Citations

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mercredi 18 décembre 2019

« Ceux de Normandie-Niémen » d’Yves Donjon


Publié en 1996, ce livre en est à sa troisième  édition mise à jour (2010). Cet ouvrage, qui fait référence, présente la biographie complète de tous les membres du régiment de chasse Normandie-Niemen, entre septembre 1942 et juin 1945. C'était la "seule unité de la France Libre engagée sur le front russe aux côtés de l'armée soviétique". Appelé le « Neu-Neu », crégiment d’aviation français a combattu sur le front Est, lors de la Deuxième Guerre mondiale. 


Pierre Clostermann (1921-2006)
Romain Gary, des « Racines du ciel » à « La Vie devant soi »
Max Guedj (1913-1945), héros méconnu de la France libre


Le 1er septembre 1942, le groupe de chasse n°3 « Normandie » est créé à Rayak (Syrie), après un an de négociations entre le général de Gaulle, les représentants de l’Union soviétique et ceux de la Grande-Bretagne.

"Neu-Neu"
Le 2 décembre 1942, le « Normandie » arrive à Ivanovo, centre d’entraînement situé à 250 km au nord-est de Moscou. Malgré « l’extrême rigueur de l’hiver, les pilotes débutent leur entraînement et sont très vite engagés dans de nombreux combats aériens. Stationnés en Russie jusqu’en 1945, les aviateurs français remportent 273 victoires, aux côtés de leurs homologues russes. L’escadron obtient ainsi l’appellation « Niemen » après avoir appuyé l’offensive terrestre des troupes soviétiques ayant franchi le fleuve Niemen, le 23 juin 1944 ».

Fondé par Charles Luguet et Albert Mirlesse, ce groupe a été commandé par Jean Tulasne puis Pierre Pouyade. Quarante-deux pilotes français sont morts pour la France sur un total de 97 qui participèrent aux trois campagnes.

Parmi les chasseurs, citons Constantin Feldzer, Roland de la Poype, futur industriel dans le plastique, inventeur du berlingot Dop pour L'Oréal et fondateur du Marineland d'Antibes, Marcel Lefevre, Joseph Risso, Jean de Tedesco et Roger Sauvage.

Paradoxalement, ce régiment surnommé "Neu-Neu" bénéficie d’une aura plus grande en Russie qu’en France.

Ce livre rappelle l’abnégation, l’héroïsme et la compétence de ceux qui luttèrent sur le front Est.

Cartes, chronologie, index et bibliographie complètent ce livre clair et précis.

Peut-être une fiche sur les Yak aurait-elle pu être ajoutée.

Gaël Taburet
Le 10 février 2017, Gaël Taburet, né à Messac en Ille-et-Vilaine, est mort sur la Côte d'Azur à 97 ans. Ce Breton était « le dernier aviateur survivant du régiment Normandie-Niemen, composé de 99 pilotes mis à disposition de Staline par le Général de Gaulle pour combattre sur le front de l’Est, durant la Seconde Guerre mondiale. Près de la moitié des aviateurs sont morts au combat : Quarante-deux ne sont jamais revenus », explique René Gaudart, auteur du livre Pilotes du Normandie-Niemen. Le 26 juin 1944, lors de sa première mission de guerre, cet as "avait obtenu sa première victoire aérienne en abattant un Fw 190 dans le secteur d'Orcha", en actuelle Biélorussie.

"Né le 12 novembre 1919 à Messac en Ille et Vilaine, Gaël Taburet s’engage à 18 ans dans l’armée de l’air et est reçu à l’école d’Ambérieu où il est breveté pilote le 13 avril 1939. Après des affectations au GT I/15 et GT III/15, il rejoint la Groupe de Chasse Normandie sur le front russe le 3 avril 1944. Valeureux pilote de la troisième escadrille, il termine la guerre avec six victoires dont une probable. Fidèle, il reste au sein du Normandie-Niemen qu’il suit en Indochine où il occupe le poste de chef des opérations. En juin 1951, il tourne une page de sa vie et dirige l’escadrille des moniteurs et de réentraînement de la base école de Meknès. De mars 1954 à mai 1956, il est affecté à la défense aérienne du Territoire de Versailles. En juin 1956, il seconde le commandant de la base aérienne 110 de Creil. Après deux années passées dans les forces françaises en Allemagne, il part en opération en Algérie en octobre 1960 et est affecté dès son retour en France, deux ans plus tard, au poste de Commandant de la base aérienne d’Orange. Mis à la retraite en mars 1963 au grade de colonel, Gaël Taburet devient directeur de l’action régionale de l’institut de contrôle et de gestion. En 2015, l’ambassadeur russe Alexandre Orlov était venu lui rendre visite. Gaël Taburet avait fêté ses 97 ans, le 12 novembre 2016. Ses obsèques sont prévues le 22 février en fin de matinée au Crématorium de Cannes".

"Commandeur de la Légion d'Honneur, Croix de guerre 39-45, Gaël Taburet avait été décoré de cinq médailles soviétiques, dont celle de l'ordre du Drapeau Rouge. L'escadron comptera 21 Compagnons de la Libération et quatre "Héros de l'Union Soviétique", une décoration très rarement accordée aux étrangers par l'URSS. Elle compte 274 victoires homologuées au cours de 5.240 missions et 869 combats. 42 de ses 97 pilotes ont péri".

André Peyronie
Dernier survivant de cette épopée, André Peyronie, mécanicien du "Neu-Neu", est décédé durant son sommeil, à l'âge de 99 ans, dans la nuit du 9 au 10 décembre 2019, à Anse, dans le Rhône. Ses obsèques auront lieu le 17 décembre 2019 à Anse.

Né à Albi (Tarn) le 8 mai 1920, André Peyronie "s'engage le 16 février 1939, alors qu'il n'a pas encore 19 ans, au 109e bataillon de l'Air de Tours et obtient un peu plus tard son brevet de mécanicien à l'école de Rochefort. Affecté à l'école d'aviation de Bordeaux, puis à Salon-de-Provence, puis Châteauroux, il participe à des actions de sabotage pour empêcher que des avions français tombent aux mains des allemands. Pour échapper à la police allemande, il embarque à Marseille pour le Liban, où il s'engagera dans les FAFL, les forces aériennes françaises libres. "

Il "rejoint les Forces de la France Libre en août 1941 en Syrie. En 1942, il est affecté au groupe de chasse III Normandie, qui deviendra plus tard le "NeuNeu", le célèbre Normandie-Niemen (du nom d'un fleuve russe), sur la base d'Ivanovo, en Union soviétique, à 250 kilomètres au Nord Est de Moscou.

"Arrivé à Ivanovo (250 kilomètres au nord-est de Moscou) le 29 novembre", il "participe à la première campagne du régiment Normandie-Niémen sur le front de l’Est, de mars à octobre 1943. Mécanicien, il était chargé de l’entretien du « Père Magloire », le Yakovlev "Yak" 9 du lieutenant Marcel Lefèvre, un as (14 victoires aériennes, dont 11 homologuées) originaire de Normandie qui succombera à de graves blessures, le 5 juin 1944, à l'hôpital Sokolniki de Moscou.

Cette unité, constituée de pilotes de chasse et de mécaniciens français volontaires, reste légendaire en Russie. D’abord baptisé Normandie, l’escadron, l’un des plus prestigieux de l’armée de l’air française, a participé, à partir de 1943, aux batailles de Koursk, Smolensk, du fleuve Niémen d’où l’unité prendra son nom définitif sur ordre de Staline, puis de Prusse-Orientale, en territoire allemand."

"Au sein de ce mythique corps militaire, il contribuera notamment à la libération de la Biélorussie. Par la suite, il servira dans l’escadron de chasse Ardennes, combattant en Tunisie, avant de prendre part à la seconde étape du débarquement allié en Provence".

"Démobilisé le 9 octobre 1945, le sergent-chef André Peyronie est titulaire de nombreuses décorations dont notamment : la Médaille militaire, la Croix du combattant volontaire 1939-1945 (avec barrettes) ou encore la Légion d'Honneur. En France il a également été décoré de l’ordre d’Alexandre Nevski (Russie), de l'Ordre d'Honneur, plus haute récompense nationale du Bélarus (Biélorusie), par les plus hautes autorités consulaires." "Il se rendra à plusieurs reprises en URSS, où il se verra remettre l’Ordre du Drapeau rouge, l’une des plus hautes distinctions militaires soviétiques." 

"Selon son biographe, Yves Donjon, administrateur du mémorial Normandie Niemen, André Peyronie avait fait sienne cette phrase prononcée par le général de Gaulle en septembre 1942, sur la base de Rayak : "La loi suprême, c'est la libération de la Patrie !"   

"Durant toute sa vie André Peyronie n'aura de cesse de rendre hommage aux 42 pilotes du « Normandie-Niémen » qui firent le sacrifice de leur vie pour la liberté". "J’exprime au peuple russe mes plus vifs remerciements pour la gentillesse avec laquelle nous avions été accueillis et pour tous les avions qu’ils nous ont à l’époque permis de choisir parmi les meilleurs ! Du fond du cœur merci", racontait André Peyronie en 2016, des sanglots dans la voix, devant la caméra".

"L’unité a obtenu 273 victoires homologuées au cours de 5 240 missions et de 869 combats. Quarante-deux de ses 97 pilotes ont péri. Doté à sa création des célèbres monoplaces soviétiques Yak 3, le régiment de chasse 2/30 Normandie-Niémen est désormais basé à Mont-de-Marsan (sud-ouest) et équipé de Rafale. Il a participé aux opérations aériennes contre le groupe État islamique en Irak et Syrie."

"Le régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niémen » est une unité de combat de l’Armée de l'air française, mise en sommeil en 2009. Jusque là, le régiment était équipé de chasseurs Mirage F1CT et stationné sur la BA 132 de Colmar-Meyenheim. Ce régiment est le descendant du fameux groupe de chasse « Normandie-Niémen », des Forces françaises libres, créé en 1942 et engagé en Union soviétique sur le front de l'Est. C'est pour cette raison qu'il porte le double nom de « Normandie », la région française, et de « Niémen », un fleuve de l'ex-Union soviétique qui se jette dans l’Est de la mer Baltique. Le 25 juin 2012, le « Normandie-Niémen » est officiellement réactivé avec des Rafales F3 monoplaces sur la base aérienne 118 Mont-de-Marsan. Depuis le 3 septembre 2015, le « Normandie-Niémen » est à nouveau rattaché à la 30e escadre de chasse, reformée le même jour sur la BA 118 Mont-de-Marsan".

"À l'heure actuelle, seuls d'anciens mécaniciens soviétiques de cette incontournable unité vivent encore."

Cérémonie
Le 25 juin 2012, l’escadron de chasse 2/30 « Normandie-Niemen » a été «  mis en service opérationnel sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, lors d’une cérémonie présidée par le général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air ».

Le 14 septembre 2012, la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan a accueilli une cérémonie militaire marquant les 70 ans du prestigieux escadron de chasse Normandie-Niemen. De nombreux invités français et russes ont célébré ensemble cet événement symbolisant les liens d’amitié unissant les forces aériennes des deux pays.

Un « Rafale est spécialement repeint pour cet événement. Si sa « livrée » n'a été dévoilée que lors de la cérémonie, le résultat final s’inscrivit dans la tradition de l’escadron, en s’inspirant fortement des couleurs originelles, utilisées lorsque le Normandie-Niemen évoluait sur Yak, un avion de chasse soviétique ».

Le « Normandie-Niemen » est aujourd’hui l’une des plus prestigieuses unités militaires françaises. Après avoir été mis en sommeil en juillet 2009 suite à la fermeture de la base aérienne 132 de Colmar, le « Normandie-Niemen » a été mis en service opérationnel sur Rafale à Mont-de-Marsan, le 25 juin 2012 en présence du général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air. Les 11 et 12 août 2012, un Rafale de l’escadron a également participé à la célébration du centenaire des forces aériennes russes, en réponse à l’invitation officielle des autorités du pays.

Le 9 mai 2015, Vladimir Poutine a introduit par son discours la parade militaire du 70e anniversaire de la victoire sur le nazisme lors de la Seconde Guerre mondiale : plus de 25 millions de Russes sont morts entre 1941 et 1945. 

Dans le cadre d'Infra rouge, France 2 diffusa le 12 mai 2015 à 22 h 50 Les pilotes français de l'Armée rouge Normandie-Niemendocumentaire de Frédéric Tonolli : "La guerre fait rage en Europe, la France vaincue et occupée continue à se battre pour la liberté sous l’appellation de France libre, dirigée par le Général de Gaulle à Londres. En 1941, Hitler déferle sur l’URSS, le Général de Gaulle propose l’envoie d’une escadrille de chasse française en URSS afin de venir en aide à l’armée soviétique. Un projet fou, qui contrarie nos alliés, mais le Général persiste et forme une escadrille aux couleurs de la « France Libre » pour combattre à l’Est aux côtés des soviétiques. « Normandie-Niemen » est née… Le Général veut ainsi démontrer que la France est encore de tous les combats. Une idée qui servira la France à la fin du conflit et lui permettra de siéger à la table des vainqueurs. Normandie-Niemen fut la première formation de chasse française de la seconde guerre mondiale, avec 273 victoires homologuées au cours de 5 240 missions et 869 combats. Seule unité de la France libre engagée sur le front russe aux côtés de l'Union soviétique dés 1942, elle comptera vingt et un Compagnons de la Libération et quatre Héros de l'Union soviétique, une décoration rarissime accordée aux étrangers par l'URSS. Quarante-deux de ses quatre-vingt-dix-sept pilotes seront tués. Documents soviétiques et français inédits, reconstitutions, animations 3D, tournage sur les lieux mêmes de l’action. Uhommage aux pilotes et mécaniciens de cette unité aux 5 240 missions, 4 354 heures de vol de guerre, 273 victoires confirmées et 37 probables, et 47 avions endommagés en 869 combats aériens".


Yves Donjon Ceux de Normandie Niemen. Préface du général Joseph Risso. Ed. Astoure, 3e édition en 2010. 19 €. ISBN 9 782845 830561.
On peut se procurer ce livre auprès de Yves Donjon, 21 rue Saint-Nicolas 22960 Plédran, au prix de 23 € (port inclus) ; règlement à l'ordre du "Mémorial Normandie-Niemen".


Visuels :
Un Yak durant la Seconde Guerre mondiale - © Armée de l'air


Un Mirage F1 aux couleurs des 50 ans du Normandie-Niemen - © Armée de l'air

A noter la conférence « Normandie-Niemen 1942-1945 ». Présentée par Michel Thouin, membre du mémorial et de la commission Histoire, Arts et Lettres de l’Aéro-Club de France, le 18 octobre 2011 à 20 h 30 à la Salle Delfino, 3 avenue du pasteur Martin Luther King,78230 Le Pecq. Réservation indispensable : 01 30 61 21 21 poste 3660.

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Cet article a été publié par Aviasport en 2004, sur ce blog le 21 septembre 2011, puis à l'occasion de la « mise en service opérationnelle » sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, le 25 juin 2012, de l’escadron de chasse 2/30 Normandie-Niemen.
Il a été republié le 19 novembre 2012 en hommage à Roland Paulze d'Ivoy de la Poype, décédé le 23 octobre 2012, à 92 ans, le 11 mai 2015, le 16 février 2017.

1 commentaire:

  1. Bonjour Véronique,
    Permettez-moi de vous apporter la précision suivante: le livre présenté ci-dessus (le 21/09/11)a été édité en 2002. Vous reprenez la présentation (pour laquelle je vous remercie encore) que vous aviez faite dans AVIASPORT d'avril 2OO4. Je vous informe que j'ai publié une 3ème édition en novembre 2010 dont vous trouverez la présentation dans AVIASPORT de mai 2011. Ce livre n'est pas diffusé par l'éditeur mais disponible uniquement sur commande à mon adresse:
    Yves Donjon 21 rue Saint-Nicolas 22960 Plédran, au prix de 23€00 (port inclus); règlement à l'ordre du "Mémorial Normandie-Niemen". Je vous remercie par avance si vous avez la possibilité d'en faire la promotion sur votre Blog.
    Très cordialement.
    Yves Donjon

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