
Pour la première fois en France, les 110 tirages originaux
du livre Ci-contre. tirages originaux de Moï Wer, extrêmement rares
dans les collections des musées ou galeries, ont été présentés.
Cet « ensemble important de tirages d'époque permet de
découvrir le génie artistique de ce photographe à l'itinéraire insolite ».
Moses Vorobeichic naît le 5 décembre 1904 à
Lebedevo, près de Vilna (Vilnius en russe ; la ville est située alors dans
l'Empire russe).
Dès 1924, il étudie la peinture au département des Beaux-arts
de l'université Stefan-Batory de Wilno (Vilnius en polonais. La ville devient
polonaise à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle redeviendra la capitale
de la Lituanie en 1940).
En 1927, Moses Vorobeichic est admis dans la classe
préparatoire de Joseph Albers au Bauhaus (Dessau). Les thèmes : la
construction et les matériaux, leur apparence et leur représentation. I
Moses Vorobeichic suit également les cours de Paul Klee,
Wassily Kandinsky et Hinnerk Scheper jusqu'à la fin de l'été 1928.

Il admire aussi le travail de László Mohaoly-Nagy,
professeur au Bauhaus et auteur de Malerei, Fotografie, Film (Peinture,
Photographie, Film).
À l'automne 1928, Moses Vorobeichic s’installe à
Paris, en pleine effervescence artistique. Il écrit à son père en lui disant
qu'il en apprendra plus en un jour à Paris qu'en un an à Dessau. Au Louvre, il
copie les peintures des grands maîtres. Il suit les cours de l'Ecole technique
de photographie et de cinématographie rue de Vaugirard ainsi que ceux de Fernand
Léger à l'Académie Moderne.

« Exposées lors du Congrès sioniste de l'été 1929 à
Zurich, les photographies attirent l'attention d'Emil Schaeffers, alors
directeur de la collection « Das Schaubuch » aux Editions Orell-Füssli, qui
propose de les publier ».

Une fois la maquette du livre sur Vilnius achevée,
Vorobeichic se consacre au deuxième projet photographique majeur de sa carrière :
Paris. « Sa
vision avant-gardiste reste la même, mais le rendu est différent car le sujet a
changé. Les rues figées de Vilnius ont fait place au rythme effréné de la
capitale française. Les mouvements, les foules, les automobiles s'agitent au
fil des pages, et Vorobeichic, devenu Moï Ver nous renvoie à la vision qu'il a
de la métropole : encombrée, fourmillante, vivante ».

Moï Ver devient un photographe très prisé. A Berlin, il remet
à Moholy-Nagy un exemplaire de l'album préfacé par Fernand Léger.
Paris attire alors des artistes étrangers, dont beaucoup se
fixent dans le quartier de Montparnasse. La Ville Lumière « fascine et les
publications se multiplient. En 1929, Germaine Krull publie 100 x Paris, un
panorama complet de la ville. En 1932, Brassaï met en avant la vie nocturne
avec son Paris de nuit. En 1934, parait Paris vu par André Kertesz.
Moï Ver travaille comme photographe de presse à l'agence
Globe-Photo, spécialisée dans le reportage international. Il collabore aussi à Vu,
Paris Soir, Arts et Métiers graphiques (n°22 et 23) et Bifur (n°8).
En 1931, Ci-Contre est le troisième grand projet
de Moï Ver qui, de nouveau, modifie son nom pour Moï Wer. Après trois mois de
travail, il adresse « la maquette définitive du projet, composée de 110
tirages en vis-à-vis, à Franz Roh. Professeur d'histoire de l'art à Munich,
directeur de la collection Fotothek, Roh est également l'auteur du livre Foto-auge
qui accompagnait l'exposition Film und Foto présentée à Stuttgart
en 1929 ». Roh cherche un éditeur pour le projet qui ne sera pas publié en
raison des bouleversements politiques. Franz Roh garde la maquette.

En 1932, Moï Wer est envoyé à Tel Aviv, alors en Palestine
mandataire, pour couvrir la Maccabiah, l'Olympiade juive. Les photographies sur
cet évènement sportif sont montrées dans l’exposition Palestine d'hier et
d'aujourd'hui à la Galerie d'art contemporain (Paris).
Moï Wer s'installe en Palestine mandataire en 1934. Il
devient Moshe Raviv. Il travaille comme graphiste publicitaire et photographe
indépendant.
En 1937, il retourne en Europe centrale réaliser un
reportage sur les fermes collectives juives. Il
photographie les communautés juives, leurs activités (agricoles et manuelles),
leurs habitations et leurs loisirs. En 1950, un portfolio intitulé Polen
(Pologne) d'une douzaine de portraits extraits de ce reportage est publié
à Tel Aviv.
En 1948, lors de la recréation de l'Etat d'Israël, Moshe
Raviv « effectue son service militaire et met sa photographie au service
du mouvement sioniste en réalisant des affiches. Son travail est également
utilisé pour illustrer des livres destinés à la jeunesse ».
Dans ces livres, la « vision avant-gardiste des années
1930 a
laissé place à un académisme marqué ».
Au début des années 1950, Moshe Raviv abandonne la
photographie pour la peinture, notamment religieuse et cofonde une colonie
d'artistes à Safed, au nord d'Israël.
Au fil des ans, il perd en notoriété.
En 1968, Ann et Jürgen Wilde, collectionneurs allemands, achètent
la maquette originale de Ci-Contre.
Ils recherchent son auteur. Après plusieurs années d'enquête, ils adressent une
première lettre à Moshe Raviv en 1972.
Lors « de leurs échanges, le photographe exprime son
plaisir de savoir la maquette de Ci-Contre conservée ».
Dans les années 1980, le travail de Moshe Raviv est montré
dans des expositions sur le Bauhaus.
Moshe Raviv meurt en 1995 à Safed.
En 2004, après en avoir acquis les droits, qu'Ann et Jürgen
Wilde publient l'ouvrage Ci-Contre en fac-simile.
(1) Jeanne
Walter "fut l'épouse de l'architecte Jean Walter. Grâce au financement de son
mari, elle crée la revue mensuelle Plans en 1930 et en assure la
direction jusqu'au dernier numéro en 1933. Cette revue reflétait la culture des
années 1930".
Jusqu’au 23 décembre
2012
2, impasse Lebouis. 75014 Paris
Tél. : +33 1 56 80 27 00
Du mardi au
dimanche de 13 h à 18 h 30, le samedi de 11 h à 18 h4 5, nocturne le mercredi
jusqu’à 20 h 30.
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