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris 
Avenue Winston Churchill - 75008 Paris
Tel: 01 53 43 40 00
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h. Fermé le lundi, 25 décembre, 1er janvier.

Visuels :
Affiche
Claude Monet, La Rue Montorgueil à Paris. Fête du 30 juin 1878, 1878.
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé LewandowskiMINISTÈRE

Lettre du roi du Siam Mongkut (Rama IV) à l’empereur Napoléon III, remise lors d’une audience officielle à Fontainebleau le 28 juin 1861.
Cette lettre – la dernière de ce type à avoir été envoyée à un souverain français, après Louis XIV – suit la signature du traité d’amitié, de commerce et de navigation signé le 15 août 1856 à Bangkok.
© Frédéric de la Mure / MAEDI

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Les citations sont extraites du dossier de presse.

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