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dimanche 8 avril 2018

Interview d’Hillary Kessler-Godin, directrice de la Communication de la Claims Conference (4/5)


Hillary Kessler-Godin, directrice de la Communication de la Claims Conference on Jewish Material Claims against Germany, ou Claims Conference, a répondu le 8 novembre 2011 à nos questions sur la procédure d’indemnisation des Juifs originaires du Maroc et de Tunisie dans le cadre du Hardship Fund (fonds Hardship) de la  Claims Conference. Celle-ci a publié une annonce dans le numéro de novembre 2011 de L’Arche. Des questions demeuraient. La Claims Conference a annoncé qu'elle va indemniser les Juifs ayant vécu en Algérie entre 1940 et 1942.



An excerpt of those articles was translated in English by Point of no return


L’accès au Hardship fund a été "ouvert en 2013 à une partie des juifs d’origine marocaine ou tunisienne. Cette reconnaissance  ouvre aussi la possibilité dans les cas les plus difficiles, de bénéficier de services à domicile, que ce soit des aides ménagères, de l’aide pour les médicaments, ou de l’aide d’urgence, à travers les services du Casip-Cojasor, de l’Adiam, du Casim, et de Passerelles. La Fondation pour la Mémoire de la Shoah finance aussi ces services, complétant l’action de la Claims Conference et permettant, pour les personnes dont les dossiers seraient toujours en cours de traitement, de bénéficier également d’aide au maintien à domicile ou d’aide d’urgence. Le Bureau Claims de la Fondation Casip-Cojasor  accompagne pour tout démarche administrative relative à à la Claims".

Pourriez-vous présenter la Claims Conférence et le Fonds Hardship ?


La Claims Conférence est une association de 26 organisations juives fondée en 1951 dans le but de négocier avec l’Allemagne une indemnisation pour les survivants de la Shoah.
C’est ce qu’elle fait avec grand succès jusqu'à aujourd’hui.
Lorsque la Loi fédérale sur l’indemnisation a été signée en 1969, il y avait urgence à agir. Les persécutés, grandes victimes des nazis, qui émigraient en nombre croissant de l’Europe de l’Est vers l’Europe de l’Ouest ne pouvaient plus prétendre à une indemnisation bien qu’ils aient subi les même persécutions.
Apres d’âpres négociations, la Claims Conférence a pu réussir à créer le Fonds Hardship en 1980 afin de leur octroyer un paiement unique de 2 256 euros.
La Claims Conference a depuis cette date traité bien plus de 400 000 demandes.

Les Juifs originaires de Tunisie peuvent-ils également faire une demande d’indemnisation ? Et sous quelles conditions ?


Oui, les Juifs de Tunisie peuvent eux aussi déposer une demande dès lors qu’ils remplissent les critères de ce Fonds.
Vous trouverez les critères exacts sur notre site internet www.claimscon.org

Y-a-t-il une date limite pour les requérants ?

Non, il n’y a pas de date limite pour le Fonds Hardship.

La Claims Conférence a-t-elle informé les survivants Juifs qui seraient intéressés par cette indemnisation? Et avec quelles institutions coopère-t-elle ?

La Claims Conférence opère partout dans le monde et présente ses programmes en partenariat avec les différentes communautés et institutions sociales Juives.
En outre, elle fait paraître dans la presse et par annonces tous les changements des critères d’éligibilité. Particulièrement en France, nous avons fait connaître le programme de manière intensive et avons travaillé en lien étroit avec les organisations locales.
Une employée du Casip-Cojasor est spécialement chargée des demandes et assiste les requérants dans leurs démarches au niveau des programmes de la Claims Conférence.
Les formulaires de demande sont disponibles auprès de ces Institutions mais peuvent être également téléchargés en Français à partir du site de la Claims Conference (www.claimscon.org)

Ces requérants Juifs peuvent-ils envoyer leur formulaire directement à la Claims Conférence ?

Oui, évidement ! Tous les formulaires devraient être envoyés directement au Fonds Hardship à l’adresse suivante :




Sophienstrasse 44

60487 Francfort

Allemagne

Une assistance juridique n’est pas nécessaire. Les requérants peuvent, pour toute question, nous contacter directement.

Combien de temps est nécessaire à la Claims Conférence pour répondre aux requérants ?

Les dossiers sont enregistrés et traités aussi rapidement que possible par nos employés expérimentés à Francfort et Tel Aviv.
Pour justifier de leur persécution, nous consultons nos archives et vérifions si les requérants n’ont pas déjà déposé une demande lors d’un précédent programme d’indemnisations.
Comme il faut ici attendre les réponses, les requérants devront en fonction de l’affluence des demandes calculer quelques mois pour le traitement de leur dossier.

Pour quelle raison les indemnisations arrivent-elles si tard ?

Le gouvernement allemand fixe les conditions d’éligibilité régissant le Fonds Hardship.
Grâce aux négociations menées régulièrement avec le ministère allemand des Finances, la Claims Conference a pu obtenir au fil des années une multitude d’allégements de ces critères d’éligibilité.
Récemment, la restriction de mouvement a été acceptée comme critère d’admissibilité. En conséquence, les victimes Juives du nazisme qui ont été persécutées en Afrique du Nord peuvent enfin être susceptibles d’obtenir une indemnisation.
Jusqu'à aujourd’hui, la persécution des Juifs en Afrique du Nord n’est connue que par très peu de personnes.


Y-a-t-il une relation entre Me Henri Simon et la Claims Conférence ?

Non, Me Henri Simon a été engagé par des requérants et n’a pas la moindre relation avec la Claims Conférence.
Au contraire, selon la Claims Conference, une assistance juridique n’est absolument pas nécessaire pour déposer une demande auprès du Fonds Hardship.
Il va de soi que les formulaires de demande peuvent être gratuitement téléchargés à partir du site de la Claims Conférence ou nous être demandés par écrit ou par téléphone.
Nous sommes en permanence à votre disposition et répondons volontiers à toutes vos questions par téléphone au +49-69-970701-1. Nos employés parlent le français.

Le 8 novembre 2011, je relançais la Claims Conferen en lui adressant ces questions :
- vous citez le seul Casip-Cojasor dans vos réponses. Mais pourquoi est-ce le FSJU qui assiste les Juifs du Maroc et de Tunisie dans cette procédure ?
- pour ces fonds obtenus en avril 2011, comment avez-vous communiqué en France ?
- quelles sont les organisations qui composent la Claims Conference ?
- les critères sur votre site sont flous. Pourriez-vous les préciser ?
- le fonds Hardsip existe depuis 1980. Je connais beaucoup de Juifs tunisiens qui ne le connaissent pas, qui n’ont jamais été indemnisés. Pourquoi est-ce si tard ?
- Le Casip-Cojasor affirme qu’il est "certifié et conventionné par la Claims Conference". Que signifie "être certifié et conventionné par la Claims Conference" ? Le FSJU a-t-il cette certification ?
- What does the Claims Conference answer to historians who criticized the criterias for compensation? For instance, the compensation doesn’t deal with camps of forced labour, but just with restrictions of movements. (Que répond la Claims Conference aux historiens qui ont critiqué les critères d’indemnisation. Par exemple, l’indemnisation ne vise pas les camps de travail forcé, mais les seules restrictions de mouvements, Nda)
- Pourquoi les critères pour avoir des aides à domicile pour des survivants âgés de la Shoah sont-ils si restrictifs ? Par exemple, les Juifs doivent justifier d’un patrimoine inférieur à 500 000 dollars. Or, il me semble plus pertinent de savoir s’ils sont imposables ou pas. Votre critère écarte des Juifs qui pourtant bénéficient d’aides sociales de leur ville en ayant ce patrimoine.
Je publierai les réponses de la Claims Conference dès réception.
  
Dans son numéro de novembre 2011, L’Arche, « un media du Fonds Social Juif Unifié », publie en sa page 132 une annonce de la Claims Conference visant les « victimes juives des persécutions nazies ayant vécu sous privation de liberté de mouvement ».
La « liberté de mouvement dans » le « lieu de résidence » a été restreinte par « les Nazis et leurs alliés – à savoir par un couvre-feu ou par l’obligation de se présenter régulièrement aux autorités avec une restriction de lieu de résidence ».
Ces victimes Juives « n’appartiennent pas au groupe connu sous le nom de « Persécuté/e/s de l’Ouest » et « n’ont pas reçu le paiement unique en provenance du Fonds Hardship de la Claims Conference ».
Elle sont susceptibles de « recevoir un paiement unique en provenance du Fonds Harship ».
L’annonce renvoie au site Internet de ce Fonds. Pour « obtenir toutes les informations sur les critères d’éligibilité » ou « pour recevoir un formulaire de demande, le requérant est invité à contacter la Claims Conference : Tel. : ++49+69-970701-0. Fax : ++49+69-970701-40 – Email A2-HF-CEEF2@claimscon.org www.claimscon.org ».
En petits caractères, la Claims Conference conclut : « Nous vous prions de bien vouloir donner ces informations aux survivants de l’Holocauste que vous connaissez et qui pourraient être éligibles ».
Lors du Congrès des communautés juives de France organisées par le Consistoire israélite de France et le FSJU le 18 mars 2012, seul le stand de la Fondation Casip-Cojasor informait et donnait les dossiers d'indemnisation du Hardship Fund de la Claims Conference.

En février 2018, la Claims Conference "a annoncé que plus de 25 000 Juifs français originaires d’Algérie et victimes de mesures antisémites lors de la Shoah sont éligibles pour bénéficier d’une indemnisation de la part du gouvernement allemand. Concernant les nouvelles indemnisations du gouvernement allemand pour l’Algérie, il est nécessaire de prendre rendez-vous avec la Claims Conference via le site http://www.claimscon.de/algeria/hardship-fund-et-algerie.html
Si vous rencontrez des difficultés pour vous enregistrer sur ce site, vous pouvez joindre la Claims Conference au 00 49 69 71 37 48 30 ou la Fondation Casip-Cojasor au 01 49 23 71 30 ou 01 44 62 13 13."

"Les Juifs qui résidaient dans les anciens départements français d’Algérie entre juillet 1940 et novembre 1942, et qui ont été victimes de mesures antisémites, peuvent désormais être éligibles au versement d’une indemnisation par l’intermédiaire du Hardship Fund de la Claims Conference. Les personnes éligibles auront droit à un versement unique et symbolique de 2 556,46 €".

« C’est une reconnaissance attendue depuis longtemps par de nombreux Juifs originaires des départements français d’Algérie, qui ont souffert des mesures antisémites prises par les alliés des nazis, comme le régime de Vichy », a déclaré Greg Schneider, vice-président exécutif de la Claims Conference. « Le gouvernement de Vichy a notamment imposé à ces personnes des restrictions en termes d’accès à l’éducation, à la vie politique et de la participation à la vie civique et à l’emploi. Ces personnes ont été mises au ban de la société uniquement parce qu’elles étaient juives. »

"On estime qu’aujourd’hui il y a environ 25 000 Juifs originaires des anciens départements français d’Algérie en vie qui ont été victimes de mesures antisémites lors de la Shoah à travers le monde. Afin de faciliter les démarches, la Claims Conference ouvrira un Centre d’Assistance à l’Inscription à Paris, où réside la majorité des victimes, afin de les aider à déposer un dossier pour le Hardship Fund. Les visites au Centre d’Assistance à l’Inscription se feront uniquement sur rendez-vous. Les services sont gratuits pour toutes les victimes et il n’y a pas besoin d’impliquer un avocat".

Le "Centre d’Assistance à l’Inscription ouvrira le 5 février 2018 et restera accessible jusqu’en avril 2018. Des antennes seront également ouvertes pendant cette période dans d’autres villes telles que Marseille, Lyon et Toulouse pour aider les victimes qui sont dans l’impossibilité de se rendre au Centre d’Assistance à l’Inscription à Paris ou de faire leur inscription en ligne. Un courrier direct sera envoyé aux victimes juives originaires des anciens départements français d’Algérie connues et résidant dans d’autres pays afin de les informer des modifications de leur éligibilité. Après examen, les versements commenceront à partir de l’été 2018".

« Notre objectif est d’aider les victimes à accéder à l’inscription, avec un processus qui est entièrement gratuit », a déclaré Ruediger Mahlo, représentant de la Claims Conference en Allemagne. « Ce versement représente une mesure de justice certes limitée, mais elle marque une reconnaissance essentielle et symbolique. »

Les "personnes souhaitant s’inscrire en ligne peuvent se connecter via l’adresse suivante : http://www.fonds-ipa.fr . Elles y trouveront notamment les informations sur les documents nécessaires pour constituer le dossier. Les personnes qui souhaitent de l’aide pour effectuer cette inscription sont invitées à prendre rendez-vous via l’adresse suivante : www.fonds-ipa.fr. Il leur sera alors communiqué l’adresse du Centre d’Assistance à l’Inscription le plus proche".


Articles sur ce blog concernant :
Affaire al-Dura/Israël
Shoah (Holocaust)

Cet article a été publié le 2 décembre 2011 et .modifié le 21 mars 2012, puis le 25 juillet 2014.

4 commentaires:

  1. Bonjour,

    Je ne comprends pas. Il y a des enfants de déportés juifs français qui ont vu une partie de leur famille déportée et exterminée pendant la guerre et qui n'ont jamais rien touché et là on nous parle d'indemnités pour des restrictions de circulation au Maroc.
    Il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire.

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  2. Bonsoir,

    On ne peut que déplorer l'euphémisme "restrictions de déplacement".
    Des Juifs du Maroc ont été contraints de rejoindre le Mellah, ghetto juif de la ville où les conditions de survie étaient déplorables, des camps de dur labeur dans des zones désertiques, etc.
    Si cet euphémisme vise ces réalités dramatiques, alors l'indemnisation me semble dérisoire.
    Je vous invite à lire : http://www.veroniquechemla.info/2011/10/le-fsju-gere-des-dossiers.html
    http://www.juif.org/blogs/10950,lhistoire-secrete-des-juifs-en-camps-de-concentration-au-maroc.php
    http://www.veroniquechemla.info/2010/06/le-maghreb-sous-la-croix-gammee-de-bill.html
    http://www.veroniquechemla.info/2011/10/le-fsju-gere-des-dossiers.html

    Véronique Chemla

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  3. D'après le lien que vous donnez, il ne s'agit pas de juifs marocains qui ont été internés en camps de travail au Maroc mais de juifs réfugiés au Maroc:
    "le Résident général Noguès fait du zèle et décide, dans la foulée, d'interner ces étrangers indésirables dans des camps de travail forcé, le plus loin possible des grands centres urbains. La France de Vichy expédie également dans ces centres d'internement tous les juifs étrangers engagés dans la Légion étrangère pour combattre l'Allemagne nazie. Et pas à une exclusion près, la France y interne aussi les nombreux républicains espagnols qui ont fui l'Espagne de Franco."
    Les survivants de ces camps "français" ont ils droit à une indemnisation? j'en doute car (ils ne sont juifs marocains)...

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  4. L'indemnisation vise tous les Juifs vivant au Maroc :
    "Pour le Maroc, sont pris en compte tous les Juifs qui y vivaient entre 1940 et fin 1942, y compris les enfants conçus avant la fin de 1942 mais nés après le débarquement allié ».
    http://www.veroniquechemla.info/2011/10/le-fsju-gere-des-dossiers.html

    Sous le protectorat français, les Juifs vivant au Maroc avaient différentes nationalités - marocains, français, etc. - en fonction d'histoires familiales.

    Vos questions montrent combien cette histoire des Juifs du Maroc est méconnue.

    Une association française essaie depuis des décennies d'obtenir le statut idoine et diverses indemnisations à ces survivants de ces camps en Afrique du Nord. Il se heurte à l'hostilité d'une partie de l'administration française et de certains historiens.

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