Citations

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mercredi 29 juin 2022

De l’atelier au musée : l’ORT et la transmission de la culture juive

Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) présente l’exposition « De l’atelier au musée : l’ORT et la transmission de la culture juive ». La contribution de l'ORT (Organisation Reconstruction Travail), organisation juive fondée en 1880 à Saint-Pétersbourg, à la fondation du premier musée juif à Paris après la Deuxième Guerre mondiale, et à sa collection, notamment pas la fabrication ainsi que par le don de maquettes de synagogues disparues.

« Fondée en 1880 à Saint-Pétersbourg pour sortir les juifs de l’Empire russe de leur misère par l’apprentissage de métiers manuels et le soutien à l’artisanat et à l’agriculture, l’ORT (Organisation Reconstruction Travail) est aujourd’hui à la tête d’un réseau international d’éducation et de formation implanté dans plus d’une quarantaine de pays sur cinq continents. Elle fête en 2021 les cent ans de son implantation en France, où elle forme chaque année près de 5 000 élèves ou stagiaires. » 

« À l’occasion de cet anniversaire, le mahJ et ORT France présentent une exposition qui souligne le rôle fondateur de l’ORT dans la création du premier musée d’Art juif en France à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Sous l’impulsion de Léon Frenkiel (1877-1969), directeur de l’enseignement technique et grand amateur d’art juif, ce musée voit le jour en 1948 au 12, rue des Saules à Paris, dans le quartier de Montmartre. Il est inauguré le 8 mai 1949 sous l’appellation « Archives et Musée d’art populaire juif », abrégée un an plus tard en « musée d’Art juif ». 

« Outre l’octroi d’un local, le musée peut compter sur l’investissement et la générosité de plusieurs membres de l'ORT en France et à l’étranger : dons de livres et d’objets, recherche d’œuvres, fabrication — dans les ateliers de l’ORT — du mobilier d’exposition, ainsi que la reproduction de décors peints et de maquettes de synagogues disparues et, enfin, soutien aux jeunes artistes contemporains grâce au prix Adolphe Neumann. » 

« À la fermeture du musée d’Art juif en 1998, le mahJ reçoit sa collection en don. La collaboration entre l’ORT et le mahJ se poursuit en 2006 avec l’exposition « Artisans et paysans du Yiddishland » qui révèle au public un fonds exceptionnel de photographies retrouvées dans les archives de l’ORT documentant ses activités, dans l’entre-deux-guerres, en Union soviétique, en Pologne, en Roumanie et dans les Pays baltes. À l’occasion du centenaire d’ORT France, ces images émouvantes d’un « monde disparu » sont remises à l’honneur, dévoilant de nombreux clichés inédits. »

Le commissariat est assuré par Claire Decomps, mahJ, et Laure Fourtage, ORT France. 

Le 28 juin 2021, le Président Nicolas Sarkozy a assisté à la visite inaugurale de l'exposition du centenaire de l'ORT.

« En complément de cette exposition, un colloque aborda, le 6 octobre, la relation entre travail, assistance et migrants juifs en France de la fin du XIXe siècle aux années 1970, en portant une attention spécifique au rôle de l'ORT ». 

Colloque coordonné par Laure Fourtage, historienne, responsable des archives d'ORT France, il était ouvert par Arnold Munnich, président d’ORT France, et Dominique Schnapper, présidente du mahJ. Avec la participation de Marie Aboulker, EHESS ; Axelle Brodiez-Dolino, CNRS ; Anne-Sophie Bruno, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Alexandre Doulut, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Laure Fourtage, historienne, responsable des archives d'ORT France ; Nancy Green, EHESS ; Audrey Kichelewski, université de Strasbourg ; Lorraine de Meaux, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Martin Messika, université Paris 1 Panthéon- Sorbonne et université du Québec ; Liran Morav, Cambridge University ; Yann Scioldo-Zürcher, CNRS ; Claire Zalc, CNRS et EHESS.

Organisé dans le cadre du centenaire d’ORT France, ce colloque « Travail, assistance et migrations juives. L’ORT en France, 1880-1970 » visait, en tenant compte de la variété des acteurs publics et privés qui sont venus en aide aux juifs étrangers, à saisir la place de l’ORT dans l’accueil des populations immigrées : depuis l’Empire russe à la Belle Époque jusqu’aux juifs d’Afrique du Nord pendant les Trente Glorieuses, en passant par les réfugiés fuyant les territoires du IIIe Reich puis les survivants de la Shoah originaires d’Europe centrale et orientale.  


FOCUS SUR... 

Léon Frenkiel 
« Léon Frenkiel (1877-1969) a voué sa vie à deux passions, l’enseignement technique et l’art juif, réunissant très tôt des objets et une riche documentation. Né à Sloutsk en Biélorussie, dans l’ancien Empire russe, cet ingénieur de l’école polytechnique de Riga, commence à travailler pour le réseau ORT au début de la Première Guerre mondiale. Après quelques années au Technikum de Wilno (aujourd’hui Vilnius, en Lituanie) dont il est l’un des fondateurs, il est nommé en 1922 inspecteur général de l’enseignement technique à Berlin, au siège de l’Union ORT nouvellement créée. Il arrive à Paris en 1933 lorsque le siège mondial de l’ORT déménage en France, après l’accession de Hitler au pouvoir. En 1937, il fait partie du comité d’organisation du stand de l’ORT à l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris. 
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il poursuit ses activités, il s’implique, comme directeur de l’enseignement technique d’ORT France, dans la réintégration professionnelle des rescapés de la Shoah ainsi que dans le sauvetage et la valorisation du patrimoine juif européen. En 1948, il fonde le premier musée d’Art juif de France auquel il fait don de ses collections. Il supervise aussi la constitution d’un ensemble de maquettes réalisées pour le musée par différentes écoles du réseau ORT. »

Les maquettes de synagogues réalisées dans les écoles de l’ORT 
« Passionné d’art juif, Léon Frenkiel a rassemblé, pendant près de quarante ans, une documentation considérable sur les synagogues et les cimetières juifs d’Europe orientale. Constituant le premier fonds du musée d’Art juif, cette collection de livres, de photographies, et de relevés fut présentée dès l’été 1948, lors de l’inauguration des nouveaux locaux de l’école ORT à Montreuil, dans une exposition intitulée « Les monuments d’architecture juive des XVIIe et XVIIIe siècles en Pologne et en Lituanie ». 
« Ces documents, d’autant plus précieux qu’ils représentaient souvent les seules traces d’un « monde disparu », furent utilisés par l’ingénieur Frenkiel pour concevoir un ensemble unique de modèles réduits de synagogues en bois ou en plâtre ». 
« Les maquettes des synagogues en bois – le matériau utilisé dans les bourgades d’Europe orientale –, furent exécutées, selon ses instructions, par des élèves de l’ORT. Après avoir confié la fabrication des premières aux sections menuiserie des écoles françaises du réseau, principalement celle de Montreuil, Frenkiel s’adressa à partir de 1951 aux établissements nouvellement créés d’Alger, puis entre 1956 et 1958, à ceux de Casablanca et de Tunis. » 

Artisans et paysans du Yiddishland 
« En 2006, l'exposition intitulée « Artisans et paysans du Yiddishland, 1921-1938 » présentait au mahJ des photographies issues d’un fonds exceptionnel de 250 plaques de verre retrouvées dans les archives de l’ORT. Aujourd’hui, l’ORT et le mahJ remettent à l’honneur ces images émouvantes d’un monde anéanti par la Shoah, dévoilant de nombreux clichés inédits. » 

« Destinées à promouvoir l’institution, ces photographies ont, pour certaines, été montrées sur le stand de l’ORT à l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris en 1937. Elles témoignent de l’immense travail accompli par l’organisation dans l’entre-deux-guerres en faveur de l’insertion économique et sociale des juifs d’URSS, de Pologne, de Roumanie et des pays baltes. L’ORT y développa en effet un réseau de 140 cours et écoles professionnels, tel le fameux Technikum de Wilno, et autant de coopératives industrielles et de colonies agricoles. » 

« En URSS, le développement de ces implantations industrielles et agricoles juives renvoie à une courte période d’espoir et de succès pendant laquelle les ambitions émancipatrices de l’ORT rejoignirent la politique de développement économique lancée par Lénine. À partir de l’accession au pouvoir de Staline, cette collaboration fut progressivement remise en cause par la collectivisation et la « soviétisation » des populations juives, sommées de renoncer à leur identité. En 1938, l’ORT quittait le territoire qui l’avait vu naître, jusqu’à la chute du régime soviétique. »



Repères chronologiques

« 1880 Création de la Société pour la propagation du travail artisanal et agricole dite ORT (Obchestvo Remeslenovo i zemledeltcheskovo Trouda) en Russie à Saint-Pétersbourg : formation aux métiers manuels, aide matérielle aux artisans et agriculteurs juifs de l'Empire russe. 

1921 Création d’ORT France à Paris : promotion des activités et collecte de fonds pour soutenir l’action de l'organisation en URSS. 
Création de l’Union ORT à Berlin : fédération des sociétés ORT dans le monde (appelée aujourd’hui World ORT). 

1933 Transfert du siège de l’Union ORT à Paris après l’accession de Hitler au pouvoir 
Ouverture des cours professionnels à Paris pour les réfugiés et aide à l’installation agricole de familles juives à Villeneuve-sur-Lot. 

1936 Installation du siège et des cours de l’association française au 12, rue des Saules et apparition de l'intitulé Organisation-Reconstruction-Travail créé à partir de l’acronyme russe ORT. 

1937 Stand ORT à l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris. 

1938 Présentation d’un mémoire sur l’adaptation professionnelle des réfugiés à la conférence internationale d’Évian. 

1939 Formation professionnelle auprès des réfugiés juifs autrichiens résidant à Chelles. 

1941 Intégration d’ORT France à l’Union générale des israélites de France (UGIF). 
Formation des juifs persécutés et disséminés sur le territoire : en ville, à la campagne, dans des camps d’internement, dans des maisons de l’Œuvre de secours aux enfants. 

1945 Formation et aide professionnelle des survivants de la Shoah : fourniture de machines et d’outils ; apprentissage auprès de patrons juifs, ateliers dans des centres d’hébergement pour réfugiés d’Europe orientale et dans des maisons d’enfants ; préparation à l’Alyah. 
Ouverture de nouvelles écoles en France et en Afrique du Nord : Alger, Casablanca (en partenariat avec l’Alliance israélite universelle), Constantine, Marseille (école de marine), Montreuil, Strasbourg. 

1948 Création à Paris, sous les auspices de l’ORT, du premier musée d’Art juif en France, rue des Saules, dans le 18e arrondissement. 

1961 Aide à l'insertion professionnelle des juifs d'Afrique du Nord. 
Inauguration de nouveaux établissements : Oran, Tunis, Villiers-le-Bel, Toulouse (reprise d’activité), Lyon (nouveau bâtiment), Choisy-le-Roi. 
L’École de travail de la rue des Rosiers, fondée en 1852, s’associe au réseau ORT 
ORT France est reconnue d’utilité publique. 

2021 Présence dans 7 villes : Lyon, Marseille, Montreuil, Paris (École de travail), Strasbourg, Toulouse et Villiers-le-Bel 
Formation, chaque année, de près de 5 000 élèves et étudiants de tous horizons : du collège à l’enseignement supérieur, dans toutes les filières, et de plus de 600 stagiaires via un service de formation continue. » 


Du 19 mai 2021 au 3 juillet 2022
Hôtel de Saint-Aignan 
71, rue du Temple 75003 Paris
Tél. : 01 53 01 86 53
Mardi, jeudi, vendredi : 11h-18h. Mercredi : 11h-21h Samedi et dimanche : 10 h-19h
Visuels :
Une salle du musée d’Art juif rue des saules à Paris
1949
© mahJ

Synagogue de Pohrebyszcze
Elèves des écoles de l'ORT
Alger, 1952
© mahJ, fonds du musée d'Art juif
photo Giovanni Ricci-Novara

Atelier de confection de bas
Europe orientale, années 1920-1930
© ORT France

2 commentaires:

  1. Pourquoi ne parlez-vous pas de l’ORT-Genève ? Le siège international est à Genève, ainsi q’un institut malheureusement disparu. Je vous envoie une vidéo (émission du rabbin Eisenberg) qui raconte l’ORT à Genève à la fin des années soixante. https://vimeo.com/472957636
    Bon visionnement

    Claire Luchetta Rentchnik
    Claire.luchetta@sunrise.ch

    191, rte de Chancy
    CH 1232 Confignon Genève Suisse

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  2. Bonjour,
    Je vous remercie pour le lien.
    L'exposition évoque le rôle de l'ORT-France dans l'édification du musée juif de Paris. Et pas le rôle des autres associations ORT en Europe.
    Cordialement,
    Véronique Chemla

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