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dimanche 5 mai 2024

« Dans l’appartement de Léonce Rosenberg. De Chirico, Ernst, Léger, Picabia… »

Le Musée national Picasso-Paris accueille l’exposition « Dans l’appartement de Léonce Rosenberg. De Chirico, Ernst, Léger, Picabia… »
« L’histoire du décor mythique de l’appartement parisien" (360 m²), dans le huppé XVIe arrondissement, du marchand d'art, galeriste (Galerie de l'Effort moderne), éditeur (Bulletin de L'Effort Moderne) Léonce Rosenberg (1879-1947). "Celui-ci entend associer son nom au cubisme tardif mâtiné de figuration, voie ouverte par Picasso, artiste qu’il admire et accompagne pendant la guerre et les années 1920. Un ensemble pictural inédit et méconnu, conçu par des artistes majeurs de l’entre-deux-guerres ». 

 « L’atelier en plein air. Les Impressionnistes en Normandie
Le monde d'Albert Kahn. La fin d'une époque
Paul Rosenberg (1881-1959)
« Une élite parisienne. Les familles de la grande bourgeoisie juive (1870-1939) » par Cyril Grange

C'est une forme de réhabilitation. Frère ainé de Paul Rosenberg (1881-1959), Léonce Rosenberg (1879-1947) n'a longtemps intéressé aucun historien d'art, aucun biographe, aucun commissaire d'exposition. La raison vraisemblable : il a été l'expert volontaire lors de la vente aux enchère (1921-1923), donc la dispersion, par la France, au titre des « prises de guerre », des stocks du collectionneur et marchand d'art juif allemand spolié Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979). Georges Braque (1882-1963) lui avait exprimé sa colère, son indignation et son mépris en le frappant à l’Hôtel Drouot le 13 juin 1921. Certains soulignaient que sa Galerie de L'Effort moderne, où étaient organisées des matinées littéraires et musicales, avait été fermée en 1941 en raison des lois antisémites. Les informations sur Léone Rosenberg étaient éparses, et ne permettaient pas de déterminer son rôle exact dans la vie artistique parisienne. 

Cette différence de réputation entre les deux membres de la fratrie n'apparait pas dans le dossier de presse. L'un, Paul Rosenberg, excellent commercial, aux artistes fidèles, et à la gestion prévoyante. L'autre, Léonce Rosenberg, dont l'image demeure ternie par son action envers un confrère Daniel-Henry Kahnweiler spolié. Alors qu'il a soutenu financièrement - achat de tableaux, signature de contrats, etc. - les artistes de ce marchand d'art allemand, fixé en Suisse, interdit de retour en France durant la Première Guerre mondiale où Léonce Rosenberg a servi comme volontaire auxiliaire de l'armée basé à Meudon et interprète anglais sur le front de la Somme.

Né en 1879, Léonce Rosenberg "se forme au commerce international à la Bourse de Paris, auprès d’un importateur imposant, Louis-Dreyfus, puis en stage à Londres et Anvers. De retour en France, il rejoint son père Alexandre Rosenberg, dont la galerie, établie au 38, avenue de l’Opéra, présente des impressionnistes. Lorsque ce dernier cesse son activité, Léonce et son cadet Paul, héritiers de l’affaire, s’associent. Pas longtemps. En 1910, Léonce s’installe comme antiquaire en chambre au 19, rue de La Baume et choisit « Haute époque » pour raison sociale. Il y propose des miniatures persanes, des porcelaines chinoises, des émaux limousins, des tableaux primitifs. Éclectique pour le moins." Durant ses voyages aux Etats-Unis, à Vienne ou à Berlin, il aiguise son regard en visitant musées et galeries. A Paris, il constitue sa collection d'œuvres d'art en acquérant des tableaux d'artistes avant-gardistes représentés par Daniel-Henry Kahnweiler. Il achète aussi des œuvres d'art primitif, africain.    

Le Musée national Picasso-Paris propose dans son exposition temporaire, « Dans l’appartement de Léonce Rosenberg. De Chirico, Ernst, Léger, Picabia… » une facette méconnue de ce galeriste. « Sous forme d’évocation d’un décor disparu, l’exposition permet de mettre en lumière un ensemble pictural inédit et méconnu, conçu par des artistes majeurs de l’entre-deux-guerres. » 

L’exposition « présente l’histoire du décor mythique de l’appartement parisien du marchand et galeriste Léonce Rosenberg. Celui-ci entend associer son nom au cubisme tardif mâtiné de figuration, voie ouverte par Picasso, artiste qu’il admire et accompagne pendant la guerre et les années 1920. » En 1928, il passe donc commande à une dizaine d'artistes d'avant-garde afin qu'ils ornent les onze pièces - salon, salle-à-manger, chambres, boudoir - de son spacieux appartement (360 m²) au 3e étage d'une immeuble moderne situé dans le huppé XVIe arrondissement de Paris (75 rue Longchamp). Chaque artiste bénéficie d'une pièce pour y imprimer son style.

Léonce Rosenberg « voulait en effet réaliser un rêve caressé depuis plus de dix ans et consistant à montrer à quoi devait ressembler une maison authentiquement moderne, en s’entourant, ainsi que sa famille, d’œuvres d’art et de décorations susceptibles à la fois de refléter son goût et de magnifier son activité de galeriste », explique dans le catalogue de l'exposition le jeune historien de l’art Giovanni Casini, co-commissaire de l’exposition, auteur d'une biographie du galeriste.

La pendaison de crémaillère, le 15 juin 1929, offrait l'occasion d'inaugurer le domicile d'un galeriste-collectionneur avisé, et de montrer comment des œuvres de l'avant-garde artistique pouvaient s'insérer, aux côtés de mobiliers plus anciens, dans les appartements de clients bourgeois potentiels. Un acte personnel/professionnel. Et culturel : un orchestre de jazz, musique d'avant-garde elle aussi, contribue à l'atmosphère de cet évènement mondain, publicitaire.

« Léonce avait un tempérament beaucoup plus engagé que son frère Paul. Il souhaitait être le mécène de son temps et accompagner la modernité de son époque. Il prenait ainsi beaucoup de risques et faisait en même temps preuve d’opportunisme, comme lorsqu’il brada les œuvres cubistes de la collection de Daniel-Henry Kahnweiler lors des trois ventes qui s’échelonnèrent de 1921 à 1923. Son appartement peut aussi se lire comme un manifeste. C’est un chant du cygne de la création artistique à la fin des années 1920 », estime Juliette Pozzo, chargée de recherches au musée Picasso et co-commissaire de l’exposition.

A la différence de son frère cadet ou de Kahnweiler, Léonce Rosenberg s'intéressait à un nombre plus élevé d'artistes de l'avant-garde cubiste, dans ses variations, sans hiérarchiser ces artistes :  Csáky, Auguste Herbin, Jean Metzinger, Diego Rivera, Gino Severini, Georges Valmier, Pablo Picasso, Georges Braque.

"Ruiné par le krach boursier de 1929" qui atteint la France en 1931, Léonce Rosenberg fut contraint de quitter son appartement parisien dès le mois d’avril 1932", et de vendre sa collection d'art dans sa galerie. L'exposition présente cette courte parenthèse de bonheur, de succès dans la vie de ce marchand d'art.

Le commissariat de l’exposition est assuré par Juliette Pozzo, responsable de la collection personnelle de Picasso au musée national Picasso de Paris, et par Giovanni Casini, « historien de l'art et commissaire indépendant basé à Milan, auteur d’une thèse, achevée en 2018, sur le marchand d’art parisien Léonce Rosenberg et l'histoire de sa Galerie L’Effort Moderne pendant l'entre-deux-guerres. Cette thèse abordait les thèmes transversaux du modernisme, de l'histoire des collections et du développement du marché de l'art. Son livre Léonce Rosenberg’s Cubism. The Galerie L’Effort Moderne in Interwar Paris a été publié par Penn State University Press en octobre 2023. Son expertise et ses travaux sur l'entre-deux-guerres s’accompagnent de recherches et de publications sur l'art des années 1950 en Angleterre, en Italie et en France. »

PARCOURS D’EXPOSITION 

Salle 0.1 
« Le 15 juin 1929, la pendaison de crémaillère du marchand d’art Léonce Rosenberg au 75 rue de Longchamp attire le Paris mondain. »

« Témoignage spectaculaire de la production artistique de l’entre-deux-guerres, le décor de cet appartement fut élaboré à partir de 1928 avant d’être démantelé quelques mois plus tard. Une douzaine d’artistes, dont les œuvres oscillent entre abstraction et figuration, tradition et modernité, ont participé à l’élaboration de cette œuvres d’art total. »

« Deux ensembles décoratifs se distinguent par leur ampleur : celui des « Gladiateurs », réalisé par Giorgio de Chirico pour le hall de réception et celui des « Transparences » de Francis Picabia conçu pour la chambre de Madame Rosenberg. »

« Le décor de l’appartement Rosenberg s’inscrit dans le contexte artistique ambivalent de la fin des années 1920, entre retour à une pratique académique et émergence du Surréalisme. Il exprime cet entre-deux artistique, fusion originale entre un classicisme retrouvé et une modernité provocante, qui trouve en partie sa source dans l’œuvres de Picasso. »

« Dès les années 1910, ce dernier n’hésitait pas en effet à mêler au cubisme une reprise souvent ironique de la culture classique. »

« À nouveau réunies pour la première fois dans cette exposition, les œuvres conçues pour l’appartement de la rue de Longchamp retrouvent leur cohérence d’ensemble. » Environ une oeuvre sur quatre ayant orné l'appartement est présentée dans l'exposition.

Texte accompagnant le plan de l’appartement : 
« Composé de onze pièces réparties sur près de 360m2, l’appartement est situé au troisième étage d’un immeuble moderne construit au 75 rue de Longchamp, dans le XVIe arrondissement de Paris. Léonce Rosenberg y emménage au printemps 1928 pour y loger sa femme Marguerite et ses trois filles, Jacqueline, Lucienne, et Madeleine. »

« Le plan présente une distribution en deux parties séparant les pièces intimes d’une part (chambres, boudoir, sanitaires) des pièces de réceptions d’autre part (salle à manger, hall de réception, grand salon) selon un axe central. »

« Rosenberg initie la commande du décor dès le mois de mai 1928 et retient d’emblée le principe d’attribuer une pièce par artiste en associant aux toiles peintes, un choix de mobilier ancien et contemporain. »

Salle 0.2 « Un classicisme insolent »
« Conçu par l’artiste italien Giorgio de Chirico pour le hall de réception, l’impressionnant cycle des « Gladiateurs » comprenait à l’origine un ensemble de onze toiles réalisées entre 1928 et 1929. Ces œuvres monumentales couvrent les murs de la pièce à la manière de tapisseries. Chirico mise sur l’effet de puissance qui se dégage de ces variations autour du nu guerrier. En apparence, il renvoie à une grandeur antique et virile prônée à la même époque par le régime fasciste. Pourtant, les corps déchus, amollis et efféminés de ces gladiateurs prennent ici le contrepied d’une représentation glorieuse et académique du nu masculin. »

« Les œuvres de Gino Severini, initialement prévues pour la chambre de Jacqueline, cultivent cette même veine parodique : ruines antiques et personnages de la commedia dell’arte composent des scènes qui semblent tourner à vide. »

« Ce mélange des genres fait écho au choix d’un mobilier d’époques différentes. Par cette juxtaposition de styles, ces œuvres livrent un classicisme de façade et préfigurent une approche post-moderne de l’art caractérisée par la citation et le détournement. » 

Salle 0.3 « Survivances du cubisme » 
« Convaincu que le cubisme demeure après-guerre l’expression la plus moderne de l’art de son temps, Léonce Rosenberg tente d’en faire une marque de fabrique et s’implique dans la promotion d’artistes dont il se voit le chef de file. »

« Le décor de sa salle à manger témoigne de cette implication, y compris dans le champ des arts appliqués. Il fait appel au peintre Georges Valmier, au sculpteur hongrois Joseph Csaky et au designer René Herbst qui créent un ensemble s’adaptant parfaitement à l’intérieur cossu du collectionneur. »

« Les abstractions d’Auguste Herbin envisagées pour le fumoir et les harmonies colorées d’Albert Gleizes pour la chambre de Jacqueline s’inscrivent dans ce style tardif affranchi des canons du cubisme d’avant-guerre. La décomposition du sujet, les couleurs en demi-teintes, la ligne brisée ont été abandonnés au profit d’un langage visuel géométrique et abstrait, sensuel et coloré, qui annonce l’émergence du groupe Abstraction – Création au début des années 1930. » 

Salle 0.4 « En marge du Surréalisme » 
« L’alternance d’œuvres figuratives et abstraites au sein de l’appartement illustre le souhait de Rosenberg de créer une synthèse cohérente par la cohabitation de styles différents. »

« L’implication d’artistes moins connus du grand public sur le chantier du décor tels que le sculpteur arménien Yervand Kotchar ou le peintre équatorien Manuel Rendón Seminario révèle par ailleurs une conception cosmopolite de l’art contemporain. »

« En marge du développement du Surréalisme, mouvement fondé en 1924 par André Breton, ces œuvres « inclassables » frappent par leur vitalité chromatique et la curiosité visuelle qu’elles constituent. Présentées ensemble, elles témoignent des goûts du commanditaire pour une figuration aux limites du kitsch. » 

Salle 0.5 « Évanescences » 
« Les ensembles décoratifs créés pour les chambres de Madame Rosenberg et de ses filles sont propices à la rêverie et à l’introspection. »

« Le cycle des « Transparences » réalisé pour la chambre de Madame Rosenberg par Francis Picabia, restitué ici de manière inédite, illustre cette fonction enveloppante du décor et le goût de l’époque pour l’ésotérisme. Sa beauté fugace et évanescente fait écho aux fascinantes « Cités Transparentes » d’Alberto Savinio. Tels des jeux de construction branlants, le cycle évoque de lointaines Jérusalem célestes ou ces « paysages de l'air », visions hallucinées, évoquées dans un roman d’Anatole France. » 

« Avec les Fleurs de coquillages de Max Ernst, et la toile cosmique d’Ozenfant, ces œuvres témoignent d’une recherche plastique sur les effets de transparence où la superposition de couches picturales laisse deviner un monde dissimulé. » 

Salle 0.6 « La fabrique du décor » 
« Le cycle des Quatre Saisons de Fernand Léger, conçu à l'origine pour le vestibule d'entrée, vient clore à rebours l'évocation de l'appartement du 75 rue de Longchamp et rappelle combien la couleur fut un élément crucial de ce décor. » 

« La salle propose en contrepoint, une plongée dans la fabrique du décor à l'appui d'un appareil documentaire comprenant des éléments relatifs à la carrière de Léonce Rosenberg et une partie des archives liées à la conduite du chantier. »


« Léonce Rosenberg (Paris 1879 - Neuilly-sur-Seine 1947), marchand, collectionneur et éditeur, fut l'un des premiers défenseurs du cubisme et de l'art abstrait par le biais de sa galerie, L'Effort Moderne (1918-1941). »

« Fils de marchand, son père Alexandre tient une galerie, avenue de l'Opéra, où il propose des Antiquités, des peintures de l'école de 1830 et des toiles impressionnistes. Après des études au lycée Rollin, Léonce poursuit une formation commerciale à Londres et Anvers, où il en profite pour visiter les musées et se forger une culture artistique. De retour à Paris, il travaille dès 1906 avec son frère Paul dans la galerie familiale. »

« En 1910, il quitte la galerie de son père pour ouvrir sa propre galerie dans son hôtel particulier du 19, rue de la Baume à Paris. Ses frères lui ayant interdit de reprendre comme raison sociale le patronyme de son père, Léonce appelle sa galerie : Haute Époque. Il y expose des miniatures médiévales, des pièces d'archéologie, des primitifs italiens ou français. Au début des années 1910, il découvre les oeuvres de Cézanne, Van Gogh et Gauguin, puis le cubisme dans les galeries d'Ambroise Vollard, de Wilhem Uhde et de Daniel-Henry Kahnweiler. Pendant la guerre, il commence à collectionner Picasso, Georges Braque, Juan Gris, Auguste Herbin, Fernand Léger. Encouragé par Picasso, qui se retrouve sans véritable appui depuis le départ de Kahnweiler causé par la guerre, Léonce Rosenberg décide de soutenir et promouvoir le cubisme. »

« En 1918, ruiné par la guerre mais disposant d'une importante collection personnelle, sa galerie devient L'Effort Moderne. Ce nom va abriter toutes ses activités, expositions, ventes publiques, éditions. Léonce organise des ventes et des expositions à l'étranger dès 1919. Il édite un Bulletin de L'Effort Moderne, dont 40 numéros paraissent de janvier 1924 à décembre 1927. Il organise des matinées littéraires et musicales dont la première a lieu le 16 février 1919, pendant l'exposition personnelle de Fernand Léger, et consiste en une lecture de Blaise Cendrars. »

« L'Effort Moderne devient l'une des principales représentantes du cubisme après la Première Guerre Mondiale, en exposant Herbin, Laurens, Metzinger, Léger, Braque, Gris, Picasso, Mondrian, Ozenfant, Picabia. Pourtant, dès la fin 1923, les peintres cubistes sous contrat avec Léonce l'ont déjà tous quitté en claquant la porte : Picasso en 1916, Rivera en 1918, Lipchitz en 1920, Braque et Gris en 1921. Cela étant dû à l'évolution naturelle de ces artistes qui s'éloignent du cubisme primitif, malgré l'entêtement de Léonce à vouloir le faire persister ».

« Léonce a une pratique de galeriste légèrement différente des autres . Il ne s'intéresse qu'aux artistes dont il s'assure une collection en pleine et entière propriété. Ce qu'il montre, il le possède, à la différence de la plupart des autres galeries qui prennent les oeuvres qu'elles montrent en dépôt et restituent, après l'exposition, les invendus à l'artiste. De plus, il a une tendance à n'acquérir que des tableaux récents ; pour se garantir une certaine"virginité"des regards et rester complètement maître de ses prix. Il veut être le "découvreur". Mais pour financer ses activités, et à cause de la crise, Léonce est contraint de vendre sa collection à plusieurs reprises. La première vente a lieu en 1921 à Amsterdam. Deux autres ventes se déroulent à l'Hôtel Drouot à Paris, en 1932. En 1921, Léonce se fait également nommer expert lors de la vente des stocks de Kahnweiler, mis sous séquestre pendant la guerre de 1914-1918 et vendus aux enchères par l'État français au titre de "prise de guerre". »

« En 1928, il déménage ses collections personnelles dans son appartement du 75, rue de Longchamp à Paris, pour lequel il commande des panneaux décoratifs à des artistes. Il déménage à deux reprises par la suite, dans des appartements plus petits : en 1933, il part au 20, rue Spontini ; et en 1934, au 3, Square du Tarn, à Paris. »

« Haut lieu de l'art moderne, la galerie L'Effort Moderne doit fermer définitivement pendant la guerre, en 1941, suite aux lois antisémites. »


Ce fonds se trouve à la Bibliothèque Kandinsky - MNAM-CCI - Centre Pompidou, Paris.

« Le Fonds Léonce Rosenberg est un fonds d'archives de galerie, L'Effort Moderne, très complet quant à ses activités artistiques, dans l'organisation d'exposition et l'édition (Bulletin de L'Effort Moderne). Fonds multi-supports, il renferme tant des archives manuscrites et photographiques que des imprimés et des périodiques. Galerie importante dans le paysage du marché de l'art parisien de la fin des années 1910 au début des années 1940 et ce, malgré les guerres, les archives témoignent de la position dominante de L'Effort Moderne par la ule des noms d'artistes que l'on peut parcourir et de l'énergie dépensée par Léonce Rosenberg pour défendre et promouvoir ces artistes (en particulier, les tenants du cubisme). »

« Les archives écrites sont constituées en majorité de correspondances échangées entre le directeur de la galerie L'Effort Moderne et des personnalités du monde de l'art, avec qui il a collaborées ou qu'il a simplement côtoyées. La correspondance avec les artistes occupe les 20 premières boîtes du fonds. Si les quatre premières boîtes regroupent des lettres d'artistes divers, les boîtes 5 à 20 retracent une collaboration d'importance avec des artistes en particulier : Laurens, Max Jacob, Severini, Auguste Herbin, Juan Gris, Braque, De Chirico, Léger, Rivera, Gleizes, Picabia, Metzinger, Rendon, Valmier, Picasso, Reverdy, Lipchitz, Lurçat et Ozenfant. Ce sont ces mêmes artistes que nous retrouvons dans les archives photographiques. Le reste de la correspondance concerne diverses personnalités du monde de l'art, tels que des collectionneurs, clients de la galerie, des éditeurs et des hommes de lettres (par exemple, Waldemar George, Florent Fels, Jean Paulhan), des directeurs de théâtre ou de ballets, ainsi que des artistes décorateurs. Une correspondance est également partagée avec les membres et directeurs de diverses institutions, accompagnée de projets d'exposition. Une boîte concerne les ventes Kahnweiler et Uhde, pour lesquelles Léonce Rosenberg a joué le rôle d'expert. Elle renferme principalement des correspondances autour de ces ventes. Quelques documents concernent les activités de la galerie L'Effort Moderne : documents administratifs, cartons d'invitation pour des expositions de 1918 à 1928, papier à lettres à en-tête et argus de presse concernant ses activités de 1918 à 1931 ; et le bulletin qu'elle édite : documents administratifs, projets d'article et maquettes du bulletin du n° 21 au n° 40. Enfin, quelques manuscrits de Léonce Rosenberg complètent cet ensemble : un questionnaire adressé aux artistes, un tapuscrit sur Picasso et un autre sur l'art abstrait ».

« Les archives photographiques se composent d'albums de reproductions d'oeuvres (tirages photographiques noir et blanc), des artistes les plus représentés et exposés par la galerie L'Effort Moderne : Braque ; Csaky ; De Chirico ; Juan Gris ; Auguste Herbin ; Fernand Léger ; Metzinger ; Picasso ; Georges Valmier. Albums regroupant plusieurs artistes : Picabia et Valmier ; Rendon, Max Ernst, Matisse, Mondrian, Survage, Delaunay et Gleizes ; Severini, Miro, Sisley, Lipchitz, Chagall et Derain. Enfin, une dernière boite contient des vues d'accrochages et d'événements de la galerie L'Effort Moderne entre 1913 et 1921 ».

« Imprimés : Le fonds comporte également 17 numéros de périodiques, datés entre 1911 et 1944, de nature très diverse. Certains d'une grande importance artistique, tels que les cinq exemplaires de la revue littéraire Nord-Sud (n°1, 3, 10, 16), 1917-1918 ; un exemplaire de la revue De Stijl (n°79/84), 1917-1927 ; deux exemplaires de La Revue Surréaule (n°3, 4), 1925 ; trois exemplaires de la revue Montparnasse (n° 47, 57, 58), 1926-1930 ; un exemplaire de Stile Futurista (n° 6-7), 1935. Ainsi que des numéros de revues de moindre importance, tels qu'un exemplaire d'Atlantis, septembre 1946 ; un exemplaire de Société anonyme, Inc., Museum of Modern Art, Report 1920-1921 ; le n° 21 des Petites affiches, du 21 janvier 1911 ; le premier cahier du Spectateur des arts, décembre 1944 ; un exemplaire du Salon des Indépendants, supplément au n° 9 des Lettres Parisiennes. Le fonds comprend également 73 ouvrages datés entre 1921 et 1947, incluant des catalogues d'exposition édités par d'autres galeries ou des institutions, des catalogues de vente et quelques essais. Parmi les catalogues de vente, on trouve celui de la collection Kahnweiler en 1921-1922, ainsi que celui de la collection Léonce Rosenberg vendu à Amsterdam en 1921. Le fonds comprend également quelques exemplaires de la collection "Les Maîtres du Cubisme ", présentée par Maurice Raynal et éditée par la galerie L'Effort Moderne ».

Du 30 janvier au 19 mai 2024 
Rez-de-chaussée de l’Hôtel Salé 
5, rue de Thorigny, 75003 Paris 
Tél. : +33 (0)1 85 56 00 36
Du mardi au dimanche de 9h30 à 18h 
Visuels :
Francis Picabia, Pavonia 1929. © Adagp, Paris, 2024 

Giorgio De Chirico, Combat. © Adagp, Paris, 2024 

Gino Severini, L'équilibriste. © Adagp, Paris, 2024

Georges Valmier, Le Marin, 1929 Huile sur toile, 160 × 141,5 cm Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

Giorgio De Chirico, "Vues de la galerie et différents accrochages (1913-1921)" (c) fonds Rosenberg RMN - reproduisant plusieurs toiles dont une de Chirico,  Copyright obligatoire : © Adagp, Paris, 2024

Photographie de la chambre à coucher de Mme Rosenberg avec les « Transparences » de Francis Picabia, meuble de style Restauration, parue dans Art et industrie, décembre 1930 Bibliothèque nationale de France, Paris, FOL-V-5966 © Droits réservés

Fernand Léger, Le printemps. © Adagp, Paris, 2024

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