Frans Krajcberg est né en 1921 dans une famille juive polonaise décimée lors de la Shoah. Il s'est engagé en faveur de la défense de la nature, notamment au Brésil. Une exposition temporaire et l’Espace Krajcberg ont présenté ses sculptures (arbres-totems), dessins, empreintes et photographies conjuguant amour de la forêt et témoignage sur la Shoah (Holocaust). Une œuvre – bois brûlés sculptés - « hantée par le feu destructeur ». Le 15 novembre 2017, Frans Krajcberg, peintre, graveur et photographe, est mort à l'âge de 96 ans, dans un hôpital de Rio de Janeiro.

Art et révolte
Frans Krajcberg est né en 1921 dans une famille Juive polonaise de modestes commerçants.
Enfant, il subit
l’antisémitisme.

Prisonnier à l’âge
de 18 ans, il s’évade, se réfugie dans une forêt, rejoint l’Armée Rouge sur la
Vistule. En route vers la Roumanie, il est fragilisé par le froid, et est
hospitalisé. Il commence à peindre.
Frans Krajcberg se
rend à Leningrad, rencontre Natacha, suit les cours d’une école d’ingénierie
hydraulique et à l’Ecole des Beaux-arts. Une formation chaotique, bouleversée
par les bombardements qui tueront Natacha.
En 1941, il est
incorporé dans la Première, puis Seconde armée polonaise où, officier, il
participe à l’édification de ponts. Sous le choc d’un bombardement, il devient
partiellement amnésique.
Dans l’Armée rouge,
il contribue à libérer les camps nazis, dont celui de Majdanek, près de
Sobibor, en juillet 1944. « Je suis reparti dans un état de choc
indescriptible, muet d'horreur. Chaque jour que je vis, ces images
insoutenables me sont plus présentes et plus insoutenables, cette blessure ne
peut pas guérir », confie Frans Krajcberg.
Résistant, il découvre
à l’issue de la guerre que sa famille a péri dans la Shoah.
Frans Krajcberg décide
d’étudier aux Beaux-arts de Stuttgart en 1945. Il bénéficie de l’enseignement
de Willy Baumeister, ancien professeur au Bauhaus
Muni d’une
recommandation d’un professeur, il se rend en 1947 à Paris où il est accueilli
par Chagall, dont il a connu la famille à Vitebsk.
Mais, sans travail,
il décide de partir au Brésil dont il va acquérir la nationalité en 1958.
« Prophète
des Tropiques »
Ses œuvres aux dominantes noire et grises reflètent ses
épreuves personnelles, et ne se vendent pas.
Lasar Segall lui achète un dessin en 1952, et le recommande
auprès de la papèterie gérée par la famille Klabin à Porto Alegre, dans le Paranà.
Ingénieur-dessinateur, Frans Krajcberg s’isole alors dans la
forêt brésilienne (Mata Atlantica),
découvre émerveillé une multitude de formes et de couleurs et réapprend la vie.
Il crée des céramiques – poteries, azulejos -, peint des
paysages et des végétaux aux couleurs vives, photographie et sculpte.
En 1956, à Rio, il peint ses « Samanbaias » (1956-58) et
expose.

La consécration vient en 1957, lors de la Biennale de Sao Paulo qui
expose ses peintures. Frans Krajcberg est distingué par le Prix
du meilleur peintre brésilien – Pollock remporte le Grand prix.
Depuis, Frans Krajcberg partage sa vie entre ses ateliers
du passage du Montparnasse (Paris) et au Brésil. Il s’intéresse aux grands
débats historiques, politiques – guerre d’Algérie -, artistiques – controverse
autour de l’abstraction, crise de l’Ecole de Paris…

Il s’impose comme un précurseur de l’arte Povera et du Land Art.

" Je cherche des formes à mon cri contre la destruction de la nature, Mon oeuvre est un manifeste ! ", s'exclamait Frans Krajcberg.
Dans les années 1970, Frans
Krajcberg défend les forêts brésiliennes incendiées et co-signe avec le
critique d’art Pierre Restany le « Manifeste du Rio Negro » (Manifeste du
naturalisme intégral, 1978), une déclaration artistique. Il milite avec
Chico Mendès, par des films, des colloques...
Frans Krajcberg
réalise en 1974 ses « empreintes de sable », en 1982-1983 ses
monumentaux « tressages de vannerie » transparents à la lumière, et
en 1987 débute ses « bois brûlés ».
Pierre Restany, Sepp Baendereck et Frans Krajcberg "remontent ensemble le Rio Negro, affluent de l’Amazone, en 1978. Ce voyage donne lieu à une vive prise de conscience de la part des trois hommes sur l’urgence de défendre la nature amazonienne et d’allier enfin l’éthique à l’esthétique. Cette expédition aboutit à la rédaction par Pierre Restany du Manifeste du Naturalisme Intégral ou Manifeste du Rio Negro, cosigné par les deux artistes. À leur retour, les conférences de lancement à Rio, à Sào Paulo et à Brasilia déchaînent une polémique".
Pierre Restany, Sepp Baendereck et Frans Krajcberg "remontent ensemble le Rio Negro, affluent de l’Amazone, en 1978. Ce voyage donne lieu à une vive prise de conscience de la part des trois hommes sur l’urgence de défendre la nature amazonienne et d’allier enfin l’éthique à l’esthétique. Cette expédition aboutit à la rédaction par Pierre Restany du Manifeste du Naturalisme Intégral ou Manifeste du Rio Negro, cosigné par les deux artistes. À leur retour, les conférences de lancement à Rio, à Sào Paulo et à Brasilia déchaînent une polémique".
En 1986, est publié son livre de photographies, Natura.

« Chaque fois,
dit-il, que je vois l'entassement des arbres d'Amazonie brûlés par les hommes,
je ne peux m'empêcher de penser à la cendre des fours crématoires: les cendres
de la vie, les cendres du feu des hommes devenus fous… Le feu, c’est la mort. Il est en moi depuis
toujours. Mon message est tragique : je montre le crime »,
déclare Frans Krajcberg.
En grands formats, ses œuvres sont constituées d’éléments
végétaux (lianes calcinées, feuilles), découpés, assemblés et colorés avec des
pigments naturels, aux tons rouille et gris. Comme les cendres.

« Ici
à Montparnasse, dans cette cité singulière où Roger Pic créa le Musée du
Montparnasse, que nous offrons à Frans Krajcberg, avec
la ville de Paris, son espace. Paris sera sa ville ; ce fut déjà le lieu
où il prit conscience de son travail et de ses combats : protéger la
nature, exalter la vie. Dès 1964, Venise salue son œuvre ; dorénavant les
« ennuis » planétaires ne le lâcheront plus et son cri fera résonner
sa révolte pour maintenir le cap qu’il s’est donné : celui de l’art,
porte-parole de la vie. Dans ce but, il veut lier, exprimer et relier les
révolutions technologiques, le vide politique et les blessures du monde. Les
alertes du siècle trouveront ici, dans ce creuset qui est d’abord le sien, de
quoi animer, en compagnie de ceux qui suivent la même voie, un dialogue
permanent fait de rencontres, d’initiatives originales et de confrontations
fructueuses », écrit Jean Digne, président du Musée du Montparnasse.
En 2003-2004, un double hommage a été rendu à cet artiste.
Depuis peu, l'Espace Krajcberg est indépendant du Musée du Montparnasse. Il est géré par l'association des amis de Frans Krajcberg.
En 2003-2004, un double hommage a été rendu à cet artiste.
Depuis peu, l'Espace Krajcberg est indépendant du Musée du Montparnasse. Il est géré par l'association des amis de Frans Krajcberg.
Le
7 décembre 2012, à 15 h 15, dans les salons de l'Hôtel de Ville, Frans Krajcberg a reçu la Médaille de Vermeil de la Ville de
Paris des mains de Bertrand Delanoë, maire de Paris.
L'espace Krajcberg a présenté l'exposition "Manifestes !" autour des œuvres et des manifestes engagés de Frans Krajcberg. "Trente-cinq ans ans après le Manifeste du Rio Negro de Pierre Restany, Frans Krajcberg et Seep Baenderck", est lancé "Un Nouveau Manifeste refondé et radicalisé pour faire appel à l'engagement des artistes qui mettent la nature au cœur de la création ! Une condamnation de la marchandisation et de la mondialisation réductrice et destructrice de l'art. Un cri de révolte contre la destruction de la nature. Présenté en France le 18 janvier 2013, le Nouveau Manifeste est lancé à Rio de Janeiro le 12 avril 2013 au Jardin botanique, à l'occasion d'une exposition de Claude Mollard, "Le Jardin parallèle". Un Manifeste qui doit être entendu, lu, diffusé et signé ! Le Nouveau Manifeste du Naturalisme intégral veut contribuer à faire bouger les consciences, et à développer un mouvement artistique sur le thème de la nature. Il veut peser sur les comportements des responsables politiques trop souvent inertes face aux menaces croissantes contre la planète. Il est un appel à tous les acteurs du monde de l’art".
"Ses sculptures, tableaux et photographies entrent en résonance avec les thématiques de la Galerie de l’Homme sur l’empreinte écologique de l’Homme sur la Terre : la déforestation, les peuples autochtones, l’extraction des ressources… Elles jalonnent un parcours en trois temps – l’artiste, l’homme et le militant - dans les différents lieux d’accueil du musée et la troisième partie du parcours permanent « Où allons-nous ? ». Plus d’une vingtaine d’œuvres, majoritairement issues de l’Espace Krajcberg, de collections privées et d’institutions culturelles seront exposées. Elles témoignent de plus de 40 ans de travail sur l’observation de la forêt amazonienne".
Frans Krajcberg, "artiste brésilien né à Kozienice le 12 avril 1921, a un parcours hors normes. La Seconde guerre mondiale, durant laquelle toute sa famille périt victime de l’holocauste, fait basculer sa vie. Il a 18 ans quand les armées allemandes envahissent son pays. En 1945, il quitte Varsovie et s’installe à Stuttgart où il étudie les Beaux-arts. Après un bref passage à Paris où il côtoie Léger et Chagall, il émigre au Brésil en 1948. Intégrant peu à peu les milieux artistiques, il s’isole pour travailler dans la nature brésilienne dont il fera sa source d’inspiration et sa cause. En 1957, il emporte le Prix du meilleur peintre brésilien et prend, un an plus tard, la nationalité brésilienne. La forêt amazonienne est au centre de son œuvre et de son combat. La forêt devient son domaine .

Au "geste artistique Krajcberg associe la parole et l’action pour que l’art s’engage à défendre la planète. En 1978, il remonte le Rio Negro en compagnie de Sepp Baendereck et du critique d’art Pierre Restany. Ce voyage donne lieu à une prise de conscience et à l’écriture du « Manifeste du naturalisme intégral du Rio Negro ».
"Constatant, 35 ans plus tard, que cet appel a été peu entendu, Krajcberg publie en 2013 avec Claude Mollard : « Le Nouveau Manifeste du Naturalisme intégral », un appel à tous les acteurs du monde de l’art, pour réveiller les consciences, initier un mouvement artistique pour la défense de l’environnement et au-delà aider les peuples amérindiens à préserver leurs territoires et leur culture".
"Dans le cadre de l’exposition, l’Espace Krajcberg a accueilli des photographies et des objets du Musée de l’Homme relatifs à la vie dans les forêts primaires".
Le 15 novembre 2017, Frans Krajcberg, peintre, graveur et photographe, est mort à l'âge de 96 ans, dans un hôpital de Rio de Janeiro. Selon son souhait, il a été incinéré le lendemain, et ses cendres ont été dispersées dans les bois.
L'espace Krajcberg a présenté l'exposition "Manifestes !" autour des œuvres et des manifestes engagés de Frans Krajcberg. "Trente-cinq ans ans après le Manifeste du Rio Negro de Pierre Restany, Frans Krajcberg et Seep Baenderck", est lancé "Un Nouveau Manifeste refondé et radicalisé pour faire appel à l'engagement des artistes qui mettent la nature au cœur de la création ! Une condamnation de la marchandisation et de la mondialisation réductrice et destructrice de l'art. Un cri de révolte contre la destruction de la nature. Présenté en France le 18 janvier 2013, le Nouveau Manifeste est lancé à Rio de Janeiro le 12 avril 2013 au Jardin botanique, à l'occasion d'une exposition de Claude Mollard, "Le Jardin parallèle". Un Manifeste qui doit être entendu, lu, diffusé et signé ! Le Nouveau Manifeste du Naturalisme intégral veut contribuer à faire bouger les consciences, et à développer un mouvement artistique sur le thème de la nature. Il veut peser sur les comportements des responsables politiques trop souvent inertes face aux menaces croissantes contre la planète. Il est un appel à tous les acteurs du monde de l’art".
Le musée de l'Homme présenta l'exposition "Frans Krajcberg, un artiste en résistance". Cet événement s'inscrit dans le cadre de "Empreintes : l’humanité a rendez-vous au musée de l’homme". Le Musée de l’Homme "invite l’artiste brésilien Frans Krajcberg pour un parcours artistique en partenariat avec l’espace Krajcberg et la Mairie de Paris. Son œuvre est un manifeste, pour l’art, pour l’Homme, pour la sauvegarde de la planète dont il traque la moindre parcelle d’ombre ou de lumière, le plus petit morceau de racine ou de pigment".
Au "geste artistique Krajcberg associe la parole et l’action pour que l’art s’engage à défendre la planète. En 1978, il remonte le Rio Negro en compagnie de Sepp Baendereck et du critique d’art Pierre Restany. Ce voyage donne lieu à une prise de conscience et à l’écriture du « Manifeste du naturalisme intégral du Rio Negro ».
"Constatant, 35 ans plus tard, que cet appel a été peu entendu, Krajcberg publie en 2013 avec Claude Mollard : « Le Nouveau Manifeste du Naturalisme intégral », un appel à tous les acteurs du monde de l’art, pour réveiller les consciences, initier un mouvement artistique pour la défense de l’environnement et au-delà aider les peuples amérindiens à préserver leurs territoires et leur culture".
"Dans le cadre de l’exposition, l’Espace Krajcberg a accueilli des photographies et des objets du Musée de l’Homme relatifs à la vie dans les forêts primaires".
Le 15 novembre 2017, Frans Krajcberg, peintre, graveur et photographe, est mort à l'âge de 96 ans, dans un hôpital de Rio de Janeiro. Selon son souhait, il a été incinéré le lendemain, et ses cendres ont été dispersées dans les bois.
« Art et révolte, Krajcberg », de Thérèse Vian-Mantovani. Ed. Le
musée du Montparnasse et Materia Prima
Du 12 octobre 2016 au 18 septembre 2017
Au musée de l'Homme
17, place du Trocadéro. 75016 Paris
Tél. : 01 44 05 72 72
Tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 18 h.
Du 24 novembre 2015 au 30 mars 2016
A l'Espace Krajcberg
Au musée de l'Homme
17, place du Trocadéro. 75016 Paris
Tél. : 01 44 05 72 72
Tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 18 h.
Du 24 novembre 2015 au 30 mars 2016
A l'Espace Krajcberg
21, avenue du Maine,
75015 Paris
Tél. : 01 42 22 91 96
Du mardi au dimanche de 12 h 30 à 19 h
Visuels :
(c)Claude Mollard
Boules de Palétuviers - Frans Krajcberg, 1991 ©MNHN - JC Domenech
Les Lianes Blanches - Frans Krajcberg, 1991 ©MNHN - JC Domenech
Tableau écorce d'Amazonie - Frans Krajcberg, s.d. ©MNHN - JC Domenech
Visuels :
(c)Claude Mollard
Boules de Palétuviers - Frans Krajcberg, 1991 ©MNHN - JC Domenech
Les Lianes Blanches - Frans Krajcberg, 1991 ©MNHN - JC Domenech
Tableau écorce d'Amazonie - Frans Krajcberg, s.d. ©MNHN - JC Domenech
Articles
sur ce blog concernant :
Cet article a été publié en une version plus concise par Actualité juive. Il a été publié sur ce blog le 7 décembre 2012, puis les 17 mars et 11 octobre 2016, 17 septembre 2017.
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