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lundi 17 septembre 2018

« Inside Lehman Brothers » par Jennifer Deschamps


Arte diffusera le 18 septembre 2018 à 20 h 50 « Inside Lehman Brothers » (Inside Lehman Brothers - Whistleblower packen aus) par Jennifer Deschamps. « La chute de Lehman Brothers, en 2008, a plongé la planète dans une gigantesque récession. Dans une enquête captivante, Jennifer Deschamps se penche sur ce qui a causé la perte d'une banque au-dessus de tout soupçon ». Une explication « politiquement correcte » qui occulte les vraies responsabilités politiques, essentiellement parmi les Démocrates américains. Pourquoi Arte diffusera-t-elle ce documentaire sur une banque fondée par des Juifs américains et un documentaire sur la gastronomie israélienne le Jour de Kippour ?
        

Juifs bavarois, les frères Lehman ont fondé une banque au XIXe siècle qui a contribué à financer l’essor industriel américain.

En 2008, une "bulle" spéculative induite par des contraintes législatives pesant sur le secteur bancaire, essentiellement dans son activité d'allocations de prêts immobiliers, a conduit à la faillite de cette vénérable banque.

Contraintes politiques
« Ce n’est pas une crise due à l’absence de régulation et à laquelle il faudrait répondre par davantage de régulation et de surveillance. Au départ, vous avez au contraire des distorsions introduites dans le marché financier qui sont venues y semer des incitations perverses et des risques excessifs et artificiels qu’on s’est ensuite efforcé de compenser. Vous avez ensuite des effets en cascade qui se disséminent », a expliqué Guy Millière.

Et d’expliquer : « En l’occurrence, il faut voir comment s’est créée la bulle immobilière aux Etats-Unis. Au nom de politiques sociales, le gouvernement américain a quasiment forcé les banques et les institutions financières à accorder des prêts immobiliers à des gens dont la solvabilité était très hypothétique : les racines sont dans le Community Reinvestment Act voté en 1977 sous Jimmy Carter, puis reconduit et renforcé en 1994-95 sous Bill Clinton. C’est ainsi que sont nés les subprimes. Le prétexte invoqué était l’accès de tous à la propriété. Les banques ont été menacées, et elles ont cédé aux menaces. Elles ont reçu des injonctions de la part de représentants et de sénateurs. Celles qui ne cédaient pas se faisaient accuser de discrimination raciale et sociale, et qui veut être accusé de discrimination raciale et sociale ? Banques et institutions financières se sont exécutées. Les prêts étant très risqués, ils ont été garantis ou rachetés par deux entités para étatiques, adossées au gouvernement fédéral, celles qu’on appelle Fannie Mae (Federal National Mortgage Association) et Freddie Mac [surnom de l’organisme Federal Home Loan Mortgage Corporation (FHLMC), Nda]. Ces prêts ont fait aussi l’objet de procédures de titrisation et ont été introduits dans des produits financiers mis sur le marché et destinés à diluer les risques. La demande s’étant trouvée stimulée, le marché immobilier a gonflé, les prix ont monté de plus en plus fortement, ce qui, d’une part a permis le montage d’opérations financières reposant sur une anticipation de hausse incessante des prix de l’immobilier, d’autre part, une valorisation des produits. L’ensemble s’est trouvé lui-même renforcé par des taux d’intérêts maintenus artificiellement bas par le Federal Reserve Board. Une bulle s’est constituée qui, comme toutes les bulles, a fini par crever. Quand les prix de l’immobilier ont cessé de monter et que des gens ont commencé à se retrouver en défaut de paiement, un doute a commencé à se disséminer quant à la valeur des prêts consentis et quant à celle des produits dans lesquels les prêts avaient été introduits par la titrisation. Les prix immobiliers ont commencé à chuter en divers lieux, ce qui a accentué le doute et l’a transformé en défiance. Des produits financiers se sont vendus à la baisse, entraînant des pertes pour les établissements qui les détenaient et les investisseurs. Les pertes ont suscité davantage de défiance encore. Des banques et des établissements financiers ont vu, entraînés dans la spirale, leur valeur s’effondrer. Certains ont été rachetés par d’autres établissements financiers pour un prix très bas, d’autres ont déposé leur bilan, Fannie Mae et Freddie Mac se sont retrouvés tout au bord d’un dépôt de bilan qui aurait signifié le dépôt de bilan de l’ensemble du système de prêts immobiliers aux Etats-Unis ».

Et Guy Millière d’ajouter : « En résultat, les grandes banques d’investissement américaines ont ou bien disparu, comme Lehman Brothers, qui a déposé son bilan, ou bien été rachetées par d’autres, comme Bear Stearns, ou été restructurées. Des banques de dépôt ont subi le même sort, ainsi Washington Mutual, qu’on classe dans la catégorie des caisses d’épargne privée, ou Wachovia. Certaines, telle Citibank, ont été sauvées par une augmentation massive de capital venu de l’extérieur. La Federal Reserve Bank a dû reprendre certains établissements, accorder des liquidités à d’autres... Chez les Démocrates, on incrimine, comme on le fait en France, la déréglementation, ce qui ne fait pas sens pour peu qu’on regarde les faits, et ce qui permet d’exonérer les décisions qui ont conduit à la situation présente et de reporter les torts sur l’administration Bush à qui on peut reprocher seulement de n’avoir pas démantelé un système pervers qui existait avant elle. Chez les Républicains, certains ont soutenu d’emblée le projet Paulson, d’autres n’ont cessé de dire qu’il fallait laisser le marché régler lui-même les problèmes causés par des décisions irresponsables, ce de façon à ce que les leçons soient effectivement tirées ».

Et de conclure : « On a accusé et l’on accuse encore la finance et les financiers. On n’accuse jamais les politiciens qui ont placé le ver qui allait ronger le fruit alors que sans l’action des politiciens, rien ne se serait passé. On n’accuse jamais les agitateurs sociaux, alors que sans les pressions et les chantages qu’ils ont exercés, les politiciens n’auraient sans doute pas placé le ver qui allait ronger le fruit. Comme l’a écrit Thomas Sowell dans un livre qui explique magistralement ce que je viens d’énoncer en quelques lignes, The Housing Boom and Bust : « Le prêt immobilier a été l’une des activités les plus sûres parmi toutes celles pratiquées par le secteur bancaire, jusqu’à ce que des intrusions politiques ne viennent y introduire les ferments de la destruction ». Il faut l’ajouter : les produits financier qu’on persiste à appeler toxiques ont été en réalité des produits financiers intoxiqués par l’action des politiciens et les pressions des agitateurs sociaux qui ont contraint les banques à des pratiques dangereuses contre lesquelles elles ont tenté ensuite de se couvrir. En vain. C’est un fait : la crise manufacturée a éclaté en 2008 et s’est accentuée à l’automne. Un très heureux hasard pour son principal bénéficiaire. Elle a connu une accélération décisive avec le bank run, le mouvement de retrait massif de fonds survenu, ô providence, le 15 septembre, six semaines avant l’élection. Cinq cent cinquante milliards de dollars retirés en deux heures du système financier américain. La faillite de Lehman Brothers puis, dans la panique, la décision, par Hank Paulson, dernier Secrétaire au Trésor de George Bush, de faire voter le Troubled Asset Relief Program (TARP) aux fins d’éviter l’effondrement du système financier. Les modalités du bank run n’étant pas élucidées, on dira, et je dirai : encore un très heureux hasard, puisque c’est à partir du bank run que les sondages placeront Barack Obama en tête, jusqu’au moment de l’élection  ».

Cette faillite, et le krach financier ont permis au Président Obama de remonter dans les sondages, de devancer le candidat républicain John McCain et d’être élu en 2008.



Ajoutons que les organismes Fannie et Freddie ont accueilli des VIP démocrates à des postes de pouvoir, tel Franklin Raines, ancien directeur du Budget de la Maison Blanche sous la présidence Clinton, a dirigé Fannie en collectant 50 millions de dollars. En 1998, « à la fin de l'ère Clinton, Rahm Emanuel quitte brièvement la politique et se reconvertit dans la banque. Il est alors aussi membre du conseil d'administration de l'organisme de prêts Freddie Mac. ». Elu en 2002, membre de la Chambre des Représentants de l’Illinois, il « a toujours refusé de voter toute législation pouvant concerner son ancien employeur » Freddie Mac. De 2008 à 2010, il est chef de cabinet de la Maison-Blanche durant le premier mandat présidentiel de Barack Hussein Obama, puis en 2011 est élu maire de Chicago, sa ville natale.

Partialité
« Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers est officiellement déclarée en faillite ».

« Lâchée par le gouvernement et sans repreneur, la vénérable banque d'investissement, fondée à New York en 1850, disparaît en laissant à ses créanciers une dette de plusieurs centaines de milliards de dollars ».

« Lancée depuis plusieurs années dans une course folle au profit, cette grande institution financière, dirigée par Richard Fuld, a développé des prêts hypothécaires à risques, rapidement devenus emprunts toxiques. Accordés à des ménages modestes voire sans revenus, ces subprimes ont permis à des centaines de milliers d'Américains de devenir propriétaires de leur logement. Mais en 2007, lorsque la bulle immobilière éclate, la remontée de taux d'intérêts gonfle les traites que les emprunteurs ne peuvent plus rembourser. Une vague de saisies s'abat sur les États-Unis, et notamment sur la Californie… »

« Spécialisée dans les produits financiers, Lehman Brothers a voulu "faire de l'argent par tous les moyens". Naviguant en "zone grise" – là où, au minimum, tout ce qui n'est pas illégal peut être considéré comme légal –, la banque et ses filiales ont maquillé les bilans, poussé les équipes commerciales à truquer leurs dossiers pour atteindre des objectifs de plus en plus exigeants, et engranger des dollars par milliards ».

« Le tout grâce à la complicité, l'incompétence ou l'aveuglement des organismes de contrôle et des agences de notation ».

« Pour raconter, dix ans plus tard, un cataclysme dont les répercussions ont ébranlé les places boursières et les économies du monde entier, Jennifer Deschamps se place à hauteur d'hommes ».

« Enrichie d'archives, son enquête, documentée et rigoureuse, réunit les témoignages inédits d'anciens collaborateurs de Lehman, qui ont tous eu un accès privilégié aux mécanismes délirants ayant mené au désastre : trois ex-employées de la BNC, une filiale spécialisée dans les prêts immobiliers, et "lanceuses d'alerte" (Linda Weekes, Sylvia Vega-Sutfin et Cheryl McNeil), et leur avocat (Gary Gwilliam) ; un ancien vice-président de Lehman (Matthew Lee), licencié après avoir refusé de cautionner une manœuvre comptable frauduleuse ; un ancien juriste de la banque (Oliver Budde) ainsi que l'ancien procureur de l'Illinois (Anton Valukas), mandaté en 2008 par le gouvernement américain pour enquêter sur les causes de la faillite ».

« Autopsie méthodique d'un système malade, Inside Lehman Brothers se fait aussi mise en garde contre une déflagration qui pourrait bien, dans un futur proche, se rééditer ».


« Inside Lehman Brothers » par Jennifer Deschamps
France, Finlance, 2018
Visuels :
Lehman Brothers, la plus grosse faillite bancaire de l'Histoire.
Sylvia Vega, ancienne employée de Lehman Brothers.
Matthew Lee, devant l'ancienne tour de Lehman Brothers à Londres.
Matthew Lee, ancien vice-président de Lehman Brothers
Cheryl MCNeil, ancienne employée de Lehman Brothers.
© KM Productions

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Les citations sur le film sont d'Arte.

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