Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 12 octobre 2018

« Let’s dance ! Israël et la danse contemporaine » de Gabriel Bibliowicz et Efrat Amit

  
« Let’s dance ! Israël et la danse contemporaine » est un  documentaire de Gabriel Bibliowicz et Efrat Amit (Israël, 2010). Influencée dès les années 1920 par la danse d’expression allemande, nourrie du patriotisme du Yichouv, la danse israélienne évolue dès les années 1960 sous l’influence de Martha Graham et de sa mécène, la baronne Bethsabée de Rothschild, qui crée la Batsheva Dance Company. Elle a acquis une réputation mondiale de qualité. Le 27 mai 2018, en partenariat avec l’Association Bailarikud, l’ECUJE propose une journée de la danse israélienne. A l'automne 2018, la tournée de troupes israéliennes de danse est la cible des mouvements de boycott d'Israël.

« Let’s dance ! Israël et la danse contemporaine » de Gabriel Bibliowicz et Efrat Amit 
« Mr. Gaga. Le chorégraphe Ohad Naharin » par Tomer Heymann
    
« La danse fait partie de notre culture depuis des temps immémoriaux. C’est un principe dans la Bible », rappelle Dani Karavan, artiste plasticien et sculpteur.

Danses folkloriques, danses d’expression, danses d’inspiration hassidique, danses d’avant-garde ouvertes aux thématiques d’une société en guerre…

C’est toute la variété et le dynamisme de la danse israélienne, au répertoire large, que montre ce documentaire israélien intéressant, révélant des archives filmées rares.

Un élément fondamental de la culture israélienne
« Les danses folkloriques sont les expériences collectives et sociales les plus réjouissantes de ma vie », se souvient Yair Vardi, directeur du Suzanne Dellal Dance Center (Tel-Aviv). Créé en 1989 et distingué par le Prix Israël en 2010 pour sa contribution artistique, ce Centre présente plus de 750 spectacles et accueille environ 500 000 visiteurs chaque année. Il est le foyer de la Batsheva Dance Company.

Hommes et femmes du Yichouv (population juive en Eretz Israël) dansaient ensemble, en rondes exaltant enthousiasme et joie.

Les pionniers israéliens (halutzim) « dansaient la hora dans les moments les plus durs, après les combats, après avoir subi des attaques, après avoir escaladé de hautes montagnes », précise Dan Ronen, spécialiste du théâtre. « Le matin, ils travaillaient à construire le pays. Après le travail, autour d’un feu de camp, ils entonnaient des chants dont chaque mot renforçait leur motivation », analyse une jeune chorégraphe israélienne. Exemples : « Qui sommes-nous ? Israël », « Soyons heureux ! » Des pionniers ont inventé des danses folkloriques.

Yonatan Carmon, chorégraphe, évoque cette allégresse : « Nous voulions être ensemble. Nous nous tenions par la main. Cela nous donnait de la force. Nous sentions que nous formions un peuple uni ». Le cercle, symbole de puissants principes : solidarité, unité, égalité – résulte peut-être d’un héritage du hassidisme, mouvement Juif religieux né dans l’Europe de l’Est au XVIIIe siècle… Pour les danseurs hassidiques, « le but est le Ciel. La hora est l’équivalent terrestre ».

Dans l’Eretz Israël des années 1920, les premiers danseurs et chorégraphes de danses folkloriques viennent d’Allemagne.

L’influence la plus notable et durable ? Celle de Rudolf Laban (1879-1958), chorégraphe expressionniste d’origine hongroise, qui crée « un modèle d’un chœur qui parle et pense en même temps et monte des ballets avec des centaines, des milliers de participants. Ces spectacles transposaient en quelque sorte l’idée communiste de solidarité et d’appartenance. Certaines de ces cérémonies ont été utilisées plus tard par le parti nazi en Allemagne ». Les spectacles de Laban « expriment une société fondée sur l’égalité », où danseurs amateurs ou confirmés participent.

En 1948, Judith (Yehudit) Arnon fonde avec des amis le kibboutz Ga’aton dans des collines arides au nord d’Israël. Survivante d’Auschwitz, elle a refusé d’obtempérer à l’ordre d’Allemands de danser dans ce camp. Elle est punie en étant contrainte de passer la nuit pieds nus dans la neige. Elle se promet, si elle survit, de se consacrer à la danse. Ce qu’elle fait en fondant une troupe de danse en Israël, en contrant l’idée alors dominante d’une danse « non productive », qui serait un art élitiste dans l’Etat juif renaissant, socialiste, rejetant le ballet classique associé à l’Europe.

Au kibboutz Ga’aton, la cuisine, le réfectoire, la fabrique d’écrous, le lieu de séchage des feuilles de tabac, presque tous les lieux ont été transformés en studios de danse où l’on voit des danseurs effectuer des mouvements de danse classique ou de barre au sol, etc. C’est le lieu de résidence de la Kibbutz Contemporary Dance Company dont le directeur artistique est Rami Be’er.

La danse israélienne se résume alors au folklore et à la danse d’expression allemande illustrée notamment par Gertrude Kraus (1903-1977), ancienne assistante de Laban notamment pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Berlin (Allemagne) et réfugiée en 1936 en Palestine mandataire (Eretz Israël). Menue, fougueuse, elle devient célèbre par ses « solos ».

Une excellence internationalement reconnue
1956. L’arrivée de Martha Graham, pionnière de la danse moderne et attentive aux mouvements de chute contrôlée, révolutionne la danse israélienne qui prend alors conscience que la danse d’expression s’est figée, déconnectée des mouvements artistiques mondiaux, et dévalorise, par son culte de l’improvisation, le chorégraphe et le danseur.

En 1964, la baronne Bethsabée de Rothschild (1914-1999), mécène de la chorégraphe américaine, décide alors de créer la Batsheva Dance Company. Celle-ci rapidement s’impose dans le monde entier par la fougue et la puissance de ses danseurs, tel Moshe Efrati, à la morphologie atypique et venant d’horizons divers : kibboutzniks athlétiques, sportifs, etc. La Batsheva Dance Company subjugue le public et les critiques, et présente, fait unique alors, des spectacles de la chorégraphe Martha Graham, et intègre dans son répertoire les créations de Norman Morris, Jérome Robbins…

En 1967, la troupe de cette compagnie se rebelle quand la baronne impose Jeannette Ordman. La baronne Bethsabée de Rothschild fonde alors la Bat-Dor Dance Company qu’elle dote d’une école, d’excellents professeurs, de salles de danse, etc. Dirigée par cette danseuse d’Afrique du Sud, la Bat-Dor Dance Company invite des chorégraphes talentueux, en particulier, Jiri Kylian et Alvin Ayley.

La danse israélienne s’est inspirée de faits tragiques (Shoah ou Holocaust) ainsi que de thèmes de la vie quotidienne, notamment le kibboutz et les relations dans un couple (2 Room Appartment de Liat Dror et Nir Ben Gal).

En 1990, la nomination de Ohad Naharin, directeur artistique et chorégraphe, à la Batsheva Dance Company, marque un tournant décisif vers une appréhension différente des changements de la société israélienne, un traitement de sujets sociaux, politiques par la danse israélienne.

En témoignent ces spectacles récents : Reservist Diary (Journal d’un réserviste) de Rami Be’er (1989) qui évoque son expérience à Gaza et « les conflits intérieurs d’un soldat devant exécuter des ordres » et ayant « des idées et des sentiments », Strawberry Cream and Grasspowder de Yasmeen Godder, qui au début de l’Intifadah II, avait « l’impression de ne pas savoir » les raison des « évènements terrifiants » quotidiens, ou Echad Mi Yode’a (Un, je le sais) d’Ohad Naharin qui reprend un chant du Séder (rituel) de Pessah (Pâque juive).

Dans Echad Mi Yode’a, les danseurs assis sur des chaises en demi-cercle sont secoués de mouvements violents et brefs, comme s’ils étaient agressés, (dés)unis en une gestuelle de vague déferlante, se lèvent soudainement, tandis que résonne ce chant : « Un, qui sait ? Un, je le sais ! Un, notre Dieu. Au ciel comme sur terre. Deux, les Tables de la Loi. Trois, les patriarches. Quatre, les mères. Cinq, les livres de Moïse. Six, les ordres de la Michna. Sept, les jours de la semaine. Huit, le délai de la circoncision… » A la fin du spectacle jouant sur la répétition, les danseurs ôtent leurs vêtements et leurs chaussures qu’ils jettent au centre de la scène. « On dirait qu’ils essaient de s’arracher la peau. Pour ne plus être Israéliens. On ne veut plus chanter Ani Yode’a », commente Gaby Eldor, critique de danse. Curieusement, le documentaire ne présente pas le point de vue du chorégraphe Ohad Naharin.

Le communiqué de presse d’Arte évoque une danse israélienne qui « se lance dans un corps à corps avec les problèmes actuels les plus brûlants : religion, sexualité, patrie, armée, tendances bellicistes ». C’est occulter la guerre menée par des adversaires multiples contre l’Etat Juif qui aspire à la paix.

De plus, ce documentaire omet de mentionner le succès durable, en Israël et en diaspora, des danses israéliennes folkloriques.

En outre, il semble suggérer que le répertoire classique est éludé par la danse israélienne, et que l’inventivité de la danse israélienne se mesure à l’aune de ses interrogations ou critiques de la société israélienne, voire d’un engagement idéologique partial. Comme si la danse n’avait pas aussi pour fonction de se dégager du réel, de procurer une évasion, de s’imbiber de poésie, de nourrir l’imaginaire du spectateur, d'offrir la beauté…

Addendum. 
Créée en 2011 en collaboration avec Ohad Naharin et les danseurs de sa compagnie la Batsheva Dance Company, chorégraphiée par Ohad Naharin, "Sadeh21" a été interprétée à Montpellier Danse les 17 et 18 décembre 2013 à l'Opéra Berlioz/Le Corum (Montpellier). "Batsheva, la pièce présente une succession de solos, de duos et d’ensembles tour à tour délicats, athlétiques, lents, saccadés, comme autant de différentes façons d’être au monde. Dénudés, réduits à leur plus simple expression, décor, sons et lumières sont là pour mettre en avant un langage chorégraphique à l’infinie sensualité, où le moindre geste témoigne d’un choix esthétique".
Emanuel Gat Dance Compagnie a présenté The Goldlanbergs au Théâtre de la Ville, du 25 au 29 mars 2014. "Des danses scintillantes à l'écoute de Gould".

Arte a diffusé une série documentaire sur la danse dès le 5 octobre 2014.

Du 17 au 21  décembre 2014, le Théâtre national de Chaillot a présenté, dans la salle Jean Vilar, Naharin’s Virus (1h10), de la Batsheva Dance Company.

"Le passage de la Batsheva Dance Company en ces murs, en 2012, après de longues années d’absence à Paris, fit l’effet d’une déflagration chorégraphique. Pour le retour attendu de la fameuse troupe israélienne, voici Naharin’s Virus, pièce créée en 2001 et reprise cette année pour le jubilé de la compagnie d’Ohad Naharin.  Quelques jours avant la reprise de Decadance, l’un de ses succès historiques, la Batsheva Dance Company présente une série de représentations de Naharin’s Virus, fruit de la collaboration entre Ohad Naharin, directeur artistique et chorégraphe de la compagnie, et les danseurs. Une façon de lancer les interprètes dans le grand bain de la créativité. On y retrouve, bien sûr, l’énergie qui irradie la danse de cette compagnie, mais aussi la profondeur d’une gestuelle qui, sans être narrative, touche chacun au plus profond de soi. Cette pièce est aussi un dialogue entre le mouvement de la danse et l’écriture de Peter Handke, l’un des plus grands auteurs vivants. En effet, Naharin’s Virus s’inspire de sa pièce Outrage au public. De larges parties du texte constituent une trame idéale tandis que la musique épouse la chorégraphie. Peter Handke dit voir dans son oeuvre « une pièce sans histoire, sans intrigue, sans fil narratif, une pièce qui se raconte elle-même. Pas d’histoire pour nous accrocher comme à un hameçon, pas d’histoire conçue pour s’évader, mais seulement la réalité nue du moment dans l’espace. » Ohad Naharin fait sien cet espace, imaginant une gestuelle débordant d’invention et emmenant ses interprètes toujours plus loin dans l’émotion et la virtuosité", écrit Philippe Noisette. La distribution est la suivante :
Chorégraphie Ohad Naharin en collaboration avec les danseurs
D’après la pièce de Peter Handke, Outrage au public
Musique originale et conseiller musical Karni Postel, Habib Alla Jamal, Shama Khader
Musique Samuel Barber, Carlos D’Alessio, P. Stokes, P. Parson
Musique traditionnelle Habib Alla Jamal
Chant Shama Khader
Répétiteur Luc Jacobs
Assistant Gili Navot Friedman
Costumes Zohar Shoef, Rakefet Levy
Lumières Avi Yona Bueno (Bambi)
Son Frankie Lievaart
Enregistrements Frankie Lievaart, Haim Laroz
Traduction Michael Roloff
Avec William Barry, Omri Drumlevich, Bret Easterling, Iyar Elezra, Rani Lebzelter, Eri Nakamura, Rachael Osborne, Shamel Pitts, Oscar Ramos, Nitzan Ressler, Ian Robinson,Or Meir Schraiber, Maayan Sheinfeld, Bobbi Smith, Zina (Natalya) Zinchenko, Adi Zlatin
Production Batsheva Dance Company, avec le soutien des services culturels de l’ambassade d’Israël en France.

Le 29 avril et 2 mai 2015, Mezzo a diffusé Naharin's Virus, sur une chorégraphie de Ohad Naharin en collaboration avec les danseurs de la célèbre troupe (1 h 02'). Un spectacle réalisé par Tommy Pascal, le 20 décembre 2014 au Théâtre national de Chaillot - Salle Jean Vilar, Paris.

Compagnie invitée pour la première fois à l'Opéra de Paris du 5 au 9 janvier 2016, la Batsheva Dance Company, célèbre compagnie israélienne présentera "sur la scène du Palais Garnier un ballet créé en 2005 : Three (Trois), conçu par Ohad Naharin, son directeur artistique depuis 1990. Installée à Tel-Aviv depuis son origine, la Batsheva Dance Company a été fondée en 1964 par la chorégraphe américaine Martha Graham et la baronne Batsheva de Rothschild, à qui elle doit son nom. Désormais confiée au chef de file de la danse contemporaine israélienne, elle a accueilli de nombreuses personnalités comme Mats Ek, Angelin Preljocaj ou William Forsythe, et se produit régulièrement sur de grandes scènes internationales".

"Son directeur artistique Ohad Naharin y a introduit un ensemble de techniques appelé " Gaga dance ", s'appuyant sur une meilleure compréhension individuelle du corps et de ses limites propres, permettant à chaque interprète de les dépasser. Cette méthode originale invite à libérer les corps autant que les personnalités de chaque danseur de la compagnie".

"Lui-même formé à la Batsheva Dance Company, mais passé par les États-Unis, la compagnie bruxelloise Mudra de Maurice Béjart et le Nederlands Dans Theater de Jiří Kylián, Ohad Naharin a conçu un ballet en trois parties : Bellus, Humus et Secus, où dix-sept danseurs évoluent avec une physicalité presque animale".

Cette compagnie de danse est la cible d'une campagne de BDS, en particulier de boycott culturel aux Etats-Unis, en France et en Grande-Bretagne. CAPJPO-Europalestine a appelé à un rassemblement le 5 janvier 2016 place de l'Opéra (Paris) et a demandé l'annulation de ce spectacles.

Le soir du 5 janvier 2016, alors que la France vit sous l'état d'urgence, commémore les attentats terroristes de janvier 2015, et malgré un dispositif policier, des dizaines d'individus ont listé les noms de terroristes islamistes palestiniens, et ont appelé au boycott d'Israël. Avant la représentation à laquelle assistait l'ambassadrice d'Israël en France Aliza bin Noun, des spectateurs arborant le keffieh ont déployé sur un balcon un drapeau palestinien, tandis que des cris haineux anti-israéliens retentissaient : "Une troupe raciste dans à l'Opéra Garnier", "On ne danse pas avec l'apartheid" et "Israël assassin, la Palestine vaincra", Opéra de Paris accusé de "complicité avec les sionistes colonisateurs".

Le 6 janvier 2016, Roger Cukierman, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) a écrit au Premier ministre Manuel Valls pour lui demander l'interdiction du BDS qui prône le boycott. Une copie de ce courrier a été adressé à Fleur Pellerin, ministre de la Culture, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, à Michel Cadot, préfet de police de Paris.

AJC (American Jewish Committee) Paris a exprimé "sa plus totale stupéfaction devant l’autorisation accordée par la Préfecture de Police de Paris à la tenue hier d’un rassemblement du collectif BDS devant l’Opéra Garnier":
Alors que la nation commémore cette semaine les 17 victimes des attentats terroristes de janvier dernier et que l’état d’urgence a été proclamé dans tout le pays par le Président de la République suite aux tragiques événements du 13 novembre, il apparaît invraisemblable que les pouvoirs publics aient pu permette l’organisation d’une manifestation appelant entre autres au boycott d’Israël et rendant hommage à travers une liste lue par les intervenants à des membres de l’organisation terroriste Hamas.
Ce rassemblement était d’autant plus choquant qu’il visait une manifestation culturelle d’un groupe de danse mondialement connu, Batsheva dont l’engagement au service de la paix, de l’échange et du dialogue entre les peuples est un combat de tous les instants.
AJC Paris tient à souligner que le Conseil Constitutionnel et la justice française à travers plusieurs de ses récentes décisions ont rappelé que l’appel au boycott était totalement illégal dans notre pays.
L’Opéra de Paris, lieu prestigieux de la culture française au rayonnement international a été le théâtre de la haine de militants se cachant derrière la cause palestinienne pour déverser leur haine de l’Etat d’Israël.
Nous ne comprenons pas comment les membres de l’organisation BDS ont pu passer les cordons policiers avec leurs drapeaux et leurs pancartes et impunément perturber la tenue d’un spectacle prenant ainsi en otage des centaines de spectateurs souhaitant simplement assister à une représentation de danse.
Alors que plusieurs initiatives culturelles, écologistes ou festives n’ont pu se tenir ces dernières semaines à Paris en raison de l’état d’urgence, nous sommes surpris et consternés qu’une manifestation qui veut réduire au silence des artistes simplement parce qu’ils sont israéliens et apporter son soutien à des mouvements terroristes ait pu se tenir librement dans une ville encore meurtrie par les actes de guerre du 13 novembre.
Face à la menace terroriste qui continue à peser sur la France, face à la violence antisémite qui a notamment coûté la vie à 4 personnes lors de l’attentat l’an dernier de l’Hypercacher, face à la dangerosité de ce mouvement d’appel au boycott qui veut réduire au silence des créateurs et des artistes en raison de leur seule origine, AJC Paris demande aux autorités de la République la plus grande fermeté et la plus grande vigilance".
 Le 9 janvier 2016, lors de la cérémonie organisée par des institutions françaises Juives en hommage aux victimes de l'attentat antisémite perpétré par Amédy Coulibaly le 9 janvier 2015 - 28 otages, quatre Français Juifs assassinés -, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré :
"Détermination également à lutter contre l’antisémitisme. Il est là, toujours là, virulent, charrié à longueur d’écrits, de déclarations, de ces manifestations – alors qu’au cœur de Paris, capitale de la liberté, il y a quelques mois, on a crié de nouveau : "mort aux Juifs" ! –, de prétendus spectacles par des négationnistes en tous genres. Je les ai combattus, nous les avons combattus, et nous continuerons à le faire : il y va de l’honneur de la République ! Il est là, sur les réseaux sociaux, il est là, dans les paroles et dans les actes et dans cette détestation compulsive de l’État d’Israël. Comment pouvons-nous accepter qu’il y ait des campagnes de boycott ? Comment pouvons-nous accepter que face à l’Opéra de Paris, il y ait des manifestations pour qu’on interdise des ballets d’Israël ? Comment peut-on accepter que dans le pays de la liberté, dans ce pays des valeurs universelles, on cherche à nier la culture, la culture qui est là précisément pour rapprocher les peuples et pour la paix ? Non, cela est inacceptable ! L’antisémitisme, qu’il vienne de l’extrême-droite ou de l’extrême-gauche, qu’il vienne du fond des âges ou aujourd'hui d’une partie de la jeunesse de nos quartiers, doit être combattu avec la même détermination, parce qu’il y va de la République et parce qu’il y va de nos valeurs".
Une déclaration symbolique. Le symbolique s'avère indispensable, mais il doit être suivi d'actes. Or, paradoxalement, c'est le même gouvernement socialiste qui a autorisé ce rassemblement appelant au boycott d'Israël et s'est indigné de ce boycott !?

Mr Gaga
Le 1er juin 2016, est sorti en France Mr Gagadocumentaire de Tomer Haymann (2015) sur Ohad Naharin, chorégraphe et directeur artistique de la Batsheva Dance Company.

"Enter the world of Ohad Naharin, renowned choreographer and artistic director of the Batsheva Dance Company. “Mr. Gaga”, eight years in the making, captures the elusive beauty of contemporary dance and immerses the audience in the creative process behind Batsheva’s unique performances. Using intimate rehearsal footage, extensive unseen archive materials and stunning dance sequences, acclaimed director Tomer Heymann ("Paper Dolls", "I shot my Love") tells the fascinating story of an artistic genius who redefined the language of modern dance".

Brian Eno
En août 2016, le compositeur et producteur britannique Brian Eno, qui soutient le BDS, a écrit une lettre à la Batsheva Dance Company pour indiquer qu'il ne l'a pas autorisée à utiliser une de ses œuvres musicales lors de sa tournée estivale en Italie. L'artiste âgé de 68 ans a évoqué dans son courrier "l'occupation des territoires palestiniens" et a poursuivi : "J'essaie de comprendre les difficultés que doit affronter tout artiste israélien maintenant - et en particulier ceux comme vous qui ont montré de la sympathie pour la cause palestinienne".

Eno est l'un des 1 200 signataires de l'Artists’ Pledge for Palestine, qui refuse tout financement ou tout contact culturel avec le gouvernement israélien.

La compagnie de danse basée à Tel Aviv a répondu : "Nous respectons le souhait de M. Eno et avons remplacé sa musique dans le ballet Humus de "Three" - et ce, avec une grande tristesse - car nous croyons que ce genre d'action est inutile et ne contribue pas à résoudre le conflit, à mettre un terme à l'occupation ou à amener la paix dans notre région. Ohad Naharin est un militant politique depuis des années en Israël, et n'a jamais hésité à s'exprimer sur la situation dans la rive occidentale du Jourdain et les conséquences de l'occupation. Son profond engagement pour la liberté de l'esprit humain est reflété dans ses actions et ses créations artistiques".

Selon La Repubblica, la compagnie israélienne devait utiliser la musique d'Eno lors d'une représentation de "Humus" le 6 septembre 2016, lors du festival TorinoDanza au Teatro Regio à Turin, mais la musique d'Eno, Neroli, a été remplacée  après qu'Eno a eu conscience que ce spectacle avait pour sponsor l'ambassade d'Israël qui "promeut la marque Israël" ("brand Israel").

Des organisations juives françaises organisent le 25 septembre 2016 un rassemblement au Trocadéro (Paris) visant à l'interdiction du boycott visant Israël.

Let's Dance 2016
Le 11 novembre 2016, Arte diffusa les deux premiers volets de la collection documentaire Let’s DanceLet’s Dance "propose une histoire de la danse du XXème siècle à nos jours. Trois films, reliés entre eux par une thématique commune : le corps dans la danse. A poil ! raconte une histoire de la nudité en danse ; C’est le pied ! regarde l’histoire de la danse depuis les pieds des danseurs et Ceci est mon corps examine comment la danse interroge son rapport à la norme et à la perfection et met en scène des corps qui échappent à ces critères. Let’s Dance (Saison 2) offre un voyage d’une danse à l’autre, d’un continent à l’autre, d’une tradition à l’autre, tisse filiations et ressemblances, et tente des rapprochements inattendus".

"Tous en scène / Solo / A deux « Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus… » C’est sur cette citation de Pina Bausch que s’ouvre le second volet de la collection documentaire Let’s Dance. Filmer ceux qui dansent, voilà le pari que fait Let’s Dance depuis 2014. Deux saisons, six films, autant d’invitations à la danse. Cette deuxième trilogie de Let’s Dance regarde la danse à travers trois de ses grandes figures : la danse en groupe, le duo et le solo. Elle offre une immersion inédite dans la pratique même de la danse et cherche à capter au plus près l’effort et la rigueur, la sensualité et l’énergie, la peur et la jubilation, la réflexion et les doutes qu’imposent ces trois formes. Elle en retrace aussi leur généalogie. Le solo a une histoire qui se confond avec la modernité et les grandes luttes du XXème siècle, le duo n’est pas qu’affaire de séduction et d’accord, et un groupe qui danse a servi toutes sortes de gestes artistiques, toutes sortes de causes… Que peuvent bien avoir à se dire un couple de danseurs de tango argentin et de Lindy hop ? Quel ADN commun partagent une soliste classique et une pop star ? L’unisson d’une chorégraphie de Bollywood sonne-t-il pareil que dans un ballet classique ?"

"We love Arabs"
Après le Festival d'Avignon, le Théâtre du Rond Point a accueilli du 12 septembre au 8 octobre 2017 "We love Arabs", avec Hillel Kogan. "Un chorégraphe israélien choisit un danseur arabe pour porter un message de coexistence et de paix. Au fil d’une parodie décapante des clichés chorégraphiques et des stéréotypes ethniques, Hillel Kogan se trouve piégé par les idées fausses qu'il croit combattre".

Le 30 janvier 2018, à 20 h 30, le Centre des Bords de Marne au Perreux-sur-Marne proposa "We love Arabs", sur une chorégraphie de Hillel Kogan, avec Adi Boutrous et Hillel Kogan. Traduction française de Talia de Vries. Avec le soutien du Ministère de la Culture israélien, des Services culturels de l’Ambassade d’ Israël à Paris et du Israeli Lottery Arts Council.

Journée de la danse israélienne
Le 27 mai 2018, en partenariat avec l’Association Bailarikud, l’ECUJE propose une journée de la danse israélienne. Ateliers animés par les intervenants de l’Association Bailarikud. Une journée avec des ateliers destinés à différents publics.
14h15- 15h : Atelier enfant - Thématiques : « Hora, debka, danses en ligne ».
14h15- 15h : Atelier débutant, initiation découverte de la danse israélienne.
Venez découvrir les différents styles de la danse israélienne, hora, debka, danse hassidique, sur des musiques traditionnelles, modernes (public adulte ou parents).
15h10 -16h00 : Conférence sur les danses israéliennes « La danse populaire israélienne, de sa genèse à nos jours » par l'anthropologue Marie-Pierre Gibert.
16h10-16h30 : Animation de danses pour tous.
17 h-19 h : Stage debka et danses du répertoire pour les danseurs intermédiaires confirmés. Sur des rythmes marqués, avec des percussions, la debka (ou dabké) est l'un des styles très populaires des danses israéliennes.

A l'automne 2018, la tournée de troupes israéliennes de danse est la cible des mouvements de boycott d'Israël.

La Batsheva Dance Company
Directeur artistique Ohad Naharin
Directrice administrative Dina Aldor
Adjoint du directeur artistique Adi Salant
Manager Yaniv Nagar
Répétiteur Luc Jacobs
Directrice des tournées Iris Bovshover
Productrice des tournées Naomi Friend
Directeur technique Roni Cohen
Lumières Gadi Glik
Son Dudi Bell
Technicien Aliaksei Prezhyn
Costumière Hana Fiala

de Gabriel Bibliowicz et Efrat Amit
Israël, 2010
52 mn
Diffusions les 28 mars 2011 à 23 h 15, 6 avril 2011 à 5 h et 14 avril 2011 à 5 h

Visuels :
© Ofer Dori

Naharin’s Virus 
Crédits : Gadi Dagon

Three
© Cyrus Cornut / Dolce Vita / Picturetank

Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié pour la première fois le 27 mars 2011. Il a été republié le :
- 21 avril 2013 à l'approche des représentations (24-28 avril 2013) de la Batsheva Dance Company lors du Festival Sur les frontières. au Théâtre national de Chaillot (Paris) ;
- 16 décembre 2013, 25 mars, 4 octobre et 17 décembre 2014, 29 avril 2015, 5 janvier, 9 juin, 21 septembre et 10 novembre 2016, 12 septembre 2017, 30 janvier et 28 mai 2018.

4 commentaires:

  1. a ne pas manquer j'y serais mercredi !

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  2. Bonjour,
    Merci pour cet article très intéressant. Savez-vous où on peut avoir le possibilité de revoir ce documentaire sur la danse en Israël car Arte ne le propose plus en vidéo à la demande?

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    1. Bonjour et merci.
      Je n'ai trouvé que le trailer https://www.youtube.com/watch?v=k2IRQncgNQ4
      Ce documentaire est rediffusé sur d'autres chaines du câble ou du satellite, et dans certaines salles de cinéma.
      Restez vigilant !

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