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mardi 8 mars 2022

Le trafic nigérian de milliers de mineures prostituées en Europe

Des mafias nigérianes, dominées par des proxénètes femmes (
« mamas »), organisent en Europe - Espagne, France, Suisse, Italie, Allemagne... - l'immigration et la prostitution de milliers de filles nigérianes pauvres, endettées, terrorisées, et souvent sous l'emprise du « juju » (rite ou cérémonial de soumission de l'enfant). Arte diffusera le 9 mars 2022 à 00 h 10 « Trafic humain, le clan des Nigérians » (Verhängnisvolle Versprechen. Das nigerianische Netzwerk ; The Deal), documentaire émouvant de Chiara Sambuchi qui insiste sur la demande européenne pour assouvir des désirs interdits

Au fil d'arrestations policières et de procès, a été révélée la prostitution d'enfants depuis plusieurs dizaines d'années, dans des foyers africains ou dans des rues, dans des villes françaises - notamment Paris (Bois de Vincennes, Château-Rouge, Marcadet, Porte de Clichy, Porte de Bagnolet), Trappes (Yvelines), Villemonble (Seine-Saint-Denis), quartiers nord de Marseille, Nice, Lyon, Rouen, Lille -, italiennes, suisses, allemandes... 

Une prostitution infantile imposée par des réseaux nigérians violents, par une mafia cruelle « opérant dans toute l'Europe, utilisant la pression religieuse pour maintenir les femmes victimes de la traite dans la prostitution », surtout des mineures. Des réseaux puissants recourant « à des pressions financières et religieuses ainsi qu'à des serments pour contrôler les filles victimes de la traite et leurs familles, qui vivent dans la crainte constante de représailles. » Et un proxénétisme tenu par des « mamas » (ou « madames »).

En novembre 2019, Le Parisien a consacré un article au "courage de Grace, Nigériane prostituée à 10 ans, qui a osé dénoncer ses exploiteurs et a permis le démantèlement d’un réseau qui n’hésitait pas à exploiter des mineurs... Selon ses dires, la fillette, dont le courage a permis le démantèlement de ces deux réseaux en dénonçant les faits à la police, effectuait une vingtaine de passes par nuit, au Bois de Vincennes ou rue St-Denis. Chaque jour elle devait remettre 600 euros à « Angel » et le dimanche 1 000 euros. Sans compter les 650 euros mensuels pour l'hébergement dans un pavillon de Goussainville (Val-d'Oise) où elle partageait une chambre avec trois autres filles dans la même situation qu'elle. En cas de non-paiement elle était battue à coups de ceintures. Comble du sordide, l'âge de Grace était semble-t-il un atout. « J'ai fait beaucoup d'argent pendant cette période parce que je suis très jeune et tout le monde veut me prendre moi », a-t-elle confié à la juge d'instruction. Selon l'expert psychologue, elle présente des symptômes post-traumatiques à caractère sexuel."

Suisse
Dans Le Temps (9 janvier 2017), Etienne Dubuis a enquêté sur cette mafia nigériane et ses victimes mineures dans son article L’ombre des gangs nigérians s’étend en Europe :
« Le nombre de prostituées nigérianes a rapidement augmenté dans la capitale vaudoise, pour se porter, selon la police, à 20 ou 30 et se poser en sérieuses concurrentes de leurs collègues camerounaises jusqu’alors majoritaires parmi les Africaines. Et ce pourrait bien n’être qu’un début en ces temps de grandes migrations du continent noir vers l’Europe. Les Nigérians ont formé le plus gros contingent d’immigrés cette année sur les côtes méditerranéennes de l’Italie, avec quelque 38 000 arrivées. Et parmi eux, les femmes, souvent mineures, sont de plus en plus nombreuses : 1500 en 2014, elles ont été 5633 en 2015 et quelque 3600 lors du seul premier semestre 2016.  
La quasi-totalité de ces Nigérianes proviennent du même endroit, l’Etat d’Edo, une région qui ne représente pourtant que 2% de la population du pays. Et la plupart disparaissent mystérieusement des centres d’accueil où l’Italie tente de regrouper les cohortes d’immigrés qui débarquent sur ses rives. Elles sont bien interrogées à leur arrivée par la police, mais elles se montrent alors particulièrement peu loquaces. Comme si elles s’adressaient au diable.
A force d’enquêter, policiers, chercheurs et journalistes ont tout de même fini par arracher des bribes de confidences. Des aveux qui racontent tous la même histoire. Une enfance misérable dans l’une des régions les moins développées du Nigeria. Une famille incapable de subvenir aux besoins d’une marmaille trop nombreuse. Puis une «gentille dame» ou un «ami» du père qui débarque à l’improviste et propose à l’une des grandes filles un emploi de baby-sitter ou de serveuse en Europe. Le rêve.
L’aventure prend rapidement une tournure désagréable. La malheureuse élue entame son voyage dans la masure d’un sorcier qui la déshabille et prélève sur son corps des cheveux, des poils pubiens, des bouts d’ongle et des morceaux de peau qu’il enferme dans une petite boîte. La fille était censée pratiquer un rite de magie blanche, destiné à lui garantir un bon voyage: elle se retrouve en pleine cérémonie de magie noire, contrainte de promettre le remboursement de ses frais de voyage au mystérieux réseau qui l’a prise en charge. Faute de quoi les esprits, à qui elle vient de s’offrir, la rendront folle ou la tueront. Et ce, où qu’elle se trouve sur la planète.
Puis c’est le départ. «Quelques jeunes femmes prennent l’avion pour gagner l’Europe, explique Stephan Fuchs, spécialiste suisse de l’immigration nigériane et fondateur du site Trafficking.ch. Mais c’est là un luxe. L’écrasante majorité emprunte la voie de terre pour atteindre la Méditerranée, avant de s’embarquer sur de frêles rafiots en direction de l’Italie. Dans un cas comme dans l’autre, elles voyagent de préférence en groupes et sont en principe accompagnées par une personne chargée de les conduire à destination.»
« Le parcours a l’air bien rodé, observe Anne Ansermet, codirectrice de l’Association de soutien aux victimes de traite et d’exploitation (Astree), à Lausanne. Les jeunes femmes ne s’occupent de rien. Le transport, le logement, les papiers: tout le nécessaire leur est fourni au fur et à mesure de leur progression vers le nord. A leur arrivée en Italie, la personne qui les a accompagnées s’éclipse un temps avant de les récupérer. Il leur est seulement demandé de mentir aux autorités, en affirmant être majeures et avoir voyagé seules.»
Le travail qui attend ces filles est bien différent des activités qu’on leur a promises au départ. Il s’agit bien évidemment de prostitution. Les moins malchanceuses le découvrent à leur arrivée en Europe. Les autres en font déjà l’expérience au cours de leur traversée de l’Afrique. En Libye notamment, où certaines restent enfermées des mois durant dans des maisons de passe. Si les moins naïves avaient compris dès l’origine à quel emploi on les destinait, aucune sans doute n’a imaginé les conditions terribles dans lesquelles elles allaient être condamnées à l’exercer.
Au cœur de ces organisations figurent les «mamas», d’anciennes prostituées qui «ont réussi» et, après avoir remboursé leur dette, se sont converties en proxénètes. Elles tiennent un rôle pivot dans la traite des Nigérianes. Ce sont elles, le plus souvent, qui s’endettent pour amener et entretenir des filles. Et ce sont elles, par voie de conséquence, qui encaissent les gains et sévissent contre leurs employées les moins performantes. Pour plus d’efficacité, ajoute Stephan Fuchs, «elles forment des Ladies Clubs qui leur permettent de s’entraider de Zurich à Palerme, en s’échangeant par exemple leurs jeunes femmes.»
Mais le monde de la prostitution forme une trame particulièrement complexe. Les «mamas» collaborent également avec d’autres réseaux pour mener leurs activités. Et ce, aussi bien au pays, pour recruter des filles ou fabriquer de faux passeports, qu’en Europe, pour loger, transporter, voire punir leurs employées. La police espagnole a levé légèrement le voile sur ce genre de coopération en arrêtant l’an dernier, lors du démantèlement d’un réseau de prostitution, plusieurs membres d’une fraternité nigériane du nom de Supreme Eiye. Et les forces de l’ordre italiennes ont fait de même en novembre en mettant sous les verrous une vingtaine de membres d’une autre société secrète, la Black Axe, également active aux côtés de «mamas» dans le trafic d’êtres humains.
Ces organisations sont-elles également présentes en Suisse? Y aident-elles, voire y dirigent-elles des «mamas»? Il est trop tôt pour le dire. Mais leur apparition sur le Vieux Continent est devenue un sujet sérieux de discussions au sein des services compétents. «Nous en avons entendu parler pour la première fois il y a une année ou deux, indique une spécialiste de l’Office fédéral de la police (fedpol). Nous avons eu connaissance, dans le cadre d’une enquête étrangère, qu’une proxénète aurait remboursé une dette auprès de membres d’une fraternité. Rien de tel n’a été constaté sur territoire helvétique. Mais nous sommes attentifs au phénomène et nous avons entrepris de l’étudier, en multipliant notamment les échanges avec des collègues d’autres pays à travers Europol.»
Les jeunes femmes qui abandonnent le trottoir ont la conviction d’être poursuivies par des forces obscures.
L’omerta. Tel est le mot qu’utilisent les policiers européens pour décrire l’attitude des prostituées nigérianes qu’ils interrogent sur leurs itinéraires. Les «filles» ne parlent pratiquement pas, encore moins que leurs collègues d’autres nationalités également confrontées, pourtant, à des organisations brutales. C’est qu’à la peur malheureusement classique de subir des violences de la part de leurs proxénètes, à la crainte tout aussi paralysante de voir des représailles s’abattre sur leurs proches restés au pays s’ajoute une troisième terreur, plus mystérieuse aux yeux des Occidentaux: celle de la magie noire.
Les prostituées nigérianes baignent depuis leur plus tendre enfance dans la religion animiste. Une religion qui suppose l’existence d’une large gamme d’esprits, les uns bienfaisants, que l’on évoque pour s’attirer la chance ou la guérison, les autres mauvais, que l’on mobilise pour imposer des obligations et punir ceux qui s’y dérobent. Lorsque les candidates au départ sont mises en présence d’un sorcier qui prélève des parties de leurs corps, cheveux ou ongles, et les range soigneusement sur son autel, elles ont la conviction de s’être placées sous le pouvoir de forces obscures et d’encourir les pires châtiments si elles trahissent ceux qui les y ont conduites.
Les éducateurs et autres assistants sociaux qui luttent en Europe contre la traite des Nigérianes se désespèrent. Même lorsqu’ils sont parvenus à mettre les malheureuses à l’abri, ils les sentent inquiètes… et pas seulement pour leur famille. Nombre d’entre elles sont si convaincues qu’il va leur arriver malheur qu’elles développent de graves troubles psychosomatiques. Maux qu’elles attribuent non pas à quelque interaction entre le corps et l’esprit mais au pouvoir magique de la cérémonie à laquelle elles ont assisté, le «juju».
Dans le sud de l’Italie, où ces cas sont désormais nombreux, nombre d’intervenants considèrent aujourd’hui que la meilleure parade à ces angoisses n’est pas d’essayer de raisonner les jeunes femmes: trop peu de chances de succès. Elle est d’engager d’autres sorciers, voire des religieux chrétiens, à pratiquer un contre-rite, dans le but d’interrompre ainsi le sortilège. (E. Du.)
Les organisations nigérianes comme Black Axe sont récemment apparues en Europe. Mais elles ont déjà une longue histoire dans leur pays d’origine. La «Black Axe» («La Hache Noire»), la «Supreme Eiye» («L’Oiseau Suprême»): ces noms insolites, mi-anglais mi-yoruba, se frayent lentement un chemin dans le lexique des polices européennes pour prendre place aux côtés de ceux de «Cosa Nostra», le nom de la mafia sicilienne, ou de la «Camorra», son équivalente napolitaine. Mais ils sont connus depuis des décennies sur leur terre d’origine, le Nigeria, où les entités qu’ils désignent ont pris diverses formes avant de tremper dans la criminalité.
Ces organisations sont le fruit d’une évolution particulièrement tortueuse. Leur histoire commence par la création d’une association étudiante, la Pyrates Confraternity, en 1952 à l’Université d’Ibadan. Les sept fondateurs – de brillants éléments parmi lesquels figure le futur Prix Nobel de littérature Wole Soyinka – se donnent pour objectifs de lutter contre le colonialisme et de défendre la culture africaine, tout en combattant les facteurs qui divisent et corrompent à leurs yeux la société nigériane, le tribalisme en premier lieu. Secrets et rituels des fraternités étudiantes
La Pyrates Confraternity partage avec la franc-maçonnerie le goût du secret et des rituels. Elle connaît un succès remarquable au point que les candidats affluent: de très bons étudiants, dévoués à la cause africaine, mais aussi, avec le temps, de moins bons éléments, surtout intéressés par les relations qu’une telle association permet de cultiver et par les avantages matériels qui en découlent. Vingt ans après son lancement, l’organisation chasse de ses rangs une poignée d’adhérents coupables d’avoir manqué à ses principes.
C’est le début d’une prolifération exubérante des fraternités étudiantes. Loin de se décourager, les exclus de la Pyrates Confraternity profitent des circonstances pour créer une dissidence, la Buccaneers Confraternity, au recrutement moins élitaire. A Benin City, dans le sud, apparaît bientôt la Black Axe, dont se sépare peu après la Supreme Eiye. Ailleurs émergent la Supreme Vikings Confraterniy, la Klansmen Konfraternity et bien d’autres encore. Le milieu se transforme. Ces nouveaux groupes introduisent les pratiques vaudoues dans leur rituel. Parallèlement, nombre d’entre eux prêtent main-forte à la dictature en s’en prenant violemment à l’opposition de gauche sur les campus, avant de se convertir, au retour de la démocratie, en gros bras d’une myriade de politiciens et d’hommes d’affaires.
Les fraternités impliquées reçoivent armes et protections en échange de leur soutien. Autant de leviers que les plus corrompues d’entre elles utilisent maintenant pour mener toutes sortes d’activités criminelles au sein comme en dehors des campus, des braquages aux enlèvements en passant par le racket et le proxénétisme. Autant d’enjeux qui exacerbent aussi les rivalités entre gangs, au point de provoquer sur place de nombreux morts ».
« Trafic humain, le clan des Nigérians »
Chiara Sambuchi est née à Pesaro (Italie). Après des études de philosophie, de cinéma et de guitare classique en Italie, elle a travaillé comme productrice pour le bureau du correspondant de la RAI à Berlin (Allemagne). "Elle a réalisé des documentaires et des reportages pour des chaînes européennes : ARD, ARTE, ZDF, YLE, RAI et History Channel."

"Ses longs métrages documentaires "Wrong planet", "Good morning Africa !", "City of women, today", ont été et sont toujours présentés dans les principaux festivals de films du monde entier. Elle a réalisé des films documentaires dans les régions post-conflit de l'Ouganda, dans les zones rurales du Rwanda, dans les camps de réfugiés aux frontières européennes lors de l'urgence humanitaire des réfugiés en 2014 et 2015. Son film "Lost children. Trente mille mineurs disparus" a été nominé au Prix Europa 2017 pour le Meilleur programme télévisé interculturel européen de l'année et a obtenu la mention honorable au Prix Media de l'Enfance Majuscule française. Chiara Sambuchi contribue également en tant que conférencière à des séminaires liés aux sujets de son travail, organisés par des universités, des institutions européennes et des ONG." 

« J'ai "découvert" le trafic de femmes nigérianes à des fins d'exploitation sexuelle en 2015, en tournant un film documentaire sur les 30 000 mineurs réfugiés non accompagnés qui, une fois arrivés en Europe, ont disparu quelque part en Europe : ils ont quitté les camps de réfugiés sans laisser aucune trace », m’a indiqué Chiara Sambuchi, le 7 mars 2022. 

Et la documentariste a ajouté : « J'ai commencé une longue enquête au cours de laquelle j'ai pris conscience du nombre de filles nigérianes sont arrivées en Europe en tant que réfugiées, mais ont été forcées par leurs trafiquants à se prostituer. C'est ainsi que j'ai rencontré Princesse, le personnage principal de "Trafic humain, le clan des Nigérians". C'est une assistante sociale qui aide les jeunes filles à échapper à leurs trafiquants et à retrouver la vie, et elle est elle-même une ancienne victime de cette traite. Dans les années suivantes, j'ai travaillé sur d'autres projets, j’ai réalisé d'autres films documentaires, mais les réseaux criminels nigérians à l'origine de ce trafic de femmes n'ont jamais quitté mon esprit : c'est diabolique et, à sa manière, extrêmement sophistiqué… En 2019, j'ai continué à faire des recherches sur ce réseau criminel, prenant conscience plus tard à quel point les réseaux criminels nigérians sont très bien organisés dans les pays européens. Les trafiquants ainsi que les sectes nigérianes, qui sont des clans criminels, savent très bien comprendre ce que veulent les clients européens. Ils proposent des articles dans un marché en croissance rapide : des drogues, principalement de l'héroïne et de la cocaïne, et des prostituées noires toujours plus jeunes. Les clans et trafiquants nigérians croissent rapidement aussi en France ». 

Chiara Sambuchi tient à souligner : « Mon film contient ce message : il existe un accord inconscient entre les clients occidentaux et les criminels nigérians qui ont la faculté d'analyser, comme le dit la Procureure Lina Trovato dans le film, certains des désirs interdits dans notre société, ils savent même, ajoute-t-elle, ce que nous ne savons pas désirer. Il n'y aurait pas de trafic d'êtres humains ni de trafic de drogue sans clients. C'est un message très important pour moi. Il est même crucial : nous sommes habitués à voir les actes criminels en rejetant constamment la responsabilité sur ceux qui les commettent, sans jamais nous concentrer sur le fait que sans demande, il n'y aurait pas d'offre ». 

Chiara Sambuchi a conclu : « Malgré tous les traumatismes, les anciennes victimes de cette traite que j'ai rencontrées par l'intermédiaire de Princess sont des filles qui travaillent très dur, une fois qu'elles ont réussi à échapper à leurs trafiquants, pour reprendre leur vie. Elles veulent récupérer les années qu'elles ont passées à se prostituer dans les rues, elles ont faim d'un avenir et c'était une telle joie de l'observer à travers la caméra : un immense désir de normalité, même après les pires atrocités. »

Arte diffusera le 9 mars 2022 à 00 h 10 « Trafic humain, le clan des Nigérians » (Verhängnisvolle Versprechen. Das nigerianische Netzwerk ; The Deal), documentaire de Chiara Sambuchi. Pourquoi cet horaire nocturne ?

« En Europe, la mafia nigériane contraint de jeunes filles à se prostituer dès leur arrivée sur le continent. Entre poursuites judiciaires et accompagnement psychologique, récit d’une lutte internationale qui se heurte à des rites sacrés. »

« Comme de nombreuses Nigérianes rêvant d’un avenir en Europe, Princess Inyang Okonon s’est laissé abuser il y a vingt ans par des promesses fallacieuses. Dès son arrivée sur le continent, le piège de la prostitution forcée s’est refermé sur elle. À Aste en Italie, elle se bat aujourd’hui pour toutes celles qui, comme elle, se sont retrouvées manipulées par la mafia nigériane. Dans le refuge pour les victimes de trafic humain et sexuel qu’elle a fondé, l’ONG Project for the Integration and Welcoming of Immigrants accueille ces femmes, les assiste dans leurs démarches et les aide à dépasser leurs traumatismes. » 

« Princess Inyang Okonon s’emploie aussi à faire évoluer la situation au Nigeria. La coopérative qu’elle y a créée octroie ainsi des microcrédits aux jeunes filles, leur permettant de poursuivre leur scolarité pour envisager un futur dans leur pays. Cette militante sociale tente enfin de sensibiliser les prêtres aux conséquences désastreuses du rite occulte juju, qui lie les victimes à leurs trafiquants par un engagement. »  

« Entre le Nigeria, l’Italie et l’Allemagne, ce documentaire nous immerge dans le quotidien de celles et ceux qui luttent contre la mafia nigériane. En compagnie de Princess Inyang Okonon, de la procureure italienne Lina Trovato, spécialisée dans les affaires de trafic humain, et du policier allemand Colin Nierenz, membre de la commission d’enquête de Duisburg, le film donne la parole aux victimes de cette prostitution forcée, lesquelles livrent un récit bouleversant, mais aussi plein d’espoir. »

Un documentaire d'investigation qui résulte d'une investigation dans plusieurs pays européens. Invite à réfléchir sur les discours naïfs ou cyniques des apôtres d'une immigration qui parfois instrumentalise de manière cynique, criminelle, des mineures. Et offre une cartographie de cette mafia nigériane tentaculaire. 



Allemagne, Doc Days Productions, 2022, 89 mn
Sur Arte le 9 mars 2022 à 00 h 10
Sur arte.tv du 08/03/2022 au 05/06/2022
Visuels © SWR/Doc Days Production

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Les citations sont d'Arte.

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